Face à l'Info Été (Émission du 28/07/2023)

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Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h

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00:00 Bonsoir et bienvenue sur CNews, je suis ravie de vous retrouver pour cette édition de Face à l'Info,
00:05 la toute dernière de la semaine en compagnie de l'équipe qui m'a accompagnée depuis quelques jours déjà.
00:11 On se retrouve pour parler des thèmes que vous avez choisis messieurs, juste après le JT d'Isabelle Piboulot.
00:16 Selon la procureure de la République de Versailles, l'automobiliste impliqué dans l'accident à Mésir-sur-Seine était alcoolisé
00:27 avec une alcoolémie fixée à 2,4g. Il a été déclaré négatif au test des stupéfiants.
00:33 Blessé et toujours en garde à vue, il n'a pas encore été entendu.
00:37 Le jeune homme roulait à contresens lorsqu'il est entré en collision avec un bus.
00:41 L'accident de ce matin a fait deux morts et de nombreux blessés.
00:44 Une personne reste encore en urgence absolue.
00:47 A Paris, deux hommes ont été placés en garde à vue, soupçonnés de viol en réunion, sur une touriste d'origine mexicaine.
00:54 La femme, âgée de 27 ans, a été agressée au Champ de Mars dans la nuit de mercredi à jeudi.
01:00 Sur Twitter, Rachida Dati monte au créneau.
01:03 La maire du 7e arrondissement de la capitale appelle Annie Dalgo à fermer le Champ de Mars la nuit pour garantir davantage de sécurité.
01:11 Et puis, il faudra vous armer de patience en ce week-end de chasse et croisée.
01:15 En raison des intempéries en France, d'importants retards sont annoncés à la gare Montparnasse,
01:20 aussi bien dans le sens des arrivées que des départs.
01:23 Sur Twitter, SNCF Voyageurs évoque des pannes de signalisation liées à de violents orages entre Massy-TGV et Courtalin.
01:32 Merci beaucoup et j'accueille, j'ai grand plaisir à accueillir à nouveau ce soir Nathan Devers.
01:38 Salut Nathan, vous allez bien ?
01:39 Bonsoir Nathalie, et vous ?
01:40 L'ADR de la semaine, vous avez été présent à toutes les éditions.
01:43 Avec grand plaisir.
01:44 Vous avez vraiment donné de votre personne, je vous félicite.
01:46 A vos côtés Philippe Guibert, ravi de vous revoir également.
01:48 Bonsoir Nathalie, je suis arrivé en cours.
01:49 Bonsoir Raphaël, même topo.
01:51 Vous avez été là, présent, fidèle au poste.
01:54 Je suis arrivé en cours comme Philippe.
01:56 Régis Le Sommier qui va faire coup double ce soir.
02:01 On attend avec impatience vos chroniques.
02:03 Allez c'est parti pour le sommaire de ce que vous m'avez préparé.
02:06 On va parler de Gabriel Attal, qui à peine nommé, est déjà proactif sur les dossiers de l'éducation et de la vie autour de la scolarité.
02:14 Saura-t-il sortir de son image de communicant pour porter des dossiers concrets ?
02:18 La rentrée sera sans doute l'heure de vérité.
02:20 Philippe Guibert se penche sur la question en début d'émission.
02:23 L'exécutif s'attelle à mieux répartir les difficultés avant les JO.
02:27 Circuler, il n'y a rien à voir autour des sites touristiques.
02:30 Les demandeurs d'asile sont encouragés à partir en région.
02:32 Et les bouquinistes, eux aussi, sont priés de quitter les quais pour raisons de sécurité.
02:36 Anne Hidalgo fait du zèle.
02:38 Elle a même précédé une demande de la préfecture en prenant cette décision.
02:42 On cherche à comprendre pourquoi, bien sûr, avec Raphaël Stainville.
02:45 Alors qu'un coup d'État semble s'installer durablement désormais au Niger,
02:49 cette situation nous rappelle la perte d'influence de la France dans cette zone,
02:52 alors que la Russie, elle, ne fait qu'en gagner.
02:55 C'est ce que nous racontera Régis Le Saumier.
02:58 La campagne américaine, ça y est, c'est déjà lancé,
03:01 avec un Donald Trump plus incisif que jamais,
03:03 tandis qu'un risque d'inculpation pour complot contre l'État pèse sur lui.
03:06 Ce sera la chronique ce soir de Nathan Devers.
03:09 En fin de l'histoire, avec un clin d'œil à Marc Menand, ou à Terlo,
03:13 morne pleine, la pire défaite napoléonienne
03:17 qui rend peu à peu ses corps et ses mystères,
03:19 l'histoire oubliée qui a fasciné cette semaine,
03:23 on peut le dire, Régis Le Saumier.
03:26 C'est donc parti avec vous, Philippe Guybert.
03:41 On vous a choisi en premier parce que vous êtes dans un thème
03:43 vraiment qui est en plein dans l'actualité.
03:46 On a beaucoup parlé de Gabriel Attal, ministre de l'Éducation.
03:49 Sera-t-il l'anti-Papendiaï ?
03:51 En tout cas, il dessine déjà les contours de ce qu'il veut faire de son ministère.
03:56 Oui, la donnée Gabriel Attal a fait sa pré-entrée, en quelque sorte, ce matin,
04:01 par une interview dans "Midi Libre", dans ce quotidien régional qui nous est cher,
04:07 et je l'ai lu attentivement.
04:09 Alors, il y annonce des décisions attendues sur l'harcèlement scolaire,
04:12 on va y venir.
04:14 Il prend des positions plus tranchées que son prédécesseur sur la laïcité,
04:19 les mauvaises langues, et il y en a peut-être autour de ce plateau,
04:23 diront que ce n'était pas difficile, et on va aussi les examiner de près.
04:27 À l'évidence, comme vous l'avez dit, Gabriel Attal sera meilleur communiquant
04:32 que Papendiaï, dont les interventions étaient, comment dire,
04:35 souvent empruntées, parfois techniques, et parfois même embarrassées,
04:40 sauf pour critiquer CNews, où là, il était très à l'aise.
04:44 Mais les talents de communicant de Gabriel Attal, s'ils sont indispensables
04:48 en politique aujourd'hui, ne feront pas tout.
04:50 Les paroles et les images, c'est bien, les actes, c'est encore mieux,
04:53 surtout au ministère de l'Éducation nationale,
04:57 où les routines de l'administration sont peut-être plus fortes
05:01 que dans d'autres ministères, et c'est en résumé,
05:04 par cette trop fameuse formule trop célèbre, pas de vagues.
05:10 Le pas de vaguisme, c'est une malédiction à l'éducation nationale,
05:15 à laquelle Gabriel Attal va être confronté.
05:18 Alors, que dit-il ce matin, de façon plus tranchée,
05:21 comme vous semblez l'insinuer, est-ce qu'il rompt finalement
05:24 avec ce pas de vaguisme ?
05:25 Alors, je dirais oui et non, mais on va le regarder dans le détail,
05:28 parce que Gabriel Attal est un homme habile et prudent.
05:31 Mais commençons par ce qu'il annonce, ses initiatives,
05:34 qui me semblent, pour un certain nombre d'entre elles, très heureuses.
05:37 La plus notable est l'annonce de la parution de deux décrets
05:41 à échéance rapide qu'il va signer avec la première ministre
05:44 contre le harcèlement scolaire, ce qui était attendu,
05:47 et qui vont donc s'imposer aux administrations
05:50 dès la rentrée prochaine, c'est important.
05:52 Le premier décret édicte clairement un principe essentiel,
05:57 qui est que c'est le harcèleur qui devra être sanctionné,
06:00 et qui pourra être invité à changer d'établissement,
06:04 plutôt que le harceler, comme c'était trop l'habitude jusqu'à présent.
06:09 Jusqu'à présent, en effet, on invitait plus ou moins aimablement
06:13 les parents des harcélés à aller voir dans un autre établissement
06:17 si c'était mieux pour leurs enfants, ce qui est profondément choquant.
06:20 Ici, le pas de vaguisme montrait tous ses effets parfois dévastateurs.
06:25 L'absence de texte réglementaire permettait aussi aux parents
06:29 des harcèleurs, c'est arrivé, il y a des cas concrets,
06:32 de contester une décision de sanction à l'égard de leurs enfants harcèleurs
06:36 quand il y avait fond sanction.
06:38 Là, a priori, c'est fini, même s'il faudra être attentif
06:41 à la réduction de ce décret.
06:46 Les familles l'attendaient donc, ce décret.
06:49 C'est le sens élémentaire de la justice et l'autorité
06:51 qui commandaient d'inscrire enfin ces principes dans la réglementation.
06:55 Quant au second décret, il paraît moins important,
06:57 mais il n'est pas du tout négligeable,
06:59 parce qu'il comble un vide juridique sur un problème
07:02 qui a intensifié le harcèlement, qui l'a rendu parfois plus insupportable,
07:08 qui s'appelle le cyberharcèlement sur les réseaux sociaux.
07:11 Ce décret permettra de mettre en cause des jeunes, des personnes
07:15 qui harcèlent quelqu'un, même quand ils ne font pas partie
07:18 de l'établissement où se trouve ce jeune,
07:21 ce qui est un cas relativement récurrent.
