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Avec Darius Rochebin, journaliste

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##L_INVITE_DU_JOUR-2025-02-24##

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News
Transcription
00:00Le 10h midi, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Anzmann.
00:05Bonjour à toutes et à tous, une nouvelle semaine qui redémarre.
00:09Bienvenue dans le 10h midi, deux heures d'infos avec vous.
00:12Bonjour Gilles Anzmann. Bonjour Valérie, vous avez passé un bon week-end ?
00:14Oui, très bon week-end. Bonjour Darius Rochemin. Bonjour.
00:17Merci d'être avec nous, vous êtes l'une des figures, des grandes figures de LCI.
00:22On vous retrouve tous les soirs à 20h pour le 20h face à Darius Rochemin.
00:30Ce soir, trois ans de guerre en Ukraine, c'est évidemment une date importante.
00:36C'est en plus une actualité, hélas, qui a beaucoup propulsé LCI en matière d'audience.
00:44Oui, c'est vrai, c'est un moment important pour nous parce que c'est pas seulement,
00:47évidemment c'est le sort de l'Ukraine, mais c'est aussi le sort de l'Europe
00:49et c'est maintenant évidemment ce qui se joue avec Trump et la visite du président de la République.
00:53Emmanuel Macron à Washington, on va en reparler avec vous dans un instant.
00:56Mais on se dirige plus vers la paix que vers la guerre, d'après vous ?
00:58Ah, qui sait, franchement, c'est tellement difficile de le dire,
01:01mais en tout cas la paix imposée par les Américains, certainement.
01:04Et oui, mais la guerre, personne n'y a réellement intérêt.
01:07La guerre non, évidemment, sauf que certains Ukrainiens continuent à penser
01:11qu'ils devraient pouvoir, par les armes, reconquérir leurs territoires qui sont la Crimée et le Donbass.
01:17On va voir tout ça avec vous dans un instant.
01:19Tout de suite, c'est le Zapping de Gilles.
01:25Alors c'était la rencontre attendue ce week-end,
01:27le 15 de France face à l'Italie pour le tournoi Destination.
01:31Alors un massacre, je ne sais pas si vous avez suivi.
01:34Certes, 73 à 24, 73 pour la France.
01:38Une équipe italienne peu combattante.
01:41Et qui a brillé, Valérie ?
01:43Antoine Dupont, notre chouchou à Sud Radio,
01:46qui est venu ici souvent à Sud Radio,
01:49qui a même signé un des murs de Sud Radio.
02:16L'attaque de Léo Barré.
02:18Et le 2 contre 1.
02:19Antoine Dupont avait bien suivi sa course à l'intérieur.
02:23Darius, vous êtes suisse.
02:24Vous, c'est plus le hockey que le rugby.
02:26Et je suis nul en sport, de façon générale.
02:28Ça m'éloigne encore.
02:30Non, si, je regarde des grandes compétitions,
02:32mais je suis assez nul en sport, j'avoue.
02:33Je me fais aider par les collègues.
02:34Bon, vous avez remarqué, ce week-end finit salaud, hors dur, pourriture, enculé.
02:39Enfin, comment ça va, Manu ?
02:41Ah, c'est quand même mieux !
02:43Alors, un petit peu de fromage, un petit canon de vin.
02:46Ah, c'était reposant !
02:48Samedi, Emmanuel Macron a enfin visité dans le calme le Salon de l'Agriculture.
02:52Et il s'est bien régalé.
02:54Bonjour, messieurs, dames !
02:55Des bonjours, et même des baisers, adressés aux agriculteurs.
03:01Emmanuel Macron a été bien accueilli lors de ce Salon 2025.
03:05Et ça se passe bien ?
03:06Ça va.
03:07Un marathon, une tournée des goûts et des savons.
03:10Elle est très bonne.
03:11Elle est très godée.
03:13Un climat apaisé, qui tranche avec les violences de l'an dernier.
03:18Heures entre manifestants et CRS, bousculades et un président pris à partie.
03:25Macron, démission !
03:27Vous êtes mieux accueilli que l'an dernier ?
03:29Oui.
03:30Vous êtes content d'être là à nouveau ?
03:31Mais c'est pour ça que je suis là.
03:32Je suis là les années difficiles, je suis là les années plus faciles.
03:34Parce que c'est comme ça qu'on mène un pays.
03:36Il faut tenir.
03:37Vous avez plus fromage suisse, j'imagine.
03:40Vous vous rappelez le mot de Chirac ?
03:42On lui dit à quelqu'un de passant, connard.
03:44Et il répond, enchanté, moi c'est Chirac.
