Mardi 25 février 2025, retrouvez Carole Brozyna (Advisory Board Certified Chair et directrice du Développement Durable, Bridgepoint), Nadia Bellaoui (Présidente, Service civique), Thibault Renaudin (Président, InSite) et Vincent Rigal (PDG, CircularPlace) dans SMART IMPACT, une émission présentée par Thomas Hugues.
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00:00Bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale
00:14un axe fort de leur développement. Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Carole Brozina, Advisory Board Certified Chair et Directrice
00:22du Développement Durable chez Bridgepoint. Elle vient nous parler des comités stratégiques destinés à accompagner les PDG dans la transition
00:28de leur entreprise. Dans notre débat, on va découvrir le service civique écologique lancé en avril dernier avec un objectif d'ici 2027
00:37permettre à 50 000 jeunes de s'engager pour le climat et la biodiversité. Et puis dans notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables,
00:46je vous présenterai Circular Place, plateforme de réemploi qui permet aux entreprises de partager, revendre ou donner leurs biens usagés à des associations.
00:56Voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer. C'est Smart Impact.
01:06L'invité de Smart Impact, c'est Carole Brozina. Bonjour. – Bonjour Thomas.
01:10– Bienvenue. Vous êtes Advisory Board Certified Chair et Directrice du Développement Durable chez Bridgepoint.
01:15On va parler de ces Advisory Boards, comités consultatifs. De quoi il s'agit ?
01:19– C'est vrai que c'est un vocable très peu connu encore en France. Très connu dans les pays anglo-saxons, c'est-à-dire qu'on a à peu près
01:25tous ces Advisory Boards qui existent aux États-Unis. La plupart, 880 000 sont aux États-Unis, dans le monde pardon, et la moitié aux États-Unis.
01:32– D'accord. – En France, c'est vrai que ce vocabulaire est peu utilisé.
01:34On parle plutôt de comités consultatifs, comités stratégiques, comités parties prenantes, comités thématiques.
01:41Et on se rend compte, en tout cas à mon sens, maintenant que je suis un peu le témoin des stratégies de développement durable
01:45depuis quelques années, que c'est sous-utilisé, méconnu et sous-exploité par les entreprises.
01:50– Comment ça marche, un Advisory Board ? – Comment ça marche ? En fait, c'est vraiment un organe,
01:54et pour ça que moi je trouve ça passionnant, qui est au service du dirigeant et de ses problématiques et de ses enjeux du moment.
02:01C'est très agile et c'est très restructuré à la fois. C'est-à-dire que c'est un collectif indépendant de professionnels expérimentés
02:08qui va accompagner sur un temps donné un dirigeant ou ses équipes fonctionnelles, notamment développement durable,
02:13sur les enjeux effectivement du moment. Évolutif dans le sens où ça n'a pas vocation à durer ad vitam aeternam.
02:20C'est vraiment là pour identifier les enjeux matériels du moment, aider à prioriser,
02:24et ça peut se dissoudre au bout de 6-9 mois et se renouveler avec d'autres personnes,
02:28d'autres experts qui seront plus pertinents sur ce moment et cet instant T.
02:33Avec ce chiffre, 72% des chefs d'entreprise estiment qu'ils sont responsables de la performance de leur organisation en matière environnementale ou sociale.
02:43Donc il y a ce sentiment de responsabilité et parfois d'isolement aussi, de se dire, je ne sais pas par où commencer d'une certaine façon dans cette stratégie ?
02:51Absolument, parce que le 72 ou 70%, c'est le même chiffre quand on interroge les dirigeants sur leur sentiment de solitude.
02:58Bon, ça se rejoint.
02:59Absolument, donc ils sont face à des enjeux majeurs, à des transformations qu'ils doivent opérer et en même temps, sans savoir par où commencer.
03:05Et ils sont souvent pris entre plusieurs instances et organes existants.
03:09Pour certains, ils vont avoir un comité d'administration, un conseil d'administration, un conseil d'administration ou effectivement un conseil de surveillance, pardon.
03:17Certains, bien sûr, ont tous des codires, des comex, leurs dirigeants, parfois quelques comités volontaires de collaborateurs.
03:25Mais ils n'ont pas une oreille, entre guillemets, indépendante, bienveillante, de professionnels expérimentés avec lesquels ils peuvent partager, tester des solutions, des idées stratégiques.
03:35Le comité consultatif stratégique, ce fameux advisory board, il est en fait puissant dans le sens où il n'est pas là pour prendre de la décision,
03:43mais il est là pour conforter le dirigeant ou ses équipes dans leur prise de décision.
