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  • il y a 4 jours
Pour rendre hommage à cette reine du music-hall, cette femme libre et engagée qui a tant aimé la France, son pays d'adoption qu'elle a servi pendant la guerre, Céline Alonzo et André Bercoff reçoivent Jean-Claude Bouillon-Baker, l'un de ses douze enfants adoptés.

Retrouvez La culture dans tous ses états tous les jeudis avec Céline Alonzo et André Bercoff à partir de 13h.

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##LA_CULTURE_DANS_TOUS_SES_ETATS-2025-04-10##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, la culture dans tous ses états, André Bercoff, Céline Alonso.
00:30Je regrette quand je pense à ça, quand je pense à ça.
00:37Joséphine Becker sur Sud Radio, André Bercoff, samedi.
00:41Magnifique.
00:41Et oui, on se va célébrer le 50e anniversaire de sa mort, André.
00:45Et en octobre prochain, ce sera le centenaire de la Revue Nègre.
00:50Ce spectacle qui a fait d'aller une légende en un soir, André.
00:53Oui, en un soir, il faut rappeler quand même que Joséphine Becker, ça a été encore plus que Joséphine Becker.
00:59Vous savez, c'était Jacques Chardon qui disait l'amour, c'est plus que l'amour.
01:04Et Joséphine Becker, c'est plus que Joséphine Becker.
01:06Parce que Joséphine Becker, avec tout ce qu'elle a été et ce qu'elle représente, a été, il faut le rappeler, l'introduction du jazz en France.
01:15Quand elle est arrivée avec la Revue Nègre en 1925, le jazz était né dans les années 1900, il faut le rappeler.
01:21C'est-à-dire, à la Nouvelle-Orléans, effectivement, de la jonction des rythmes africains et des chansons de gospel, enfin de gospel, des chansons, pardonnez pas de gospel, évangéliques, blanches aux Etats-Unis.
01:35Et elle est arrivée avec, on va en parler plus tôt, avec notamment un certain saxophoniste qui, lui, s'est installé en France et qui s'appelait Sidney Béchet,
01:45qui est devenue une très grande gloire aussi, ici en Europe et ailleurs.
01:49Et donc, elle a amené ça, Joséphine Becker.
01:51Et puis, je vais vous dire, ces chansons sont tellement formidables, on peut les écouter aujourd'hui, on aurait aimé entendre, quand je pense à ça,
02:01mais malheureusement, on a beaucoup de choses à dire dans cette émission.
02:05Et elle a lutté, vous l'avez dit, Céline, contre les injustices, et elle a fait de la résistance.
02:10Et quelle résistance ! Elle s'est engagée, alors qu'elle n'est plus, ne pas s'engager, vivre comme la majorité des gens.
02:16Voilà, ne pas toucher à ça, non, non, elle s'est...
02:20Et puis, de l'émancipation des Noirs, de la marche aux côtés de Martin Luther King, on va parler de tout ça,
02:26cette secondaire mondiale, tout ça, c'est quelqu'un qui est...
02:32Non seulement elle a été panthéonisée, comme on dit, avec toutes les raisons de l'être,
02:36mais voilà, ça fait partie de ces êtres qui sont à plusieurs dimensions, quoi.
02:42La grande artiste, danseuse, chanteuse, et puis résistante, et puis voilà, tout le reste, on va en parler.
02:49Et oui, on va en parler, effectivement, première femme noire, André Bercoff a entré en Panthéon en 2021.
02:55On va en parler avec Jean-Claude Bouillon-Baker, qui est l'un des douze enfants qu'elle a adoptés.
03:00Il sera avec nous dans un instant sur Sud Radio pour rendre hommage à sa maman, cet artiste hors pair.
03:06On va tour, mon espoir, j'ai deux amours, mon pays et Paris.
03:23Ah, toujours, mon cœur est ravi.
03:30Joséphine Baker, André Bercoff, j'ai deux amours, effectivement.
03:36Elle a tant aimé la France, André, son pays d'adoption.
03:40Et nous avons le plaisir de recevoir aujourd'hui sur Sud Radio, eh bien, Jean-Claude Bouillon-Baker.
03:44Bonjour à vous, Jean-Claude.
03:46Bonjour Céline, bonjour André.
03:47Merci d'être avec nous.
03:49Alors, vous avez publié de nombreux livres sur votre maman,
03:52notamment Un château sur la lune, paru chez Hors Collection.
03:55Dans cet ouvrage, eh bien, vous racontez le destin hors du commun de votre maman.
04:01Sa fille y ressemble, il faut le dire, à un conte.
04:03Mais à son commencement, ce conte, on peut le dire, il a été cruel.
04:07Quelle enfance a-t-elle vécu et d'où vient-elle ?
04:12Alors, je dirais d'abord, gentiment, je dirais Baker et non pas Baker.
04:16Baker, oui, c'est vrai.
04:17Parce que Joséphine disait, toujours, ma mère disait Joséphine Baker.
04:21Elle a repris les journalistes très gentiment.
04:23Elle voulait franciser son nom.
04:26Exactement, elle se sentait tellement française qu'elle s'est Baker.
04:31Donc c'est joli.
04:32Évidemment, aux Etats-Unis, on disait Baker.
04:35Mais en France, c'était Baker.
04:37Alors, l'enfance, comme vous dites, c'est un conte cruel en son commencement.
04:45C'est une femme d'abord, moi je vous avais dire trois choses.
04:48Une chose très simple.
04:49C'est une femme qui danse, qui chante et qui se bat.
04:56Et qui se battra toute son existence.
04:59D'abord, contre sa condition de pauvre.
05:03D'abord, contre la ségrégation et le rejet de sa couleur de peau.
05:08Ensuite, pour la France.
05:13André Bercoff l'a dit tout à l'heure.
05:15Au premier jour de la guerre.
05:18Je ne chanterai plus en France tant qu'un seul soldat allemand s'y trouvera.
05:23Elle tiendra parole.
05:25Son théâtre d'opération, on y viendra plus tard.
05:27Ce sera à l'Afrique du Nord.
05:28Dans l'espionnage.
05:29Ensuite, contre la ségrégation, qui ne cesse de redoubler après la guerre.
05:35Et qui reçoit comme un boomerang en s'apercevant que finalement, les soldats qui étaient en première ligne, les GI noirs, ne sont pas admis dans les théâtres blancs.
05:44Et où elle chante.
05:46Et donc, ce sera le début de la confrontation avec les Etats-Unis.
05:49Elle se battra toute sa vie.
05:50On l'évoquera aussi avec ce point culminant qui sera la marche de Washington, fameuse marche triomphale de Martin Luther King.
05:59Mais revenons à son enfance.
06:01Elle est née en 1906 à Saint-Louis, dans le Missouri.
06:05Et effectivement, ses parents étaient très pauvres.
06:07Racontez-nous, qui étaient ses parents ?
06:10Ses parents, Carrie, ma grand-mère, forcément.
06:15Aussi étonnant que ça puisse paraître.
06:16Et qui d'ailleurs est morte dans un château du Périgord en 1959.
06:23Vous voyez la trajectoire ?
06:24A quel âge ?
06:2679 ans.
06:28Petite fille d'esclave de Caroline du Nord, qui arrive à Saint-Louis.
06:33Vous savez, Saint-Louis, c'est une ville créée par les Français, n'est-ce pas ?
06:36Et ils habitaient dans un quartier très pauvre, les Tadris, la ville très industrielle Saint-Louis.
06:43Et maman était l'aînée de la fratrie.
06:47Donc l'aînée avec le sens du devoir.
06:49C'est une famille nombreuse ?
06:51Non, pas si nombreuse que ça.
06:53C'est deux pères différents.
06:55C'est la même mère et ce sont quatre enfants seulement.
06:58Quatre enfants, d'accord.
06:58Voilà.
07:00Donc très jeune, elle va être placée chez des Blancs.
