• il y a 2 mois
Avec Martine Laroche-Joubert, Journaliste – Reporter de Guerre

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##SUD_RADIO_MEDIA-2024-09-06##

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News
Transcription
00:00Le 10h30, Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Anzmann.
00:05Bonjour à tous et à toutes, heureuse de vous retrouver pour ces deux heures d'infos.
00:09On commence avec les médias comme tous les jours.
00:11Bonjour Gilles Anzmann.
00:12Bonjour Valérie.
00:13Et bonjour à notre invité du jour, Martine Laroche-Joubert.
00:15Bonjour.
00:16Merci d'être avec nous.
00:17Grand reporter parmi les premières femmes.
00:20On en parlait juste avant l'antenne.
00:22Parmi les premières femmes, grand reporter sur des terrains de guerre.
00:26On vous accueille ce matin, on vous reçoit pour parler d'un doc extrêmement fort, extrêmement puissant.
00:32Enquête à Gaza, des vies en enfer.
00:34C'est dans le cadre d'enquêtes exclusives dimanche soir sur M6 à 22h50.
00:39Vous avez mandaté diriger une journaliste sur place puisque personne ne peut aller à Gaza, aucun journaliste étranger.
00:47Voilà, les autorités israéliennes ont interdit à tous les journalistes internationaux d'entrer dans Gaza.
00:53C'est très rare, une décision pareille.
00:55Il est déjà arrivé qu'on ne puisse pas entrer à Gaza, que je connais bien.
00:58Mais pendant, disons, quelques jours ou même quelques semaines, je crois une fois.
01:03Mais là, ça fait quand même des mois.
01:05Et il y a eu un recours devant la Cour suprême.
01:07Les journalistes ont fait un recours devant la Cour suprême israélienne
01:09qui a déclaré que pour des raisons de sécurité, c'était pour ça qu'on ne pouvait pas entrer.
01:13Certainement, la sécurité joue, mais pas seulement.
01:16Moi, si il y a un témoin, mieux c'est.
01:18De quoi ils ont peur, d'après vous ?
01:21Qu'on soit des témoins.
01:23Et que du coup, comme il faut faire travailler des gens à distance,
01:29que Gaza soit peut-être moins sous les feux de l'actualité.
01:33Parce que c'est un effet compliqué de faire travailler des gens à distance.
01:38Ça demande beaucoup d'énergie.
01:40Et voilà, je pense que c'est pour ça.
01:43Parce que les humanitaires, eux, peuvent entrer.
01:45Ils peuvent entrer depuis le mois de janvier.
01:47À l'époque, lorsque vous étiez sur des grands terrains de guerre,
01:51vous étiez la seule personne ou la seule image sur laquelle on pouvait se raccrocher,
01:56le seul lien qu'on avait.
01:58Aujourd'hui, il y a le web, les youtubeurs, un tas de monde.
02:03Est-ce que ça change votre métier ou la donne d'avoir d'autres témoignages
02:06que celui unique du journaliste ?
02:09Franchement, je ne trouve pas que ça ait beaucoup changé le métier.
02:12Parce que finalement, ce qu'il y a d'important,
02:14c'est d'être au bon endroit, au bon moment,
02:17et de savoir raconter une histoire.
02:19Et ça, ça n'a pas changé, d'ailleurs, depuis toujours.
02:22Depuis Albert Landre, au moins, et même avant.
02:24Donc ça, c'est l'essentiel.
02:26Et le fait, par exemple, qu'à Gaza, il y ait beaucoup d'instagrammeurs...
02:31Mais on le voit dans votre doc.
02:33Moi, ça m'a aidé de voir le boulot absolument extraordinaire qu'ils faisaient.
02:36Parce qu'avant, ils donnaient, je ne sais pas, moi comme tout le monde,
02:38des recettes de cuisine, ils montraient ce qu'ils faisaient dans leur vie quotidienne.
02:41Et là, ils sont passés à reporter de guerre improvisé.
02:44Et tous les jours, ils envoient des posts vraiment bien.
02:48Donc moi, ça m'a aidé à croiser les informations,
02:52à mieux comprendre ce qui se passait.
02:54Et il y a des garçons, il y a des filles.
02:56Certaines voilées, d'autres pas du tout.
02:58Et voilà, ça c'est un plus.
03:01On va y revenir évidemment en détail dans un instant,
03:04mais on commence comme tous les jours par le zapping.
03:11Ça y est Valérie, la France a enfin accouché.
03:14Bravo, c'est un garçon.
03:15Premier ministre,
03:17alors aussitôt nommé, aussitôt la passation de pouvoir à Matignon.
03:22Alors vous avez vu, il y avait un Gabriel Attal, assez fier de lui,
03:25avec un long discours.
03:26Et après ce long discours,
03:28eh bien Michel Barnier l'a un peu remis à sa place.
03:31Je peux dire quelques mots là ?
03:36J'ai bien aimé la manière dont
03:38vous m'avez donné des...
03:40non pas des leçons.
03:46Enfin les enseignements,
03:48même si ça n'a duré que huit mois,
03:50que l'on apprend quand on est Premier ministre.
03:53Ça m'a été très très utile.
03:55J'ai bien aimé aussi la manière dont vous m'avez dit que
03:58mon bureau...
04:02Je l'ai trouvé un peu vide tout à l'heure.
04:05C'est une séquence un peu plus longue,
04:08mais qui valait et qui était effectivement...
04:10Oui, c'est au vieux singe, on n'apprend pas à faire la grimace.
04:12Vous avez regardé la passation ?