03:47Les challenger avec bienveillance, leur faire partager l'expérience et le vécu qu'eux-mêmes ont pu, comment dire, emmagasiner au service du dirigeant et de ses enjeux.
03:57– Mais qu'est-ce que ça apporte de plus, par exemple d'un cabinet de conseil ou effectivement d'un comex qui existe déjà ?
04:06C'est quoi, il n'y a pas de lien hiérarchique, il n'y a pas de lien commercial ? C'est quoi la différence en fait ?
04:11– C'est la neutralité et l'indépendance. C'est-à-dire que des consultants, il y a une relation contractuelle.
04:16– Mais là aussi, l'advisory board, il est quand même rémunéré ?
04:21– Oui, mais il doit être vraiment au service du dirigeant, de son efficacité, il y a une vraie mesure d'impact.
04:26Je fais une petite aparté, vous l'avez tous lu, en tout cas dans la presse,
04:29CSRD, c'est le sujet du moment et on voit bien qu'il y a des cabinets, par exemple de conseil, de consultant qui se sont un peu engouffrés dans la brèche
04:36et des entreprises qui se retrouvent à avoir dépensé beaucoup d'argent pour finalement pas forcément la qualité des livrables attendue.
04:43Donc il y a un vrai besoin pour le dirigeant aussi de distinguer ce qui va ressortir de cette équipe opérationnelle, son comex,
04:49ce qu'il peut déléguer à des consultants, ce qui va faire l'objet de décisions stratégiques
04:54ou un petit peu de stratégie de vision et d'ambition vis-à-vis du comité d'administration, du conseil d'administration
05:00et les sujets qu'il va pouvoir un petit peu challenger, tester avec effectivement un advisory board,
05:05encore une fois, qui va être neutre, indépendant et on va avoir ce fameux chair dont on parlait tout à l'heure
05:10qui va être un peu le président de cet advisory board et qui va justement garantir l'alignement des parties,
05:15l'indépendance des parties, l'efficacité, la mesure et l'engagement parce que l'objectif c'est que ça serve.
05:21Et on se rend compte que tous les dirigeants qui ont fait appel à un advisory board
05:28se rendent compte qu'ils ont gagné en efficacité opérationnelle.
05:3370% d'entre eux disaient que lorsque l'advisory board a pris en charge en tout cas des sujets développement durable,
05:40ils ont permis de mettre en place une gouvernance plus robuste,
05:43d'intégrer des indicateurs de performance extra-financiers dans le pilotage de l'entreprise
05:48et de gagner effectivement en efficacité opérationnelle au sein des équipes sur la transformation.
05:54Est-ce que c'est réservé aux grands groupes ?
05:57Alors aujourd'hui, c'est vrai que quand on fait le constat, beaucoup de grands groupes et depuis longtemps
06:01ont notamment ce qu'on appelle des comités de parties prenantes.
06:03Moi-même par exemple, par le passé, j'intervenais en tant qu'experte ou dirigeante expérimentée
06:11au sein du comité de parties prenantes développement durable de Publicis.
06:14Donc on a des grands groupes, Danone, Publicis, Google, qui ont ces comités de parties prenantes.
06:19En fait, ce sont plutôt les TPE, enfin les PME et ETI qui n'ont pas constitué ce collectif autour d'eux,
06:27cet écosystème pour leur permettre d'avancer. Et c'est là que je trouve que ces clés...
06:30Ils se disent c'est pas pour nous, on est trop petits ?
06:32C'est ça. Ou encore une fois, ils ne savent pas comment faire.
06:35Parce que là où l'advisory board va aider le dirigeant, c'est qu'on va, dans l'identification des priorités
06:41avec lui ou avec elle, pouvoir après faire le bon casting du bon advisory board.
06:45Parce que si vous avez une transformation à opérer, je veux passer d'un modèle de produit à une économie de la fonctionnalité.
06:52C'est complètement différent que j'ai besoin de créer une culture de l'innovation, de l'engagement,
06:56une fierté d'appartement, c'est de mes collaborateurs.
06:58Donc on va faire le casting idéal à l'instant T sur les besoins du dirigeant face aux enjeux de transformation.
07:05Je pense que vous ne pouvez pas répondre à la question, ça doit dépendre de la taille de l'entreprise, de la durée de la mission,
07:09mais ça coûte combien et quel retour sur investissement ?
07:12Est-ce qu'on doit vous la poser la question quand on arrive ?
07:14Aujourd'hui c'est vrai que là j'interviens aussi quelque part un peu avec ma casquette.
07:18Récemment je me suis associée à ce que pas mal de dirigeants connaissent qu'on appelle le collège du dirigeant.
