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Les Vraies Voix avec Jean-Pierre Rosenczveig, magistrat et ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny

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##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2024-12-24##

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News
Transcription
00:00Les vraies voix Sud Radio, le grand débat du jour.
00:03La France a peur.
00:04Vous avez demandé à la police, ne quittez pas.
00:08Il y a de la violence dans la société.
00:11La France et les Français ne sont plus en sécurité.
00:14Et des mesures d'urgence s'imposent.
00:16Respecte mon autorité !
00:18Les hommes de l'endroit n'ont pas leur place dans une République et dans un État de droit.
00:22Appelez la police ! Appelez la police !
00:24Les choses se sont durcies ces dernières années.
00:26Vous avez assez de cette bande de racailles, on va vous en débarrasser.
00:29Je suis donc parfaitement clair.
00:32Tolérance, zéro.
00:37Deux poids lourds de la droite pour un duo régalien musclé.
00:40Gérald Darmanin arrive à la justice tandis que Bruno Retailleau reste à l'intérieur.
00:44Ce choix marque une volonté claire du nouveau gouvernement
00:46de placer les enjeux sécuritaires et migratoires au cœur des agendas politiques.
00:50Alors parlons vrai.
00:51Est-ce que c'est le retour de Pascua et Pandreau près de 40 ans après ?
00:55Pascua-Pandreau, énorme.
00:58Est-ce qu'on peut déjà affirmer qu'une partie de la magistrature va rouer dans les brancards
01:02en lisant le communiqué du syndicat de la magistrature ?
01:05Et à cette question, Retailleau et Darmanin sont-ils capables d'inverser la tendance sur l'insécurité ?
01:09Vous dites non à 79%.
01:12Vous voulez réagir le 0826 300 300.
01:15Jean-Pierre Rosenberg est avec nous, magistrat et ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny.
01:20Bonsoir, merci d'avoir accepté notre invitation.
01:24Bernard Cohen, Adade, sur ce duo de chocs police-justice.
01:30L'affichage montre une volonté.
01:32Est-ce que les moyens budgétaires pour aider la justice à tout simplement se réaliser dans les territoires
01:38et faire en sorte que les peines soient appliquées sera là ?
01:41Il y a un vrai problème aujourd'hui d'accompagnement de manière dans les territoires.
01:47Il y a une vraie difficulté dans la justice.
01:50Il y a un problème aussi de financement des personnels pénitentiaires.
01:54Tout cela est là.
01:56Il ne suffit pas des mots.
01:57Donc, on attend bien entendu des actes.
01:59Mais la Dream Team, sur le papier, semble répondre aux attentes des Français.
02:03Mais il ne suffit pas d'apparaître.
02:04Il faut faire.
02:05Jean Dorilo.
02:06Détermination, sévérité et fermeté, les trois piliers de Gérald Darmanin.
02:10Détermination, sévérité, fermeté.
02:13Oui, écoutez, c'est une trinité dont l'avenir nous dira s'il y a des saintes ou pas.
02:21Moi, la question qui m'interpelle, si vous voulez, c'est,
02:23Philippe David l'a dit, je me réjouis de la présence de notre invité qui est magistrat.
02:27C'est la question de la magistrature en réalité.
02:29Parce que la justice en France est indépendante.
02:31Et ça, c'est très très heureux.
02:32C'est vraiment un pilier essentiel de la démocratie.
02:35Pour autant, j'ai le sentiment, je dirais comme citoyen lambda,
02:39que la justice fait parfois de l'idéologie plus que du droit.
02:45Et donc, si vous voulez, c'est le problème quand on a un exécutif.
02:47Il faut un ministre de la justice, évidemment.
02:50Oui, il a une sensibilité politique, ce monsieur.
02:53En l'occurrence, Gérald Darmanin, on le connaît suffisamment bien.
02:56Pour autant, les magistrats, ils sont indépendants.
02:58Et c'est vrai que c'est difficile quand on n'est pas, je dirais, un expert de l'appareil judiciaire.
03:04Quand on n'est pas un expert des textes de droit,
03:06c'est difficile de sauter de l'idée par moment que la justice, elle fait de l'idéologie.
