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00:00Bonjour Michel Jeunas, vous êtes Mister Swing, ce joueur de blues au cœur de sa fabuleuse propre histoire, j'ai envie de dire.
00:07En réalité, vous êtes joueur tout court, vous aimez relancer le dé aux multiples facettes depuis vos débuts en tant que pianiste,
00:13tout d'abord aux côtés d'un rockeur marocain, Vigon, et du groupe Les Lemons.
00:17Vous avez su rester vous et justement faire en sorte que votre musique et votre voix deviennent vos marques de fabrique,
00:22immédiatement identifiables et reconnaissables. C'est aux côtés de Gabriel Yared.
00:26Vous avez fait vos premiers pas pour François Zardier avec la création de trois albums, je sens que vous réfléchissez là,
00:32vous replongez, alors que votre titre Super Nana vous avait déjà ouvert les portes du succès.
00:37A vous tout seul, vous avez monté votre boîte de jazz avec trompette mais sans tambour.
00:42Votre musique Swing Groove nous oblige à onduler notre corps, à chanter, même à nous rappeler ses bons souvenirs,
00:47passés et associés à certains de vos titres. Il y a peu sortait votre album Soul, soit dix titres, dix tubes revisités avec ce son Soul,
00:54annonciateur d'une tournée en 2025 qui démarrera le 1er mars à Courbevoie avant de passer par Lille, Béziers, Toulouse, Paris, Marseille et Dijon.
01:01La Soul, Michel, c'est la musique de l'âme. C'était important de revenir un peu aux sources.
01:08Oui, oui, c'est vrai, c'est la musique de l'âme, exactement.
01:11Et si on revient aux sources, alors je pourrais dire que la première musique que j'ai entendue dans ma vie, c'était aussi de la musique Soul,
01:18parce que pour moi, Piaf, la musique tigane hongroise, tout ça, c'est de la musique de l'âme.
01:25Mais si on parle de la musique Soul, c'est-à-dire celle créée par, au début, pour moi, le premier chanteur de Soul, ça a été Ray Charles.
01:35C'est-à-dire, c'est vraiment, ça a été, c'était mon idole quoi, Ray Charles. C'est lui qui m'a donné envie de faire de la musique.
01:40Quand j'ai entendu un jour, sortant d'un jukebox, What I Say, que j'ai eu envie de toucher un piano.
01:48Mais j'étais déjà dans un environnement musical. On en avait déjà parlé, mais c'est vrai, j'étais...
01:56Mes parents aimaient beaucoup la chanson française, ils écoutaient la radio beaucoup.
02:01Votre père jouait du violon ?
02:02Mon père jouait du violon. Mon père m'a amené voir Piaf sur scène. Il n'y a plus beaucoup de gens qui ont vu Piaf sur scène.
02:11Et puis j'allais voir Brel, puis j'allais voir Brassens et puis etc.
02:15Donc j'ai été nourri à la chanson française et à la musique tigane hongroise.
02:19Mais la musique, effectivement, qui, moi, m'a donné envie d'en faire, c'est le blues.
02:23C'est le rhythm and blues, c'est le rock and roll.
02:26Ça a été les années 60, donc effectivement, on dit souvent que quand le disciple est prêt, le maître arrive.
02:33Et je crois qu'en musique, c'est un peu pareil.
02:35Quand l'artiste est prêt, le public arrive et le succès arrive.
02:40Parce qu'il faut du temps d'abord pour que le public s'habitue à un artiste.
02:45Mais surtout, il faut du temps à l'artiste pour qu'il commence à se trouver bien dans ses pompes.
02:51Moi, il m'a fallu du temps.
02:52Et c'est vrai que c'est quand j'ai commencé à chanter vraiment ce qui me ressemblait,
02:58c'est-à-dire cette musique rock, blues et rhythm and blues, finalement, ce qu'on peut appeler de la soul.
03:03Parce que voilà, qu'est-ce que c'est la soul ?
03:05C'est des noms, c'est des labels.
