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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00 Bonsoir à tous, excusez-nous, on termine l'émission, on est en préparatif.
00:05 Jusqu'au dernier moment.
00:07 Jusqu'au dernier moment. En fait, ils ne sont pas d'accord sur le sujet du débat du jour.
00:12 C'est le principe même d'un débat en même temps.
00:15 Le débat avant le débat, mais le sujet c'est mieux.
00:19 Alors je vous le dis tout de suite, ce sont les investissements au record étrangers en France.
00:23 Pertombons notre souveraineté.
00:25 On va lancer la minute info déjà. Augustin donne adieu et on continue après le sommaire.
00:31 La réforme des retraites approuvée en commission par les sénateurs.
00:37 Cette nouvelle version amendée prévoit notamment une disposition en faveur des maires.
00:41 C'était une demande des élus de droite en majorité dans la seconde chambre.
00:45 Le texte sera maintenant examiné dans l'hémicycle à partir de jeudi jusqu'au 12 mars.
00:51 Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d'une campagne de vaccination gratuite dans les collèges pour les élèves de 5e.
00:58 Objectif, éradiquer le papillomavirus, cette maladie sexuellement transmissible qui est responsable chaque année de plus de 6000 nouveaux cas de cancer.
01:06 Fin 2021, selon Santé publique France, moins de 40% des jeunes filles de 16 ans avaient reçu leur schéma vaccinal complet contre le papillomavirus.
01:15 Et coup de sifflet final pour Noël Legret à la Fédération française de foot.
01:20 Le désormais ex-président de la FFF a démissionné aujourd'hui après 11 ans à la tête de la fédération.
01:26 Une décision saluée par la ministre des sports Amélie Oudéa Castera qui a estimé qu'il avait pris une bonne décision pour la FFF et pour lui-même.
01:34 Noël Legret ne va pour autant pas disparaître du paysage sportif.
01:38 Il rejoint la FIFA où il va diriger les bureaux parisiens.
01:44 Au sommaire ce soir, un an après le début de la guerre en Ukraine, dans sa grande générosité face à la souffrance des Ukrainiens,
01:53 la France a dépensé environ 630 millions d'euros pour l'accueil des réfugiés.
01:59 Ce coût comprend la location qui a été versée à ces déplacés et leur hébergement,
02:03 une prise en charge exceptionnelle qui représente le double du budget alloué habituellement aux demandeurs d'asile.
02:10 Accès au travail, aux services de santé, scolarisation des enfants, hébergement d'urgence, la cour des comptes a présenté son bilan.
02:17 Il est intéressant de bien l'analyser alors que des associations demandent déjà les mêmes aides pour tous les autres réfugiés.
02:25 L'édito de Mathieu Bobcoutet.
02:27 Parce que nous sommes en pleine guerre, Russie-Ukraine.
02:31 Parce que nous livrons une partie de notre matériel militaire à l'Ukraine dans cette guerre.
02:36 Parce qu'Emmanuel Macron a décidé d'une augmentation inédite du budget pour nos armées françaises.
02:42 Nous allons nous intéresser ce soir aux plus grands exercices militaires jamais organisés par la France depuis 30 ans.
02:50 20 000 hommes, 2 mois d'exercice, les plus complexes. De quoi l'opération Orion 23 est-elle le nom ?
02:57 Doit-on réellement nous préparer à un conflit de haute intensité ?
03:00 La France peut-elle renouer avec la guerre ?
03:02 Le décryptage, Dimitri Pavlenko.
03:06 Serons-nous prêts pour l'égio 2024 en matière de sécurité ?
03:10 Non.
03:11 Serons-nous prêts pour l'égio 2024 en matière de justice ?
03:14 Non.
03:15 Peut-on lire dans Le Figaro, la justice française se prépare déjà à une recrudescence inédite de la délinquance.
03:21 La préfecture de police de Paris, de son côté, a mis en place une stratégie pour nettoyer les poches de criminalité
03:29 d'un département miné par la délinquance à Saint-Denis, où l'on compte 37 agressions par jour.
03:34 À 18 mois de la cérémonie d'ouverture, l'ombre des graves incidents avec les supporters anglais plane.
03:41 Quel est donc le plan pour tenter de contrer la délinquance ?
03:45 L'analyse de Charlotte Dornelas.
03:47 Alors que la population à Haïti est livrée aux gangs ultra-violents, alors que la misère frappe le pays,
03:53 alors que personne ne vient en secours de cette population déchiquetée par les gangs, la drogue, la violence, la guerre civile,
03:59 on se demandera comment est-ce possible ? Est-ce que ce type de zones de non-droit peuvent se retrouver sur notre territoire ?
04:06 Comment Haïti est arrivé à être à ce point débordé par la montée en puissance des gangs armés ?
04:13 Marc Menand raconte.
04:15 Et puis après les rationnements lors du confinement, rationnement de masques, rationnement de gel, rationnement de Doliprane,
04:21 après la menace de rationnement pour l'électricité, menace de coupures, incitation à baisser, décaler,
04:26 maintenant la menace du rationnement de l'eau. Il faut dire que notre pays fait face à une sécheresse sévère.
04:32 Le ministre de la Transition écologique souhaite un exercice d'anticipation pour éviter de grosses tensions cet été.
04:39 Comment comprendre ce paradoxe entre notre pays, grande puissance mondiale, qui renoue avec une soif de souveraineté,
04:46 mais qui en réalité bute sur des pérus, nourris, essentiels et vitals comme l'eau ?
04:52 L'édito de Mathieu Beaucoup.
04:54 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos mousquetaires. C'est maintenant.
04:58 Ravi de vous retrouver. Donc on est bien d'accord. Le sujet du débat dans un instant, c'est est-ce que la France perd ou pas sa souveraineté
05:18 lorsque on atteint des investissements records d'étrangers en France, lorsque les investisseurs étrangers possèdent à plus de 40%
05:28 des entreprises du CAC 40, lorsque la moitié de la dette française est détenue par des étrangers ?
05:33 On se posera des questions pour savoir un petit peu où on en est concrètement.
05:37 D'abord, une brèche, Mathieu Beaucoup, a été ouverte avec l'accueil particulièrement généreux des réfugiés ukrainiens en France.
05:46 Et notre pays n'a pas arrangé de cette main tendue au peuple en souffrance.
05:50 Ce qui est intéressant, c'est que des associations comme France Terre d'asile réclament ces mêmes aides exceptionnelles pour tous les réfugiés.
05:58 Alors, pour bien comprendre ces aides et ce qu'elles ont coûté à la France, nous allons nous pencher, Mathieu, sur le rapport de la Cour des comptes
06:05 présenté ce matin sur l'aide aux réfugiés ukrainiens. Qui y apprend-on ?
06:10 Alors, pour l'essentiel, on apprend que c'est plutôt un succès. C'est-à-dire que cet espèce de choc démographique inattendu,
06:17 qui pouvait imaginer, au matin même de l'invasion, qu'on aurait une telle poussée humaine qui se déploierait à la grandeur de l'Europe,
06:25 en fait, de réfugiés, et de vrais réfugiés, cette fois-là ? Et est-ce que les sociétés qui entouraient l'Ukraine,
06:31 est-ce que les pays qui entouraient l'Ukraine et la France, plus largement, seraient capables d'accueillir cette poussée ?
06:36 Ce qu'on comprend, c'est que c'est un succès. Mais maintenant, il faut savoir pourquoi.
06:41 Quelques données factuelles avant de pousser plus loin l'analyse. On en sort à coûter 634 millions d'euros.
06:48 C'est le coût de l'accueil pour une année de réfugiés ukrainiens. On ajoute une chose qui est intéressante,
06:54 le réfugié ukrainien, si on peut parler ce langage sur le mode National Geographic, le réfugié ukrainien coûte deux fois plus cher que le réfugié ordinaire.
07:03 C'est un peu gênant de parler comme ça, on l'avoue, mais bon, c'est comme ça que la Cour des comptes l'a présenté.
07:08 Non, je me contente de reprendre, non pas les termes, mais de la description. Donc, le réfugié ordinaire, on investit un montant X,
07:14 pour le réfugié ukrainien, c'est le double. On verra pourquoi ensuite. Autre chose qui est importante, 115 000 réfugiés depuis le début de la guerre,
07:24 surtout des femmes et des enfants, là c'est important, qui au tout début se sont entassés essentiellement dans l'est du pays,
07:34 et ensuite dans les zones urbaines. Et, dans la Cour des comptes, on note une chose qui est intéressante,
07:39 on note l'existence de régions qui sont déjà saturées par l'accueil.
07:45 80 % de femmes et 20 000 enfants.
07:47 Ah oui, c'est pas un détail, hein. Or, c'est intéressant de voir que la Cour des comptes note néanmoins le concept de régions déjà saturées par l'accueil,
07:54 que ces choses sont également dites pour dire qu'on est dans des régions, ou qu'il y a des endroits où la proportion soit d'étrangers,
08:00 soit de réfugiés, soit de sans-papiers, faites la liste, est telle que finalement la possibilité même de l'intégration et du vivre ensemble ne fonctionne plus.
