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Aujourd'hui, dans « Les 4V », Cyril Graziani revient sur les questions qui font l’actualité avec Olivier Faure, premier secrétaire du PS et député de Seine et Marne.

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00:00Bonjour Olivier Faure. Bonjour Cyril Gadiani.
00:05François Bayrou hier a contre-attaqué dans l'affaire Bétharame.
00:07Il a affirmé qu'en 1998, le procureur général avait tenu informé le ministère de la Justice.
00:12C'était Élisabeth Guigou.
00:14Il a jugé inimaginable que le ministre de l'Éducation nationale
00:17et la ministre de l'Enseignement scolaire Ségolène Royal n'aient pas été avertis d'un signalement.
00:22Ils étaient tous socialistes. Vous vous êtes senti visé ?
00:25D'abord, je veux revenir sur cette affaire.
00:29Il y a 30 ans de douleurs.
00:31Et quand on entend Alain Esquerre et tous ceux qui ont été les victimes de Bétharame,
00:39il y a là une forme de décence à avoir et ce jeu pathétique
00:43à essayer de transformer ce qui est en fait la responsabilité d'un premier ministre,
00:49à l'époque président de département, député, ancien ministre,
00:54vouloir chercher à s'écarter de sa responsabilité en essayant de la transférer à d'autres.
00:59J'ai trouvé ça franchement pathétique.
01:01Mais vos camarades socialistes à l'époque savaient ?
01:03Mais je ne sais pas ce qu'ils savaient. Il faut les interroger.
01:06Moi, ce que je comprends, c'est que ce que j'ai vu,
01:09puisqu'il a été transmis à la presse les notes du procureur en direction de la garde des Sceaux.
01:16Que disent-ils ?
01:17Eh bien, ces lettres disent que la ministre a été informée au fur et à mesure d'une procédure judiciaire engagée.
01:23Que pouvait-elle faire de mieux ? Je n'en sais rien.
01:26Mais je pense qu'à cette époque-là, tout ce qui devait être fait a été.
01:30La question qui est posée aujourd'hui à François Bayrou,
01:33c'est de savoir si à un moment lui-même connaissant l'affaire,
01:37il est un local de l'étape, l'émotion suscitée localement a été très importante.
01:43Est-ce qu'il a cherché ou pas à lui-même organiser la loi du silence ?
01:49Est-ce qu'il a été complice de cette omerta ?
01:52Vous dites qu'il pourrait être complice ?
01:54Je n'en sais rien. Je dis simplement que le sujet, il est là.
01:57C'est une affaire d'État, comme le disent les insoumis ?
02:01C'est une affaire qui n'intéresse pas l'État à l'époque,
02:08mais c'est une affaire qui intéresse directement le Premier ministre aujourd'hui.
02:11Savoir quelle est sa propre exemplarité, sa propre honorabilité,
02:17comprendre qui il est.
02:19Est-ce qu'il a été de ceux qui ont cherché à protéger l'institution de Bétharame,
02:24alors qu'il aurait dû au contraire protéger les enfants de Bétharame ?
02:29Je rappelle que comme président du département, il avait en charge la protection de l'enfance.
02:34Cette question-là lui est posée et c'est à cette question-là seulement qu'il devrait répondre.
02:39Le témoignage du gendarme qui était chargé de l'enquête à l'époque,
02:44malheureusement pour lui, laisse penser qu'il était intervenu dans la procédure
02:48à un moment où le père Caricat était lui-même déféré, devait être déféré devant la justice.
02:54S'il est avéré qu'il a menti le Premier ministre, il doit démissionner dans ce cas-là ?
02:58S'il est avéré que le Premier ministre a participé à la loi du silence,
03:02oui, en conscience, il devra démissionner.
03:05Vous avez déposé une motion de censure après les propos du Premier ministre
03:08sur la submersion migratoire.
03:10Cette affaire ne fait que renforcer votre envie de le faire tomber, devoir d'exemplarité d'ailleurs,
03:16disiez-vous dans le texte que vous avez déposé par rapport à cette motion.
03:21Oui, devoir d'exemplarité et par ailleurs, on a nous-mêmes cherché à distinguer les choses.
03:29Il fallait donner un budget à la France et faire en sorte de ne pas faire tomber le gouvernement prématurément
03:35parce qu'il y avait besoin d'avoir pour les collectivités, pour les entreprises qui dépendent de la commande publique,
03:42pour les associations, il fallait un budget.
03:44Donc nous avons pris notre responsabilité et évité de faire tomber le gouvernement prématurément.
03:50Maintenant, ça ne veut pas dire que nous approuvons la politique qui est conduite,
03:54d'ailleurs ni sur le plan budgétaire, ni sur le plan des valeurs qui conduisent ce gouvernement
03:59et voir, semaine après semaine, des ministres qui sont en train de s'engager dans une forme de fusion idéologique avec l'extrême droite,
04:08oui, c'est un problème.
04:10Moi, je me suis battu à la fois pour le Front populaire, puis pour le Front républicain.
04:14Et ce Front républicain, aujourd'hui, il est trahi par Messieurs Rotaillot, Darmanin, etc.,
04:18qui reviennent en permanence sur les obsessions de l'extrême droite.
04:24Donc effectivement, il est utile aujourd'hui de le censurer.
04:27Le Rassemblement national a déjà annoncé qu'il ne voterait pas cette motion de censure.
04:32Vous avez imaginé qu'au dernier moment, Marine Le Pen se mêle à vos voix ?
04:36Moi, je ne cherche jamais les voix de Marine Le Pen.
04:39Je fais ce que, en conscience, je pense être utile pour le pays,
04:43et à un moment, dire que oui, ça n'est pas possible de trahir à ce point à la fois le Front républicain
04:49en n'ayant pas nommé un homme, une femme de gauche à Matignon,
04:52et ensuite de trahir le Front républicain quand on a une politique qui, malheureusement,
04:58emboîte le pas de l'extrême droite.