07:07Ça se faisait, c'était autorisé, c'était légalisé.
07:11Mais elle valait aussi être maltraitée.
07:14Je l'ai raconté dans mon livre, on le raconte.
07:16Par exemple, elle avait cassé un objet et sa patronne lui avait mis la main dans l'eau bouillante.
07:26Voilà, par exemple.
07:27Elle dormait à la cave avec un chien qui s'appelait...
07:29Elle avait quel âge à ce moment-là ?
07:30Elle avait 11 ans.
07:30Elle s'était placée.
07:33Elle dormait à la cave avec un chien qui s'appelait Trois-Pattes.
07:36Elle a nourri un petit poulet.
07:37Ça, c'est une anecdote, mais c'est très important pour montrer de son amour des animaux par la suite.
07:41Elle a nourri un poulet qui, vicieusement, sa patronne l'avait fait engraisser, engraisser, engraisser,
07:49jusqu'à ce qu'elle lui demande de l'égorger.
07:52Ce qu'elle a été obligée de faire, c'est un épisode terrible de son existence.
07:57Et son amour, il commencera parce qu'on dit, on l'a dit, tout à l'heure, vous avez montré...
08:00On avait entendu « J'ai deux amours », une chanson emblématique de Josephine Baker.
08:05Mais des amours, elle en avait plus que deux, je peux vous l'assurer.
08:07Elle avait les animaux, elle avait les enfants.
08:10Et elle avait aussi les êtres humains.
08:11Et oui, donc elle n'a pas été, effectivement, longtemps à l'école,
08:14parce qu'effectivement, dès 8 ans, elle a été faire des ménages chez des moulins.
08:20C'est merveilleux, cette histoire d'école, une seconde,
08:22parce qu'elle était dans une école jusqu'à l'âge de 8 ans.
08:25Et cette école s'appelait Dumas, comme Alexandre Dumas.
08:29Dumas School.
08:31Et moi, j'ai écrit dans le livre qui va paraître en septembre,
08:35j'ai dit, ah, Dumas School rencontre les trois mouscotaires,
08:39et dire qu'un siècle plus tard,
08:41je dormirai à côté de lui au Panthéon.
08:45Alors, pour échapper à la misère, elle va très jeune quitter Saint-Louis.
08:50Elle va saisir, en quelque sorte, dirais-je, la première opportunité,
08:53et entrer dans une troupe de théâtre itinérant,
08:56dans laquelle, au départ, elle sera costumière.
08:59Mais comment son amour de la danse est-il né ?
09:02Comment ce talent qu'elle avait, comment...
09:04Qui l'a initiée, en quelque sorte ?
09:06Elle a eu le coutume de dire très longtemps.
09:08Alors, ça, c'est pour entretenir une sorte de légende
09:11qu'elle dansait parce qu'elle avait froid.
09:13Ça fait très joli, n'est-ce pas ?
09:14Ça fait bien, oui.
09:15Et vous savez, à vous, Milan, de là où on a vécu,
09:18il y avait une sorte de musée grévin, reconstitué,
09:21c'est-à-dire que des personnages en cire,
09:23évidemment, à la gloire et au cheminement artistique,
09:26de Joséphine, de A à Z, c'est-à-dire de Saint-Louis,
09:29en train de danser comme une petite gitane,
09:31effectivement, de 8 ans,
09:33jusqu'à rencontrer le pape Paul VI au Vatican,
09:36et John Kennedy, dans la trajectoire.
09:39Non, mais Joséphine, je pense qu'elle était...
09:41C'est inné chez elle, d'abord.
09:43La danse, elle a dit,
09:44si je pouvais mourir en dansant,
09:46ça serait extraordinaire, ça serait mon rêve.
09:49Je pense qu'elle s'est initiée à la danse,
09:51aussi, en allant au zoo.
09:54Plusieurs fois, elle a vu les mimiques,
09:57les kangourous boxeurs, les singes.
09:58Les singes, c'est sa grande passion dans la vie.
10:00Nous, on avait toujours été avec des singes
10:02dans notre enfance.
10:03Il mangeait avec nous un petit chimpanzé
10:05qu'on appelait Goofy, etc.
10:07Omilande.
10:08Omilande, avait un singe.
10:10Et d'autres qui étaient enfermés,
10:12parce que les babouins ne mangeaient pas avec eux.
10:14Et donc, elle a rodé son jeu de scène,
10:18finalement, ces mimiques,
10:19simiesques, comme ça,
10:20de loucher, de marcher sur les mains.
10:24Quand l'autre est arrivé,
10:25son intrusion sur le terrain des Champs-Elysées,
10:27elle monte sur les mains,
10:28elle a les fesses en l'air,
10:29ce qui fera dire à un critique,
10:31est-ce un homme, est-ce une femme ?
10:33Déjà, déjà !
10:34Je veux dire, quand elle arrive à Paris,
10:39là, j'avance un peu,
10:40mais quand elle arrive à Paris,
10:41elle a déjà quasiment 8 ans de métier.
10:44Alors, justement,
10:45comment elle a réussi à imposer son style ?
10:47On l'a dit il y a quelques instants sur Sud Radio,
10:49elle était donc costumière
10:51dans cette troupe de théâtre.
10:53Qui l'a mise sur scène ?
10:55Alors, ça, c'est la petite troupe du départ.
10:59Il y avait des trimardeurs,
11:00ce qu'on disait,
11:01des gens qui partaient.
11:03C'était une petite famille,
11:05Family Jones,
11:06il y avait le papa qui jouait le trombone,
11:08la maman.
11:08C'était à Saint-Louis, ça.
11:09Oui, c'était à Saint-Louis.
11:10C'était à Saint-Louis.
11:11Mais ça s'est aimé, si vous voulez,
11:13dans les comtés à long tour,
11:15puis c'est remis au point de départ,
11:16comme il y avait des multitudes de petites...
11:18Par contre, après,
11:19il y a eu son premier mentor,
11:22son premier découvreur,
11:23si je puis dire,
11:24c'était un monsieur qui s'appelait Red Burnett,
11:27qui était le régisseur
11:28du Booker T. Washington Theatre,
11:31qui était déjà beaucoup plus important
11:32à Saint-Louis,
11:35et qui l'a dit...
11:35Booker T. Washington, oui.
11:36Oui, vous connaissez le héros américain,
11:38à qui on a donné le nom du théâtre,
11:42et qui a dit,
11:44toi, tu en as dans le ventre,
11:45je suis sûr que tu vas réussir.
11:46Tu vas réussir parce que tu as faim
11:49et parce que tu sais ce que tu veux.
11:50Donc, c'était déjà une révélation extraordinaire.
11:53Et là, ça devient une troupe
11:54déjà un peu plus importante,
11:56avec laquelle elle va partir.
11:58Mais sa grande aventure, finalement,
12:00de troupe,
12:00c'est d'intégrer la fameuse revue noire,
12:05et non pas nègre,
12:06qui s'appelait Shuffle Along,
12:08qui était constituée essentiellement
12:10d'artistes noirs,
12:12écrits par des noirs
12:13et interprétés par des noirs.
12:15C'est la première grande comédie musicale.
12:17Shuffle Along,
12:18avec que des noirs.
12:20Cicel et Blake,
12:21qui étaient les deux auteurs,
12:23Noble Cicel et Hubie Blake.
12:25Cette comédie musicale
12:30va aller jusqu'à Broadway,
12:31va rester 15 mois.
12:33Il y aura un tel succès
12:34qu'on va en faire une bise,
12:35comme on disait à l'époque,
12:36on faisait deux tournées.
12:38Joséphine va essayer d'intégrer la première,
12:40elle est trop jeune,
12:41elle a 15 ans,
12:42et l'État de New York refuse,
12:44on ne peut pas.
12:45On ne peut pas,
12:45on est trop jeune.
