• il y a 6 heures
Dans Destins de Femmes, Judith Beller reçoit Prisca Thevenot, députée EPR de la 8e circonscription des Hauts-de-Seine et conseillère régionale d'Île-de-France


"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.

Une émission de Judith Beller.

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##DESTIN_DE_FEMMES-2025-01-18##

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Transcription
00:00La Caisse d'épargne Ile-de-France, fière de soutenir toutes les femmes, vous présente Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
00:09Bonjour, bonjour à toutes et tous, Destin de Femmes sur Sud Radio.
00:12C'est votre rendez-vous du samedi 13h30, inspiré du livre de Valérie Pérez.
00:17Aujourd'hui, on parle du destin de Prisca Thévenot, qui est députée de Meudon-Savre-Chaville,
00:21ville d'Oeuvre, Vaux-Cresson et Marne-la-Coquette, je l'ai bien descendue.
00:25Vous êtes à l'Assemblée Nationale évidemment, vous êtes aussi conseillère régionale d'Ile-de-France.
00:28Sans oublier que vous avez occupé des fonctions ministérielles en tant que porte-parole du gouvernement et ministre en charge de la jeunesse.
00:34Prisca, vous combattez aussi les inégalités persistantes dans l'accès aux soins et la prise en charge des spécificités de santé des femmes,
00:41tout comme la perception d'ailleurs de leur rôle en politique. Vous allez nous raconter tout ça.
00:44Bienvenue sur Sud Radio.
00:45Merci.
00:46Avec plaisir.
00:47Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
00:49Alors Prisca Thévenot, il y a des petites questions que je pose à toutes mes invitées qui sont les mêmes,
00:54mais ce qui est intéressant c'est les réponses qui sont différentes justement.
00:56La première question c'est quelle est votre définition à vous du féminisme ?
01:00La définition du féminisme c'est être capable de ne pas avoir à dire qu'on est une femme pour accéder aux mêmes fonctions, aux mêmes rêves, aux mêmes ambitions que ces messieurs.
01:11Donc ça veut dire déconstruction du théorème, j'ai envie de dire presque du genre quoi.
01:16Je ne sais pas si c'est une déconstruction, en tout cas c'est une affirmation de dire que nous sommes traités pour ce que nous faisons et pas pour le genre que nous avons.
01:25Bien sûr.
01:26Est-ce qu'ils peuvent être féministes les hommes selon vous Prisca Thévenot ?
01:29Ah bah oui.
01:30Et moi je peux vous le dire d'autant plus que, alors il n'est plus de ce monde aujourd'hui mais j'ai eu un papa, j'ai eu une énorme chance d'avoir un papa féministe,
01:36qui n'était pas donné et évident à leur époque et j'ai un mari féministe et vous savez quoi ?
01:42J'ai deux petits garçons qui le sont aussi et je le découvre jour après jour.
01:46D'accord.
01:47Et voire même par moment ils me challengent moi.
01:49Vous y êtes un peu pour quelque chose quoi.
01:51Je ne sais pas. J'ai envie de dire qu'ils y sont aussi pour quelque chose eux parce qu'ils évoluent dans un monde où on parle un peu plus de tabou qu'il était avant.
01:59Bien sûr.
02:00Et que j'ai envie de dire aussi qu'ils ont leur part de libre arbitre et qu'on est en train d'avoir une nouvelle génération qui est pleinement mobilisée.
02:05Et votre papa il vous a transmis ça par la fierté d'être une femme ou est-ce que ça se jouait complètement ailleurs ?
02:12Mon père et ma mère, tous les deux.
02:15Ma mère femme indépendante qui a toujours dit qu'elle ne faisait pas passer sa carrière après sa vie de femme, c'est-à-dire vie de mère, vie d'épouse.
02:24Et puis mon père qui c'était tout à fait normal quand ma mère rentrait tard, qui s'occupait du dîner, qui s'occupait de me coucher,
02:30qui très tôt, ça c'est ma mère qui me le racontait, qui me changeait les couches quand j'étais petite
02:35et qui n'attendait pas que maman rentre pour changer la couche un peu trop pleine.
02:39Donc voilà, c'est plein de petites choses aussi du quotidien qui permettent profondément de bouleverser des vies féminines.
02:45Bravo papa. Alors un obstacle selon vous à l'avancement du droit des femmes en France aujourd'hui ?
