Les forces de l'ordre doivent-elles intervenir plus durement pour stopper les délits routiers ?

Sud Radio

Les Vraies Voix avec Abdoulaye Kanté, policier, auteur de “Policier, enfant de la République”, publié aux éditions Fayard.  Retrouvez Les Vraies Voix avec Cécile de Ménibus et Philippe David  du lundi au vendredi de 17h à 20h sur #SudRadio. --- Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry   ———————————————————————  ▶️ Suivez le direct : https://dai.ly/x8jqxru  Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/   ———————————————————————   Nous suivre sur les réseaux sociaux   ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel  ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/  ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr  ———————————————————————  ☀️ Et pour plus de vidéos des Vraies Voix : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDRB7z8JrbG9LyNtTmhxaU-a   ##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2024-08-27##

Transcript

00:00Les vraies voix Sud Radio, le grand débat du jour.

00:04Un gendarme de 54 ans et père de deux enfants a été tué hier après un refus d'ample tempéré sur la 8 à proximité de Mougins.

00:12Ensuite, le chauffard présumé a été interpellé ce mardi 27 août à Cannes.

00:17Selon les déclarations de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, il s'agit d'un délinquant de la route.

00:22Ce qui est particulièrement choquant, c'est que malgré ses antécédents, ce conducteur était encore en possession de son permis de conduire.

00:28Cet événement soulève des questions importantes sur la gestion des récidivistes de la route

00:32et les mesures à prendre pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.

00:36Refus d'ample tempéré, rodéos urbains, incivilité routière, l'insécurité se répand sur nos routes et dans nos rues.

00:43Les forces de l'ordre hésitent à intervenir de peur d'être sanctionnées.

00:47Les arrestations débouchent rarement sur des mises en état de nuire efficaces.

00:51Faut-il continuer de regarder passivement ces conducteurs hors la loi ?

00:55Nous vous posons la question.

00:57Hashtag refus d'ample tempéré, les forces de l'ordre doivent-elles intervenir plus durement pour stopper des délits routiers ?

01:03Vous votez sur le compte X de Sud Radio et vous votez oui à 89%.

01:08Alors évidemment, vous pouvez continuer à voter.

01:10Puis vous nous appelez, Aude vous attend au 0826 300 300 pour participer au débat.

01:15On reçoit notre invité, on le connaît bien.

01:18Oui, en fait, il aurait pu s'installer avec les trois vraies voix.

01:22Là, on fait appel à son expertise.

01:24Abdoulaye Kanté, policier et auteur de Policiers et enfants de la République.

01:28Bonsoir Abdoulaye.

01:29Bonsoir Abdoulaye.

01:30Merci beaucoup d'être avec nous.

01:31Salut Abdoulaye.

01:32Et on a évidemment une pensée pour vous et pour tous vos collègues,

01:36tous vos confrères au sens large puisqu'il s'agissait d'un gendarme et bien sûr toutes les forces de l'ordre.

01:41Oui, alors Abdoulaye, on vous pose la question à vous directement.

01:44Est-ce que les forces de l'ordre doivent intervenir plus durement pour stopper les délits routiers ?

01:49Tout d'abord, déjà, permettez-moi d'apporter mon message de soutien et de solidarité à la Maison Gendarmerie,

01:55notamment aussi à ce père de famille,

01:58plutôt à cette famille qui ne retrouve pas leur père,

02:00qui a voulu les protéger, protéger, on va dire, les citoyens et qui n'a fait que son travail.

02:06Malheureusement, à chaque fois qu'on a ce drame, en fait,

02:09on en parle souvent sur votre plateau et même aussi avec Bruno,

02:12c'est quand même difficile à chaque fois de dénoncer toujours ce sujet

02:16parce que c'est un sujet qui revient de plus en plus.

02:18Je peux vous dire qu'aujourd'hui, même pas encore aujourd'hui,

02:21il y a une forme de colère, de tristesse, mais surtout une colère et une incompréhension

02:25parce que ce n'est pas faute de sensibiliser, ce n'est pas faute d'expliquer systématiquement

02:29que nous en sommes toujours à l'augmentation de cette infraction.

