Avec Thomas Morales, écrivain et chroniqueur à Causeur, Auteur de “Tendre est la province” (Les Équateurs, 2024).
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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-10h, Frédéric Brindel.
00:04Bonne année à tous, bonne année 9h36 Sud Radio, un débat important pour commencer cette année 2025.
00:12On a souvent évoqué l'avenir de la France à l'occasion des vœux du Président, les inquiétudes, etc.
00:19Heureusement, il reste plein de belles choses que vous incarnez d'ailleurs, vous les auditeurs de Sud Radio.
00:24Quand on vous écoute, quand on discute, ça a appelé ce matin de Beaucair, de Sète, de Pau, de partout.
00:32On était en région parisienne, on était en Bretagne aussi.
00:36Thomas Morales est notre invité tendre, et la province, c'est son livre.
00:41Bonjour et bonne année Thomas Morales.
00:42Bonjour, meilleurs vœux.
00:44Vous êtes journaliste et chroniqueur.
00:47C'est ça.
00:47À Causeur.
00:48À Causeur, au Figaro.
00:52Et vous avez décidé d'écrire ce livre.
00:55Alors, je l'ai lu, j'étais un petit peu surpris au départ, parce que vous dites « je », vous racontez.
01:02J'ai dit « tiens, ce monsieur, il raconte sa vie, ok, très bien ».
01:05Et puis bon, on vous suit, et puis il y a beaucoup de poésie.
01:08Et puis d'un seul coup, en fait, on s'aperçoit que votre vie, c'est la nôtre.
01:12Oui, c'est une balade, j'ai l'habitude de dire que c'est une promenade un peu buissonnière dans la France d'avant.
01:20Je creuse le sillon de la nostalgie et plutôt, on va dire, ma période, ce sont les Trente Glorieuses.
01:25Donc, le premier élan pour écrire ce livre, c'est mes envies.
01:30C'est très nostalgique, c'est mieux avant, vous l'assumez totalement.
01:33Oui, je l'assume, mais j'espère pas être...
01:36Je suis un passéiste, mais plutôt un joyeux passéiste.
01:40J'essaye de remettre en lumière des figures du passé qu'on a admirées et qu'on a parfois un peu oubliées.
01:45Mais c'est une question qui est vraiment importante.
01:47Alors, nous sommes de la même génération et c'est vrai que je me pose la question,
01:50parce qu'il y a eu des avancées exceptionnelles de nos jours.
01:53Il y a des choses magnifiques, mais c'est fou, je me dis,
01:57et ceux qui avaient 40 ans dans les années 70, qu'est-ce qu'ils se sont amusés ?
02:03Les Trente Glorieuses, c'est vrai qu'au bout d'un moment, on fait la comparaison.
02:06C'est quand même un âge d'or.
02:08On a beau tourner autour de cette question-là, mais c'est quand même un âge d'or.
02:11Peut-être l'apogée dans pas mal de domaines.
02:14Vous aimez la chanson populaire, la variété française.
02:17Que de poésie, on a beaucoup écouté Michel Fuguin ce matin.
02:20Très grande qualité.
02:22Fuguin, Delpech, Nougaro, Sardou.
02:24Le cinéma, quand on a été biberonnés comme moi avec la bande du Conservatoire,
02:30Belmondo, Marielle, Rochefort, Ventura, Françoise Fabian, pour citer une formidable actrice.
02:38Jacqueline Mayant, on parle des grandes actrices.
02:41Des grandes actrices du théâtre de boulevard.
02:43Oui, parce que l'humour est un art majeur.
02:45Alors, j'ai lu votre livre.
02:47Vous colorez de mots chaque région.
02:49La pluie normande, la canicule provençale, la droiture finistérienne cadenassée dans les embruns, je cite.
02:55Le village du bout du monde perdu dans les vignes, la nourrice corse au chignon espagnol.
03:00Tout trouve grâce à vos yeux.
03:02Cet amour de la France, il est honnête, authentique.
03:08Est-ce qu'il est encore totalement justifiable aujourd'hui ?
03:12Il est totalement justifiable.
03:14J'ai écrit un peu ce livre pour cette raison, parce que la province était bannie.