02:50C'est encore un sujet. On a eu énormément d'avancées sur cette démarche-là, maintenant c'est encore un sujet.
02:57Mais j'ai envie de vous dire que c'est encore un sujet comme tout ce qui touche au droit des femmes.
03:00On fait des avancées mais en permanence c'est soit remis en cause, soit de grands retours en arrière.
03:06Et ça a un nom, ça s'appelle le phénomène backlash.
03:09Alors je suis désolée s'il n'y a pas de nom, c'est un peu retour en arrière,
03:12mais c'est le phénomène que nous voyons beaucoup aux Etats-Unis et qui va un peu partout dans le monde,
03:16sur lequel nous devons continuer à lutter.
03:18Le retour du masculinisme en fait, c'est ça.
03:20Si les hommes est parti, on a envie de dire.
03:22Et puis cette logique de dire qu'en fait pourquoi...
03:24C'est quand même assez étonnant de se dire qu'en général quand on avance dans les droits des uns et des autres,
03:30on les considère acquis.
03:32Il y a juste un domaine où par des fois c'est jamais acquis, c'est les femmes.
03:35Et c'est Simone Veil qui dit ça très justement en fait.
03:37Donc il faut faire attention, il faut faire très attention.
03:40Qu'est-ce qui fait que ça marche et que ça avance quand même parce que ça bouge en ce moment ?
03:44Je vais dire quelque chose qui peut paraître complètement délirant dans le contexte politique dans lequel nous sommes aujourd'hui,
03:50mais s'il y a bien un sujet qui fait consensus et qui fait compromis à l'Assemblée Nationale,
03:55c'est le sujet des droits des femmes.
03:57Quel que soit le bord politique.
03:59En tout cas on arrive à trouver des majorités.
04:01On a encore quelques bords qui ne se mettent pas en place.
04:05Quelques bords extrêmes ?
04:06Tout à fait.
04:08Mais là je n'ai pas envie de parler des choses qui fassent, j'ai envie de vous parler des choses qui avancent.
04:12J'ai eu la chance d'être députée dès 2022.
04:15Et au travers d'amendements, de propositions de loi,
04:18on a réussi, presque à l'unanimité des voix, en séance en commission et en séance dans l'hémicycle,
04:24à faire voter de grandes avancées.
04:26Comme l'inscription dans la Constitution du droit d'abattement ?
04:28L'inscription effectivement dans la Constitution, mais aussi d'autres sujets.
04:32Par exemple, travailler un meilleur dépistage du cancer du col de l'utérus.
04:36Tout à fait, ça c'est un vrai sujet.
04:37On n'en parle pas tous les quatre matins, et pourtant ça change la vie de femmes.
04:40On a encore beaucoup trop de femmes qui meurent du cancer du col de l'utérus, très jeunes.
04:45Alors que c'est soignable si c'est préassez-tout bien évidemment.
04:48D'une, c'est soignable, et de deux, c'est évitable.
04:50Donc on a le Président de la République qui a lancé,
04:52moi j'avais notamment énormément alerté sur ça, je n'étais pas la seule,
04:56sur le vaccin qui permet d'éradiquer ce cancer.
04:59Et donc il y a un grand plan qui a été mené auprès des collégiens et des collégiennes,
05:03parce que c'est les filles et les garçons.
05:05Et puis ensuite, bien sûr, il y a le dépistage et la prévention,
05:07en permettant d'élagir ces compétences qui sont déjà normalement possibles,
05:11auprès d'autres acteurs de la santé qui ne sont pas des gynécologues.
05:16D'accord, du type ?
05:17Les formations laborantins.
05:19Alors quand je dis formations laborantins, c'est le terme entre guillemets technique,
05:22ce n'est pas le formation dans l'officine.
05:24Oui, c'est celui qui crée le médicament en fait.
05:26Et puis c'est dans les laboratoires que vous allez prendre une prise de sang exactement.
05:29Donc j'avais eu ce petit débat dans l'hémicycle, où j'ai eu des gens qui m'ont dit
05:32« Mais comment ça dans l'officine ? Tout le monde se détend, tout va bien se passer. »
05:38Alors on va parler de vous un petit peu Prisca Tevneau,
05:40vous nous avez cité Simone Veil, moi je vous cite Simone De Beauvoir,
05:43qui nous disait « On n'est pas femme, on le devient ».