04:14J'ai écouté Michel Barnier,
04:17et je venais d'entendre à la télé
04:19à quel point il serait ennuyeux,
04:22pas drôle, pas d'humour, etc.
04:24Et j'écoute ce qu'il raconte dans la voiture,
04:27et là j'ai été étonnée,
04:29parce qu'il a lancé comme ça les tacles,
04:32paf, paf, paf !
04:34Et ça contrassait tellement
04:36avec ce que je venais d'entendre sur lui,
04:38que j'ai vraiment été étonnée.
04:40Mais le ton a changé un peu ce matin,
04:42d'ailleurs dans les différentes antennes,
04:45où hier c'était vraiment assez critique
04:48sur l'âge de Barnier.
04:50Et ce matin, les gens ont été,
04:52j'entendais les journalistes,
04:54plutôt séduits par l'homme,
04:56et plutôt contents de ce choix.
04:58Juliette, qui s'occupe des politiques ici,
05:00s'intéresse après la séquence,
05:02en disant, hop, on va peut-être se marrer.
05:04Je pense que ça résume bien
05:06ce que les gens ont pensé.
05:08Évidemment, à gauche, Valéry,
05:10ça hurle dans tous les sens.
05:12Hier, dans C'est à vous,
05:14Patrice Duhamel et Patrick Cohen
05:16ont dit au patron du UPS, Olivier Faure,
05:18qui était en plateau,
05:20qu'ils l'avaient bien cherché.
05:22Il y a eu un vote dans vos instances,
05:24et après ça, vous vous retrouvez
05:26avec quelqu'un qui représente
05:28la droite républicaine.
05:30C'est quand même pas un triomphe tactique.
05:32Je suis désolé.
05:34Relisez ce que nous avons adopté.
05:36Nous avons posé, nous avons dit
05:38que nous étions favorables
05:40à un certain nombre de points,
05:42et que nous jugerions du Premier ministre
05:44en fonction des points qu'il viendrait défendre.
05:46Vous avez rejeté les propositions de vos opposants
05:48qui voulaient vous faire dire
05:50que vous ne censeriez pas automatiquement
05:52Bernard Cazeneuve s'il était nommé.
05:54Pourquoi donc ? Parce qu'il y avait, là,
05:56le fait de briser le Front Populaire
05:58sans même avoir l'assurance que Bernard Cazeneuve serait à Matignon.
06:00Vous imaginez ce que ça peut représenter ?
06:02C'est complètement illusoire.
06:04Comment peut-on, dans le rien fait passer du tout,
06:06arrêter cette palinodie
06:08avec cette fable ? Ça n'est absolument pas le cas.
06:10Eh oui, les municipales
06:12ont vu, et l'EPS tout seul,
06:14il pourrait perdre des vies.
06:16Voilà pourquoi il s'accroche à El-Effi.
06:18Et puis après, évidemment,
06:20c'est l'improportionnel.
06:22Il votait entre-temps, alors là, ça va changer
06:24fort de force, madame.
06:26Moment fort hier, au procès de Mazan,
06:28où la victime, Gisèle Pellicot,
06:30a livré un témoignage glaçant
06:32devant son mari, donc,
06:34et les 50 hommes. Son ex-mari.
06:36Je ne sais pas s'ils sont séparés.
06:38Son ex-mari.
06:40Et les 50 hommes
06:42accusés de 200 viols.
06:44Reportage dans le 20h de France 2.
06:48Précise, posée.
06:50Elle livre un témoignage glaçant.
06:52Raconte comment sa vie a volé en éclats
06:54en 2020. Lorsqu'elle se découvre
06:56sur des vidéos, telle une poupée de chiffon,
06:58dit-elle, à côté d'inconnus abusant
07:00d'elle. Dix ans de viols orchestrés
07:02et filmés par son mari,
07:04qui la droguait au somnifère.
07:06A la sortie de l'audience, déterminée,
07:08elle s'exprime pour la première fois.
07:10C'est pas évident, bien évidemment. C'est un exercice
07:12de style qui n'est pas facile.
07:14Et puis il y a aussi la pression de tous ces individus
07:16qui sont derrière moi. Et je sens bien
07:18qu'on essaye, au niveau des questions,
07:20d'interroger, bien évidemment. Donc,
07:22j'essaye de répondre le mieux possible.
07:24Et puis, il va falloir se battre jusqu'au bout, bien sûr,
07:26parce que ce procès va durer quatre mois.
07:28Près de 4 000 photos et vidéos auraient été
07:30retrouvées dans l'ordinateur de son mari.
07:32200 viols commis, selon les enquêteurs.
07:36Que dire ?
07:38Vous suivez ce procès, j'imagine ?
07:40Oui, je le suis. C'est tellement...
07:42C'est tellement effroyable.
07:44Ça dépasse l'imaginaire,
07:46ça dépasse l'entendement. C'est toujours
07:48des perversions du mari,
07:50mais de ces hommes qui
07:52sont allés, qui ont
07:54fait subir à cette femme, avec
07:56ses excuses.
07:58L'un disant, c'est pas moi, c'est mon sosie.
08:00L'autre, je croyais qu'elle était consentante.
08:02C'est l'horreur.
08:04Tous la tête baissée avec leurs lunettes.
08:06A noter, Valérie, que samedi soir,
08:08sur TFX, il y aura un documentaire
08:10sur ce sujet. On devrait recevoir
08:12le réalisateur. Mais vous pouvez regarder
08:14ce documentaire sur TFX
08:16samedi soir. C'est incroyable,
08:18Valérie, mais hier,
08:20beaucoup de chaînes d'info ont annoncé
08:22Michel Bernier
08:24comme Premier ministre, et pas
08:26Michel Barnier. C'était donc...