03:46Moi j'admire plutôt les hommes politiques.
03:48Il y a des journalistes qui méprisent un peu.
03:50Moi j'ai plutôt de l'admiration pour les hommes et les femmes politiques.
03:52Parce que qu'est-ce qu'ils prennent ?
03:53Pendant des heures, affronter les colibés, les huées.
03:56Parfois les gens sympathiques, devoir répondre avec la suite.
03:59Après ils l'ont voulu, ils se sont présentés à l'élection.
04:02C'est beaucoup de travail.
04:03Et je trouve souvent que les journalistes sont plutôt paresseux par rapport à eux.
04:06C'est-à-dire ?
04:07Nous on n'a pas les mêmes exigences.
04:09On n'a pas le même poids sur les épaules.
04:11Et c'est plus facile de critiquer que d'agir, évidemment.
04:14Vous l'avez interviewé Emmanuel Macron ?
04:17Oui, plusieurs fois, quatre fois.
04:19C'est un cas très intéressant.
04:21Il est très séducteur et en même temps le rapport de force est là.
04:24Et d'ailleurs c'est intéressant de voir comment ça se passera avec Trump aujourd'hui.
04:27Parce qu'il ne faut jamais sous-estimer Emmanuel Macron.
04:29Parce qu'effectivement il a cet air charmeur qui lui a été d'ailleurs reproché.
04:35On a dit qu'il était léger.
04:36Et en réalité il peut jouer un rapport de force.
04:38Mais là, face à Trump, ce sera une grande affaire.
04:41On va en reparler avec vous de Trump puisque vous l'avez croisé.
04:43On l'a évoqué juste avant l'émission.
04:45Et oui, en tout cas c'est une tradition depuis le général de Gaulle.
04:48Le seul qui n'y a jamais été en 14 ans de président, c'est François Mitterrand.
04:53Qui n'a jamais mis les pieds au salon de l'agriculture.
04:55Étonnant.
04:56On parle beaucoup de la fin de C8.
04:58Mais on oublie également le personnel et la chaîne NRJ12.
05:01Qui est aussi impactée par cette décision de l'ARCOM.
05:04Alors il a décidé de diffuser une émission spéciale de 20 ans le vendredi prochain.
05:09C'est déjà vendredi la fin.
05:11C'est quand même fou.
05:13Alors si Mathieu Delormeau, qui a été la figure de la chaîne NRJ12, ne sera pas là.
05:17Il y a une autre figure qui va être là.
05:19Vous devinez qui ?
05:20Jean-Marc Morandini ?
05:21Bah non.
05:22Il n'a pas été sur NRJ12 ?
05:24Oui, mais ça n'a pas été autant important.
05:27Ecoutez, regardez.
05:28Attendez les amours.
05:32Je crois qu'on a oublié quelqu'un.
05:34Vous croyez vraiment qu'on n'allait pas venir pour NRJ12 ?
05:38Pour l'anniversaire d'NRJ12 ? Les 20 ans d'NRJ12 ?
05:41Non mais allô quoi.
05:42Bien sûr qu'on sera là.
05:43Je rêve.
05:4520 ans de grandes émotions.
05:47Présenté par I am Nour.
05:49Vendredi 28 février à 21h sur NRJ12.
05:53Et oui, Thomas et Nabila.
05:55Nabila est incontournable sur NRJ12.
06:00Vous avez déjà rencontré Nabila ?
06:02Je ne crois pas l'avoir rencontrée.
06:04Vous avez interviewé tout le monde.
06:06Vous auriez pu interviewer Nabila.
06:09C'est triste, deux chaînes qui s'en vont.
06:11J'ai un devoir de réserve.
06:14Mais de façon générale, je suis pour la liberté,
06:16la diversité des médias.
06:18Il ne doit pas y avoir de paroles interdites.
06:21Plus la parole est ouverte, mieux c'est.
06:24Ça vaut d'ailleurs pour la politique aussi.
06:26On essaye d'inviter tous les points de vue.
06:28Je suis frappé de voir que dans l'opinion,
06:30il faut se battre pour ça.
06:31On reçoit beaucoup de courriers de gens
06:32qui voudraient qu'on parle qu'entre gens du même avis.
06:35C'est la fameuse bulle internet dont on parle maintenant.
06:38Et j'avoue que je ne suis pas réactionnaire.
06:40Je ne dis pas que c'était mieux avant.
06:41Mais dans ce domaine-là, il y a une déperdition.
06:44La jeune génération voudrait qu'on parle
06:46qu'entre gens de droite ou de gauche.
06:49Ce qui est assez étonnant.