07:25 Alors soyons honnêtes, tout ça est très bien,
07:28 mais Papanday, à l'évidence, avait préparé ses mesures,
07:31 mais il avait semblé, dans sa communication lent,
07:34 parfois peu empathique, dans sa réaction aux faits de harcèlement
07:38 qui ont ponctué tragiquement l'actualité cette année.
07:42 Et c'est donc Gabriel Attal qui les annonce et qui va les mettre en œuvre.
07:47 Alors il y a tout de même un autre sujet sur lequel il rompt avec Papanday,
07:50 là c'est l'Abaya.
07:52 Absolument, sur l'Abaya, vous avez raison,
07:55 il tranche avec Papanday sur la question de la blouse, de l'uniforme,
07:59 on va voir que c'est un peu plus compliqué, voire pas vraiment tranché.
08:04 Sur l'Abaya, la rupture de discours est très claire,
08:06 après les hésitations et prudences de son prédécesseur.
08:10 Gabriel Attal déclare ce matin dans "Midi libre", je le cite,
08:13 "Venir à l'école avec une Abaya est un geste religieux
08:17 visant à tester la résistance de la République
08:20 sur le sanctuaire laïque que doit constituer l'école.
08:24 Je n'ai pas changé d'avis et je serai ferme."
08:27 Là, à l'évidence, les mots de Papanday
08:29 étaient nettement plus allombiqués sur ce sujet.
08:33 On pourrait dire pourtant, en inversant une vieille formule politique des années 80,
08:37 excusez-moi de mon retard dans l'actualité,
08:40 que Gabriel Attal a politiquement raison,
08:43 mais que juridiquement, il risque d'avoir tort.
08:46 Politiquement raison, oui, il a raison,
08:48 parce que les groupes islamistes qui manipulent les jeunes filles
08:51 qui utilisent l'Abaya ont en effet cette intention,
08:53 tester la laïcité à l'école et contourner la loi de 2004.
08:57 Il faut être naïf pour croire le contraire.
08:59 Mais juridiquement, il risque d'avoir tort pour deux raisons.
09:02 L'Abaya stricto sensu n'est pas reconnue par les autorités de l'Islam
09:06 comme un vêtement religieux.
09:08 Son origine historique est même pré-islamique,
09:12 même si son usage aujourd'hui est souvent utilisé,
09:16 comme je l'ai dit, pour contourner la loi de 2004
09:18 et l'interdiction du voile.
09:20 Et surtout, le nouveau ministre n'offre pas de solution pratique
09:25 aux chefs d'établissement et aux enseignants
09:27 qui sont confrontés à cette section, à ce problème, pardonnez-moi,
09:32 hormis le fait d'exclure éventuellement les jeunes filles qui porteraient l'Abaya.
09:38 Alors dans ce cas, le risque est très réel que les parents de cette jeune fille
09:42 aillent devant les tribunaux et obtiennent gain de cause
09:45 contre cette décision d'exclusion de l'école
09:48 parce que les tribunaux vont être amenés à discuter
09:51 le caractère religieux ou pas de l'Abaya.
09:53 Et dans ces discussions byzantines, on peut s'attendre à tout.
09:57 C'est ici qu'intervient la discussion sur l'uniforme ou sur la blouse,
10:01 il faudrait plutôt dire la blouse,
10:03 qui est une solution juridiquement, elle, en béton,
10:06 si j'ose dire, j'ose pas dire béton armé,
10:08 à ce problème très récurrent.
10:10 Uniforme sur lequel le ministre ne se mouille pas vraiment,
10:14 sur lequel, si je peux me permettre, il fait un peu du pape et de l'ail.
10:18 En effet, Attal se contente de dire,
10:20 si la communauté éducative d'un établissement demande à l'expérimenter,
10:25 à expérimenter l'uniforme, j'y suis favorable.
10:28 Autrement dit, il demande à ses troupes de la communauté éducatiste,
10:32 allez-y, partez devant, ou selon une autre vieille formule,
10:36 je suis votre chef, donc je vous suis.
10:38 En général, c'est plutôt l'inverse pour un chef.
10:41 D'autant plus qu'il ajoute cet argument quelque peu spécieux, à mes yeux,
10:45 qui est, est-ce qu'on peut imaginer que ce serait une solution magique
10:49 pour régler tous les problèmes ?
10:51 Je ne crois pas, dit-il, mais personne n'a jamais prétendu
10:54 que le port de la blouse ou de l'uniforme
10:56 allait régler tous les problèmes de l'école, évidemment.
10:59 En revanche, une blouse ou un uniforme peut régler le problème récurrent
11:04 de ces tests vestimentaires permanents contre la laïcité
11:08 et qui ont tendance ces derniers mois à s'accélérer,
11:11 contre la loi de 2004 d'interdiction du voile à l'école.
11:15 Et par ailleurs, la blouse et l'uniforme peuvent avoir d'autres vertus,
11:19 d'effacement des différences sociales trop marquées
11:22 et de faire prendre conscience, finalement,
11:25 qu'on appartient à une communauté, une collectivité.
11:28 Alors au total, soyons justes, cette interview n'est évidemment
11:31 qu'une entrée en matière pour l'élève à Tal.
11:34 C'est à la rentrée qu'on jugera vraiment de ses actes
11:38 et de l'effectivité de ses actes.
11:41 Il annonce par ailleurs dans cette interview de façon précise,
11:43 je le mentionne rapidement, mais c'est important
11:45 dans la vie quotidienne des élèves et des enseignants,
11:48 la reconquête du mois de juin et du troisième trimestre,
11:50 c'est un sujet très important, notamment au lycée.
11:53 La rénovation thermique des logements, ça peut paraître un peu cosmétique,
11:57 mais en réalité c'est très important parce qu'il fait très froid l'hiver
12:00 dans certains bâtiments et il fait très chaud à partir du mois de mai-juin.
12:04 Et puis il annonce des choses très précises et chiffrées
12:07 en matière d'augmentation des salaires des jeunes enseignants
12:10 qui vont regarder ça avec beaucoup d'intérêt,
12:13 à la fois pour les débutants et pour ceux qui sont dans la première décennie
12:16 d'exercice de leur métier d'enseignant.
12:19 Au total, si j'étais un afro-prof à l'ancienne,
12:23 je noterais ainsi l'élève Atal pour sa première remise de copie,
12:27 très survain, assez bien, des qualités, mais peut faire encore mieux.
12:32 D'accord. Il passe dans la classe supérieure ou pas ?
12:35 En tout cas, il passe avant.
12:37 On verra s'il reste.
12:38 C'est intéressant. Alors, est-ce que vous voulez, les Arizot,
12:41 commenter le style Atal versus Papendiaï ou le contenu ?
12:47 C'est-à-dire que dans tout ce que vous nous décrivez,
12:49 on n'apprend pas grand-chose à travers cette interview de Gabriel Atal.
12:52 Non, mais de ce qu'il dit dans l'interview à Medilib,
12:55 on n'apprend pas grand-chose sur les programmes
12:57 et sur l'éducation stricto sensu.
12:59 Ça, c'est peut-être étonnant, alors qu'il y a beaucoup de choses
13:02 qui devaient être annoncées pour les sixièmes,
13:04 pour le dédoublement des classes, le renforcement scolaire.
13:08 Sauf à imaginer qu'il ait pensé et pondu un programme
13:14 pour l'école en quelques jours.
13:16 C'était peut-être un peu prématuré pour lui de s'aventurer
13:19 sur le terrain des programmes.
13:21 En revanche, là où je pense que c'est assez malin,
13:23 et même si je ne peux pas présager qu'il va s'inscrire absolument
13:27 dans une démarche inverse de celle de son prédécesseur,
13:32 ce qui est vrai, c'est que sur la question notamment des abaya,
13:35 je pense que ce qui est dit, pour le coup,
13:38 va rassurer un certain nombre de personnes.
13:40 Quand Papendiaï se contentait de déléguer au directeur
13:45 le soin d'apprécier si ces tenues étaient des tenues islamiques
13:49 ou utilisées dans le cadre de fêtes religieuses,
13:53 là, Gabriel Attal tranche...
13:55 - Il est vite à exclure les jeunes filles.
13:57 - Oui, il tranche, c'est beaucoup plus net,
13:59 avec le risque que notait Philippe Guybert,
14:02 que les tribunaux, bientôt, soient saisis.
14:04 Et on connaît ultimement comment le Conseil d'État,
14:07 notamment sur ces questions-là, a plutôt tendance
14:09 à aller dans le sens des frères musulmans.
14:13 - Nathan, qu'est-ce qui vous frappe dans ce style
14:16 qu'il essaie d'imprimer et à quoi voulez-vous réagir ce soir ?
14:20 - Il y a beaucoup de choses. Dans le style, d'abord,
14:22 c'est vrai que manifestement, Gabriel Attal a une forme
14:24 de volontarisme par rapport à l'école.
14:26 Il estime que son ministère est important.
14:28 Il a un certain nombre de projets, il y en a avec lesquels
14:30 je suis absolument d'accord. Vous avez parlé notamment
14:32 de l'inversion du paradigme sur le harcèlement,
14:35 de dire qu'on va exclure les harceleurs,
14:37 et ça, ça me semble très important.
14:38 Il y a d'autres choses sur lesquelles il fait le bon diagnostic.
14:40 Moi, c'est la question de l'uniforme qui me frappe un peu
14:44 parce que vous disiez très justement que Papendiaïe,
14:47 son erreur en quelque sorte, c'était qu'il avait dit
14:50 que sur la baïa, il déléguait au directeur d'école
14:53 le fait de choisir ce qu'il fallait faire
14:56 par rapport à cette question-là.