08:08 Donc, majoritairement des femmes, vous l'avez dit. Autre chose, et ça c'est très important, les arrivées d'Ukraine sont majeures,
08:14 parce que là, il y a beaucoup, beaucoup de réfugiés, on le sait. La grande majorité des réfugiés ukrainiens se sont retrouvés dans les pays limitrophes de l'Ukraine,
08:21 donc dans les pays qui entourent l'Ukraine, et la France n'est certainement pas le premier pays à avoir accueilli des Ukrainiens,
08:28 pour une raison toute simple, c'est que sur le plan géographique, la France était plus loin.
08:32 Et on verra que ce n'est pas un détail que cette notion. Je donne quelques faits, par exemple,
08:36 6 300 000 en Pologne, 1 200 000 en Roumanie, 1 000 000 en Hongrie, 800 000 en Slovaquie, 500 000 en Moldavie.
08:45 Parmi les États membres de l'Union européenne, 400 000 en Allemagne, 270 000 en République tchèque, 260 000 en Autriche, 100 000 en Italie, 100 000 en Espagne.
08:55 Et la France, donc, 115 000. Quatrième rang des pays européens non limitrophes à l'Ukraine.
09:01 Donc, et soit dit en passant, avec une population qu'il faut ajouter, qui veut retourner en Ukraine.
09:07 Ça c'est important. Enfin, ceux qui sont installés en France. Parce que dans d'autres pays, on le verra un peu plus loin,
09:13 ça commence à changer. Plus la guerre s'étale dans le temps, plus ceux qui se sont réfugiés ailleurs se disent,
09:20 « peut-être que je vais rester, faire de mon refuge ma maison, finalement. »
09:24 Mais quoi qu'il en soit, on est dans une population qui a un désir en arrivant, c'est de repartir.
09:29 Pourrions-nous dire la même chose des différentes populations qui se présentent sous le signe du droit d'asile?
09:35 J'en serais curieux. Ensuite, les allocations sociales.
09:39 Puisqu'on est sur le mode de statut de protection temporaire, c'est un statut de protection qui est particulier en France,
09:44 mais il y a l'équivalent un peu dans l'Union européenne, ça donne droit à davantage d'aide sociale d'une manière ou de l'autre.
09:49 Donc, ce n'est pas un détail. Puisque c'est temporaire, l'aide est plus généreuse. Il ne faut pas l'oublier.
09:54 J'ajoute une chose, un rapport de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne, qui par ailleurs était dans la Croix aujourd'hui,
10:01 ajoute qu'ailleurs, apparemment, c'est plus compliqué.
10:04 Et je le disais, dans d'autres pays, en Allemagne notamment, seulement un tiers désormais des réfugiés veulent repartir.
10:11 Donc, on le voit d'un pays à l'autre, l'accueil ne s'est pas organisé de la même manière.
10:16 Donc, partout, la générosité était au rendez-vous. Partout, les moyens, donc de vrais, vrais moyens politiques ont été mobilisés.
10:22 Partout, et ça c'est important de l'ajouter, j'allais l'oublier, la société civile s'est mobilisée.
10:26 Donc, on a l'État, on a la société civile, et ensuite, donc, il y a une forme de principe communautaire.
10:32 C'est-à-dire qu'on cherche à aider les gens. La société civile, l'État prenaient tous ensemble.
10:36 Et ça fait que devant cette vague inattendue de vrais réfugiés, l'Europe a bien réagi et la France n'a pas à rougir de sa politique d'accueil des Ukrainiens.
10:45 Les Français ont accueilli donc très favorablement ces réfugiés, ce qui n'a pas suscité de grandes polémiques.
10:50 Alors, comment expliquer justement cet accueil généreux, notre grande humanité?
10:55 Alors, je pense que fondamentalement, les Français peuvent s'enorgueillir d'avoir une tradition de générosité à l'endroit de l'étranger qui réclame protection, lorsqu'il réclame véritablement protection.
11:05 C'est bien de le souligner.
11:06 Non, mais c'est un principe de base. Il faut simplement le rappeler. On a tellement l'habitude de vomir sur les Français, de les diaboliser, de les présenter comme une espèce de peuple xénophobe et fermé, hostile à la différence.
11:14 C'est faux, c'est faux. Il y a une différence entre accueillir le miséreux, il y a une différence entre accueillir l'étranger qui a besoin d'aide et qui s'est décidé d'abattre les murs de sa maison, d'ouvrir les portes pour ce qui en reste et dire « entrez chez vous, entrez chez moi, faites comme chez vous et faites comme si je ne suis pas là ».
11:28 Ce n'est pas exactement la même chose.
11:30 Ensuite, pourquoi ça s'est bien passé avec les Ukrainiens? Alors, ça, ce n'est pas dans le rapport. Je précise que dans le rapport, on est dans l'analyse des politiques publiques.
11:37 Mais je sens que c'est utile d'ajouter quelques considérations. Pourquoi ça s'est bien passé?
11:43 Ça touche Mathieu Bockcôté.
11:44 Il y avait une part manquante dans ce rapport, donc je me permets de l'ajouter. Il manquait probablement de temps pour l'écrire.
11:49 Le premier élément qui me semble essentiel, c'est la proximité culturelle. Nous sommes devant des réfugiés qui appartiennent à la même ère de civilisation que les Français.
11:59 Nous sommes devant des populations européennes, nous sommes devant des populations chrétiennes, nous sommes devant des populations qui, sur le plan des mœurs, l'Ukraine n'est pas la France, l'Allemagne n'est pas l'Espagne, on s'entend,
12:10 mais il y a une forme de communauté potentielle de mœurs. L'intégration se fait beaucoup plus facilement quand vous avez une plus grande proximité culturelle.
12:17 Mais qu'est-ce que ça implique, dire cela? De reconnaître qu'il y a des cultures dont on est plus proche et d'autres dont on est moins proche.
12:25 Et si vous recevez beaucoup de gens dont vous êtes proche, ça peut fonctionner. Si vous recevez vraiment beaucoup, beaucoup de gens dont vous n'êtes pas culturellement proche, ça se peut que ça ne fonctionne pas.
12:37 Je note que le rapport de la Cour des comptes a oublié de mentionner ça, mais c'était probablement un oubli.
12:42 Mais j'insiste, la dimension culturelle, elle est centrale, parce que les êtres humains ne sont pas simplement des espèces de matériaux interchangeables d'une société à l'autre.
12:50 Et ensuite, les gens ont un comportement lorsqu'ils arrivent ici. Est-ce qu'ils ont envie de s'intégrer à la société qui les accueille ou est-ce qu'ils arrivent dans une espèce de logique différente,
12:59 sur le mode où on arrive dans un pays, on dit « on a des droits » et vous êtes racistes de ne pas nous accorder immédiatement tous les privilèges que l'on prend pour des droits.
13:06 Ensuite, deuxième facteur qui explique cette réussite, des femmes et des enfants.
13:11 On n'est pas dans un scénario où on voit des colonnes de migrants venant de pays, par exemple la Syrie ou autre,
13:18 on va tout de même dire « syrien », et des colonnes de migrants, mais des jeunes hommes dans la vingtaine qui arrivent.
13:24 On n'est pas comme à ce temps, vous savez, des enclaves espagnoles au Maroc, où vous voyez régulièrement de jeunes hommes foncer sur les clôtures,
13:32 dans l'espoir de les faire tomber pour entrer de force en Europe, alors qu'on leur dit « non désolé, il y a une frontière, une barrière, vous ne pouvez pas traverser ».
13:41 Ce n'est pas la même chose. Là, on n'est pas dans une migration conquérante. On était devant véritablement la détresse humaine qui demandait à l'aide.
13:50 Ce n'est pas la même chose. La culture d'abord et avant tout. Ensuite, ce ne sont pas des jeunes hommes qui fuient leur pays, qui fuient la guerre.
13:57 Les jeunes ukrainiens font la guerre en Ukraine pour sauver leur pays de l'évasion russe, de l'agresseur russe.
14:02 Et les femmes et les enfants quittent. Beaucoup de femmes ukrainiennes se battent aussi, ce n'est pas un détail, il faut le mentionner.
14:08 Troisième élément qui me semble assez important, les pays limitrophes. Je pense que c'est très important de le mentionner.
14:15 La plupart des Ukrainiens se sont installés dans le pays le plus proche de chez eux, juste à côté, en Pologne, en Roumanie et tout ça. Pourquoi?
14:22 Ils n'étaient pas à la recherche, comme d'autres peut-être, de la destination idéale où s'installer, où il y a un maximum de prestations sociales
14:29 pour pouvoir jouir du statut de réfugié qui se dira ensuite persécuté. Non, ils sont vraiment chercher un refuge le plus proche de chez eux.
14:36 Vous savez, quand vous partez d'un pays lointain et que vous remontez tout le trajet pour arriver soit en France, soit en Grande-Bretagne ou en Suède,
14:43 parce que vous pensez que c'est la destination idéale pour être réfugié, vous ne demandez pas un refuge. Vous êtes un immigrant économique,
14:49 les Ukrainiens cherchaient un refuge, cherchaient une demeure. Je pense que c'est important. Ensuite, il y a le désir de retour.
