Les médias français : sont-ils trop partisans ? trop militants ?

  • l’année dernière
Parlons Vrai chez Bourdin avec Laurent Joffrin, journaliste, Laetitia Strauch-Bonart, rédactrice en chef de "l’Express", Patrick Eveno, spécialiste de l’histoire des médias et président de l'"Observatoire de la déontologie de l'information".

Retrouvez Parlons Vrai chez Bourdin du lundi au vendredi de 10h30 à 12h30 sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://www.dailymotion.com/video/x75yzts
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos Parlons vrai chez Bourdin : https://www.youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDQkzX4JBcyhPDl9yzBynYbV

##LA_CONFRONTATION-2023-04-11##
Transcript
00:00 Sud Radio Parlons Vrai chez Bourdin, 10h30/10h30, Jean-Jacques Bourdin.
00:06 11h04, merci d'être avec nous pour notre débat quotidien.
00:11 Vous savez que tous les jours, entre 11h et midi, nous débattons sur un sujet précis,
00:15 avec des interlocuteurs concernés par le sujet.
00:18 Je ne demande jamais à des personnes étrangères au sujet de venir commenter l'information.
00:24 Je déteste ça, et justement, ce sera l'un des axes de notre réflexion aujourd'hui,
00:30 puisque nous allons parler des médias.
00:32 Et des médias, j'ai plein de questions à poser.
00:34 D'abord, je voudrais m'appuyer sur ce chiffre.
00:37 44% des Français estiment que les médias donnent une information fiable et vérifiée.
00:42 44%, est-ce beaucoup ou peu ? Nous verrons cela.
00:45 L'information diffusée, donnée par les médias, est-elle complète, honnête et précise ?
00:49 Est-ce que l'accès à l'information s'appauvrit ?
00:51 La déontologie est-elle de moins en moins respectée ?
00:54 Pourquoi la confiance dans les médias est-elle basse ?
00:57 Des médias et des journalistes engagés utilisent-ils leur visibilité
01:01 pour dispenser leur idéologie, parfois au mépris des faits ?
01:05 Les journalistes français sont-ils devenus trop militants ?
01:08 Nous allons parler de tout cela avec nos trois invités.
01:11 Je suis heureux de recevoir Laëtitia St-Roch-Bonnat, rédactrice en chef de L'Express.
01:17 Bonjour.
01:18 Bonjour.
01:19 Et avec nous, Patrick Evneau, spécialiste de l'histoire des médias,
01:22 président de l'Observatoire de la déontologie de l'information. Bonjour.
01:26 Bonjour.
01:27 Et Laurent Geoffrin, journaliste. Bonjour.
01:29 Bonjour.
01:30 Vous lancez le journal, demain ?
01:32 Demain, on lance le journal. Demain matin, il sera en ligne, le journal .info.
01:36 Oui.
01:37 C'est un journal qui veut lutter contre la dégradation du débat public, d'abord.
01:43 Oui.
01:44 Des invectifs qui viennent des extrêmes.
01:46 Il y a un moment où on en a eu assez, quand même,
01:49 qu'on veut un journal qui s'appuie sur l'argumentation rationnelle,
01:54 qui joue le jeu de la démocratie, et qui ensuite, qui est un journal de gauche.
01:59 Oui.
02:00 Parce que ce phénomène-là a touché aussi la gauche.
02:02 Oui.
02:03 C'est-à-dire que, traditionnellement, la gauche était dominée par sa fraction la plus raisonnable,
02:08 la plus réformiste. Là, c'est le contraire.
02:10 C'est la gauche radicale qui domine.
02:12 La gauche agressive, propagandiste, de mauvaise foi, etc.
02:16 Et donc, on veut rééquilibrer les choses et créer un quotidien numérique avec une lettre.
02:22 Donc, un média en ligne ?
02:23 Un média en ligne avec une newsletter que je vais rédiger,
02:27 et qui défendra ses idées de république, de laïcité, de savoir, de science, de démocratie.
02:36 Est-ce que c'est un média militant ? Ou pas ?
02:38 C'est un média d'opinion.
02:39 D'opinion.
02:40 C'est un média militant, en le sens qu'il n'est pas lié à une organisation politique.
02:43 D'accord.
02:44 On n'est pas lié ni à un homme, ni à un particulier, ni à une organisation.
02:47 On exprimera des idées, qui sont les idées d'un courant, d'une gauche, disons, républicaine et réformiste.
02:53 Alors, vous abordez l'une des...
02:55 J'aborde l'une des premières questions que je souhaitais vous poser, à tous les trois, pour nourrir ce débat.
03:00 J'appelle les auditeurs à intervenir. 0826-300-300.
03:03 Vous n'hésitez pas. Première question, elle est simple.
03:05 Est-ce que vous pensez que les journalistes français sont devenus, aujourd'hui, plus militants qu'avant ?
03:10 Et même trop militants.
03:12 Laetitia St-Georges Bonnard.
03:13 Alors, c'est quand même une question très vaste, parce que ça dépend de quel journaliste on parle.