14:57 Là, Gabriel Attal semble suggérer qu'il va faire l'inverse,
15:00 c'est-à-dire qu'il va déléguer au directeur d'école
15:02 le fait d'avoir un bouleversement sociétal absolu,
15:05 qui est de savoir si à l'école, oui ou non,
15:07 il faut mettre un uniforme.
15:08 C'est deux visions de la société totalement opposées.
15:11 Alors moi, sur cette question, la remarque que j'aurais,
15:13 je ne sais pas si c'est vraiment lié à la baïa,
15:15 le fait qu'il y a une revendication comme ça
15:17 importante dans la société française
15:19 de vouloir un retour de l'uniforme à l'école.
15:21 Mais si c'est lié à la baïa,
15:22 ça me semble complètement contradictoire.
15:24 Parce qu'on ne peut pas d'un côté dire que la baïa,
15:28 en plus, comme vous l'avez dit sur la baïa,
15:30 c'est beaucoup plus complexe que ça,
15:31 mais dire que certains religieux veulent une forme
15:34 d'homogénéisation du vêtement
15:36 et dire que l'école va faire la même chose.
15:38 L'école républicaine, c'est précisément un lieu
15:40 d'émancipation, d'individuation de l'enfant
15:42 et c'est un lieu d'instruction,
15:43 ce n'est pas un lieu de discipline familiale.
15:45 Il y a un peu d'incohérence, finalement,
15:47 dans ce qu'il dit, Gabriel Attal. Régis ?
15:49 Je crois que ce sont des premiers propos,
15:51 donc il ne faut pas non plus aller, à mon avis,
15:54 je pense qu'il va bosser, en effet, tout l'été,
15:56 mais il avait besoin de marquer une rupture
15:58 assez rapidement et assez nettement.
16:00 Il a prononcé, évidemment, le mot de laïcité,
16:02 ce qui est très important,
16:03 parce qu'on était quand même dans une suspicion
16:05 de wokisme avec Papendiaï.
16:08 Là, on revient à des principes
16:10 qui prennent la baïa comme exemple.
16:11 Je pense que ça va dans ce sens.
16:13 Après, il va falloir, pour reprendre
16:15 des vieilles expressions, savoir s'il saura
16:17 dégraisser le mammouth, comme on disait.
16:20 Et là, il y a encore beaucoup à faire.
16:22 Vous avez évoqué, justement,
16:23 le dédoublement des classes.
16:24 Il y a quand même un gros, gros chantier
16:26 d'éducation nationale sur lequel la plupart
16:28 des ministres, en général, se heurtent.
16:30 On va voir si Gabriel Attal, lui,
16:32 sera capable, à la rentrée, d'avoir
16:34 un programme de réforme de fonds.
16:36 Mais en effet, il faudra peut-être
16:37 un peu plus de temps pour se pencher
16:38 sur les programmes, après on peut en parler.
16:40 Mais vraiment rapidement, sinon Raphaël
16:41 sera amputé.
16:42 Il y a un autre point à dire, par rapport
16:43 à la réflexion natale sur l'uniforme.
16:44 Il faut bien prendre la mesure de l'offensive
16:47 de groupuscules islamistes et de leur portée
16:49 dans les écoles.
16:50 Et quand ça ne sera plus la baïa,
16:51 quand on aura trouvé une solution,
16:52 si on en trouve une pour la baïa,
16:54 ça sera pour d'autres vêtements.
16:57 Et la blouse a le mérite de résoudre le problème.
16:59 Elle existait jusque dans les années 70.
17:01 Merci Philippe.
17:02 On passe vite à votre chronique.
17:04 Vous êtes penché, Raphaël, sur les bouquinistes
17:08 qui devront sans doute déménager
17:11 en vue des JO de Paris.
17:12 Pas seulement pour la cérémonie d'ouverture,
17:14 mais carrément pour la durée.
17:17 Oui, c'est ce que nous apprenions hier.
17:19 La mairie de Paris propose aux bouquinistes
17:22 de les délocaliser pendant les JO
17:25 pour des questions de visibilité et de sécurité.
17:28 Il faut croire, et c'est peut-être
17:29 l'une des leçons du Covid,
17:32 que ce genre de commerce ne fait pas partie
17:34 des biens essentiels.
17:35 Depuis, on l'a vu, il y a une véritable émotion
17:38 chez les bouquinistes, bien sûr,
17:40 mais aussi chez les Parisiens,
17:41 et même, j'irais plus largement,
17:43 chez tous ceux qui ont appris à apprécier
17:45 ces boutiques sur les quais de Paris.
17:49 Les bouquinistes, finalement, c'est vraiment Paris.
17:52 C'est une image de Paris.
17:53 C'est comme la tour Eiffel, c'est comme Montmartre,
17:54 c'est comme Notre-Dame, dans une certaine mesure.
17:57 C'est le Paris des peintres et des écrivains.
17:59 Combien d'entre eux ont évoqué justement
18:02 ces bouquinistes ?
18:04 Les bouquinistes, ça représente 240 personnes
18:06 qui, sur une promenade de 3 à 4 kilomètres,
18:09 sur les quais de Seine, vendent des livres
18:12 pour l'essentiel des livres d'occasion.
18:14 Ils ont été établis, il faut le noter,
18:16 ça fait 450 ans qu'ils sont établis
18:18 à cet endroit-là.
18:20 Ils ont été plusieurs fois menacés,
18:22 notamment, il faut rappeler l'épisode
18:25 du baron Haussmann qui a voulu les chasser
18:27 parce qu'il trouvait que c'était mal aménagé
18:29 et que ça nuisait à sa vision d'ordre
18:32 qu'il voulait pour Paris.
18:34 Ils ont toujours fait preuve de résistance.
18:36 Récemment, il faut encore dire,
18:38 ils ont été fragilisés, c'est un métier
18:40 qui est difficile. Ils ont encaissé
18:42 la crise des gilets jaunes, ils ont encore
18:44 encaissé la crise du Covid.
18:47 Est-ce que les JO, et c'est la grande question,
18:49 est-ce que les JO auront raison d'eux ?
18:51 Moi, ce qui m'inquiète, c'est qu'on voit
18:53 à quel point la mairie de Paris, notamment,
18:55 leur met la pression, quasiment dans un chantage,
18:57 leur disant que vous quittez ces lieux
19:00 pendant quelques semaines et en échange,
19:03 on appuiera votre dossier pour rentrer
19:07 au patrimoine mondial de l'INISCO.
19:09 C'est l'une de leurs revendications
19:11 pour essayer de préserver leur beau métier.
19:13 Alors, la principale raison invoquée,
19:16 on l'aura compris, c'est la sécurité.
19:18 Du moins, c'est l'argument avancé
19:20 par la mairie de Paris qui a même anticipé
19:23 la décision que pourrait prendre
19:25 la préfecture de Paris.
19:26 Oui, c'est exactement ça.
19:28 De la même manière que l'on demande
19:30 aux bouquinistes de quitter leur emplacement,
19:32 l'État organise, pour ces mêmes raisons
19:35 de sécurité et d'image aussi,
19:37 la grande répartition des clandestins.
19:39 Les JO doivent donner l'image de Paris
19:42 et de la France, une image la plus belle.
19:44 Les enjeux pour le gouvernement sont énormes.
19:47 D'où l'urgence de mieux répartir
19:49 les difficultés pour reprendre l'expression
19:51 chère à Emmanuel Macron.
19:53 D'après une circulaire ministérielle
19:55 diffusée au préfet au mois de mars
19:57 par le ministre de l'Intérieur
19:59 et celui du logement de l'époque,
20:01 les demandeurs d'asile sont incités
20:02 à partir en province grâce à un dispositif
20:04 leur garantissant un hébergement
20:06 et un meilleur accès aux droits.
20:08 L'objectif est d'éviter le retour à Paris
20:10 où nombre d'entre eux vivent dans la rue.
20:13 Tout le monde l'a compris,
20:14 si le gouvernement met tant d'énergie
20:15 à faire le ménage dans la capitale,
20:17 à répartir ces difficultés,
20:18 c'est qu'il n'y a pas jusqu'au chef de l'État
20:20 pour admettre que la moitié des faits
20:22 de délinquance viennent notamment
20:24 de ces étrangers, soit en situation irrégulière,
20:26 soit en attente de titre.
20:28 Alors certes, Emmanuel Macron se garde
20:30 d'établir un lien existentiel
20:32 pour reprendre ces mots
20:34 entre immigration et délinquance,
20:36 restent les chiffres et la place Beauvau,
20:38 notamment le ministre de l'Intérieur
20:40 et Gérald Darmanin,
20:42 eux sont rentrés dans le détail
20:44 de cette délinquance,
20:45 attestant que jusqu'à 48%
20:47 des faits délictuels dans la capitale
20:51 étaient le fait d'étrangers.
20:54 - Et on a eu une nouvelle illustration
20:56 de cette insécurité, pas plus tard qu'hier soir,
20:58 puisque une touriste mexicaine
21:00 a été violée par 5 hommes
21:02 aux abords de la Tour Eiffel,
21:03 toujours dans ce périmètre du Champ de Mars.
21:05 - Oui, c'est triste à dire,
21:06 mais cette agression est l'énième démonstration
21:08 de l'insécurité dans la capitale.
