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00:00Les informés en direct jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et sur le canal 27 de la TNT France Info Télé avec Renaud Dely.
00:15Bonjour Renaud. Bonjour Célia.
00:16Et bonjour à nos informés du jour, Myriam Ankawa, présentatrice de l'émission Ça vous regarde du mardi au vendredi à 19h30 sur LCP.
00:23Bonjour Myriam. Bonjour Célia, bonjour à tous.
00:25Et bonjour à Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
00:28Bonjour, bonjour à tous. Renaud Dely, ça y est, François Bayron va dégainer le 49.3.
00:32Voilà, c'était prévu. Le Premier ministre, effectivement, va recourir au 49.3 pour faire adopter le projet de loi de finances, le budget, sans vote.
00:40Faute, évidemment, de disposer d'une majorité absolue. En réponse, les Insoumis ont déjà annoncé qu'ils déposeraient une motion de censure.
00:48Alors, est-ce que cette motion de censure, qui pourrait être débattue mercredi, peut être votée, adoptée par une majorité de l'hébicycle,
00:56et donc faire tomber le gouvernement Bayrou en même temps qu'enterrer le projet de budget ?
01:02Les socialistes et le Rassemblement National, pour l'instant, entretiennent le flou, le suspense quant à leur décision en finale.
01:09À gauche, les Insoumis accusent déjà les socialistes, d'ailleurs, si jamais ils ne votaient pas la motion de censure, de rallier de fait la majorité,
01:15en tout cas, d'acter une forme de soutien sans participation.
01:19Ça, c'est la formule d'Éric Coquerel, le rapporteur...
01:23Président de la Commission des Finances, pardon, LFI. Merci, Sadia.
01:27Est-ce que, donc, ce serait une forme de soutien sans participation ?
01:30Ça n'est pas ce que disait, ce matin, chez nos confrères de RTL, la ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin.
01:36La question que François Bayrou va poser à travers ce 49.3, c'est est-ce que vous êtes pour ou contre, au fond, que la France avance ?
01:44Est-ce qu'on en reste à ce niveau de blocage ou est-ce qu'on repart ?
01:48Je veux dire aux oppositions que nous ne leur demandons pas de rejoindre la majorité.
01:52Nous ne leur demandons pas de voter ce budget qui n'est pas le leur, d'ailleurs, pas celui du gouvernement non plus.
01:57Nous demandons à chaque député, mais c'est aussi une question que les Français peuvent observer,
02:02est-ce qu'ils veulent continuer à s'opposer et à proposer dans un cadre qui est le cadre d'un gouvernement qui fonctionne,
02:08ou est-ce qu'ils veulent bloquer le pays ?
02:11Et cet argumentaire est d'ailleurs celui qui a été aussi avancé ce week-end par l'ancien Premier ministre socialiste, Lionel Jospin,
02:16qui a appelé les socialistes et l'ensemble des forces de gauche, dit-il, à ne pas voter la censure,
02:21justement pour ne pas bloquer le fonctionnement des institutions et pour ne pas priver un peu plus longtemps encore le pays de budget.
02:29Alors est-ce que cet appel à la responsabilité, notamment porté par Lionel Jospin, peut porter ses fruits ?
02:33Ou est-ce que les socialistes en particulier, mais aussi le RN d'ailleurs, peuvent finalement voter la censure et donc faire tomber le gouvernement ?
02:42Alors déjà, du côté des socialistes, qu'est-ce que ça dit depuis la commission mixte paritaire, Myriam ?
02:47Il y a du trouble au sein de ce groupe socialiste, ça va être sportif, c'est pas acquis.
02:53C'est ce que je voulais dire ce matin, parce que vous avez 66 députés socialistes,
02:57il y a une majorité de députés socialistes qui ne veulent pas renverser le gouvernement de François Bayrou.
03:02Ça veut dire qu'il y en a un peu plus d'une trentaine.
03:04Mais vous le savez, il suffit de 21, d'après les décomptes des meilleurs spécialistes de cette nouvelle assemblée aussi fragmentée,
03:12pour, si tout le monde est dans son rang, si tout le monde est dans son camp et obéit aux disciplines de vote,
03:18pour que cette censure soit adoptée.
03:21Donc ça va se jouer à très peu.
03:24Il y a eu la question des valeurs, le trouble sur la submersion migratoire, la polémique sémantique de François Bayrou.