06:50Même les intervenants eux-mêmes.
06:51Si je parle de mon expérience sur LCI,
06:53j'avais cette émission le matin
06:56dans laquelle je recevais des gens très à droite
07:00face à des gens très à gauche.
07:02Il y avait un débat tout à fait serein et apaisé
07:05qui était en place.
07:06On avait quelqu'un comme Charb de Charlie Hebdo
07:08qui parlait avec François d'Orcival
07:09ou avec Yvan Rioufol.
07:10Ce sont des gens qui s'entendaient
07:12et qui étaient capables de débattre en plateau
07:14même s'ils avaient des idées complètement opposées.
07:16Aujourd'hui, ça ne semble plus très possible non plus.
07:19Je me rappelle très bien Jean d'Ormesson
07:20qui était un cas extrême,
07:21qui était un libéral de centre-droite tout à fait assumé
07:23mais qui avait parmi ses meilleurs amis
07:25Morand qui était un type d'extrême-droite,
07:27très extrême-droite.
07:28Sa femme était pour ainsi dire nazie.
07:30Ou Aragon qui était un type d'extrême-gauche,
07:32très extrême-gauche, stalinien,
07:34qui avait fait l'éloge des crimes staliniens, etc.
07:36Il dialoguait avec les deux extrêmes
07:37et je trouve que c'est ça.
07:39Vous ne regardez pas le rugby,
07:40est-ce que vous regardez The Voice non plus ?
07:43Franchement pas, mais ça m'arrive.
07:44Enfin, je suis quand même un peu.
07:45J'ai deux filles.
07:46J'ai une fille de 15 ans
07:47donc par elle, elle me tient au courant
07:49de ce genre de choses.
07:50Vous regardez la télé ?
07:51Vous avez le temps ?
07:52Un peu, bien sûr.
07:53Tous les soirs, par la force des choses,
07:55vous ne pouvez pas regarder les films.
07:56Par extrait sur Twitter, voilà.
07:58Je crois beaucoup...
07:59La démocratie médiatique,
08:01c'est quelque chose de très fort.
08:02Je trouve que quand on regarde Twitter,
08:03ça fait remonter les extraits les plus forts
08:06de n'importe quelle émission.
08:07Alors, samedi, s'est passé quelque chose
08:09à la fois d'extraordinaire
08:10et tellement émouvant sur le plateau de The Voice.
08:13Vous l'avez vu ou pas, Valérie ?
08:15Non.
08:16Vous allez comprendre mon lancement.
08:17Vous n'avez pas vu Colette.
08:18Écoutez, Colette.
08:19Je l'ai vu en extrait.
08:20Est-ce que vous êtes bien assise ?
08:22Je suis très bien assise.
08:23Ça va très bien.
08:24Vous savez que vous venez de battre
08:25un record aujourd'hui dans l'émission.
08:27Ah bon ?
08:28Oui, vous êtes la doyenne historique de The Voice.
08:31Puis-je me permettre de vous demander votre âge ?
08:3695 ans.
08:38Ah ben voilà !
08:40C'est pas vrai ?
08:43Vous connaissez les chansons de Patricia ?
08:45On va se reconnaître.
08:46Patricia.
08:47J'avais envoyé une chanson, tu te souviens ?
08:49Ah bon ?
08:50Non, j'en avais envoyé une.
08:51Ah bon ?
08:52Elle a une si belle voix, on peut l'applaudir.
08:54En plus, elle fait l'animation.
08:57Mais est-ce qu'il y a une chanson de Patricia
08:59que vous connaissez ?
09:01Mon mec à moi, il me parle d'aventure.
09:07Oui, dans ses yeux, je pourrais y passer la nuit.
09:11Il parle d'amour comme il parle des voitures.
09:15Un peu voyou.
09:16Ben non, pas voyou, pas voyou.
09:18Ben si, il parle d'amour comme il parle de voiture.
09:21Mais il était jeune, il était jeune.
09:24Comme quoi, il n'y a pas d'âge pour chanter.
09:26Merci d'être là, Colette.
09:29Alors, les sièges ne se sont pas retournés pour Colette
09:32qui a beaucoup ému la France.
09:34Et en effet, il y a eu beaucoup d'extraits.
09:36Cette année, il y a une option
09:39où vous pouvez donner une seconde chance.
09:41Et Colette est revenue à chanter une chanson de Charles Trenet.
09:45Il faut noter que Colette a écrit pour un tas de personnes.
09:48Entre autres, beaucoup de chansons pour Juliette Gréco,
09:51pour Marcel Hamon.