12:46Et puis le régisseur lui dit,
12:48mais regarde-toi,
12:49tu es trop moche,
12:50tu es maigre, etc.
12:51Donc elle part en pleurs,
12:52elle est venue toute seule de Philadelphie
12:54pour intégrer cette troupe,
12:56elle est refusée,
12:57à 15 ans.
12:58Elle intègre la revue BIS.
13:01Et là,
13:02elle commence à loucher,
13:04et les gens viennent voir
13:05la jeune fille qui louche.
13:06elle a un tel succès
13:08que lorsqu'elle revient
13:09à New York,
13:10Huey,
13:11Susan & Blake,
13:12les deux créateurs
13:13de la revue,
13:15la reconnaissent,
13:15ils disent,
13:16mais qu'est-ce que vous faites là ?
13:17C'est vous qui m'avez refusé,
13:18maintenant j'intègre.
13:19Et évidemment,
13:20elle commence à gagner
13:21un peu d'argent.
13:22Quelle année,
13:22ça c'est quelle année ?
13:23Ça c'est les années 19,
13:2420,
13:2521,
13:2521.
13:2621,
13:2621,
13:27oui.
13:28Parce qu'ensuite,
13:29la revue s'essouffle
13:31et s'arrête à Philadelphie.
13:33Alors Joséphine revient à New York,
13:34et là,
13:35elle a un autre statut,
13:37pas si grand que ça,
13:38parce que finalement,
13:38c'est toujours une danseuse,
13:39c'est pas une chanteuse,
13:40on est bien d'accord.
13:41Donc elle est au,
13:42elle intègre le cabaret rival
13:45du fameux Cotton Club,
13:47qui s'appelle
13:48Le Plantation.
13:49Donc toujours ces noms exotiques
13:50et en rapport au sud des Etats-Unis,
13:52évidemment.
13:54Et ils sont voisins à Harlem,
13:56et elle me disait,
13:58mais le soir,
13:58après le spectacle,
13:59j'allais voir les copains
14:00au Cotton Club,
14:01et les copains,
14:01c'était qui ?
14:02C'était Cap Calloway,
14:03Joe Callington,
14:04Bessie Smith,
14:05etc.
14:06Et ils n'étaient pas encore
14:07très connus,
14:08immensément connus,
14:10et eux aussi,
14:11passaient par la porte de service,
14:12comme elle,
14:12il ne faut pas oublier ça.
14:13Oui,
14:14c'est encore ces réagions existaient.
14:15Et eux,
14:15ils étaient sur la scène,
14:16mais après,
14:17on le voit dans le film
14:18Cotton Club de Coppola,
14:21d'ailleurs.
14:21Alors,
14:22à 18 ans,
14:23elle est repérée,
14:24on lui propose
14:25de venir effectivement en France,
14:27qui lui offre cette chance,
14:29de cette carrière ?
14:30C'est incroyable.
14:31Oui,
14:31parce que pourquoi la France ?
14:32Voilà,
14:33tout est là,
14:34tout est là,
14:35c'est parce que...
14:36Vous voyez,
14:36ça,
14:36c'est le signe du destin,
14:37c'est le coup,
14:38elle croira toujours au destin,
14:40et elle croira toujours,
14:41finalement,
14:41qu'elle aurait eu une chance extraordinaire.
14:44Finalement,
14:44selon son stradar,
14:45elle le reléguait quelque part
14:47au fond d'elle-même,
14:47mais elle pensait
14:48qu'elle avait eu une chance.
14:49Et elle a eu beaucoup de chance,
14:50c'est vrai,
14:51parce qu'elle est tombée,
14:51à ce moment,
14:52au pile-poil des années folles,
14:54si vous voulez,
14:54dans le chaudron.
14:55Mais alors,
14:56pourquoi était-elle ?
14:57Et comment était-elle arrivée ?
14:59Eh bien,
14:59il se trouve qu'il y avait dans la troupe,
15:01Cine Béchette,
15:02donc on l'a mentionné,
15:04qui avait déjà été à Paris plusieurs fois,
15:06qui était plus âgé,
15:07et qui est devenu un peu son grand frère,
15:08son parrain.
15:09Il a dit,
15:11t'inquiète pas,
15:12ma petite Josephine,
15:12tu vas voir à Pigalle,
15:13c'est extraordinaire.
15:15Lui,
15:15il avait fait le coup de poing à Pigalle,
15:17il avait eu affaire aux flics.
15:20Il était à la 1900,
15:21il devait avoir 25 ans,
15:22ou 24 ans.
15:23Il était un peu plus vieux,
15:24il avait 10 ans de plus.
15:25Moi,
15:25j'ai vu son fils,
15:26il n'y a pas longtemps,
15:27qui est batteur et tout.
15:29Oui,
15:29en fait,
15:29effectivement,
15:30vous le dites,
15:30c'est que Sidney Béchette
15:31l'a vraiment rassuré,
15:33et il lui a dit exactement,
15:35les Parisiens ne feront pas attention
15:38à ta couleur.
15:39Elle,
15:39elle avait peur de cela.
15:41Oui,
15:41parce qu'il avait éprouvé ça lui-même,
15:44de visu et charnellement,
15:45si je puis dire.
15:46Mais la seconde personne
15:48qui va la rassurer,
15:49c'est celle qui vient la chercher.
15:51Donc,
15:51qui s'appelle Caroline Dudley-Riggan,
15:53qui est vraiment très française
15:56par l'esprit,
15:57puisqu'elle va se marier,
15:58elle va être mariée pendant 40 ans
15:59avec Joseph Deltheil,
16:00un ancien surréaliste.
16:02Oui,
16:02bien sûr.
16:03Et très copine avec Henri Miller,
16:05qui est,
16:06on ne peut pas plus faire plus français.
16:08Je rappellerai juste,
16:09et vous le savez aussi bien que moi,
16:11que c'était l'époque de Paris est une fête,
16:14de Hemingway,
16:15de Gershaw Stein,
16:16de toute cette entre-deux-guerres
16:17où tous les Américains étaient,
16:19enfin,
16:19les Américains,
16:20les écrivains étaient à Paris.
16:21Paris est une fête.
16:23Mais ça,
16:24on parlait du Paris blanc,
16:25moi je parle du Paris noir,
16:27qui s'est mis à Pigalle,
16:29et tous les corps de métier,
16:30qui étaient venus après la Première Guerre mondiale,
16:32il y avait des cordonniers,
16:34des barbiers,
16:34des tenanceurs de cabarets,
16:36déjà.
16:36Et je voudrais juste,
16:37je voudrais juste,
16:38puisqu'on parlait de Sidney Béchet,
16:39qui moi,
16:40je veux dire,
16:40petit accent personnel,
16:42m'a fait connaître le jazz.
16:44J'avais 13-14 ans,
16:45et j'écoute Sidney Béchet,
16:47et si je connais Sidney Béchet,
16:49c'est vrai,
16:49enfin,
16:50si je connais le jazz,
16:51c'est à cause Sidney Béchet,
16:51qui est la musique de ma vie,
16:53écoutez.
17:09Petite fleur, André.
17:11Fabuleuse, Sidney Béchet.
17:12C'est extraordinaire.
17:13Petite fleur.
17:14Eh oui,
17:14alors revenons,
17:15vous êtes ému André Bercoff.
17:16Oui, oui,
17:17non mais,
17:17parce que ça me rappelle
17:18Louis Armstrong,
17:19tout ça,
17:1913-14 ans,
17:20vous savez,
17:20quand des gosses,
17:21je ne connaissais pas du tout,
17:22mes parents,
17:22ils n'étaient pas dans le jazz,
17:23j'écoute ça,
17:24et puis,
17:26on est des millions,
17:27voilà,
17:27et que Sidney Béchet
17:28jouait un rôle
17:29aussi important.
17:31C'est les grands frères,
17:32finalement.