03:31C'est vrai que la prise de position de Lionel Jospin en faveur de la non-censure n'est pas passée inaperçue.
03:38On a pu assister aussi à un dialogue absolument passionnant, j'ai trouvé, entre le socialiste Philippe Brun sur Twitter
03:45et l'ex-insoumis François Ruffin, qui expliquait qu'il y avait une sorte de schisme entre les urbains et les ruraux parmi les sympathisants socialistes
03:57et que Philippe Brun, qui vous le savez, milite pour la non-censure, pour que la France ait un budget,
04:03expliquait qu'il avait gardé beaucoup de contacts dans sa circonscription, qui est plutôt rurale, avec des gilets jaunes si chers à François Ruffin,
04:11qui expliquait qu'il y avait des grosses difficultés dans les entreprises, dans les usines, dans le monde ouvrier,
04:17et qu'il fallait peut-être attendre avant de renverser François Bayrou, pas maintenant trouver une autre censure plus tard.
04:24Donc ça tangue, ça ne veut pas dire que les socialistes ne sont pas majoritairement, j'insiste, pour cette non-censure, cet accord de non-censure,
04:34mais comme il suffit de 21, et bien d'après les derniers décomptes, mais tout peut bouger, il y aurait à peu près 23, 24 socialistes qui pourraient voter cette censure.
04:42Il va y avoir un bras de fer entre le parti et le groupe. Il y a beaucoup de socialistes qui disent que ça se joue au niveau du groupe,
04:51des 66 parlementaires, donc il faut d'abord que le groupe se réunisse, d'ailleurs il n'y a pas de convocation pour l'instant à ma connaissance du parti,
04:58du bureau national, qui est plus large, au-delà des parlementaires, et qui pour des raisons de congrès, pour des raisons tactiques, sont davantage pour la censure.
05:07Donc, à mon sens, d'un point de vue du message politique, les socialistes se sont bien trop avancés vers la non-censure.
05:15Je pense qu'à la fin, cette censure ne sera pas adoptée, mais à l'heure où l'on se parle, ce n'est pas complètement acquis.
05:21Donc, ça discute encore du côté des socialistes, Étienne ?
05:24Oui.
05:25Donc, interrogation du côté des socialistes, mais aussi du côté du RN ?
05:28Oui, et en réalité, c'est peut-être l'acteur le plus important aujourd'hui.
05:33Les socialistes sont divisés, on le sait, le chiisme, les ruraux, les urbains, le RN, on ne sait pas,
05:39et de toute façon, s'ils ne votent pas la censure, peu importe ce que votera le parti socialiste.
05:46La condition sine qua non, indispensable, mais pas nécessaire pour la censure, c'est que le RN, le groupe, la vote.
05:53Que vont-ils faire ? C'est intéressant, ce qui se passe au RN ces derniers jours.
05:56On sent un pas de deux, et des messages contradictoires envoyés par différents dirigeants,
06:01à dessein, à mon avis, de manière à maintenir la pression jusqu'au dernier moment.
06:05Jean-Philippe Tanguy, le numéro 2 du groupe, lui estime à titre personnel que c'est un mauvais budget, qu'il faudrait censurer.
06:13À mon sens, et là, je vais apparaître complètement tordu dans mon esprit, mais je pense que la politique est comme ça,
06:19s'il lui sort la veille du 49.3 pour expliquer qu'il faudrait censurer, c'est qu'à la fin, il n'y aura pas de censure.
06:25C'est-à-dire que si le RN allait vraiment censurer, il n'y aura pas le numéro 2 qui commence à parler,
06:31personne ne parlerait, et on attendrait que Marine Le Pen donne ses oucases.
06:36Parce qu'au final, c'est elle qui choisit, au final, c'est elle qui décide.
06:39Elle est elle seule.
06:41C'est vrai que sur les processus au sein des deux groupes, il y a une différence fondamentale.
06:45Au RN, il peut y avoir 122 députés favorables à la censure.
06:50Si jamais Marine Le Pen est hostile à la censure, ils ne voteront pas la censure.
06:53Ils sont disciplinés en plus.
06:55Ça c'est clair, il n'y a pas de débat interne, il n'y a pas de vote, il n'y a pas de démocratie interne.
06:59Et seule Marine Le Pen, même pas Jordan Bardella d'ailleurs, seule Marine Le Pen décidera de la position finale.