09:52Et en fait, ces chansons marchaient tellement
09:54qu'elle s'est oubliée.
09:55Qu'elle n'a pas décidé d'aller chanter
09:57parce que c'était son rêve.
09:58Et donc, à 95 ans, elle réalise son rêve de chanter
10:01alors qu'elle était toute sa vie auteure de chansons à succès.
10:04Belle histoire.
10:05Que vont-ils devenir, les enfants amoureux ?
10:09Comment faire, comment faire pour être heureux ?
10:18Mais donc, elle n'a pas été choisie.
10:20Oui, c'est le coeur des filles.
10:23Ça va être compliqué après, c'est un concours de chant quand même.
10:28Donc le buzz, pardon.
10:30Mais non !
10:31Pardon, ça sera pas le joie.
10:32Non, c'est vraiment émouvant.
10:33Oui, mais c'est le buzz quand même.
10:35Allez, on se retrouve dans un instant avec Darius Rozman.
10:38Ça mérite d'exister.
10:40Le 10h midi, Sud Radio Média.
10:44Valérie Expert, Gilles Gansman.
10:48Sud Radio Média, l'invité du jour.
10:51L'invité du jour, c'est le journaliste Darius Rozman.
10:54Darius Rozman qui est avec nous.
10:55Vous êtes sur LCI depuis 5 ans.
10:574 ans.
10:584 ans, depuis 2020-2021.
11:01Vous présentez le 20h face à Darius Rozman.
11:05Enfin, à 20h face à Darius Rozman
11:07et puis à 22h Rozman-Broussoulou.
11:10Donc deux émissions, des interviews prestigieuses
11:15depuis de nombreuses années quand vous étiez en Suisse
11:18puisque vous êtes un expat dans l'autre sens.
11:21Vous étiez une star en Suisse.
11:23Vous présentiez le 19h30.
11:25Oui, mais c'est pas la même chose.
11:27Vous présentiez le 19h30 tous les soirs.
11:30Vous étiez une figure de la chaîne.
11:33Et puis vous aviez aussi le dimanche
11:35un grand rendez-vous d'interview
11:37aussi bien avec des gens du divertissement que de l'info.
11:40Vous ne regrettez pas d'avoir quitté ce statut
11:44de star de la Suisse romande ?
11:46Non, mais j'aime toujours beaucoup la Suisse, évidemment.
11:48Mais les deux pays ont leur charme.
11:51Et puis ici, l'art de la parole est différent.
11:54Moi, je suis toujours frappé de voir
11:56et en voyageant dans d'autres pays
11:57à quel point les Français aiment la parole.
11:59Je pense que c'est un cas unique au monde.
12:01Les Américains répondent de façon assez brève.
12:03Les Allemands, c'est une toute autre culture,
12:05quand même plus protestante.
12:06Alors que les Français aiment la parole.
12:08Et ça a beaucoup de charme.
12:09Certains invités, d'ailleurs souvent à raison,
12:11les téléspectateurs disent
12:13vous coupez trop la parole.
12:14Et c'est vrai, pardon, mea culpa nostra culpa.
12:17Et en même temps, certains,
12:18si on n'arrête pas le discours,
12:19ils pourraient parler pendant 30 minutes sans difficulté.
12:22Et ça, il n'y a pas ça en Suisse ?
12:24Non, ni en Suisse, ni en Allemagne, ni aux Etats-Unis,
12:26ni même en Italie.
12:27Les Italiens sont bavards pour les petites choses.
12:29Mais quand vous faites une interview avec un Italien,
12:30j'ai pas mal interviewé de responsable italien,
12:32président du conseil.
12:33Oui, parce qu'il y a la Suisse.
12:34Et en réalité, non, ils sont beaucoup moins...
12:36Il y a un goût de la parole française qui est sans fin.
12:39Aujourd'hui, c'est plutôt le 24 février
12:44qu'on entrera dans la quatrième année de guerre.
12:49Guerre en Ukraine, attaque de la Russie.
12:53Cette guerre que vous avez longuement traitée
12:55sur les antennes de LCI.
12:57Ce soir, une émission spéciale ?
12:59Oui, émission spéciale avec les voix,
13:01toutes les voix.
13:02On aura des voix comme Gérard Haraud,
13:03qui a toujours été, depuis le début,
13:05du camp plutôt de ce qu'on appelle la réelle politique.
13:07Ceux qui disaient, tôt ou tard,
13:08il faudra négocier avec Poutine.
13:10Mais aussi des voix ukrainiennes.
13:12Il y a Ina Shevchenko, par exemple,
13:13qui était toujours pour dire,
13:14non, non, on ne négocie pas avec Poutine.