02:3425 000 refus tempérés en moyenne par an,

02:38ce qui fait un refus tempéré entre 18 et 20 minutes,

02:41mais malheureusement, je n'ai pas l'impression que certaines personnes,

02:45voire même des décideurs, comprennent en fait l'ampleur de ce sujet-là.

02:48Dites-vous bien que ce n'est pas faute, que ce soit sur les réseaux sociaux

02:52ou même aussi à travers nos actions avec Bruno Pomart

02:54ou même avec des policiers, on essaie de faire de la sensibilisation,

02:57on essaie d'expliquer aux personnes que quand les forces de l'ordre vous demandent de vous arrêter,

03:01arrêtez-vous parce que quoi qu'il arrive, vous restez en vie.

03:04Vous ne notez pas la vie d'un autre.

03:06Et le problème, c'est que c'est vu par d'autres personnes

03:09qui vont tout de suite faire une espèce d'inversement des valeurs.

03:12Et je peux vous dire qu'aujourd'hui, oui, tant qu'il n'y aura pas une vraie sensibilisation,

03:16une vraie explication ou même des manières fermes au niveau justice,

03:20parce que le problème, c'est que quand on voit le profil de l'individu,

03:24malheureusement, c'est que quand vous êtes à dix faits

03:27et que vous avez un casier judiciaire qui est assez large,

03:32c'est inexplicable pour les victimes.

03:34Oui, Judith l'a rappelé.

03:37Alors, si nous vous posons cette question,

03:40évidemment, tout le monde a envie de permettre,

03:43d'empêcher les malfaiteurs de s'échapper

03:46et donc de renforcer le pouvoir d'action des policiers.

03:50Mais si on vous pose la question, c'est qu'il n'y a peut-être pas que cela.

03:54Et peut-être que Rinta Piero a un rôle de la justice aussi.

03:58Oui, je pense qu'il y a des rôles conjoints de la justice

04:01parce que la police et le gendarmerie, dans son ensemble,

04:03font un travail d'investigation et de poursuite assez remarquable.

04:07Ils ne sont pas toujours suivis des faits.

04:10D'abord parce que la justice est très lente.

04:12Alors, on va vous dire que c'est un manque de moyens, etc.

04:14Mais je crois qu'il y a un manque de volonté, tout simplement.

04:17Malheureusement, dans notre pays,

04:19il y a un certain nombre d'élus qui soutiennent ces délinquants.

04:23Et moi, j'aurais aimé qu'on annonce là une grande manifestation

04:26avec comme thème « Les délinquants tuent », vous voyez ?

04:29Plutôt que les slogans dont on a l'habitude.

04:32Madame Piero, laissez-moi vous couper.

04:34Excusez-moi, mais imaginez un seul instant

04:36si ce gendarme a fait usage de son arme.

04:38Mais c'est ce que je dis.

04:39Imaginez un seul instant.

04:40Et imaginez qu'est-ce qui se ferait passer.

04:42Il y aurait un inversement de valeurs,

04:43il y aurait une responsabilité des forces de l'ordre.

04:45Et je pense qu'effectivement, oui, il y a une forme de…

04:48je ne dirais pas d'oracle,

04:49mais simplement de problématique dans le sens où

04:52pour sauver sa vie ou celle des autres,

04:54s'il doit faire objet de son arme,

04:56il y aurait eu à un moment donné responsabilité pour dire

04:58« Mais non, il ne fallait pas tirer ».

05:00Mais en fait, quand vous êtes en contrevenant,

05:02je pense que la loi…

05:03En fait, la grosse problématique, c'est l'application

05:05stricto sensus de la loi.

05:07Les dispositifs législatifs existent, encore une fois,

05:10mais la réalité de l'application,

05:13elle est totalement différente entre la réalité

05:15et c'est ça en fait qui nous pose problème.

05:17On ne peut pas créer encore une loi

05:19sur une loi qui se trouve juste appliquée,

05:21tout simplement.

05:22Bruno Pommard, justement,

05:23pour rentrer un peu plus dans le concret,

05:25comment est-ce qu'ils sont formés,

05:26les policiers et les gendarmes,

05:28à gérer des situations comme ça,

05:29le refus d'options préparées ?

05:30On peut se poser aussi la question

05:32de si la formation ne suffit pas

05:34ou si les moyens ne suffisent pas,

05:36est-ce qu'il ne faut pas prévoir des changements

05:38concrètement ?

