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00:00M. Guérin, bonjour et merci d'être avec nous. La répartition des tâches ménagères, les filles en font plus que les garçons à la maison
00:08selon une étude de l'INED, l'Institut National d'Études Démographiques.
00:12C'est quoi en faire plus dans une maison ? C'est mettre ou débarrasser la table, s'occuper pourquoi pas des animaux.
00:19J'ai envie de dire qu'on se doutait qu'effectivement les filles, alors je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, vous avez peut-être une raison,
00:24pourquoi les filles débarrassent plus la table que les garçons ?
00:28Ce qui est intéressant en effet, ça vient confirmer l'idée qu'on pouvait s'en faire et puis l'histoire quand même,
00:32l'histoire culturelle on pourrait dire, ça vient aussi montrer que, ok, elles en font plus, mais l'écart n'est pas non plus énorme.
00:39C'est-à-dire qu'on peut aussi regarder les choses un petit peu autrement en disant, oui, les enfants, parce que c'est les 10-11 ans, participent aussi.
00:45Ce qui est amusant, c'est que là aussi, globalement, dans 90% des cas, les enfants mettent le couvert, débarrassent le couvert.
00:53Un certain nombre vont s'occuper des animaux quand il y a des animaux, il y a à peu près 3 familles sur 4 où il y a des animaux à la maison.
00:59Et puis par exemple, c'est les garçons qui s'occupent des poubelles.
01:02Donc on voit bien que de ce côté-là, c'est assez typé quand même, c'est assez amusant de ce point de vue-là, comment ça reproduit des schémas.
01:08Mais ce qui est intéressant aussi, c'est que même, parce qu'ils ont fait un travail assez intéressant, en regardant un petit peu dans les familles,
01:13est-ce que parfois les pères s'occupent plus des choses ? Est-ce que ça a un effet sur les enfants ? Pas spécialement, par exemple.
01:18On voit que finalement, ça reste assez ancré, alors on peut dire que c'est ancré pour des raisons culturelles, évidemment, ça joue très fortement.
01:25Il y a aussi sans doute des représentations, des imaginaires.
01:27Mais ce qui est intéressant, c'est qu'on peut avoir envie, vous savez, je crois que le mot à la mode, c'est déconstruire.
01:32On peut vouloir comme ça, à toute force, déconstruire les gens, mais à un moment donné, il y a des réalités aussi qui se retrouvent.
01:38Donc c'est aussi intéressant de voir que les mentalités évoluent beaucoup moins vite que les discours, que parfois même les ordres.
01:45Il peut y avoir comme ça un côté assez, parfois un petit peu, un carcan un peu violent.
01:49Finalement, les gens continuent de faire un petit peu comme ils ont toujours fait.
01:52Mais on voit aussi quand même que les enfants, garçons, le jeu c'est plutôt au moment de l'adolescence, où là, ça se complique beaucoup.
01:59Mais les enfants, globalement, pour la table, contribuent assez globalement.
02:03Puis le linge, les choses comme ça, ça va être plus les filles en effet, de manière assez différenciée.
02:10Et alors, on remarque aussi des choses qui peuvent étonner ou pas.
02:14D'ailleurs, les filles d'agriculteurs et d'ouvriers participent plus à l'entretien du foyer.
02:20Alors là, dans les catégories populaires, ce que je comprends, c'est que les filles aident plus, participent plus que dans les milieux bourgeois.
02:30Alors là, on arrive sur une image un peu caricaturale, où on va dire, bah oui, c'est des petites princesses dans les familles bourgeoises.
02:36Et puis, les familles populaires, elles vont effectivement au charbon, si vous me permettez cette expression.
02:42Oui, alors ce qu'on voit aussi, c'est que l'égalité ou le rapprochement fille-garçon se manifeste plus dans les classes les plus favorisées.
02:51Parce que sans doute, il y a un parcours intellectuel plus puissant autour de ça.
02:54Donc, on voit aussi que toutes ces choses-là restent et qu'évidemment, la question sociale, elle reste absolument majoritaire.
03:00On remarquera aussi que dans les familles aisées, une grande partie du boulot est fait par des extérieurs, qui sont d'ailleurs très souvent des femmes.
03:08Donc voilà, on voit aussi que je suis une petite fille de 10 ans, mais finalement, je laisse la dame s'en occuper à ma place.
03:13Et donc là, de ce côté-là, on est moins gêné que ce soit femme ou homme.