07:05Et effectivement, elle va entretenir le suspens jusqu'au bout, comme elle l'a déjà fait par le passé,
07:09y compris pour faire chuter Michel Barnier début décembre.
07:11Chez les socialistes, il y a un vrai processus démocratique, une vraie discussion interne,
07:15un vote qui sera ou pas respecté d'ailleurs par un certain nombre de députés.
07:19Il faut se souvenir que huit députés socialistes ont voté la censure après le discours de politique générale,
07:23alors que le groupe avait très majoritairement décidé de ne pas voter la censure.
07:27Je ne sais pas ce qui se produira.
07:29Mélenchon et Étienne Girard ont très bien décrit effectivement les divisions, le schisme interne socialiste.
07:34Ce que je pense en revanche, c'est que si jamais ils votaient la censure,
07:37ils seraient les grands perdants de leurs propres votes.
07:39Pour plusieurs raisons. D'abord parce qu'effectivement l'électorat, on va dire, au sens large,
07:43et d'abord l'électorat de centre-gauche, est plutôt favorable à une forme de stabilité.
07:47Pendant encore un certain temps, il ne s'agit pas pour cet électorat d'acclamer François Bayrou,
07:51de bénir Emmanuel Macron, voire d'espérer ce qui est impossible, un troisième mandat du président.
07:56Bien sûr que non. Mais simplement, la situation actuelle, là, c'est une large frange de l'opinion.
08:02C'est-à-dire un véritable blocage et effectivement une grosse incertitude,
08:05avec des conséquences d'ailleurs économiques et financières assez lourdes.
08:08D'autre part, parce que si jamais ils changeaient de stratégie,
08:10et donc cette fois-ci votaient la censure, ce qu'ils n'ont pas fait au mois de décembre,
08:13de fait, ils reviendraient sous les fourches codines en quelque sorte des Insoumis.
08:18Et Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis se feraient fort, bien sûr,
08:21de leur faire payer leur brève escapade et leur retour au Bercail.
08:25Donc je pense que les conséquences politiques pour les socialistes et les Insoumis seraient assez lourdes.
08:29Et troisième point, si jamais les socialistes votent la censure,
08:33et ils remettent effectivement le RN en faiseur de roi, en quelque sorte,
08:38ils redonnent le rôle prééminent au RN, et c'est Marine Le Pen, à nouveau,
08:42qui pourrait soit voter la censure et faire tomber le gouvernement,
08:45soit plus sûrement d'ailleurs dans ce cas-là, choisir une posture dite de responsabilité,
08:49pour dire, ben non, nous ne sommes pas justement les fauteurs de chaos comme l'est la gauche,
08:54ça c'est l'argumentaire qu'elle pourrait utiliser, et les socialistes en particulier,
08:57et elle redeviendrait, elle retrouverait cette posture dite, entre guillemets, responsable,
09:01qu'elle a justement perdue en votant la censure du gouvernement Barnier.
09:04Mais alors sur l'informe, quand même, pour ceux qui nous écoutent et nous regardent,
09:07ils doivent se dire, mais attendez, ils ont passé des semaines à négocier,
09:09et pourtant François Bayrou va dégainer le 49-3.
09:12Pourquoi il ne se soumet pas au budget à un vote ?
09:15Parce qu'en fait, il n'y a pas de majorité, il n'y a pas de majorité dans cette assemblée.
09:20Le discours des socialistes est très clair, c'est un parti qui s'oppose au gouvernement,
09:24ou au socle gouvernemental, il est dans l'opposition.
09:27Ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'on peut être dans l'opposition,
09:30c'est-à-dire s'opposer au projet de loi, mais pour autant,
09:34la droite par exemple, la fait énormément du temps d'Elisabeth Borne,
09:37ne pas renverser le gouvernement.
09:40Il y a une différence entre voter contre les textes, c'est-à-dire être dans l'opposition,
09:43et particulièrement sur le budget, qui est la pierre angulaire au fond de la question
09:48de savoir si on est allié ou pas avec cette majorité.
09:51Ce n'est pas le cas, ce n'est pas un renversement d'alliance, comme le disent les insoumis,
09:55mais c'est une autre chose de décider de tout simplement renvoyer ce gouvernement ou pas.
10:00Le 49-3, il faut bien comprendre, ça rend service aux socialistes.