03:07C'est Stag, c'est Tamla Moton, c'est Otis Reading, c'est Aretha Franklin, c'est James Brown.
03:12Vous voyez, c'est tous ces gens-là.
03:15Jackson 5 aussi.
03:16Stevie Wonder, oui, Marvin Gaye.
03:19Il y a une chanson particulière dans cet album.
03:24Dans ce que vous avez pu chanter, c'est l'amour, ça devient sérieux.
03:28Vous slamez presque sur le début de la chanson, d'ailleurs.
03:31Ça, c'est une chose que vous avez déjà fait auparavant.
03:33Léo Ferré slamait quelque part.
03:35C'est toujours dans cette dynamique et ce respect de vos pères, entre guillemets.
03:41C'est sérieux, vraiment, l'amour Michel Jonas ?
03:44Parce que vous prenez toujours tout avec le sourire, à la rigolade.
03:47Il y a toujours cet humour qui fait partie de vous.
03:50On a l'impression justement que vous êtes un grand enfant.
03:52Oui, je suis.
03:53Même si vous avez toujours eu cette maturité dans ce que vous racontez.
03:56Oui.
03:57C'est vrai, j'ai même fait une chanson, un album et tout un spectacle qui s'appelait
04:01« Les hommes sont toujours des enfants ».
04:03Oui, je pense qu'on a ça en moi.
04:05Je ne me souviens pas du moment précis où je suis passé de l'enfance à l'âge adulte.
04:10Je ne me souviens pas de ça.
04:12Je cite souvent cette interview de Marcello Mastroianni qui a dit « Moi, je ne peux pas
04:17devenir un adulte parce que les enfants ne se lassent jamais de jouer ».
04:21C'est vrai, lui, c'était un comédien.
04:23Et c'est pareil pour la musique, on ne se lasse jamais.
04:26Et j'ai gardé ça.
04:28Il faut garder ça, cet émerveillement de l'enfance, cet enthousiasme.
04:33Donc, pour revenir à la question sur l'amour qui devient sérieux, non, je ne parle pas
04:39d'une chose sérieuse par rapport à une chose légère.
04:42C'est-à-dire que j'explique que l'amour devient sérieux, c'est-à-dire que ça devient
04:46du vrai amour quand on se regarde sans rien dire.
04:49Vous voyez, c'est particulier ça.
04:52C'est une très belle déclaration, c'est une vraie déclaration.
04:54C'est une vraie déclaration, voilà.
04:55Quand est-ce que c'est vrai, quand est-ce que ça correspond à quelque chose qui fait
04:58que ça palpite vraiment à l'intérieur.
05:00Amoureux de la vie, tout simplement, Michel Jonas.
05:03Quand on parlait justement de vos origines tiganes, hongroises, juives, il y a quand
05:10même un clin d'œil à ça.
05:12Vous avez réussi à prendre le contrepied de cette vie extrêmement difficile que vos
05:15parents ont vécue.
05:16Votre mère, elle a échappé de peu à la mort lors de la Shoah.
05:19Malheureusement, une partie de votre famille y est restée.
05:22Cette légèreté, cette envie justement de croquer la vie à pleines dents, de profiter
05:26du moment, elle ne vient pas de là quand même.
05:28Sûrement qu'elle vient de là parce que j'ai été épaté par ça.
05:31C'est-à-dire qu'après ces épreuves terribles d'avoir perdu ses parents, d'avoir perdu
05:38quatre de ses frères, etc. dans les camps.
05:42Et ma mère qui est arrivée en France à l'âge de 16 ans, partant de la Hongrie, et
05:48qui avait cette joie de vivre en elle, qui l'avait.
05:51Elle a porté l'étoile jaune, etc.
05:53Et je me suis dit, voilà, ça, c'est une leçon.
05:55Mais en fait, c'est une leçon parce que ça relativise, parce qu'on est en vie.
05:58C'est pour ça que moi, quand je chante même des chansons tristes, etc.
06:01L'histoire, c'est que, je cite souvent ce proverbe hongrois, qui veut dire le Hongrois
06:07se réjouit en pleurant.