03:13Et pour le dire clairement, elle a tendance à un certain laxisme.
03:16En tout cas, ce qu'on peut constater, c'est que les politiques sécuritaires des dernières années,
03:21disons des quinze dernières années, par exemple celles sous Sarkozy,
03:24qui mettait effectivement en avant, comme on l'a vu dans le jingle,
03:26la lutte contre les racailles, les délinquants, etc.,
03:29ça n'a pas abouti à des résultats concrets, si au moins qu'on puisse dire.
03:33Il ne me semble absolument pas que les fléaux du trafic de drogue ou des choses comme ça
03:38ont été endigués.
03:39Donc, je suis toujours extrêmement sceptique sur ce genre de choses,
03:42à la fois sur le fond idéologique, qui n'est absolument pas le mien,
03:44mais même au-delà de ça, de manière totalement neutre sur l'efficacité.
03:48Donc, je pense que sur les deux plans, à mon avis, c'est un écueil total.
03:51– Et alors, pour rebondir peut-être, pardon, sur ce que nous…
03:54– On va lui poser la question.
03:56Jean-Pierre Rosenberg qui était avec nous,
03:57un magistrat et ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny.
04:01Merci en tout cas d'avoir accepté cette invitation.
04:03Sur cette phrase de Gérald Darmanin, où il dit que finalement,
04:08il voudrait réconcilier la justice et les citoyens.
04:13– Qui peut être contre ? C'est enfilé des perles, mais qui peut être contre ?
04:21Je voudrais revenir quelques instants sur ce qui a été dit par vos intervenants,
04:26avec un petit détail.
04:28Avant que la justice intervienne, il faut que la police ait fait son boulot.
04:32Quel est le taux d'efficacité de la police ?
04:35Moins de 30%.
04:36Dans moins de 30% des situations, je parle en matière pénale,
04:39dans moins de 30% des situations,
04:41les policiers arrivent à rejoindre le fait avec quelqu'un, avec un délinquant.
04:45Quelqu'un qui est supposé être délinquant.
04:47Donc contrairement à ce que le ministre de l'Intérieur,
04:50M. Darmanin, a pu dire à un moment donné,
04:52le problème n'est pas d'abord judiciaire, il est d'abord policier.
04:57Alors après, il peut effectivement y avoir un problème de justice.
05:00Certains estiment que la justice est laxiste.
05:02Les mêmes d'ailleurs estiment que quand la réplique est trop sévère,
05:05c'est une question de point de vue, bien évidemment.
05:07Au passage, la justice n'est pas plus idéologique que vos commentateurs.
05:11Il y a du débat.
05:13Mais ce n'est pas notre rôle, mon cher monsieur,
05:15ce n'est pas notre rôle, nous, d'être indépendants.
05:18C'est le rôle du magistrat.
05:20Je vous ai écoutés avec...
05:21Chacun son job.
05:22...sans réagir.
05:23Faisons la même chose, puisque si vous m'avez invité, c'est pour débattre.
05:26Absolument, allez-y, on vous écoute.
05:27Donc si c'est pour enfiler les perles avec vous, je ne sais pas, ça ne sert à rien.
05:30Donc en soyons dialectiques.
05:32Et puis soyons positifs.
05:34Donc pour rejoindre ce qui a été dit tout à l'heure,
05:37il y a un problème de moyens.
05:38Moyen policier, en homme et en matériel.
05:41Moyen judiciaire, en homme et en matériel.
05:44Et en moyen pénitentiaire, là encore, en homme et en matériel.
05:48C'est moins...
05:50Tous magistrats, policiers, fonctionnaires de la pénitentiaire
05:53sont des fonctionnaires au service de la République.
05:56Ils tentent de faire le mieux,
05:57au regard des missions qui leur sont données,
05:59et au regard de la conjoncture telle qu'elle est.
06:02Donc ils ne sont pas dans des fiefs personnels.
06:06On n'est plus sous l'ancien régime où on battait justice à des fins privées.
06:09Alors essayons d'arrêter d'opposer, comme ça se fait depuis quelques années,
06:13policiers et magistrats, police et justice.