14:56 On accueille d'autant mieux un réfugié qu'on sait qu'il s'agit d'un réfugié et non pas de quelqu'un qui se dit réfugié pour être dans les faits
15:03 quelqu'un qui vient s'installer dans un pays sans en demander la permission. Alors, c'est peut-être la part manquante dans ce rapport qui est par ailleurs
15:09 très intéressante. Donc, on néglige les mentalités, on néglige la culture, on néglige la sociologie, on néglige le nombre, on néglige l'histoire,
15:17 on néglige l'identité, mais si on laisse ça de côté, c'est un bon rapport.
15:22 Dernière question. J'ai entendu sur France Info la présidente France Terre d'asile réclamer, par exemple, justement le même dispositif que pour les autres réfugiés,
15:34 par exemple, le passage de la demande d'asile qui ne démarre pas par la rue, qu'il y ait un besoin d'autorisation spécifique pour avoir un accès à l'emploi,
15:44 un délai de carence de trois mois pour les remboursements des soins, que tout ça soit... que toute la générosité qui a été appliquée aux Ukrainiens soit appliquée un peu à tous les réfugiés.
15:53 Est-ce que ça peut servir de modèle, finalement?
15:56 De mon analyse, vous devinez la conclusion, ce qui explique la remarquable réussite de l'accueil des Ukrainiens, c'est que c'était des Ukrainiens.
16:06 Les peuples ne sont pas tous interchangeables. Or là, quand on nous dit, on prend prétexte des Ukrainiens, on va généraliser le modèle,
16:12 mais ce n'est pas que les Ukrainiens qui vont arriver. Les tensions culturelles, puis je ne dis pas ça en m'en réjouissant.
16:17 Il faut vraiment avoir une tête de journaliste du monde pour s'imaginer qu'on est heureux lorsque il y a des tensions communautaires, intercommunautaires.
16:24 Ce qu'on constate, c'est que là, on était avec une population qui s'intégrait bien dans les circonstances.
16:29 C'est un contexte très particulier. Mais on ne peut pas généraliser ce modèle.
16:34 Quoi qu'en pense le parti immigrationniste, je cite juste un instant dans La Croix aujourd'hui, François Gemmene,
16:41 qui est une figure importante du parti immigrationniste, qui nous dit, à propos de l'immigration,
16:45 il faut mener une politique rationnelle qui demande du courage politique pour considérer la migration comme une donnée structurelle
16:52 qu'il faut organiser plutôt que de lui résister. C'est clair.
16:56 Il signe d'ailleurs au même moment une tribune dans Le Monde en pleine dent pour une immigration mieux encadrée sur le plan idéologique.
17:03 Alors vous voyez, le facteur central, ce n'était pas la volonté politique, c'était qu'il s'agissait d'Ukrainien.
17:08 Ça change un peu les choses.
17:10 Merci Mathieu. C'est l'exercice militaire le plus important de l'armée française depuis 30 ans.
17:16 Il s'appelle Orion 23, 20 000 hommes, deux mois d'opérations hors normes.
17:21 Cet exercice, Dimitri, mené par l'armée française, a commencé ce week-end dans le sud-ouest.
17:26 Un affichage, menaces, préparation à une réelle guerre. Dites-nous tout, racontez-nous pourquoi nos armées sortent-elles le grand jeu.
17:35 Mais parce que ça fait du bien. Parce que ça décrasse.
17:38 Non, on veut rigoler ?
17:40 Ça décrasse.
17:42 Mais oui, c'est ça. Avant on appelait ça les grandes manœuvres.
17:44 Alors ça fait peut-être un peu ringard, un peu napoléonien.
17:47 Mais c'est ce qu'est Orion en fait finalement. C'est un wargame.
17:50 C'est donc, on joue un scénario. Vous avez en bleu les défenseurs, en rouge les attaquants.
17:55 Alors le scénario, il est le suivant. Vous avez un pays fictif qui est baptisé Arnland.
17:59 Alors Arnland, en fait, c'est la région Occitanie.
18:02 Et Arnland a pour voisin un état puissant et agressif doté de larmes nucléaires baptisé Mercure.
18:09 Toute ressemblance avec un vrai pays et sera totalement fortuite évidemment.
18:13 Alors Mercure commence par déstabiliser Arnland en déclenchant une milice séparatiste qui s'appelle Tantal sur le territoire d'Arnland.
18:22 Donc des agents infiltrés et Mercure va prendre le contrôle de ce territoire.
18:27 La mission de l'armée française, c'est de voler au secours d'Arnland et d'installer une tête de pont dans une zone contrôlée par l'ennemi.
18:34 Je vous avais dit la semaine dernière qu'il y avait sans doute un regret occidental de ne pas avoir bougé en 2014
18:42 quand la Russie a annexé la Crimée.
18:45 En fait, Orion, c'est peut-être l'opération qu'aurait menée l'armée française
18:49 si politiquement il avait été décidé d'intervenir pour sauver la Crimée.
18:54 Pour en tout cas que ça reste un territoire ukrainien et non que ça devienne un territoire russe.
18:59 Donc c'est pour ça que dimanche du côté de Castres, près dans le Tarn, vous avez eu une grande opération aéroportée avec des aéros largages.
19:06 C'est très impressionnant.
19:07 Second point d'entrée sur le littoral à Sète où là c'est un débarquement amphibie avec des barges qui sont venus déposer des hommes du matériel, etc.
19:15 Le tout en toile de fond, le Charles de Gaulle, deux porte-hélicoptères, la terre, l'air, la mer, le spatial, le cyber,
19:22 tous les corps d'armée mobilisés simultanément.
19:24 Il s'agissait en fait pour l'armée française de prouver sa capacité à entrer en premier.
19:29 C'est le terme consacré par l'armée française, entrer en premier.
19:33 Donc c'est vraiment une opération de projection qui a été testée à l'échelle de la région Occitanie.
19:38 Alors je précise, au cas où certains se poseraient la question, ce n'est pas la répétition générale d'une opération de reconquête de la Crimée,
19:47 qui serait pourtant souhaitée par l'Ukraine.
19:49 Ce n'est pas une répétition générale d'une opération militaire qui va se produire.
19:54 En tout cas, c'est présenté comme tel, mais peut-être que le but d'Orion, c'est aussi de laisser planer le doute du côté du Kremlin sur la possibilité que ce soit effectivement une répétition générale.
20:06 Passionnant tout ça. Est-ce qu'il y a une signification politique donc à cet exercice ?
20:10 Eh bien oui, effectivement, un exercice militaire majeur sur toute cette ampleur-là, ça n'est jamais qu'un simple entraînement.
20:16 Ce genre d'opération, ça a plusieurs fonctions.
20:19 D'abord, ça sert à se tester, à vérifier si on est encore capable de faire certaines choses, qu'on est au point,
20:24 parce que là, il y a un effort de coordination interarmée très très important pour l'armée française,
20:29 à une échelle qu'elle n'avait plus connue depuis, vous l'avez dit, depuis la fin de la guerre froide.
20:32 Ça sert aussi, ce genre d'opération, à entretenir une amitié.
20:36 Parce que là, par exemple, les Américains, les Allemands, les Britanniques vont se joindre à nous dans les phases suivantes d'Orion.
20:41 D'ailleurs, dans le registre d'entretien de l'amitié, j'ai découvert, vous avez les jeux militaires, par exemple,
20:45 mais il existe un biathlon russe de chars de combat.
20:48 Je ne pouvais pas manquer de vous le mentionner parce que j'ai trouvé ça très drôle.
20:51 Vous avez un char bleu, un char jaune, un char rouge, et tous ces chars se livrent à une compétition,
20:57 comme des biathlètes, comme des Martin Fourcade, etc.
21:00 Bref, la parenthèse est fermée.
21:02 Mais ces exercices militaires, ça sert aussi, et alors là, très important, à montrer ses muscles à l'adversaire.
21:07 Et là, je vais prendre l'exemple des opérations militaires conjointes,
21:10 auxquelles se livrent, par exemple, la Corée du Sud et les États-Unis, très régulièrement,
21:15 avec des bombardiers, etc.
21:17 Et à chaque fois, vous savez ce qui se passe, ça met en rage la Corée du Nord,
21:20 qui dit que c'est la répétition générale d'une invasion.
21:23 Ça sert, en fait, ces exercices, à montrer aussi pour une armée où elle se situe,
21:27 dans la chaîne alimentaire, très clairement.
21:29 Puisque le monde entier va regarder.
21:31 Alors, pour l'armée française, Orion, c'est aussi un retour aux sources,
21:34 parce qu'on redécouvre cet art de la manœuvre qu'on avait un petit peu perdu pendant la guerre froide.
21:39 Il faut savoir que vous aviez des grandes manœuvres, tous les ans, et même plusieurs fois par an,
21:44 au niveau national, au niveau OTAN, au niveau, parfois, franco-allemand,
21:49 c'était très important, au niveau européen, des exercices d'état-major, des exercices sur le terrain,
21:54 des exercices, les deux combinés en même temps, avec une infinité de variations sur le thème terre-air,
22:00 air-mer, terre-air-mer, etc.