10:02C'est d'ailleurs ce qu'avait très bien expliqué il y a quelques semaines Lionel Jospin,
10:05dont on parlait puisqu'il est intervenu à Nouveau ce week-end,
10:07c'est-à-dire que le 49-3 permet aux socialistes, et aux autres opposants d'ailleurs,
10:11de ne pas se prononcer sur le fond du budget.
10:13Ils restent au style au budget, mais en revanche, de choisir de ne pas censurer
10:17s'ils veulent justement une forme de stabilité institutionnelle.
10:20Donc c'est en quelque sorte effectivement un service indirect qui est rendu
10:24et qui permet aux socialistes de ne pas valider pour autant le budget.
10:26Il ne s'agit pas de voter pour le budget.
10:28C'est une toute petite chose très rapidement.
10:30Préparez-vous, ce ne sera pas 2 49-3 mais 4,
10:32parce que vous allez avoir 2 49-3, budget de la France, budget de la Sécurité sociale aujourd'hui.
10:37Pour des raisons techniques, il y a plusieurs parties au budget de la Sécurité sociale.
10:40Il y en aura un autre mercredi et un autre vendredi.
10:43Donc la question c'est aussi, est-ce que les socialistes vont vraiment s'opposer
10:46de façon claire et nette à cette rafale de 49-3, et donc ne pas censurer.
10:50Mais c'est le premier qui va compter, dès tout à l'heure.
10:53Dès tout à l'heure. Alors justement, qu'y a-t-il dans ce budget, le budget de l'État ?
10:56On en parle juste après le Fil-Info de Maureen Swinier à 9h16.
11:00La Bourse de Paris en baisse de plus de 2% à l'ouverture ce matin.
11:03Les marchés fébriles face aux menaces de Donald Trump.
11:06Le président américain veut taxer les produits en provenance de l'Union européenne.
11:10Donald Trump qui entend le faire dès demain pour les produits mexicains et canadiens.
11:15Il s'agit d'une incertitude accrue et préoccupant pour l'économie,
11:19affirme sur France Info le gouverneur de la Banque de France.
11:22Le Rassemblement national et le Parti socialiste n'affichent pas encore de position claire
11:26concernant la motion de censure à venir.
11:29François Bayrou va activer le 49-3 cet après-midi
11:32pour faire adopter le budget 2025 sans le vote des députés.
11:35Le gouvernement peut tomber 2 mois seulement après la chute du gouvernement Barnier.
11:39Benjamin Netanyahou est aux Etats-Unis pour parler des modalités
11:42de la deuxième phase du cessez-le-feu à Gaza.
11:45Le Premier ministre israélien rencontre son allié Donald Trump demain.
11:49L'État hébreu demande la libération de tous les otages
11:52quand le Hamas veut le départ des troupes israéliennes de la bande de Gaza.
11:55Des vigilances oranges au cru toujours en cours.
11:58Cela concerne 6 départements.
12:00Le Morbihan, l'Île-et-Vilaine, la Loire-Atlantique, l'Eure, le Val-d'Oise et la Somme.
12:09Les informés, Renaud Dely, Saliha Brakia.
12:14Et les informés continuent avec Myriam Ankao,
12:16journaliste présentatrice sur LCP.
12:18Avec Etienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
12:20Et Renaud, la question qu'on se pose après ce 49-3,
12:24sur le fond, est-ce que ce budget répond à l'urgence de la situation financière de la France ?
12:29On sait que le gouvernement prétend, à l'aide de ce budget,
12:32ramener le déficit public de 6,1% du PIB.
12:37Ça, c'est le résultat à la fin de l'année 2024, à 5,4% à la fin 2025.
12:44Le gouvernement affiche toujours un effort de 50 milliards d'euros dans ce budget,
12:48avec à peu près 30 milliards d'économies et 20 milliards d'efforts fiscaux.
12:51Est-ce que c'est suffisant au regard de la situation financière du pays ?
12:56Une situation financière qui alarme tout particulièrement le gouverneur de la Banque de France,
13:00François Villeroy de Gallaud, qui était votre invité il y a quelques minutes.
13:04On est à 6% ou plus de déficit en 2024, c'est beaucoup trop.
13:08C'est le déficit le plus élevé de la zone euro.
13:11Nous sommes un des rares grands pays dont la dette continue à augmenter par rapport au PIB.
13:17Nous avons une charge d'intérêt qui augmente année après année,
13:20qui va bientôt dépasser le budget de l'éducation nationale.