05:45Est-ce que vous, vous avez un moment particulier où vous êtes devenue femme dans votre vie ?
05:48Ou est-ce que vous pouvez l'identifier ?
05:52Le moment où je suis devenue femme, je pense que c'est précisément en rentrant en politique.
05:58Pourquoi ? Parce que ça a devenu un sujet pour les autres, c'est ça ?
06:02Oui, exactement.
06:04Et c'est assez étonnant parce qu'avant d'arriver en politique,
06:06moi je n'ai pas fait de la politique toute ma vie,
06:08j'ai passé plus de temps d'ailleurs dans le privé, ce qu'on appelle le privé qu'en politique.
06:11On passe beaucoup de temps, nous les politiques, à dire « Dans le privé, il y a ceci, il y a cela. »
06:15C'est vrai, il faut faire avancer un certain nombre de sujets sur l'égalité salariale,
06:18sur l'avancement dans la carrière, etc.
06:20Mais je pense que précisément sur ce sujet, le politique a beaucoup à apprendre aussi du privé.
06:26C'est encore très patriarcal, le monde politique en France.
06:29Mais parce que pendant très longtemps, la politique a été faite, pensée, pour et par les hommes.
06:36Et c'est pour ça qu'on a beaucoup de retard sur beaucoup d'enjeux féminins, sur la santé par exemple.
06:41Donc aujourd'hui, je l'ai commencé à le sentir parce que soit on était potentiellement,
06:47et on ne le disait pas comme ça, mais on pouvait le sentir comme un faire-valoir,
06:50ou soit quand on avance des arguments, alors à ce moment-là, ça devient un inconvénient d'être une femme
06:54parce qu'on n'est pas vraiment prise au sérieux.
06:56Donc il y a encore beaucoup de chemin à faire, mais je dois dire qu'on fait des pas de géant en ce moment.
07:01Et le plus important, c'est de les faire, mais de faire en sorte que nos traces continuent à rester.
07:06Et qu'on puisse passer le relais après nous.
07:08Bien sûr, ça c'est vrai aussi.
07:10Alors vous dénoncez souvent ce sexisme persistant en politique dont on parle.
07:14Et vous avez dit sur un plateau télé, on pense que je suis méchante juste parce que je souris pas.
07:19En fait, on vous juge plus sur vos apparences que vos idées quand vous êtes une femme à l'Assemblée, c'est ça ?
07:24Oui, soit parce que je souris pas, ou parce qu'on appelle ça une grande gueule.
07:29Donc pour un mec, ça serait une grande gueule.
07:31Moi, c'est parce que je suis colérique, je suis méchante.
07:35Vous prenez pour un méchant.
07:36Voilà, exactement.
07:38Donc oui, on ne nous pardonne rien, mais même un truc très simple, la façon de s'habiller.
07:43Moi on me voit aussi, souvent j'ai des remarques, alors c'est des trolls ou pas, peu importe.
07:47Mais sur si j'ai maigri ou pas maigri.
07:49Qu'est-ce qu'on en a à faire, j'ai envie de dire.
07:51Franchement, occupe-toi de...
07:53Le sujet c'est l'action.
07:55Mais oui, c'est très mignon les gens qui s'occupent de mon physique et de ma santé, mais stop quoi.
08:00Il y a des gens qui sont faits pour ça.
08:02Donc c'est toujours des petites choses comme ça, et c'est très désobligeant.
08:05Pas parce que ça me blesse, en vrai, je m'en moque.
08:07Mais parce qu'en fait, on perd du temps sur des choses insignifiantes, alors qu'on aurait des débats de fond à avoir.
08:12Bien sûr.
08:14Et puis alors, vous avez souligné aussi qu'en 2022, c'était la première fois qu'une femme était élue présidente de l'Assemblée Nationale.
08:21C'est aussi le moment où vous y êtes arrivée.
08:23Donc finalement, c'est très très lent, comme vous dites.
08:26C'est vrai quand même, 2022, droit de vote en 1947.
08:30En même temps, quelle émotion.
08:32Ah oui, ça a dû être un grand jour, d'arriver en même temps, en plus pour vous j'imagine.
08:36Et puis d'assister à ce moment-là, et puis il y avait ces enfants qui étaient là.
08:39Enfin, on vivait ce moment.
08:41Moi, je me souviens, on n'était encore pas assis par famille politique.
08:45Les premiers jours, on arrive à l'Assemblée, on est assis par ordre alphabétique.