03:18Même le mot était banni du discours ambiant dans les médias.
03:21Je me souviens, il n'y a pas très longtemps, j'ai été interviewé par vos confrères sur le drive-in aux Etats-Unis.
03:27Un sujet qui n'avait rien à voir.
03:28Et j'ai osé dire le mot province.
03:30Il est sorti comme ça.
03:32J'ai été rabroué immédiatement.
03:34Tensé par la journaliste.
03:36Pourquoi ? Quelle était sa réaction ?
03:38Parce qu'on ne disait plus le mot province.
03:40On dit aujourd'hui les territoires.
03:42J'ai insisté, j'ai fait un peu le fanfaron.
03:45Il n'y a pas un plus beau mot dans la langue française que la province.
03:49Je ne suis pas un homme des régions, mais un homme des départements, des sous-préfectures.
03:54Effectivement, dans toute ma jeunesse, la ruralité, la campagne, avaient un peu disparu de l'espace médiatique.
04:03Au départ, vous êtes Bérichon.
04:05Je suis Bérichon.
04:07Le Béry, donc Bourges, Le Cher.
04:09On peut même dire une petite partie du Loiret.
04:17Je viens d'une province très particulière.
04:19Ce sont des villages.
04:21Des villages de moins de 2000 habitants.
04:23Des bourgs de cantons.
04:25C'est une province très éloignée des centres de décision.
04:30Je voulais les remettre à l'honneur.
04:34Comptez sur moi.
04:36J'ai bien lu votre livre.
04:38On va y revenir.
04:39Je sais que les auditeurs de Sud Radio vont être interpellés par cette vision.
04:45Vous rappelez l'essentiel.
04:48C'est tout bête.
04:49Ce n'est pas dans votre livre.
04:50L'autre fois, je disais, mangez un œuf dur avec un jaune très jaune à l'intérieur.
04:57C'est tout bête, mais c'est un plaisir simple.
04:59Ça, c'est dans votre livre.
05:00Nous y revenons avant.
05:01Il y a quelque chose qui marque.
05:03C'est la France des cinq sens.
05:05Ça transparaît très bien.
05:07Vous avez une très belle écriture.
05:09L'ouïe, la vue, le goût, l'odorat, le toucher, les cinq sens.
05:12C'est ça qui est sollicité dans votre périple.
05:18C'est une France charnelle.
05:21J'identifie la France à cette campagne complètement oubliée.
05:27Quand je dis campagne, ça peut être un village de Provence, un minuscule village de Balagne.
05:34J'adore la Haute-Corse ou dans le Finistère.
05:38Oui, c'est quelque chose qu'on ressent dans son corps et dans son âme.
05:44Concrètement, sur ce village de Provence, on reprend chacun de ses sens.
05:50L'ouïe, la vue, la verdure, les arbres, le goût, il y a des produits exceptionnels.
06:00L'odorat, enfin on sent la nature.
06:04Et puis le toucher, c'est-à-dire que les gens se touchent aussi.
06:08Oui, c'est remettre un petit peu une sorte de concorde nationale.
06:18Il y a quelque chose qui a disparu de notre environnement.
06:21Les relations sont assez difficiles, conflictuelles.
06:25Moi, je voulais parler d'une province où les gens dans un village n'étaient pas l'ennemi de son voisin.
06:32Ça ne veut pas dire, je ne veux pas idéaliser.
06:35Ce n'est pas quelque chose d'entièrement fantasmé.
06:38Il y a des bonnes querelles de clochers.
06:40Il y avait des classes sociales qui s'affrontaient.
06:42C'est depuis la nuit des temps.
06:44La fameuse bagarre.
06:45Mais malgré tout, il y avait une sorte d'allure.
06:48Et peut-être que les gens se tenaient aussi.
06:50Ils avaient l'habitude de se tenir.
06:52On est un peu dans une époque un petit peu plus relâchée.
06:55Mais quand on dit ça, on risque assez facilement de passer dans le côté des vieux cons.
07:00Ce que je ne veux pas. J'ai que 50 ans.
07:04C'est la raison pour laquelle nous voulions vous inviter.