05:40Écoutez, la magie n'existe pas dans ce domaine-là.

05:42Très sincèrement, on donne tous les moyens.

05:44D'abord, nos formations sont mieux formées

05:46qu'elles n'en ont été, au même titre que les gendarmes d'ailleurs.

05:48Sur ces méthodes-là d'intervention,

05:50c'est quand même très particulier à faire.

05:52Il y a souvent des gendarmes d'expérience

05:54qui sont habitués à faire de la sécurité routière

05:56et de savoir, comment dire,

05:58se positionner sur ce type de contrôle.

06:00Ça, c'est un élément important.

06:02Mais ce qu'il y a d'important là-dedans,

06:04c'est qu'encore une fois,

06:06quand on minimise ces cas,

06:08qui sont, et Abdoulaye l'a très bien dit tout à l'heure,

06:10on est à plus de 25 000,

06:12même s'il y a eu une baisse ces dernières années,

06:14mais on est quand même à 25 000.

06:16J'étais monté à 27 000.

06:18Donc on ne peut pas tolérer ça.

06:20Un tiers des délits sont condamnés.

06:22Un tiers des délits que je vous dis là.

06:24Et ça fait quelque chose comme

06:265 000 victimes par an.

06:28C'est énorme. Force de l'ordre civile.

06:30Parce qu'en même temps, lorsqu'un policier ou un gendarme

06:32essaie d'interpeller une voiture

06:34ou évite une voiture

06:36de redémarrer, à travers les herses

06:38qui existent, il y a tout un tas de techniques

06:40qui existent. Mais vous savez, quand vous êtes sur le terrain,

06:42le dire ici, sur Radio C'est Facile,

06:44quand on est sur le terrain, c'est une autre histoire.

06:46Donc l'appréhension, le discernement

06:48de nos policiers est compliqué.

06:50Sur l'histoire des herses, on a vu ça souvent dans des films.

06:52On voit ça à chaque fois.

06:54Mais j'ai pas l'impression,

06:56enfin moi j'ai déjà vu des barrages

06:58routiers, enfin des barrages

07:00de police, de force de l'ordre. Il n'y a jamais une herse

07:02en plein milieu de la route.

07:04Moi je me suis fait contrôler

07:06il y a un mois et demi dans une ville

07:08moyenne, effectivement sur une

07:10rocade, et il y avait

07:12trois herses successives.

07:14C'est la première fois que je voyais ça.

07:16Mais ça existe.

07:18Sur le cadavre, on part de l'autoroute.

07:20On est sur l'autoroute.

07:22Appréhender ces situations,

07:24c'est très compliqué pour le gendarme. Et on en arrive

07:26aux situations qu'on a connues avec l'affaire Naël,

07:28et vous le disiez tout à l'heure, encore une fois,

07:30lorsque vous avez des politiques qui vous expliquent que

07:32l'affaire Naël, c'est toujours le

07:34policier qui est responsable, attendons de laisser faire.

07:36Enfin bref, il y a tout un tas de choses comme ça

07:38qui font que, encore une fois, nos policiers lorsqu'ils sont

07:40sur le terrain, en pensant que leur carrière

07:42risque d'être impactée,

07:44en pensant que leur propre

07:46vie risque d'être impactée, je peux vous assurer

07:48que le métier devient de plus en plus difficile.

07:50L'affaire aggravant de la consommation de cannabis

07:52ou d'alcool, on a l'impression qu'il est minimisé

07:54au profit d'une abolition du discernement.

07:56Donc, on marche sur la tête.

07:58Bon, là, a priori, dans cette affaire-là,

08:00ce n'est pas le cas.

08:02Il a été assez positif à l'alcool.

08:04Justement,

08:06à ce niveau-là, on peut se poser la question des lacunes

08:08du système. Parce que comment ça se fait qu'il n'a pas eu

08:10son retraite permis, ou une suspension du moins ?

08:12Comment ça se fait qu'il est encore dans un véhicule ?

08:14Abdoulaye Kanté, vous avez une raison à nous donner ?