08:49Donc en plus, c'est quelque chose qu'on vit profondément soi-même,
08:51parce qu'on n'entourait pas forcément de gens qui partagent les mêmes opinions que nous.
08:54Donc c'était vraiment...
08:56Je m'en souviens encore, parce qu'on était quelques-uns à avoir eu la petite larme.
08:59Alors que je ne suis pas connue pour être celle qui a la larme qui s'écrase vite.
09:03Là, on a eu la larme, et j'ai eu d'autant plus l'émotion
09:06quand j'avais fait venir mes deux garçons à l'Assemblée nationale pour leur faire visiter.
09:11Et donc je leur avais fait visiter le début, où quand on rentre les salles de sécurité,
09:14on rentre dans une salle où il y a tous les présidents de l'Assemblée nationale qui sont sur les murs.
09:20Et c'est mon petit qui m'avait dit, dans tous ces murs-là, il n'y a qu'une femme.
09:26Donc c'est d'autant plus symbolique.
09:29Oui, et puis je pense qu'elle l'assume parfaitement.
09:31Elle ne surjoue pas, elle ne l'invente pas.
09:33Est-ce que vous pensez qu'elle est plus challengée, elle aussi ?
09:35Beaucoup plus, en général ?
09:37Alors ça comprend tout le monde, les médias, les politiques, etc.
09:40Parce qu'elle s'appelle Yael Brune-Pivet, qu'elle est une femme.
09:42Et peut-être qu'elle est juive aussi.
09:44On va parler franchement.
09:45Je pense que vous avez la réponse dans votre question.
09:47Oui, oui, et encore oui.
09:49Et en ça, je la trouve d'un courage exemplaire.
09:53Elle ne se laisse pas démener.
09:55Elle assume qui elle est.
09:56Elle n'a pas changé.
09:57Oui, c'est vrai.
09:58Elle n'a pas changé.
09:59Elle ne s'est pas inventée ou mise une carapace.
10:01On aurait pu l'entendre.
10:03Avec tout ce qu'elle se prend, quand même sous protection.
10:05Enfin, elle est menacée, Yael Brune-Pivet.
10:07Elle est très chahutée dans l'hémicycle, sur les réseaux, etc.
10:12Et pour autant, elle reste la même.
10:15Alors, une petite question un peu polémique quand même.
10:17Est-ce que vous ne croyez pas que certaines femmes politiques
10:20nourrissent, par leur attitude et leur sortie,
10:24cette stigmatisation qui nuit aux femmes, en politique ?
10:28Forcément.
10:29Il y en a quelques-unes.
10:30Elles sont de moins en moins présentes et de moins en moins audibles, je pense.
10:34Et sachant que, moi, ma vie personnelle, comme je vous l'ai dit avant,
10:37mais aussi dans ma famille politique et d'autres familles politiques d'ailleurs aussi,
10:40le combat pour le droit des femmes, il n'est pas porté que par les femmes.
10:44Et ça, il faut aussi le rappeler.
10:46C'est les hommes et les femmes.
10:47Voilà.
10:48Donc, je pense que c'est important de le rappeler.
10:50Je vous disais en entrant sur votre studio
10:52que j'étais venue notamment avec un de mes stagiaires en ce moment
10:55qui est un garçon, un jeune homme, qui travaille sur le sujet de la santé des femmes.
11:00Bravo.
11:01Allez, vous restez avec nous sur Sud Radio pour Destin de Femmes
11:04avec Priska Thévenot qui est députée de Meudon, Sèvres,
11:07Chaville, Ville d'Avre, Evoque-Resson et Marne-la-Coquette.
11:10Et puis, qui est conseillère régionale d'Île-de-France.
11:12A tout de suite.
11:13La Caisse d'Épargne-Île-de-France, fière de soutenir toutes les femmes,
11:17vous présente Sud Radio.
11:19Destin de Femmes.
11:21Judith Belair.
11:22Destin de Femmes sur Sud Radio,
11:23c'est l'émission qui vous propose une nouvelle voie vers un féminisme qui lie les genres.
11:27Au lieu de les cliver à travers les femmes qui s'engagent pour la République,
11:29on est avec Priska Thévenot qui est députée de Meudon, Sèvres, Chaville,
11:32Ville d'Avre, Evoque-Resson et Marne-la-Coquette.
11:34Et puis, conseillère régionale d'Île-de-France.