08:28Michel Bernier, la comédienne.
08:30C'était donc une stagiaire, un matignon,
08:32qui avait été nommée. C'était très drôle.
08:34Bertrand Charmeroy a donc...
08:36On a parlé, on a fait sa chronique, donc c'est
08:38à vous. C'est au tour de Michel
08:40Bernier d'être évoqué. Parce que Michel
08:42Bernier, le fait que Michel Bernier
08:44ait beaucoup d'expérience en politique...
08:46Pourquoi Michel Bernier ? Plutôt que Xavier Bertrand.
08:48Alors non, Michel LE Bernier,
08:50c'est la comédienne, et elle a
08:52réservé sa première prise de parole à la baissure.
09:00Alors en tout cas, moi je suis ravie, hein,
09:02que vous ayez tous envie que je sois Premier ministre,
09:04mais je ne suis pas Premier ministre.
09:06Et entre ma tignon et ma carrière,
09:08ben, j'osee ma carrière. Allez,
09:10je vous embrasse.
09:12Laissez-la tranquille, Marchand.
09:14Au-delà de la boutade,
09:16c'est pas un peu triste pour le journalisme ?
09:18Ça peut arriver,
09:20ça peut arriver. Mais sur toutes les chaînes ?
09:22Oui, mais je veux dire,
09:24ils sont tous très jeunes, souvent,
09:26sur les chaînes, et voilà, Michel Bernier,
09:28ça leur disait
09:30pas grand-chose, je suppose.
09:32Bon, maintenant,
09:34ça peut arriver.
09:36Valérie, évidemment, déjà,
09:38j'étais heureux de redémarrer avec vous
09:40la huitième saison et cette première semaine.
09:42Je me suis dit que je vais fêter ça.
09:44Fallait que je vous fasse un cadeau.
09:46J'ai vu hier, dans cette avoue, apparaître votre chouchou
09:48qui était là. Et oui, Barbara Pravi !
09:50Et en plus,
09:52elle a chanté en live sa nouvelle chanson.
09:54Oh là là ! Quel cadeau pour vous !
10:10Non, je préfère ça,
10:12parce qu'elle a une jolie voix.
10:14C'était sa chanson, en fait, que je n'aimais pas,
10:16la précédente.
10:18Donc, vous voyez, je finis bien la semaine
10:20avec vous, c'est un beau cadeau.
10:22Elle vient de tourner dans un film, d'ailleurs.
10:24Oui, elle vient de tourner dans un film.
10:26Elle était sur le plateau de cette avoue pour faire la promo
10:28du film avec Claude Lelouch.
10:30Exactement.
10:32Vous la réconciliez.
10:34J'aimais pas la chanson de l'Eurovision à l'époque.
10:36Faites-le, si vous voulez.
10:38On se retrouve dans un instant avec Martine Laroche-Joubert,
10:40grand reporter, journaliste.
10:42Je rappelle que vous aviez publié
10:44un livre aux éditions du Cherche-Midi,
10:46Mémoire d'une reporter de guerre.
10:48On va parler avec vous de ce document très fort
10:50qui sera à voir sur M6
10:52en enquête exclusive, Enquête à Gaza,
10:54avec des images
10:56rarement vues
10:58et un point de vue des habitants de Gaza
11:00très intéressant. A tout de suite.
11:09Sud Radio Média,
11:11l'invité du jour.
11:13L'invité du jour, Martine Laroche-Joubert,
11:15journaliste, grand reporter de guerre.
11:17Vous avez coordonné,
11:19réalisé une enquête
11:21qu'on pourra voir dans
11:23Enquête exclusive dimanche soir
11:25à 22h50.
11:27Il y aura évidemment le replay Enquête à Gaza,
11:29des vies en enfer.
11:31Je rappelle que personne, aucun journaliste étranger
11:33n'est autorisé à pénétrer à Gaza.
11:35Vous avez voulu,
11:37racontez-nous un petit peu la genèse du reportage,
11:39rassembler des images,
11:41mandater une journaliste sur place
11:43pour filmer de l'intérieur
11:45ce que vit le peuple palestinien
11:47sans pour autant
11:49que ce soit un document,
11:51je le précise, à charge contre Israël.
11:53Alors on m'a proposé
11:55de faire ce documentaire
11:57début mars
11:59et j'ai accepté tout de suite
12:01parce que
12:03j'avais vu beaucoup de reportages,
12:05j'avais vu quelques reportages sur Gaza
12:07parce qu'il n'y a pas eu tant que ça
12:09et je n'avais rien vu sur
12:11la vie quotidienne des gens.
12:13Comment ils vivent,
12:15comment ils survivent,
12:17comment ils se nourrissent, comment ils se lavent.
12:19Je n'avais vraiment
12:21rien vu d'eux au quotidien.
12:23Donc ça a été
12:25tout de suite, je me suis dit
12:27je vais montrer leur vie quotidienne,
12:29je vais les laisser s'exprimer longuement.
12:31Mais pour ça, il fallait que je trouve
12:33à Gaza des gens en qui j'avais
12:35confiance.
12:37Je suis allée très souvent à Gaza,
12:39j'ai travaillé avec des journalistes gazaouis
12:41mais là, ils avaient eu la chance de pouvoir
12:43quitter Gaza avant le 7 mars.
