Jeudi 23 janvier 2025, SMART IMPACT reçoit Aurélien L'Hermitte, (cofondateur, Fratries) et Georges Basdevant (Cofondateur, Dift)
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00:00Smart Cause, c'est une rubrique que je vous propose tous les mois avec Georges Balevent.
00:11Bonjour. Bonjour. Le cofondateur de DIFT et une association soutenue par DIFT aujourd'hui, c'est Fraterie.
00:17Bonjour. Il y a un lermite. Bienvenue. Racontez-moi quand, pourquoi avez-vous créé Fraterie ?
00:22Alors Fraterie, on l'a créée il y a maintenant 4 ans, mais on a vraiment démarré en avril 2022
00:27on a ouvert notre première maison Fraterie à Nantes en avril 2022
00:31et on l'a créée tout simplement à partir d'un constat, c'est que les jeunes en situation de handicap mental ou troubles autistiques en France
00:38ils grandissent dans des familles ordinaires, ils vont à l'école, souvent assez longtemps en milieu ordinaire
00:44et à l'âge adulte, on leur propose que des lieux de vie, qu'entre personnes en situation de handicap
00:50et donc on a voulu d'une certaine manière mettre fin à cette pratique qui nous paraissait un petit peu étonnante
00:56et on a créé le premier acteur de co-living inclusif en France
01:00où vivent ensemble des jeunes actifs avec et sans handicap.
01:04Il y a combien de jeunes actifs par maison ? J'imagine que ça dépend de la taille de la maison, etc.
01:10Mais c'est quoi ? C'est une dizaine de personnes ? C'est un peu plus que ça ?
01:13Ils sont entre 10 et 16. On va ouvrir à Paris cette année où ils sont 16, donc au cœur du 15ème.
01:18Et c'est toujours moitié-moitié à peu près ?
01:20C'est moitié-moitié en général, parfois un peu plus de personnes sans handicap
01:24L'objectif c'est vraiment que ce soit une maison complètement ordinaire, un co-living complètement ordinaire
01:29et aujourd'hui on a une moyenne de 12.
01:33Avec ce chiffre qui rejoint exactement ce que vous nous décrivez,
01:370,5% des 750 000 personnes qui souffrent d'un handicap mental en France travaillent en milieu ordinaire.
01:44C'est vraiment infinitésimal.
01:49L'objectif de ces maisons fratries, c'est un lieu de vie qui sort de cette statistique,
01:56mais aussi de les aider à une insertion professionnelle. Est-ce que ça fait partie de la mission ?
02:00Exactement, oui. La mission de fratrie, en fait le co-living c'est un prétexte,
02:04mais la mission de fratrie c'est de leur permettre de s'insérer socialement, professionnellement en milieu ordinaire,
02:09de pouvoir vivre avec nous, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, dans le champ du logement, dans le champ de l'emploi.
02:15Une des particularités de nos maisons, c'est qu'on les couple avec un dispositif d'emploi accompagné,
02:21c'est-à-dire que nous avons un salarié qui est responsable du vivre-ensemble
02:25et qui est aussi le job coach de chacun des jeunes,
02:27et qui leur permet, à partir de leur talent, de leur désir, de trouver un emploi en milieu ordinaire
02:32et qui va les accompagner toute leur vie professionnelle.
02:35C'est vraiment important sur ce public qu'il y ait un accompagnement dans la durée,
02:38pour que ça se passe bien à la fois pour l'employeur et pour la personne en situation de handicap.
02:42Georges, devant vous, nous rappelez en quelques mots,
02:44même si vous êtes maintenant venu plusieurs fois dans l'émission, le principe de DIFT.
02:47Oui, chez DIFT, on permet aux marques et aux particuliers de soutenir des causes
02:52en impliquant des collaborateurs, des particuliers ou des proches dans le choix de ces causes.
02:56Par exemple, à Noël, beaucoup de particuliers se sont offerts des DIFT au pied du sapin
03:01en offrant des dons-cadeaux que son proche va à ce moment-là pouvoir offrir à la cause de son choix et par exemple à fratrie.
03:09Justement, les entreprises, leurs salariés, ils sont prêts à se mobiliser sur ce thème particulier, le sujet du handicap ?
03:16Oui, le sujet du handicap, c'est un sujet qui est parmi les plus choisis et les plus plébiscités par les entreprises.
03:24On avait cette statistique que dans les opérations de dons sur notre plateforme DIFT,
03:29dans une opération sur deux, il y a des causes liées au sujet du handicap.
03:34On voit que c'est un sujet qui rassemble et sur lequel il y a une volonté d'action des entreprises.
03:38Ça tient probablement au fait que les entreprises ont des obligations d'emploi sur l'emploi des personnes handicapées.