17:34Louis Armstrong,
17:35qui est venu au Milan,
17:36ils étaient très amis
17:37avec Joséphine.
17:38Alors,
17:39revenons à Caroline Dudley,
17:41parce qu'elle a été mandatée,
17:42en fait,
17:42à l'époque,
17:43par le Théâtre des Champs-Elysées,
17:44pour monter,
17:45donc,
17:45une troupe
17:46avec des Noirs,
17:47en quelque sorte.
17:49On lui avait dit,
17:49donne-leur,
17:50des Nègres,
17:51les Parisiens,
17:52adoreront ça,
17:54et le 22 septembre,
17:55donc,
17:551925,
17:56Joséphine Baker
17:57arrive en France,
17:58dix jours plus tard,
18:00elle fait sensation
18:01au Théâtre des Champs-Elysées
18:02de Paris,
18:02donc,
18:03dans la fameuse
18:04revue Nègre.
18:07Au départ,
18:07elle n'était pas
18:08la vedette du spectacle,
18:09Jean-Claude.
18:10Oui,
18:11elle n'était pas la vedette
18:11du spectacle,
18:12elle est arrivée comme une...
18:14Mais l'idée de la Rue Nègre,
18:15pardon,
18:15parce que c'est important,
18:16qui l'a eu,
18:16l'idée de la Rue Nègre ?
18:17C'est pour ça que,
18:18je reviens tout petit peu en arrière,
18:20c'est Fernand Léger,
18:21finalement,
18:21qui était le pape du constructivisme.
18:24Le pape,
18:24vous parlez de Fernand Léger.
18:26Le pape,
18:26oui,
18:27je dis moi le pape,
18:27mais c'est le peintre,
18:28évidemment.
18:29C'était un pape aussi.
18:30Oui,
18:30oui,
18:30oui,
18:30alors,
18:31il revenait d'Arlème,
18:32c'était un bourlingueur,
18:33il était comme l'Alsandra,
18:35c'était des mecs
18:36qui avaient vécu,
18:37qui aimaient bien boire,
18:38qui se mélangeaient
18:39avec un peu la faune de Arlème,
18:41etc.
18:42Évidemment.
18:43Donc,
18:44il est revenu,
18:44il était copain avec Davène,
18:45qui était le patron
18:46des Champs-Elysées,
18:49il lui a dit,
18:50et qui était en panne de scandale,
18:51il y avait plein de scandales
18:52artistiques à Paris,
18:53il venait d'avoir
18:54les ballets suédois,
18:55puis antécédemment,
18:56les ballets russes,
18:57avec Nigesky.
18:59Bon,
18:59le théâtre des Champs-Elysées,
19:00qui est vraiment,
19:01pour moi,
19:01le magnifique,
19:02le plus beau théâtre de Paris,
19:03à mon sens,
19:05était en panne.
19:06Alors,
19:06ils ont mandaté
19:07cette jeune femme
19:08qui était une patricienne
19:09de Chicago,
19:10blanche,
19:11mariée avec un diplomate
19:13et qui adorait la France,
19:14qui parlait les deux langues,
19:15ils l'ont dit,
19:17parce que Fernand Léger,
19:18en revenant de Arlème,
19:19lui avait dit,
19:20donne-leur des nègres,
19:21les parisiens vont leur donner.
19:22Des nègres,
19:22ça n'avait pas la connotation
19:23que ça a aujourd'hui,
19:24évidemment.
19:24C'est pas de nègres au sens,
19:25bien sûr.
19:26Donc,
19:26elle part là-bas,
19:27et puis elle fait son marché,
19:28si je puis dire,
19:31Béchette,
19:32elle le connaissait déjà
19:33un tout petit peu,
19:34et puis elle voit
19:35cette girl,
19:36le plantation,
19:37donc,
19:37Joséphine,
19:39qui au bout de la ligne
19:40du chorus girl,
19:41vous savez,
19:41qui lève la jambe harmonieusement,
19:43qui sont très belles,
19:44on appelle ça des high yellow,
19:46parce qu'elles ont la peau,
19:48si vraiment,
19:48elles se mettent de la poudre
19:50pour être le plus blanche possible,
19:52alors que ma mère,
19:53pas du tout,
19:54et elle,
19:54ma mère,
19:54au bout de la ligne,
19:56elle louche,
19:57elle fait le singe,
19:57d'ailleurs,
19:58elle appelle toute le singe.
19:59Elle se démarque de toute,
20:01et ce qu'il faudra dire
20:02à Caroline Dédelé,
20:03très joliment,
20:05quand j'ai vu Joséphine,
20:06elle se détachait du chorus
20:08comme un point d'exclamation.
20:10C'est très joli.
20:11Alors après,
20:12il fallait la convaincre,
20:13mais Joséphine était malicieuse
20:14et maligne.
20:15Elle a fait monter les enchères,
20:16elle a gagné déjà pratiquement
20:18250 dollars par semaine,
20:20ce qui était considérable,
20:21et on envoyait beaucoup d'argent
20:22à Sainte-Louise
20:23pour sa famille,
20:26elle a toujours,
20:27toute sa vie,
20:27elle aura fait ça,
20:28et du coup,
20:30elle dit,
20:30mais si les Parisiens ne m'aiment pas,
20:33ils vous aimeront,
20:34ne vous inquiétez pas.
20:35Donc,
20:35elle franchit la part
20:36et lorsqu'elle quitte
20:38le port de New York,
20:41eh bien,
20:41lorsqu'elle voit disparaître
20:43la statue de la liberté,
20:44c'est là où elle dira,
20:45à ce moment-là,
20:46que je n'ai plus eu peur.
20:48Alors que les immigrants
20:49arrivant à Ellis Island
20:51et franchissant le cas,
20:53disaient le contraire,
20:54c'est le pays de la liberté.
20:55Voilà,
20:55à francs renversés
20:56ce qui s'est passé.
20:57Eh oui,
20:57alors sur la scène,
20:58effectivement,
20:59ce soir-là,
20:59il faut le rappeler,
21:00elle dansait à moitié nue,
21:02certains l'ont acclamée,
21:04d'autres l'ont huée.
21:05Elle a fait un peu scandale
21:06quand même à l'époque.
21:07En réalité,
21:08il y a eu deux numéros.
21:09Le premier,
21:09c'est qu'elle arrive,
21:10comme je disais tout à l'heure,
21:11les mains sur le sol,
21:13les fesses en l'air,
21:14en guenille,
21:16un costume de circonstance,
21:18on ne sait pas qui c'est,
21:19elle a un casseau de caviar,
21:21elle louche.
21:21Ça,
21:22c'est la première.
21:22Oui,
21:23c'est la première.
21:23Elle grimpe un arbre,
21:24elle redescend,
21:25elle se casse la figure.
21:27J'en ai dit,
21:27mais c'est incroyable,
21:28qu'est-ce que c'est que c'est ?
21:29Bon,
21:29on n'a jamais vu ça,
21:30c'est une sorte de sensation,
21:31mais un peu hybride.
21:32Mais la deuxième,
21:34c'est la danse sauvage,
21:36celle qui clôt la revue Néaigre.
21:37Et là,
21:38elle apparaît nue,
21:40pratiquement,
21:40avec juste des plumes d'autruche rose,
21:42aux poignets,
21:43aux chevilles
21:44et un cache-sexe.
21:46Elle s'entoure autour
21:47d'un noir granitique,
21:49c'est un martiniquais
21:51qui s'appelait Joe Alex,
21:53et ils font ce qu'on appelait
21:54la danse sauvage,
21:55mais une danse très érotique,
21:57alors là,
21:58qui effectivement...
21:59Et elle avait l'admiration
22:00des surréalistes à l'époque,
22:01il faut le dire.
22:02qui se fera se lever,
22:03d'un côté,
22:05les tenants du bon goût,
22:06du goût ancien,
22:08et puis les surréalistes
22:10qui sont venus,
22:11pour certains,
22:11voir dix fois la revue Néaigre.