13:16On se bat jusqu'à la dernière minute
13:18pour reconquérir le dernier centimètre carré de territoire.
13:20Oui, j'ai vu une émission jeudi ou vendredi
13:22où elle a été très contestée par tous vos invités.
13:25Je ne sais pas si c'est elle,
13:27mais il y a eu une invitée ukrainienne qui était...
13:29Il y a des débats vifs, absolument.
13:31Il y a vraiment les deux avis qui s'exprimeront.
13:33Et d'ailleurs, jusqu'à la fin.
13:35On verra quand cette guerre prend fin ou non.
13:37Il a fallu se mettre...
13:39J'ai envie de dire, vous avez appris
13:41en même temps que la guerre s'intensifiait,
13:44puisque ce n'est pas évident.
13:46Vous êtes très...
13:47Moi, j'avais beaucoup voyagé dans ces pays-là.
13:49J'avais fait beaucoup d'interviews,
13:50à la fois de Poutine,
13:52ensuite de Zelensky...
13:53Vous avez déjà rencontré Poutine ?
13:54Oui, j'avais interviewé Poutine en 2015.
13:57Poutine, c'est une sorte de policier...
13:59La marque policière est très forte chez lui.
14:01C'est-à-dire, il vous regarde avec un air assez méfiant,
14:03assez ironique.
14:05Il est intéressant d'interviewer,
14:06parce que comme Trump, d'ailleurs,
14:07c'est des gens qui ont vraiment le pouvoir.
14:09Donc, contrairement à des dirigeants occidentaux
14:12qui pensent tout de suite à ce que dira leur Parlement,
14:15leur parti, leur chef de parti, etc.,
14:17ils vous répondent vraiment ce qu'eux veulent.
14:19Donc, ça donne une certaine densité à l'entretien,
14:21pour le meilleur et pour le pire.
14:23Mais oui, il vous regarde un peu comme un policier
14:26de haute police.
14:28Ce n'est pas le policier du commissariat du coin,
14:30mais un policier de sûreté
14:32qui se dit « Oui, j'ai ton dossier,
14:34vas-y, vas-y, pose-moi ta question ».
14:36En plus, il parle allemand.
14:37Moi, je parle un peu allemand.
14:38Et hors interview...
14:39En anglais ?
14:40Si, un peu.
14:41Si, il parle anglais, mais moins bien.
14:42Il parle très bien allemand,
14:43parce qu'il était en poste à Dresde
14:44quand il était lieutenant-colonel du KGB.
14:46Et donc, j'avais eu, après,
14:47un entretien assez complet avec lui,
14:49en plus, après l'entretien.
14:51Vous avez plus de stress
14:53face à quelqu'un comme Poutine
14:55que face à un autre...
14:57que face à Zelensky, par exemple.
14:59Il y a une tension.
15:01Et en même temps, c'est une tension saine,
15:03parce que, disons,
15:04il se passe vraiment quelque chose.
15:05Oui, c'est ça.
15:06Vous savez que vous avez quelqu'un de...
15:07Comment ça se passe en coulisses
15:09quand on vous dit « Oui,
15:11vous êtes fouillé quand vous arrivez,
15:13vous savez qu'il y a une enquête des Russes sur vous,
15:16il y a des moyens de pression ? »
15:18Le premier interview que j'avais fait
15:20de ce type de personnage, c'était Arafat.
15:22C'était en 1993, je crois.
15:24Et ils avaient tellement peur des attentats.
15:26Et vous savez, moi, je suis un peu, comment dire,
15:28parano, j'ai toujours peur de manquer de stylos.
15:30Donc, j'avais une boîte avec 50 stylos.
15:32Et c'était l'époque où on avait peur
15:34des stylos empoisonnés.
15:35Et donc, les gardes du corps m'avaient forcé
15:37à mettre sur le doigt un point
15:39avec chaque stylo de mes 20 stylos,
15:41parce qu'on avait peur qu'on pique Arafat
15:43pour l'assassiner.
15:44C'est un stylo, une seringue empoisonnée.
15:46Et on vous demande d'avoir rien sur vous, alors ?
15:48Alors, en l'occurrence, en réalité,
15:50souvent, ça se fait dans un certain désordre,
15:52on a l'impression. Et même Poutine, par exemple,
15:54on était à Saint-Pétersbourg,
15:56dans un palais tout près du golfe de Finlande.
15:58Et on avait progressé
16:00salle par salle jusqu'à arriver à lui.
16:02Et jusqu'à la dernière seconde, on ne savait pas
16:04si on pouvait vraiment l'interviewer.
