Retrouvez les émissions en intégralité sur https://www.france.tv/france-2/telematin/toutes-les-videos/
Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics.
Aujourd’hui dans « Les 4 V », Julien Arnaud revient sur les questions qui font l’actualité avec Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics.
Category
📺
TVTranscription
00:00Et bonjour madame la ministre. Bonjour. Merci d'être avec nous. On lit déjà une première interview de votre part dans les colonnes du Parisien ce matin, voilà.
00:09Mais on va aller plus loin ce matin avec vous et on espère que vous allez nous donner des précisions sur ce projet de budget.
00:14D'abord, si vous le voulez bien, un mot de la situation des agriculteurs parce qu'on a vu leur mobilisation dans le journal.
00:18Il y a des tentatives de blocage. Est-ce que d'abord vous pouvez garantir que les aides qui ont été prévues par le passé leur seront versées à ces agriculteurs ?
00:26Et elles seront versées quand ? Alors, ce que je peux garantir, c'est que le gouvernement, avec Annie Gelotevard, la ministre de l'Agriculture,
00:34la première mesure que nous avons prise après notre installation, et c'est d'ailleurs le premier communiqué que j'ai signé au ministère avec Éric Lombard,
00:42le ministre de l'Économie et des Finances, c'est pour les agriculteurs. C'est pour leur dire que nous, le gouvernement, dès que le budget sera voté,
00:47on mettra en œuvre toutes les mesures, que ce soit sur la transmission, sur les vaches laitières, sur le gazole non routier, sur toutes les aides
00:55qui ont été négociées depuis maintenant plusieurs années, certaines, et qui ont tardé à être mises en œuvre. Et au fond, les agriculteurs, ils nous disent une chose,
01:02c'est qu'ils sont, comme beaucoup de Français, dans l'attente d'un budget parce qu'ils voient l'urgence et ils voient de l'autre côté l'attentisme qui a été créé
01:08par la censure et par l'absence de budget. Et s'il n'y a pas de budget, il se passe quoi ? Eh bien, s'il n'y a pas de budget, nous, on peut faire des choses d'urgence,
01:14mais tous les mécanismes de soutien à la trésorerie, à l'investissement, à la transmission, à l'installation des jeunes agriculteurs, ça demande un budget.
01:23Et c'est pour ça que, vous le savez, dès ce matin, avec Éric Lambart, nous recevons toutes les forces politiques parce que nous devons trouver un compromis
01:31pour avoir le plus vite possible un cadre qui redonne un cap aux Français. Les agriculteurs sont dans cette situation et vous avez les patrons de PME, les artisans.
01:38Tout le monde, les Français, les contribuables, tout le monde.
01:41Et ça a une conséquence sur l'économie. Et donc, plus on attend, plus l'économie ralentit et plus ce sera difficile. Donc, c'est bien pour ça qu'on veut agir vite et agir bien.
01:49Alors, c'est vrai que les consultations, elles commencent ce matin. Et c'est pour ça que vous étiez avec nous. Ça va commencer par le modem tout à l'heure.
01:54On va rentrer dans le détail. Mais d'abord, expliquez-nous pourquoi vous pourriez réussir là où votre prédécesseur, Laurence Amartin, et le gouvernement précédent ont échoué ?
02:01Parce que les données fondamentales du problème, elles n'ont pas changé en réalité.
02:05Moi, j'ai le devoir de réussir pour les Français, pour les agriculteurs, pour tout le monde.
02:08Laurence Amartin aussi, il avait le devoir de réussir.
02:10Mais aujourd'hui, il faut qu'on ait un appel collectif de toutes les forces politiques à la responsabilité.
02:16Il y a eu la censure. Certains ont voulu bloquer. Certains ont pensé que ça allait donner des solutions au pays.
02:21Je peux vous dire que depuis six jours, nous n'avons pas de budget en France.
02:25Et je peux vous dire qu'aujourd'hui, je crois que beaucoup de Français et donc, j'espère, beaucoup de responsables politiques voient que nous avons besoin d'un sursaut collectif.
02:34Si on est responsable aujourd'hui, vouloir jouer politiquement la carte de l'immobilisme, le blocage, la rupture avec la vie concrète, c'est être déconnecté.
02:45Moi, je suis fondamentalement convaincue.
02:48Vous dramatisez, mais vous vous rendez bien compte que le précédent gouvernement faisait la même chose.
02:51Ça n'a pas convaincu ni le BRN, ni LFI, ni les socialistes.
02:54Oui, moi, je ne regarde pas les étiquettes.
02:57Je regarde le sens des responsabilités des parlementaires.
02:59Je suis convaincue et vraiment, je le dis avec beaucoup de lucidité, que nous avons la capacité de trouver à l'Assemblée une majorité de députés
03:07qui considèrent que leur devoir, c'est de soutenir un budget.
03:10Ce sera un budget de compromis.