22:02 Et puis, qu'est-ce qui se passe ?
22:04 89, la chute du mur de Berlin, extinction du grand ennemi soviétique.
22:08 À ce moment-là, il n'y a plus besoin de faire de ces grandes manœuvres.
22:11 On passe aux opérations extérieures, les fameuses OPEX,
22:14 qui deviennent les seules occasions, finalement, de s'entretenir et de s'aguerrir.
22:18 Les soldats restent performants, seulement on perd un peu cette capacité de coordination à une vaste échelle.
22:23 Et l'OTAN va complètement arrêter les grandes manœuvres en 2002,
22:26 elle s'y remettra dix ans plus tard.
22:28 Qu'est-ce qui va déclencher ce retour aux grandes manœuvres ?
22:31 La première alerte, c'est 2008, c'est le moment où les Russes attaquent la Géorgie.
22:36 Donc là, on commence à se dire qu'il se passe des choses à l'Est.
22:38 Bon, les Russes ne sont pas très impressionnants en 2008, mais malgré tout, on a ça en tête.
22:43 Et puis, 2014, là, vous avez l'annexion de la Crimée, l'invasion russe du Donbass,
22:48 coup de tonnerre dans tous les états-majors occidentaux.
22:50 Et là, on se rappelle ce qui s'est passé l'année précédente.
22:53 Exercice militaire russe Zapad, Zapad, ça vous dit peut-être quelque chose, le fameux Z, c'est ça.
22:58 Zapad 2013, qui a servi à l'époque de couverture pour la Russie,
23:03 pour masser des troupes dans cette région qui va ensuite être attaquée et annexée.
23:08 Et à l'époque, tout le monde est quand même très impressionné,
23:10 la capacité de la Russie à mobiliser comme ça des forces en quantité gigantesque aussi rapidement.
23:15 Et tout le monde prend conscience qu'on est très en retard,
23:17 et que les Russes, ils ont de l'avance sur ce terrain-là.
23:19 Dans ce retour aux grandes manœuvres.
23:21 Alors Zapad, je vous le disais, il y a un autre exemple aussi intéressant, Zapad 2021.
23:26 Alors là, vous relisez les articles sur ces grandes opérations militaires
23:30 qui ont lieu sur des cycles de quatre ans.
23:32 Zapad, ça veut dire "Ouest" en russe, vous avez Vostok, opération Est,
23:35 Centre, et Cafkaz, l'opération Zapad 2021.
23:40 Quand vous relisez les articles de l'époque, je vous lis ce que disait le journal Le Monde,
23:43 le 10 septembre 2021, on est cinq mois avant l'invasion de l'Ukraine.
23:48 Il s'agit d'une guerre, il s'agit pardon, de simuler en fait, à l'époque,
23:53 les Russes disaient une opération contre-terroriste.
23:56 En fait, on comprend bien que c'est une simulation de guerre majeure.
23:59 Une guerre de la nation toute entière, avec l'implication de nombreux ministères russes,
24:04 des relations civilo-militaires, des industries de défense.
24:08 Donc là encore, 2021, rétrospectivement,
24:11 bon, vous voyez, c'est-à-dire on se dit qu'effectivement,
24:13 il y avait une phase préparatoire à l'invasion de l'Ukraine,
24:15 et les Russes par deux fois, que dis-je même par trois fois,
24:18 parce qu'en Géorgie, ça s'était aussi produit de la même manière,
24:20 l'exercice militaire a été la préparation de la guerre, la vraie.
24:24 Très intéressant. On va marquer une pause et puis savoir un peu,
24:27 justement, quel est le message de l'armée française
24:31 avec cette opération gigantesque, hors du commun, l'opération Orion 23.
24:36 On marque une pause, à tout de suite.
24:42 - Dimitri, Pavel Inco, je reviens vers vous.
24:44 Donc avec cette opération Orion 23,
24:47 la plus grosse opération militaire depuis 30 ans par la France,
24:50 est-ce que c'est faire des exercices militaires pour montrer sa force
24:53 sans en avoir les moyens, ou bien vraiment, à quoi ça sert ?
24:56 - Pour les Russes, Zapad, dont je vous parlais,
24:58 je pense que le but était clairement d'inquiéter,
25:00 inquiéter l'Occident, et les Russes, à mon avis,
25:02 prennent un pied incroyable en ce moment à inquiéter l'Occident,
25:05 à faire peur. L'armée française avec Orion, c'est très différent.
25:07 - Pour nous, l'armée française. - Voilà.
25:09 Alors sachez qu'il n'y a pas...
25:10 Normalement, il faut des observateurs étrangers,
25:12 c'est obligatoire en vertu d'un document de Vienne,
25:14 qui s'appelle comme cela.
25:15 Il n'y a pas d'observateurs russes sur Orion actuellement.
25:19 J'ai vérifié ça auprès de l'armée française.
25:21 Mais le but de l'armée avec Orion, c'est de montrer qu'elle est crédible,
25:24 qu'elle est prête, non seulement à se défendre,
25:26 mais s'il faut aller... s'il faut attaquer,
25:28 s'il faut aller défendre un copain,
25:30 l'armée française montre qu'elle en est capable.
25:32 Elle veut aussi prouver qu'elle est capable
25:34 de prendre le commandement d'un corps d'armée au sein de l'OTAN.
25:36 C'est toujours dans le cadre de l'OTAN.
25:38 Voilà, ça c'était la phase 2 qu'on a vécue.
25:40 Il va y avoir phase 3, phase 4, avec, je vous le disais,
25:42 les Européens, les Américains, il y aura des civils aussi,
25:45 des ministères, "All-Nation Warfare",
25:47 la guerre de toute une nation.
25:49 Il y a aussi cette idée de se mettre dans cette logique.
25:52 Je voudrais juste rappeler, en 1913, septembre 1913,
25:56 il y avait eu d'importants exercices militaires français à l'époque.
25:59 Il y avait eu 100 000 hommes mobilisés à l'époque
26:01 pour jouer les bleus et les rouges,
26:03 toujours la même configuration, scénario de guerre.
26:05 Ça s'était passé dans le Gers, déjà dans le Sud-Ouest.
26:08 Et à l'époque, quand on lisait la presse de l'époque,
26:11 c'est très intéressant, la France avait gagné
26:13 dans le scénario de l'époque.
26:15 On avait juste identifié quelques petits problèmes logistiques,
26:17 les avions ça ne servait à rien.
26:19 Vous voyez que les vérités de l'instant ne sont pas celles de l'année suivante.
26:21 On lisait dans la presse à l'époque que le parti de la guerre
26:24 était en Allemagne, que l'Alsace-Lorraine n'était plus
26:28 une aspiration belliqueuse de la France, mais un simple culte.
26:31 Personne ne voulait la guerre, ça ne l'a pas empêché d'arriver.
26:34 Merci beaucoup pour ce regard sur cet important exercice militaire.
26:41 Orion 23, conçu de près dans le contexte d'augmentation du budget de l'armée,
26:46 ce contexte de guerre.
26:48 Vous savez, je n'ai pas dit une seule fois "haute intensité".
26:50 Pourquoi ?
26:52 C'était un défi que je m'étais lancé.
26:54 Vous avez compris que c'est ça l'enjeu.
26:56 Vous pouvez donner l'info aux spectateurs de Face à l'Info ?
26:59 On se prépare à la guerre de haute intensité avec Orion.
27:02 Ah oui, quand même, vous avez lâché le bon mot.
27:05 C'est un peu la tarte à la crème.
27:07 Oui, mais quand même, c'est une info.
27:10 Alors, dans un instant, le débat sera sur le nouveau record d'investissement étranger en France.
27:16 Est-ce qu'on perd notre souveraineté ou est-ce qu'au contraire,
27:19 il faut s'en féliciter ? Je vous posais la question.
27:21 On parlera avec vous, mon cher Mathieu, de cette pénurie d'eau.
27:25 Est-ce qu'on est rentré dans un monde de rationnement ?
27:27 Les masques, le gel, le Doliprane, l'eau.
27:29 Maintenant, on parlera avec vous des gangs très dangereux, armés ultra-violents en Haïti.
27:35 Peut-on arriver à ce stade en France ?
27:38 Vous allez nous en dire un mot.
27:40 Pour l'instant, serons-nous prêts, Charlotte, pour les JO 2023 en matière de sécurité ?
27:46 Serons-nous prêts pour les JO 2023 en matière de justice ?
27:49 On peut lire dans Le Figaro aujourd'hui que non,
27:52 et que la justice française se prépare déjà à une recrudescence inédite de la violence.
27:57 Qu'est-ce qui a fait peur à un an de cet événement ?
28:01 Ce qui fait peur, c'est que nous ne soyons pas prêts à accueillir,
28:06 on attend entre 13 et 15 millions de personnes pendant les JO.
28:09 Toutes les caméras du monde seront braquées sur la France à ce moment-là.
28:13 Évidemment, résonne en nous la soirée du Stade de France
28:18 qui a traumatisé évidemment toute la police, mais plus largement les Français aussi.
28:24 Et probablement, même s'ils ne se sont pas attardés sur le sujet, le gouvernement lui-même.