16:06Ce qui est aussi une façon de faire pression sur les gens.
16:08Pour les intimider, bien sûr.
16:10Il y a beaucoup de stratégies d'intimidation,
16:12comme ça, toujours.
16:13Donc, vous aviez voyagé dans ces pays,
16:15vous aviez déjà réalisé certaines interviews.
16:17Néanmoins, le Donbass,
16:19parfois sur LCI,
16:21quand on regarde des émissions,
16:23on voit parler de territoires
16:25dont on a d'opérations militaires,
16:27de choses extrêmement précises. Et c'est ce qui a fait
16:29la qualité de l'antenne d'LCI, d'ailleurs,
16:31et qui a fait son succès sur cet événement.
16:33Vous avez été leader de l'information.
16:35C'est vrai. Et en même temps,
16:37il y a l'incertitude de la guerre. On ne sait jamais de quoi
16:39le lendemain sera fait. Et d'ailleurs,
16:41objectivement, on s'est beaucoup trompé.
16:43Vous savez, les journalistes se trompent beaucoup. Heureusement.
16:45Ça montre qu'il ne faut pas trop se tromper
16:47quand même. Mais enfin, la guerre est
16:49imprévisible. La guerre est imprévisible.
16:51Moi, je suis toujours frappé dans la génération. Vous savez,
16:53j'avais beaucoup fait d'interviews de Badinter
16:55ou de Yann Carrière d'Encausse, qui étaient des
16:57nonagénaires. Et ils disaient
16:59à quel point, pour eux, l'effondrement
17:01de la France en 1940 avait été
17:03un choc inouï. Parce que, pour les Français
17:05de 1940, la France, la grande puissance française,
17:07c'était inimaginable que l'armée française
17:09puisse se déliter. Et bien,
17:11de la même façon, aujourd'hui, qui sait exactement
17:13ce qu'est la vraie puissance des armées
17:15respectives ? Il y a encore aujourd'hui un
17:17facteur d'incertitude qui est énorme. Et ça se
17:19sent, d'ailleurs, chez les invités. Quand vous êtes face
17:21caméra, souvent, ils prennent l'air assez assurés.
17:23Et puis juste après, vous leur dites
17:25« Mais vous êtes sûrs ? ». Et vous comprenez que les
17:27plus grands généraux, les plus grands spécialistes doutent.
17:29Et heureusement, ça montre qu'ils sont...
17:31Mais justement, est-ce que des fois, on n'a pas l'impression que c'est
17:33pas des invités de pacotille ?
17:35Mais c'est du bavardage.
17:37Mais ils ne sont pas sur le terrain. Ils ont pas
17:39forcément... C'est un peu
17:41des reproches qu'on a fait au Covid aussi, avec
17:43beaucoup de gens qui venaient en plateau s'expliquer.
17:45Comment vous...
17:47Alors, il y a Anne Nivin, qui est une vraie spécialiste
17:49qui est avec vous. – Oui. C'est un peu injuste. Ces reproches sont un peu
17:51injustes parce que beaucoup de ses invités ont vraiment
17:53une expérience. Vous citez Anne Nivin. – Oui, vous avez des généraux.
17:55– Moi, j'avais voyagé avec elle en Russie. Elle vous apprend
17:57ce qu'est la mentalité russe. Par exemple, la dureté
17:59des rapports de force. Moi, je me rappellerai toujours. On a fait
18:01une émission spéciale avec Anne Nivin dans un restaurant russe.
18:03– Qui sera là ce soir. – Qui sera là ce soir. Elle fait
18:09même le MMA. Moi, qui suis un nul en sport, comme je vous disais,
18:13c'est un autre monde. – Elle est du caractère. – Et si vous entrez
18:15dans un restaurant russe, si vous n'êtes pas un peu désagréable,
18:17vous êtes un plouc. Parce qu'il faut jouer
18:19le rapport de force. Il faut dire, je ne veux pas être assis là,
18:21je veux être assis là. Non, je change d'avis, etc.
18:23C'est comme dans le film de Louis de Funès.
18:25Vous savez, la folie des grandeurs. Si vous êtes riche,
18:27vous êtes désagréable, dit Louis de Funès. C'est ça.
18:29Si vous êtes puissant, il faut montrer que vous êtes puissant
18:31et un peu désagréable. De la même façon,
18:33oui, quand vous connaissez, par exemple,
18:35le terrain, vous avez un atout des gens comme
18:37Michel Goya, par exemple. – Oui, absolument.