13:22La France est en train de décrocher sur le plan financier au sein de la zone euro,
13:27la France lanterne rouge, et un contexte, une conjoncture économique qui semble s'inverser,
13:31puisqu'on assiste aussi à une forme de ralentissement, voire de panne de la croissance,
13:34et puis de remonter en flèche du taux de chômage, ce fut le cas en tout cas au quatrième trimestre 2024.
13:39Bref, est-ce que ce budget, s'il est adopté, permet de remettre la France sur les rails du point de vue des finances publiques,
13:47ou est-ce que finalement les efforts sont insuffisants et ne permettront pas au pays de redresser la barre ?
13:53Efforts évidemment insuffisants, ça ne répond pas du tout à l'urgence financière du pays.
13:59C'est un budget qui s'adapte aux contraintes politiques uniquement.
14:03On voit bien, 5,4% de déficits annoncés, c'est énorme.
14:07On a pris l'habitude de ces déficits absolument gigantesques, donc ça ne nous choque plus.
14:12Mais le maximum autorisé par l'Union Européenne, par la Commission Européenne, c'est 3%.
14:16On en est bien loin, on y reviendra d'ici à 2027.
14:20Donc on voit bien qu'il n'y a pas de...
14:222029 même.
14:23C'est terrible, vous avez vu.
14:25Vous faites bien souligner que c'est encore pire que ce que je pensais.
14:28Il n'y a pas de choix politique extrêmement fort.
14:31Mais parce que, il faut aussi le dire, dans l'opinion, il n'y a pas de volonté de ces choix politiques forts.
14:37Il n'y a pas eu de prise de conscience aujourd'hui, dans l'opinion,
14:40que le niveau de la dette était un véritable problème,
14:43que le niveau des déficits était un véritable problème.
14:46Donc les politiques, la plupart d'ailleurs, sachant cette difficulté-là,
14:52ils s'adaptent.
14:54Parce que s'il y avait aujourd'hui un budget avec 3% de déficit,
14:59ce seraient des coupes énormes absolument partout.
15:02Ce seraient des gens dans la rue.
15:04Et aujourd'hui, il n'y a pas de légitimité politique dans le pays sur ce constat-là,
15:09sur un programme d'abord d'effort puis de relance suffisant pour qu'on puisse porter ce projet-là.
15:16Vous dites qu'on n'en a pas pris conscience dans l'opinion publique,
15:18mais il y a quand même des sondages qui montrent que,
15:20dans l'opinion publique justement, les Français s'inquiètent du niveau abyssal de la dette.
15:24La question, c'est plus comment on y remédie.
15:27Et là, les solutions, elles sont différentes.
15:30Il y a 67 millions de solutions, j'ai envie de dire.
15:33C'est soit on coupe dans les dépenses, soit on va chercher de nouveaux impôts pour les plus riches.
15:37Ce qui est très clair, c'est qu'il y a déjà une question qui va se poser,
15:40c'est est-ce que ce budget, il est véritablement sincère ou pas ?
15:43C'est-à-dire, est-ce que ce budget, il va réussir tout simplement
15:47à maintenir ses objectifs jusqu'au bout 5,4 ?
15:50Quand vous passez pas mal de temps à lire le rapport du Haut Conseil aux Finances Publiques,
15:55même s'il ne prononce pas ce mot sanction d'insincérité,
15:58vous vous rendez compte très très rapidement, ça va être très compliqué.
16:01Parce que le taux de croissance, les prévisions de croissance seraient très optimistes,
16:08même si on a entendu que c'était celle de la Banque de France ce matin.
16:11Il y a l'inflation aussi.
16:13On est parti sur 1,5% d'inflation.
16:15On est à peu près juste en dessous de 2% là maintenant.
16:18S'il y a une guerre commerciale, il pourrait y avoir des effets aussi sur l'inflation qui pourraient repartir.
16:22Et quand on regarde aussi la question des impôts, la fiscalité,
16:26toutes ces surtaxes sur les hauts revenus, sur les grandes entreprises,
16:29il faut qu'elles ramènent les fameux 8 milliards.
16:31Vous vous souvenez des difficultés d'anticiper les recettes fiscales ?
16:34Il y a beaucoup de gens qui vous disent,
16:36attention, les 8 milliards, à la fin, ils ne seront pas là pour plein de raisons.
16:40Peut-être qu'il y aura des délocalisations.
