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Tueurs en série
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00:00 Difficile de croire que, quand vous dormez, quelqu'un puisse se glisser dans votre chambre
00:18 et vous enlever sans que personne n'entende rien.
00:20 Et pourtant, c'est ce qui s'est passé.
00:25 Les années 1970, c'était en quelque sorte l'âge d'or des tueurs en série.
00:48 Sur une même période, on avait Gacy, le tueur aux 33 cadavres enterré dans son jardin,
00:54 Ted Bundy, le tristement célèbre tueur d'étudiante, Rader, qui sévit depuis plusieurs décennies
01:00 et nargue les forces de l'ordre et les médias, Jeffrey Dahmer et ses épouvantables scènes
01:08 de crimes inhumaines, ou encore Gary Ridgway, le tueur de Green River, qui a fini par avouer
01:16 71 meurtres commis au cours de plusieurs décennies.
01:19 Ces cinq tueurs ont commis le plus grand nombre de meurtres de l'histoire américaine.
01:24 Ils opéraient quasiment tous à la même période.
01:26 Avec le recul, il est légitime de se demander pourquoi le responsable n'a pas été arrêté
01:32 ou pourquoi les autorités ne l'ont pas recherché.
01:34 Mais je pense qu'il faut se remettre dans le contexte de l'époque.
01:37 Dans les années 1970, les États-Unis ressemblaient encore à un grand village paisible.
01:44 Les gens se faisaient encore confiance.
01:47 Il était tout à fait normal de traîner avec des inconnus ou même de monter avec
01:51 eux en voiture.
01:52 La notion de tueur en Syrie n'existait pas encore, même pour la police.
02:02 Dans les années 1970, les policiers n'avaient tout simplement pas les outils dont ils disposent
02:08 aujourd'hui.
02:09 Rechercher un nom dans une base de données, c'est quelque chose qui n'existait pas encore.
02:13 Il n'y avait pas d'ordinateur.
02:15 Pas d'Internet.
02:16 Pas de téléphone portable.
02:18 Pas d'ADN.
02:19 Il n'y avait pas de caméra de surveillance.
02:20 Tous les dossiers traînaient au fond d'un tiroir.
02:22 Nous n'avions pas encore de système d'appel d'urgence.
02:25 Et les tueurs en ont profité.
02:28 Et tu m'as pris par les vols et m'as dit « Suis-moi ». Tu as menacé de me tuer
02:55 si je n'obéissais pas.
02:56 Je pensais que c'était juste un homme, que je finirais par rentrer chez moi, que tout
03:02 allait bien se passer.
03:03 J'étais loin d'imaginer que cette nuit-là allait être la pire de toute ma vie.
03:08 Nous avons essayé de lui dire « C'est un enfant, ce n'est qu'un enfant ». Il a répondu
03:15 « Eh bien lui, il affirme le contraire ». Qu'il faut-il croire ?
03:18 Ces cinq tueurs n'avaient rien à première vue des fous furieux qu'ils s'avèront
03:26 être par la suite.
03:27 Vous pourriez le croiser dans la rue, dans le bus, dans un avion.
03:30 Rien ne peut vous laisser penser qu'il s'agit d'un des pires tueurs en série de l'histoire
03:34 des États-Unis.
03:35 Mais à l'intérieur se cache un monstre sans pitié.
03:40 Ma mère m'avait dit que la seule chose pour laquelle elle priait tous les soirs,
04:00 c'était de mourir paisiblement dans son sommeil.
04:02 Et il semble que sa prière n'a pas été entendue.
04:10 La vie à Wichita était très paisible.
04:19 En 1974, la ville comptait environ 300 000 habitants, dont une grande majorité d'agriculteurs.
04:25 Jamais nous n'aurions imaginé qu'un crime serait commis dans notre entourage.
04:29 Ces choses ne se produisaient que dans les grandes villes, pas dans les petites villes
04:32 comme Wichita.
04:33 J'ai grandi dans une famille américaine typique, aimante, attentionnée.
04:42 Ma mère et mon père s'aimaient depuis tout petit.
04:46 Ma mère était une bonne catholique.
04:50 Nous étions cinq enfants.
04:52 Je me souviens que ce jour-là, j'étais rentré à la maison.
05:03 J'avais de la neige jusqu'aux genoux.
05:05 Je suis entré par la porte de derrière et dehors j'ai vu mon chien Lucky.