28:28 Donc, évidemment, on essaye de se préparer.
28:30 Or, il y a deux députés, un de Seine-Saint-Denis, l'autre de La Véron,
28:34 qui réalisent en ce moment des auditions, beaucoup d'auditions,
28:37 ils en ont déjà fait 25 pour essayer de comprendre comment est-ce qu'on pourrait se préparer,
28:42 faire des propositions pour que nous soyons prêts.
28:45 Et ils viennent de présenter un point d'étape.
28:47 Point d'étape dans lequel ils qualifient deux énormes enjeux de points noirs
28:53 qui sont les transports, c'est-à-dire l'acheminement des personnes,
28:58 et la sécurité, notamment dans les transports, mais également partout ailleurs.
29:03 Et ils qualifient ces deux enjeux de sources d'inquiétude pour la réussite des Jeux Olympiques.
29:08 Alors, on prévoit déjà des renforts.
29:10 Gérald Darmanin, devant le Sénat, s'était exprimé.
29:12 Il avait annoncé 30 000 policiers et gendarmes mobilisés chaque jour
29:16 en dehors des villages olympiques et des villages des médias et de tous les villages installés,
29:20 puisque eux dépendent du comité d'organisation des Jeux Olympiques,
29:24 qui ont recours à de la sécurité privée.
29:26 Alors là, on a un autre problème qui arrive dans la sécurité privée.
29:30 Il faut 30 000 agents en tout.
29:32 Il y en a 10 000 aujourd'hui, il y en a 20 000 qui manquent pour des problèmes,
29:35 notamment de recrutement, qui sont réels aujourd'hui dans le domaine de la sécurité.
29:39 Donc, il y a à la fois la question de la gestion de la délinquance.
29:42 Nous avons du mal déjà du côté police et ensuite du côté justice, comme vous le disiez,
29:47 et ensuite du côté de la sécurité privée.
29:50 Ça ne va pas tellement mieux, notamment sur le terrain du recrutement,
29:53 parce qu'on ne va pas recruter à l'appel.
29:55 On a augmenté les salaires très récemment dans la sécurité privée.
29:58 On ne va pas recruter sans faire aucune distinction entre les profils qui se présentent,
30:03 puisque si vous recrutez des gens qui posent problème eux-mêmes sur le terrain de la sécurité,
30:06 ça devient compliqué de le gérer.
30:08 Alors sur la sécurité, vous le disiez, la justice s'inquiète.
30:11 On a le procureur de Bobigny qui, il y a un mois, disait
30:15 "il y aura une augmentation des délits".
30:18 C'est incroyable d'annoncer cela.
30:21 "En pleine période de vacations".
30:22 Alors non seulement c'est l'été, en plus il y a beaucoup de villages qui sont installés en Seine-Saint-Denis
30:26 et certains en face de cités qui sont déjà problématiques aujourd'hui.
30:30 Et lui disait "un renfort des permanences du parquet est indispensable",
30:33 puisqu'évidemment toute enquête, toute action policière se fait sous l'égide du procureur,
30:39 donc du parquet, et donc il faudra un renfort d'un parquet
30:42 qui est déjà débordé hors période de Jeux Olympiques.
30:45 Donc la question se pose pour la police et la justice,
30:47 et sur le domaine du transport en particulier,
30:50 on a évidemment le nombre de transports, l'accessibilité des transports,
30:53 on a déjà un problème aux heures de pointe dans certains endroits
30:57 avec les transports en Ile-de-France.
30:59 Alors aujourd'hui il y a beaucoup de travaux d'investissement, d'aménagement,
31:02 notamment dans les gares, notamment dans certaines banlieues.
31:05 Alors certains s'en réjouissent en disant "les Jeux Olympiques font finalement faire les investissements
31:09 que personne ne faisait précédemment, mais eux pointent le risque d'un réseau
31:13 sous extrême tension à ce moment-là".
31:15 Alors si vous ajoutez à la question de la sécurité,
31:17 la question du piétinement dans les transports,
31:20 ça nous rappelle une soirée que personne n'a envie de revivre,
31:22 surtout pas sur une durée beaucoup plus longue.
31:25 Sur le plan sanitaire, Gérald Darmanin a annoncé un plan zéro délinquance J.O.
31:31 De quoi parle-t-on exactement, et qu'est-ce qui change dans l'organisation des forces de police ?
31:36 Alors là, en clair, les policiers que j'ai interrogés et qui s'occupent de ce dispositif zéro délinquance
31:42 disent qu'en effet le stade de France a tellement traumatisé tout le monde...
31:47 Non mais zéro délinquance dans un département où il y a 37 agressions par jour.
31:50 C'est ça, dans un département qui est déjà extrêmement frappé par la délinquance.
31:53 Et donc on a des dispositifs de sécurité, eux me disaient,
31:56 qui vont être mis en place pendant l'événement,
31:59 et qui vont être... on va mettre des CRS partout, qui vont tout nettoyer.
32:02 Vous savez, on a par exemple un exemple de ce qu'ils sont capables de faire,
32:05 c'est quand le président de la République va visiter un endroit,
32:09 ou quand le ministre de l'Intérieur se rend dans un commissariat,
32:11 subitement il n'y a plus de fuites d'eau, il n'y a pas de délinquance,
32:14 il n'y a pas de camés en bas de la porte d'immeuble.
32:17 Donc l'idée c'est de mettre un dispositif de sécurité comme ça en place à ce moment-là.
32:22 Mais évidemment le dispositif zéro délinquance J.O., c'est bien pour les Jeux Olympiques,
32:26 ce serait formidable que les habitants de la Seine-Saint-Denis,
32:28 et plus largement les Français, profitent d'un dispositif zéro délinquance.
32:32 Si ça pouvait être aussi une ambition, ce serait quand même exceptionnel.
32:35 Donc la question c'est de savoir, est-ce que ce dispositif peut réellement réduire la délinquance tout court,
32:40 ou est-ce qu'il s'agit de contenir la délinquance pendant les Jeux Olympiques ?
32:43 Et alors là, ce plan zéro délinquance consiste à accroître l'action des policiers dans certains secteurs, nous dit-on.
32:51 Alors le commentaire policier nous explique, enfin il m'a expliqué cet après-midi, plusieurs personnes,
32:58 en clair il s'agit de comptabiliser les actions que la police fait déjà, mais dans le plan zéro délinquance.
33:04 Donc je vais vous prendre un exemple très précis, par exemple à Saint-Ouen.
33:07 Saint-Ouen, vous avez le village olympique qui est installé dans le nord de la ville.
33:10 Alors sont comptabilisées comme actions policières pour le plan Jeux Olympiques,
33:15 les actions menées sur les puces de Saint-Ouen.
33:18 On sait bien que la police fait déjà des actions dans les puces de Saint-Ouen quand il y a besoin d'une action policière.
33:23 Les opérations menées dans les gares, sécurisation dans les gares.
33:26 Les opérations menées sur les points de deal.
33:28 Les points de deal c'était déjà une priorité depuis deux ans, donc ce n'est pas spécialement par rapport aux Jeux Olympiques.
33:32 Et les opérations menées dans le nord de la commune, à proximité du village olympique.
33:37 Donc en clair, la seule chose qui change, c'est que ces actions policières qui étaient déjà menées avec les moyens que les policiers ont déjà aujourd'hui
33:45 et qui manquent parfois, sous l'égide et la réponse de la justice,
33:50 toutes ces actions, elles sont menées de la même manière, avec les mêmes moyens,
33:53 seulement désormais dans le tableau Excel, elles sont comptabilisées.
33:56 Plan, zéro délinquance, Jeux Olympiques.
33:58 Donc évidemment pour les statistiques, ça fonctionne, mais dans les faits, les policiers font le même travail.
34:03 Et alors comment ça se concrétise dans la vie des policiers qui sont sur le terrain ?
34:07 Alors eux m'expliquaient qu'ils reçoivent des réquisitions du procureur pour aller faire des contrôles d'identité des individus et des véhicules
34:17 à proximité des villages olympiques qui sont en construction ou des travaux pour les Jeux Olympiques.
34:22 Donc concrètement, là je le fais rapidement, vous savez on parle souvent des contrôles d'identité, des contrôles au faciès, etc.
34:27 Dans la vie normale, un policier ne contrôle pas l'identité de quelqu'un parce qu'il a décidé de la contrôler.
34:33 C'est un cadre qui est dans le code de procédure pénale qui est extrêmement précis,
34:37 il faut qu'il y ait la commission d'un délit ou sur le point de commettre un délit,
34:40 et en clair il faut qu'il puisse le justifier pour que ça tienne devant la justice.
34:43 Et bien là la seule différence, c'est qu'il y a une réquisition du procureur,
34:47 donc ils ne sont plus dans le cadre de la procédure pénale,
34:49 le procureur leur dit "vous pouvez contrôler les véhicules, les personnes à proximité".
34:54 L'idée c'est de mettre du bleu partout, du bleu dans la rue comme on nous disait.
34:57 Simplement, vous pouvez contrôler tous les gens que vous voulez,
35:00 mais la réquisition c'est à un endroit précis, donc il y a des frontières de l'endroit délimité par le procureur,
35:05 et pendant une heure précise.
