• il y a 3 jours
Retrouvez la chronique de Guy Carlier

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Transcription
00:00— Décidément, ce matin, nous parlons beaucoup de François Bayrou, après Arlette Chabot. Voilà que Guy Carlier consacre sa chronique au Premier ministre,
00:08auprès duquel, Guy, vous avez passé 2 heures hier après-midi. Bonjour d'abord, Guy. — Bonjour. — Et on a hâte de savoir.
00:18— Oui. Bonjour à tous. Bonjour, Arlette. Bonjour, Jean-Jacques. Bonjour, mes amis. C'est vrai. François Bayrou, vous le savez,
00:27c'était une de mes cibles privilégiées, constitue pour moi une caricature de la politique à l'ancienne. Et derrière chacune de ses paroles
00:36ou de ses gestes, j'ai tendance à chercher la manœuvre politique. Mais ce matin, j'ai pas envie de faire une chronique sarcastique à son sujet,
00:45car hier, j'ai passé 2 heures à ses côtés, à l'église Saint-Roch à Paris, où avaient lieu les obsèques de Catherine Laborde.
00:52Il y avait foule dans l'église, mais aussi au-dehors. La rue Saint-Honoré était noire de monde, tant cette femme était en empathie avec les Français.
01:01On m'avait demandé de prononcer son éloge funèbre, car nos vies se sont croisées le temps d'une brève mais sublime séquence d'amitié,
01:08qui pourtant avait mal commencé, parce que j'avais consacré à elle aussi, à Catherine, une chronique cruelle dans laquelle je me moquais
01:16de cette femme qui présentait la météo en minaudant comme une adolescente, bien qu'elle fût sexagénaire.
01:23Pour accentuer le ridicule, j'avais agrémenté cette chronique en citant une lettre parue dans le courrier des lecteurs d'un magazine télé
01:30dans laquelle un habitant de Brest se plaignait que le postérieur de Catherine cache la Bretagne pour mieux montrer l'Alsace.
01:38L'été suivant, alors que je participais à un salon du livre à Saint-Paul-de-Vence, tandis que je m'installais à ma table pour signer,
01:45j'aperçus à ta voisine, dont l'auteur n'était pas encore arrivé, un carton sur lequel était inscrit « Catherine Laborde ».
01:52Je vous laisse imaginer mon malaise. Elle s'est installée sans un mot, comme si je n'existais pas.
01:58Elle a commencé à signer. Il s'est passé ainsi près d'une demi-heure avant qu'elle arrête de signer, qu'elle soupire et qu'elle me dise « Vous avez raison.
02:07J'ai 60 ans, je porte des jupes trop courtes et je minode. Mais j'assume. Parce que ces jupes trop courtes, ce minodage, c'est mon enfance que je donne aux téléspectateurs.
02:19Et après le JT qui nous montre le pire dont sont capables les adultes, c'est mon privilège de parler du temps qu'il fait en retrouvant l'innocence de l'enfance ».
02:29Voilà pourquoi hier, je me suis retrouvé au premier rang de l'église Saint-Roch entre son mari et un siège vide sur le dossier duquel on avait scotché une carte de visite sur laquelle était écrit « Monsieur le Premier ministre ».
02:41D'habitude, dans ce genre de cérémonie, les responsables politiques, les personnalités du showbiz sont là pour les photographes.
02:47Ils arrivent en retard, font lever tout un rang pour s'asseoir, puis pendant l'office, prennent leur mail, écrivent des messages sur leur smartphone.
02:54Hier, Bayrou lui est arrivé avant le début de l'office. Quand le cercueil de Catherine Laborde est entré dans l'église, ses yeux ont rougi.
03:03Et pendant tout le temps de la cérémonie, il était là. Ses yeux allaient du cercueil aux fresques du plafond.
03:11Il n'a pas un seul instant communiqué avec son chef de cabinet ou ses officiers de sécurité.
03:16Il n'était pas là en représentation car c'est un ami d'enfance de Catherine avec laquelle il était en Cagne au lycée Montaigne à Bordeaux.
03:24Ils étaient restés proches tout au long de leur vie.
03:28Cet homme est infidèle. Et soudain, on prenait conscience que ce qui se passait dans cette église, c'est adieu à une amie d'enfance, rendait tout le reste dérisoire.
03:37Ce n'était pas un premier ministre qui se trouvait à mes côtés, c'était un ado du lycée Montaigne à Bordeaux.
03:43La veille à l'Assemblée Nationale, il se battait pour le budget de la France. Hier, je vous l'ai dit, tout ça semblait dérisoire.
03:50Cette journée hier aurait dû être triste. Et bien c'était une belle journée car dans cette église, qu'on soit croyant ou non, on comprenait qu'il existe des sentiments qui nous dépassent.
04:00Des forces qui nous rappellent à la raison, qui nous font prendre conscience à quel point notre quotidien est dérisoire et dans le chaos qui envahit le monde où chaque jour nous montre le pire de l'âme humaine.
04:11Hier, je me suis dit que tout n'est pas perdu tant qu'il existera des femmes comme Catherine Laborde et des hommes politiques capables d'humanité.
04:21À la fin de l'office, je regardais Bayrou repartir discrètement, refermer cette parenthèse d'émotion et retrouver sa fonction de premier ministre.
04:29Alors, j'ai vu apparaître sur son visage des rides de lassitude devant les tâches qui l'attendent, un peu comme s'il avait la certitude que le temps restera couvert sur la majeure partie de la France.

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