18:39– Ils ont dirigé des groupes de snipers. Ils ont fait la guerre
18:41pour de vrai. Donc, ils ont une expérience qui est très forte.
18:43– Amneva qui publie, d'ailleurs,
18:45un article dans Le Point,
18:47expliquant à quel point les Russes
18:49sont un peu fatigués de cette guerre,
18:51le peuple russe. Vous avez vu
18:53cet article ? – Bien sûr, bien sûr.
18:55Et les Ukrainiens aussi. – Vous êtes d'accord avec eux ?
18:57– Vous savez, on dit tout. On dit les forces et les faiblesses
18:59des uns et des autres. Du côté russe,
19:01évidemment, la fatigue de la guerre. Du côté ukrainien,
19:03les désertions. Il y a eu
19:05beaucoup de désertions. Je crois qu'il y a eu
19:07600 000 environ ukrainiens qui sont hors
19:09de l'Ukraine, qui peut-être, si l'Europe le
19:11voulait, les armées pourraient revenir
19:13combattre. Mais on dit tout. Les faiblesses,
19:15c'est les forces des uns et des autres. – On a été quand même
19:17surpris de voir que la Russie, finalement,
19:19n'était pas
19:21l'armée qu'on imaginait. C'est-à-dire que
19:23on a trois ans de guerre.
19:25On le dit dans la quatrième année
19:27aujourd'hui même. Et la Russie n'a pas
19:29gagné. – La Russie n'a pas gagné,
19:31mais elle n'a pas perdu non plus. Ils n'ont pas réussi
19:33à prendre Kiev, donc ça a été un grand échec.
19:35Mais aujourd'hui, on assiste quand même à cette
19:37chose incroyable que même le président de la République dit
19:39qu'on ne pourra pas reconquérir
19:41par les armes la Crimée
19:43et le Donbass. Et ça, c'est la partie réussite
19:45des Russes. Il y a l'échec et il y a la réussite.
19:47– Oui.
19:49– Est-ce que vous pensez que
19:51Poutine a une vraie volonté de la paix
19:53désormais ? – Je crois que
19:55Poutine a une volonté impériale, en tout cas
19:57dans son espace, c'est-à-dire la nostalgie
19:59de l'Union soviétique. Vous savez, il y a sa phrase
20:01fameuse qui dit
20:03« Si on n'a pas de cœur et pas d'esprit,
20:05est-ce qu'on regrette l'Union soviétique ? »
20:07Il y a une volonté, en tout cas, d'empire sur
20:09les anciens territoires soviétiques.
20:11Quelle est sa volonté d'empire plus loin ?
20:13Ça, c'est une question ouverte.
20:15– Ce matin, je crois que c'est
20:17Libération qui titrerait « Trois ans de guerre, l'Ukraine
20:19entre la menace russe et l'appétit de Trump ».
20:21Trump qui réclame des
20:23terres à l'Ukraine. – Les minerais.
20:25– C'est des terres riches.
20:27– C'est un business man.
20:29– Je crois, je crois surtout que plus loin que ça,
20:31il y a une idée presque de Yalta,
20:33de partage du monde,
20:35du partage des influences, qui est une vieille idée
20:37américaine. C'est-à-dire, on dit toujours
20:39Trump, Trump, Trump, mais il y a une continuité,
20:41c'est le génie des nations, les Américains
20:43pensent Américains, les Français, Français,
20:45les Russes, Russes. Et en réalité,
20:47déjà, par exemple, Bush,
20:49Bush le père, était allé à Kiev en 1991.
20:51Le discours existe sur Internet.
20:53Et c'est saisissant parce qu'il dit aux Ukrainiens
20:55en 1991,
20:57rester en Union soviétique en substance.
20:59Parce que déjà à l'époque, les Américains,
21:01qui sont souvent des réels
21:03politiciens assez durs, considéraient
21:05qu'il y avait un espace russe
21:07et puis qu'on se partageait en réalité
21:09des influences. – Et Trump, vous l'avez interviewé ?
21:11– J'ai rencontré à Davos.
21:13Je ne l'ai pas interviewé, mais dans un petit groupe. Et c'est toujours intéressant
21:15de voir les gens, physiquement,
21:17de Poutine. Et Trump dégage
21:19une impression de puissance, de densité.
21:21Il est très grand, d'abord.
21:23C'est ce qui frappe. – Massif.
21:25– Il est gros, il est massif, mais il est aussi très grand.
21:27Et,
21:29très concentré,
21:31très travailleur. En réalité, on comprend
21:33à sa façon d'écouter qu'il a les dossiers en tête.
21:35Il faut toujours se méfier, vous savez,
21:37la légende des gens qui ne travaillent pas.