22:14Je pense à René Crevel,
22:15je pense à Desnos,
22:16je pense à...
22:17Aragon, déjà ?
22:18Aragon, je n'ai pas vu.
22:19Mais Picabia,
22:20Picasso et Cocteau.
22:22Cocteau qui dira,
22:24admirons cette idole
22:26d'ironie et d'or.
22:27Je trouve ça très beau aussi.
22:29Le sens de la formule,
22:30toujours.
22:31En tout cas,
22:31en 1926,
22:32un an après la revue Néaigre,
22:34elle devient avec Miss Tinguette
22:35la plus grande meneuse de revues
22:37que la France ait connue
22:38dans l'entre-deux-guerres.
22:40Après les années folles,
22:41elle va faire face,
22:43effectivement,
22:44à cette drôle de guerre.
22:45En 1939,
22:46elle s'engagera
22:47dans les services secrets
22:48de la France libre.
22:49de la France a fait de moi
22:50ce que je suis.
22:51Je suis prête
22:52à lui donner ma vie,
22:53dira-t-elle.
22:54On va en parler
22:54dans un instant
22:55sur Sud Radio.
22:56Alors, reste avec nous.
22:57sa petite oeufs,
22:58son ananas,
23:00son ananas,
23:00son anamite.
23:02Je suis libre,
23:03je suis charmante,
23:05comme un petit oiseau
23:07qui chante.
23:08Il m'appelle
23:09sa petite bourgeoise,
23:12sa tonquiti,
23:13sa tonquiti,
23:14sa tonquinoise.
23:15D'autres pays font les yeux,
23:17mais c'est moi
23:19qui l'aime le mieux.
23:21Magnifique.
23:23En vrai, Bercoff,
23:23ça vous rappelle
23:24des souvenirs,
23:25cette chanson ?
23:25Ça me rappelle,
23:26en fait,
23:27c'est Jean-Just
23:27qui l'a composée,
23:28vous l'avez dit,
23:29mais moi,
23:29je l'ai entendu
23:30par Joséphine.
23:31J'avais 10 ans
23:32et ils avaient
23:33le tourne-disque
23:35à la maison
23:36et elles le chantaient
23:37avec le mouvement
23:38des doigts.
23:39Oui, oui,
23:40absolument.
23:41Et mon oncle
23:42et ma tante
23:43qui adoraient ça.
23:44Je me rappelle,
23:45ça me rappelle
23:46mon enfance
23:46parce que
23:47c'était...
23:48Ce qui est incroyable,
23:49c'est qu'on lui fait chanter
23:50des chansons
23:51à couleur...
23:53Oui, oui.
23:54Il y a une tête coloniale
23:56alors qu'elle n'est pas
23:57du tout
23:57de ces pays-là.
23:58C'est comme
23:59Massa Vanébel,
24:00elle n'est pas africaine
24:00dans ses amours.
24:02On l'exotise finalement.
24:03C'est sûr,
24:04mais Massa Vanébel,
24:05encore ça se comprenait
24:06parce qu'elle était noire.
24:07Oui, bien sûr.
24:08Mais cette chanson,
24:09la petite tonquinoise,
24:10elle l'a chantée
24:11en 1939
24:11sur la ligne Maginot
24:12pour galvaniser
24:14les troupes
24:15Jean-Claude de Bouillon-Bécquet.
24:16Alors comment elle s'est engagée ?
24:18Oui, dès le premier jour
24:18de la guerre,
24:19elle a vraiment tenu
24:20à servir la France.
24:22On peut dire
24:22qu'elle avait le sentiment
24:23d'avoir une dette
24:24envers notre pays,
24:25Jean-Claude Bouillon.
24:26C'est la reconnaissance
24:27extraordinaire.
24:28Elle a l'ivresse
24:28de la reconnaissance
24:29sa vie au corps.
24:30Mais toute sa vie.
24:31Vous allez voir
24:32un événement un peu plus tard
24:33que j'ai relaté
24:34qui est très très beau,
24:35au moment de la ségrégation
24:36en fin de marche.
24:38Et toute sa vie
24:39et la France...
24:40Est-ce qu'on peut imaginer
24:41une seconde,
24:42cette femme
24:42qui émigre en France
24:44et qui du jour au lendemain
24:46peut prendre un taxi,
24:47boire un café,
24:47une terrasse ?
24:49Et on lui dit
24:50ça va Fiffine ?
24:51Ça va mon petit chou ?
24:52Elle ne sait pas trop
24:53ce que ça veut dire.
24:54Elle est sème
24:55entre Montmartre
24:56et Montparnasse
24:57qui est l'axe privilégié
24:58de toute la culture
25:00extraordinaire.
25:01Vous savez,
25:01elle avait pris
25:03la nationalité française.
25:05Non mais c'est quand même
25:05et ça paraît
25:06juste un mot
25:07mais comme ça,
25:08ça paraît presque exotique
25:10mais complètement
25:11sur elle extraterrestre
25:12parce qu'il y a des gens...
25:14Elle est accueillie,
25:15elle aime la France.
25:16Comme on l'entend
25:17beaucoup de gens
25:17qui aujourd'hui
25:18méprisent ou crachent sur
25:20et alors qu'on se dit
25:23que c'est quand même...
25:24Voilà,
25:24c'est quelque chose
25:25elle dit
25:25je sais ce que je lui dois
25:27et en même temps
25:28elle fait beaucoup plus
25:29que beaucoup de Français.
25:31Eh oui,
25:31parce que pendant la guerre
25:32effectivement,
25:32il faut en parler,
25:33elle a quand même mené
25:33plusieurs actions héroïques.
25:36Comment a-t-elle réussi
25:37à devenir espionne
25:38pour la France libre ?
25:40Alors,
25:41c'est une démarche
25:42tout à fait personnelle.
25:43Elle n'est pas allée chercher,
25:44on n'est pas venu la chercher,
25:46pardon,
25:46c'est pas intermédiaire
25:47de son impresario
25:48qui s'appelait...
25:49Vous connaissez
25:49cette famille Marouani
25:50parce que...
25:51Daniel Marouani.
25:52Comme il disait
25:52Brel,
25:53pour m'endormir
25:54je compte les Marouani.
25:55C'était déjà Marouani.
25:57Oui,
25:57c'était Daniel Marouani
25:59et qui était le frère de Félix.
26:01Félix a été l'impressario
26:02de ma mère
26:03pendant des années et des années.
26:05Moi,
26:05je les connais assez bien,
26:06pas tous
26:07parce qu'ils sont innombrables.
26:09Mais,
26:10par l'intermédiaire
26:12de Daniel Marouani
26:13qui avait des incointances
26:14avec ce qu'on appelait
26:15le deuxième bureau,
26:16donc l'ancêtre du STES
26:18aujourd'hui,
26:20José Find,
26:21au premier jour de la guerre,
26:23il dit
26:23je veux me mettre
26:24au service de la France
26:25avec toute une impétuosité,
26:27son audace,
26:28en même temps
26:28sa candeur.
26:31Alors,
26:31il y a un officier
26:33quand même
26:33qui vient la voir
26:34dans cette superbe maison
26:35du Vésiné
26:36qui aujourd'hui est à vente.
26:38Je tiens,
26:39je passe le message,
26:4020 millions d'euros d'ailleurs.
26:42Si ça vous intéresse.
26:45Donc,
26:46et José Find,
26:47lorsqu'elle est dans sa maison
26:48avec son amant
26:50impresario
26:51qui n'est pas Daniel Maroni
26:53qui est Pepito Abatino
26:54qui a été le premier
26:56grand amour
26:56de son existence
26:57parisienne
26:59et José Find
27:01tout de suite
27:02est perçue
27:03un peu comme,
27:04comment dire,
27:06on se méfie des artistes
27:07parce qu'on a le souvenir
27:08de Matahari
27:09pendant la guerre
27:10de 14-18
27:10que ni une ni deux
27:12bien qu'il fût femme
27:13elle a été fusillée
27:14dans les fossés
27:15de Vincennes
27:16il faut se rappeler.