06:17Nous sommes les deux pieds d'une même République.
06:20Point barre. Chacun fait son boulot.
06:21C'est même votre intérêt à vous, journalistes,
06:24si un jour vous êtes interpellés par la police,
06:26que la police soit efficace et que la justice vous rende justice.
06:29Voilà. Donc ne soyons pas l'arbre,
06:31la branche de l'arbre sur laquelle nous sommes assis.
06:34Alors maintenant, il y a des débats.
06:35Bien évidemment qu'il y a des problèmes dans la police.
06:37Bien évidemment qu'il y a des problèmes dans la justice.
06:40Des problèmes de personnes, des problèmes de moyens.
06:42Attachons-nous aux vrais problèmes.
06:44C'est pour ça que je ne fais pas de procès d'attention à M. Darmanin.
06:47Attendons les instructions que le gouvernement en général,
06:53le ministre de la Justice en particulier, donnera de manière générale.
06:57Vous savez que les magistrats ne sont pas liés par les circulaires.
07:00Tout au plus entendent-ils les enjeux, les préoccupations du politique
07:05et puis ils rendront justice.
07:07Et puis dernier point, l'expérience, là encore, là je démontre,
07:10me démontre que la justice est un contre-pouvoir.
07:13Fort heureusement que c'est un contre-pouvoir.
07:15Et que si on la prend mal, elle peut, j'allais dire, se braquer.
07:19Et se braquer très fort.
07:20On ne donne pas d'instructions aux policiers.
07:22Et on peut donner des instructions, pardon, aux policiers,
07:24on ne donne pas d'instructions aux magistrats quelles qu'ils soient.
07:27On peut leur donner des choix de recommandation.
07:29On peut les inciter à...
07:30Et puis ils participent du débat social.
07:32Qui va dire un seul instant qu'on peut accepter le narcotrafic ?
07:36Comment peut-on accepter un seul instant que des gens tuent ?
07:39Comment peut-on accepter un seul instant des agressions ?
07:41Aucun d'entre nous.
07:43Puisque nous soyons, nous ne l'acceptons pas.
07:45Monsieur le magistrat, est-ce que le fait que deux ministres finalement
07:49puissent s'entendre, parce que c'est vrai que ces derniers temps,
07:51les couples police-justice avaient plutôt tendance à s'étrier,
07:56est-ce que le fait que ce couple puisse fonctionner,
07:59est-ce que ça peut changer véritablement les choses ?
08:02Oui, mais ils seront en dialectique, naturellement.
08:06On peut être en opposition, il ne faut pas l'oublier le point,
08:09mais entendre le point de vue de l'autre.
08:11Et à mon avis, c'est ce qui va se passer.
08:13Monsieur Darmanin va être tout logiquement porteur de la dynamique justice,
08:18comme en face de lui, le ministre de l'Intérieur va être porteur d'une autre logique.
08:23Ils ont chacun un point de vue sur une question qui est la même,
08:25l'ordre public.
08:26Mais l'ordre public à court terme et à moyen terme.
08:29Et c'est là où ça devient difficile,
08:30c'est qu'on peut répondre à l'ordre public à court terme,
08:33par exemple arrêter quelqu'un, l'incarcérer.
08:34Mais s'il sort de prison plus dangereux qu'il n'était, à quoi ça aura servi ?
08:38Donc il faut que les deux, ministre de la Justice, ministre de l'Intérieur,
08:42aient des considérations d'ordre public à court et moyen terme.
08:45Et puis surtout, avec le gouvernement, il faut alors à ce moment-là,
08:48avoir des considérations d'ordre public à long terme.
08:50Ça a été dit par l'un de vos intervenants,
08:52quelle lutte a été menée, au fond, contre le narcotrafic,
08:56contre, grosso modo, la mafia ?
08:58Aujourd'hui, la mafia, elle, trafique sur la drogue.
09:01La drogue, hier, c'était sur la prostitution,
09:04demain, ça sera sur les jeux ou autre chose.
09:07En d'autres termes, on a des dispositifs mafieux
09:10auxquels il faut s'attaquer.