05:13 Je lui ai dit "Eh Lucky, qu'est-ce que tu fais dehors ? Viens, on rentre."
05:18 J'ai ouvert la porte de la cuisine.
05:20 Il n'y avait aucun bruit, personne.
05:25 Alors j'ai crié "Il y a quelqu'un ?" Mon frère a répondu "Charlie, viens vite.
05:34 Maman et papa nous jouent un mauvais tour."
05:36 J'ai couru dans le couloir.
05:40 Je suis rentré dans la chambre et j'ai vu ma mère et mon père attachés.
05:48 Morts.
05:50 Je pouvais sentir la peur et la douleur qu'ils avaient enduré, voir toute l'horreur de
06:00 ce qui s'était passé dans cette pièce.
06:02 Et c'était une douleur physique insupportable, comme si quelqu'un vous ouvrait la poitrine.
06:07 J'ai rencontré la famille, j'ai tiré la pistole, j'ai rencontré Mr. Otero.
06:16 J'ai réalisé que je n'avais pas de masque, qu'ils m'ont déjà identifié.
06:21 J'ai fait la décision d'aller les faire tomber, je crois, pour les étrangler.
06:29 Je n'avais jamais étranglé personne avant.
06:32 La police est entrée dans la maison.
06:38 Ils ont vérifié toutes les chambres et c'est là qu'ils ont trouvé Joey Junior.
06:44 La police pense que l'assassin s'est assis sur la chaise et a regardé l'enfant suffoquer.
06:49 Quand j'imagine la scène, c'est terrible.
06:55 Puis on a commencé à chercher Josephine.
07:00 Les officiers ont pensé aller dans le sous-sol.
07:03 Un policier est descendu, il ne savait pas où étaient les lumières.
07:10 Il balayait l'air des bras en essayant de ne pas se prendre un mur.
07:13 C'est là qu'il a heurté quelque chose.
07:15 Il a d'abord cru que c'était un sac de frappe fixé au plafond.
07:18 Mais quand il a allumé la lumière, il a vu que c'était Josephine et qu'elle était
07:25 pendue à un tuyau de plomberie.
07:27 Elle se débat, énormément.
07:31 Et pendant qu'elle se débat, lui, il la regarde en se masturbant.
07:37 Si j'avais vu Joey et Josie, ça m'aurait rendu fou.
07:42 Dieu merci, je ne les ai pas vus.
07:47 Une scène de crime dans les années 1970, ça n'a rien à voir avec les scènes de
07:53 crime de nos jours.
07:55 La scène de crime dans l'affaire Otero, c'était impensable.
07:58 Il y avait des journalistes qui se promenaient dans la maison.
08:01 Il y avait même un commissaire qui avait décidé de se servir un verre d'eau.
08:07 Il avait laissé le bac à glace sur le comptoir et les enquêteurs en avaient déduit que c'était
08:14 le tueur qui l'avait laissé là.
08:16 En 1974, le mot ADN n'existait pas.
08:22 Il n'y avait aucune technologie de la sorte, mais sous le corps de Josephine, il y avait
08:26 une sorte de liquide.
08:27 L'enquêteur présent sur la scène de crime a eu une incroyable intuition.
08:32 Il n'avait aucune idée de ce que c'était, mais il savait que ça pourrait être important
08:35 pour l'enquête.
08:36 Il a alors pris une taie d'oreiller, l'a découpée en plusieurs petits morceaux qu'il
08:41 a plongé dans le liquide.
08:44 31 ans plus tard, un profil génétique sera établi à partir d'un de ces morceaux de
08:48 tissu.
08:49 La police a d'abord pensé qu'il s'agissait d'un meurtre lié à un trafic de drogue.
08:55 Ils ont arrêté plusieurs personnes.
08:57 Il s'est avéré qu'elles n'avaient aucun lien avec l'affaire.
09:00 En 1974, l'idée que quelqu'un puisse tuer uniquement pour le plaisir n'existait
09:07 pas encore dans l'esprit des gens.
09:09 C'était juste inconcevable.
09:11 Il devait certainement y avoir un mobile.
09:15 Pourquoi quelqu'un avait-il choisi cette famille ? Pourquoi avait-il massacré quatre
09:19 personnes ? On a demandé l'avis de psychologues, pensant qu'ils auraient une idée de ce qui
09:25 pouvait motiver une personne à faire cela.
