Aujourd'hui, dans « Les 4V », Cyril Graziani revient sur les questions qui font l’actualité avec Manuel Bompard, coordinateur national de la France insoumise et député de Marseille.
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00:00Emmanuel Bompard, Emmanuel Macron organise une réunion ce matin à l'Elysée pour évoquer l'avenir de l'Ukraine et la position européenne, vous serez présent ce matin ?
00:09Oui bien sûr, c'est une réunion à laquelle il a convié l'ensemble des chefs de parti, je suis coordinateur de la France Insoumise, j'y serai présent,
00:17pour lui dire à la fois notre inquiétude face à une situation qui est une situation extrêmement lourde de danger,
00:23on voit peut-être s'ouvrir des négociations de paix entre la Russie et l'Ukraine,
00:28sans que la France et l'Union Européenne ne soient autour de la table des discussions, c'est un problème.
00:32Je vous le demande parce que les dernières réunions avec le chef de l'État, le fameux format Saint-Denis,
00:36à chaque fois vous aviez pris l'habitude de les bouder et vous les qualifiez même d'exercice monarchique, là ce n'est pas le cas, l'heure est grave.
00:43Non, la dernière réunion effectivement nous n'y avions pas participé parce qu'il s'agissait en quelque sorte de construire dans le dos du Parlement
00:52un déni de démocratie, le vol du résultat des dernières élections législatives et il n'était pas question pour nous de participer d'un tel enfumage.
01:00Là il s'agit d'avoir un échange sur la situation internationale, c'est le Président de la République, chef des armées,
01:07je pense qu'il est normal d'aller à une rencontre pour discuter de cette situation internationale, pour savoir dire notre inquiétude.
01:13La question des troupes au sol français commence à se poser, quelle est la position des Insoumis là-dessus ?
01:19Mais il ne peut pas être question d'envoyer des troupes françaises au sol aujourd'hui.
01:24Il pourrait être question à l'avenir si les conditions d'une paix juste et d'une paix équitable voient le jour,
01:31pourquoi pas dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies d'avoir…
01:34Les Européens ne sont pas d'accord.
01:35Oui mais précisément, vous me demandez la position de la France, vous êtes d'accord.
01:39Je dis qu'envoyer des troupes au sol aujourd'hui ça n'a aucun sens.
01:42La question qui nous est posée aujourd'hui c'est comment on fait en sorte d'abord que l'Ukraine soit à la table des discussions,
01:48parce que la paix ne peut pas se construire dans le dos des Ukrainiens,
01:51et deuxièmement comment on fait en sorte que la France et l'Union Européenne soient autour de la table des discussions,
01:56parce que les conditions de la paix entre la Russie et l'Ukraine vont avoir des conséquences sur la sécurité de l'Europe de manière générale,
02:03sur la sécurité de la France, et donc je regrette et je trouve qu'on est face d'un certain point de vue à un fiasco diplomatique
02:10qui a été la position de la France depuis des mois et des mois.
02:12Pour quelles raisons ?
02:13Depuis des mois et des mois, nous nous disons qu'il faut bien sûr aider l'Ukraine,
02:19mais cette aide à l'Ukraine doit servir à ouvrir le plus rapidement possible des négociations de paix.
02:24Avec la Russie, directement avec Vladimir Poutine ?
02:26Avec l'Ukraine autour de la table.
02:28Mais nous disons que le rôle qui doit être celui de la France, celui de l'Union Européenne,
02:33ça doit être de créer les conditions d'une paix durable avec des garanties de sécurité mutuelles.
02:37Quand nous avons dit ça, on nous a dit, vous voulez abandonner l'Ukraine, on nous a caricaturé,
02:42et on a eu le droit à un entêtement dans une position qui était une position de déni.
02:47Et aujourd'hui, on voit le résultat de cette position, c'est que sans doute que les négociations de paix débutent
02:53sans la France et sans l'Union Européenne qui s'est enfermée dans ce déni.
02:56Mais quand vous entendez les mots employés hier par Donald Trump, qualifiant Zelensky de dictateur sans élection...
03:02Non mais Donald Trump, tout le monde a compris...
03:05Il sera autour de la table Donald Trump.
03:06C'est comme ça, on n'a pas le choix.
03:08Pour autant, je pense que tous ceux qui, pendant des années et des années,
03:12ont enfermé la France dans une position de suivisme et d'alignement sur les intérêts nord-américains,
03:18constatent à quel point, aujourd'hui, cette stratégie-là était une impasse.