07:22Et donc j'anime le collectif développement durable au sein de ce collège dirigeant.
07:28Typiquement au sein du collège du dirigeant, on a plusieurs formules.
07:32Je dirais la première qu'on appelle le board starter, donc c'est identifier les enjeux.
07:36Parce que l'objectif ce n'est pas de partir dans tous les sens.
07:38On est là pour aider l'entreprise, gagner en efficacité et en priorisation.
07:41Et donc généralement cette première enveloppe elle est autour de 9000 euros.
07:45On va sur plusieurs demi-journées identifier les enjeux majeurs, prioriser les enjeux et faire le casting du board.
07:52Et après effectivement vous avez une enveloppe qui est dédiée à la vie du board.
07:56Et donc on est généralement selon la fréquence et les besoins sur une 3 ou 6 boards par an.
08:01Donc ça c'est vraiment à déterminer avec le dirigeant.
08:04Et donc ça va être à moduler selon le nombre d'advisory boards qui vont être autour de la table et selon la fréquence des réunions.
08:10Est-ce que je pense aux entreprises à mission qui ont souvent des comités de pilotage etc.
08:15ça vient en concurrence, ça vient en complémentarité ?
08:19C'est complémentaire et c'est là où des fois effectivement certaines entreprises peuvent un petit peu se perdre entre le comité.
08:26Ça fait beaucoup de comités quoi.
08:28Des fois l'advisory board sert aussi à ça, à te challenger et à potentiellement rendre la gouvernance en tout cas autour du dirigeant la plus efficace possible.
08:39La plupart du temps c'est complémentaire mais quand vous avez le conseil d'administration, le comité à mission,
08:44potentiellement un comité peut-être développement durable opérationnel, des collaborateurs qui se regroupent en termes de comités, le COMEX,
08:50tout ça peut coexister, encore faut-il que les rôles et responsabilités de chacun soient clairs et que le périmètre d'intervention, de décision ou de challenge soit clair pour les uns et les autres.
09:00Les thématiques, c'est-à-dire est-ce que vous l'avez un peu expliqué mais je vois qu'on est dans le détail, un advisory board,
09:08vous allez définir un thème d'intervention ou alors ça peut être aussi la stratégie générale de l'entreprise quand même ?
09:14C'est vraiment du sur-mesure et c'est selon les besoins du dirigeant.
09:17Ça peut être de façon très pragmatique, je démarre, je ne sais pas par où commencer, je n'ai pas de stratégie de développement durable, aidez-moi, est-ce que je pars dans la bonne direction ?
09:26Je peux avoir travaillé avec des consultants mais en fait quand on part de zéro, la feuille de route est tellement large qu'on peut avoir besoin d'un advisory board expérimenté
09:33qui va dire mettez vos ressources, votre énergie sur ces enjeux qui sont les plus matériels pour vous.
09:37Donc ça peut être définition d'une stratégie de développement durable ou révision d'une stratégie de développement durable et souvent justement les comités de parties prenantes servent à ça
09:45quand on est en recherche de la nouvelle étape de la stratégie, les experts autour de la table, ça peut être des clients, des fournisseurs dans les comités de parties prenantes notamment, vont te challenger et aider à co-construire la future feuille de route.
09:56Ça peut être la stratégie de communication par exemple ? Parce que souvent, moi j'ai reçu plusieurs entreprises qui disaient, on fait des choses bien mais on n'ose pas vraiment en parler.
10:03On ne sait pas comment faire.
10:04On ne sait pas comment faire parce qu'on ne fait pas tout bien par exemple.
10:06Voilà, on a peur de tomber dans le greenwashing, on pense qu'il faut être parfait avant de communiquer, on n'a pas forcément acquis les principes de la communication responsable
10:13c'est-à-dire que dès que je vais dire quelque chose, il va falloir que je le prouve, que je l'essaye, mais on se sent un peu isolé, on ne sait pas comment faire.
10:21Donc en effet, ça peut être la communication responsable, tout à l'heure je donnais l'exemple d'un modèle, la transformation de modèle d'affaires qui va passer d'un produit à l'économie de la fonctionnalité.
10:30Ça peut être effectivement la culture de l'innovation, on a parlé de la revue de la gouvernance, donc ça part vraiment encore une fois des besoins du dirigeant et moi c'est ça que je trouve puissant.
10:40C'est-à-dire que c'est vraiment un outil, un organe qui est au bénéfice du dirigeant et de son entreprise, ou de la fonction développement durable quand effectivement on focalise sur le sujet développement durable en particulier.