21:10 Et ce n'est pas la première,
21:11 juste un rappel rapide
21:13 des derniers faits concernant ce périmètre.
21:16 En avril, c'est une Allemande
21:17 qui avait été victime d'une agression
21:19 au pied de la Tour Eiffel.
21:20 En avril, c'est une touriste brésilienne
21:22 qui avait été violée toujours sur le même lieu
21:24 à croire que la Tour Eiffel,
21:26 le Trocadéro, le Champ de Mars
21:28 sont devenus une sorte de no-go-zone.
21:30 Alors les Parisiens,
21:31 et plus encore les Parisiennes le savent,
21:34 qui aujourd'hui évitent ces lieux,
21:37 et notamment la nuit,
21:39 parce que ce sont des coupes-gorges quasiment.
21:41 Alors ce qui m'a triste en la matière,
21:43 et c'est pour ça que j'en reviens au JO,
21:45 c'est qu'il a fallu probablement attendre
21:47 les Jeux Olympiques
21:48 et dans une moindre mesure
21:49 la Coupe du Monde de rugby
21:51 pour que ces endroits soient sécurisés.
21:54 Et ça je pense que pour les Français,
21:56 c'est assez insupportable.
21:58 Les Français, et d'ailleurs pas plus,
22:00 les Français et les touristes
22:02 ne devraient pas attendre
22:03 de circonstances exceptionnelles
22:05 pour que l'État,
22:06 et puis la mairie de Paris aussi,
22:08 se décident à intervenir.
22:09 Ils n'ont pas à attendre
22:10 la Coupe du Monde de rugby ou les JO.
22:12 Honnêtement, je pense que ça les rend dingues.
22:14 Ce qu'ils veulent, c'est des résultats tout de suite.
22:16 On parle de leur sécurité.
22:18 Encore une fois,
22:19 il ne sert à pas grand-chose
22:21 de vouloir répartir les clandestins
22:23 qui arrivent dans la cryptale
22:25 pour limiter les risques d'insécurité,
22:29 si par ailleurs on ne prend pas
22:31 des mesures plus concrètes
22:32 en matière d'immigration.
22:33 Moi, ce que je trouve,
22:34 ce que ça révèle tout ça,
22:36 c'est que l'action publique,
22:37 telle qu'elle se conçoit aujourd'hui,
22:39 elle se réduit finalement aux grands événements.
22:42 C'est la prime finalement
22:43 à une sorte de politique de l'éphémère.
22:45 Et c'est la crainte finalement
22:46 d'une France potemkine,
22:48 belle aux yeux du monde,
22:50 et le lendemain,
22:51 tout s'arrête après les JO.
22:53 J'imagine, Nathan,
22:54 que vous avez réagi sur les bouquinistes.
22:56 Oui, je pense que c'est un combat
22:58 vraiment majeur.
22:59 On leur avait proposé,
23:00 la mairie de Paris,
23:01 leur avait proposé
23:02 de faire un village des bouquinistes
23:03 pendant les Jeux olympiques
23:04 vers Bastille.
23:05 Vous voyez le mépris.
23:06 Les bouquinistes,
23:07 ce n'est pas quelque chose,
23:08 vous l'avez très bien dit,
23:09 c'est l'âme de Paris.
23:10 Et quand on voit surtout
23:11 ce que les touristes achètent
23:13 comme souvenirs de Paris,
23:14 des casquettes débiles
23:15 avec écrit "I love Paris",
23:17 des sortes de baguettes,
23:18 des bérets,
23:19 comme si les gens
23:20 mettaient des bérets à Paris.
23:21 Les bouquinistes,
23:22 c'est les seuls magasins
23:23 touristiques que les touristes fréquentent
23:24 qui correspondent vraiment
23:25 à quelque chose
23:26 qui relève de notre culture
23:28 et de la culture parisienne
23:29 en particulier.
23:30 Donc se dire que pendant
23:31 les JO,
23:32 alors tout ce qui va être
23:33 les t-shirts "I love Paris"
23:34 et toutes sortes d'idioties
23:35 de cette nature,
23:36 ça va se vendre à gogo
23:37 et que par contre
23:38 les bouquinistes ne seront pas
23:39 sur la scène,
23:40 c'est absolument insupportable.
23:41 Allez, on va s'interrompre
23:42 sur cette pensée
23:43 et on reviendra après la pause
23:44 pour parler du Niger
23:45 avec ce coup d'État
23:46 qui embarrasse la France.
23:47 C'est ce que nous dira
23:48 Régis Le Saumier.
23:49 A tout de suite.
23:50 De retour avec vous
23:55 dans "Face à l'info"
23:56 version été.
23:57 Régis Le Saumier est là.
23:58 Régis Le Saumier,
23:59 il a beaucoup travaillé ce soir.
24:00 Il nous a pondu
24:01 de belles chroniques.
24:02 - Je crois que j'ai pu
24:03 refaire les deux.
24:04 - Et notamment sur une région
24:05 que vous connaissez
24:06 très très bien,
24:07 le Sahel.
24:08 Vous y avez passé
24:09 de multiples séjours
24:10 professionnels.
24:11 On va parler du Niger
24:12 avec ce coup d'État
24:13 qui embarrasse la France.
24:14 C'est le coup d'État
24:15 ces dernières 48 heures
24:16 qui semblent s'installer
24:17 et qui embarrasse la France.
24:18 Dites-nous pourquoi.
24:19 - Alors oui, en effet,
24:20 mercredi soir,
24:21 des militaires poutchistes
24:22 au Niger ont annoncé
24:23 à la télévision nationale
24:24 avoir renversé
24:25 le président démocratiquement élu
24:26 qui s'appelle
24:27 Mohamed Bazoum
24:28 qui était au pouvoir
24:29 pour le rappeler
24:30 depuis 2021.
24:31 Alors avant de rédiger
24:32 cette chronique,
24:33 je me suis interrogé
24:34 sur la notion
24:35 de coup d'État.
24:36 J'ai fait quelques petites recherches.
24:37 Vous savez combien
24:38 il y a eu de coups d'État
24:39 en Afrique depuis 2011 ?
24:40 - Je ne sais pas.
24:41 - Je ne sais pas.
24:42 Il y a eu combien de coups d'État
24:43 en Afrique depuis 1950 ?
24:44 - Depuis 1950 ?
24:45 150 ? 200 ?
24:46 - 220.
24:47 - Ah !
24:48 - Et combien ont réussi ?
24:49 Parce que tous les coups d'État
24:50 ne réussissent pas.
24:51 À peu près la moitié.
24:52 Donc celui-là,
24:53 visiblement,
24:54 semble que vont vouloir
24:55 aller au bout.
24:56 C'est un coup d'État
24:57 qui a fait suite.
24:58 Alors le colonel poutchiste
24:59 qu'on a vu hier,
25:00 le colonel-major
25:01 Amadou Admarane Tchiani
25:02 qui était entouré
25:03 de 9 militaires en uniforme
25:04 et il a pris la parole
25:05 pour décréter
25:06 ce coup d'État
25:07 en Afrique.
25:08 Alors,
25:09 il y a eu combien
25:10 de militaires en uniforme ?
25:11 Et il a pris la parole
25:12 pour décréter justement
25:13 la destitution du président.
25:15 Il a ajouté,
25:16 cela fait suite
25:17 à la dégradation continue
25:18 de la situation sécuritaire.
25:19 Donc ça,
25:20 on le savait,
25:21 dans la zone.
25:22 Mais aussi,
25:23 la mauvaise gouvernance
25:24 économique et sociale.
25:25 Et en fait,
25:26 quand on gratte
25:27 un petit peu le dessous,
25:28 le début du problème,
25:29 parce que c'est
25:30 la garde nationale
25:31 qui retient encore actuellement
25:32 Mohamed Bazoum,
25:33 c'est un problème
25:34 d'inégalité salariale
25:35 entre la garde et l'armée.
25:36 La garde estimant
25:37 que c'est un problème
25:38 de la sécurité.
25:39 La garde estimant
25:40 être moins bien payée.
25:41 Cela rappellerait presque
25:42 Prigojine demandant
25:43 au ministre
25:44 de la Défense russe
25:45 qu'on paye ses mercenaires
25:46 et faisant une mutinerie
25:47 pour cela.
25:48 Comme quoi,
25:49 je dirais,
25:50 il faut se méfier
25:51 des militaires mal payés
25:52 de nos jours.
25:53 Donc,
25:54 il a tenu également
25:55 immédiatement à rassurer
25:56 la communauté nationale
25:57 et internationale
25:58 par rapport au respect
25:59 de l'intégrité physique,
26:00 morale,
26:01 des autorités déchues.
26:02 Cela veut dire
26:03 que le président
26:04 sera bien traité,
26:05 d'après ce qu'il dit,
26:06 conformément au principe
26:07 de la garde.
26:08 Conformément
26:09 au principe des droits humains.
26:10 Bon, reste à voir.
26:11 Alors,
26:12 maintenant,
26:13 on peut s'interroger
26:14 sur ce sort
26:15 du président élu.
26:16 Oui,
26:17 que va-t-il lui arriver ?
26:18 C'est une tentative
26:19 de coup d'État
26:20 pour l'instant.
26:21 Oui, tentative de coup d'État
26:22 mais qui a quand même
26:23 l'armée
26:24 à adhérer
26:25 au programme des poutchistes.