06:08Vous vous rendez compte ? C'est que vous êtes en vie.
06:09Si vous pouvez chanter une chanson triste, c'est que vous pouvez la chanter.
06:12C'est déjà vachement bien de pouvoir chanter.
06:14C'est extraordinaire.
06:16Dans cet album, vous nous invitez à groover.
06:18Oui.
06:19Groove, baby, groove.
06:20Vous commencez comme ça, à monter dans les wagonnets avec vous, lorsque minuit sonne
06:24notamment, de faire en sorte qu'il n'y ait jamais une seule journée passée sans elle.
06:29Oui, aussi.
06:30Avec à vos côtés Lucille.
06:32Et cette FM qui s'est spécialisée funky.
06:35C'est vrai que l'amour devient sérieux.
06:37On l'a abordé.
06:38Oui.
06:39Et qu'autour de vous, il y a toujours des super nanas.
06:41Ça, c'est l'une de vos particularités depuis vos débuts.
06:44C'est que vous avez toujours respecté les femmes, Michel Jonas.
06:47Super Nana, ce qui est très drôle, c'est que cette chanson, quand elle est sortie,
06:51beaucoup l'ont oubliée.
06:52C'était une phase B.
06:54Dans 45 tours, à la base.
06:56C'est vrai qu'il y avait...
06:58Il y avait Dites-moi en phase A.
06:59Ah oui, c'est vrai.
07:00Qui était aussi une chanson qui a bien marché.
07:02Et Super Nana en phase B.
07:04Oui, en fait, c'était le premier album.
07:06C'était 1974.
07:07Donc, les deux chansons qui ont mené cet album au succès, c'était effectivement Dites-moi.
07:14C'était la première musique que je composais, Dites-moi.
07:17Et Super Nana est une chanson écrite et composée, encore une fois, par Jean-Claude Vanier.
07:21Une chanson que je chante pratiquement tout le temps, à chaque spectacle.
07:25Quelle place elle occupe la scène dans cette vie d'artiste ?
07:29La scène, c'est...
07:31Vous savez, c'est extraordinaire, la scène.
07:33C'est un chemin initiatique.
07:35C'est le cœur de mon métier.
07:39C'est un chemin initiatique.
07:40Je dis ça parce que la scène, elle vous permet beaucoup de choses.
07:45Par exemple, d'apprendre.
07:47Des maladresses.
07:49Des incertitudes.
07:50Des choses comme ça.
07:52Mais il y a une chose qu'elle ne vous pardonne pas.
07:54C'est de ne pas donner tout ce qu'on peut lui donner.
07:57On peut débuter.
07:58Elle accepte ça.
07:59Mais elle n'accepte pas le moyen.
08:02Le tiède.
08:03Le je ne m'investis pas complètement.
08:05Ça, elle ne vous le pardonne pas.
08:06Et le public, sans savoir d'où ça vient, cette chose-là, ne vous le pardonne pas.
08:11Et donc, c'est vraiment un chemin initiatique.
08:13Moi, j'ai remarqué ça déjà.
08:14C'est-à-dire que c'est comme un miroir.
08:16Mais ce n'est pas seulement juste un miroir.
08:18C'est quelque chose de très actif.
08:20Par exemple, je prends un exemple très précis.
08:23J'ai un moment de faiblesse dans un spectacle.
08:26Un moment.
08:27Je ne sais pas.
08:28Une note, disons.
08:29Une note.
08:30Si j'arrive à vaincre ça, tout va bien.
08:32J'ai fait un pas de plus.
08:33Si je n'y arrive pas, ça va revenir.
08:35Et ça va revenir au même moment, le lendemain, deux jours après, quatre jours après.
08:40Vous voyez ?
08:41C'est pour ça que je dis que c'est en même temps un miroir.
08:42Et c'est en même temps quelque chose de très actif qui vous fait avancer et progresser.
08:45Par contre, de ne pas être à 100 % investi, ça, non.
08:50Ça, ce n'est pas possible.

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