07:07Lorsqu'on a préparé cette émission avec Joseph Ruiz, avec Amélie Béguin,
07:11qui sont, on va dire, les chevilles ouvrières de cette matinale.
07:15On les salue et on leur souhaite une bonne année.
07:17Mais on s'est dit, oui, parce qu'il va y avoir les voeux.
07:19Il va y avoir tout un tas de choses.
07:21Et on aura tous besoin de se retrouver dans cette province.
07:27Cette tendre province.
07:28Je le rappelle, votre livre, Thomas Morales, Tendre et la province.
07:31Alors, la chanson française, parlons-en.
07:33Vous avez eu la gentillesse de rappeler que c'était une de mes spécialités.
07:36J'ai chanté, je continue.
07:39J'ai fait du spectacle, tout ça.
07:41J'ai commencé avec Pascal Sevran.
07:43Et je suis impressionné de voir comment la chanson française accompagne votre récit.
07:48Alors, il y a le petit clin d'oeil.
07:50« N'avoue jamais, jamais, jamais, je reviendrai à Montréal. »
07:52Nougat York.
07:53Il y a des titres, il y a les chanteurs.
07:55C'est quoi cet hommage à la chanson française ?
07:58Vous le vouliez, pourquoi ?
07:59Parce que, pareil, on a l'habitude parfois de moquer un peu la variété.
08:05De la ringardiser.
08:06Et moi, j'essaie de lui trouver ses plus belles heures.
08:11Je pense à Michel Delpêche.
08:13J'allais vous le dire.
08:14Par exemple, Les Divorcés.
08:15Il a été le premier, Michel Delpêche, à raconter l'histoire d'une petite fille,
08:19ou d'un papa, ou d'une maman, qui sont dans une situation de divorce.
08:23Il y a à la fois le choix des sujets,
08:25qui correspond aussi à l'atmosphère de l'actualité, de l'air du temps,
08:29et le style.
08:31C'est très difficile d'écrire, vous le savez, une belle chanson populaire.
08:36Il ne s'agit pas de mettre des mots compliqués.
08:38Et pourtant, elle doit émouvoir l'ensemble de la population.
08:41Pour moi, ce sont quasiment des génies.
08:43Mon métier, c'est l'écriture.
08:44Donc, je suis très attentif aux paroliers.
08:48Et Michel Delpêche, et en plus, si on rajoute la voix de Michel Delpêche...
08:52Quelle voix ?
08:53Un peu ce détachement.
08:54C'est à la fois élégant et léger.
08:56Mais je pourrais dire la même chose de Serge Lama.
09:00Serge Lama, on ne peut être que Stési quand on écoute Serge Lama.
09:02Et un Michel Sardou.
09:03Michel Sardou, des incontournables.
09:05Michel Delpêche, par-dessus les temps,
09:07soudain j'ai vu passer les oies sauvages.
09:09C'est assez drôle que vous parliez de Serge Lama,
09:11parce que l'autre jour, avec nos chefs en cuisine,
09:14on évoquait le gibier.
09:16Le gibier manque et les femmes sont rares,
09:19chantent en choeur les 80 chasseurs.
09:22Mais tout est dit, finalement, dans ces chansons.
09:25Vous parlez du populaire.
09:27Le populaire, le travailleur, le lambda.
09:29Vous l'appelez le lambda.
09:31Je trouve ça bien vu.
09:32Le provincial, le paysan.
09:34Des sans-importance.
09:36C'est ça ce qu'on qualifie de sans-importance.
09:38Oui, des gens qui sont écartés du système.
09:41Et qui sont pourtant la matrice de ce système.
09:45Souvent, je prends l'exemple du cinéma.
09:48Moi, j'aime la comédie populaire,
09:51de divertissement et de qualité.
09:53Et là, on est dans les années 70.
09:55Qu'est-ce qu'on n'a pas dit ?
09:57Sur les films d'Henri Verneuil, par exemple.
10:00Et pourtant, les films d'Henri Verneuil,
10:02c'est d'une construction parfaite.
10:04On les regarde avec plaisir.
10:05On peut les regarder dix fois, cent fois.