26:26 Et en général,
26:27 en Afrique,
26:28 quand l'armée adhère,
26:29 cela veut dire
26:30 qu'on est près
26:31 de la porte de sortie.
26:32 Alors,
26:33 il est toujours retenu
26:34 par cette garde présidentielle
26:35 dans sa résidence
26:36 selon le quai d'Orsay
26:37 il se porte bien.
26:38 Alors,
26:39 la communauté internationale
26:40 s'inquiète.
26:41 L'ONU a condamné,
26:42 réaffirmé son soutien
26:43 à Basoum.
26:44 La Maison-Blanche
26:45 a demandé
26:46 qu'il soit libéré
26:47 et même conditionné
26:48 la poursuite
26:49 du versement important
26:50 d'ailleurs de l'aide américaine
26:51 au Niger
26:52 au maintien de la démocratie.
26:53 La France aussi
26:54 a condamné
26:55 toute prise de pouvoir
26:56 par la force
26:57 et elle a affirmé
26:58 aujourd'hui
26:59 ne pas reconnaître
27:00 les nouvelles autorités.
27:01 Mais disons-le carrément,
27:02 ce coup d'État
27:03 ne nous arrange pas
27:04 mais alors
27:05 pas du tout.
27:06 Mais alors pourquoi ?
27:07 Eh bien d'abord
27:08 parce que
27:09 à l'issue de deux putschs
27:10 dans deux pays voisins
27:11 le Mali,
27:12 le Burkina Faso,
27:13 l'armée française
27:14 a déjà dû se replier
27:15 sur Niamey
27:16 où se trouvent actuellement
27:17 1500 de nos soldats
27:18 sur une base aérienne
27:19 près de l'aéroport
27:20 qui même
27:21 si le commandement
27:22 des opérations au Sahel
27:23 se trouve à N'Djamena
27:24 au Tchad
27:25 représente l'essentiel
27:26 de nos activités
27:27 dans la région
27:28 et en particulier
27:29 celle de contre-terrorisme
27:30 dans la zone
27:31 la fameuse zone
27:32 des trois frontières
27:33 où on se bat
27:34 contre les djihadistes
27:35 depuis des années.
27:36 Et si on se remémore
27:37 ce qui s'est passé au Mali
27:38 en 2020
27:39 avec le coup d'État
27:40 qui était parti
27:41 d'un camp militaire
27:42 camp militaire de Kati
27:43 la France a progressivement
27:44 reculé jusqu'à
27:45 démanteler toutes ces bases
27:46 dans le pays
27:47 Kidal,
27:48 Tessalit,
27:49 Tombouctou,
27:50 Gossy,
27:51 Ménaka
27:52 pour finir de partir
27:53 de Gao
27:54 en août 2022.
27:55 Le même phénomène
27:56 s'est produit
27:57 au Burkina Faso
27:58 même si nous n'étions pas présents
27:59 autant qu'au Mali
28:00 on l'était surtout
28:01 par le biais de formateurs
28:02 de l'armée burkinabé.
28:03 Et donc
28:04 vous avez fait un retour
28:05 d'expérience
28:06 sur ce à quoi
28:07 ça ressemblait avant.
28:08 Alors oui
28:09 en fait moi
28:10 ce qui m'a toujours étonné
28:11 et là je suis désolé
28:12 de voir ce qui est
28:13 en train de se passer
28:14 parce que j'ai l'impression
28:15 que le scénario
28:16 est en train d'évoluer
28:17 pourrait évoluer
28:18 dans le sens
28:19 du scénario malien.
28:20 Le scénario malien
28:21 qu'est-ce qui se passait ?
28:22 Moi je prends l'exemple
28:23 de la base de Ménaka
28:24 que j'ai évoqué.
28:25 Cette base
28:26 j'y suis allé trois fois
28:27 en trois années d'affilée.
28:28 A chaque fois
28:29 je ne reconnais pas
28:30 ce qu'il y avait
28:31 dans le scénario malien.
28:33 A chaque fois
28:34 je ne reconnaissais pas
28:35 la base tant elle avait grandi.
28:36 C'est-à-dire qu'on avait investi.
28:37 La dernière fois
28:38 que j'y suis allé
28:39 c'était en mai 2021
28:40 avec la task force Tacuba
28:43 donc les forces spéciales françaises.
28:45 On avait construit
28:46 des pistes d'hélicoptères.
28:47 On avait fait des hôpitaux.
28:50 Il y avait les forces spéciales suédoises
28:52 les forces spéciales tchèques
28:53 les forces spéciales estoniennes
28:55 qui nous accompagnaient
28:56 dans cet effort.
28:57 C'était d'ailleurs très étonnant
28:58 vous aviez l'impression
28:59 les forces spéciales
29:00 elles ont toujours
29:01 des uniformes
29:02 un petit peu particuliers
29:04 une pigmentation particulière.
29:06 Je me suis retrouvé
29:07 à un moment à déjeuner
29:08 avec les forces spéciales suédoises.
29:10 J'avais l'impression
29:11 d'être dans la série Vikings.
29:12 Et si vous voulez
29:13 c'était étonnant
29:14 que la France ait réussi
29:15 justement dans son effort
29:17 contre le terrorisme
29:18 à faire tout ça.
29:19 Seulement le problème
29:20 c'est qu'un mois
29:21 deux mois après
29:22 Emmanuel Macron annonçait
29:24 qu'on allait
29:25 progressivement retirer
29:26 nos emprises.
29:27 Et voilà
29:28 on avait quadrillé
29:30 cette BSS
29:32 cette bande subsahélienne
29:34 et la zone des trois frontières.
29:36 Bref tout ça a coûté un fric fou.
29:38 Et nous l'avons laissé sur place
29:40 les militaires maliens
29:41 des Fama l'occupent.
29:44 Et aux dernières nouvelles
29:45 ces militaires sont régulièrement
29:46 harcelés par les forces djihadistes
29:48 et pour la zone de Ménaka
29:50 ceux-ci entourent
29:51 même encerclent la base.
29:53 Donc tout indique que
29:55 malgré les appels au calme
29:56 et le respect des règles
29:57 le scénario risque de se reproduire
29:58 au Niger.
29:59 Ça mettrait donc en péril
30:01 la présence même de la France au Sahel
30:03 son action contre les djihadistes.
30:05 En effet c'est depuis la base de Niamey
30:07 il faut bien se rendre compte
30:09 que décollent les Mirage 2000
30:11 qui vont traiter la menace djihadiste.
30:13 C'est de là aussi que décollent
30:15 nos drones qui détectent cette menace.
30:17 Là encore que décollent
30:19 les drones des Américains
30:21 qui disposent d'une petite base
30:23 au sein de la nôtre
30:24 avec quelques forces spéciales
30:25 et du renseignement.
30:26 Bref tout l'édifice occidental
30:28 de lutte contre le djihadisme se trouve là.
30:30 Et c'est en se concentrant
30:32 sur le Tchad
30:33 qu'il nous resterait
30:34 que nous pourrions mener cette mission.
30:36 Et comme à chaque fois
30:37 et comme au Mali surtout
30:38 Wagner est bien là en embuscade.
30:40 Oui alors chacun de nos déboires
30:42 il ne faut jamais inverser
30:44 je dirais Wagner c'est toujours
30:46 la conséquence, la cause.
30:47 Ce sont nos déboires principaux.
30:49 Évidemment la SMP Wagner
30:51 et la Russie capitalisent.
30:52 Ça avait commencé en 2021
30:54 en Centrafrique.
30:56 C'est un anonyme à l'époque
30:57 du président Ouadaira
30:58 devait faire face
30:59 à une tentative de coup d'État.
31:01 Et là Wagner intervient à sa façon
31:03 violente, sans état d'âme
31:04 laissant son rôle géopolitique
31:05 apparaître au grand jour.
31:06 Depuis Wagner est présent
31:08 au Soudan, en RCA, en Libye
31:10 du côté du colonel Haftar,
31:12 au Mali, au Burkina.
31:13 Il travaille également
31:14 le Sénégal et le Mozambique.
31:16 Ce n'est pas un hasard
31:17 si Yevgeny Prigojine
31:19 s'est pris en photo hier
31:21 au sommet Russie-Afrique
31:22 de Saint-Pétersbourg
31:23 en compagnie du chef du protocole
31:25 de la présidence centrafricaine
31:28 Faustin-Archange Touadéra.
31:31 Au passage, c'est la première fois
31:33 qu'on le revoit depuis
31:34 la mutinerie de Wagner en juin.
31:36 Il apparaît en chemisette,
31:37 très décontracté.
31:38 Preuve, s'il en fallait une,
31:39 que ses relations avec Poutine
31:41 sont au beau fixe.
31:42 On peut même oser se demander
31:43 si la sédition de Wagner
31:44 n'était pas une immense mascarade
31:46 en fin de compte.
31:47 Sur le Niger,
31:48 Prigojine n'y est pas allée
31:49 par quatre chemins.
31:50 Immédiatement communiqué,
31:51 saluant ce qui se passe
31:53 comme une avancée majeure
31:54 vers l'indépendance de la nation,
31:56 califant Mohamed Bazoum
31:58 de président pro-français.
31:59 Vladimir Poutine, lui,
32:00 a été plus discret
32:01 en voyant un message
32:02 à toutes les nations africaines
32:03 qui souhaitent un soutien
32:04 de la Russie
32:05 dans le cadre de la lutte
32:06 contre le terrorisme.