16:42Peut-être qu'aussi ces prévisions d'inflation feront qu'il n'y aura pas autant de recettes que prévues.
16:49C'est déjà vraiment un gros sujet.
16:52C'est-à-dire que si on n'arrive pas aux objectifs avec ce budget-là,
16:55on va avoir un budget encore plus rigoureux pour 2026.
16:58J'ai envie de leur dire bon courage.
16:59Bon courage avec cette assemblée-là telle qu'elle est aujourd'hui.
17:02Et puis, il y a aussi la question de regarder les dépenses.
17:06Le choix qui est fait, c'est un coup de rabot général,
17:09pour ne pas faire trop mal à tout le monde, sur l'État.
17:13Aujourd'hui, il y a trois endroits où on peut prendre de l'argent, si j'ose dire,
17:18pour réduire les dépenses publiques.
17:20C'est les collectivités locales, elles sont largement épargnées.
17:23Et la protection sociale, c'est là qu'il y a les réserves.
17:26Tout le monde...
17:27Qui pèse sur le budget des dépenses sociales.
17:29Là, c'est très difficile de toucher à la protection sociale.
17:32On l'a vu sur les médicaments.
17:33On l'a vu sur les consultations médicales.
17:35Et on l'a vu, ô combien, sur les retraites.
17:38La question même d'indexer de moitié, ça n'est pas passé.
17:41De ne pas indexer sur l'inflation les pensions de retraite.
17:44C'est pour ça qu'ils disent que c'est un budget politique.
17:46Tout sur l'État.
17:47Et donc, on fait un coup de rabot en se disant, on est en février,
17:49on a enlevé les dépenses de janvier-février,
17:51et on va essayer de faire en sorte que ça ne se voit pas trop,
17:54que sur le logement, sur le bâtiment, sur un certain nombre de grands ministères,
18:00ça ne se ressente pas trop.
18:02Mais à mon avis, c'est déséquilibré,
18:04parce qu'il faut jouer sur l'ensemble des réserves d'économie.
18:07Et là, c'est l'État qui a été privilégié.
18:09Bruno ?
18:10Et d'ailleurs, le Haut Conseil des finances publiques a pointé le fait
18:12qu'à ses yeux, en tout cas, c'était insuffisant.
18:14C'est un effort qui risque d'être insuffisant.
18:16Ce qui est vrai, c'est qu'il y a deux budgets.
18:17Il faut le rappeler, il y a le projet de loi de finances, effectivement,
18:19sur lequel, pour des raisons politiques, pour essayer de négocier, justement,
18:22la non-censure, le gouvernement a lâché un certain nombre de choses.
18:25Il est revenu sur un certain nombre de décisions antérieures.
18:28Et puis, il y a le budget de la Sécu.
18:29Il y a le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
18:31Et là aussi, on sait que les dépenses maladies sont peut-être encore plus compliquées
18:35à contrôler, à réguler.
18:37Là aussi, les déficits envisagés prennent de l'emploi.
18:41On est passé de 16 à 18 milliards d'euros
18:43à, potentiellement, maintenant, un affichage de 23 à 30 milliards d'euros
18:47de déficit de la Sécu.
18:49Si jamais, ce PLFSS est adopté, là aussi, par 49.3.
18:53C'est-à-dire qu'il n'y a pas de motion de censure pour le repousser.
18:56Rappelons que c'est d'ailleurs sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale
18:59que le gouvernement Barnier est tombé au début du mois de décembre.
19:02Et dans ce contexte français, dans cette situation des finances publiques,
19:05c'est vrai que, d'une part, la France est plutôt maintenant en queue de peloton,
19:08si ce n'est l'antenne rouge au sein de la zone euro.
19:11Et de surcroît, on l'a vu, notamment, ça a été illustré
19:14par le fameux rapport Draghi, il y a quelques mois,
19:16que la zone euro décroche, elle-même, d'un point de vue économique,
19:19y compris en termes d'investissement sur des chantiers majeurs,
19:22à commencer par l'IA.
19:23On sait que sur l'IA, Emmanuel Macron va organiser un grand sommet
19:29les 10 et 11 février prochains, la semaine prochaine,
19:32pour mettre en scène, en quelque sorte, ces investissements massifs qui sont nécessaires.
19:36Mais aujourd'hui, l'Europe est à la traîne par rapport aux États-Unis,
19:40de façon assez nette.