11:36Alors, Priska Thévenot, il y a aussi un sujet qui vous touche particulièrement,
11:41c'est les discriminations liées au sexe dans le domaine médical.
11:46Vous dites souvent que certaines pathologies,
11:49comme les maladies gynécologiques par exemple,
11:51dont vous parliez à l'instant sur le cancer de l'utérus,
11:53mais il y en a plein d'autres,
11:55elles sont souvent mal prises en charge.
11:57Et d'ailleurs, il y a une aggravation des inégalités d'accès aux soins
12:01entre les hommes et les femmes aujourd'hui en République.
12:04Priska Thévenot.
12:05Oui, mais en fait, ça remonte aussi à...
12:07Je ne suis pas là pour essayer de nous taper dessus en permanence, etc.
12:09Mais regardez de façon assez simple.
12:11Aujourd'hui, il y a quand même un énorme tabou encore dans notre société.
12:15C'est le sujet de la santé des femmes et du corps des femmes.
12:19Et vouloir l'égalité parfaite, ce que je veux bien évidemment,
12:23c'est aussi accepter la différence des corps.
12:26Et oui, on n'adresse pas médicalement,
12:29de la même façon, le corps d'un homme et d'une femme.
12:31Et notamment au moment de la puberté.
12:33Il y a plein de choses qu'on pourrait éviter à de nombreuses jeunes femmes
12:36et de nombreuses femmes.
12:37Par exemple ?
12:38Par exemple, les règles irrégulières.
12:41Par exemple, avoir mal.
12:45Ou par exemple, ne pas avoir de règles, justement.
12:49Voilà, tous ces sujets-là, on peut les adresser.
12:52Et en général, ils sont adressés un peu trop tard,
12:54et voire même, de façon assez étonnante,
12:56que quand la femme veut devenir mère.
12:59Je pense que la femme est une femme avant tout.
13:01Oui ?
13:02Alors ça, c'est peut-être pas encore tout à fait rentré dans les mentalités.
13:04Eh bien, on va essayer de le faire rentrer.
13:06Et là, je pense que le politique a son rôle à jouer.
13:09On ne peut pas tout attendre de la société civile sur des enjeux comme ça.
13:12Il faut le montrer comme ça, c'est ça en fait.
13:13Oui, et puis il faut lever les tabous.
13:15Moi, je veux dire, dès l'instant où je parle d'infertilité,
13:18que ce soit le SOPK, que ce soit l'endométriose,
13:21plein de sujets,
13:23tout de suite, c'est arrêtez, ça ne vous regarde pas,
13:26c'est du domaine privé.
13:28Mais bien sûr que c'est du domaine privé.
13:30Le domaine privé regarde la santé publique.
13:32Exactement, mais quand il y a des difficultés, des problématiques,
13:35voire des vraies fractures personnelles,
13:38des vraies blessures,
13:40quand le politique peut apporter une réponse,
13:42il doit s'en saisir.
13:44Et accepter, lui, éventuellement d'avoir des colibés ou quoi,
13:47mais en tout cas d'avancer.
13:48Donc il faut repenser, en fait,
13:50toute la santé des femmes dans le système de santé publique.
13:52Il faut l'y remettre, pleinement.
13:54Parce qu'elle n'y est pas totalement.
13:56Elle n'y est pas totalement, et je pense qu'il faut commencer.
13:59On avait fait, par exemple,
14:01lors, il y a deux ans, sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale,
14:04la mise en place de trois bilans de prévention,
14:07qui commencent à partir de 20-25 ans, etc.
14:09Je pense qu'il faut en mettre un avant.
14:11D'accord.
14:12Il faudra en mettre un avant au moins de l'adolescence.
14:14Il y a un gros trou là, et c'est là où tout se fait.
14:16C'est là où il y a un gros changement aussi.
14:18Mais pas que pour les femmes, bien évidemment.
14:19Moi, j'ai mon focus femmes,
14:21mais ça permettrait de bénéficier aussi aux jeunes hommes.
14:23Bien sûr.
14:24Sur plein d'autres aspects.
14:25Qui, aussi, changent énormément à ce moment-là, effectivement.
14:28Exactement.
14:29Alors, il y a aussi le manque de soutien psychologique,
14:32dont vous parlez, sur la santé mentale,
14:34notamment sur la dépression post-partum.
