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00:00On va parler à présent de la colère de Stéphane Berne chez nos confrères de Ouest-France, figurez-vous, l'animateur
00:06au cœur de l'histoire qui
00:09s'en est pris évidemment à la décision du Président de la République concernant la création des vitraux du Monument Historique
00:15de l'île de la Cité. Je veux bien sûr parler de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Pourquoi l'État
00:21s'affranchit-il des règles qu'il impose aux autres juste parce que le Président le veut ? C'est ce que dénonce donc Stéphane Berne dans une interview
00:29à nos confrères de Ouest-France. Et ce matin, il a été joint par Théo Grévin sur Europe 1. Je vous propose d'écouter Stéphane Berne.
00:37Donc il était interrogé tout à l'heure sur Europe 1. Écoutez.
00:40Je me suis jamais étonné sur le choix de l'artiste Claire Dabouré, d'une formidable artiste.
00:47C'est là mon incompréhension. C'est sur le fait de démonter des vitraux classés Monument Historique, signé
00:53Eugène Viollet-le-Duc, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, alors que ces vitraux n'ont pas été détruits par l'incendie de 2019,
01:01et de les remplacer par des vitraux contemporains.
01:04Ça contrevient toutes les règles et toutes les lois qui régissent la préservation du patrimoine.
01:11Ce qui m'étonne, c'est que l'État se permette d'édicter des règles pour les autres, mais que l'État ne suit pas lui-même.
01:19Comme me disent les différentes DRAC, les Directions Régionales des Affaires Culturelles,
01:23et bien ils me disent, nous après ça va être difficile pour aller dire à des propriétaires privés
01:28qu'ils n'ont pas le droit de démonter une oeuvre d'art ancienne ou de défaire quelque chose qui a plusieurs siècles.
01:35Voilà, donc l'État s'arroge le droit de ne pas respecter des règles qu'il impose à tous. C'est cela qui me choque le plus.
01:43Voilà, et effectivement on peut comprendre Stéphane Berne qui est choqué par cette décision de vouloir
01:48enlever des vitraux classés Monuments Historiques d'Ancien Royaume, et qui n'ont pas été rebranchés, et qui n'ont pas été endommagés.
01:55Ce qu'on comprend d'autant moins, tel que je vois la situation, c'est que la flèche de Notre-Dame
02:03de signer Violet-le-Duc est tombée.
02:07Bon là, il n'y avait plus de flèche de Violet-le-Duc.
02:11Et elle a été reconstruite à l'identique.
02:14Elle a été reconstruite à l'identique. On pouvait donc imaginer à bon droit que le Président de la République qui voulait marquer,
02:19comme l'ont fait tous les Présidents de la République, par un monument, on aurait pu imaginer qu'il se demande...
02:25Mais les autres Présidents ont marqué ça sur un monument qu'ils ont construit.
02:28Bien sûr, mais là on aurait pu imaginer, compte tenu du contexte, on pouvait légitimement imaginer que le Président dise
02:32« Eh bien voilà, on va remplacer cette flèche de Violet-le-Duc par une flèche moderne, etc. »
02:38Bon, ça, ça, à la limite, ça s'en prend.
02:41En revanche, là, pour ce qui est des vitraux, les vitraux n'ont pas été touchés.
02:45Ce sont des vitraux originaux qui, par conséquent, appartiennent de plein droit à Notre-Dame.
02:52Pourquoi les déposer, pour aller les mettre dans un musée, et en mettre de nouveaux ?
02:58C'est effectivement difficile à comprendre.
03:01Alors, c'est le fait du Prince, pour quelle raison ?
03:04Qu'est-ce qui a motivé le fait du Prince dans ce domaine ?
03:07Je comprends et je partage la colère de Stéphane Bern.
03:11Je crois que notre époque a un rapport assez particulier à l'architecture en France.
03:15Faut pas oublier que la France, particulièrement Paris, ça a été une ville de mégalomane.
03:20Faut pas oublier qu'au XIXe siècle, vous avez Napoléon III qui a rasé quasiment toute la ville de Paris pour la reconstruire de zéro.