10:50Et comme on le disait en introduction, qui va faire en sorte que ça fonctionne et que ça avance.
10:54On sait combien c'est complexe d'accompagner une transformation, on sait combien les dirigeants et les fonctions développement durable sont seules.
11:02C'est vrai qu'aujourd'hui on parle beaucoup de la solitude du dirigeant mais de plus en plus on parle de la solitude des équipes développement durable quand elles existent.
11:09Par où je commence ? Qu'est-ce que je fais ? Et le fait d'avoir un collectif autour de vous qui a vécu, qui a fait, qui a échoué, qui a eu des succès va vous aider en fait à ne pas tomber dans les mêmes écueils,
11:21à gagner du temps, à gagner de l'argent indirectement et donc à être efficace et encore plus je dirais pertinent dans la pérennité de votre entreprise à l'avenir.
11:29Merci beaucoup Carole Brozina et à bientôt sur BeSmart for Change. On passe tout de suite à notre débat, le service civique écologique.
11:39Le débat de ce Smart Impact, on parle du service civique écologique avec Nadia Bellahoui, bonjour, bienvenue, vous êtes la présidente du service civique et Thibault Renaudin, bonjour, président d'Insight,
11:57le service civique écologique qui a été créé en avril dernier, on va évidemment y consacrer l'essentiel de ce débat. Mais alors le service civique, vous nous rappelez, je ne sais pas, ses missions, le nombre de jeunes qui sont passés par là ?
12:09Le service civique, c'est la possibilité pour tous les jeunes qui le souhaitent entre 16 et 25 ans, 30 ans quand ils sont en situation de handicap, de réaliser une mission d'intérêt général
12:20dans une association ou un service public, long, 6 à 12 mois, intensif, 24 heures par semaine au moins, indemnisé, 620 euros par mois, ça fait 15 ans que cette possibilité...
12:3415 ans, oui, j'aurais dit moins que ça, donc ça fait déjà 15 ans. Et alors combien de jeunes y ont participé ?
12:39850 000 jeunes ont fait ce choix, ce qui représente aujourd'hui plus d'un jeune sur 10 en France qui choisit de s'engager pour la collectivité autour de 21 ans.
12:49Insight, c'est une association, c'est ça ?
12:51Insight, c'est une association que l'on a créée il y a 6 ans et demi maintenant, qui s'est spécialisée à la fois dans les territoires ultra ruraux, c'est-à-dire les villages de moins de 1500 habitants,
13:05pour accompagner les élus locaux, les responsables associatifs à développer leurs projets, parce que dans ces territoires, à l'inverse de tout ce qu'on peut entendre,
13:12il y a du dynamisme, de l'innovation, de la joie de vivre, de la solidarité, du lien social très fort, et pour aider à accompagner ces acteurs de l'ultra ruralité,
13:23on mobilise entre autres des jeunes en service civique, par équipe de deux, autour de 24 heures par semaine chacun, pendant 6 mois, pour mener des missions à la fois autour de la question du patrimoine, du tourisme,
13:34à la fois autour de la question du lien social, et beaucoup, et en grande majorité, autour des questions environnementales.
13:40– Justement, on a compris que le lien a été fait, ce service civique écologique, il a donc été créé, lancé au mois d'avril dernier, pourquoi ?
13:48C'était une demande des jeunes ? Vous ressentiez qu'il y avait besoin de focusser comme ça sur ces questions d'environnement ?
13:54– C'était à la fois une demande des jeunes, qui sont plus anxieux que les autres générations face à la crise climatique,
14:00et c'est heureux d'une certaine manière qu'ils soient bien conscients, mais c'est aussi une volonté du gouvernement d'associer les jeunes et la société
14:08à la réponse aux enjeux. Donc, le service civique écologique, c'est l'approfondissement du service civique pour qu'il ait encore plus d'impact dans la transition écologique.
14:19– Avec le même modèle que celui que vous décriviez tout à l'heure, c'est-à-dire c'est la même durée de mission, même compensation financière ?
14:25– Il ne change pas le modèle qui marche.
14:27– Ok, donc ça, on n'y touche pas. Bon, avril dernier, on va bientôt célébrer la première année, un premier bilan, ça attire du monde ?
14:35– Alors, absolument, on a franchi la première marche quantitative du service civique écologique,
14:41et ce qui est vraiment intéressant, c'est l'engouement qu'il trouve auprès d'une palette d'acteurs qu'on n'arrivait pas forcément à toucher jusqu'ici,
14:49des grandes entreprises et les collectivités territoriales tout particulièrement,
14:54parce que c'est finalement notre meilleure manière de gagner en impact que d'inscrire vraiment dans les territoires ce service civique écologique,
15:03parce qu'évidemment, la transition écologique ne se vit pas de la même façon selon les territoires, on va parler d'ultra-ruralité,
15:09c'est vraiment une plus-value importante du service civique écologique.