10:07Vous vous souvenez quand on a été confinés ?
10:10Les gens ne se sont pas rués sur le cinéma d'auteurs.
10:13De Funès.
10:14Tiens, il y avait de Funès.
10:15Ils ont été voir les de Funès, les Verneuil,
10:18les films de Philippe de Broca.
10:20Le Splendide ?
10:22Un éléphant s'a trompé énormément.
10:23Nous irons tous au paradis.
10:24Jean Rochefort.
10:25Guy Benos.
10:26Victor Manoux.
10:27Ils ont bien senti qu'il y avait quelque chose.
10:29Ça leur parlait dans le cœur.
10:31Et une qualité.
10:32Et un esprit peut-être français.
10:34Et vous reprenez une phrase qui boucle la boucle
10:36de cette première partie.
10:37On va se retrouver tout de suite
10:39avec vous, Thomas Morales.
10:41Je le rappelle, vous avez écrit ce livre,
10:43Tendre et la province, aux éditions Équateur.
10:45Vous reprenez cette phrase de Jean Ferrat,
10:48l'auteur de Pourtant que la montagne est belle,
10:50qui dit « Je ne suis qu'un cri ».
10:52Voilà, comme pour rappeler que le populaire,
10:55le travailleur, le lambda, le provincial,
10:57le paysan n'est qu'un cri.
10:59Restez avec nous, chers auditeurs de Sud Radio.
11:02C'est un moment savoureux.
11:04Vous allez voir, on va peut-être évoquer
11:06votre région, votre ville, votre département
11:09dans un instant sur Sud Radio.
11:11Il est 9h47.
11:12Il y a huit temps, le noir est cher.
11:15Ces gens-là ne font pas de manière.
11:18Bien vu.
11:20Bien vu, jeune racotosaphie.
11:23Eh oui, le noir est cher.
11:25Alors là, on est dans le cher
11:27avec Thomas Morales.
11:29On reste avec Michel Delpêche.
11:31On a fait beaucoup fuguin ce matin, là,
11:33Delpêche.
11:34C'est la chanson française.
11:36Alors pourquoi tout cela, si vous nous retrouvez,
11:38chers auditeurs ?
11:39Déjà, bonne année à vous.
11:40Thomas Morales, qui vient de nous livrer
11:42un livre, lui, le chroniqueur et écrivain,
11:45Tendre et la province.
11:47Je le disais, c'est un roman, un récit, pardon.
11:51Un récit très, finalement, personnel.
11:54Vous utilisez le jeu au début.
11:56Ça commence, je suis né en 1974,
11:59gamin rural aux origines en partie espagnole.
12:03On se dit, bon, il est gentil ce monsieur,
12:04il nous raconte sa vie.
12:06Je vous le dis tel que je l'ai ressenti.
12:08Puis au fur et à mesure,
12:09ah tiens, il me parle de ça,
12:10mais je suis pareil.
12:11En fait, votre vie, c'est la nôtre,
12:12et notre vie, elle est importante
12:15et elle nous rassemble.
12:17Et vous dites, d'ailleurs,
12:19que votre France est en voie d'extinction.
12:21Expliquez.
12:23Vous voyez, vous traitez l'actualité tous les jours.
12:26Vous voyez bien qu'elle disparaît.
12:28La France qu'on a aimée
12:31est en train de se carapater.
12:34Mais elle évolue forcément, non ?
12:36Elle grandit.
12:37Oui, on peut dire comme ça.
12:38Elle mature.
12:39Si on est positif, oui, c'est une maturation lente,
12:43mais qui me désole parfois.
12:49Qu'on a été élevé,
12:51pas dans des traditions,
12:53mais dans une bonne concorde,
12:58c'est ça, avec sa famille.
13:00Les repères.
13:01Vous évoquez le repère, finalement.
13:03Pour avancer, on est bien obligé d'avoir quelques repères,
13:05quelques solides repères.
13:06On n'est pas non plus obligé d'avancer
13:08sans détruire totalement le passé.
13:12Je n'ai rien contre mes grands-parents,
13:16mes arrière-grands-parents.
13:17Ce n'étaient pas des salauds.