08:16La raison, c'est

08:18la personnalisation

08:20de la peine. Il faut savoir,

08:22voir quel était le parcours judiciaire

08:24de cet individu, savoir

08:26pourquoi, même si certains

08:28disent qu'il avait

08:309 points sur 12, mais

08:32peu importe s'il avait même 12 points ou pas,

08:34on a toujours cette problématique de voir que c'est un

08:36individu qui est coutumier des faits, qui visiblement

08:38est habitué au délit routier.

08:40Est-ce que la punition,

08:42voire les sanctions qui ont été

08:44prises à son encombre lui ont fait

08:46prendre prise conscience

08:48de ces problématiques-là ? Visiblement non,

08:50parce qu'on sait toujours que ce sont toujours les mêmes

08:52profils, dans le sens où ce sont toujours les

08:54individus qui sont... Vous savez, c'est

08:56très simple. Ceux qui s'adonnent

08:58à ce genre d'instructions sont toujours les mêmes, c'est-à-dire

09:00sous-consommation de stupe, véhicule

09:02volé, défaut d'assurance.

09:04Toujours les mêmes.

09:06Evidemment, connus, recherchés. Donc ce sont

09:08forcément ces personnes-là qui

09:10refuseront de s'adonner

09:12à un contrôle de police, et ça facilitera

09:14vraiment leur fuite.

09:16– Pierre-Yves Martin, là c'est le citoyen que vous êtes

09:18à qui je pose la question.

09:20Qu'est-ce qui est pour vous le plus

09:22dissuasif ? Parce que là, on est de

09:24toute façon sur des gens qui ne sont

09:26pas respectueux

09:28par principe des règles

09:30de citoyenneté.

09:32– Je ne sais pas si je vais bien répondre à votre question

09:34Frédéric, mais il y a quelque chose

09:36qui me dérange dans ce que

09:38vient dire Abdoulaye Kanté.

09:40En fait, je ne suis pas spécialiste,

09:42mais je ne suis pas convaincu

09:44que ce soient toujours les mêmes personnes

09:46qui n'aient pas d'assurance,

09:48qui aient piqué une voiture,

09:50etc. J'ai quand même l'impression

09:52depuis quelques années qu'il y a une montée

09:54en puissance du refus

09:56d'obtempérer comme une

09:58remise en cause du citoyen

10:00par rapport à l'autorité.

10:02– Celui qui n'a pas d'assurance

10:04il fonce, il dit de toute façon il y a de l'impunité.

10:06– Ça c'est quelque part

10:08logique, il y a une explication.

10:10Mais là j'ai l'impression que

10:12même chez les personnes qui sont entre guillemets en règle,

10:14enfin qui ne seraient pas obligées

10:16de refuser de

10:18se conduire ainsi,

10:20se mettent dans une situation

10:22extraordinaire.

10:24– Est-ce que ça vous arriverait vous ?

10:26– Personnellement quand on m'arrête,

10:28même en étant dans la flic, je m'arrête.

10:30– Vous vous arrêtez, enfin ça arrive.

10:32– J'ai plein de questions, je peux répondre.

10:34– Pierre-Yves, en fait, ne le dites pas.

10:36Parce que vous vous mettez en danger, Pierre-Yves.

10:38– Non, mais je pense que,

10:40et je ne sais pas pourquoi,

10:42et tout à l'heure on évoquait

10:44qu'est-ce qu'il faut faire, etc, police, justice, etc.

10:46Mais je pense que la première action

10:48à mettre en place

10:50c'est de comprendre le pourquoi

10:52de ces refus d'obtempérer.

10:54J'ai l'impression que c'est assez récent.

10:56– Mais cet individu…

10:58– Je vous ai donné certaines causes,

11:00parce que quand je vous ai dit les profils,

11:02c'est que généralement, de très rares cas,

11:04nous avons des individus qui sont totalement en règle

11:06et qui, justement, font des refus d'obtempérer.

11:08La majorité de ces individus qui commettent

11:10ces refus d'obtempérer,

11:12c'est évidemment par des causes qui sont annexes,

11:14c'est-à-dire, évidemment,

11:16des dépôts d'assurance, des dépôts de permis.

11:18– On va demander à notre auditeur,

11:20excusez-moi, 0826-300-300,

11:22vous, les auditeurs de Sud Radio, on parle vrai avec vous,

11:24vous le savez, vous pouvez nous appeler, réagir, etc.