03:12Ce ne sera pas le budget de la droite, ce ne sera pas le budget de la gauche, ce ne sera pas le budget du sens, ce ne sera pas le budget même du gouvernement,
03:17ce sera le budget du pays dont nous avons besoin maintenant.
03:20Alors, Éric Ciotti a expliqué qu'Éric Lombard, le ministre de l'Économie, lui avait dit que le budget barnier était récessif.
03:26Est-ce que vous êtes d'accord avec ça et est-ce que vous dites oui, il faut le jeter au panier ou bien est-ce que vous dites que c'est la base aujourd'hui de nos discussions ?
03:32Je laisse Éric Ciotti avec ses propos sur les réseaux sociaux.
03:35Il vient au ministère, donc on pourra échanger directement.
03:38Ce que je peux vous dire, c'est qu'avec Éric Lombard, la première décision qu'on a prise avec le Premier ministre, c'est qu'il y a eu urgence.
03:43Donc, on part des textes qui sont sur la table pour aller vite, mais on est lucide, le texte sur la table a été censuré.
03:49Donc, on consulte les forces politiques et on va mettre sur la table un budget qui sera par définition différent.
03:55Alors, différent dans les chiffres.
03:56L'objectif de Michel Barnier, c'était 5 %, ce que vous dites ce matin.
04:00Non, ce ne sera pas 5 %, ce sera un peu au-delà.
04:01On a eu le chiffre de 5,4 dans la presse qui est largement repris ce matin.
04:05Mais il y a le budget 2025, mais il y aura aussi plein d'efforts à faire en 2026, en 2027, en 2028.
04:10Pourquoi ? Parce que d'ici 2029, il faut que nous soyons revenus au 3 % de déficit, pas parce que c'est, vous voyez, une idéologie.
04:18Et parce que si nous ne revenons pas là, nous ne serons plus capables le jour où il y aura une prochaine crise.
04:23Vous avez vu, depuis quatre ans, il y a eu le Covid, il y a eu l'inflation, il y a eu la guerre en Ukraine.
04:26Pourquoi on a pu faire face ? Parce que nous avions assaini les comptes avant.
04:30Parce qu'en 2018, le déficit, c'était 2,3 %, donc on l'a déjà fait.
04:35Il faut refaire cet effort pour que le jour où une nouvelle crise arrive, nous soyons en capacité d'y faire face.
04:40Et donc, oui, on va présenter des mesures d'économie parce que notre boussole, c'est que la solution, ce n'est pas de taper sur le pouvoir d'achat des Français.
04:49La solution, ce n'est pas des impôts sur les classes moyennes.
04:52La solution, c'est de faire des économies et des économies pour rendre l'argent public efficace partout, ligne à ligne, politique par politique.
05:00Vous avez des tonnes de gens très respectables à la Cour des comptes, dans les inspections des ministères, au Parlement, qui font des rapports toute l'année.
05:07Ça, c'est sûr, des rapports, il y en a, et des décisions, il y en a moins.
05:09On a l'impression d'avoir entendu ça sans arrêt, Abélide Manchalin.
05:13C'est ça, le problème aujourd'hui.
05:14Ce que vous dites là est un peu démonétisé de ce point de vue-là.
05:16Moi, je peux vous dire, c'est qu'aujourd'hui, on n'a pas le choix.
05:18On n'a pas le luxe d'attendre.
05:19On n'a pas le luxe de dire, tiens, les rapports, on va faire une petite pile et puis on attendra plus tard.
05:23Aujourd'hui, on doit, on peut faire des économies, on doit faire plus.
05:25On va rentrer dans le dur, si vous voulez bien, essayons d'être concrets.
05:28D'abord, sur les recettes, sur les impôts, est-ce que vous nous dites ce matin qu'il y aura les contributions exceptionnelles pour les grandes entreprises ?
05:36Est-ce qu'on ira au-delà pour l'ensemble des autres entreprises ou pas ?
05:39Est-ce qu'il y aura des hausses de charges, notamment ?
05:42On vise d'abord à rattraper l'impôt sur les sociétés qui n'ont pas été payées par les très grandes entreprises en 2023-2024, pour des raisons qui sont complexes.
05:49Mais il y a un rattrapage nécessaire.
05:50Cet impôt exceptionnel, il va avoir lieu.
05:53On va le mettre en place.
05:55Il y avait aussi des propositions sur les hauts revenus.
05:57Ma conviction, c'est qu'on ne veut pas créer des impôts nouveaux, mais pour les hauts revenus, tout le monde doit payer sa part.
06:03Et moi, j'ai une conviction, je crois, qui est très partagée par tout le monde.
06:07C'est que pour que le système fonctionne, tout le monde doit payer l'impôt qui est sur la table.
06:11Donc, l'optimisation fiscale, elle n'est pas illégale, mais la suroptimisation fiscale, c'est-à-dire concrètement, il faut qu'on puisse potentiellement changer des règles
06:18pour vérifier que tout le monde paye sa juste part d'impôt.