03:22Et nous, depuis des années et des années, nous disons que la France doit avoir une position
03:26qui est une position non-alignée, une position indépendante,
03:30alignée sur les intérêts d'aucune puissance.
03:32Certainement pas sur les intérêts russes par exemple,
03:35mais certainement pas sur les intérêts américains non plus.
03:38Et à chaque fois, quand on disait ça, on nous disait
03:40« Non, votre position, elle n'est pas raisonnable, vous êtes pro-russe ou pro-Poutine ».
03:43On a été très caricaturés sur ce sujet.
03:45Je crois qu'aujourd'hui, tout le monde est en train de se rendre compte
03:48que la seule position viable pour la France, c'est cette position indépendante et non-alignée.
03:52En reviant en France, Richard Ferrand a finalement été nommé hier midi au Conseil constitutionnel
03:56à une voix près, grâce à l'abstention du RN, disent certains.
04:00Il est une nouvelle fois faiseur de roi à la RN.
04:03Ce n'est pas seulement disent certains, Cyril Graziani, c'est factuel.
04:05Si le RN s'était opposé à la nomination de Richard Ferrand,
04:09en tout cas s'il s'était opposé à la nomination de Richard Ferrand,
04:12Richard Ferrand n'aurait pas été nommé au Conseil constitutionnel.
04:15Je pense qu'il y a un deal caché entre le RN et M. Ferrand.
04:21Mais vous avez des preuves qu'il y a un deal caché ?
04:23Je vois que dix minutes avant le vote,
04:26les députés du RN ont reçu sur leur téléphone
04:29une consigne qui leur disait « Finalement, on ne va pas s'y opposer, on va s'abstenir ».
04:32C'est ce qu'ils disaient avant même…
04:35Vous verrez, vous vous renseignerez.
04:37Dix minutes avant le vote, ils ont reçu cette information en leur disant
04:40« Non, on va changer notre position de vote par rapport à ce qui était prévu initialement ».
04:43Donc c'est bien le résultat d'une négociation secrète et opaque.
04:47Et c'est quoi le but ? C'est quoi cette négociation ? Qu'est-ce qu'ils attendent en retour ?
04:51Je pense que tout le monde a compris que le Conseil constitutionnel
04:54devrait être interrogé dans les prochaines semaines
04:56sur des éléments relatifs au procès de Mme Le Pen.
04:59L'inéligibilité notamment.
05:00Par exemple, puisqu'il y a une question prioritaire de constitutionnalité.
05:04Je demande qu'on révèle les contours de ce deal caché.
05:06Je crois que le Conseil constitutionnel est une instance trop importante dans notre démocratie
05:11pour qu'elle puisse faire l'objet de tractations souterraines, de tractations de couloirs.
05:15Mais vous n'allez pas quand même demander à Richard Ferrand, qui a été nommé, de renoncer à ce poste ?
05:19Écoutez, Richard Ferrand a été validé en quelque sorte avec 40,2% des voix.
05:28Je ne suis pas en train de vous contester que la règle, c'est qu'il faut qu'il y ait plus de 3,5% d'opposition
05:33pour que Richard Ferrand ne puisse pas être nommé.
05:35Mais je crois que si on veut préserver ce qui devrait être, à mon avis, notre préoccupation à tous,
05:41c'est-à-dire la garantie que le Conseil constitutionnel ne soit pas entaché de suspicions,
05:46je pense qu'il serait raisonnable pour M. Ferrand de renoncer
05:49et pour M. Macron de renoncer à sa nomination.
05:52Hier, grosse journée à l'Assemblée nationale, la motion de censure des socialistes a été rejetée.
05:56Quand vous entendez le Premier ministre expliquer à vos amis socialistes que leur motion, c'est une « balle à blanc »,
06:02vous leur dites « on vous avait prévenu ».
06:04Oui, évidemment. Je leur dis, moi, ce à quoi j'ai assisté hier dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale,
06:09c'était une humiliation. Et François Bayrou…
06:12Ça vous a fait sourire ?
06:13Non, ça ne m'a pas fait sourire parce que, vous savez, François Bayrou a manipulé les socialistes,
06:19les a convaincus de ne pas voter la motion de censure qui valait quelque chose.
06:25Et puis quand le Parti socialiste fait une manœuvre qui était assez piteuse, il faut le dire, pour essayer de faire croire
06:30qu'on n'a pas voté la motion de censure mais qu'on va en déposer une nous-mêmes après,
06:33en quelque sorte, il les prend comme un kleenex et il les jette dans la corbeille.