09:11– Oui, qui s'adaptent.
09:12– Tradissant les narcotrafics, la question qui est posée,
09:16c'est pourquoi des gens, des jeunes, mais pas que des jeunes,
09:18ont besoin de drogue ?
09:20Et pourquoi ce dispositif a pu se mettre en place ?
09:22Et là, ce n'est pas un problème de police ou de justice,
09:24c'est un problème de fond.
09:25Donc on voit bien qu'il y a trois dimensions,
09:27le court, le moyen et le long terme.
09:29Et pour répondre à votre question,
09:30moi je crois que, naturellement, le ministre de l'Intérieur,
09:33le ministre de la Justice, vont se friter, vont se frotter.
09:36Mais c'est dialectiquement normal, comme au tribunal.
09:38Le procureur de la République se frotte avec son juge
09:41et puis ils vont déjeuner ensemble.
09:43Combien de fois ça m'est arrivé ?
09:44Le matin, le procureur me requiert quelque chose,
09:46je prends une décision et on se retrouve au restaurant.
09:48Chacun respecte l'autre.
09:50– Le tout, c'est que le restaurant soit bon, quand même.
09:52– Monsieur le Président, dites-moi…
09:54– Je vous retrouve, je vous retrouve.
09:59– Quel est pour vous, aujourd'hui, l'enjeu de la justice des mineurs ?
10:03Parce qu'on voit beaucoup de cas où des mineurs sont impliqués.
10:06Quel est pour vous, aujourd'hui, cet enjeu ?
10:09– Je peux pas aller très très loin.
10:10J'ai essayé de vous répondre, mais primaire très très concise.
10:14Il se passe aujourd'hui ce que nous avions prévu il y a 10 ou 15 ans.
10:16C'était qu'un certain nombre d'enfants laissés à volo,
10:18autour de 5, 6, 7 ans,
10:20deviennent des enfants dangereux autour de 10, de 12, de 15 ans.
10:24Donc effectivement, il faut à la fois gérer ceux qui sont dangereux aujourd'hui
10:28et ceux qui pourraient l'être demain.
10:30Donc à la fois, il faut répondre sur le plan judiciaire,
10:33pas seulement par la prison, comme le dit le Premier ministre,
10:36qu'il disait hier sur BFM, il faut des courtes peines.
10:40Ça suffit pas, ça peut être utile une courte peine.
10:43Comme une réprimande, c'est utile, mais ça suffit pas,
10:45il faut s'attaquer aux causes, il faut du travail social,
10:48il faut des éducateurs pour pallier.
10:50Sinon, compléter le travail qu'auraient dû faire ou n'ont pas fait les parents.
10:54Et puis dans le même temps, et c'est là le vrai problème politique,
10:57il faut s'attaquer à des enfants qui pourraient demain,
11:00qui sont en danger aujourd'hui, qui demain pourraient être délinquants
11:02et qui sont laissés à volo.
11:03Or, le constat doit être fait.
11:05C'est à la fois très politique, ce que je vais vous dire,
11:07mais pas politicien.
11:09Le constat qu'on doit faire, c'est que tous les services de proximité
11:12qui sont censés venir en aide aux parents en difficulté
11:14ou aux enfants en difficulté, depuis 5 à 10 ans,
11:17tous ces dispositifs sont au rouge.
11:21La protection maternelle et infantile, le service social scolaire,
11:24le service de santé scolaire.
11:26Est-ce que vous savez que 18 départements ont d'ores et déjà supprimé
11:29les clubs et équipes de prévention ?
11:31En d'autres termes, des gosses qui sont en difficulté à la maison,
11:34la situation va exploser et effectivement,
11:37ils vont être dangereux dans la rue.
11:38Donc il faut à la fois, si on veut régler le problème de sécurité,
11:41au sens large du terme, s'attaquer à ceux qui sont déjà délinquants,
11:45mais aussi s'attaquer à ceux qui pourraient demain être délinquants.
11:48Il faut mener les deux stratégies.
11:50C'est pour ça que le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Justice
11:52ne suffiront pas à eux.