15:12– Comment vous y participez avec INCIT ?
15:15Dans les dispositifs d'accompagnement qui existent, il y a notamment le volontariat rural,
15:20donc ça se rejoint avec ce service civique écologique, c'est ça ?
15:24– Comme disait Nadia, c'est une vraie attente des jeunes.
15:27On a été, INCIT, une des premières structures à répondre à l'appel de l'agence du service civique
15:32pour participer de sa démarche, mais nous, 85% de nos missions aujourd'hui concernent les questions environnementales.
15:39Donc c'était à la fois un engouement très important de la part des jeunes,
15:42parce que c'est une problématique qu'ils vivent au quotidien,
15:45avec ce que disait Nadia, en termes d'angoisse, de préoccupation,
15:48mais c'est aussi une préoccupation très forte des territoires ultra-ruraux.
15:52On a souvent une mauvaise image des territoires ruraux, une image un peu faussée,
15:55c'est-à-dire des territoires qui sont simplement engoncés dans des problématiques,
15:58c'est vrai, il y en a beaucoup, mais ce sont des territoires, comme je le disais, qui sont très innovants.
16:02Et cette question de l'environnement est une question aussi très importante.
16:06Elle n'est pas juste de la responsabilité de ceux qui habitent en ville,
16:10qu'on pourrait qualifier des fois de bobos, ce n'est pas du tout ça, au contraire, dans les périphériques ruraux.
16:14On a souvent ce sentiment, quand on habite dans ces régions rurales,
16:18qu'il y a des décisions qui sont justement prises à Paris ou dans les grandes villes, et un peu hors sol.
16:22Oui, oui, alors ça peut être un peu contre-intuitif de dire l'ultra-ruralité et la jeunesse,
16:26l'ultra-ruralité et les questions environnementales, ça ne va pas forcément ensemble.
16:30Au contraire, les élus locaux, moi je suis maire d'un tout petit village de 200 habitants dans le Gers,
16:35c'est notre préoccupation de tous les jours, c'est-à-dire qu'on a tellement l'habitude de faire
16:39avec peu de moyens humains et peu de moyens financiers,
16:42mais on est confronté à des problématiques directement, donc il faut les traiter.
16:45Mais là, on est en plein salon de l'agriculture, quand on parle de défense de l'environnement avec,
16:51pas tous, mais avec pas mal d'agriculteurs, il n'y a pas que les agriculteurs dans le monde rural,
16:56on est bien d'accord, mais voilà, on entend beaucoup les tracasseries,
17:00transposition des normes, ras-le-bol de l'OFB, l'Office français de la biodiversité,
17:04effectivement, on se dit que c'est un peu contradictoire avec des territoires qui veulent accélérer sur les questions environnementales.
17:10C'est souvent contre-intuitif, et ce n'est pas que ça, la ruralité.
17:12Bien sûr, ces territoires sont confrontés à mille problèmes,
17:15et on est souvent en première ligne sans avoir les accompagnements nécessaires.
17:20Sur les problématiques environnementales, c'est la même question qui se pose.
17:25Souvent, on a des choses qui nous arrivent un peu d'en haut,
17:28et puis on est confronté à des difficultés sans avoir les accompagnements.
17:31Mais pour autant, la question environnementale, la question du lien social, la question de la solidarité,
17:36on les vit au quotidien, et donc il faut faire avec, parce que nos territoires,
17:39ils se réchauffent aussi, nos territoires, ils ont des problématiques autour de l'eau,
17:43autour de la question des déchets, et donc il faut les traiter.
17:46C'est de la politique du bon sens, souvent, dans nos territoires ruraux,
17:50où on ne fait pas en fonction ni des idées des uns ni des autres, on fait tous ensemble.
17:54Et la question environnementale est une vraie préoccupation.
17:56Si on rentre un peu dans le concret, Nadia Bellahoui,
18:00quel type de mission ces jeunes vont pouvoir embrasser en faisant le service civique écologique ?
18:08C'est une large palette de missions qui couvrent d'ailleurs tous les leviers de la transition écologique.
18:14Ça va de l'implication dans une ressourcerie,
18:18à la découverte du maraîchage dans des jardins partagés,
18:23en passant par l'animation d'une vélo-école dans un atelier de réparation de cycles.
18:30Et le plus souvent, on mêle à la fois une action directe,
18:33pour vraiment mettre les mains dans l'action écologique,
18:39et une part de sensibilisation des publics.