32:07 Alors la France qui est donc
32:08 dans une situation délicate,
32:09 on l'a compris.
32:10 Et pendant ce temps,
32:11 Vladimir Poutine, lui,
32:12 fait les yeux doux à l'Afrique.
32:13 Oui, alors en revanche,
32:14 c'est une concordance
32:15 d'événements quand même
32:16 assez étonnant
32:17 parce que en même temps
32:19 se déroule ce sommet
32:20 de Saint-Pétersbourg,
32:21 sommet Russie-Afrique
32:23 où le président russe
32:25 a reçu en grande pompe
32:26 les poutchistes maliens
32:28 et burkinabés
32:29 en grande tenue
32:30 dans leurs voitures
32:31 défilant dans la ville des Tsars,
32:33 signé avec ça.
32:35 Mais ça irait,
32:36 mais ce sommet
32:37 a vu converger
32:38 vers Saint-Pétersbourg
32:39 49 des 52 pays africains.
32:41 C'est pas rien.
32:42 On a même vu
32:43 le président du Cameroun
32:44 qui n'était pas allé
32:45 hors de son pays
32:46 depuis 15 ans.
32:47 Il y a même un ministre marocain
32:48 qui est pourtant allié
32:49 des Américains
32:50 qui s'est rendu
32:51 à Saint-Pétersbourg.
32:52 On sait que la Russie
32:53 a mis un terme
32:54 il y a deux semaines
32:55 à l'accord avec l'Ukraine
32:56 qui permettait d'écouler
32:57 le blé via la mer Noire.
32:59 Ça avait provoqué
33:00 des inquiétudes
33:01 quant à une éventuelle
33:02 pénurie mondiale,
33:03 en particulier
33:04 chez les pays africains.
33:05 Et bien Poutine
33:06 annonce à tout le monde
33:07 que le blé produit
33:08 par la Russie
33:09 sera envoyé en Afrique
33:10 et il a même annulé
33:11 la dette de 600 milliards
33:13 de dollars de la Somalie.
33:15 Donc la Russie
33:16 est pleine d'attention
33:17 envers l'Afrique
33:18 au moment où la France
33:19 voit son ancien précaré
33:20 disparaître.
33:21 Alors hasard ou coïncidence,
33:23 le coup d'État au Niger
33:24 ne pouvait pas mieux tomber
33:25 pour Poutine.
33:26 À l'époque soviétique,
33:27 dans les années 60,
33:28 on connaissait
33:29 Brejnev l'Africain
33:30 qui profitait
33:31 de la décolonisation
33:32 pour faire tomber
33:33 toutes nos anciennes colonies
33:34 dans l'escarcelle
33:35 de l'URSS.
33:36 Il y a désormais
33:37 Poutine l'Africain
33:38 qui poursuit
33:39 exactement la même ambition.
33:41 Merci beaucoup Régis,
33:42 c'est passionnant.
33:43 Je n'ai pas le temps
33:44 de vous faire réagir
33:45 parce que sinon
33:46 votre Waterloo
33:47 va encore dormir
33:48 pendant quelques temps
33:49 dans cette plaine.
33:50 On va beaucoup parler
33:51 d'actu international
33:52 de ce soir
33:53 parce que c'était aussi
33:54 votre choix Nathan.
33:55 Vous voulez nous parler
33:56 de la situation aux Etats-Unis
33:57 avec la course pour 2024
33:58 qui est bel et bien lancée.
34:00 Chacun fourbi ses armes.
34:01 Oui exactement.
34:02 Alors là on passe
34:03 d'un pôle à l'autre
34:04 de Moscou à Washington
34:06 ou plutôt à Palm Beach.
34:08 Mais oui en effet
34:09 aux Etats-Unis,
34:10 alors là la situation est telle
34:12 que tout le monde
34:13 commence déjà
34:14 à se préparer activement
34:15 à l'élection présidentielle.
34:17 Et là, aujourd'hui et hier,
34:19 du côté de Donald Trump,
34:21 il y a eu une secousse
34:22 disons forte dans sa campagne.
34:24 C'est que premièrement,
34:25 il a été inculpé dans une affaire
34:28 et il va sans doute l'être
34:29 dans une deuxième.
34:30 Alors première affaire,
34:31 c'était vous savez
34:32 cette question des documents archivés.
34:33 Donc quand un président américain
34:35 quitte la Maison-Blanche,
34:36 il doit remettre
34:37 tous les documents
34:38 et surtout en fait
34:39 les documents classifiés
34:40 aux archives nationales
34:41 sachant en plus
34:42 que les anciens présidents américains
34:44 ce n'est pas comme en France.
34:45 C'est qu'après
34:46 il y a une bibliothèque
34:47 et un musée
34:48 pour se souvenir
34:50 de tout ce qui a été fait
34:52 pendant tel ou tel mandat
34:53 et archiver tous les documents
34:54 en question.
34:55 Donald Trump les a ramenés
34:56 chez lui dans son club
34:58 de Mar-a-Lago
34:59 et en effet dans sa salle de bain.
35:00 On a vu les images.
35:02 Et il avait déjà été inculpé
35:03 de 37 chefs d'accusation pour ça.
35:05 Mais là, il y en a un nouveau
35:06 qui s'est ajouté
35:07 parce qu'après avoir été inculpé,
35:08 il avait dit que tout ça
35:09 était faux
35:10 et que de manière,
35:11 il n'avait absolument pas
35:12 participé activement à cela
35:13 et que c'était un peu
35:14 de la négligence.
35:15 Et donc là, il y a un nouveau
35:16 chef d'accusation
35:17 qui a été fait par la justice
35:18 qui était de reprocher
35:19 à Donald Trump
35:20 d'avoir apparemment ordonné
35:21 d'effacer les vidéosurveillances
35:22 de Mar-a-Lago
35:23 à ses employés.
35:24 Donc ce qui savait,
35:25 ce qui signifie
35:26 qu'il a joué un rôle
35:27 vraiment actif là-dedans.
35:28 Deuxièmement,
35:29 les avocats de Trump
35:30 ont été contactés
35:31 par le procureur Jack Smith
35:33 au sujet d'une autre affaire,
35:35 sans doute beaucoup
35:36 plus importante,
35:37 qui est la question
35:38 de la prise du Capitole
35:39 cette fameuse journée
35:40 du 6 janvier.
35:42 Et possiblement,
35:45 il devrait apprendre
35:47 dans les jours à venir,
35:48 peut-être demain ou après-demain,
35:49 qu'il va être inculpé
35:50 et très probablement
35:51 pour complot contre l'État.
35:53 Donc là, si vous voulez,
35:54 c'est quelque chose
35:55 d'extraordinairement grave.
35:57 Alors, qu'en est-il
35:58 de ces deux inculpations ?
35:59 D'un point de vue purement,
36:00 je dirais,
36:01 d'effet politique.
36:02 En dehors de toute
36:03 appréciation idéologique,
36:04 il n'est pas sûr
36:05 que ça affaiblisse Donald Trump.
36:06 Alors oui, évidemment,
36:07 ça l'affaiblit,
36:08 comme en France,
36:09 un homme politique,
36:10 un candidat qui a des affaires
36:11 et qui est inculpé,
36:12 évidemment, ça l'affaiblit.
36:13 Mais là où ça ne l'affaiblit pas,
36:14 j'y reviendrai tout à l'heure,
36:15 c'est que ça contribue
36:16 à radicaliser son discours
36:18 et que, paradoxalement,
36:19 la radicalisation de son discours
36:21 ne le fait pas descendre
36:22 dans les sondages,
36:23 bien au contraire.
36:24 Et deuxièmement,
36:25 ce qui est intéressant,
36:26 c'est que dans ce débat
36:27 aux États-Unis
36:28 autour de cette inculpation,
36:29 en fait, ce qui est
36:30 le véritable sujet d'affrontement,
36:31 par-delà la question de Donald Trump
36:32 et de son éventuelle culpabilité,
36:33 le vrai sujet d'affrontement,
36:34 c'est deux conceptions
36:35 totalement opposées
36:36 de la démocratie.
36:37 Une première conception
36:38 qui nous dit que la démocratie,
36:39 c'est l'État de droit
36:40 et que donc, à ce titre,
36:41 c'est la séparation des pouvoirs
36:42 et que donc, à ce titre,
36:43 un individu,
36:44 quand bien même aurait-il été
36:45 président des États-Unis,
36:47 eh bien, à partir du moment
36:48 où il a commis un délit,
36:49 il doit être puni
36:50 comme n'importe quel justiciable,
36:51 voire peut-être avec encore plus
36:52 de sévérité
36:53 parce qu'il représente l'État.
36:54 Et en face,
36:55 vous avez une autre conception
36:56 de la démocratie,
36:57 radicalement opposée,
36:58 consistant à nous dire
36:59 que ce qui prime
37:00 dans la démocratie,
37:01 c'est la volonté générale
37:02 avant l'État de droit
37:03 et que donc,
37:04 quand vous avez une élection
37:05 avec un candidat
37:06 qui est donné
37:07 avec des scores importants
37:08 dans les sondages,
37:09 lui donner des inculpations
37:10 à ce moment-là,
37:11 ça oriente l'élection.
37:12 Alors, à quoi ressemble
37:13 le discours politique
37:14 de Donald Trump
37:15 ces dernières semaines ?