03:19 Moi, je n'ai pas de problème avec le journalisme d'opinion, quand il se reconnaît.
03:25 C'est-à-dire, quand un journal, une chaîne de télévision, un journaliste, sur Twitter,
03:31 se positionne comme, certes, pas complètement inventif, il faut quand même prendre en compte les faits,
03:37 mais comme tenant de telle ou telle école.
03:42 Moi, je suis un petit peu plus gênée par des médias qui se prétendent extrêmement factuels,
03:48 extrêmement droits, justes, totalement objectifs, et qui ne le sont pas vraiment.
03:56 Je ne vais pas nommer des gens qui sont des confrères, mais peut-être que les auditeurs pensent à certains médias dont je parle.
04:06 On peut nommer, sans hésiter.
04:09 Vous savez, moi, je n'ai pas peur de ça.
04:12 C'est un petit peu le sentiment que j'ai, parfois, quand je lis Le Monde.
04:17 Oui, alors, quand vous lisez Le Monde, aujourd'hui, qui est un très bon journal,
04:20 qui est un journal de centre-gauche,
04:23 en politique étrangère, je lis toujours,
04:27 sur les sujets de société, j'ai quand même l'impression...
04:30 - Qu'il y a une dérive ? - Non, une dérive, c'est un peu fort,
04:32 mais qu'il y a des parties-pris, mais qui sont ensuite présentées comme quelque chose de factuel.
04:37 Et c'est très, très fin. Vous allez me dire "comment vous pouvez prouver ça ?"
04:41 Ça va être dans des tournures de phrases, dans des choix d'articles, dans une façon de désigner les gens qui ne sont pas d'accord.
04:46 Et tout ça, c'est tellement subtil que ce genre d'accusation est très difficile à formuler.
04:51 - Je ne comprends pas la patrie qu'elle donne. - Et je terminerai par le phénomène du fact-checking.
04:55 Ce sont souvent ces journaux qui mettent en avant la discipline, ou plutôt la pratique du fact-checking.
05:01 C'est-à-dire, je traduis, le fait de vérifier des informations,
05:04 et de dire à ses lecteurs "voilà, un tel a dit ça, est-ce que c'est vrai ou est-ce que c'est faux ?"
05:08 Parfois, le fact-checking est mal fait. Il y a des erreurs dedans, qui montrent des biais.
05:13 Et là, c'est le paradoxe total, en fait.
05:15 Donc, quand on prétend faire du fact-checking, à mon avis, il faut être extrêmement rigoureux.
05:19 - Vous avez raison, la télévision a essayé de faire du fact-checking,
05:22 et notamment les chaînes en continu, ça c'était catastrophique.
05:25 Mais bon, je vous donne la parole Patrick Evneau, mais je voudrais prendre un exemple sur le monde.
05:31 Est-ce que vous pensez, par exemple, qu'en matière d'écologie,
05:33 on entend ou on lit plus de militants que de scientifiques invités, par exemple ?
05:40 - Oui, moi je pense que oui, et je pense qu'il y a une petite tendance antinucléaire
05:48 qui se lit, qui se découvre dans ces articles, sous couvert de science en plus.
05:56 C'est là que ça devient un petit peu fou.
05:58 - Faudrait vraiment examiner dans le détail, parce que le monde publie des centaines d'articles chaque jour.
06:07 - Oui, bien sûr, pour parler d'écologie.
06:08 - Oui, mais même quand on parle d'écologie, il y a toute une série.
06:12 Moi je crois que c'est pas si simple que ça.
06:14 On est dans la démocratie, les médias sont faits pour faire fonctionner la démocratie.
06:20 C'est la base de la démocratie, s'il n'y a pas de dialogue,
06:23 s'il n'y a pas d'espace social, d'espace public où on puisse discuter, il n'y a pas de démocratie.
06:29 On va voir chez Poutine, il n'y a pas de démocratie, parce qu'il n'y a pas de médias indépendants.
06:34 Donc ça c'est le premier point.
06:36 Et c'est pas si simple, il y a des médias qui sont...
06:39 Alors quand on dit "les médias", peut-être que vous connaissez tous les médias,
06:44 mais la plupart des citoyens français, ils en connaissent un, deux, trois, quatre,
06:49 plus les réseaux sociaux.
06:51 - Oui, beaucoup ne connaissent que les réseaux sociaux.
06:54 - Et puis il y a les médias d'opinion, clairement identifiés,
07:00 les médias qui travaillent sur le fait, mais il faut que les faits soient sourcés.
07:07 Les faits sont sacrés à condition qu'ils soient sourcés.
07:10 Et d'un autre côté, les commentaires, les opinions sont libres,
07:14 mais à condition que l'on sache d'où l'on parle.
07:16 C'est-à-dire que par exemple, moi je trouve tout à fait normal
07:19 qu'on parle pas de la même manière du pape à Charlie Hebdo et à la Croix.
07:22 - Oui.
07:23 - Ça me paraît tout à fait logique.