18:42Les jeunes sont très attachés à aller voir d'autres jeunes ou des personnes plus âgées aussi,
18:48les deux fonctionnent bien, pour s'exprimer sur ce qu'ils vivent.
18:53Et faire connaître les enjeux.
18:55Vous avez des exemples de missions qui sont en cours ?
18:58On en a plein, je pourrais vous citer une mission à Estherène-Subie.
19:02Estherène-Subie, c'est un petit village au Pays Basque, au fin fond des sources de l'Anive,
19:06où là on travaille sur la question du déchet, sur la question de l'eau,
19:09on travaille avec des scolaires, on a fait des ramassages de déchets dans l'Anive,
19:13ce qui n'avait jamais été fait, mais je peux vous citer Baranton en Normandie,
19:17un petit village dans la Manche, où là aussi on travaille sur les zones humides,
19:20le lien à la population, l'information.
19:22Ce qui est intéressant aussi, c'est que ces jeunes en service civique,
19:24qui ne viennent souvent pas du territoire...
19:27Ah oui, ils peuvent venir de plus loin.
19:30Absolument, ils viennent souvent d'ailleurs, et ils apportent...
19:33Et ils ne sont pas forcément ruraux ?
19:3450% globalement de ruraux, 50% d'urbains pour ce qui les concerne,
19:38et à peu près 50% de filles et de garçons de la même façon,
19:40avec une moyenne d'âge qui est autour de 21 ans.
19:42Ce sont des regards, des expériences différents.
19:45Et non seulement le contact à la population, il est neuf,
19:48parce que ce n'est pas le fils ou la fille d'un tel,
19:51ça change pas mal de choses,
19:52c'est un air frais un peu qui arrive dans le village,
19:54et ça permet de mettre en synergie,
19:57de travailler en collaboration plus forte avec les habitants.
20:00Et ça a une incidence très forte, c'est que les jeunes,
20:03on le voit nous, au bout de 6 mois,
20:0520% des jeunes restent dans le territoire après.
20:08Au bout de 6 ans d'action directement d'Incite,
20:12c'est 30 emplois qui ont été créés directement dans des villages
20:16dont la taille moyenne est de 400 habitants,
20:19ce qui est énorme.
20:20Et donc ça a une incidence qui est très forte,
20:22et y compris sur ces questions environnementales.
20:24Le village de Barenton, par exemple,
20:25ça a une incidence, un jeune qui a été recruté après,
20:28qui venait de Guyane, et qui a été embauché à Barenton.
20:31Alors justement, c'est la question que j'allais vous poser.
20:33Elle, vous, pour le service civique écologique,
20:35mais pour le service civique en général,
20:37c'est quoi ?
20:38C'est un peu une première expérience dans le monde...
20:40Enfin, ça peut être assimilé à une première expérience
20:42dans le monde du travail ?
20:43C'est clairement une première expérience du monde du travail
20:46et du monde adulte, en réalité, au-delà.
20:49Et ce qui est vraiment magique, effectivement,
20:51dans le service civique,
20:52c'est que c'est à la fois très concret et très politique.
20:56C'est-à-dire que quand on est effectivement,
20:57par exemple, dans le bassin de Thau,
20:59et que...
21:00ou qui produit 10% des huîtres en France,
21:04et qu'on comprend que le réchauffement climatique
21:06a comme impact de passer de 850 congéliculteurs à 400,
21:12on est beaucoup plus convaincant
21:15quand on sensibilise la population du coin
21:18à l'impact du réchauffement climatique
21:19que quand c'est théorique.
21:20Donc, c'est à la fois une expérience
21:24très formatrice du point de vue des enjeux,
21:27et puis, clairement, c'est apprendre à respecter les règles du travail.
21:33C'est le premier contact avec le monde du travail.
21:34Et est-ce que ça débouche...
21:35D'ailleurs, les recruteurs le savent.
21:36Alors, justement, j'allais vous poser la question.
21:38Est-ce que ça débouche souvent sur un premier emploi ?
21:42Alors, quand vous avez 21 ans de moyenne d'âge,
21:45vous êtes forcément en recherche d'un emploi.
21:47Mais vous vous y oeuvrez ?
21:49Absolument.
21:50Je ne sais pas, des partenariats avec des entreprises ?
21:53Quand on sort du service civique,
21:54on sort avec un CV de compétence
21:56qui a été élaboré avec son tuteur,
21:59et à travers une plateforme,
22:01une start-up d'État qui s'appelle DiagOriente,
22:05qui vous permet de faire le diagnostic des compétences
22:07que vous avez acquis pendant votre expérience,
22:10et de vous orienter vers des métiers
22:12qui peuvent vous convenir.