09:28 Dennis Rader a eu une enfance tout ce qu'il y a de plus normal.
09:39 Lui-même dit "je n'ai jamais été maltraité".
09:46 Mais il ajoute "j'ai su très jeune que j'avais ce petit quelque chose en plus".
09:55 Et ce petit quelque chose, c'est le démon qui est en moi, celui qui m'a poussé à
10:04 torturer et à tuer des gens.
10:05 Rader décrira un incident survenu lorsqu'il était enfant, lors d'une sortie en famille,
10:35 au cours de laquelle un poulet avait été attaché pour être égorgé.
10:39 Et le fait d'attacher le poulet a provoqué chez Rader des sensations qu'il a qualifiées
10:45 comme étant à caractère sexuel.
10:47 Dennis Rader cultivait cette image d'homme pieux.
11:06 Il était marié, il était relativement jeune, il avait 28 ans.
11:12 C'était un bel homme.
11:14 Il avait tout pour lui, jusqu'au jour où il perd son travail en 1973.
11:19 Tout à coup, la vie n'était plus aussi parfaite.
11:22 Il ne contrôlait plus la situation.
11:24 Et il a essayé de compenser cela en prenant le contrôle d'un autre aspect de sa vie.
11:32 Et je pense que cela a peut-être déclenché son besoin de contrôler quelque chose d'autre,
11:37 ou quelqu'un.
11:38 Au moment de l'affaire Otero, d'après ce qu'il raconte, il était entre deux boulots.
11:44 Il s'ennuyait, il n'était pas bien dans sa peau.
11:47 Alors le démon en lui a pris le contrôle.
11:50 Quand on regarde les premiers meurtres connus de ces cinq tueurs en série, il faut savoir
12:05 qu'ils rêvaient de tuer depuis longtemps.
12:09 Dans leur tête, ils ont déjà dressé le profil de leurs victimes, l'endroit où ils
12:15 les trouveraient, comment ils les attireraient.
12:18 Rayder avait beaucoup de fantasmes.
12:22 Et il n'a pas mis longtemps avant de passer à la pratique.
12:27 Et c'était aussi le cas de John Wayne Gacy.
12:32 Pour moi, John Gacy est le pire tueur que l'on puisse imaginer.
12:42 Une sorte de prédateur à la recherche d'une proie.
12:46 Une fois qu'il l'avait choisi, dans son esprit, elle était déjà morte.
12:56 John Gacy traînait souvent dans deux quartiers homosexuels de Chicago.
13:12 L'un appelé Bug House Square et l'autre Boys Town.
13:16 Il faisait plusieurs fois le tour des pâtés de maison à la recherche de sa prochaine
13:20 victime.
13:21 Il avait une Oldsmobile noire avec un grand projecteur côté conducteur.
13:27 Beaucoup des gamins qu'il ramassait étaient homosexuels.
13:31 Il en emmenait beaucoup chez lui.
13:33 Pour beaucoup d'entre eux, c'était un aller simple.
13:36 Gacy Gacy est passé prendre Timothy Jack McCoy, 16 ans, à la gare routière Greyhound.
13:47 Selon Gacy, ce qui s'est passé, c'est qu'il lui a proposé de l'argent pour avoir une
13:54 relation sexuelle avec lui.
13:56 Il l'a ramené chez lui.
13:58 Ils se sont mis au lit.
14:00 Quand il se réveille le lendemain matin, le gamin se tient au pied du lit, un grand
14:06 couteau de boucher à la main.
14:08 Il se dit que le gamin va l'attaquer.
14:10 Il saute du lit.
14:16 Une bagarre s'en suit.
14:19 Il lui prend le couteau, le poignard au cœur deux fois et le tue.
14:27 Ce qui est intéressant, c'est qu'en tant que personne normale, votre premier réflexe
14:34 serait d'appeler la police.
14:36 Gacy, lui, raconte avoir ressenti une grande excitation sexuelle, à tel point qu'il aurait
14:42 même joui devant le cadavre.
14:44 Il va dans la cuisine et là, le gamin est en train de préparer le petit déjeuner.
14:51 Il coupe le bacon en tranches.
14:53 Gacy raconte, il voulait vraisemblablement savoir si j'aimais mon bacon épais.
14:58 Mais malheureusement, sur le coup, il n'a pas compris ça.