12:45C'est grâce
12:47à un journaliste de Radio France
12:49que j'ai fini par trouver
12:51une jeune femme en qui
12:53j'ai pu avoir
12:55confiance. Elle a
12:5729 ans, son mari
12:59avait créé une boîte de production
13:01à Gaza et
13:03il a été tué dans un bombardement
13:05en octobre 2023
13:07et elle s'est retrouvée
13:09seule avec une petite fille
13:11de un an et elle a décidé
13:13de reprendre
13:15la direction de la boîte de son mari.
13:17Ce que j'ai trouvé
13:19à ce moment là très courageux
13:21parce que c'est quand même une femme dans un milieu
13:23très conservateur
13:25où il y a vraiment un système patriarcal
13:27extrêmement fort.
13:29Tout de suite,
13:31son personnage m'a
13:33intéressée.
13:35Je ne lui ai pas dit
13:37immédiatement que j'allais en faire
13:39un personnage du film parce que je connais
13:41bien les femmes de Gaza. Elles sont
13:43réservées, elles n'aiment pas
13:45parler d'elles-mêmes, elles n'en ont pas l'habitude.
13:47Donc au début,
13:49je lui ai confié la réalisation
13:51de certaines séquences.
13:53J'ai vu
13:55qu'elle se débrouillait bien parce qu'en plus
13:57c'est compliqué de tourner à Gaza, même pour elle
13:59parce qu'entre le nord et le sud,
14:01on ne peut pas passer puisqu'il y a une route
14:03contrôlée par les Israéliens
14:05qui passe au milieu.
14:07Et donc, je discutais
14:09avec elle tous les jours.
14:11Je lui envoyais des SMS avec les listes
14:13des questions, avec
14:15ce que j'aimerais qu'elle fasse
14:17ou qu'elle fasse faire.
14:19Ce qui avait aussi de très compliqué
14:21c'est qu'il faut envoyer les images par Internet.
14:23Ce sont des rushs. Comme on dit,
14:25on pèse lourd des rushs à envoyer.
14:27Elle n'avait pas toujours les bons points d'Internet.
14:29Pour elle, c'était compliqué de se déplacer
14:31parce que l'essence
14:33coûte une fortune.
14:37On a commencé à travailler comme ça.
14:39Et petit à petit,
14:43je l'ai apprivoisé.
14:45Et petit à petit aussi, il me semble que
14:47j'ai gagné sa confiance.
14:49Comment éviter
14:51qu'elle fasse sa propre propagande ?
14:53Il y a des propagandes
14:55de tous les côtés. Il y a des propagandes
14:57du côté à Gaza, il y a des propagandes
14:59en Israël.
15:01Dans les pays en guerre,
15:03il y a toujours de la propagande.
15:05Je suis très habituée à ça.
15:07J'en ai entendu beaucoup.
15:13Je croisais les informations
15:15parce que j'avais également contacté
15:17des humanitaires
15:19notamment une jeune
15:21femme qui était humanitaire
15:23pour MSF, qui tous les jours m'envoyait
15:25des petites vidéos, des petits messages
15:27pour me raconter
15:29ce qui se passait, etc.
15:31J'avais plusieurs voix. Je regardais aussi
15:33beaucoup la télé,
15:35Al Jazeera, CNN,
15:37pour essayer de croiser
15:39toutes les informations.
15:41Et sur la vie quotidienne,
15:43en tout cas, l'angle
15:45que j'avais choisi, il est quand même
15:47difficile de mentir.
15:49J'avais connu Shrouk,
15:51mes premières relations avec elle. Elle avait
15:53fui dans plusieurs endroits.
15:55Là, elle habitait à Rafah, mais dans un immeuble
15:57en dur. Maintenant,
15:59elle est dans une tente de
16:01briques et de broc sur le sable.
16:03Vous imaginez tous les problèmes
16:05d'intimité,
16:07d'hygiène qui se posent sur elle.
16:09Là-dessus, elle ne peut pas
16:11raconter des histoires. C'est la vérité.
16:13Je vous propose d'écouter un extrait
16:15sur la fuite des Gazaouis.
16:17Depuis des mois, les Gazaouis
16:19fuient en masse pour se protéger.
16:21Ils se sauvent avec leurs matelas, sacs plastiques,
16:23ustensiles de cuisine.
16:25L'armée israélienne donne l'ordre
16:27d'évacuer. Les civils n'ont pas
16:29le choix. Nous avons été
16:31réveillés ce matin par des
16:33tracts largués par des avions qui
16:35nous disent d'évacuer la zone.
16:37Comme tu vois, nous allons partir.
16:39Il y a eu des coups de feu,
16:41alors nous fuyons,
16:43comme tout le monde.
16:45Je prie Dieu qu'il nous soulage.
16:47Et parfois je prie de mourir en martyr.
16:49Le martyr serait mieux
16:51que la misère que nous vivons.
16:53Franchement, il n'y a aucune puissance arabe pour arrêter
16:55les Etats-Unis et Israël.
16:57C'est fini.
16:59Nos voix sont étouffées
17:01par le bruit des frappes qui se poursuivent.
17:03Et vous avez
17:05également plusieurs
17:07témoignages
17:09pour montrer à quel point
17:11ils en veulent
17:13énormément au Hamas.
17:15Certains, oui.
17:17C'est très difficile de parler du Hamas
17:19à Gaza. Chaque fois que
17:21moi j'y allais et que
17:23je posais des questions sur le Hamas,
17:25parce qu'il faut savoir que quand on entrait comme journaliste
17:27à Gaza, il fallait avoir
17:29avant la guerre, il fallait avoir
17:31à la fois des autorisations des Israéliens
17:33mais aussi l'autorisation du Hamas.