27:17Donc,
27:17dans un premier temps
27:18ils sont méfiants
27:19et finalement
27:20ils finissent par convaincre
27:21pourquoi ?
27:21Parce que
27:22le chef
27:23du deuxième bureau
27:25aperçoit
27:26qu'elle est la balance
27:28les avantages
27:29et les inconvénients
27:29les avantages
27:30sa notoriété
27:31elle va rentrer
27:32dans les amassades
27:33elle va glaner
27:33les renseignements
27:34et derrière
27:35elle sera coiffée
27:36par son officier
27:37de liaison
27:38qui deviendra
27:40un ami
27:40très cher
27:41que moi
27:42je verrais
27:42toute mon enfance
27:43au Milan
27:44et à lui prêter
27:44une maison
27:45c'était incroyable
27:46il s'appelait
27:46le capitaine Apté
27:48il a écrit
27:48Les mémoires de guerre
27:49de Joséphine Baker
27:50qui est un livre
27:51remarquable
27:52ensorcelé
27:54totalement
27:55par ce personnage
27:56au fil des ans
27:56et alors
27:57tous les deux
27:58leur périple
28:00principal
28:00ça va être
28:01l'Afrique du Nord
28:03et l'Afrique du Nord
28:05vous savez
28:06Alger était à moitié
28:07vichiste
28:08le Maroc
28:09n'était pas du tout
28:10investi
28:10les alliés
28:12vont débarquer
28:13au Maroc
28:14en 43
28:15mais Joséphine
28:16tombe malade
28:17gravement
28:17très gravement
28:18d'abord une pneumonie
28:19contractée à Marseille
28:21puis ensuite
28:22alors là c'est terrible
28:23c'est le drame de sa vie
28:24c'est une hystérectomie
28:25qui l'empêche
28:26d'avoir des enfants
28:28une septicémie
28:30excusez du peu
28:325 opérations
28:3319 mois d'alignement
28:34et elle a failli mourir
28:363 ou 4 fois
28:37et finalement
28:38comme un phénix
28:39plusieurs fois de sa vie
28:40elle aurait été
28:41elle se relève
28:43au moment du débarquement
28:45des alliés
28:46en novembre 43
28:47ce qui est quand même
28:48assez incroyable
28:48parlez-nous des missions
28:50qu'elle a menées
28:52pendant la guerre
28:52en quoi considérer
28:53ces missions
28:54quelle mission elle a menées
28:55parce qu'elle a fait passer
28:56quand même des renseignements
28:58à travers les partitions
28:59notamment
28:59de J'ai deux amours
29:01et la fameuse petite
29:02tonquinoise
29:03ben vous venez de le dire
29:04c'est romanesque
29:06à souhait
29:06mais en même temps
29:07c'est l'avantage
29:07d'être vrai
29:08et de véridique
29:08effectivement
29:09elle l'a dit
29:10dans les ambassades
29:10notamment les ambassades
29:11italiennes
29:13qui étaient encore
29:13en porte-à-faux
29:14sur
29:15c'était pas encore
29:15les forces de l'axe
29:16voilà
29:17est-ce qu'ils allaient rentrer
29:18de pleinement
29:19au côté d'Hitler
29:20il y avait
29:21un axe
29:22ça s'appelait
29:22les forces de l'axe
29:24mais il faut savoir
29:24aussi que l'Espagne
29:25était neutre
29:26mais en même temps
29:28ils avaient installé
29:28un consulat
29:29à Tangier
29:30etc
29:30enfin vous voyez
29:31tout ça était
29:32tout à fait
29:33on savait pas
29:34de quel côté
29:35ça allait pencher
29:36et sa mission consistait
29:37à quoi ?
29:37aller dans les ambassades
29:38oui
29:38aller dans les ambassades
29:40auprès des attachés
29:41d'ambassades
29:42qui n'étaient pas
29:43insensibles
29:44à ses charmes
29:45à sa notoriété
29:46à sa beauté
29:47des renseignements
29:48par-ci par-là
29:49l'air de rien
29:50et qu'elle
29:52ensuite
29:52qu'elle fourrait
29:53pour les mémoriser
29:55elle allait aux toilettes
29:55elle se repoudrait
29:56elle les fourrait
29:57dans ses
29:58putiens-gorge
29:59ou ses bas
30:00et le soir
30:00dans son hôtel
30:01avec ce capitaine
30:03qu'elle avait fait passer
30:04pour son régisseur
30:05j'ai capté
30:06donc il retranscrivait
30:10à l'encre sympathique
30:11sur les partitions
30:12de Je dois amour
30:14de la Tonquinoise
30:15des renseignements
30:16destinés à Londres
30:17ou à New York
30:17elle a sauvé
30:18beaucoup de monde
30:19il faut quand même
30:19le stimuler
30:20certainement
30:21on ne saura jamais
30:21exactement
30:22l'impact que ça a eu
30:23mais après
30:24évidemment
30:25elle est remontée
30:25jusqu'à Damas
30:26elle chantait pour
30:27théâtre aux armées
30:28elle a fait tout son
30:29périple en jeep
30:30et puis moi
30:30j'ai découvert
30:31une archive
30:31tout à fait récente
30:32assez extraordinaire
30:34c'est ça
30:34qu'on peut exhumer
30:35des choses
30:36qu'on ne connaissait pas
30:37je la définis en jeep
30:38je la vois
30:39à Berlin
30:41avec DJI
30:42hilare dans la neige
30:43autour d'elle
30:44et tout ça
30:44en 45
30:45jusqu'à la fin
30:48du premier jour
30:49de la guerre
30:49jusqu'au dernier jour
30:50elle aura été
30:51sur le terrain
30:51ce qui lui
30:52donnera quand même
30:545 médailles militaires
30:55à la fin de la guerre
30:56dans son uniforme
30:57de sous-lieutenant
30:58des forces
30:58de l'armée de l'air
31:00la croix de l'air
31:01avec palme
31:02excusez du peu
31:03la redette de la résistance
31:04et 17 ans plus tard
31:0617 ans plus tard
31:07la région
31:08d'honneur
31:09à titre militaire
31:10elle a rencontré De Gaulle
31:11elle était très proche
31:13de De Gaulle
31:13elle chantait pour De Gaulle
31:14à Alger
31:15mais un peu
31:17vous savez De Gaulle
31:18était très bon
31:19moi j'ai été bercé
31:20toute mon enfance
31:21avec une lettre
31:22qu'il y avait au-dessus
31:22au-dessus du bureau
31:25de maman
31:26une lettre de De Gaulle
31:28justement
31:28avec son écriture
31:29très penchée
31:30visible
31:30chère mademoiselle
31:32Baquer
31:33je sais les services
31:33que vous avez rendus
31:34à la France
31:35et mon épouse Yvonne
31:38se joint à moi
31:38pour votre bon souvenir
31:40c'était une amitié
31:41pas une amitié
31:43mais disons
31:43vraiment il y avait
31:44ce qu'on appelait
31:45une gaulliste historique
31:46une gaulliste de la guerre
31:48en tout cas
31:49après la guerre
31:50c'est un autre combat
31:50qu'elle va mener
31:51elle va lutter
31:52contre la ségrégation
31:53raciale
31:54qui s'est vissée
31:55aux Etats-Unis
31:56depuis des siècles
31:56à ce propos
31:57écoutons cette chanson
31:59Jean-Claude Bouillon-Baker
32:14n'est jamais
32:15rien
32:16qu'en
32:17pauvre
32:18noir
32:18Jean-Claude Bouillon-Baker
32:26comment elle a mené
32:27ce combat
32:27contre la ségrégation
32:29contre le racisme
32:31elle a participé
32:31à cette marche
32:32aux côtés
32:33de Martin Luther King
32:35c'était en 1963
32:37Oui
32:38c'est-à-dire qu'après la guerre
32:40elle se rend compte
32:40que finalement
32:41rien n'a changé
32:42aux Etats-Unis
32:42même si on pourrait dire
32:43d'une certaine façon
32:44ça a redoublé
32:45avec le macartisme
32:46donc on tombe
32:47dans cette spirale
32:48de la paranoïa infernale
32:49et où le moindre
32:51le moindre individu
32:53qui témoigne
32:54d'une idée socialisante
32:55va se faire ficher
32:56par la FBI
32:57et avoir sa carrière brisée
32:59plein de films
33:00de long métrage
33:01admirables
33:02ont témoigné
33:03de ça