15:01 Il s'est défendu, il l'a tué et enterré dans le vide sanitaire.
15:07 C'est à ce moment-là que Gacy a trouvé sa voie.
15:15 Quand il a tué pour la première fois, il a ressenti ce que ça faisait d'avoir le
15:20 contrôle total sur la vie de quelqu'un, de décider s'il devait vivre ou mourir,
15:26 de jouer à Dieu, en somme.
15:28 Et c'est à partir de ce jour-là que va commencer sa chasse ininterrompue de nouvelles victimes
15:33 à torturer et à tuer.
15:35 En général, quand on étudie un tueur en série, on commence toujours par essayer de
15:42 mettre le doigt sur l'événement déclencheur.
15:45 Dans le cas de Gacy, il y avait, je pense, plusieurs éléments déclencheurs.
15:49 John Gacy a reçu à sa naissance le deuxième prénom de Wayne.
15:58 Son père voulait que son fils soit un petit dur, digne du nom d'un héros comme John
16:03 Wayne.
16:04 Et quand Gacy voulait passer plus de temps avec sa mère, pour faire du jardinage par
16:09 exemple, son père l'agressait verbalement, émotionnellement et parfois même physiquement.
16:15 John Wayne Gacy, alors âgé de 4 ou 5 ans, est à l'étage dans sa maison avec une voisine
16:24 beaucoup plus âgée que lui, une adolescente.
16:27 Et d'après ses dires, elle lui caressait les parties génitales et le touchait d'une
16:34 manière sexuelle.
16:36 La mère de la fille la frappe devant Gacy.
16:41 Un épisode comme celui-ci est vraiment significatif dans la vie d'un enfant, dans la mesure où
16:48 la sexualité est associée à la honte et à l'agression physique.
16:53 Une telle combinaison peut produire un individu capable d'agir d'une manière à la fois
16:59 sexuelle et agressive.
17:00 Et c'est exactement ce que John Wayne Gacy est devenu, un violeur doublé d'un tueur.
17:05 J'ai été violé quand j'étais plus jeune.
17:12 C'est difficile d'y repenser et d'admettre que cela s'est réellement produit.
17:18 Cela vous empêche de vous considérer comme un homme.
17:23 Et c'est en partie pour cela que je n'en ai jamais parlé à personne pendant toutes
17:27 ces décennies.
17:28 Quand j'avais 9 ou 10 ans, en 1956, ma mère et moi sommes allés dans un centre de vacances
17:42 à Elkhorn, dans le Wisconsin.
17:44 Il y avait un type du nom de John.
17:50 Il avait environ 16 ans.
17:52 Il travaillait là, il faisait des petits boulots.
17:57 Je n'avais pas de copains avec qui passer du temps, alors on s'est lié d'amitié.
18:01 Il avait un peu de temps libre et il voulait savoir si je voulais faire du bateau avec
18:05 lui.
18:06 Alors il m'a emmené faire un tour.
18:07 Je n'avais jamais été sur un bateau.
18:09 C'était une expérience amusante pour le petit garçon que j'étais.
18:12 On a attaché le bateau.
18:16 Il m'a emmené dans la forêt.
18:21 Et là, il s'est passé une chose terrible.
18:28 Il m'a pris par l'épaule et m'a dit « suis-moi » en menaçant de me tuer si je n'obéissais
18:38 pas.
18:39 Je me suis retourné et il a dit « ouvre la bouche ».
18:43 J'ai ouvert la bouche.
18:47 Ça s'est passé comme ça.
18:55 Dieu merci, c'est allé très vite.
19:01 Est-ce qu'on vient au monde mauvais ? Est-ce qu'on le devient ? Je n'ai pas la réponse.
19:12 Un prédateur sexuel ne devient pas un tueur en série du jour au lendemain.
19:17 C'est quelque chose qui évolue avec la personne depuis son plus jeune âge.
19:22 Au fur et à mesure, les fantasmes sexuels violents grandissent et deviennent de plus
19:30 en plus pressants.
19:31 Le tueur va alors chercher le moyen de satisfaire ses pulsions.
19:35 Dans les années 1960, Gacy a commencé à se rapprocher de plus en plus du point de
19:45 non-retour.
19:46 Il avait des relations sexuelles avec des adolescents, des mineurs.
19:49 Ça allait même devenir son mode opératoire.
19:51 L'un de ces jeunes garçons était Donald Voorhees Junior.