03:16Et donc, il y a aussi ça, quand on a les moyens, on fait faire par d'autres beaucoup de choses.
03:19Et du coup, on garde les choses qui seraient plus valorisantes, ou ainsi de suite.
03:23Donc, il y a aussi ça à prendre en compte.
03:24Bon, la société française, elle change. Vous la regardez, votre métier, c'est de la voir changer sous vos yeux en permanence.
03:32Qu'est-ce qui a le plus changé finalement depuis 50 ans dans la famille française ?
03:36C'est précisément qu'elle est divorcée aujourd'hui, alors qu'elle ne l'était pas en 1974.
03:42Moi, je suis de 64. En 74, dans ma classe, il y a un ou deux enfants, je crois, qui sont séparés.
03:49Je crois qu'il n'y en avait qu'un, pour tout vous dire, et c'était un drame.
03:51Et on se disait, j'espère que ça ne nous arrivera pas à nous.
03:54Et on était tristes pour lui, je me souviens encore de son prénom.
03:57Aujourd'hui, dans une classe, la majorité des enfants d'une classe de 12-13 ans, je ne parle pas quand les enfants ont 5 ans.
04:05En fait, j'ai l'impression que tout le monde, ou beaucoup, ont la même histoire.
04:07On se rencontre entre 25 et 30, on fait des enfants entre 30 et 35, et puis après, tout le monde va retrouver sa liberté,
04:15vers 40 ou peut-être un peu avant, à grands traits. Est-ce que vous validez ?
04:20C'est amusant, si on prend votre exemple, presque aujourd'hui, l'original, c'est celui dont les deux parents ne sont pas séparés.
04:25Mais vous validez ou pas ça ?
04:28Oui, de fait, on voit bien ce qu'on appelait aussi les notions de nuptialité.
04:33Il y a la classe qui est née en 46, plus de 90 %, femmes, hommes confondus, étaient mariés.
04:38Aujourd'hui, on est à deux tiers, et on sait que demain, ça sera 50 %, c'est-à-dire que la moitié des gens...
04:44Mais c'est beaucoup de tiers quand même ! Deux tiers de quelle classe ?
04:46Qui sont nés en 72, qui sont nés...
04:50C'est déjà beaucoup, je trouve. La classe 72, deux tiers sont mariés.
04:54Mais vous voyez, on était à 90, on est à 65, on va arriver à 50.
04:59On voit aussi que les naissances hors mariage, aujourd'hui, les deux tiers des enfants naissent hors mariage.
05:06Alors qu'avant, un gamin qui naissait hors mariage, c'était une sacrée histoire.
05:09Donc il y a quand même des choses qui ont très fortement évolué dans les comportements.
05:14On se marie aussi plus tard, ce qui est logique.
05:16On est plus vieux, on vieillit plus longtemps, on peut aussi réfléchir un peu plus.
05:20Donc il y a tout ça qui joue, on voit que certains éléments sont quand même...
05:23On peut réfléchir un peu plus, ça veut dire quoi ?
05:25Quand on réfléchit, on se marie plus tard ?
05:27Voilà, on peut faire des choix.
05:29C'est déjà Léon Blum, il y a fort longtemps, au 19e siècle, il disait
05:32« commencez à tester avant de vous marier ».
05:34Il disait ça aux femmes, qui étaient hyper révolutionnaires à l'époque.
05:37On marque une pause, c'est passionnant, mais c'est vrai que nos mères,
05:42et c'est toujours intéressant de parler de nos mères,
05:44la mienne est née en 1938, elle s'est mariée la veille de sa majorité.
05:49La veille de sa majorité !
05:51C'était un 31 janvier 1959, à 21 ans, parce que la majorité était à 21 ans.
05:56A 25 ans, elle avait ses deux enfants, et elle vit toujours aujourd'hui.
06:00Elle est restée de 1959 jusqu'à 2024, avec son mari.
06:06C'est beau, c'est magnifique.
06:09Je ne sais pas si elle le voit comme ça, mais en tout cas, il est 12h43, tout de suite.
06:13Vous écoutez Pascal Proévout sur Europe 1, et réagissez au 080 20 39 21.
06:21Toujours passionnant d'être avec un sociologue,
06:23parce qu'on a le sentiment qu'il connaît la société par cœur, la société française par cœur.
06:27Alors Justine est avec nous.