14:37Ça, c'est un sujet qui est encore largement tabou.
14:40Comment on pourrait mieux soutenir ces femmes qui vivent ça, justement ?
14:44Déjà, on a tous un rôle à jouer dessus.
14:46C'est-à-dire...
14:47Déjà, la reconnaître, j'imagine.
14:49Déjà, la reconnaître, mais aussi...
14:51Mais ça, je ne prends de personne d'autre.
14:53Je l'ai moi-même vécue, cette dépression post-partum.
14:55En général, quand un heureux événement arrive,
15:00on dit, est-ce que tout s'est bien passé ?
15:02Félicitations à la maman, bravo pour le bébé.
15:05Mais après, on oublie de demander à la maman comment elle va.
15:08On dit, est-ce qu'il fait ses nuits ?
15:10Est-ce qu'il ne boit pas ses biberons ?
15:12Est-ce qu'il prend bien la tété ?
15:13Est-ce qu'il n'a pas trop de coliques ?
15:15Alors, les premières dentes, c'est la diversification.
15:17Enfin, oui.
15:18Juste, est-ce qu'on peut s'occuper des bras qu'il porte, cet enfant ?
15:21C'est un vrai sujet, ça.
15:23Et juste de demander de temps en temps comment ça va,
15:25et d'être en capacité de recevoir le « ça ne va pas ».
15:28Oui, parce que qu'est-ce qu'on fait quand ça ne va pas, du coup ?
15:31Voilà.
15:32Parce qu'en général, moi, en l'ayant vécu,
15:34et j'ai été très entourée, vraiment très entourée,
15:36mais du coup, on se dit,
15:38elle a peut-être besoin d'un temps sans son bébé
15:41pour aller voir ses copines, etc.
15:43En vrai, non.
15:44Moi, je voulais passer du temps avec mon bébé,
15:45surtout que je n'étais pas censée en avoir.
15:47Je voulais plus que jamais profiter de ce trésor qui m'avait été donné.
15:51Mais je n'étais pas heureuse,
15:53alors que j'étais censée l'être.
15:55Et que la société vous renvoie qu'on est censé être heureux,
15:57en plein bonheur.
15:58Et comment vous avez fait pour en sortir, vous, alors ?
16:00En fait, j'ai été vraiment énormément entourée,
16:02que ce soit par ma famille, par mon mari, par mes copines.
16:08Mais c'est très compliqué, parce que,
16:10moi, ça me renvoyait aussi, mais là, c'est très personnel,
16:12ça me renvoyait aussi le côté du tu n'as pas le droit de te plaindre,
16:15alors que tu viens d'avoir une espèce de bénédiction d'avoir un enfant,
16:19que tu n'étais pas censée avoir.
16:21Donc, même moi, c'est un tabou pour moi.
16:23Et ensuite, quand j'ai commencé à voir que,
16:25ça a quand même duré deux ans,
16:27c'est long, deux ans,
16:30et qu'on se dit qu'en fait, on est en train de passer
16:32à côté des meilleurs moments
16:34de cette relation mère-enfant,
16:36parce que c'est quand même des débuts,
16:39j'ai accepté de dire que ça ne va pas.
16:41C'est les meilleurs moments, les débuts ?
16:43Ouais, il y a plein de trucs qui ne vont pas,
16:45mais franchement, oui.
16:47Ça dépend pour quelle femme.
16:48J'ai tout eu avec le premier,
16:50j'ai eu l'écolique, les allers-retours, etc.
16:55Oui, si j'ai envie de dire le côté négatif, je peux.
16:57J'ai une liste longue comme le bras.
16:59Mais c'est le moment où vous êtes le plus proche.
17:01Ouais, et puis, moi, c'était mon premier bébé,
17:04et je n'étais pas censée l'avoir, en fait, cet enfant.
17:08Donc, oui, j'étais sur un nuage.
17:10Mais en fait, le vrai sujet, c'est que
17:12j'ai accepté de dire que ça n'allait pas,
17:14et j'ai été, ce qu'on appelle, consultée.
17:16Parce qu'une fois qu'on a dit que ça ne va pas,
17:19on ne sait pas.
17:21Justement, un point sur les psychologues,
17:24je crois qu'il y a un truc qui a pas mal changé,
17:26là, c'est qu'en fait, maintenant,
17:28c'est pris en charge gratuitement, je crois,
17:30à hauteur d'une séance par mois.