19:58 C'était le fils d'un représentant de l'Iowa.
20:02 Ils ont eu des relations sexuelles à de nombreuses reprises.
20:06 Lorsque le garçon a finalement raconté à son père ce qui s'était passé, celui-ci
20:15 est allé voir la police et a exigé que Gacy soit arrêté et jugé.
20:19 Il a été accusé de viol sur mineurs de 15 ans.
20:23 Il a écopé de la peine maximale de 10 ans.
20:28 Gacy n'était pas seulement un prisonnier modèle à Anamosa.
20:41 Il semblait presque diriger la prison.
20:45 La commission de libération conditionnelle a regardé le dossier de Gacy et ils ont dit
20:49 « A priori, il pourrait probablement être un citoyen modèle.
20:53 Libérons-le.
20:54 »
20:55 Sur les 10 ans, Gacy ne purgera finalement que 18 mois.
21:02 Dans les années 1970, il n'existait pas encore de registre de délinquants sexuels.
21:09 Gacy est parti s'installer à Chicago et a recommencé sa vie avec une ardoisse tout
21:16 ce qu'il y a de plus propre.
21:17 Si Gacy avait purgé la totalité de sa peine, c'est-à-dire 10 ans, 33 jeunes hommes n'auraient
21:26 pas été tués.
21:27 C'est là toute l'ironie de la chose et c'est terriblement triste.
21:31 C'est quand même curieux.
21:39 Il y avait d'autres colocataires dans la maison à ce moment-là et personne n'a rien entendu.
21:45 C'est quand même difficile de croire que quelqu'un puisse glisser dans votre chambre,
21:52 vous enlever, vous sortir de la maison sans que personne ne remarque rien.
21:58 Et pourtant, c'est ce qui s'est passé.
22:01 En 1974, il y avait une nouvelle liberté pour les femmes.
22:15 Les écoles de droit, de médecine étaient obligées désormais d'accepter les femmes
22:19 et les personnes de couleur.
22:20 Il était temps.
22:21 C'était une époque où tous les espoirs étaient permis.
22:23 En 1974, Ted Bundy était diplômé de l'Université de Washington et suivait des cours de droit.
22:34 Il vivait dans le district de l'Université de Washington.
22:38 Il voulait être un grand avocat ou un politicien.
22:41 Il voulait se faire une place parmi les gens qu'il admirait.
22:48 Linda Ann Healy était une étudiante de l'Université de Washington qui a été enlevée dans sa
22:59 chambre au sous-sol et qui a disparu sans laisser de traces.
23:04 Linda Ann Healy vivait sur le campus, dans une maison qu'elle partageait avec quelques-unes
23:12 de ses amies.
23:13 Sa chambre était au sous-sol.
23:14 Ses colocataires ne l'avaient pas vue depuis un jour ou deux.
23:21 Et finalement, l'une d'entre elles est descendue pour aller frapper à sa porte.
23:25 Elles étaient sûres qu'elle était là.
23:28 Son lit était parfaitement fait.
23:29 Elles ont remarqué qu'il y avait des traces de sang.
23:32 En fouillant dans les placards, elles ont trouvé une chemise de nuit toute ensanglantée.
23:37 Elle avait disparu.
23:39 Personne ne savait où elle était.
23:41 Linda n'était plus là.
23:44 La scène de crime, du moins l'endroit où Linda Ann Healy a disparu, a été fouillée
23:52 par la police de Seattle.
23:54 Nous n'avions pas de technicien de scène de crime.
23:59 Nous n'avions pas d'appareil photo numérique.
24:01 Et je me souviens que mon lieutenant m'avait dit un jour « Vous savez, les pellicules,
24:05 ça coûte cher.
24:06 Ne prenez pas trop de photos.
24:08 » Donc en moyenne, sur une scène de crime, même pour un homicide, on n'avait pas plus
24:15 d'une vingtaine de clichés.
24:16 Il n'y avait aucun suspect.
24:26 C'était un cas isolé.
24:29 C'était vraiment le début d'une série de disparitions inquiétantes de jeunes femmes
24:37 sur les campus universitaires.
24:38 Ted Bundy était connu pour avoir eu une enfance assez particulière.
25:03 Il était considéré comme un enfant illégitime, sa mère n'étant pas mariée à l'époque.
25:09 Il a donc passé les premières années de sa vie chez ses grands-parents maternels.