03:26Faut pas oublier que même récemment, quelqu'un comme le Président Mitterrand faisait des projets absolument extraordinaires.
03:33Et il est vrai qu'Emmanuel Macron n'aura pas eu depuis 2010...
03:35Et vous n'avez pas cité Anne Hidalgo encore.
03:37Et Anne Hidalgo, bien sûr. Non, mais justement.
03:39Et quand on s'est retrouvés avec la cathédrale en ruine et qu'il a fallu la reconstruire,
03:44qu'il y a eu ce fameux appel d'offres pour savoir si on n'allait pas faire une flèche moderne.
03:49Regardez la manière dont ça a suscité immédiatement.
03:52Un, parmi l'appel d'offres, il faut quand même le remarquer, il y avait beaucoup de choses qui étaient un peu des bouses.
03:57Qui étaient vraiment très spéciales, qui n'avaient aucun sens, qui n'avaient rien compris au monument de Notre-Dame de Paris.
04:03Mais deuxièmement, l'opinion publique était vraiment extrêmement crispée à l'idée qu'on touche un cheveu en un sens à la cathédrale Notre-Dame.
04:10Ce qui est d'autant plus drôle...
04:11Mais ça peut se comprendre, Nathan.
04:12Bien sûr, oui, mais...
04:13Oui, non, parce que Viollet-le-Duc lui-même, cette flèche, ne date pas du Moyen-Âge.
04:18Elle date précisément du XIXe siècle.
04:20Et Viollet-le-Duc n'avait pas reconstruit la flèche à l'identique, il avait voulu la faire en plus grand.
04:24Si Viollet-le-Duc était vivant aujourd'hui, probablement qu'il aurait dit, après l'incendie, ne reconstruisons pas Notre-Dame à l'identique.
04:30Pour la flèche, mais est-ce que vous pensez qu'il aurait pris la défense des vitraux de Claire Tabouret ?
04:34Non, justement.
04:35Mais je pense qu'Emmanuel Macron a dû être frustré par le fait de ne pas mettre un geste architectural contemporain,
04:41qui est de lui, dans la reconstruction de Notre-Dame de Paris.
04:44Peut-être de lui !
04:45L'art contemporain, il n'en a rien à faire, Emmanuel Macron.
04:47Emmanuel Macron, il met sa pierre à l'édifice.
04:49Moi, je suis d'accord avec Gilles Taurès.
04:50Moi, je pense que c'est juste une histoire d'égo, en fait.
04:52Vous verrez, cette semaine, ça arrivera souvent.
04:53C'est juste une histoire d'égo.
04:54C'est le cas de tout...
04:55On parlait du fait du prince, mais c'est le cas de tous les monarques.
04:57Et quand on parle de Notre-Dame de Paris,
04:59on s'inscrit, entre guillemets, dans l'esprit de la monarchie.
05:01Regardez la soirée qu'on a eue de la réouverture de Notre-Dame.
05:05C'était une soirée qui était pas républicaine.
05:07C'était une soirée de monarchie.
05:09J'aurais bien aimé être invité.
05:11Il y avait toutes les familles princières et royales de la planète entière.
05:13C'était une soirée de monarchie.
05:15Et donc, il est logique, en un sens, que comme François Mitterrand se comportait en pharaon,
05:17qu'Emmanuel Macron puisse avoir la tentation du monarque là-dessus.
05:19Mais donc, ce que je veux dire, c'est que je crois
05:21qu'il est frustré par le fait qu'on n'ait pas eu de gestes contemporains.
05:23Et il faut regarder, par exemple, quelque chose
05:25comme apparaît cette tour triangle.
05:27La tour triangle, c'est Porte de Versailles.
05:29Le projet de construire une tour contemporaine.
05:31Rien d'extraordinaire.
05:33C'est 25 ans de blocage en tout genre
05:35parce que les gens ne veulent pas avoir
05:37d'une tour un peu nouvelle dans la ville de Paris.