37:16 Alors, ces dernières semaines
37:17 et puis même plus largement
37:18 ces derniers mois,
37:19 il faut d'abord dire
37:20 que depuis que Donald Trump
37:21 a quitté la Maison-Blanche,
37:22 il y a une question
37:23 sur laquelle, en fait,
37:24 il n'est jamais vraiment revenu,
37:25 c'est la question
37:26 de son rapport à la vérité.
37:27 C'est-à-dire qu'on se souvient
37:28 que quand il y a eu l'élection
37:29 de Joe Biden,
37:30 Donald Trump a nié
37:31 la légitimité de cette élection
37:32 et depuis, il n'a pas, quasiment pas,
37:34 bougé de cette ligne.
37:35 Alors, parfois,
37:36 il a pu, dans une interview,
37:37 avoir une formule un peu ambigüe
37:38 donnant l'impression
37:39 qu'il faisait une autocritique
37:40 et puis etc.,
37:41 mais quand même, fondamentalement,
37:42 il reste dans cette logique
37:43 d'élection volée,
37:44 premièrement.
37:45 Deuxièmement,
37:46 il y a une radicalisation
37:47 constante de son discours,
37:48 consistante à dire,
37:49 qu'on observait déjà
37:50 depuis le début,
37:51 que le marais washingtonien,
37:52 que les élites, etc.,
37:53 et que les élites médiatiques
37:54 sont massivement
37:55 et viscéralement contre lui,
37:56 et que les médias
37:57 sont massivement
37:58 et viscéralement contre lui,
37:59 et en tout cas,
38:00 c'est comme ça
38:01 qu'il interpelle,
38:02 qu'il instrumentalise,
38:03 en quelque sorte,
38:04 ses inculpations
38:05 en disant,
38:06 vous voyez,
38:07 je vous l'avais bien dit.
38:08 Et c'est pour cela,
38:09 d'ailleurs,
38:10 que, paradoxalement,
38:11 ça contribue à fédérer,
38:12 en quelque sorte,
38:13 son électorat.
38:14 C'est parce que
38:15 toute l'intelligence stratégique
38:16 de Donald Trump,
38:17 quoi qu'on dise de lui,
38:18 c'est d'arriver à créer
38:19 sa temporalité politique
38:20 comme une série de télévision.
38:21 Et donc, il annonce
38:22 qu'il va être inculpé,
38:23 il dit que c'est très probable,
38:24 etc.
38:25 Et quand ça se produit,
38:26 ça a cet effet-là
38:27 et ça fait que deux électeurs sur trois
38:29 de Donald Trump
38:30 ne croient pas en la légitimité
38:32 de la victoire de Joe Biden.
38:33 Et si on va côté démocrate,
38:34 qu'en est-il de Joe Biden,
38:36 en ce moment ?
38:37 Alors, du côté de Joe Biden,
38:39 il faut d'abord dire deux choses.
38:40 Première analyse un peu à long terme,
38:42 c'est que quand il est arrivé au pouvoir,
38:43 la plupart des analystes
38:45 pensaient qu'il allait être
38:46 un président un peu inutile,
38:47 qu'il allait prendre...
38:49 Enfin, voilà,
38:50 qu'il n'allait pas prendre
38:51 des mesures ambitieuses
38:52 et puis, surtout,
38:53 qu'il n'allait pas régler
38:54 la grande question, en fait,
38:55 qui doit animer le Parti démocrate,
38:56 c'est la question du divorce
38:57 par rapport à un certain nombre
38:58 de classes populaires
38:59 qui avaient eu lieu
39:00 à la fin du mandat d'Obama
39:01 et qui avaient expliqué, en partie,
39:03 la victoire de Donald Trump.
39:04 Or, Joe Biden n'a pas été
39:06 le président consensuel
39:08 qu'on aurait pu croire qu'il serait,
39:09 notamment sur le plan économique.
39:10 Sur le plan économique,
39:11 il a surpris tout le monde
39:12 en écoutant quand même,
39:13 sur beaucoup d'aspects,
39:14 en donnant des points
39:16 à l'aile très à gauche
39:17 du Parti démocrate,
39:18 parce qu'il y a une aile très à gauche.
39:20 Bernie Sanders avait fait
39:21 des scores très importantes
39:22 aux primaires.
39:23 AOC commence à avoir
39:25 de plus en plus de poids politique
39:27 chez les démocrates.
39:28 Et Joe Biden a tenu
39:30 complètement compte
39:31 de cette conjoncture.
39:32 Deuxièmement, la guerre en Ukraine
39:35 l'a quand même repositionnée
39:37 sur le plan occidental,
39:39 notamment par rapport
39:40 à son rapport avec l'Europe.
39:41 Alors, il y a trois faiblesses
39:42 auxquelles il est confronté,
39:43 surtout deux faiblesses.
39:44 La première, c'est son âge,
39:45 naturellement, son état de santé,
39:46 inutile de faire un dessin.
39:47 Tout le monde a vu les images
39:48 où il était parfois dans un discours,
39:50 dans une cérémonie officielle,
39:51 où il était absent,
39:52 tenant des propos incohérents
39:53 et tout ça.
39:54 Deuxièmement, les affaires
39:55 concernant son fils Hunter Biden,
39:57 notamment pour fraude fiscale,
39:59 qui agite énormément l'Amérique.
40:01 Et puis, troisièmement,
40:02 alors ça, c'est pas une menace sérieuse,
40:04 mais en fait, c'est de ça, moi,
40:05 surtout, que je voulais parler,
40:06 parce que je trouve
40:07 que c'est extrêmement intéressant.
40:08 Donc Joe Biden, candidat naturel
40:09 pour les prochaines élections
40:10 du côté démocrate,
40:11 mais il y a quelqu'un
40:12 qui s'est présenté contre lui
40:13 aux élections démocrates,
40:14 et qui s'appelle
40:15 Robert Francis Kennedy Jr.,
40:17 petit neveu du président Kennedy,
40:20 et qui, en fait,
40:22 est un peu le seul
40:23 qui a été présenté contre lui,
40:25 et qui, pendant un certain moment,
40:27 a eu une pré-campagne
40:28 qui commençait à avoir
40:29 de plus en plus de sondages.
40:30 À un moment, il a été placé
40:31 à 20% dans les sondages.
40:32 Alors jusque-là, vous me direz
40:33 rien de bien méchant,
40:34 c'est juste un démocrate
40:35 qui se présente contre le président,
40:36 c'est déjà arrivé, voilà.
40:37 Non, parce que quand même,
40:38 Robert Francis Kennedy Jr.,
40:39 il a un parcours assez particulier.
40:41 Il a été avocat
40:42 en droit de l'environnement,
40:43 il a été très impliqué
40:44 sur la question
40:45 du réchauffement climatique,
40:46 sur la question des droits humains,
40:47 mais depuis quelques mois,
40:48 quelques années,
40:49 il a fait des déclarations
40:50 qui sont, si vous voulez,
40:51 complètement anti-sciences,
40:52 qui sont complètement à l'encontre
40:53 de tout ce que pensent
40:54 tous les démocrates
40:55 et de tout ce que pense
40:56 une très grande majorité,
40:57 enfin, c'est même pas tout ce que pense,
40:58 je vais vous lire des citations,
40:59 ça ira plus vite.
41:00 Il a dit, donc,
41:01 il s'est présenté en candidat
41:02 en Six Systèmes
41:03 et il a fait des déclarations,
41:04 je vous fais des citations,
41:05 c'est le plus simple.
41:06 Il a dit que la pollution chimique
41:07 des eaux rendait les enfants
41:08 transgenres,
41:09 il a dit que le VIH
41:10 ne causait pas le sida,
41:11 que les radiations de Wi-Fi
41:12 rentraient dans notre cerveau
41:13 en ouvrant la barrière hémato-encéphalique
41:14 et puis tout dernièrement,
41:15 il y a quelques jours,
41:16 il a dit que le coronavirus
41:17 tuait moins,
41:18 avait moins été létal
41:19 sur les Juifs
41:20 et sur les Chinois.
41:21 Donc, si vous voulez,
41:22 c'est des déclarations
41:23 qui sont homophobes,
41:24 qui sont transphobes,
41:25 qui sont antisémites
41:26 et surtout,
41:27 par ailleurs,
41:28 qui sont totalement,
41:29 viscéralement anti-sciences.
41:30 Alors, ce qui est paradoxal,
41:31 c'est que quand il s'est présenté,
41:32 enfin, quand il a annoncé
41:33 qu'il allait être candidat,
41:34 il a reçu un certain nombre
41:35 de soutiens
41:36 de beaucoup de Trumpers
41:37 qui ont été
41:38 en fait,
41:39 qui ont annoncé
41:40 qu'il allait être candidat.
41:41 Il a reçu un certain nombre
41:42 de soutiens
41:43 de beaucoup de Trumpistes,
41:44 Steve Bannon,
41:45 Tucker Carlson, etc.
41:46 Mais, je répète là-dessus,
41:47 les sondages le plaçaient
41:48 à 20% du point de vue,
41:49 probablement,
41:50 de l'électorat démocrate.
41:51 Alors, votre conclusion
41:52 de tout ça
41:53 sur l'issue,
41:54 enfin, sur le chemin
41:55 que va prendre la campagne ?
41:56 Eh bien, ma conclusion,
41:57 c'est que personne ne peut savoir
41:58 si Donald Trump
41:59 va avoir une campagne
42:00 qui va être,
42:01 sinon victorieuse
42:02 ou même
42:03 s'il va faire un bon score.