05:00Il y a une multiplication de mesures, pas seulement dans le domaine migratoire,
05:04même s'il y a beaucoup à en dire dans les propositions-là qui sont déposées au Sénat et à l'Assemblée,
05:09mais même sur la question écologique, le pacte vert qui est complètement détricoté au niveau européen,
05:15avec l'aval de la France, la question des agences indépendantes qui sont aujourd'hui remises en question.
05:21Tout ça, c'est en fait, malheureusement, la pente qu'Outre-Atlantique est en train de lancer Donald Trump.
05:27Justement, Emmanuel Macron va réunir les forces politiques dans les prochains jours pour évoquer la situation en Ukraine.
05:32Est-ce que vous avez eu la date ?
05:34Non, je n'ai pas la date.
05:35Est-ce que vous irez ?
05:36Mais j'irai bien sûr, et je me félicite du fait que le chef de l'État ait souhaité informer
05:41l'ensemble des formations politiques sur ce sujet.
05:44Nous sommes à un moment de bascule avec un duo qui se met en place
05:48et qui est dans une forme d'humiliation diplomatique de l'Europe et des Ukrainiens.
05:54Et donc, il est utile que le chef de l'État prenne sa responsabilité.
05:58Avec la question de l'envoi des troupes au sol qui commence à se poser,
06:02le chef de l'État, pour le moment, ne plaide pas en ce sens,
06:05mais est-ce que cette question-là ne va pas se poser à terme ?
06:08Mais ça dépend de ce qu'on appelle envoi de troupes au sol.
06:11S'il s'agit d'envoyer des troupes combattantes sur le front russe, c'est hors de question.
06:16En revanche, s'il s'agit sous mandat de l'ONU,
06:19à un moment de venir garantir les frontières et garantir la paix,
06:22une fois que les conditions de la paix seraient trouvées,
06:26les conditions seraient très différentes et là, évidemment, il faudrait l'envisager.
06:29Est-ce qu'il faut un débat à l'Assemblée nationale ?
06:31Oui, je pense qu'il faut un débat, je pense qu'il est utile que chacun se positionne.
06:35Je pense par exemple à l'extrême droite qui est à la fois souverainiste
06:40et en même temps qui est sous la domination à la fois des Russes et des Américains.
06:44Il serait bien qu'ils s'expriment et qu'ils disent s'ils sont véritablement français
06:48ou s'ils sont les agents de force étrangère.
06:52Dans quelques minutes, Richard Ferrand sera auditionné à l'Assemblée nationale,
06:55puis en fin de matinée au Sénat.
06:57Vous avez déjà annoncé que vos députés voteraient contre sa nomination au Conseil constitutionnel.
07:02Pourquoi vous ne lui laissez pas une chance de vous convaincre ?
07:04Il n'a même pas parlé encore.
07:06Peut-être convaincra-t-il les députés de la Commission des lois ?
07:10Vous pensez qu'il y a encore une chance de convaincre alors que vous avez déjà annoncé que vous voteriez contre ?
07:14Je n'en sais rien mais le dossier est chargé si vous voyez ce que je veux dire.
07:17Pourquoi le dossier est chargé ?
07:18Ça veut dire que quand on cherche à nommer non pas un membre du Conseil constitutionnel
07:23mais le président du Conseil constitutionnel,
07:25je rappelle que le Conseil est celui qui veille à la conformité des lois à la Constitution,
07:29qui est celui qui dit quelles sont les questions qu'on peut poser dans un référendum,
07:33qui est celui qui est le juge de l'élection.
07:36C'est un rôle qui suppose une forme d'impartialité, de neutralité, de compétence.
07:43Pour vous, Richard Ferrand n'est pas nôtre.
07:45C'est un ancien président de l'Assemblée nationale.
07:47Mais c'est aussi un très proche chef de l'État.
07:50Aujourd'hui ce que je vois, y compris dans le monde judiciaire, juridique,
07:56dans celles et ceux qui observent la vie politique
08:01et qui observent aussi la façon dont s'organise le Conseil constitutionnel,
08:05le tir de barrage est assez important, c'est le moins qu'on puisse dire.
08:08Robert Badinter, Laurent Fabius ont été présidents du Conseil constitutionnel
08:11et étaient des politiques et des législateurs, comme Richard Ferrand.
08:17Mais il y a trois critères qui sont opérationnels dans cette hypothèse-là.
08:21C'est à la fois la compétence, c'est l'indépendance et c'est l'expérience.
08:26En l'occurrence, je crains que sur ces trois critères,
08:29Richard Ferrand ne réponde pas complètement à la question qu'il lui est posée.
08:33On parlait de présidence.
08:34Est-ce que vous pourriez être un jour candidat à l'élection présidentielle,
08:37en 2027 par exemple ?
08:39C'est une drôle de transition, mais ce que j'ai toujours dit,
08:43c'est que moi je souhaite, ma boussole, c'est de faire en sorte
08:46que l'extrême droite ne puisse pas parvenir au pouvoir
08:49et permettre à la gauche d'engager la France dans un nouveau cap.
08:53Et donc si j'étais celui-là et si je pouvais apporter cette possibilité,
08:59je ne me déroberais pas.
09:00Mais il y a une quantité d'hommes et de femmes qui, aujourd'hui à gauche,
09:03peuvent remplir cette fonction.
09:05Et je souhaite que le moment venu, nous choisissons celui ou celle
09:08qui a la plus de capacité à nous emmener à la victoire.
09:10Ça pourrait être peut-être vous.
09:11Merci beaucoup Olivier Faure et bonne journée à tous.