13:19Parce qu'on a l'impression qu'il faut raser un peu gratis
13:22et rayer une grande partie de notre histoire nationale.
13:26Le conflit générationnel,
13:28notamment parmi les nombreux conflits entre les Français,
13:30on n'a pas arrêté d'en parler depuis ce matin.
13:33Mais dans la série,
13:34et vous l'assumez, je le disais tout à l'heure,
13:36le c'était mieux avant, vous le portez,
13:38vous êtes à l'aise avec ça, ok, on y va.
13:40Mais c'était mieux avant, à partir de quand et jusqu'à quand ?
13:43Là, c'est très difficile.
13:44Là, il y a des spécialistes qui pourraient vous dire
13:46que ça a vrillé à partir de tel moment,
13:48au milieu des années 80.
13:51Je pense que justement, la mondialisation,
13:53la globalisation comme on l'appelle,
13:54on s'en est rendu compte un peu après.
13:56Elle avait évidemment déjà démarré dans les années 80.
13:59Mais dans les années 90, j'étais un jeune des années 90,
14:02on ne s'est pas aperçu vraiment de grand-chose.
14:04Et dans les années 2000,
14:05on a vu que le changement, la bascule avait été opérée.
14:10Je pense que si on devait la situer,
14:12on est au début des années 80.
14:15Il y a un nouveau monde,
14:16mais qui était certainement en gestation bien avant.
14:20Et ça commence quand ?
14:21Évidemment après la guerre, évidemment.
14:23De 50 à 80, il y a 30 ans, les 30 glorieuses.
14:26Oui, les 30 glorieuses, c'est bien pour ça.
14:28Quand je dis que c'est un âge d'or,
14:30prenons un domaine qui me plaît,
14:34qui est l'automobile.
14:35Oui, j'allais vous en parler.
14:37Les objets fétiches,
14:38la tonnoche, les objets.
14:40Les objets, il y avait une qualité française.
14:44Les voitures populaires étaient de belles voitures.
14:47Les voitures de maintenant, elles sont top aussi.
14:49Oui, mais est-ce qu'elles ont...
14:51C'est ça, Thomas Morales.
14:52Elles sont, évidemment.
14:54Il y a le progrès, qui est contre le progrès,
14:57technique, sécuritaire.
14:59Mais moi, je suis un homme de style.
15:01Oui, mais justement, tout cela est relatif,
15:03parce que c'est la beauté.
15:04On peut trouver belle une voiture.
15:06C'est tout à fait subjectif.
15:07C'est ça qui est difficile.
15:09Oui, c'est quelque chose qu'on ressent.
15:12Quand on connaît un petit peu l'automobile,
15:15on peut considérer qu'il y a une certaine homogénéisation
15:19des carrosseries et des styles,
15:21ce qui n'était pas le cas en 1960.
15:23Si vous rouliez en Peugeot, Citroën ou Renault,
15:25on va donner les trois grands constructeurs français,
15:28c'était trois façons de vivre très différemment.
15:31Et trois façons de rouler.
15:33Une DS, ce n'est pas la même chose qu'une Peugeot 404.
15:36Rien à voir.
15:37C'est ça qui est intéressant dans votre livre aussi,
15:40parce que, vous l'avez dit tout à l'heure,
15:42on peut vous dire, c'est quoi ce vieux con,
15:44ce réac, machin.
15:46J'accepte.
15:47Oui, c'est pour ça.
15:48Je ne vous traite surtout pas comme ça,
15:50mais je retranscris ce que vous cautionnez d'ailleurs.
15:57Mais au bout du compte,
16:00c'est vrai que l'avantage de ce livre,
16:03c'est que ça nous fait réfléchir.
16:05Ça nous fait réfléchir sur c'est quoi ce qu'on aime,
16:09c'est quoi le progrès,
16:11c'est quoi finalement la régression.
16:13Il y a un autre thème.
16:15On va revenir au cinéma.
16:17L'opposition, la province,
16:19qui est le cœur de votre livre,
16:21à Paris.
16:22Province contre Paris.
16:23Il y a le fameux film de Pierre Richard,
16:25Les malheurs d'Alfred,
16:26où il fait le jeu Paris contre province.