11:54Vous avez dit vous-même tout à l'heure sur la drogue.
11:56Oui, Jean-Pierre Rosendale.
11:58Déjà une question de Tom Connard et puis Jean Dorido après.
12:01Député, une remarque.
12:02Effectivement, insister sur ce que disait monsieur tout à l'heure.
12:04En effet, ce qui est très important et que les gens n'ont pas forcément en tête,
12:07c'est l'importance de la séparation des pouvoirs.
12:08Dans un état de droit, effectivement, on dit qu'il y a le exécutif,
12:11le législatif et l'autorité judiciaire.
12:13C'est ce qu'on apprend quand on fait des études de droit, par exemple.
12:15Et effectivement, c'est quelque chose que les gens n'ont pas forcément en tête.
12:18Ils se disent qu'un ministre de la Justice va donner des ordres.
12:21Mais non, et c'est une très bonne chose.
12:22Il y a une certaine indépendance de la justice.
12:24En effet, il peut y avoir une politique judiciaire, une certaine orientation,
12:27mais il y a une indépendance fondamentale.
12:28Et ça, c'est évidemment extrêmement, extrêmement important.
12:31Et donc, même Montesquieu théorisait ça,
12:35c'est-à-dire checks and balances, l'idée d'une séparation des pouvoirs
12:39qui doit exister effectivement dans la société
12:41de façon à ce qu'effectivement, ce tas de droits soient respectés.
12:44Et donc, il ne faut pas effectivement voir...
12:46– Ça a été un peu nuancé avec le général De Gaulle
12:48qui a parlé de l'autorité judiciaire.
12:50– Oui, tout à fait, c'est pour ça que j'ai parlé de l'autorité judiciaire
12:53et pas du pouvoir judiciaire.
12:54– Elle est raisonnable.
12:55– Mais voilà, c'est une garantie de démocratie,
12:57ça qu'il faut bien avoir en tête.
12:59Ce n'est pas un obstacle à la justice, bien au contraire.
13:01– Cette dialectique, elle nous protège tous.
13:03Elle nous protège tous, sinon on est dans un état totalitaire.
13:06Regardez, en Russie, le juge, pour le coup, on l'a vu obéir,
13:11à Poutine, point barre.
13:12– Allez, Jean Dorado.
13:13– Évidemment que c'est essentiel la séparation des pouvoirs,
13:16évidemment, l'administratif exécutif et la justice,
13:19c'est la base de toute démocratie.
13:21Et ça revoit justement, d'autant plus à cette question,
13:24j'y reviens, de l'idéologie de la justice.
13:27J'entends monsieur, bien sûr, parler de l'analyse des causes,
13:31parler de la prévention, parler de la justice des mineurs.
13:33C'est quand même...
13:34Il faut déjà bien comprendre qu'en France,
13:37quand vous avez un enfant en danger,
13:39parce qu'un enfant qui commet des délits,
13:41c'est un enfant qui est en danger.
13:42C'est-à-dire qu'il n'a pas de parents, d'adultes responsables
13:45pour l'éduquer correctement, pour prendre soin de lui,
13:46pour l'aimer, pour qu'il ne soit pas délinquant.
13:48Cette personne, elle est prise en charge, l'enfant,
13:50par l'ASE, l'aide sociale à l'enfance.
13:52Et si, d'aventure, il commet des délits plus graves,
13:55alors on change complètement d'institution
13:58et il passe à la PJJ, la Protection Judiciaire de la Jeunesse.
14:01Et la PJJ, c'est un naufrage.
14:03Les éducateurs de la PJJ font de l'idéologie.
14:07Ils ne font pas de la prévention.
14:08Ils ne font pas de l'éducatif.
14:10Ça, ça n'est pas vrai.
14:12Et si vous vous intéressez à la culture populaire,
14:15vous avez une série qui est excellente
14:16qui s'appelle « Engrenage » sur Canal+.
14:18Et vous voyez, lors d'une saison,
14:20précisément la police qui va voir des éducs de la PJJ
14:24pour interroger un gamin.