05:39On a un rapport assez pathologique à notre architecture
05:41comparé aux pays émergents.
05:43Les pays émergents, ils construisent à tour de bras.
05:46Les pays émergents, ils construisent à tour de bras.
05:48Mais là, vous mélangez tout, Nathan.
05:50Désolé, parce que là,
05:52vous parlez d'une nouvelle tour
05:54construite quelque part.
05:56Là, on parle de la cathédrale en elle-même.
05:58Le fait de transformer la cathédrale
06:00et le fait de transformer, d'aller remplacer
06:02des vitraux qui existent,
06:04qui sont en bon état
06:06et qu'on va donc retirer.
06:08Je ne suis pas forcément favorable à ces vitraux en tant que tels.
06:10Mais le principe même...
06:12Je veux dire, au remplacement de ces vitraux.
06:14Le principe même de Notre-Dame de Paris
06:16dans son histoire, c'est que chaque période qui a été
06:18confrontée à la perspective de sa reconstruction
06:20a ajouté sa pâte personnelle.
06:22Parce que Notre-Dame de Paris,
06:24c'est un leg pour la postérité
06:26et pour l'éternité.
06:28Il y avait peut-être moyen de le faire différemment.
06:30Aucune raison de la dépouiller
06:32de ce qu'elle est.
06:34Eric est avec nous au Standard Europe 1
06:36au 01.80.20.39.21.
06:38Bonjour Eric, merci d'être en direct avec nous cet après-midi.
06:40Oui, bonjour.
06:42Vous habitez où Eric ? Vous êtes en Alsace, c'est ça ?
06:44Où exactement ?
06:46Je suis en Alsace, à côté de Strasbourg.
06:48Et donc on a une très belle cathédrale aussi, qui a aussi des vitraux originaux.
06:50Et alors,
06:52ça vous fait réagir ?
06:54Ben oui, parce que moi je trouve
06:56que bon, déjà les vitraux de Viollet-les-Ducs,
06:58ils ont un sens.
07:00Et une église, une cathédrale,
07:02c'est un ensemble.
07:04Je veux dire, il y a des proportions,
07:06il y a des mesures
07:08qui ont un sens, qui ont une symbolique.
07:10Et les vitraux racontent
07:12soit en général des
07:14scènes bibliques,
07:16de l'Ancien ou du Nouveau Testament.
07:18Et donc vous n'êtes pas pour les remplacer ?
07:20Et donc, ces vitraux existent.
07:22Et s'ils n'existaient plus,
07:24il faudrait les remplacer par des vitraux
07:26qui ont une symbolique aussi.
07:28Et les nouveaux vitraux de cet artiste,
07:30je ne le connaissais pas avant,
07:32c'est un artiste d'une très grande qualité,
07:34qui fait de très belles choses,
07:36mais qui ne raconte rien.
07:38Donc c'est de l'art,
07:40mais ce n'est pas de l'art religieux.
07:42Dans l'art religieux, il y a une symbolique.
07:44Rien n'est fait au hasard.
07:46Ce n'est pas qu'on prend
07:48un portail avec ces proportions-là.
07:50Je veux dire, il y a des proportions
07:52qui ont un sens.
07:54Et donc, il faut le respecter.
07:56Ce n'est pas seulement un monument,
07:58ce n'est pas seulement de l'architecture,
08:00c'est religieux.
08:02Donc il faut respecter ça.
08:04Donc il faut respecter ça.
08:06Écoutez-moi,
08:08je vous ai dit grosso modo ce que j'en pensais.
08:10Je ne sais pas si c'est de l'égo,
08:12je ne veux même pas...
08:14Ça y ressemble en tous les cas.
08:16Je trouve que c'est dommage
08:18pour Notre-Dame, lorsqu'on a
08:20un patrimoine de cette qualité,
08:22alors même que là,
08:24il n'a pas été endommagé.
08:26Pour moi, on n'y touche pas,
08:28on n'a pas l'indécence d'y toucher.
08:30On respecte.
08:32Et surtout, c'est vrai qu'on a l'impression
08:34que c'est le fait du prince.