11:26On a Gilles, qui est avec nous, qui nous appelle,

11:28Denise Gilles, qu'est-ce que vous en pensez de tout ça ?

11:30On va vous poser la question, tout simplement,

11:32les forces de l'ordre, est-ce qu'elles doivent intervenir

11:34dans le développement routier ?

11:36– Moi, je vais vous donner un exemple personnel,

11:38en 87, j'étais en Floride

11:40avec un ami,

11:42et on prenait le bus,

11:44et le bus a oublié de nous prendre.

11:46Et on a fait du stop,

11:48on s'est fait arrêter par une bagnole de police,

11:50qui nous a mis en joue,

11:52il nous a palpé tout ça,

11:54les mains sur le capot,

11:56mon copain avait la main dans la poche

11:58de son pantalon,

12:00je lui ai dit de l'enlever,

12:02et on a évité une amende,

12:04dans certains états,

12:06c'est même la prison,

12:08je ne dis pas d'arriver là,

12:10d'être l'inspecteur Harry,

12:12mais je trouve que la police

12:14n'est pas assez soutenue en France,

12:16et la justice est trop laxiste,

12:18et on en arrive à des situations

12:20tristes et lamentables,

12:22comme à Mougins,

12:24moi qui habite Nice,

12:26Mougins c'est pas loin,

12:28et je pense à ce pauvre gendarme

12:30qui s'est fait tuer

12:32en service,

12:34par devoir,

12:36c'est très triste.

12:38C'est important, Gilles, que vous nous rappeliez

12:40des exemples, parce que

12:42c'est à travers des exemples qu'on se repose

12:44des questions. Effectivement,

12:46le grand malfaiteur, celui qui est dangereux,

12:48il y a une intervention musclée

12:50de la police, il met sa vie en danger,

12:52on le sait. Maintenant, on avait eu,

12:54notamment dans le quartier de Barbès, à Paris,

12:56une jeune fille qui rentre de boîte

12:58de nuit et qui se fait raccompagner

13:00par un garçon qui, quand il voit

13:02justement la police, fonce

13:04et c'est le passager

13:06qui le vit, il décède. Voilà, ça,

13:08Corinne Tapiero, sur cette situation,

13:10ça repose la question

13:12de l'intervention en elle-même.

13:14Il y a un, l'intervention, il y a les comportements

13:16à risque auxquels les gens s'adonnent

13:18librement. Je ne suis pas certaine que ce

13:20délinquant de la route, s'il n'avait pas de permis,

13:22il n'aurait pas pris de voiture, c'est pas l'histoire des

13:24trois coins qui l'aurait retenue.

13:26On a un certain nombre de gens

13:28qui d'abord fanfaronnent beaucoup,

13:30parce qu'ils s'imaginent se mettre en danger,

13:32être au-dessus de tout, au-dessus du risque,

13:34au-dessus de la loi et

13:36on est dans une difficulté permanente.

13:38Je ne sais pas quelle est la situation

13:40de l'ensemble des

13:4225 000 auteurs des refus

13:44d'obtempérer, mais cette recrudescence,

13:46je suis d'accord avec

13:48M. Martin, ça en dit très très long

13:50sur, effectivement,

13:52la mise

13:54en cause, non seulement de l'autorité,

13:56mais du modèle républicain qui est le nôtre,

13:58et le code de la route, c'est quand même le plus simple

14:00à connaître, et qui est à peu près connu de tous,

14:02donc c'est un petit peu compliqué.

14:04Et le seul rempart, c'est le policier, encore une fois, parce que

14:06lorsqu'on parle autour d'une table, c'est facile, mais

14:08croyez-moi, puisque tu parlais du sujet

14:10d'un jeune fille, le discernement que

14:12doivent faire les policiers sur le terrain,

14:14moi j'ai connu la police pendant 36 ans, un groupe d'intervention

14:16c'est autre chose, mais même en étant CRS, j'ai fait

14:18des contrôles qui n'avaient rien à voir avec ce qu'on

14:20voit maintenant. Je les plains,

14:22les policiers, parce qu'on est à la limite

14:24toujours du clash, et du clash,

14:26juste du clash, pas du risque de sortie d'armes.