17:35Mais quand j'allais dans les familles,
17:37et que je posais des questions sur le Hamas,
17:39sans pousser les gens dans le retranchement,
17:41je sais ce qu'il risque.
17:43Les gens ne répondent pas, en général.
17:45Mais par exemple, je voyais de temps en temps
17:47les femmes qui se levaient, qui m'écoutaient,
17:49qui se levaient, qui allaient dans la cuisine,
17:51qui ouvraient le robinet d'eau,
17:53pas d'eau, ça voulait dire que
17:55l'argent qui était donné passait à autre chose
17:57qu'à améliorer leur quotidien.
17:59Voilà, c'est ce qu'elles voulaient
18:01me signifier.
18:03Et par des contacts personnels,
18:05ça c'est pas par
18:07la journaliste, pas vraiment des contacts personnels,
18:09j'ai
18:11j'ai joint ce témoin
18:13francophone qui
18:15balance très fort
18:17contre le Hamas.
18:19Vous avez refait la voix pour
18:21la protéger.
18:23J'ai reconstitué la voix
18:25qui est dite par
18:27quelqu'un d'autre à Paris, parce que
18:29je sais
18:31qu'elle risque, c'est-à-dire
18:33quelqu'un qui parle comme ça, c'est la mort.
18:35Même en ce moment, même en temps de guerre,
18:37le Hamas a toujours son emprise
18:39sur Gaza.
18:41Et elle vous raconte
18:43la façon dont elle en veut, en fait,
18:45au Hamas de prendre tout l'argent.
18:47Exactement, que l'aide humanitaire
18:49elle le dit,
18:51est prise par le Hamas,
18:53que beaucoup de gens avaient déjà quitté Gaza
18:55avant la guerre, parce que
18:57le Hamas, soit vous êtes avec lui,
18:59soit vous n'êtes pas vraiment avec lui
19:01dans ces cas-là, il n'y a pas de travail.
19:03Donc,
19:05elle raconte tout ça,
19:07vraiment, elle en veut énormément
19:09au Hamas, mais c'est une
19:11voix qui ne peut absolument
19:13pas s'exprimer
19:15librement, c'est impossible.
19:17Pour vous, les Gazaouis, c'est un peuple abandonné ?
19:19C'est un peuple
19:21abandonné,
19:23oui, d'une certaine manière,
19:25oui,
19:27mais je suis quand même frappée
19:29par
19:31la vie qui résiste,
19:33on le voit, je pense,
19:35un peu dans le documentaire, parce que malgré
19:37cette tragédie, malgré ces bombardements
19:39incessants, malgré les déplacements,
19:41il y a toujours des...
19:43La vie est quand même
19:45très forte pour les enfants qui jouent sur la plage.
19:47Mais est-ce qu'ils ont vraiment le choix, Martine ?
19:49Vous savez, je trouve,
19:51soit on meurt, soit on survit.
19:53Mais le paysage,
19:55le paysage...
19:57Ils ont envie de survivre,
19:59je trouve, malgré la fatigue,
20:01malgré l'épuisement...
20:03Parce que les images sont saisissantes,
20:05la destruction de cet endroit
20:07où il n'y a plus
20:09un immeuble, l'image du début du reportage
20:11et celui-là, c'est-à-dire
20:13de cette femme qui explique là où elle habitait
20:15tout est détruit.
20:17Donc la vie est extrêmement
20:19compliquée, effectivement,
20:21les traces de vie
20:23« normale » d'enfants qui jouent
20:25sont toujours saisissantes.
20:27Mais il n'y a pas que les enfants, il y a aussi, voyez,
20:2929 ans, et il y en a d'autres
20:31qui veulent continuer.
20:33Et d'ailleurs, ils ne disent pas
20:35qu'ils veulent quitter Gaza, pas du tout.
20:37Ils veulent rester à Gaza.
20:39Envers et contre tout.
20:41Ça, c'est...
20:43On appelle ça de la résilience,
20:45c'est un terme un peu...
20:47Et ça, c'est très fort.
20:49Ça vous manque de plus
20:51aller sur le terrain où vous dites,
20:53il y a un moment où il faut s'arrêter ?
20:55Ah non, oui, ça me manque beaucoup.
20:57Oui, il y a beaucoup de frustrations,
20:59parce que le terrain, c'est jamais ce qu'on imagine
21:01quand on est à Paris, c'est toujours autre chose.
21:03En plus, bon, le terrain,
21:05vous avancez, vous voyez les choses, vous avancez...
21:07Non, non, ça me manque, mais je n'allais pas
21:09m'arrêter à cette frustration. C'est pas parce que
21:11je ne pouvais pas aller à Gaza que je n'allais pas
21:13faire de reportage sur Gaza.
21:15La seule chose qui n'est pas évoquée, mais c'est pas
21:17l'angle non plus du documentaire,
21:19on est vraiment dans la vie des Gazaouis.
21:21Et c'est très fort parce que
21:23vous l'amenez, c'est construit, c'est vraiment
21:25un documentaire remarquable.
21:27La seule chose
21:29qui n'est pas abordée, c'est
21:31qu'on n'arrive pas à savoir
21:33si les Gazaouis en veulent à Israël.
21:35Oui, j'ai remarqué ça.
21:37Ils n'en parlent pas.
21:39Tout à l'heure, on a entendu cette femme qui dit
21:41qu'il n'y a aucune puissance pour...
21:43Contrer les Américains.
21:45Exactement, et Israël.
21:47Étrangement, ils n'en parlent pas.
21:49Et...
21:51Je pense que...