16:28C'est ça pour eux aussi.
16:30Evidemment, ça n'aura pas un César,
16:32on est d'accord les amis.
16:33Ne vous inquiétez pas,
16:35les critiques cinématographiques.
16:37De toute façon, quand ils disent que c'est nul,
16:39on écoutait parler Thierry Lhermitte et compagnie
16:41à l'occasion du décès du pauvre Michel Blanc,
16:43ce fabuleux acteur.
16:45Tout le monde nous a critiqué.
16:47Asnavour disait, on m'a critiqué.
16:49C'est eux qui ont rempli les salles.
16:51En général, au bout du compte,
16:52c'est eux qui gagnent.
16:53Mais opposition Paris contre province,
16:56c'est toujours très présent ça ?
16:59Oui, je dirais presque même plus présent.
17:02Parce que les élites culturelles
17:04sont quand même concentrées à Paris.
17:07Ce qui n'était pas totalement le cas
17:09en 1960 ou 1970.
17:11Il y avait une vie culturelle
17:13qui était assez vivace
17:15dans chaque grande ville française.
17:17Et là, on a l'impression que tous,
17:19par idéologie,
17:21tous sont concentrés dans les mains
17:23de quelques-uns.
17:25Et si on va à côté de la doxa dominante,
17:28on risque d'en payer le prix médiatiquement.
17:32Et la comédie, on le voit bien,
17:34la comédie populaire,
17:35il a fallu énormément d'années
17:37pour qu'elle soit un peu représentée,
17:39même dans les cérémonies officielles
17:41comme les Césars.
17:43Vous vous rendez compte
17:45qu'on n'a jamais donné un César
17:47à Jean-Paul Belmondo.
17:48Il a fallu attendre.
17:49Oui, bien sûr, évidemment.
17:51Et heureusement que Coluche
17:52a fait de Chao Pantin un rôle triste.
17:54En même temps, ce n'était pas
17:56ses meilleures prestations forcément.
17:58Mais bon, pourquoi pas ?
18:00Attention quand même,
18:01quand vous opposez Paris à province,
18:03je vais vous donner un exemple.
18:05Je suis allé voir Michel Fugain, par exemple.
18:07Vous voyez que je ne suis pas loin
18:09de vos préoccupations.
18:10Et il se trouve que j'habite dans le Val d'Oise.
18:12Et je me suis posé la question
18:14d'aller à Paris.
18:15Et c'est une galère
18:16pour ceux des banlieues
18:19qui veulent se rendre à Paris.
18:21On n'a aucune chance.
18:22Déjà, le prix du parking
18:23va être le double du prix
18:24de la place du concert.
18:25Et en fait, je suis allé dans une ville
18:26qui s'appelle Louvre, dans le Val d'Oise.
18:28Et je me suis garé tout de suite.
18:29C'était à côté de chez moi.
18:30C'était fantastique.
18:31Est-ce que finalement,
18:32ce qui se passe dans les grandes villes
18:34où c'est de plus en plus difficile d'accès,
18:36finalement, les pièces de théâtre,
18:38les cinémas vont s'installer en province ?
18:40On va y revenir ?
18:41Il faut l'espérer.
18:42Il faut espérer qu'il y ait un retour
18:46culturel et économique.
18:47Parce que finalement,
18:48c'est lié dans les provinces.
18:51Mais vous vous souvenez ?
18:53Pareil, le Covid,
18:55on l'a encore en mémoire,
18:56on a imaginé qu'on allait repeupler
18:58les provinces.
18:59Les gens avaient le dégoût de Paris.
19:01Ils étaient bloqués dans des petits appartements.
19:03Ils se sont dit peut-être
19:04qu'on pourrait avoir une vie meilleure en province.
19:06Et effectivement,
19:07il faut avouer que c'est relativement compliqué.
19:09Parce qu'il faut trouver du travail.
19:12Il y a le télétravail.
19:14Ça, c'est une avancée, pour le coup.
19:16Mais il y a des régions.
19:18Il y a des régions qui sont plus ou moins bien loties
19:22en matière de tissus industriels, économiques.
19:25Donc ça peut être plus compliqué pour certains.