17:32Il faut aller plus loin.
17:33Il faut aller plus loin ?
17:34Oui, et puis il faut déjà en parler aussi plus.
17:35Il faut faire aussi beaucoup de communication
17:36sur tout ce qui existe.
17:37On a quand même énormément, dans notre pays,
17:39on a de la chance d'avoir énormément
17:41d'outils à notre disposition.
17:44Sauf que souvent, on ne le sait pas.
17:46Et quand vous n'êtes pas bien,
17:47ce n'est pas le moment où vous allez le chercher.
17:48Qu'est-ce qu'il faut ? Il faut communiquer plus, c'est ça ?
17:49Oui, on est quand même très encadrés
17:52et très entourés quand on est enceinte,
17:54quand on vient d'avoir un bébé, etc.
17:55Et puis plus du tout derrière.
17:56Et il faut que tous les professionnels de santé
17:58puissent aussi communiquer sur ça.
17:59Et donc, d'avoir ce suivi qui est possible.
18:01Et ne serait-ce que moi, quand on m'a dit
18:03« Vous faites, madame, une dépression passe-partum »,
18:06ça fait du bien parce que je me suis dit
18:07« Je ne suis pas folle, en fait. »
18:09Et je ne suis pas inhumaine.
18:10Alors, quelques tips pour nos auditrices.
18:12Comment est-ce qu'on reconnaît
18:13qu'on fait une dépression passe-partum ?
18:16Déjà, ce n'est pas simplement qu'on est fatigué
18:19ou quoi. C'est que ça dure.
18:21C'est qu'on a des variations d'humeur.
18:23C'est-à-dire, je vais bien, je ne vais pas bien.
18:25Je suis contente, je ne suis pas contente.
18:27La relation maman-enfant n'est pas forcément optimale
18:30parce qu'on est content, on l'aime,
18:32mais en même temps, qu'est-ce que je fais ?
18:34Moi, je me souviens que je n'ai pas voulu
18:35prendre la première fois le bain de mon enfant.
18:37Je ne me sentais pas à une certaine distance.
18:40Et puis, souvent, ça dure.
18:41Et à ce moment-là, ce qui est important,
18:42c'est qu'au lieu de juger, on peut se dire
18:44« Tiens, je n'ai pas envie.
18:45Ce n'est peut-être pas parce que
18:46je ne suis pas une bonne mère, etc. »
18:48Donc, on ne s'auto-juge pas.
18:49On se dit « En fait, je ne veux pas
18:51parce que j'ai un problème. »
18:52En fait, parce que ça ne va pas,
18:54on a le droit de ne pas aller.
18:56Vous savez, de manière générale,
18:58dans la société dans laquelle nous sommes,
19:00franchement, chacun y prend sa part.
19:02Vous passez, vous rencontrez quelqu'un même
19:04dans les couloirs avant de venir.
19:05On vous dit « Bonjour ! »
19:07Mais si vous dites « Comment ça va ? »
19:09Si jamais, attendez la réponse.
19:11Ce n'est pas toujours le cas, effectivement, en France.
19:13Et acceptez que cette réponse ne soit pas « Ça va, et toi ? »
19:16Ça peut être « Ça va pas. »
19:18Quand on pose la question « Ça va ? »,
19:19on ne s'attend pas à ce qu'on nous dise
19:20« Non, ça va pas. »
19:21C'est vrai.
19:22Oui, mais il faut être en capacité aussi d'accueillir ça.
19:24C'est un peu idiot, d'ailleurs.
19:26Donc, voilà, je pense qu'il faut être capable
19:28de s'écouter, de surtout pas,
19:30et je crois que vous avez mis le mot,
19:32de surtout pas se juger.
19:34On fait du mieux qu'on peut.
19:36On apprend ensemble,
19:38c'est-à-dire l'enfant et le parent.
19:41Et puis...
19:42Écoute du regard des autres dans ces cas-là
19:44parce qu'il y a ça aussi.
19:45Je pense qu'il y a aussi beaucoup d'appréhension
19:47et de peur injustifiées sur le regard des autres.
19:49Vous savez, on est quand même
19:51une société où on fait très attention
19:53malgré tout à l'autre.
19:54Alors c'est vrai qu'on parle que de ceux
19:56qui se comportent mal.
19:58Il y en a plein qui se comportent bien, effectivement.
20:00Mais la majorité se comporte mal.
