L'édito de Mathieu Bock-Côté : «Qui est Jean-Marc Rouillan ?».
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00:00 Ceux qui ont encore un peu de mémoire ont probablement été surpris de voir Jean-Marc Rouillant
00:05 invité à l'université de Bordeaux par les militants d'extrême gauche qui l'occupaient.
00:09 L'homme, on le sait, Mathieu Bogcotte, s'est fait connaître à travers action directe
00:14 et s'est rendu coupable de crimes graves.
00:16 En 85, en 86, il a assassiné deux patrons au nom de la Révolution.
00:23 Comment Mathieu Bogcotte a-t-il pu être accueilli aussi facilement dans une université ?
00:28 C'est une question de contexte.
00:30 Je dirais, il est grand le mystère de la foi révolutionnaire.
00:32 Et ce qui s'est passé, c'est que l'université de Bordeaux est occupée à ce moment-là
00:36 par des groupes d'extrême gauche liés, si j'ai bien compris, à la quatrième internationale.
00:41 Donc, c'est des nuances à l'intérieur.
00:43 Ça existe encore.
00:45 Donc, l'université est occupée et au bout d'une semaine environ, il y a l'idée de recevoir
00:51 Jean-Marc Rouillant à la manière d'un grand témoin de l'histoire.
00:55 Donc, vous avez fait une très bonne description.
00:57 Il s'est rendu coupable de terrorisme.
00:59 Il a été condamné pour cela d'ailleurs, d'assassinat.
01:01 Comment est-il présenté par les gens qui l'accueillent au bout d'une semaine ?
01:06 Il est accueilli en tant qu'écrivain et ancien prisonnier politique.
01:10 Écrivain et ancien prisonnier politique.
01:12 S'est-il repenti ? À la rigueur, ça, c'est des gens qui commettent des crimes atroces
01:16 et ils se repentent.
01:17 S'est-il repenti ? Pas du tout.
01:19 Le Figaro nous le rappelle.
01:21 Il y a quelques années, à propos des terroristes de 2015, il déclarait, je cite, « en avoir
01:28 marre des poncifs antiterroristes et trouver que les terroristes de 2015 se sont battus
01:33 courageusement dans les rues de Paris ». Il ajoutait que l'État français est colonialiste
01:37 et assassin.
01:38 Alors, est-il invité parce qu'il s'est repenti ?
01:40 Il a dit que l'État français est colonialiste et assassin.
01:43 Oui, comme ça.
01:44 Mais est-il invité parce qu'il s'est repenti ? Non.
01:46 Il est invité parce qu'il ne s'est pas repenti.
01:49 C'est ça qu'on doit comprendre dans cette psychologie.
01:52 C'est-à-dire que parce qu'il décide d'assumer jusqu'au bout sa violence, il est accepté
01:56 dès lors comme prisonnier politique.
01:58 C'est, soit dit en passant, dans le cadre de cette espèce d'happening à l'Université
02:02 de Bordeaux, c'est des gens de révolution permanente qui l'ont invité à ce qu'on
02:05 en sait selon le point.
02:07 Ce qui est intéressant parmi les gens, pour passer le micro, l'interview du point, citation,
02:12 « Rouillant est le symbole de la répression de l'État et on trouvait intéressant qu'il
02:17 vienne raconter pourquoi il a choisi la lutte armée.
02:19 » C'est intéressant.
02:20 Donc, c'est le symbole non pas du meurtre révolutionnaire, mais de la répression de
02:22 l'État.
02:23 Il ajoute, l'interlocuteur, « Je ne soutiens ni la lutte armée ni les actes terroristes.
02:28 » Très gentil.
02:29 On lui pose la question dans le cadre de cet événement.
02:31 « Regrettez-vous les actes terroristes que vous avez commis ? » Il répond par la négative.
02:36 Ce qui crée un petit malaise quand même sur place.
02:39 Et un étudiant trotskiste affirme, « L'assassinat politique n'est pas une méthode que les
02:43 organisations trotskistes revendiquent.
02:45 » À la différence de Trotsky, soit dit en passant, qui lui revendiquait parfaitement
02:48 le droit de fusiller à la tonne les contre-révolutionnaires pour se débarrasser de cette plaide pour
02:54 l'humanité qu'étaient les contre-révolutionnaires.
02:56 Donc, des gens qui ne sont même pas fidèles à leur maître.
02:57 C'est assez drôle.
02:58 Ou peut-être le sont-ils sans l'avouer.
02:59 Quoi qu'il en soit, il était présent dans une université.
03:02 Une semaine après, c'était nettoyé par la police qui a repris le contrôle des lieux.
03:05 On sait le saccage qui a eu lieu.
03:06 Mais voilà le type de héros qui excite l'ultra-gauche.
03:09 Xavier-Laurent Salvador dans Le Figaro voit dans cette invitation, Mathieu, le symbole
03:14 du « deux poids, deux mesures » qui domine l'université française.
03:18 Qu'en pensez-vous ?
03:19 J'allais dire plus ou moins et finalement c'est le cas.
03:21 Je vous explique.
03:22 Il n'a pas été invité par l'université.
03:24 Il a été invité par une bande de factieux d'extrême-gauche et d'ultra-gauche qui
03:28 ont occupé les lieux.
03:29 Mais, hier, je crois, à l'Assemblée nationale, Patrick Edzel, député LR, s'inquiète quand
03:34 même de la présence de Rouillant à l'université.
03:37 Il pose la question à madame Sylvie Retailleau, qui est ministre de l'enseignement supérieur.
03:43 Et qu'est-ce qu'elle répond ? Elle dit « bon non, la liberté académique, la liberté
03:48 d'expression, la liberté académique, il était à sa place ».
03:50 On peut croire qu'elle connaît mal son dossier parce qu'elle devrait être au courant
03:54 que Rouillant était présent à l'invitation de la quatrième internationale et non pas
03:59 de l'université de Bordeaux, une révolution permanente.
04:01 Mais elle va utiliser l'argument de la liberté académique pour défendre la présence.
04:06 Donc, finalement, elle est d'accord avec la présence de Rouillant, écrivain et ancien
04:11 prisonnier politique.
04:12 Mais ça va plus loin parce qu'il y a quelques mois à peine, madame Agazinsky, Sylvia Agazinsky,
04:16 la philosophe, invitait à l'université de Bordeaux.
04:19 Invitation annulée.
04:20 Annulée pourquoi ? Cette fois par les autorités de l'université parce qu'il y avait des menaces
04:24 à l'ordre public qui étaient lancées, des casseurs d'ultra-gauche.
04:27 En fait, dans ce cas-là, la branche trans-radicale dit « on va perturber l'événement de telle
04:32 manière que vous ne pourrez pas le tenir ». L'université se couche, tout comme s'est
04:36 couché récemment le comité de laïcité république.
04:38 Marguerite Stern, invitée, qui critique la l'idéologie trans, dit « ah, on ne l'invite
04:43 pas parce qu'on a peur des troubles à l'ordre public ». Donc, vous voyez qui exerce la souveraineté
04:46 aujourd'hui en matière de liberté d'expression ?
04:48 Ce sont les groupuscules d'ultra-gauche ou trans-radicaux ou antifa qui disent « si
04:53 vous l'invitez, on fout le bordel ». Les autorités se couchent comme d'habitude, en
04:56 dernière instance.
04:57 Au moins, il y a eu une conférence récemment à l'université de Bordeaux.
04:59 M. Rouillan, je devine qu'il a été applaudi.
05:01 Merci.
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