14:28Il y a une question qu'on peut se poser, Pierre-Yves Martin,

14:30c'est ce que, on n'arrête pas de dire

14:32qu'on est dans une société où le respect se perd,

14:34etc. Finalement, il y a

14:36une perte de respect pour les fonctionnaires,

14:38du type les policiers,

14:40mais aussi les professeurs, etc.

14:42Aujourd'hui, l'autorité est mal considérée,

14:44finalement. Il y a certainement une

14:46fragilisation

14:48de l'autorité,

14:50dans toutes ses formes, à l'école,

14:52dans le cadre de la police, etc.

14:54Il y a aussi

14:56peut-être un élément de courtoisie,

14:58je ne vais pas arrêter pour le vieux schnock,

15:00mais un peu d'éducation. Je ne suis pas

15:02persuadé que toute

15:04la population française soit

15:06complètement consciente

15:08des quelques règles de savoir vivre

15:10ensemble. Et puis,

15:12il y a un troisième élément,

15:14parce que c'est notre société qui est

15:16en train d'évoluer comme ça, c'est une sorte

15:18d'agressivité, ça passe d'abord

15:20par une agressivité verbale, moi je suis,

15:22pour avoir échangé avec des gendarmes

15:24et des représentants de la

15:26police nationale dernièrement,

15:28depuis 3-4 ans,

15:30en fait depuis le Covid, il y a eu

15:32une espèce d'explosion,

15:34de situation où il y a une agressivité

15:36verbale alors qu'il n'y a pas de raison

15:38apparente, et qu'à chaque

15:40arrestation que la

15:42police ou la gendarmerie peut mener sur une

15:44route, il y a une

15:46forte probabilité pour que ça parte en

15:48échange un peu musclé.

15:50Les vraies voies, ça se termine, mais je voulais

15:52juste conclure avec une question

15:54adressée à Abdoulaye Kanté, en quelques

15:56mots, Abdoulaye Kanté, qu'est-ce que

15:58la direction

16:00des forces de l'ordre

16:02disent à leurs intervenants, hommes

16:04et femmes, qui sont sur

16:06ces barrages,

16:08quel est le mot d'ordre par rapport

16:10au refus d'obtempérer, en quelques mots.

16:12Alors, Poit, j'étais

16:14très transparent avec vous, je pense que ça dépend

16:16des endroits, des circonstances,

16:18etc., c'est qu'effectivement, on a pour

16:20ordre aussi de, des fois, laisser filer,

16:22parce qu'on peut éviter aussi

16:24qu'il y ait des drames qui soient

16:26causés plus tard, etc. Et je pense que

16:28en tant que policier, quand vous avez ce sens

16:30policier, vous avez votre sens

16:32policier qui vous dit que vous n'avez pas envie de laisser

16:34passer, parce que vous avez envie de sauver des vies.

16:36Donc, effectivement, c'est un peu, on a le cul

16:38entre deux chaises, ou bien l'utilisation d'armes,

16:40où on a une fraction de seconde pour

16:42mettre stop à cette infraction.

16:44Encore une fois, aujourd'hui, j'envoie

16:46plein soutien à tous mes collègues,

16:48que ce soit policiers ou gendarmes, qui

16:50quotidiennement font face à ce genre de

16:52situation, et leur dire que

16:54il faut tenir bon, et

16:56malheureusement, il faut qu'on soit soutenus, et que

16:58la justice suive aussi, mais vraiment.

17:00Merci beaucoup, Abdoulaye Kanté,

17:02d'être venu discuter

17:04et échanger avec nous. Je rappelle que vous êtes policier et

17:06auteur de Policier, Enfant de la République,

17:08publié aux éditions

17:10Fayard. Merci, Abdoulaye.

17:12Merci beaucoup. Alors, vous restez avec nous,

17:14parce qu'on va se détendre un peu.

17:16C'est le moment préféré de Frédéric Brabel.

17:18Mais que nous a-t-il concocté aujourd'hui ?

17:20Je suis content du sujet que je vous ai trouvé,

17:22la thématique. Je le dis tout de suite ou pas ?

17:24Non, pas tout de suite. Restez avec nous, si vous voulez savoir.

17:26Bien sûr. Allez, tout de suite.

17:28Mais elle est forte !

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