19:28Mais moi, je veux y croire.
19:30Oui, c'est pour ça.
19:31Je veux croire qu'on peut...
19:34Parce que la province,
19:35il n'y a rien de plus triste
19:36que de traverser une ville de sous-préfecture
19:39où on voit...
19:40Parce que...
19:42...de...
19:44...à une ville...
19:46...euh...
19:48...des rideaux...
19:50...dans la creuse...
19:52...sa météo...
19:54...dans la...
19:56...pose comme question.
19:57Bon, tous ces gens qui se sont dit
19:59lors du Covid, on change de vie.
20:01Bon, souvent, quand ils arrivent dans les villages,
20:03ils s'insurgent contre le champ du coq
20:05ou les odeurs des étables.
20:06Non, mais là, on parle des néoruraux
20:08qui n'ont aucun respect pour les autochtones,
20:10entre guillemets.
20:12Il faut savoir où on met les pieds, un minimum.
20:15Bon, la consolidation des liens intergénérationnels,
20:18vous y parlez, la fraternité,
20:20et ça, vous dites, justement, en province,
20:22dans les villages, c'est important.
20:24Les fêtes de village, les instants communs,
20:26vous parliez des fameux dépouillements
20:28des élections municipales,
20:30les cérémonies du 11 novembre,
20:31le pot de l'amitié à la mairie,
20:32les parties de carte...
20:33C'était un grand spectacle,
20:34le dépouillement dans une...
20:36Et en plus, moi, j'étais dans une ville,
20:38je crois que le panachage,
20:40on a changé le niveau d'habitants,
20:42mais à moins de 2000 habitants,
20:44on pouvait panacher sur les listes électorales,
20:46ce qui donnait lieu à...
20:48Ceux qu'on a barrés...
20:49Des grands spectacles, voilà.
20:51Et l'histoire de dépouillement, je peux vous dire
20:53qu'il y avait de l'animation
20:55dans un petit village du Béry.
20:57Bon, j'essaye, moi, de positiver
20:59sur notre époque, et on l'a vu,
21:01peut-être qu'on va retourner en province,
21:03peut-être que l'évolution avec Internet
21:05qui permet l'accès, tout ça.
21:07Mais, vous dites, quand vous habitez loin,
21:09vous payez vignettes, péage,
21:11taxes, zone urbaine protégée
21:13quand il faut se rendre à la ville.
21:15Là aussi, ça coûte cher d'habiter à la province,
21:17et on ne peut pas faire sans la voiture.
21:19Bien sûr, mais j'ai encore la chance d'avoir des parents
21:21qui sont relativement âgés.
21:24Vivre en province,
21:26c'est tout un...
21:28C'est énormément de complications
21:30au quotidien.
21:32Le premier hôpital, il est
21:34à 30 km ou 35 km.
21:36Les urgences, le grand hôpital,
21:38il est à 150 km.
21:40Le train,
21:42on sait bien que le train,
21:44dans les régions, il est...
21:47Donc, effectivement, ça coûte.
21:49Il faut une voiture, il faut emmener ses enfants
21:51au lycée.
21:53Donc, oui, ils ont payé le prix cher.
21:55Ceux qui nous regardent
21:57sur la chaîne YouTube de Sud Radio,
21:59je montre le livre de Thomas Morales,
22:01« Tendre et la province ».
22:03C'est un moment particulier.
22:05Je suis rentré difficilement,
22:07et après, je me suis dit, ah oui, il y a ça, il y a ça.
22:09Bien vu, Thomas Morales, bravo !
22:11C'était sympa.
22:13Oh !
22:15J'en fais rare.
22:17Ah oui !
22:19Ah oui, je remercie
22:21John Racottosafie, notre réalisateur.
22:23Je remercie
22:25toute l'équipe de Sud Radio
22:27qui m'a accompagné pour ce passage avec vous.
22:29Demain, Jean-Jacques Bourdin reviendra
22:31à cette même place. C'est un vrai plaisir
22:33de partager ce moment avec vous.
22:35Merci, Thomas Morales, d'être passé
22:37« Tendre et la province » aux éditions Équateur.