20:01La masse silencieuse.
20:02Mais oui.
20:03Et donc, je pense qu'il faut se faire confiance
20:04et faire confiance aux autres.
20:06Quand on dit que ça va pas,
20:07c'est rare que quelqu'un ne s'arrête pas.
20:09Très rare.
20:10Si vous aviez un souhait, Prisca Thévenot ?
20:13Un grand plan sur la famille.
20:15Et d'ailleurs, pardon,
20:17un grand plan sur les familles.
20:19Pourquoi les ?
20:21Pourquoi pardon ?
20:22Parce qu'il n'y a pas un modèle de famille.
20:23D'accord.
20:24C'est important de le dire.
20:25Je passe ma vie à le dire et vous avez vu,
20:26c'est peut-être fait exprès pour qu'on puisse
20:28s'arrêter sur cette terminologie.
20:30Un grand plan sur les familles.
20:32Encore une fois, je ne suis pas en train de dire ici...
20:34Je suis obligée de faire des préambules
20:35parce que sinon on va encore dire...
20:36Je ne suis pas en train de dire que tout le monde
20:38doit avoir famille,
20:40avec des enfants, etc.
20:41Mais sur les familles.
20:42Les familles, ça peut être un couple,
20:44sans enfant,
20:45ça peut être un couple en désir d'enfant,
20:46ça peut être un couple qui a des enfants,
20:49enfin, les familles,
20:50ce qu'on se construit ensemble.
20:51Et aujourd'hui, je pense qu'on a quand même
20:53pas mal de dispositifs, de politiques
20:55qui sont mises en place,
20:56mais il manque une vision globale.
20:58Et cette vision globale permettrait d'améliorer,
21:00de remettre au goût du jour,
21:02de moderniser un certain nombre de politiques familiales
21:05qui aujourd'hui, parce qu'elles sont parmi
21:06au goût du jour,
21:07et bien, n'ont pas leur vocation finale.
21:10Et n'aident plus les familles comme elles devraient.
21:12Je pense par exemple au congé parental.
21:14Bien sûr, c'est vrai aussi.
21:16Qu'est-ce que ça sera votre mot de la fin ?
21:18Parlons d'infertilité.
21:20D'accord.
21:21Parlons d'infertilité,
21:22je ne suis pas en train de dire à toutes les femmes,
21:24tous les couples de notre pays,
21:25faites des enfants, faites des enfants,
21:26pas du tout.
21:27Mais vous savez, c'est un sujet aussi d'humanité.
21:30Quand le désir d'enfant se fait sentir,
21:33on a quand même encore beaucoup de cas
21:35où ce n'est pas possible.
21:36Et ce n'est pas grave,
21:38mais il faut pouvoir en parler.
21:39Sans réarmer.
21:40Oui, moi, c'est une façon comme ça aussi
21:43de venir mettre le sujet.
21:46Mais il nous faut un grand plan sur l'infertilité,
21:48il nous faut aujourd'hui investir dans la recherche
21:50sur ce sujet-là,
21:51mieux accompagner celles et ceux
21:53qui veulent avoir des enfants,
21:54et surtout, ouvrir largement.
21:56Parce qu'aujourd'hui, par exemple, sur la PMA,
21:58on a encore plein de femmes qui vont à l'étranger.
22:00Ce n'est pas à la hauteur.
22:02Ce n'est pas à la hauteur de notre pays.
22:03Donc il faut y aller franchement,
22:05lever les tabous.
22:06Et oui, de temps en temps,
22:07j'emploie des mots qui chagrinent les oreilles,
22:10mais ce n'est pas grave.
22:11Si ça ouvre le débat, moi, ça me va.
22:12Je vous remercie beaucoup Prisca Thévenot.
22:14Avec vous, ce qui est bien,
22:15c'est que ce n'est pas blanc et noir,
22:16c'est fait de nuances,
22:17et c'est ça l'humanité.
22:18Merci beaucoup.
22:20Merci d'avoir écouté et joint.
22:23Destins de femmes,
22:24chers auditeurs et auditeuses,
22:25on se retrouve tous les samedis à 13h30,
22:27vous le savez.
22:28Demain, c'est excellent,
22:29c'est à 19h.
22:30Vous pouvez nous retrouver sur
22:31Sudradio.fr,
22:32les réseaux sociaux, etc.
22:35Je vous embrasse.
22:36Bye.

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