35:07 Donc en clair, trois fois par semaine, pendant une heure, les policiers sont envoyés à proximité des villages olympiques par exemple,
35:14 et on leur dit "vous contrôlez tout ce qui passe".
35:16 Donc dans les statistiques, il y a 18 contrôles d'identité dans l'heure,
35:19 zéro interpellation, rien à dire, mais la police est présente sur le terrain et ça rassure tout le monde.
35:25 Donc il n'y a aucune nouveauté dans le mode d'action en clair,
35:28 aucune nouveauté, simplement l'action policière qui existe déjà est valorisée aux Jeux olympiques,
35:33 pour faire clair, mais simplement les policiers me disaient "le problème de la délinquance il reste toujours le même,
35:38 avant, pendant les JO, après, c'est un, la question de la sanction pénale,
35:43 pas simplement la réponse pénale, mais la sanction pénale,
35:46 et là si vous avez des parquets débordés, il n'y aura pas plus de réponse pénale,
35:50 et la deuxième chose, et c'est particulier à la Seine-Saint-Denis, c'est vrai partout,
35:54 mais particulièrement en Seine-Saint-Denis, c'est l'éloignement des étrangers en situation irrégulière
35:58 qui sont pris notamment dans les actes de délinquance.
36:01 Et ces deux points-là ne changent pas, c'est toujours les mêmes, on en a parlé des milliers de fois ici,
36:06 et évidemment sur la question de la justice, c'est carrément une révolution,
36:09 et sur la question de l'éloignement des étrangers, ça ne concerne pas directement les JO,
36:14 ça pourrait être l'occasion de le mettre en place, mais...
36:16 C'est intéressant d'avoir à...
36:18 Dans quelle situation on se trouve à 18 mois de la cérémonie d'ouverture et que tout le monde s'alarme,
36:23 et sans véritablement conséquences concrètes au bout,
36:27 quand on parlait de recrudescence inédite de la délinquance.
36:31 Dernière question, concernant les transports, vous évoquez également la sécurité,
36:35 est-ce que ce n'est pas le même sujet ? On a vu l'importance des transports justement dans les supporters anglais.
36:40 C'est ça, et alors la question des transports, il y a la question de l'acheminement, je le mets de côté,
36:43 ça pourrait être l'objet d'une autre chronique, mais la question du réseau de transport,
36:47 mais la question de la sécurité dans les transports, pourquoi ça n'est pas exactement le même sujet ?
36:51 Puisque la Sûreté Ferroviaire, qui était autrefois la Police Ferroviaire,
36:54 elle, elle dépend du ministère des Transports,
36:57 donc ça n'est pas le ministère de l'Intérieur qui la gère, mais celui des Transports.
37:01 Et alors là, j'ai eu au téléphone des gens, j'avais passé une journée avec eux il y a quelques temps
37:06 pour voir un peu comment ça fonctionnait. Alors là, vous tombez de votre chaise.
37:09 C'est-à-dire que ce sont des agents qui sont armés, ils portent un gilet pare-balles,
37:12 ils peuvent aller patrouiller en civil, ce que ne peut pas faire une police municipale par exemple,
37:18 ils peuvent saisir par exemple une vente à l'arraché de cigarettes,
37:21 ils peuvent saisir et même détruire le produit, mais, mais,
37:26 ils ont interdiction de consulter un fichier.
37:28 Quand ils ont eu en face d'eux, ils n'ont pas le droit de consulter les fichiers de police,
37:31 donc ils ne savent pas la personne qu'ils ont en face d'eux.
37:33 Ils n'ont pas le droit de palper sans autorisation dans les transports,
37:36 ils ont quelqu'un qui leur présente, enfin, qui a un comportement suspect par exemple,
37:41 ils veulent fouiller le sac, si la personne refuse, ils n'ont pas le droit.
37:44 Ils ont le droit de l'empêcher de monter dans le train, mais pas de rester dans la gare,
37:49 ni d'aller ailleurs avec son sac qu'il a refusé d'ouvrir.
37:52 Ils n'ont pas le droit d'avoir accès aux vidéos, quand il y a par exemple un vol dans la gare,
37:57 pour retrouver la personne, ils n'ont pas le droit d'avoir accès aux vidéos.
38:00 Par ailleurs, quand il y a un contrôle d'une personne et que la personne ne veut pas décliner son identité,
38:05 par exemple, elle n'a pas de billet, par exemple, elle vient d'être violente avec une autre personne à la sortie du train,
38:10 alors là, ils doivent contacter un officier de police judiciaire, donc en référé à la police,
38:15 un officier de police judiciaire qui lui peut venir exiger que la personne décline son identité et avoir accès aux fichiers.
38:22 Seulement la jurisprudence leur impose de présenter un officier de police judiciaire dans l'heure qui suit.
38:28 Donc, il me disait, on va prendre un exemple précis, vous avez quelqu'un qui tabasse un gars dans le train,
38:33 il l'arrête, il l'interpelle, l'homme ne veut pas décliner son identité,
38:38 ils appellent l'officier de police judiciaire, ils sont dans le train, ils ont 30 minutes,
38:42 ils arrivent à Gare du Nord, on leur dit "vous allez rue de l'Évangile dans tel commissariat".
38:47 Le tout ne peut pas concrètement se faire en une heure. Et bien s'ils arrivent après une heure,
38:52 ils relâchent la personne en lui disant "bonne journée", ils n'ont pas le droit de dépasser ce temps-là.
38:57 Donc, en clair, si vous vous faites contrôler, vous n'avez pas de billet, on vous demande votre identité,
39:01 vous la donnez parce que vous êtes quelqu'un d'honnête et on va vous faire payer.
39:04 Si vous refusez de donner votre identité, personne ne pourra vous faire payer
39:07 parce que vous pensez bien que les officiers de police judiciaire ne vont pas se déplacer à la gare
39:11 pour aller faire payer un ticket qui n'a pas été payé.
39:13 Donc, comme d'habitude, celui qui joue le jeu finit par perdre ce même jeu.
39:18 Tout ça est au nom de la privation de la liberté.
39:20 Donc, c'est la CNIL, par exemple, pour les vidéos, où le ministère qui protège la liberté des gens
39:26 qui, éventuellement, sont en infraction.
39:28 Et là, ils sont extrêmement inquiets à l'approche des Jeux Olympiques
39:31 puisque rien ne change quand ils le demandent.
39:34 Et ils constatent par ailleurs que les gens sont tellement inquiets dans les transports de cette situation
39:38 qu'il y a de plus en plus de gens qui s'arment eux-mêmes dans les transports
39:41 et qui répondent que c'est pour se défendre.
39:43 Ça rappelle un sujet qu'on a souvent traité ici et qui dépasse, encore une fois, de loin,
39:47 la seule question des Jeux Olympiques.
39:50 Plusieurs femmes disent qu'elles s'arment parce qu'elles ont peur.
39:55 Merci beaucoup, Charlotte, pour cette analyse.
39:59 À 18 mois des JO 2024, alors que la population à Haïti est livrée aux gangs ultra-violents,
40:06 alors que la misère frappe le pays, alors que personne ne vient au secours de cette population déchiquetée
40:12 marquement par les gangs, la drogue, la violence, la guerre civile,
40:16 on se demandera avec vous, qui connaissez Haïti, vous avez écrit notamment un livre sur Haïti,
40:21 est-ce que ce... évidemment, ce n'est pas comparable, mais quand même,
40:26 est-ce que ces zones de non-droit, est-ce que cette ultra-violence
40:31 peut, un jour, se décliner sur notre territoire ?
40:35 Écoutez, il suffit que je me tourne vers Charlotte, et puis on peut continuer sa chronique.
40:41 Et puis, malheureusement, souvent, elle évoque des situations où on s'aperçoit de la dégradation.
40:49 Il y a nombre de lieux où la police ne peut plus pénétrer,
40:53 et la misère en tant que telle est le germe de la délinquance,
40:58 et la délinquance est le germe de la violence extrême.
41:02 Il y a un moment donné, quand il n'y a plus le moindre espoir,
41:06 que l'on est dans son cloac, qu'on est dans le bourbier,
41:09 qu'il n'y a plus la moindre possibilité de se dire "mais peut-être que je pourrais m'en sortir",
41:15 c'est foutu, et ce lieu d'où les autorités sont exclues s'auto-gère,
41:21 et la seule auto-gestion possible, c'est celle du plus fort, de l'horreur absolue.
41:27 Alors on pourrait prendre un quartier particulier, mais si on fait l'analogie avec Haïti, c'est quoi ?
41:35 Haïti, c'est un pays déjà qui a eu cette chimère d'échapper à l'esclave.
41:43 C'est le premier peuple libre, et libre au dépens de qui ?
41:48 De Napoléon, au dépens de la France.
41:50 Et c'est en 1804, non pas avec tout saint l'ouverture, qu'ils se votent cet avenir en dehors d'une autorité coloniale,
41:59 c'est avec Dessalines et celui qui s'appelle Christophe qui sera le roi Christophe.