06:29Justine qui voulait vous poser une question.
06:31Vous êtes maman dans les Ardennes, Justine.
06:33Vous nous avez appelé effectivement plusieurs fois.
06:35Vous avez deux garçons, ou deux enfants, en tout cas.
06:37Non, trois.
06:38Douze ans, sept ans, trois ans.
06:39D'abord, je vous félicite, parce qu'aujourd'hui, ça devient presque un exploit.
06:43Et vous avez peut-être une question à poser à notre camarade sociologue.
06:49Oui, effectivement.
06:50J'ai trois enfants.
06:51Le plus grand, c'est un petit garçon de 12 ans, qui arrive à l'âge de l'adolescence.
06:57C'est vrai que répartir les tâches, ça peut être assez rébarbatif.
07:00Et je voudrais savoir comment rendre ça plus ludique, pour que ça vienne plus de lui-même,
07:06et enlever ce caractère autoritaire de la maman qui demande sans cesse de l'aide.
07:12Ma fille de 7 ans, ça ne lui pose aucun souci de nous aider.
07:15Elle le fait volontairement.
07:16Mais c'est vrai que mon petit garçon arrive à l'âge bête, on va dire.
07:20Je ne suis pas différente des autres mamans.
07:22Et je n'ai pas toujours forcément envie de lui demander de façon autoritaire.
07:27J'aimerais bien rendre ça plus ludique, et que ça vienne vraiment de lui-même.
07:32C'est Serge Guérin qui n'est pas pédiatre a priori, et pas non plus psychologue.
07:38Déjà, première réalité, l'entrée en adolescence, c'est plus avoir 7 ans.
07:42Donc de toute manière, c'est normal.
07:44Fille, garçon, il y a un côté un peu, on se rebelle, on se construit aussi, contre.
07:48Et c'est très bien comme ça aussi, parce qu'on a besoin aussi de se construire.
07:51Et d'ailleurs, de ce côté-là madame, c'est important d'avoir justement quelqu'un contre.
07:55Si on dit oui à tout, on ne se construit pas.
07:57Et c'est aussi une des problématiques qu'on peut avoir plus largement.
07:59Donc votre job, il n'est pas le plus agréable, mais en même temps, il est hyper essentiel.
08:03Parce que c'est dans les âges où il faut montrer qu'il y a des limites.
08:05Or, il y a des choses qui se font, il y a des choses qui ne se font pas.
08:08Ça, ça fait partie...
08:10Vous savez, c'est Albert Camus qui avait cette formule magnifique,
08:12un homme, ça s'empêche.
08:13Il y a des choses, ça ne se fait pas.
08:14Alors là, on n'est pas à faire la vaisselle.
08:16Quand on dit un homme, ça s'empêche, c'est des choses bien plus rudes.
08:18Mais n'empêche que, c'est donner des limites, fixer un cadre.
08:21Même si c'est désagréable pour vous, il faut le faire.
08:24Parce que si vous ne le faites pas, c'est mal parti.
08:26Donc un, c'est normal.
08:27Deux, il est ado, donc c'est normal aussi.
08:29Et trois, la petite fille de 7 ans, c'est aussi normal.
08:32Donc il ne faut pas trop vous inquiéter par rapport à ça.
08:34Alors je ne vous ai pas répondu du coup.
08:36Je vous dédramatise le truc, mais je ne vous donne pas de solution.
08:38Parce que je ne suis pas sûr qu'il y en ait vraiment une.
08:40Alors après, il y a des gens qui commencent à dire, on va peut-être payer un peu.
08:43On va donner quelque chose comme ça.
08:46Je ne suis pas très sympa, je n'ai pas l'habitude de financer les choses.
08:49Mais ça peut être aussi de féliciter d'une certaine manière,
08:53de valoriser le fait que l'enfant, le jeune, l'ado, les fait.
08:57Donc il y a une notion de valorisation et de montrer aussi dans les imaginaires.
09:01Trouver des images, des films ou autres,
09:03où des jeunes garçons de 12, 13, 14 ans le font aussi.
09:06Parce qu'on a besoin aussi de voir comment font les autres.
09:08Et on suit, c'est des âges où on a besoin d'avoir des références.
09:11Il vaut mieux avoir des références de ce type-là,
09:13que des références d'un super macho un peu salopard.
09:16Donc voilà, ça peut être aussi sympa de travailler là-dessus.
10:11Abonnez-vous !

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