08:36C'est Emmanuel Macron qui veut absolument,
08:38après avoir voulu parler absolument à l'intérieur de Notre-Dame,
08:40bon finalement, il l'a réussi,
08:42mais pas grâce à lui, c'était grâce à des conditions climatiques,
08:44il veut s'inscrire
08:46dans l'histoire de Notre-Dame.
08:48Parce que,
08:50on l'a dit, ils n'ont pas été endommagés,
08:52ces vitraux.
08:54Ils ont choisi Claire Patouillet
08:56pour refaire ces vitraux contemporains.
08:58Des vitraux contemporains qui d'ailleurs
09:00ont été rejetés par la commission de l'architecture
09:02et du patrimoine.
09:04Il y a une tribune qui a été émise par le tribune de l'art
09:06et Didier Hickner qui a recueilli
09:08aujourd'hui un petit peu plus de 300 000 signatures.
09:10Donc on voit très bien qu'il y a une opposition
09:12qui est grandissante dans le monde
09:14et de la culture et du patrimoine.
09:16Mais Emmanuel Macron a décidé tout seul,
09:18unilatéralement, qu'il voulait des vitraux contemporains.
09:20Pourquoi ? Parce qu'il veut rester dans l'histoire de Notre-Dame.
09:22Il veut qu'on dise dans 100 ans,
09:24dans 200 ans, dans 1000 ans,
09:26qu'Emmanuel Macron a influencé la reconstruction
09:28de Notre-Dame.
09:30C'est d'ailleurs sa réussite.
09:34Avec des aides financières pléthoriques.
09:36D'accord, mais on ne peut pas lui reprocher...
09:38Et un projet de loi qui
09:40rejetait toutes les normes qui
09:42normalement nous empêchent de reconstruire très rapidement.
09:44Mais ça, on ne peut pas lui reprocher
09:46de vouloir rester dans l'histoire de Notre-Dame.
09:48Et deuxièmement...
09:50On peut lui reprocher s'il s'entête
09:52sur des vitraux que
09:54beaucoup de gens rejettent dans le monde du patrimoine et de la culture.
09:56Justement, imaginez si
09:58Emmanuel Macron veut changer 6 vitraux
10:00et il y a toute une polémique monstrueuse.
10:02Imaginez s'il avait dit
10:04on va reconstruire la flèche différemment.
10:06Imaginez le séisme
10:08dans l'opinion publique.
10:10Donc de toutes les manières,
10:12il était coincé dans cette perspective
10:14d'une reconstruction à l'identique.
10:16Parce qu'il était accusé.
10:18Il était obligé de faire ça.
10:20Eric, un dernier mot sur le sujet ?
10:22Je vais vous donner un exemple à Strasbourg.
10:24Il y a un vitrail qui a été remplacé
10:26il y a longtemps déjà.
10:28Ce vitrail représente la Vierge.
10:30Mais il avait été remplacé pour quelle raison, Eric ?
10:32Il n'existait plus, il était cassé
10:34c'est pas la même raison.
10:36Donc il a été refait.
10:38Là, ça se comprend.
10:40Il a été refait. Bon, je ne sais pas en quelle année.
10:42J'ai déjà 50 ans.
10:44Je crois qu'il doit être là 50 ans aussi.
10:46Non, peut-être un peu moins.
10:48Et ce vitrail,
10:50ça représente la Vierge avec l'enfant Jésus.
10:52Et en haut dans le vitrail,
10:54on a un petit rappel
10:56à Strasbourg, capitale de l'Europe.
10:58Donc on a le symbole des 12 étoiles
11:00de l'Europe avec le bleu.
11:02Le drapeau européen.
11:04Là, ça ne me dérange pas parce que c'est un petit clin d'œil.
11:06Mais en fin de compte,
11:08il y a la symbole religieuse qui est là.
11:10Merci beaucoup Eric
11:12d'avoir réagi avec nous
11:14cet après-midi dans On marche sur la tête sur Europe 1.
11:16Merci à vous. Passez une très belle journée.

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