03:45Forcément, il y a cette convergence où elles y sont déjà sensibles et elles ont des obligations,
03:51mais aussi elles ont probablement envie d'aller plus loin, de sensibiliser leurs collaborateurs à ces sujets.
03:57Aurélien Lhermitte, il y a bientôt 6 maisons fratries, c'est ça ?
04:02Elles sont situées un peu partout en France ?
04:04Oui tout à fait, plutôt dans l'ouest pour démarrer, à Rennes, à Nantes et en Ile-de-France.
04:10Nous avons ouvert à Versailles, à Colombes, mais notre ambition c'est d'ouvrir dans les grandes villes françaises,
04:15là où les besoins sont les plus importants et là où l'inclusion professionnelle est aussi facilitée.
04:20L'idée c'est vraiment de pouvoir ouvrir sur tout le territoire national dans les cinq prochaines années.
04:24Quelles sont les étapes ou les obstacles que vous devez franchir avant d'ouvrir une maison fratrie ?
04:30J'imagine qu'il y en a pas mal.
04:32Oui, alors déjà il faut trouver le foncier.
04:34Ce sont des maisons qui font environ 500m2 et un foncier hyper bien situé.
04:39Puisqu'on veut qu'il n'y ait pas de sujet d'accessibilité pour les personnes en situation de handicap,
04:44mais aussi que les jeunes pros qui n'ont pas de handicap et qui viennent vivre dans nos maisons,
04:49ça répond parfaitement à leurs attentes en termes d'accessibilité pour qu'ils puissent aller facilement au travail.
04:55Et qu'ils viennent se loger sans que le sujet notamment du prix soit une difficulté.
05:00Ensuite, en France c'est vrai qu'il y a beaucoup d'aides qui existent pour accompagner au quotidien les personnes en situation de handicap,
05:07mais il faut les mobiliser.
05:08Donc on a un gros travail d'ingénierie sociale un an, un an et demi avant chaque ouverture.
05:14Votre association ne vit que du don pour raccrocher à la mission de DIFT ?
05:21Non, elle ne vit pas que de don, elle vit de fonds publics.
05:25Et ensuite, peut-être une précision, une particularité, c'est que nous sommes une entreprise un peu atypique,
05:30puisqu'une entreprise de co-living qui a la particularité d'être à gestion des intéressés.
05:34On est intégralement détenu par une fondation qu'on a créée quand on a lancé l'aventure.
05:39Donc on ne peut pas recourir à des business angels pour démarrer cette aventure,
05:43qui est une aventure qui a vocation à être rentable, à s'équilibrer dans la durée.
05:48Donc on fait appel à des social angels, comme on dit chez nous.
05:51Des mécèdes qui nous aident à lancer cette aventure, le temps qu'on trouve un point d'équilibre économique
05:56qui nous permette de voler nos propres ailes.
05:58Les jeunes qui sont là, ils payent un loyer comme dans n'importe quelle maison,
06:03ou comme dans n'importe quel système de co-living ou de colocation ?
06:05Oui, alors là il y a une petite différence, même si on essaie de les gommer.
06:09Les personnes avec handicap mental ont des revenus très faibles, même quand elles travaillent.
06:12Donc ils payent un loyer assez faible, surtout pour du cœur de ville.
06:16Par contre, les jeunes sans handicap, ils payent un loyer de marché.
06:19Et là c'est le cœur, un des cœurs du projet.
06:22Ils ne sont pas là dans un logement pas cher, contre un service ou un effort.
06:26On veut vraiment sortir de ça.
06:28Donc ils payent le prix qu'ils paieraient comme dans n'importe quel co-living.
06:31Et ils créent des relations d'égal à égal avec les personnes en situation de handicap.
06:36Au-delà de DIFT, Georges Bademan, comment une entreprise, les entreprises,
06:41agissent, peuvent agir pour mieux intégrer les personnes porteuses de handicap ?
06:45Alors, elles ont déjà une obligation sur l'emploi.
06:48Et à l'échelle de la France, les sociétés françaises ne sont qu'à 84% de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés.
06:56Donc il faut évidemment qu'on soit au maximum de cet objectif.
07:00Donc déjà, il y a ce sujet d'engager plus des personnes handicapées,
07:03mais on voit que derrière les causes, et pour rendre ça possible,
07:06il faut s'attaquer à des problèmes plus complexes que simplement l'emploi.
07:09C'est aussi la solitude, l'accessibilité, etc.
07:11Il y a ce premier sujet, mais il y a aussi le fait de rendre la vie facile
07:15pour les personnes handicapées en entreprise.