33:04et Joséphine
33:06est persona non grata
33:08aux Etats-Unis
33:09donc elle est fichée
33:10par le FBI
33:11parce qu'elle aimait
33:12justement ces idées-là
33:13Elle vous dit
33:13persona non grata
33:14elle n'est pas interdite
33:16de séjour aux Etats-Unis
33:17Si, persona non grata
33:18interdite de séjour
33:19carrément
33:20avec son ami
33:21Charlie Chaplin
33:21la même chose
33:22Charlie Chaplin
33:24aussi est parti
33:24a été expulsé
33:25Exact, bien sûr
33:26Alors
33:27et
33:28alors ce que je mentionnais
33:30tout à l'heure
33:32je mentionnais tout à l'heure
33:33c'était l'ivresse
33:34de la reconnaissance
33:35pour avoir un visa
33:37de retour
33:38essentiellement
33:39pour cet événement
33:40c'est la tournée générale
33:42de John Kennedy
33:43son frère
33:44Bob Kennedy
33:44qui va lui remettre
33:46lui donner
33:46qui était un progressiste
33:48lui
33:48Oui, tout à fait
33:49Et
33:49elle n'oubliera jamais
33:52ce moment-là
33:53alors
33:53je ne vais pas passer
33:54à la mort
33:54de Bob Kennedy
33:55mais restons une seconde
33:56sur la marche de Washington
33:57au départ
33:59ça devait être
34:00on pensait
34:01que ça allait être
34:01un échec
34:0250 000 personnes
34:03étaient prévues
34:03sur les rues
34:04Ils ont été un million
34:05Ils ont été
34:06très très très nombreux
34:07mais il y avait aussi
34:08beaucoup de beaux artistes blancs
34:10Bien sûr
34:10Il y avait Marlon Bandot
34:11il y avait Bert Lancaster
34:13qui dansera sur scène
34:14dix ans plus tard
34:15à Carnegie Hall
34:16ce dernier conseil
34:19de concert de maman
34:20aux Etats-Unis
34:21elle le fait monter sur scène
34:23On va parler de tout cela
34:23Et lors de cette marche historique
34:25il faut le préciser
34:26elle a donné un discours
34:27vous le publiez
34:29ça s'intitule
34:30J'ai fait un long voyage
34:32aux éditions L'Éclaireur
34:34et dans ce discours
34:35elle invite la jeunesse
34:36à aller à l'école
34:37et à apprendre
34:38à se défendre
34:39avec un stylo
34:40et non pas avec une arme
34:42Exactement
34:42parce que
34:43je pense qu'elle avait eu
34:44cette idée
34:45en tout cas
34:46cette conviction
34:47par l'exemple de Cuba
34:50alors je m'explique
34:51une seconde
34:52c'est-à-dire que Cuba
34:53là-bas
34:53elle est considérée
34:54comme une bienfaitrice
34:55du peuple cubain
34:56il faut le savoir
34:56ce qui est rare
34:58elle est quasiment
34:59dans le panthéon cubain
35:00C'était le Cuba de Castro
35:01déjà
35:02c'est-à-dire qu'elle s'est battue
35:04contre la dictature
35:05de Batista
35:06de Batista bien sûr
35:07et
35:09vous savez que
35:10les capots mafiosos
35:11qui tenaient
35:12toute la Havane
35:13etc
35:13d'ailleurs
35:15toute la mafia sicilocale
35:17à Brest de New York
35:18était à la Havane
35:20et il y a
35:21une affiche
35:23à l'hôtel Séville
35:26non
35:27ici
35:28Joséphine Bakker
35:29fut refusée
35:30par les camots
35:31mafiosos
35:31qui témoignent encore
35:33de ce moment-là
35:33alors
35:34à Cuba
35:35qu'est-ce qui s'est passé
35:36je parle de Cuba
35:37avant que ça tombe
35:38en autarcie
35:38avec la dictature
35:40au Cuba
35:41tout le monde
35:41se précipitait
35:42à Cuba
35:42juste post-révolutionnaire
35:44et Castro
35:45avait décrété
35:47qu'il fallait que
35:48tous les paysans
35:49tout le monde
35:50aillent à l'école
35:51soient éduqués
35:52il avait compris
35:53que l'éducation
35:54il n'y avait que ça
35:55qu'il pouvait combattre
35:56la dictature
35:56voilà
35:57et donc
35:58c'est cet exemple-là
35:59qui lui a fait dire
36:00à cette fameuse marche
36:03ne vous battez pas
36:04avec le revolver
36:05comme Malcolm X
36:06par exemple
36:07ne prenez pas la violence
36:08mais le stylo
36:09avec le savoir
36:10et la transmission
36:11et ce petit livre
36:13est extraordinaire
36:14pour ça
36:14parce que c'est le discours
36:15in extenso
36:16de Joséphine
36:17qui est la seule femme
36:19qui a parlé ce jour-là
36:20en anglais
36:21en français
36:22suivi d'un
36:23d'un échange épistolaire
36:25entre le pasteur
36:26et elle
36:26c'est bien
36:27et oui
36:28et on va continuer
36:28d'en parler
36:29dans un instant
36:30sur Sud Radio
36:31il faut qu'on fasse
36:32une petite pause publicitaire
36:33André Bercoff
36:34à tout de suite
36:35Paris
36:35Paris
36:36de mes amours
36:39c'est lui le favori
36:41et oui
36:41Paris Paname
36:42Joséphine Baker
36:43sur Sud Radio
36:44Jean-Claude Bouillon Baker
36:45votre maman
36:46a chanté cette chanson
36:48dans son dernier show
36:50c'était en mars 1975
36:52à Bobineau
36:54c'est pas celle-là
36:55c'est pas exactement celle-là
36:56c'est Paris Paname
36:57oui
36:57Paris Paname
36:58c'était celle-ci
37:00non
37:00ah pardon
37:01c'est une autre
37:02c'est une chanson de revue
37:03exactement
37:04donc 50 ans
37:05presque jour pour jour
37:06presque jour pour jour
37:08après la revue NEC
37:08c'est extraordinaire
37:09il y a des signes comme ça
37:11oui
37:11effectivement
37:12elle remonte sur scène
37:13parce que
37:13comme je l'ai dit tout à l'heure
37:14c'est un phénix
37:15qui ennétra de ses cendres
37:16après avoir été expulsé
37:18d'Émilande
37:19ce sanctuaire de la fraternité
37:21qu'elle a voulu créer
37:22à travers nos adoptions
37:24notamment
37:25parce que vous avez été
37:27juste un mot quand même
37:28vous avez été 12
37:29à être adoptés
37:30c'est ça
37:3012 enfants
37:3112 minimum
37:32ça aurait pu aller jusqu'à 30
37:34mais
37:34et oui
37:35elle vous appelait
37:36sa tribu arc-en-ciel
37:37pourquoi exactement
37:39et bien
37:40la tribu arc-en-ciel
37:40parce qu'on était
37:41de toutes les couleurs
37:42et d'ailleurs
37:42j'ai dit cette chanson merveilleuse
37:44qui s'appelle
37:44Dans mon village
37:45qui retrace
37:47et elle dit
37:47un aux couleurs de la nuit
37:48l'autre couleur de sang
37:49etc
37:50et c'est un dessin
37:51qu'elle a choisi
37:51de toutes les
37:52toutes les nationalités
37:54religions différentes
37:55comme j'ai dit tout à l'heure
37:56elle n'a pas pu avoir d'enfant
37:57elle a été privée d'enfantement
37:58à son grand désespoir
38:00du coup
38:01elle s'est rattrapée
38:02à travers des adoptions
38:03mais pourquoi
38:03les adoptions
38:04parce qu'elle a vu
38:05c'était son credo
38:06elle le disait toujours
38:07combien de fois
38:08je l'ai entendu dire
38:09c'est parce que j'ai vu
38:10les soi-disant adultes
38:11avec leurs soi-disant adultes
38:13justement
38:14dans l'incompréhension
38:15et la confrontation
38:16que j'ai décidé
38:17instinctivement
38:18d'adopter
38:19de tout petits enfants
38:20tout petits
38:21élevés très jeunes
38:22ensemble
38:22pour prouver un exemple
38:24de fraternité
38:24comment vous expliquez
38:26qu'elle ait été expulsée
38:27de ce château
38:28c'est en 1968
38:30on n'a rien expliqué du tout
38:31pourtant elle a gagné
38:32beaucoup d'argent
38:33dans sa vie
38:33pourquoi elle a fini
38:35dans cette misère ?