25:14 Ted Bundy a été élevé en croyant que ses grands-parents étaient ses parents et que
25:19 sa mère était sa sœur.
25:21 Il a donc fait ses premiers pas dans la vie au milieu d'un imbroglio de mensonges et
25:26 sa personnalité a commencé à se former sur la base de cette dynamique familiale très
25:31 malsaine.
25:32 J'ai connu Ted Bundy de l'âge de 5 ans jusqu'à 15 ans.
25:40 Mon frère avait l'âge de Ted, donc la plupart des garçons du quartier traînaient ensemble
25:47 et j'étais la petite sœur qui les suivait partout.
25:50 Mon frère m'avait dit de ne pas m'approcher de Ted, que c'était un gamin méchant.
25:55 Ted aimait faire des trous dans le sol et y enfoncer des piquets à la pointe vers le
26:04 haut.
26:05 Et puis il camouflait le trou avec des feuilles, des bâtons et des brindilles, de sorte qu'on
26:10 ne puisse pas le voir.
26:11 Un jour, une fille qui habitait deux rues plus haut a mis le pied dans l'un des trous
26:18 et s'est fait lacérer tout le côté de la jambe.
26:20 Il aimait ça.
26:26 Il aimait faire peur aux gens, surtout aux petites filles, et il aimait leur faire du
26:31 mal.
26:32 Il aimait aussi torturer les animaux.
26:39 Une fois, on a retrouvé un chat du quartier suspendu à une corde à linge et en feu.
26:48 Il avait aspergé d'essence et il avait mis le feu.
26:51 Et on pouvait entendre le chat hurler.
26:55 C'était horrible.
26:57 En ce qui concerne les cinq tueurs en série dont nous parlons, la cruauté envers les
27:05 animaux est un élément qui revient, une sorte d'entraînement avant de passer à
27:09 des victimes humaines.
27:10 Si un individu a la capacité de faire du mal à un animal, il est forcément plus facile
27:15 pour lui de faire du mal à un autre être humain.
27:18 Nous l'avons vu avec Ridgway, Raider et même avec Gacy et Bundy.
27:26 Son comportement était très révélateur de ce qu'il était au fond de lui.
27:30 Je doute que les habitants du quartier aient été surpris de voir Ted se transformer en
27:37 tueur.
27:38 Adolescent, Ted Bundy était un jeune à problème.
27:51 Il voulait déjà aller à l'âge.
27:54 À l'âge de 14 ans environ, il avait été arrêté pour voyeurisme.
27:58 Puis il s'est inscrit à l'université de Washington.
28:04 Lors d'un de ses cours de psychologie, il apprend que les gens ont tendance à vouloir
28:08 plus facilement aider quelqu'un qui a l'air vulnérable.
28:11 Avant le premier meurtre, Ted Bundy avait une vie assez normale vue de l'extérieur.
28:20 Il sortait avec une jeune femme, Stephanie Brooks.
28:26 Stephanie Brooks représentait tout ce qu'il désirait avoir dans la vie.
28:32 L'argent, la catégorie sociale, la beauté.
28:36 Et en la fréquentant, il avait tout ça à portée de main.
28:40 La piètre image que Bundy avait de lui-même a été en quelque sorte rehaussée par sa
28:47 relation avec Stephanie Brooks, jusqu'à ce que cette dernière mette fin à leur idylle.
28:52 Ça a été un véritable tournant pour Bundy.
28:59 Ça l'a dévasté.
29:00 Il s'est senti abandonné, trahi.
29:03 Et c'est à ce moment-là que Bundy décide de passer à l'acte et d'essayer d'enlever
29:11 sa première victime.
29:13 Dans l'affaire Bundy, on parle souvent de la ressemblance physique entre ses victimes
29:21 et la femme qui lui a brisé le cœur, et du fait qu'il s'agissait peut-être d'une
29:26 vengeance, une sorte de revanche.
29:28 Il était tellement en colère contre elle de l'avoir rejetée que son envie irrépressible
29:37 de tuer a pris le dessus.
29:39 Il ne pouvait plus contrôler ses pulsions et quelques années plus tard, Linda Hanely
29:46 a été tuée.
29:47 Il y a quelque chose dans les premiers meurtres qui a tellement assouvi leur désir qu'ils
29:56 sont rapidement devenus accros à ces sensations.