07:17Alors pour cela, il y a quelque chose qui est assez révélateur,
07:20c'est que beaucoup d'entreprises organisent des duos day,
07:23où une personne handicapée ou à mobilité réduite
07:26va être matchée avec un collaborateur, une collaboratrice,
07:30pour voir son quotidien.
07:32C'est un exercice d'empathie formidable,
07:34qui révèle justement parfois des problèmes énormes en termes d'accessibilité.
07:38Il y a six mois, c'était les Jeux paralympiques,
07:40on a tous vibré pour l'équipe de France de cécifoot, Aurélie Aubert, etc.
07:45L'idée, c'est que cette émotion se transforme aussi en action,
07:49et c'est avec des moments d'empathie ou de réalisation
07:52que des changements vont intervenir.
07:54On va rendre une pièce, un bureau plus accessible,
07:58on va rendre une expérience numérique aussi plus accessible, etc.
08:01Ce mot d'empathie est important, j'imagine, dans les maisons fratries.
08:05Il y a des rencontres qui se créent ?
08:07Il y a de belles histoires à partager ?
08:09L'empathie se joue dans les deux sens.
08:12Ce qui est intéressant dans nos maisons,
08:14c'est que les jeunes qui viennent vivre en co-living en France,
08:17de façon générale,
08:19ils ont du mal à se loger en cœur de ville,
08:21mais aussi parce qu'ils cherchent du vivre ensemble.
08:23Aujourd'hui, un jeune de 6 sur 5 souffre de solitude.
08:28Je ne sais pas si ce serait le maître mot au quotidien.
08:31Au contraire, je pense que c'est ça qui est chouette,
08:34c'est qu'on arrive à se rendre compte
08:37qu'on s'enrichit de nos différences
08:39et que chacun s'apporte sans handicap.
08:42Est-ce qu'il y a des inquiétudes, des attitudes ?
08:47Je ne sais pas comment je vais me comporter,
08:49je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas quoi dire ?
08:52Oui, parce qu'on part de loin,
08:53on part d'une société où on a séparé nos vies.
08:55Il y en a, mais en fait, la grande surprise de fratrie,
08:57parce que je ne vous cache pas,
08:58quand on a lancé l'aventure en avril 2022,
09:01les parents des jeunes en soixante-dix-quatre
09:04avaient des doutes quand même sur le fait
09:06que des jeunes viennent vivre avec leurs enfants
09:08en payant un prix de marché,
09:10sans relation des danses.
09:12Et en fait, moi, je suis hyper surpris.
09:14On a une génération de jeunes
09:16qui a beaucoup entendu parler d'inclusion,
09:18qui a entre 25 et 35 ans.
09:20En fait, elles demandent à la vivre aujourd'hui.
09:22Donc, c'est beaucoup plus simple,
09:23mais c'est même simple, c'est hyper simple en fait.
09:25Et là, c'est un peu un message que j'adresse
09:27aux acteurs ordinaires du logement et notamment du co-living.
09:30N'hésitez pas, n'ayez pas peur,
09:31mais aussi aux personnes en situation de handicap
09:33et à leurs aidants.
09:35En fait, on a beaucoup de craintes,
09:38même quand on est nous-mêmes en situation de handicap,
09:41on s'est mis des barrières,
09:43du moins la société nous a mis des barrières,
09:45et je pense qu'il faut y aller,
09:47pour ne pas avoir peur.
09:48Ne pas avoir peur, ça c'est un très bon message.
09:50Est-ce qu'il y a d'autres projets
09:51sur cette thématique chez DIFT ?
09:53Oui, bien sûr.
09:54Alors, c'est vrai qu'on a par exemple,
09:58on aide le fonds de dotation qui est derrière Café Joyeux,
10:01qui est une autre superbe initiative solidaire
10:04qui permet de réinsérer également dans l'emploi
10:07et de rendre très concret ce vivre ensemble
10:09et montrer cette possibilité.
10:12Par exemple, on a les membres dans le programme de fidélité
10:16de D'accord dans le monde entier
10:17qui aujourd'hui donnent des points de fidélité
10:19aux quatre coins du monde
10:20à des Café Joyeux par ce biais-là.
10:24Donc ça, c'est un exemple assez fort.
10:26On a également les Enfants de la Balle,
10:27qui est une association qu'on a déjà reçue ici
10:29qui permet d'aider les clubs de sport
10:32à permettre d'accueillir des jeunes handicapés
10:36dans ces clubs qui sinon n'ont pas forcément les moyens
10:38ni la logistique humaine.
10:40C'est deux exemples qu'on a beaucoup soutenus via DIFT.
10:43Merci beaucoup à tous les deux.
10:45Bon vent à Fratry.
10:47On passe tout de suite à notre rubrique Start-up.