22:15On accompagne souvent.
22:16Il y a beaucoup d'exemples comme ça,
22:18de bascule vers le monde du travail.
22:21Énormément.
22:21D'abord, des modifications de parcours.
22:23Il y a beaucoup de jeunes qui font ça
22:24entre deux périodes d'études.
22:25Certains après leur période d'études,
22:27d'autres qui ont fait une première expérience professionnelle,
22:30et qui se disent, finalement, ce n'est pas trop mon truc,
22:32je vais tester.
22:33Et l'avantage que l'on a dans les territoires ruraux,
22:35c'est qu'on a un déficit d'embauche.
22:37Les gens, d'abord, on a un déficit de recrutement de jeunes
22:39en service civique, parce que localement,
22:42il y a peu de monde.
22:43Donc, le fait de faire venir des jeunes de l'extérieur,
22:45c'est un atout.
22:46Et dans les embauches, c'est la même chose.
22:48Donc, le fait que des élus et des entreprises,
22:51on travaille beaucoup avec des réseaux d'entreprises locales,
22:53des PME, des artisans, etc.,
22:55connaissent les jeunes,
22:56parce que tout le monde se connaît dans les territoires ruraux.
22:58Eh bien, quand on voit deux jeunes qui passent six mois,
23:00qui sont souvent extraordinaires,
23:02qui sont pleines d'envie et d'énergie,
23:05on a envie de les garder,
23:06on a envie de leur proposer des trucs.
23:06Et donc, ça a forcément une incidence très forte sur l'emploi.
23:09Merci beaucoup à tous les deux et à bientôt sur BeSmart for Change.
23:13On passe tout de suite à notre rubrique Start-up.
23:22Smart Ideas avec Vincent Rigal, bonjour.
23:24Bonjour.
23:24Bienvenue, vous êtes le président de Circular Place,
23:26créé en 2021 avec Giulia Zino et Maxime Scholz.
23:30Et avec quelle idée ?
23:32Avec l'idée de faire évoluer les mentalités
23:36autour de l'économie circulaire
23:37et de démocratiser les pratiques de réemploi au sein des entreprises.
23:41Oui, alors ça marche comment ?
23:42C'est une plateforme, c'est ça ?
23:44Alors, il y a deux aspects.
23:45Il y a un premier aspect, effectivement,
23:47plateforme sous un format marque blanche
23:49qui va permettre d'adresser la problématique interne des entreprises.
23:52Donc, on va pouvoir s'adresser aux différents sites.
23:55On va pouvoir s'adresser aux collaborateurs aussi.
23:58Et puis ensuite, on a une marketplace externe
24:00qui va permettre de gérer la redistribution des assets,
24:02soit sur un format de vente, soit sur un format de dons.
24:06On travaille aujourd'hui avec tout un écosystème d'associations
24:08à qui il est possible de donner des équipements
24:10en l'échange d'un reçu fiscal.
24:12Et donc, ça permet de démocratiser aussi le réemploi plutôt que le recyclage.
24:16Et alors, on y trouve quoi ?
24:17C'est le réemploi de tout ce qui est non alimentaire,
24:21tous les produits des entreprises.
24:23Qu'est-ce qu'on trouve sur la marketplace, en quelque sorte ?
24:25Alors, c'est effectivement non alimentaire.
24:27Aujourd'hui, on a beaucoup de clients qui nous sollicitent
24:29sur des problématiques de mobilier.
24:31On a énormément d'équipements.
24:34On a accompagné pas mal de déménagements d'entreprises
24:37qui se posaient la question de que faire
24:38de tous les équipements pour lesquels je n'avais plus de solution.
24:42Pas mal de grands groupes dans ce cadre-là
24:43qui ont souvent des gros gisements et qui s'interrogent sur
24:46je ne vais pas les recycler.
24:47Aujourd'hui, comment je peux trouver de la valeur
24:49et comment je peux avoir un outil qui va me permettre,
24:50un, d'offrir à l'ensemble de mon groupe
24:53de la visibilité sur les produits dont je dispose
24:56et pour lesquels je pourrais être amené à me séparer.
24:58Et donc, ça permet de redispatcher les équipements en interne.
25:00Et ensuite, on va avoir les collaborateurs
25:02qui vont aussi pouvoir tirer parti de ces produits
25:05sur le mobilier, les équipements de bureau.
25:08On peut imaginer qu'un collaborateur en télétravail
25:10a des conditions qui sont souvent moins bonnes
25:12que celles qu'il peut avoir sur son lieu de travail.