29:59 On a pu le voir avec Bundy et on le voit avec Dennis Rader.
30:04 Après les meurtres de la famille Otero, la police n'avait aucune piste, pas l'ombre
30:12 d'un suspect.
30:13 Trois mois après les meurtres, Dennis Rader décide de frapper à nouveau.
30:22 Cette fois, c'est une étudiante de Wichita, Catherine Bright.
30:29 Dès qu'il a vu Catherine Bright, Dennis a décidé qu'elle serait sa prochaine victime
30:37 et pendant les semaines qui ont suivi, il l'a espionné.
30:40 Mais il n'avait pas prévu que son frère serait avec elle ce soir-là.
30:46 Il les a attachés tous les deux.
31:03 À un certain moment, Kevin a réussi à dégager ses pieds et il a attaqué Dennis
31:09 Rader.
31:10 Mais ce n'est pas du tout dans le plan de Dennis.
31:24 Puis le tueur revient vers Catherine.
31:31 Elles se débattent.
31:32 À un moment donné, Dennis sort un couteau et poignard de Catherine plusieurs fois avec
31:39 une grande férocité.
31:40 Kevin, qui a finalement survécu, réussit à s'enfuir par la porte d'entrée.
31:50 Kevin Bright sort en courant, se dirige vers une super-aide de l'autre côté de
32:15 la rue et appelle la police.
32:24 Lorsque la police arrive sur les lieux, Catherine est sur le sol de la cuisine.
32:34 Un officier lui demande si elle connaissait la personne qui l'avait attaqué.
32:39 Elle répond non.
32:40 C'est la dernière chose qu'elle dira.
32:42 Les secours arrivent, ils l'emmènent, essaient de la sauver.
32:46 Elle mourra un peu plus tard dans la journée.
32:48 Il a failli être attrapé et c'est pourquoi dans ses meurtres suivants, il sera très prudent
32:57 et s'assurera qu'aucun homme n'est dans les parages, qu'aucun contre-temps ne viendra
33:02 le perturber.
33:03 La description de Kevin Bright colle assez bien avec Dennis Rader.
33:11 Mais elle n'a pas servi à grand chose.
33:13 Ils cherchent un solitaire, un criminel, quelqu'un qui sort de l'ordinaire.
33:21 La police s'est mise à chercher une personne avec un mobile, quelqu'un qui avait une raison
33:30 de commettre ces meurtres.
33:31 Et même si Dennis Rader était dans leur champ de vision, qu'il pouvait être un suspect
33:37 potentiel, ils ne s'intéressaient pas à lui.
33:40 Parce que de l'extérieur, il ne ressemble pas à quelqu'un qui aurait pu faire ça.
33:47 Ça a fait longtemps la une de l'actualité.
33:51 Il y a eu une certaine consternation quand la police n'a pas réussi à trouver le tueur.
33:55 Est-ce que les enquêteurs font leur travail ? Pourquoi n'attrapent-ils pas le responsable
33:59 ? Puis les gens ont oublié.
34:02 Il y a eu cinq homicides à Wichita à quelques mois d'intervalle.
34:10 Il ne faut pas oublier qu'à l'époque, les forces de l'ordre ne disposaient pas
34:17 du progrès technologique d'aujourd'hui pour relier entre elles les affaires d'homicides,
34:22 en particulier dans l'affaire de BTK.
34:25 C'est dans les années 70, on est à Wichita, au Kansas, et la police de la ville n'a
34:32 pas l'habitude de s'occuper d'affaires d'homicides.
34:35 Elle n'a pas été formée pour ça.
34:36 Au début, personne n'a fait le lien entre Catherine Bright et son frère et les meurtres
34:44 de la famille Otero.
34:45 Il y avait peut-être des similitudes, mais tout le monde pensait qu'il ne s'agissait
34:49 que de coïncidences.
34:50 Nous n'avions aucune idée de l'ampleur que cette histoire allait prendre.
34:56 Au printemps 1974, le mode opératoire de Ted Bundy consistait à traîner sur les campus
35:07 universitaires où il se fondait parfaitement.
35:09 Il avait tout d'un étudiant, et à cette époque, les campus étaient un endroit sûr.
35:15 Une jeune femme sur un campus n'avait aucun problème à quitter la bibliothèque tard
35:22 dans la nuit pour aller à sa chambre.
35:24 Les parents aussi étaient sereins quant à la sécurité de leurs enfants.