06:37Ils ont été prêts à leur propre jeu ?
06:39Mais je crois, de quelle naïveté il fallait pour tomber dans ce piège qui était un piège grossier.
06:45Et donc oui, je pense qu'on a assisté à une humiliation.
06:48Et vous l'avez dit vous-même, ce n'est pas faute de les avoir prévenus.
06:51Je pense que tout le monde doit comprendre qu'on a besoin d'opposants qui sont des opposants sérieux,
06:56des opposants conséquents, pas des gens qui se font manipuler par les rondes jambes de François Bayrou.
07:02Mais est-ce que c'est une relation toxique que vous avez avec le Parti socialiste, comme l'a dit Jean-Luc Mélenchon ?
07:06Là, j'ai l'impression que la relation toxique était plus entre François Bayrou et le Parti socialiste.
07:10Mais vous leur dites de revenir à la maison maintenant ?
07:12C'est-à-dire qu'ils ont déjà eu de multiples occasions quand même de clarifier leurs intentions.
07:17Je vous rappelle qu'à cinq reprises successives, ils n'ont pas voté la motion de censure qui servait à quelque chose.
07:23Puisque c'était une motion de censure pour empêcher par exemple le budget, le très mauvais budget.
07:27Mais elle ne serait pas passée même avec le voté socialiste ?
07:29Je ne sais pas. J'ai entendu le Rassemblement national dire si le Parti socialiste l'avait voté, on aurait peut-être voté.
07:35Ce que je trouve quand même, pour les gens qui nous écoutent le voient,
07:38ce que je trouve quand même assez pitoyable, c'est ces opposants de pacotille.
07:41Le Parti socialiste d'un côté, le Rassemblement national de l'autre,
07:44qui cherchent toujours des prétextes et des excuses pour à la fin garantir la continuité de la politique macroniste en France.
07:49Donc pour le Rassemblement national, ça se traduit par le fait de ne pas voter les motions de censure,
07:53par le fait de laisser le plus proche collaborateur du Président de la République devenir Président du Conseil constitutionnel.
07:58Et pour le Parti socialiste, ça passe par des tartufferies comme celles auxquelles on a assisté hier.
08:03Le rapport de la Cour des comptes va être remis dans quelques minutes par Pierre Moscovici à François Bayrou.
08:07Les syndicats vont réentamer de nouveaux rames de négociations.
08:12Les 64 ans, pour vous, c'est non négociable ?
08:16Il faut revenir dessus ou vous pourriez obtenir d'autres concessions ?
08:19Évidemment, c'est non négociable.
08:21D'ailleurs, les Français, à chaque fois qu'ils ont été invités à se projeter sur ce sujet...
08:24Les syndicats ne sont pas tous unanimes là-dessus ?
08:26Ils ont le droit d'avoir leur position.
08:28Moi, je vous dis qu'au moment de la mobilisation contre la retraite à 64 ans,
08:32plus de 90% des actifs étaient opposés au report de l'âge de départ à la retraite à 64 ans.
08:36Ils sont toujours aussi opposés ?
08:37Je crois qu'à chaque fois que vous avez interrogé les Français sur ce sujet,
08:40ils se sont opposés très largement à cet âge de départ à la retraite à 64 ans.
08:44Et d'ailleurs, aux élections législatives, ils ont voté majoritairement
08:47pour des forces politiques qui proposaient l'abrogation.
08:49Et à l'Assemblée nationale, il y a une majorité de députés pour l'abrogation.
08:52Alors expliquez-moi pourquoi ça serait le seul sujet sur lequel l'Assemblée nationale
08:56ne pourrait pas tout simplement librement se prononcer ?
08:59Il faut que ça revienne à l'Assemblée nationale, quoi qu'il se passe.
09:01Mais évidemment.
09:02Et l'Assemblée nationale doit pouvoir voter l'abrogation de la réforme des retraites
09:05comme première étape, c'est-à-dire le retour à l'âge de départ à la retraite à 62 ans.
09:09Et en ce qui nous concerne, et après ça sera un enjeu des prochaines campagnes,
09:12en particulier sans doute de la campagne présidentielle,
09:15nous nous proposerons le retour à l'âge de départ à la retraite à 60 ans
09:18avec 40 annuités de cotisation, qui a toujours été notre position.
09:20Merci beaucoup. Merci beaucoup Manu. Bonne journée à tous.