21:53Je ne veux pas
21:55parler à leur place. S'ils en avaient
21:57parlé d'eux-mêmes,
21:59je l'aurais mis,
22:01dans le montage.
22:03Ils n'en parlent pas.
22:05Du tout.
22:07Ils montrent ce qu'ils vivent.
22:09Mais la question
22:11ne leur a pas été posée dans ce que vous
22:13avez reçu comme image,
22:15comme interview ?
22:17Les questions ont été
22:19posées, mais ils évacuent la question.
22:21Ou alors, ils en parlent différemment.
22:23Ils disent qu'on sait que ça serait possible
22:25qu'il y ait des négociations,
22:27que cette guerre s'arrête.
22:29Il y en a un qui dit ça.
22:31Mais voilà.
22:33Ils n'arrivent pas à négocier.
22:37C'est...
22:39C'est étrange, mais c'est comme ça.
22:41On va marquer une pause.
22:43On se retrouve dans un instant avec vous, Martine Laroche-Joubert.
22:45Quand on égrène votre CV,
22:47on voit les prix que vous avez reçus,
22:49les pays où vous êtes allés,
22:51en particulier l'Afghanistan, dont on a parlé
22:53hors antenne.
22:55Je voudrais bien qu'on évoque
22:57ces pays où vous êtes allés et tout ce qui a changé
22:59depuis. A tout de suite.
23:11Le Supplément Média,
23:13avec Martine Laroche-Joubert, ce matin,
23:15pour parler de ce documentaire,
23:1752 minutes,
23:19à retrouver dans Enquête Exclusive à 22h50
23:21sur M6. Enquête à Gaza,
23:23des vies en enfer, la vie quotidienne
23:25à Gaza vue de l'intérieur,
23:27racontée de l'intérieur par des
23:29journalistes
23:31qui sont sur place,
23:33par aussi, vous l'avez évoqué,
23:35des Instagram, des vidéos
23:37qui sont tournées par les habitants
23:39de Gaza. Ce sont des images
23:41rares. C'est produit par
23:43Slug News,
23:45une petite société,
23:47il faut le remarquer.
23:49Mais qui produit des documentaires
23:51très forts.
23:53Mais c'est très fort,
23:55parce que ce sont des images rarement vues.
23:57On a parfois quelques images dans les journaux
23:59télévisés de bombardements.
24:01Mais là, on est au cœur de cette
24:03ville.
24:05Et avant de parler
24:07de votre carrière dans cette deuxième partie,
24:09je voulais vous faire écouter un deuxième extrait.
24:11Elle a pu pénétrer dans ces tunnels
24:13et dans ces tunnels,
24:15on découvre des choses incroyables.
24:17Objectif des autorités israéliennes,
24:19détruire les tunnels.
24:21Des tunnels plus nombreux
24:23qu'elles ne l'imaginaient. Des centaines
24:25de kilomètres sous la surface de Gaza,
24:27selon des spécialistes militaires.
24:29Dans les années 2010,
24:31le Hamas, après sa prise du pouvoir,
24:33y voit un intérêt stratégique
24:35pour mener des attaques sur le sol israélien.
24:37Il va financer la construction
24:39de nouveaux tunnels à visée militaire
24:41et y consacre des sommes considérables
24:43avec, entre autres, l'argent du Qatar.
24:45Alimenté en eau et en électricité,
24:47avec un système de ventilation,
24:49des zones de vie, des postes de commandement,
24:51des stocks d'armes, des fabriques
24:53d'armement. Ici, selon ce militaire,
24:55le chef du Hamas,
24:57Yahya Sinwar, se serait caché.
24:59Voici à droite des
25:01toilettes et une douche.
25:03Ils ont construit tout ça
25:05sous la terre pour eux.
25:07Ici, vous avez une cuisine toute équipée
25:09pour des séjours longs.
25:11C'est ce qu'ils prévoyaient.
25:13Vous pouvez voir des produits qui viennent de l'aide humanitaire
25:15alors qu'ils étaient destinés
25:17aux habitants de Gaza.
25:19Et puis, on y voit aussi un coffre
25:21où il y a énormément d'argent.
25:23On voit ces images de ce coffre.
25:25Qu'est devenu l'argent ?
25:27Oui, des millions de dollars et de chèquelles.
25:29Écoutez, je suppose que c'est l'armée
25:31israélienne qui a pris cet argent.
25:33Donc, le luxe
25:35sous le sol et la misère
25:37en haut du sol ?
25:39Luxe, c'est peut-être un grand mot.
25:41C'est quand même assez sommaire.
25:43Mais enfin, il y a toutes les installations nécessaires
25:45pour survivre
25:47sous terre.
25:49Mais c'est bien une preuve
25:51que le Hamas
25:53avait beaucoup d'argent.
25:55Beaucoup, beaucoup, beaucoup.
25:57Et qu'il avait aménagé
25:59des tunnels beaucoup plus nombreux
26:01que je pense que même l'armée israélienne
26:03ne le pensait.
26:05Oui aussi.
26:07Dans le doc, on la voit dire
26:09qu'elle n'imaginait pas autant de tunnels.
26:15Ils appellent ça le métro de Gaza.
26:19Je voulais qu'on parle quand même
26:21de l'Afghanistan. Vous y êtes allés.
26:23J'évoquais juste avant la coupure
26:25l'infinité
26:27des reportages que vous avez faits.
26:29Les pays que vous avez visités.
26:31Enfin, visités, ce n'est pas visités.
26:33Le conflit que vous avez couvert.