06:21C'était la conviction de cette contribution différentielle sur les hauts revenus.
06:25On est en train de travailler très en détail.
06:27Et moi, j'ai une conviction, c'est que la suroptimisation fiscale...
06:30Et sur quels produits financiers, par exemple ?
06:32On regarde, voilà, vous avez des revenus.
06:34Est-ce que vous avez bien payé les impôts que tous les autres Français payent ?
06:36Si ce n'est pas le cas, bon, vous payez la différence.
06:39Vous avez aussi...
06:39C'est-à-dire le Girardin, ce genre de choses, toutes les niches fiscales...
06:44Oui, c'est les niches, mais c'est aussi les impôts qui ne sont parfois pas payés
06:47parce que vous créez des holdings, parce que vous faites des montages très complexes.
06:50Ça, on veut lutter contre.
06:52Et on veut surtout lutter plus massivement contre la fraude.
06:55Et donc, je peux vous annoncer ce matin qu'il y a un sujet,
06:58vous savez où il y a une majorité au Parlement,
06:59il y a un sujet, sans chercher des consultations très compliquées,
07:04c'est la lutte contre la suroptimisation fiscale et la lutte contre la fraude.
07:07Je prendrai dans les toutes prochaines semaines un plan d'action très concret, très ambitieux.
07:12Les parlementaires ont beaucoup travaillé, ils peuvent compter sur moi
07:15parce qu'on a besoin, et vous venez d'en montrer un exemple,
07:18de nous assurer que tout le monde paye.
07:20Parce que ce qui rend les Français dans la défiance, c'est de se dire
07:24il y a des impôts, mais il y a manifestement certains qui ne les payent pas.
07:26Ça, on doit lutter contre.
07:28Pour les hauts revenus, qui parfois suroptimisent,
07:30et pour tous les fraudeurs, pour tous les trafiquants,
07:32ma main ne tremblera pas.
07:34Le Parlement, sur ce sujet, a des accords transpartisans.
07:37Et je peux vous dire que j'irai chercher des majorités.
07:38Un autre point précis et concret, si vous le voulez bien,
07:40ce week-end, en lisant ce que disait la ministre de la Fonction publique,
07:43on a cru comprendre que les deux jours de carence pour la fonction publique
07:47seraient visiblement pas supprimés, mais en tout cas pas confirmés.
07:51On en est où ? Est-ce que ce sera fait ou pas ?
07:52Chaque ministre aujourd'hui a une mission.
07:55Contribuer au rééquilibrage des comptes.
07:58Donc, soit c'est des nouvelles recettes,
08:00vous voyez que notre conviction, c'est que comme on veut protéger le pouvoir d'achat,
08:03ce n'est pas vraiment la piste qu'on privilégie.
08:05C'est pour ça qu'on ne privilégie pas du tout la hausse de TVA,
08:08c'est pour ça qu'on ne privilégie pas d'aller créer des impôts à toute vitesse.
08:11Mais chaque ministre a la responsabilité.
08:14Qu'est-ce qui peut être fait sur les recettes, à la marge, s'il y a besoin,
08:17mais surtout, qu'est-ce qui peut être fait en économie ?
08:19Et chaque ministre, ensuite, viendra présenter sa copie.
08:22Et vous voyez, ce n'est pas dans mon bureau que je vais, d'un trait de plume,
08:25rayer telle ou telle politique.
08:26Alors, c'est quoi le timing ? C'est très important.
08:28Il nous reste assez peu de temps, c'est quoi le timing ?
08:29Il n'arrivera qu'en ce budget.
08:30Donc, le budget, cette semaine, on consulte les forces politiques avec Eric Lombard.
08:34Je fais la même chose avec Catherine Vautrin sur la sécurité sociale,
08:37qui est aussi un budget essentiel pour les Français.
08:39Vous savez que la santé finira l'année 2024 avec un déficit de 15 milliards.
08:44Ce n'est pas moins important que le budget de l'État.
08:46Donc, là aussi, on travaille.
08:47Et on commence ensuite à nouveau le travail parlementaire mi-janvier.
08:51Et on vise d'avoir un budget, on espère, courant février,
08:55pour que, au plus tard fin février, les Français sortent de l'incertitude,
09:00sortent de l'immobilisme et que les agriculteurs et tous les autres y voient clair.
09:04Et donc, c'est comme ça qu'on agit.
09:05Donc, c'est à la fois une course contre la montre, mais on le doit aux Français.
09:08Objectif fin février.
09:09On le doit en responsabilité.
09:10Et vous reviendrez pour nous dire si ce timing a été tenu.
09:13Merci beaucoup.
09:14Je reviendrai, évidemment, montrer aux Français qu'on sera capable,
09:15j'en suis certaine, et en tout cas, j'y travaille, de trouver un compromis.
09:18Merci beaucoup, madame la ministre.
09:20Merci à tous les deux et merci également.