19:42On voit l'effet Trump, entre guillemets,
19:45produit par un certain nombre d'annonces spectaculaires sur le plan fiscal,
19:48mais aussi sur le plan des tarifs douaniers, des taxes douanières,
19:52même si, là, le nouveau président américain commence à reconnaître
19:55que peut-être que, finalement, les Américains aussi vont en payer le prix.
19:58Il y a un gros risque de relancer l'inflation,
20:00dont les Européens souffriraient, mais aussi, peut-être, les Américains.
20:04Et juste un dernier point, dans ce contexte, on s'aperçoit
20:06que les ultimes promesses, en quelque sorte, économiques et sociales,
20:10d'Emmanuel Macron, qui n'a plus la main aujourd'hui, très clairement,
20:13il a perdu la main, les deux grandes promesses
20:15qui étaient effectivement le retour aux 3% de déficit en 2027,
20:18maintenant, c'est abandonné, on fixe plutôt l'horizon à 2029,
20:21si tenté qu'on l'atteigne, c'est le problème, d'ailleurs, avec l'horizon,
20:24c'est-à-dire qu'à chaque fois qu'on croit s'en rapprocher, il s'éloigne.
20:27Et puis, surtout, l'objectif du plein emploi,
20:29qui était affiché aussi par Emmanuel Macron,
20:31qui, lui aussi, semble s'éloigner, puisque le chômage est remonté en flèche
20:35au quatrième trimestre 2024, et que certains envisagent, peut-être,
20:38un taux qui regrimperait jusqu'à 8,5% de la population active à la fin 2025.
20:44Et ça, ce tableau, là, noir, qu'on est en train de décrire,
20:48il va falloir l'accepter, parce que, même avec un budget pas satisfaisant,
20:53c'est le début, quand même, de l'amélioration,
20:55c'est ce que disait François Villeneuve-Gallaud tout à l'heure.
20:57Peu importe le budget, il faut le prendre, là,
20:59parce qu'il faut une étape pour avancer.
21:01Effectivement, mais on voit bien qu'il va falloir aller
21:03beaucoup plus vite, beaucoup plus fort.
21:05Il casse le marché, Donald Trump.
21:07C'est important, ce qu'il est en train de faire.
21:09Il attire tout le monde à lui, avec des tarifs préférentiels,
21:13comme le ferait un chef d'entreprise qui veut attirer de nouveaux clients.
21:16L'Europe, il faut qu'il y ait une vraie prise de conscience
21:20et de plan politique vis-à-vis de ça.
21:22Aujourd'hui, l'économie, c'est la vraie déception.
21:24La déception numéro un d'Emmanuel Macron.
21:27On disait le Mozart de la finance.
21:29Il n'a pas proposé, c'était Nicole Brick,
21:31ministre de France Hollande, qui disait ça.
21:33Il n'a pas proposé de relance de l'économie.
21:35Un plan tel qu'il le prétendait, la révolution, n'a pas eu lieu.
21:39Il reste encore deux ans.
21:41Il serait temps de réfléchir à vraiment un plan d'ampleur
21:44qui puisse d'ailleurs, lui, survivre
21:46et relancer la France vers l'horizon 2027-2032.
21:50On va voir ça. Merci beaucoup. Merci à tous les trois.
21:52Pardon, je perds ma voix au fur et à mesure.
21:54Myriam Ankawa, présentatrice de l'émission
21:56ça vous regarde du mardi au vendredi à 19h30 sur LCP.
21:59Merci d'être passée. Ce soir, c'est lundi, c'est politique.
22:02Je l'ai.
22:03L'émission en partenariat avec France Info, dont l'invité est ?
22:05Marc Fesneau.
22:0619h30, Marc Fesneau.
22:07Merci Etienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
22:10L'Express qui propose un dossier sur
22:12Mohamed Ben Salman, prince héritier d'Arabie Saoudite.
22:15L'homme qui a la clé du Moyen-Orient.
22:17C'est à lire dans L'Express cette semaine.
22:19L'Express qu'on retrouve où ?
22:20Dans tous les bons kiosques et sur le site internet de L'Express.
22:23Courrez vite.
22:24On y court. Merci beaucoup Renaud.
22:26Merci Saïa et un bon grog pour demain.
22:29Plusieurs, mais malheureusement.
22:31Les informer du soir, c'est à partir de 20h
22:33avec Aurélie Herbemont et Jean-Rémi Baudot.

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