42:04 Ce qui est extraordinaire, c'est qu'ils ont une volonté, une sorte de prétention,
42:10 de répondre aux exigences de ceux qu'ils ont expulsés.
42:15 C'est-à-dire que quelques années plus tard, quand Charles X, qui estime que la France connaît un préjudice,
42:22 car elle n'a plus l'exploitation de la canne à sucre,
42:26 elle n'a plus l'exploitation de tous ces éléments d'enrichissement,
42:29 c'était une manne incroyable Haïti, comme toutes les Antilles,
42:33 eh bien il exige 125 millions d'indemnités.
42:37 Et les Haïtiens, qui tentent une percée, disent "il n'est pas question que nous apparaissions
42:44 comme étant des sauvages, incapables d'être dans la logique économique des Blancs".
42:50 Ils vont tout faire pour être capables de rembourser cette dette.
42:55 Mais malheureusement, c'est une société analfabète,
42:58 c'est une société qui n'arrive pas à se constituer.
43:01 Et de là, elle ne cessera d'être dans cette déchéance, quel que soit le lieu.
43:07 Et les Américains, au début du XXe siècle, décident de s'emparer des lieux,
43:11 il n'y a pas d'autre mot.
43:14 Et il y a les expulsions des toutes petites parcelles de terre des uns et des autres,
43:18 afin de créer une exploitation agricole rentable, d'avoir des réseaux de voies ferrées.
43:25 Et quand la rébellion se fait avec les Cacos par exemple, il faut les mainter.
43:32 Et là, la répression est tellement atroce qu'on a de véritables camps de concentration,
43:37 et le chef Charlemagne Peralte est carrément crucifié devant l'un de ces camps
43:46 pour montrer qu'il n'est pas question d'échapper à l'ordre qu'il est en train d'essayer d'établir.
43:52 Je ne vais pas vous faire toute l'histoire, mais c'est pour dire où on en est arrivé.
43:56 Et aujourd'hui, Haïti, c'est une plaque tournante de la drogue.
43:59 Il y a des gens qui sont toujours dans l'espoir de renouer avec la France.
44:04 Quand j'y suis allé il y a quatre ans, ils me disaient "mais on a la même langue, on vous aime, nous sommes des frères".
44:11 Mais cette élite, elle s'arrête par exemple au bac, ils n'ont pas les moyens d'aller suivre des études.
44:16 Donc rapidement, les gens vivent dans des cahutes à Paris-Romprince, une grande partie de la population commence à en sortir.
44:22 Comme il n'y a rien à faire, vous êtes embarqué par les gangs et le trafic international qui est l'éhape,
44:29 et là tout est permis, ce qui compte c'est de pouvoir suivre, on n'est plus un être humain,
44:34 on est simplement dans la loi du "puisignomineux".
44:38 Je peux revenir sur ces gangs ultra violents, vraiment qui terrorisent la population en Haïti.
44:45 Vous parliez de liens par exemple entre la misère et la violence, mais ce n'est pas parce qu'on est pauvre, qu'on est miséreux, qu'on devient violent.
44:53 Qu'est-ce qui fait que justement il y ait un certain lien, pour une certaine catégorie, entre cette misère et la violence ?
45:01 Pour essayer de comprendre ce qui pourrait se passer.
45:04 Il y a la pauvreté, et la pauvreté, on arrive à s'adapter.
45:09 Quand vous êtes dans la misère la plus absolue, qu'il n'y a plus rien, vous pouvez dire "j'ai envie de bosser", il n'y a pas de travail.
45:16 "Je voudrais aller à l'école", il n'y a pas d'école, il n'y a rien.
45:19 C'est la survie, et la survie c'est quoi ? Parce qu'il y a toujours des gangs qui se constituent, et là en l'occurrence c'est la drogue.
45:27 Et quand on revient aux quartiers tels qu'ils existent dans les zones de nos droits en France, c'est ça.
45:31 C'est-à-dire que ces gens ont l'impression que la seule façon de pouvoir échapper à un quotidien qui se résume à trouver de quoi bouffer,
45:41 mais bouffer sans avoir la moindre satisfaction, c'est uniquement cette délinquance extrême et cette violence extrême qui leur est permise.
45:50 Et aujourd'hui il y a des questions à se poser, quand vous avez par exemple des gens qui gagnent 1200 euros, c'est le SMIC,
45:58 et que vous payez pour un studio 900 euros, vous n'avez pas de quoi vivre.
46:02 Alors certains finissent par tomber dans la tentation de la délinquance, parce que quel que soit leur courage, on ne leur offre aucune possibilité.
46:10 Ce n'est pas chercher à les excuser, c'est tenter d'expliquer sociologiquement "je déborde sur le terrain de Mathieu".
46:17 On déborde tous sur le terrain de tout le monde.
46:20 Parce que lorsqu'on voit la drogue en Haïti, la délinquance, les gangs, les zones de non-droit, l'absence des forces de l'ordre,
46:30 c'est là où ça fait un cocktail malheureusement explosif.
46:33 Oui, juste un mot, c'est qu'à peu près 20% de l'économie mondiale, c'est du blanchiment de l'argent,
46:40 c'est du blanchiment de la drogue et de toutes les corruptions telles qu'elles existent.
46:45 Alors quand certains prennent de la drogue, il faudrait qu'ils se posent des questions sur ce qu'ils génèrent sans le vouloir.
46:50 Dans un instant on parlera avec vous Mathieu Bocoté de ce rationnement sur l'eau.
46:57 Qu'est-ce que ça dit de nos grandes puissances mondiales après le rationnement des masques, des gels, etc.
47:03 Mais le tour de table maintenant sur la une des échos.
47:06 Un nouveau record d'investissement étranger en France.
47:09 En 2022, 1725 projets d'investissement ont été recensés sur un business France.
47:15 Ils ont permis la création ou le maintien de plus de 58 000 emplois.
47:19 Question, les capitaux étrangers dévorent-ils la France ? Faut-il s'en féliciter ? Faut-il le déplorer ?
47:28 Qu'en est-il de notre souveraineté ? Est-ce un signe de bonne santé ou de dépendance économique, d'éloignement de notre souveraineté ?
47:37 C'était l'objectif d'Emmanuel Macron en 2017.
47:39 Il le disait, restaurer l'attractivité de la France après les années Hollande qui avaient été très mauvaises.
47:43 Il faut distinguer les investissements étrangers, c'est-à-dire des entreprises qui investissent de l'argent pour construire notamment des usines dans le pays,
47:50 des prises de participation capitalistiques dans nos entreprises.
47:55 Ce n'est pas le même argent.
47:57 Moi, je trouve que c'est bien, ça crée de l'emploi et ça montre que notre pays est attractif, qui fait envie.
48:02 Il vaut mieux faire envie que pitié, comme dit le...
48:04 Oui, parce que malgré la guerre, malgré la crise de l'énergie, malgré l'inflation élevée, malgré le risque de récession, des étrangers investissent en France.
48:12 Oui, mais ils le font parce que...
48:14 Alors, c'est toujours pareil, à chaque fois, ce qui fait un peu peur sur la France, c'est la stabilité fiscale, la stabilité réglementaire, les questions de droits du travail, les grèves.
48:22 Les grèves, c'est toujours le truc, ça fait peur.
48:24 Mais voilà, il y a un travail aussi d'attractivité du pays qui paye.
48:29 Après, on va dire une chose, c'est que les bénéfices, où partent-ils ?
48:33 Ils partent à l'étranger, ils partent à la maison mère.
48:35 Et là, moi, je pose la question, c'est, on pourrait, nous, avoir des entreprises détenues par des Français.
48:41 Mais il faudrait faire peut-être la retraite par capitalisation, on en a déjà parlé plein de fois.
48:45 C'est intéressant, lorsque vous dites qu'on pourrait avoir des entreprises détenues par des Français,
48:48 lorsqu'on voit que les investisseurs étrangers, ne vous battez pas, vous prenez la parole,
48:51 les investisseurs étrangers possèdent plus de 40% des entreprises du CAC 40 en 2021.
48:58 Pardon, Dimitri, mais ça interpelle.
49:01 Lorsqu'on voit que la moitié de la dette française est détenue par des non-résidents, pardon, mais ça interpelle.
49:07 Alors bravo, Cocorico, parce qu'effectivement, la France est attractive, mais la France appartient à qui ?
49:13 Mais parce que quand vous dites 40% du CAC appartient à des investisseurs étrangers,
49:17 qu'est-ce qu'ils demandent pour être au capital des entreprises françaises, ces étrangers ?
49:20 Ils demandent des dividendes.
49:21 Et après, les gens vont se dire, mais c'est incroyable, ces entreprises,
49:24 tout cet argent qu'elles ne reversent pas à leurs salariés.
49:27 Eh bien, vous voulez gagner de l'argent avec vos entreprises ?
49:29 Vous voulez que le dividende aille dans votre poche ?
49:31 Investissez, achetez des actions françaises, soyez patriote.
49:35 C'est une forme de patriotisme économique, je pense.
49:38 Je sais que Marc ne va pas être d'accord avec moi.
49:40 Mais non, mais c'est pas censé...
49:41 Ça, c'est un vecteur de prospérité.