42:04 Personne ne peut savoir
42:05 si Donald Trump
42:06 va avoir une campagne
42:07 qui va avoir un bon score.
42:08 Personne ne peut savoir
42:09 si le Trumpisme
42:10 de Donald Trump
42:11 va survivre.
42:12 Il me paraît cependant
42:13 que les conditions
42:14 de possibilité du Trumpisme
42:16 existent toujours aux États-Unis
42:17 et qu'elles continuent
42:18 de travailler l'opinion publique
42:19 et surtout,
42:20 et je voulais finir
42:21 sur cette hypothèse,
42:22 on a souvent analysé
42:23 le Trumpisme
42:24 comme un phénomène
42:25 qui serait lié
42:26 au parti républicain.
42:27 Un peu dans la continuation
42:28 de ce qui s'était déjà travaillé
42:29 à l'époque de Bush, etc.
42:30 Il me semble,
42:31 et en tout cas,
42:32 la candidature,
42:33 la pré-candidature de Kennedy
42:34 est les scores un peu importants
42:35 qu'il a,
42:36 que les sondages lui donnaient
42:37 même s'il est redescendu depuis,
42:38 donne l'impression
42:39 que le Trumpisme
42:40 est peut-être
42:41 un phénomène de masse
42:42 qui travaille tout aussi bien
42:43 l'électorat des républicains
42:44 qu'une partie
42:45 de l'électorat des démocrates.
42:46 Merci beaucoup.
42:47 On verra ce que ça donne
42:48 et si vos prévisions
42:50 s'avèrent justes
42:52 dans les mois à venir.
42:54 Il nous reste 4 minutes
42:55 pour Waterloo.
42:56 Autant dire.
42:57 Mission impossible.
42:58 Je vais essayer.
42:59 Le mystère des morts,
43:00 des morts qui ont disparu.
43:01 Des morts disparues.
43:02 Alors je vais commencer
43:03 juste par la question
43:04 de la question de la question
43:05 de la question de Waterloo.
43:06 Alors je vais commencer
43:07 juste par un petit contexte
43:08 pour expliquer que c'est
43:09 Emmanuel Macron
43:10 qui m'a fait penser à Waterloo
43:11 parce que vous savez,
43:12 pas ce qui lui arrive,
43:13 mais il avait fixé quand même
43:14 au terme de la crise sociale
43:15 liée à la réforme des retraites
43:16 une feuille de route
43:17 où il se donnait 100 jours
43:18 pour relancer son quinquennat.
43:19 Le terme était sans doute
43:20 très mal choisi.
43:21 On se demande
43:22 à quoi sont payés
43:23 les communicants
43:24 parce que ça correspond
43:25 exactement au retour
43:26 d'exil à l'Île d'Elbe
43:27 de Napoléon
43:28 et ça correspond
43:29 exactement au retour
43:30 d'exil à l'Île d'Elbe
43:31 de Napoléon
43:32 et ça correspond exactement
43:33 au retour d'exil à l'Île d'Elbe
43:34 de Napoléon
43:35 et ça qui se termine
43:36 les 100 jours de Napoléon
43:37 par la défaite de Waterloo.
43:38 Donc je vais vous parler
43:39 d'une défaite,
43:40 peut-être la pire défaite française.
43:42 Rappel, 20 000 morts en une journée,
43:45 c'était le 18 juin 1815.
43:48 Depuis, hélas,
43:49 ce triste record
43:50 a été battu plusieurs fois.
43:51 Je retiendrai également
43:52 le chiffre de 27 000 morts français
43:54 le 22 août 1914,
43:55 le jour le premier meurtrier
43:57 de l'histoire de France
43:58 pour l'armée française.
43:59 Pourquoi cette défaite
44:00 est-elle si importante ?
44:01 Eh bien elle est très importante
44:02 parce que subitement,
44:03 le 22 juin,
44:04 la seconde abdication de Napoléon,
44:11 la France est subitement rétrécie.
44:14 Elle avait pendant une décennie
44:16 conquis l'Europe,
44:18 fait trembler sur ses fondements
44:20 tous ses voisins
44:21 et Waterloo fait partie
44:22 de ces rares moments de l'histoire
44:23 où la destinée tragique
44:25 d'un seul homme
44:26 va transformer le monde.
44:27 Ce jour-là,
44:28 il perd tous les territoires conquis,
44:30 c'est le coup de grâce.
44:31 Alors pourquoi ces fouilles ?
44:32 Comptent-elles apporter ?
44:33 Elles ont débuté l'été dernier ?
44:36 Oui, l'été dernier.
44:37 200 ans plus tard,
44:38 la terre rend les eaux
44:39 et c'est absolument incroyable.
44:41 On a montré une image.
44:43 Ces fouilles ont été effectuées
44:44 par les archéologistes
44:45 sur le champ de bataille.
44:46 Elles ont permis de recueillir
44:47 plusieurs dizaines de squelettes
44:48 de combattants.
44:49 Certains ossements
44:50 se trouvent mêlés
44:51 à ceux des chevaux,
44:52 hommes et bêtes
44:53 figés dans la mort,
44:54 prisonniers de la boue.
44:56 Un des archéologiques s'est dit
44:58 "Jamais nous ne toucherons du doigt
44:59 aussi bien la dure réalité de Waterloo
45:01 qu'en contemplant ces ossements."
45:03 Alors il y a eu
45:04 de nombreuses péripéties.
45:05 Lors d'une conférence sur Waterloo,
45:07 un historien belge,
45:08 monsieur Wilkins,
45:09 un homme est venu le voir,
45:10 il lui a dit
45:11 "J'ai des Prussiens dans mon grenier."
45:12 Alors l'homme possédait surtout
45:14 le pied d'un soldat
45:15 incroyablement conservé.
45:17 Mais en réalité,
45:18 le lieu où il se trouvait,
45:19 le village de Plancenois,
45:20 où les troupes prussiennes
45:21 et napoléoniennes
45:22 se sont âprement combattues,
45:23 ne permet pas de dire
45:24 s'il est français ou prussien.
45:25 Et on sait aussi
45:26 que les soldats des deux camps
45:27 dépouillaient les corps des autres
45:29 pour s'équiper.
45:30 Donc c'est difficile de dire
45:31 qui est qui.
45:32 Il existe des photos.
45:33 Et alors ces photos,
45:35 moi je trouve qu'elles ont
45:36 un aspect incroyable.
45:37 Parce qu'on connaît Waterloo
45:39 par Château-Briand,
45:40 Nerval, Stendhal ou Lord Byron
45:42 qui ont écrit sur la bataille.
45:44 En fait, nos grands-parents,
45:46 nos parents apprenaient ça.
45:48 Mais là, tout à coup,
45:49 sous la forme d'un visage,
45:50 d'une tête plutôt,
45:52 la mâchoire ouverte,
45:53 semblant mimer un cri
45:55 qui dure depuis 1915,
45:56 on retrouve toute l'ambiance
45:59 et toute l'horreur
46:00 du champ de bataille.
46:01 Cependant, trop peu,
46:03 on trouve trop peu de corps
46:05 par rapport aux chiffres
46:06 que je vous ai donnés tout à l'heure
46:07 et pour cause.
46:08 Les corps des soldats
46:09 qui ont servi d'engrais,
46:10 ça c'est assez affreux
46:11 qu'on l'a imaginé.
46:12 Oui, c'est horrible.
46:13 Ils n'ont pas été conservés
46:14 comme dans un ossuaire
46:15 comme à Douaumont,
46:16 mais bien broyés
46:17 pour servir d'engrais.
46:18 Alors ça rappelle les paroles
46:19 de Michel Audillard
46:20 dans ce film magnifique.
46:21 Un taxi pour Tobrouk,
46:23 je vais mourir
46:24 pour la fécondation du désert,
46:25 demain sur les tombeaux
46:26 les blés seront plus beaux,
46:27 comme dit le poète,
46:28 mon nom va dominer une marque,
46:30 une marque d'engrais,
46:31 la décolonisation va à son plein.
46:33 Ça c'était pour...
46:34 Mais le film d'ailleurs
46:35 faisait une autre référence
46:37 à Napoléon, il disait
46:38 "Vous connaissez mal les Français,
46:40 nous avons le complexe
46:41 de la liberté".
46:42 Ça date de 1989,
46:43 nous avons égorgé
46:44 la moitié de l'Europe
46:45 au nom de ce principe.
46:46 Depuis que Napoléon
46:47 a écrasé la Pologne,
46:48 nous ne supportons pas
46:49 que quiconque
46:50 le fasse à notre place.
46:52 Merci beaucoup, cher Régis.
46:54 On n'a pas le temps
46:55 d'aller sur la toute dernière partie
46:57 de votre démonstration,
46:58 mais c'était passionnant.
46:59 En tout cas, c'était
47:00 un sujet incroyable.
47:01 Il y a eu dans le Géo,
47:02 si je peux le citer,
47:03 il y a eu tout un sujet
47:04 qui a été fait
47:05 et les fouilles continuent,
47:06 donc à suivre.
47:07 Merci messieurs.
47:08 Excellent week-end à tous.
47:09 Dans un instant,
47:10 l'heure des pros
47:11 de Eliott Deval,
47:12 à tout à l'heure.
47:13 [SILENCE]

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