25:15Et donc, pour aligner tout ça,
25:16l'entreprise est tout à fait partante
25:18pour offrir à son collaborateur de bénéficier de tout ça.
25:20Et puis en externe, on a des acteurs sur la seconde main
25:22du mobilier de bureau qui sont aujourd'hui de plus en plus actifs
25:26et qui rachètent ces équipements pour pouvoir les revendre
25:29en seconde main après les avoir reconditionnés
25:31ou des associations qui sont intéressées pour s'équiper
25:34et pour offrir à leurs bénéficiaires
25:35des conditions de travail meilleures.
25:36Alors justement, il y a de la vente et du don aussi.
25:39C'est-à-dire qu'une entreprise, elle peut décider
25:41de choisir une association et lui donner ce mobilier à reconditionner ?
25:47Tout à fait. Sur notre plateforme,
25:49les associations peuvent candidater pour venir récupérer le mobilier.
25:53Donc nous, c'est une approche séquence
25:54et on va avoir l'approche interne.
25:55Et puis ensuite, l'entreprise va pouvoir décider
25:57de le pousser à la vente ou de le pousser au don.
25:59On a des entreprises qui vont directement vers du don.
26:01Et il y a cette volonté d'avoir une forme de réciprocité
26:07avec le territoire puisque nous, on travaille beaucoup l'impact
26:09et donc on œuvre d'un point de vue très local.
26:12Et donc, il y a une forme de réciprocité de l'entreprise
26:14de vouloir rendre quelque chose auprès de son écosystème.
26:17Et souvent, elle travaille avec les associations
26:19dans le cadre des programmes de mécénat.
26:21Mais il existe aussi en France le don en nature
26:24et celui-ci permet d'avoir des bénéfices fiscaux
26:27qui sont aussi très attractifs puisqu'en France,
26:29on peut arriver à défiscaliser jusqu'à 60% de la valeur
26:31des produits qu'on est amené à donner à une association
26:34s'il peut représenter une enveloppe importante.
26:38Et on voit bien le double effet.
26:39Il y a un effet sur le bilan extra-financier,
26:42sur l'impact carbone d'une entreprise.
26:47Et puis, il y a aussi un effet financier.
26:49Vous rapportez de l'argent à vos clients ?
26:51Oui, effectivement.
26:52Aujourd'hui, on n'a fait que des opérations bénéficiaires
26:54pour nos clients.
26:56On va effectivement avoir un double apport.
26:58On va avoir un apport en termes de kilos CO2 évités.
27:01On va leur fournir des données qui vont leur permettre
27:04de remplir leur bilan CSRD sur la partie Scope 3 réemploi.
27:08Et de l'autre côté, on leur fait un chèque
27:10à la fin de l'opération en disant
27:12voilà tout ce qu'on a réussi à générer pour vous.
27:14Et ils sont souvent très contents.
27:16Ça veut dire, on va terminer avec une question
27:17un peu plus politique d'une certaine façon.
27:20Juste avant que l'interview démarre,
27:22on est quand même dans un temps de vent contraire
27:24au niveau géopolitique sur les enjeux environnementaux.
27:26Vous dites, moi, je ne le ressens pas. Pourquoi ?
27:28Alors, on ne le ressent pas parce qu'aujourd'hui,
27:30je pense que les entreprises ont pris conscience
27:32qu'il y avait la nécessité de changer de comportement
27:34et qu'aujourd'hui, jeter n'est plus acceptable.
27:36On a pendant 30 ans fait du recyclage, le tout recyclage.
27:40C'était très bien parce qu'il n'y avait pas de solution
27:41qui permettait de faire différemment.
27:44Maintenant, il existe des solutions, donc il n'y a plus d'excuses.
27:46Et donc, les grands groupes s'en saisissent en se disant
27:49comment je peux ouvrir d'une façon meilleure ?
27:51Comment je peux avoir une action auprès de mon tissu local ?
27:55Et comment je peux arriver à attirer un bénéfice de tout ça ?
27:58Il faut bien avoir en tête que l'économie circulaire,
28:00c'est avant tout une économie.
28:02Et donc, nous, on vient générer de la valeur sur des choses
28:05pour lesquelles jusque-là, les entreprises pensaient
28:07qu'il n'y en avait pas.
28:08Merci beaucoup, Vincent Rial.
28:10Et bon vent à Circular Place.
28:12Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:15Merci à toutes et à tous d'être fidèles
28:18à la chaîne des Audacieuses et des Audacieux.
28:20Je vous dis à demain. Salut.