21:39En général, c'est faux. – Oui, c'est ça, le cliché,
21:41il joue au golf, il mange des hamburgers, il boit du coca.
21:43– Bien sûr, très concentré, très travailleur,
21:45qui sait très bien là où il veut en venir.
21:47Tout ça habillé par des déclarations qui peuvent être
21:49un peu excessives, excentriques.
21:51– Qu'il y croit, ces déclarations ?
21:53– Vous savez, c'est le travers
21:55où la qualité, chacun jugera,
21:57du promoteur new-yorkais.
21:59Vous commencez par gueuler très fort pour attendrir la viande,
22:01pour impressionner, et après,
22:03vous entrez dans le vif de la discussion.
22:05Mais le travail, ça, ça m'a beaucoup impressionné.
22:07Je suis passionné de biographies historiques.
22:09Il y a un personnage, Talron,
22:11il y a des centaines de biographies qui ont été écrites
22:13sur lui, avec la légende du
22:15il ne travaillait pas,
22:17il passait son temps dans les salons jusqu'à tard le soir.
22:19Non, il y a une biographie qui est fantastique,
22:21qui est Vareskiel, qui a examiné
22:23exactement son travail, qui montre que
22:25tous ces gens de pouvoir, en réalité, sont de très grands travailleurs.
22:27– Vendredi, il y a des émissaires américains
22:29qui vont aller en Russie
22:31pour des négociations. Comment vous faites
22:33pour les suivre à ce moment-là ?
22:35Par exemple, vendredi, est-ce que
22:37vous aurez des envoyés spéciaux là-bas ?
22:39– Oui, alors on a beaucoup d'envoyés spéciaux.
22:41En Ukraine, souvent, en Russie,
22:43on est allé vraiment partout. Ça, c'est aussi la force,
22:45pas seulement de LCI, mais TF1,
22:47on est adossé à ce groupe-là.
22:49Et puis une liberté de pensée
22:51qui est très grande, c'est-à-dire qu'on a pu
22:53interviewer sur la chaîne
22:55à la fois un diplomate chinois
22:57qui faisait l'éloge de Mao, alors à ce moment-là,
22:59il faut évidemment le reprendre.
23:01– C'était l'ambassadeur, non ? – Oui, l'ambassadeur.
23:03– Vous vous êtes confronté à lui ? – Voilà, il est parti.
23:05Il est revenu, parce que je crois maintenant, il est nommé
23:07pour toute l'Europe, et là encore, c'est intéressant.
23:09– Vous n'allez pas se lâcher avec lui ?
23:11– On verra en 2100 peut-être
23:13qu'il faudra parler chinois, disent les pessimistes.
23:15– C'est vrai ?
23:17– Qui sait ce que seront les empires en 2100 ?
23:19Le rempart de Bourges quand même.
23:21– Oui, oui, ça c'est certain.
23:23Mais ce que vous dites est très juste
23:25sur le physique des politiques
23:27qui sont parfois
23:29très parlants et très impressionnants.
23:31– Oui, c'est toujours intéressant
23:33de les voir en vrai, comme on dit.
23:35– Parce qu'ils se dégagent quelque chose
23:37de particulier.
23:39Ce sont des hommes quand même,
23:41à part des hommes et des femmes.
23:43Des femmes, je ne sais pas,
23:45mais en tout cas des hommes politiques
23:47qui vous transpercent parfois.
23:49– Bien sûr, c'est Gisèle Halimi qui racontait
23:51de manière très drôle, vous savez,
23:53c'est la première fois qu'elle a vu de Gaulle
23:55et elle décrivait à quel point elle a regardé,
23:57elle a l'impression qu'elle avait une montagne
23:59face à lui. Je ne sais pas si vous vous souvenez
24:01de l'histoire de Gaulle, qui était un peu vieux genre,
24:03qui a voulu un peu la rabaisser, qui lui dit
24:05« Mais alors, dois-je vous appeler madame ou mademoiselle ? »
24:07Et Gisèle Halimi lui a répondu « Mais appelez-moi maître,
24:09c'est avocate. » Alors il s'est un peu rembruni.
24:11– Allez, on va marquer une pause et on se retrouve
24:13dans un instant avec vous, Darius Rochbin,
24:15pour parler donc de cette émission spéciale ce soir.
24:17– Et puis un peu d'info française.
24:19– De l'info, de la manière dont on traite l'information,
24:21à tout de suite.
24:23– Absolument.
24:25Le 10h30, Sud Radio Média
24:27Valérie Expert, Gilles Gansman.

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