14:26Et les éducs lui disent
14:28« Ah, attends, on ne peut pas nous se présenter avec toi qui es flic,
14:31parce qu'à ce moment-là, on perd toute crédibilité. »
14:34Et ça, ce sont des séries qui sont très documentées,
14:36qui sont vraiment en prise sur le réel.
14:37Et ça montre à quel point, si vous voulez,
14:39vous avez une idéologie de la justice
14:41et de certains éducateurs aujourd'hui en France
14:43qui fait que ça ne peut pas fonctionner
14:45parce que la justice fait une idéologie anti-police
14:49et anti-ordre et anti-construction de la société.
14:53– On est obligé d'aller au standard, aux élus.
14:54– Je ne peux pas laisser dire ça.
14:57– La PJJ n'est pas un naufrage ?
14:59– Attendez, la PJJ est en difficulté.
15:02– Ah, c'est à cause du féminisme.
15:03– Laissez-moi terminer.
15:05Laissez-moi terminer, sinon,
15:06je pense connaître le sujet pour la fréquenter
15:09pendant 40 ans et avoir été juge en pratique pendant 30 ans.
15:14La PJJ est en difficulté.
15:15Elle est moins aujourd'hui qu'elle l'a été,
15:17mais elle est en difficulté.
15:18Non pas pour les raisons que vous dites,
15:19mais simplement pour des raisons très concrètes,
15:21bassement matérielles.
15:22Comment un éducateur peut-il avoir 25 situations à suivre ?
15:26On ne peut pas, lorsqu'on est une personne,
15:29suivre 25 cas difficiles, ce n'est pas vrai.
15:31Et encore faut-il que tous les postes soient produits,
15:33ce qui n'est pas le cas.
15:34Encore faut-il ne pas supprimer 500 contrats,
15:36comme ça vient de se faire, là, il y a quelques temps.
15:39– Le manque de moyens, d'explication.
15:42– Qu'après, les éducateurs aient une déontologie et une éthique,
15:47comme vous, journalistes, vous avez tous individuellement une éthique
15:51et collectivement une déontologie, vous ne pouvez pas les condamner.
15:54Ils ont une conception de leur boulot.
15:55Vous pouvez en penser ce que vous pouvez,
15:57mais ils font du bon boulot globalement.
15:59Et là, vous caricaturez dans ce que vous dites.
16:01Heureusement, et vous avez dit, c'est pas moi qui le dis,
16:03c'est M. Lecerf, président du conseil départemental,
16:06du Nord Pas-de-Calais, qui démontrait,
16:08dans le rapport qu'il avait fait en 2011,
16:09que tant que 85 et quelques pour cent des cas
16:12où le tribunal pour enfants et les éducateurs de la PSJ intervenaient,
16:15les jeunes n'étaient pas délinquants, leur majorité.
16:17C'est quand même une sacrée réussite.
16:19Alors qu'il puisse y avoir des dérives, des échecs, des difficultés, bien évidemment.
16:23Mais là, où vous vous plantez totalement,
16:26c'est en négligeant que l'aide sociale à l'enfance,
16:28qui est en amont de la PSJ, est en grande difficulté.
16:32C'est elle, aujourd'hui, qui est sinistrée.
16:34Ce qui veut dire, au passage, que l'une est en difficulté, la PSJ,
16:37et que l'autre est sinistrée.
16:39Ce n'est pas les deux ministres qui vont changer les choses,
16:41s'ils ne s'y mettent pas ensemble.
16:42– Merci beaucoup.
16:45Juste pour vous dire, Jean Dorido n'est pas journaliste,
16:47il est docteur en psychologie.
16:48– Et il a une éthique, aussi.
16:50– Non, non, je n'aurais jamais dit,
16:52parce que je suis persuadé qu'il ait entendu votre titre.
16:55Merci mille fois, en tout cas.
16:56– Merci à vous, et joyeux Noël.
16:59– Merci mille fois d'avoir accepté notre invitation.
17:01On vous souhaite de belles fêtes,
17:02Jean-Pierre Rosenberg, magistrat et ancien président du tribunal pour enfants de Bobigny.
17:06Allez, vous restez avec nous.

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