49:44 Non, mais c'est quand même fou.
49:45 C'est-à-dire que vous avez les étrangers qui disent, on peut s'en mettre plein la poche en investissant en France.
49:49 Et en France, on dit, on ne peut pas investir, parce que si on investit, à la fin, il n'y a pas assez de rentabilité.
49:55 Vous pensez bien, tout ce qu'on nous prend par rapport aux charges,
49:59 les gens, ils veulent avoir des retraites, ils veulent avoir des avantages sociaux.
50:03 Ça n'empêche pas ceux qui sont ailleurs, qui ont d'autres possibilités, dans le monde entier, pour jouer au Monopoly.
50:08 Et dans leur jeu du Monopoly, c'est chez nous qu'ils viennent placer l'argent.
50:12 Ça montre bien qu'il y a quelque chose qui est favorable.
50:15 Alors quand on entend toutes les mesures telles qu'elles sont prises,
50:18 et que les uns et les autres se contentent d'être là, vous savez, dans l'attitude d'on met encore l'argent sous le matelas,
50:25 et puis on attend, ça dort, ça pose des questions.
50:28 Qu'est-ce que ça vous pose comme questions, Charles ?
50:30 On ne peut pas dire que les étrangers ne s'investissent pas, c'est bien l'argent qui est sous le matelas.
50:34 Qu'est-ce que ça pose comme questions, Charlotte, que les étrangers croient, peut-être, presque plus en la France que les Français eux-mêmes ?
50:42 En fait, c'est ça la seule question.
50:44 En écoutant Dimitri, et en essayant de comprendre même le procédé lui-même,
50:49 je me dis, on se réjouit que des étrangers investissent en effet en France,
50:53 et on se demande si la France est capable même d'investir elle-même dans son propre pays.
50:57 C'est la même question que soulevait Dimitri avec les bénéfices, mais c'est la question tout court.
51:01 Quand vous voyez, on avait parlé d'entreprises stratégiques qui en France ne trouvent pas repreneur.
51:05 Les grands hôtels parisiens.
51:07 C'est ça.
51:08 Ils sont financés par des capitaux étrangers.
51:11 Et ça, en effet, ça pose une question, surtout qu'il y avait aussi dans le projet d'Emmanuel Macron
51:15 la question de la réindustrialisation et de la souveraineté sur certains secteurs stratégiques,
51:19 et que sur l'attractivité, Emmanuel Macron a bien travaillé, sur le reste, apparemment...
51:23 L'industrialisation, je crois que plus de 25%, le quart de ses capitaux investis en France,
51:29 ça va dans des projets industriels, des projets d'usines, avec de l'emploi derrière, etc.
51:33 Mais qui ne sont donc pas français...
51:35 Mais après, c'est aussi l'illustration du manque d'argent sur le sol français, et ça, on est bien d'accord.
51:40 Oui, c'est-à-dire qu'on a besoin d'argent, il faut qu'on aille chercher ailleurs.
51:43 Vous allez aux États-Unis, il y a beaucoup d'argent pour investir, ça attire aussi les capitaux du monde entier.
51:48 C'est un aspirateur à argent.
51:50 En tout cas, ça pose question.
51:53 Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, veut nous mettre en garde, Mathieu Bocoté,
51:58 dans un contexte de sécheresse hivernale, il pourrait y avoir des pénuries d'eau cet été,
52:02 et pour cela, il invite les préfets à prendre des mesures pour affronter la situation,
52:06 c'est-à-dire des rationnements saines et nécessaires mis en garde.
52:10 Alors, je vous rassure tout de suite, je ne prétends pas d'aucune manière expliquer
52:13 de quelle manière organiser des rationnements d'eau.
52:16 Je n'ai pas de prétention à l'expertise technique en la matière.
52:19 Ce qui me semble intéressant à travers cela, c'est le développement, la normalisation du vocabulaire du rationnement,
52:26 du vocabulaire de la pénurie, pour parler d'un nombre croissant d'activités,
52:30 d'un nombre croissant d'activités sociales, économiques, et ainsi de suite.
52:33 Donc, rationnement, pénurie, ça s'inscrit dans un univers plus large.
52:37 Si on tend l'oreille, si on écoute les écolos un peu, ils nous disent « décroissance »,
52:41 ils nous disent « on doit changer notre rapport à la consommation »,
52:44 « on doit vouloir de moins en moins, produire de moins en moins ».
52:47 Donc, tout ça crée un environnement où décroissance, pénurie, rationnement
52:52 semblent se présenter comme l'horizon indépassable de notre temps.
52:56 Donc, ça, premier élément.
52:58 On nous dit même qu'on doit changer notre rapport au bonheur à travers ça, ce qui est quand même particulier.
53:01 Donc là, on peut faire la liste des pénuries vécues ou annoncées.
53:06 De masques, au moment de la COVID, d'équipements médicaux, de médicaments, d'essence, d'électricité,
53:13 j'ai appris aujourd'hui de pénurie de vaccins pour le choléra dans le monde,
53:17 pénurie de fruits et légumes au Royaume-Uni.
53:19 Donc, un peu partout dans le monde occidental aujourd'hui,
53:22 les populations sont habituées à penser leur avenir sous le signe de la pénurie.
53:26 Lorsque vous pensez votre avenir sous le signe de la pénurie,
53:29 inévitablement, ça empêche de se projeter dans l'avenir.
53:31 Inévitablement, ça crée une espèce de sentiment de crainte permanente d'une manière ou de l'autre.
53:36 Et là, quand la pénurie, c'est même l'eau, le symbole même de la vie,
53:40 c'est l'eau, elle pourrait venir à manquer,
53:42 et bien là, on est véritablement dans un environnement qui est potentiellement anxiogène.
53:46 Et qui dit société anxiogène, dit société qui va vouloir quelquefois avoir de plus en plus de contrôle,
53:53 contrôle qui peut être sur le mode du rationnement, qui peut être aussi sur l'autoritarisme politique.
53:57 - Car qui dit société de rationnement, dit aussi société de contrôle.
54:01 - Oui, je pense que c'est ce qu'on doit garder à l'esprit,
54:04 parce que tous ces enjeux que j'évoque sont tout à fait réels, la question n'est pas là.
54:08 Mais la COVID, et plus encore aujourd'hui, la crise écologique, annonce le basculement,
54:15 puis on en a souvent parlé ici, mais je pense qu'il faut y revenir,
54:17 d'une société de liberté à une société d'autorisation.
54:20 Une société de liberté où le commun démortait,
54:23 l'idée de maximiser, dans le cadre du bien commun, les libertés des uns et des autres.
54:27 Et qu'est-ce que c'est une société d'autorisation?
54:29 C'est une société où on demandera toujours la permission en fonction de l'exigence idéologique,
54:34 ou sociologique, ou écologique du moment.
54:36 Donc faudra-t-il limiter la viande un jour, limiter les voyages en avion, limiter les déplacements,
54:42 limiter le nombre d'enfants, limiter le nombre de propriétés,
54:45 limiter l'accès à la propriété tout simplement, limiter le nombre de véhicules.
54:50 Donc quand on multiplie de telles limites, c'est une société du contrôle bureaucratique,
54:54 c'est une société du contrôle étatique, c'est une société qui finalement,
54:58 je dirais, encadre nos libertés jusqu'à nous étouffer.
55:01 Et ce qui est inquiétant à travers cela, c'est qu'une partie de la population
55:04 en vient à s'habituer à ce contrôle, à le désirer,
55:07 et à voir dans la multiplication de ces contrôles une marque d'esprit civique,
55:11 une marque de citoyenneté.
55:13 C'est comme si nous courons dans ce désir d'autorité qui comprime les libertés,
55:19 et on voit une marque de notre vertu supérieure.
55:21 Nous sommes en droit de nous inquiéter de l'état d'esprit de nos contemporains.
55:24 Mieux vaut prier pour avoir un peu de pluie.
55:27 Merci.
55:28 Merci à tous.
55:30 Dans un instant, la Minute Info, Mathieu Devez,
55:33 ensuite Pascal Praud pour l'heure des produits.
55:35 La réforme des retraites a été approuvée en commission au Sénat.
55:42 Plusieurs amendements ont été retenus,
55:44 notamment en faveur des mères de famille et de l'emploi des seniors.
55:47 Les sénateurs vont désormais se retrouver jeudi après-midi
55:50 pour le coup d'envoi des débats dans l'hémicycle.
55:52 De plus en plus de personnes sont accueillies au Resto du Coeur.
55:56 Par rapport à l'année dernière, l'association constate 22% de bénéficiaires en plus
56:00 lors des trois premiers mois de la campagne d'hiver,
56:03 et plus de la moitié des personnes accueillies à moins de 25 ans.
56:07 L'Iran a augmenté ces derniers mois son stock d'uranium enrichi.
56:11 Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique,
56:13 il dépasse de 18 fois la limite autorisée.
56:16 Et dans le détail, cette instance de l'ONU confirme avoir détecté
56:19 des particules d'uranium enrichies à 83,7%.
56:23 C'est juste en deçà des 90% nécessaires pour produire une bombe atomique.
56:28 ♪ ♪ ♪

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