38:36mais Joséphine
38:37c'est un oiseau des îles
38:39ça sera toujours
38:39un oiseau des îles
38:40elle s'est faite avoir
38:41toute sa vie finalement
38:42quelque part
38:43je veux dire
38:43c'était pas une femme d'affaires
38:45non mais quand on a
38:45une candeur
38:46on a une candide
38:47toute sa vie
38:48puis c'est pas une femme
38:49d'affaires
38:50comme vous venez de le dire
38:51et c'était pas
38:52le château pour le château
38:54le château
38:54elle s'en foutait
38:55comme vous dites
38:55elle a gagné
38:56beaucoup d'argent
38:56non c'était un sanctuaire
38:58de fraternité
38:59c'était un exemple
39:00et d'ailleurs
39:00ça reste un exemple
39:01et peut-être un rêve
39:03suspendu dans l'avenue
39:04de l'humanité
39:05tout simplement
39:05qui est devenu
39:06le château des Milan
39:07alors c'est un très très beau musée
39:09consacré à son existence
39:10essentiellement
39:11et qui est très très bien
39:12très très bien défendu
39:14et très très bien
39:15amélioré à chaque fois
39:16par la nouvelle propriétaire
39:18qui est devenue une amie
39:19au fil du temps
39:20et qu'on peut le visiter
39:21bien sûr
39:22allez-y
39:22et ça c'est
39:24comment dire
39:25amplifier les visites
39:26depuis la panthéon
39:27ce fameux
39:28l'entrée au panthéon
39:29alors justement
39:30elle a été panthéonisée
39:33pardon
39:3446 ans après sa mort
39:36pourquoi si tardivement
39:39Jean-Claude Bouillon-Baker ?
39:40c'est comme le vin
39:41il faut que ça masserre
39:41il faut que ça vieillisse
39:43ça se voit en France
39:45on est comme ça
39:46on l'a trop longtemps
39:47circonscrite
39:48si vous voulez
39:49la ceinture de bananes
39:50la jeune fille qui louche
39:52et petit à petit
39:53lorsqu'on s'est rendu compte
39:54qu'elle avait fait la guerre
39:55qu'elle s'était battue
39:56auprès des noirs
39:56pour les droits civiques
39:58etc etc
39:59on s'est dit
40:00tiens finalement
40:00cette femme
40:01c'est une autre épaisseur humaine
40:02qu'on nous présente
40:04et c'est un long cheminement
40:05je vais aller très vite
40:06mais on l'avait déjà demandé
40:07à Hollande
40:09qui avait
40:10bon
40:11botté un tout petit peu
40:12en touche
40:12et puis là
40:13il ne faudra pas enlever
40:14à Macron
40:15l'audace au moins
40:16d'envoyer Joséphine
40:17moi ce qui m'intéresse
40:18ce qui m'a plu
40:19dans cette démarche
40:20et tous les cours
40:21que j'en ai eu
40:22c'est le consensus
40:23de tout le monde
40:24autour d'elle maintenant
40:26femme admirable
40:27je l'ai entendu
40:27à droite
40:28à gauche
40:29au centre
40:29partout
40:30et vous savez
40:31qui c'est qu'il y avait
40:32aussi au Panthéon
40:33il n'y avait pas
40:34les deux présidents
40:35de la République précédent
40:36mais il y avait
40:36Marine Le Pen
40:37dans un coin
40:38toute seule
40:39et les deux autres
40:41n'étaient pas là
40:42non ils n'étaient pas là
40:43c'est un drôle
40:44certainement
40:45un peu chargé
40:46en tout cas
40:47aujourd'hui
40:48elle reste vraiment
40:49populaire
40:49votre maman
40:50absolument
40:51c'est une française
40:52c'est une héroïne française
40:54c'est une légende
40:54c'est un patrimoine
40:55c'est un patrimoine
40:56vous avez Jeanne d'Arc
40:58en blanc
40:58vous avez Jeanne d'Arc
40:59en noir
40:59c'est vrai
41:01c'est vrai
41:01c'est vrai
41:02et c'est extraordinaire
41:04parce qu'on réécoute
41:05
41:06on vient d'écouter
41:07malheureusement
41:07on l'aurait pu écouter
41:08il faudrait deux heures
41:09trois heures
41:09mais elle reste
41:10sa voix est formidable
41:11c'est des chansons
41:12qui tiennent absolument
41:13la route
41:14c'est merveilleux
41:15c'est dommage
41:15qu'on n'ait pu
41:16que amorcer les chansons
41:17en Métercèche
41:18par exemple
41:18c'est une chanson
41:19sur la négritu
41:20sur l'esclavage
41:21etc
41:22qui est merveilleuse
41:23et là on voit
41:23l'évolution de la voix
41:24effectivement
41:25parce qu'elle avait un don
41:26elle avait le don
41:27pour chanter
41:28comme Anna Lenoir
41:29la grande poétesse
41:29ça veut dire
41:30et en plus de tous
41:31ses salants
41:31elle a avalé
41:32des rossignoles
41:33un don qu'elle a longtemps
41:36ignoré
41:36votre maman
41:37ça n'avait pas
41:38c'était une danseuse
41:39mais si elle avait été
41:40simplement une danseuse
41:41sa vie artistique
41:42aurait été écourtée
41:43si je puis dire
41:44oui c'est ça
41:45l'entre-deux-guerres
41:45le fond
41:46le
41:47l'absus intéressant
41:50non mais
41:51ça va jusqu'au
41:52Front Populaire
41:52parce que le Front National
41:53c'était aussi
41:54la résistance
41:55ça s'appelait
41:56il y a eu un mouvement
41:57de résistance
41:57en tout cas
42:01magnifique
42:02Joséphine Becker
42:03et magnifique
42:04Jean-Claude
42:05qui nous le raconte
42:05très très très bien
42:07merveilleusement raconté
42:08Jean-Claude
42:08merci à vous
42:09d'être venu sur Sud Radio
42:10je rappelle que
42:11vos livres sur votre mer
42:13Un château sur la lune
42:15et j'ai fait
42:16un long voyage
42:17sont parus
42:18l'un chez Or Collection
42:19l'autre chez L'Éclaireur
42:21tout de suite
42:21vous retrouvez
42:22Brigitte La Haye
42:23sur Sud Radio

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