26:35Et Gaza, vous aviez
26:37été à Kaboul
26:39et vous aviez remporté d'ailleurs en 2012
26:41le micro d'or du meilleur reportage
26:43sportif pour les boxeuses de Kaboul.
26:45Quelle tragédie aujourd'hui
26:47de voir ce qu'est devenu ce pays
26:49et on en parle assez peu finalement.
26:51J'ai connu l'Afghanistan il y a très longtemps
26:53du temps de l'occupation
26:55soviétique.
26:57Je me souviens que
26:59j'étais avec Christophe Deponfilly
27:01qui venait de faire un reportage sur Massoud.
27:03On était à Kaboul
27:05et je me souviens être allé à l'université
27:07où moi j'étais habillée
27:09j'étais vraiment très couverte
27:11assez mal habillée. C'était en décembre.
27:13Et j'avais été très étonnée
27:15parce qu'à l'université,
27:17en 1984, il y avait des filles
27:19qui étaient en jupe très courte.
27:21C'était le seul, je crois, bien fait
27:23de l'occupation soviétique. C'est le fait
27:25que les filles, à ce moment-là, en 1984
27:27pouvaient avoir des jupes courtes
27:29à Kaboul, comme d'ailleurs
27:31dans les années 70.
27:33Après, j'y suis revenue
27:35pour faire ce documentaire
27:37sur les petites boxeuses
27:39de Kaboul.
27:41C'est le dernier documentaire que j'ai fait là-bas.
27:43Elles se préparaient pour les Jeux Olympiques
27:45en 2012 et elles espéraient
27:47désespérément être
27:49sélectionnées.
27:51Vraiment, elles s'entraînaient dans des conditions
27:53difficiles, dans le même stade
27:55où quelques années avant, les femmes
27:57étaient lapidées pour adultère,
27:59exactement au même endroit, sur un
28:01ring poussiéreux.
28:03Le chemin entre leur domicile
28:05et ce stade
28:07devait être
28:09sécurisé. Mais enfin, elles pouvaient
28:11le faire. Il y avait des menaces,
28:13mais elles pouvaient le faire.
28:15J'avais fait des reportages sur des femmes aussi qui avaient créé des entreprises.
28:17Je me souviens d'une qui
28:19avait une entreprise pour fabriquer des ballons de football
28:21et elle dirigeait cette entreprise,
28:23croyez-moi, d'une main de fer.
28:25À ce moment-là, il y avait de l'espoir, il y avait
28:27toutes les petites filles dans la rue, on les voyait
28:29en uniforme qui allaient à l'école et tout ça.
28:31Et maintenant, avec ce
28:33qui se passe, avec une
28:35invisibilisation
28:37de plus en plus
28:39grande,
28:41maintenant elles ne peuvent même plus parler à voix haute.
28:43C'est
28:45effrayant.
28:47C'est tout simplement effrayant.
28:49C'est épouvantable.
28:51Il y avait un témoignage très fort que vous pouvez écouter
28:53sur le podcast de Jean-Jacques Bourdin
28:55de la fameuse sportive
28:57qui est la championne de taekwondo
28:59qui a reçu des centaines
29:01de messages d'insultes.
29:03Qui était interviewée par
29:05Jean-Jacques. Pourquoi nos
29:07politiques ne s'élèvent pas
29:09contre ces femmes ? Pourquoi on laisse faire ?
29:11Pas s'élèvent pas contre ces femmes.
29:13Contre les talibans.
29:15Non, s'élèvent pas contre le traitement qu'on a pour ces femmes.
29:17Excusez-moi, Valérie.
29:19Je ne comprends pas.
29:21Je ne comprends pas non plus
29:23pourquoi les féministes
29:25de tous les pays du monde,
29:27enfin occidentaux en tout cas,
29:29n'ont pas des actions
29:31beaucoup plus fortes,
29:33une parole beaucoup plus forte.
29:35Ce qui se passe là-bas pour les femmes n'est tout simplement
29:37pas admissible.
29:39Ce n'est pas admissible.
29:41Même si pour les connaître,
29:43je sais qu'il y a des écoles clandestines
29:45qu'elles
29:47essaient de faire des choses
29:49vraiment dans la stricte intimité
29:51de leur foyer et encore,
29:53avec toujours la peur d'être dénoncées.
29:57Je sais qu'elles luttent.
29:59Mais elles luttent
30:01dans un espace public
30:03de plus en plus restreint.
30:07Et c'est très très dur
30:09de lutter dans ces conditions.
30:11C'est parce que les sanctions
30:13sont terribles.
30:15Vous avez suivi la campagne de Barack Obama.
30:17Vous ne décrochez pas
30:19de l'actu en fait.
30:21Je voyais que vous écoutiez avec attention
30:23le zapping de Gilles.
30:25Vous êtes fondamentalement accro à l'info.
30:27Oui, je suis complètement
30:29accro à l'info.
30:31J'ai un modèle.
30:33J'ai l'une des femmes d'Hemingway,
30:35Martha Gellhorn, qui a fait des reportages
30:37à plus de 80 ans.
30:39Elle partait en Afrique, au Brésil.
30:41Donc j'ai une petite marge.
30:43Je trouve que tant qu'on peut...
30:45C'est pas vraiment un amitié.
30:47C'est une manière d'être, une manière de vivre.
30:49C'est une passion.
30:53Tant que je le peux
30:55et tant qu'on me le demande.
30:57Vous avez suivi le premier
30:59homme noir qui est devenu président
31:01des Etats-Unis.
31:03Est-ce que vous pensez qu'il va y avoir une femme noire
31:05première présidente des Etats-Unis ?