35:29 Sue était une enfant adorable.
35:35 Elle avait beaucoup d'ambition.
35:40 Depuis toute petite, elle adorait aller à l'école.
35:45 Vous savez, les mères ont un sixième sens quand il s'agit de leurs enfants.
35:54 Avant de monter dans l'avion, elle s'est retournée, m'a regardée et m'a fait un petit
36:08 signe de la main.
36:09 J'ai dit à mon mari, je ne la reverrai plus jamais.
36:17 Sue adorait la vie à l'université.
36:35 Elle était si heureuse.
36:39 C'était son rêve et son destin.
36:42 Elle s'était arrangée pour partager une chambre avec une de ses copines.
36:47 Un soir, ne la voyant pas revenir, sa colocataire a senti tout de suite que quelque chose n'allait
36:55 pas.
36:56 Elle a donc appelé la police du campus.
37:01 Quand mon mari me l'a annoncé, c'était un sentiment bizarre.
37:13 Il m'a dit "Sue a disparu, ils ne la trouvent pas".
37:18 J'ai dit "Elle est morte?"
37:22 C'était une autre époque.
37:25 Nous n'avions pas d'ordinateur, pas d'ADN, pas d'alertes enlèvements.
37:29 Il n'y avait aucune coordination entre les différents services de police.
37:35 Tout ce qu'on pouvait faire, c'était mettre des avis de recherche dans les petites annonces
37:41 du journal de Seattle.
37:43 Dans beaucoup d'affaires impliquant Ted Bundy, souvent les gens pensaient que la fille était
37:56 juste partie en virée avec des amis ou avec son nouveau petit ami.
38:02 Dans les années 1970, le concept de tueur en série n'existait que dans les films.
38:11 Les gens n'étaient pas du tout familiers de ce concept.
38:15 A un moment donné, je me souviens que quelqu'un a dit à mon mari "Vous allez vous sentir
38:25 bête quand elle va réapparaître au bras de son nouveau mari".
38:28 C'était ça la mentalité à l'époque.
38:31 Dieu merci, ça a changé depuis.
38:36 Pendant la première moitié de 1974, il y a eu une série de meurtres, environ un par
38:45 mois.
38:46 Les victimes avaient à peu près le même âge.
38:51 Physiquement, elles se ressemblaient beaucoup et avaient un style de vie quasiment identique.
38:57 Le mode opératoire de Ted Bundy consistait à essayer d'obtenir la confiance de ces
39:06 jeunes femmes.
39:07 Il était le genre de personne qui pouvait convaincre une jeune femme d'aider un parfait
39:12 inconnu.
39:13 Il ciblait des jeunes femmes gentilles et pleines d'empathie pour pouvoir les manipuler
39:18 plus facilement.
39:19 La nuit où elle a disparu, elle est tombée sur lui devant la bibliothèque.
39:28 Il savait qu'elle passait par là pour se rendre au dortoir.
39:33 Il l'a attendue là, un bras en écharpe.
39:36 Il lui a demandé de l'aide pour transporter ses livres.
39:43 "Tu peux m'aider jusqu'à ma voiture ?"
39:46 Nous apprenons à nos enfants à être compétents, à se montrer servibles, à tendre la main
40:01 à ceux qui en ont besoin.
40:03 C'est à se demander si on a tort de les élever comme ça.
40:10 Je ne pense pas.
40:12 Il est primordial de continuer à leur apprendre à aider les autres.
40:17 Et c'est ce qui s'est passé.
40:19 Elle l'a aidé.
40:20 Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les tueurs en série ne sont pas perçus par
40:33 le monde extérieur comme des fous furieux.
40:36 Dennis Rader avait un côté tueur en série et un côté père de famille.
40:48 Le côté serial killer a pris le dessus.
40:52 En enchaînant les meurtres sans se faire prendre, Ted Bundy a fini par se croire invincible.
41:02 John Wayne Gacy a construit avec soin une façade extérieure qui cachait extrêmement
41:07 bien la vraie personne qu'il était.
41:09 Mon frère racontait, Gacy et moi, on travaille ensemble à creuser une tranchée autour de
41:15 sa maison.
41:16 Il ignorait qu'il était en train de creuser sa propre tombe.
41:18 Il était en train de creuser sa propre tombe.
41:18 Il était en train de creuser sa propre tombe.

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