31:07C'est possible. C'est parfaitement possible.
31:09Barack Obama, quand je suis arrivée aux Etats-Unis,
31:11en 2005,
31:13en 2006, on m'a parlé de lui.
31:15On m'a dit qu'il s'appelait Barack Hussein Obama.
31:17Je me suis dit qu'il s'appelle Barack Hussein Obama
31:19auprès des Américains
31:21et qu'il n'a aucune chance.
31:23Et finalement, il a gagné.
31:25Sa campagne était enthousiasmante
31:27avec un personnage,
31:29Barack Obama, qui était à l'époque
31:31très réservé.
31:33Quand il faisait des meetings en public,
31:35il y avait par exemple quand Clinton,
31:37Bill Clinton, est venu
31:39le soutenir.
31:41Il s'agitait comme ça sur l'estrade.
31:43Il était souvent très en retrait.
31:45C'était un intellectuel, Barack Obama.
31:47Donc, voilà.
31:49Moi, je pense que
31:51Kamala Harris va gagner.
31:53Nous, on avait reçu
31:55Lise Romboudoul,
31:57qui est votre consœur de TF1.
31:59Elle nous avait expliqué que parfois,
32:01elle culpabilisait d'avoir du plaisir
32:03quand elle était sur les terrains
32:05de guerre, en Ukraine, ou quand
32:07il y avait de l'animation,
32:09des bombes qui arrivaient,
32:11des choses comme ça. Et elle nous avait
32:13expliqué à ce micro que parfois,
32:15elle culpabilisait
32:17de retourner à l'hôtel
32:19et de se dire qu'il y a eu des trucs super.
32:21C'est votre cas aussi ?
32:23Du plaisir, je ne dirais pas ça.
32:25Il y a de l'adrénaline, c'est sûr.
32:27Elle a plus parlé d'adrénaline, c'est moi qui le traduis.
32:29Il y a de l'adrénaline, ça c'est sûr.
32:31Mais, comment dire,
32:33sur le terrain,
32:35il ne faut pas se laisser submerger
32:37par l'adrénaline, justement.
32:39Il faut rester assez
32:41froid, d'une certaine manière.
32:43Parce que sinon, si on se laisse
32:45emporter par l'adrénaline,
32:47on commence à faire des erreurs.
32:49On va toujours un peu plus loin qu'il ne faudrait.
32:51Il faut aller un peu plus loin qu'il ne faut.
32:53Il faut passer au faux rouge.
32:55Quand le faux rouge clignote trop,
32:57il faut s'arrêter.
32:59Est-ce qu'il y a eu une fois ou plusieurs fois
33:01où vous avez failli mourir ?
33:03Je pense que c'est normal d'avoir peur.
33:05Vous avez failli mourir ?
33:07Oui, mais
33:09j'étais dans un AMV
33:11avec des Américains qui a sauté
33:13sur une mine.
33:15Moi, je m'en suis sortie.
33:17Voilà, en Yougoslavie aussi.
33:19Mais, c'est normal
33:21d'avoir peur. C'est la panique.
33:23Il ne faut surtout pas se laisser gagner par la panique.
33:25Et la panique, ça arrive très souvent
33:27autour de nous.
33:29La panique, c'est contagieux.
33:31On peut l'attraper.
33:33Et quand on panique, on prend des mauvaises décisions.
33:35Une dernière question média avant de finir.
33:37Est-ce que vous avez déjà regardé
33:39Les 50 et Les Marseillais, produit par votre fille ?
33:41Est-ce que vous avez déjà regardé
33:43la télé-réalité de votre fille ?
33:45Et est-ce que, des fois, vous l'appelez en disant
33:47« Mon Dieu, ce que tu fais, ma fille ! »
33:49Les Marseillais,
33:51je n'ai jamais regardé.
33:53Ce n'est pas ma tasse de thé, la télé-réalité.
33:55J'avais regardé Le Loft
33:57tout au début, parce que moi, je couvrais la gare du Cachemire
33:59à ce moment-là.
34:01J'avais appelé Alexia
34:03et elle m'avait dit, au téléphone,
34:05j'étais sur un glacier où les Indiens
34:07et les Pakistanais se tapaient dessus.
34:09Elle me disait « Tu sais, je fais une émission à Paris,
34:11on en parle beaucoup. » Ah bon ?
34:13Je ne voyais même pas de quoi il s'agissait.
34:15Je suis rentrée à Paris, puis j'ai vu en effet que personne
34:17ne me parlait du Cachemire, ça c'est sûr.
34:19Mais tout le monde parlait du Loft.
34:21Et moi, j'avais regardé du coup Le Loft,
34:23et je trouvais que, je ne sais pas, Lohana, passant l'aspirateur
34:25pendant des heures, ça me faisait penser à...
34:27presque à du Godard.
34:29Et les autres émissions, non.
34:31Les autres émissions, non, je n'ai pas regardé.
34:33Merci d'avoir été avec nous.
34:35Je vais vous appeler Alexia, effectivement.
34:37Vous êtes devenue la maman d'Alexia.
34:39Mais je soutiens Alexia.
34:41Je suis toujours derrière elle.
34:43Martine Laroche-Joubert,
34:45enquête exclusive, M6, 22h50,
34:47Enquête à Gaza, des vies en enfer.
34:49A ne pas manquer, évidemment, le replay également.
34:51Dans un instant, on va commenter
34:53l'arrivée de ce nouveau Premier ministre.
34:55A tout de suite.
34:57Sud Radio. Parlons vrai.
34:59Parlons vrai.

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