07:24 Qu'on parle pas de la même manière des grèves à Libération ou à l'Huma,
07:28 ou au Figaro, ou à L'Express.
07:31 Parce qu'il y en a qui sont conservateurs, d'autres qui sont plus à gauche, etc.
07:35 Bon bref, donc c'est tout à fait logique.
07:37 Mais quand il y a une grève, il faut aussi dire que la grève elle est pour ci, pour ça, etc.
07:44 Expliquer les faits d'abord, et après ça dire "Vive la grève" ou "On est contre la grève".
07:48 - Oui, mais Patrick Evneau, j'ai envie de poser alors la question.
07:51 Est-ce que les médias sont aujourd'hui capables de penser contre eux-mêmes ?
07:56 - Oui, bien sûr.
07:57 - Encore ?
07:58 - Certains.
07:59 - Ah !
08:00 - Certains.
08:01 - Alors là, vous dites oui ?
08:02 - Certains.
08:03 - Je ne suis pas si certain de...
08:05 - Certains d'entre vous-mêmes.
08:06 - C'est amusant que vous disez ça, parce que c'est une...
08:08 Quand j'étais directeur de Libération, c'est une phrase que j'employais tout le temps.
08:11 - Ah bon ?
08:12 - Oui.
08:13 - J'avais parfois du mal, hein.
08:14 - Oui.
08:15 - Mais Pénelope l'empoyait tout le temps aussi.
08:16 - Oui, c'est bien, c'est bien, puis on le faisait pas.
08:17 Mais bon, quand même, on disait "Il faut penser contre soi-même".
08:19 C'est une phrase de Sartre au départ, je crois.
08:21 - Oui, je l'ai lue.
08:22 - Et donc à Libération, c'était très bien de citer Sartre.
08:25 Donc je disais "Voilà, il faut penser".
08:27 - Ça voulait dire "Il faut comprendre l'opinion de l'adversaire,
08:30 et il faut prendre en compte les faits qui pourraient nous déranger".
08:32 Parce que, oui, tout le monde a une opinion,
08:34 et quand on tombe sur un fait qui contredit ce que vous...
08:36 vos convictions, ça vous gêne,
08:38 donc vous avez tendance à le cacher.
08:40 C'est ce qu'on appelle le biais de confirmation, quoi.
08:42 - Je vais prendre un exemple.
08:44 C'est bien d'illustrer notre propos avec des exemples.
08:46 Sainte-Soline.
08:47 Sainte-Soline, les médias de gauche engagés,
08:51 sur les questions écologiques,
08:54 ont tout de suite affirmé,
08:56 affirmé que les médecins avaient été empêchés du SAMU d'intervenir.
09:03 C'est plus compliqué que cela.
09:05 Et d'autres médias commencent à démonter cette vérité,
09:10 à affirmer.
09:12 - Pour une fois, c'est les groupes militants qui ont dit
09:15 "Les médecins ont été empêchés",
09:17 et il y a un certain nombre de médias qui ont relayé.
09:19 - Sans contradiction.
09:20 - Sans enquête.
09:22 - C'est difficile de faire l'enquête tout de suite,
09:24 mais il y a eu des enquêtes, quand même.
09:26 Où il y avait des éléments.
09:28 - Il y a aussi des enquêtes qui montrent que ce n'est peut-être pas si vrai que ça.
09:32 - Oui, je suis d'accord.
09:34 On n'a pas encore tout à fait le résultat final.
09:36 - Exactement.
09:38 - Mais dans le journalisme, il faut quand même distinguer deux grands exercices.
09:42 Il y a l'exercice de commentaires, d'analyse,
09:45 d'interprétation, de prise d'opposition.
09:48 Tout ça, c'est la subjectivité de celui qui écrit.
09:51 Et il y a l'essentiel, à mon avis, du travail.
09:54 C'est pour ça que le tableau est moins noir qu'on le dit.
09:56 L'essentiel du travail est fait par les reporters et les enquêteurs.
09:59 Ceux-là, ils sont soumis à des règles.
10:01 Et s'ils ne respectent pas ces règles,
10:03 le rédacteur en chef est censé leur dire "Non, vous n'avez pas respecté la règle."
10:06 Les règles sont simples. Patrick et Adjo ont bien cité quelques-unes.
10:09 Il faut sourcer, il faut vérifier,
10:11 il faut donner la parole aux protagonistes différents d'un événement.
10:17 Il faut donner le contexte, il faut chercher le background,
10:20 il faut travailler beaucoup, il faut être très sérieux,
10:23 aller voir les experts, pas qu'un seul, il faut en avoir plusieurs.
10:25 Toutes ces règles, si elles ne sont pas respectées, on fait n'importe quoi.
10:28 Ça arrive, c'est une des raisons pour lesquelles le chiffre que vous citez est si bas.
10:33 C'est qu'il y a eu trop d'exemples,
10:35 qui sont minoritaires, mais qui sont spectaculaires,
10:38 de cas où on n'avait pas respecté ces règles.
10:40 Et on a balancé des fausses informations qui ont été réfutées ensuite de manière spectaculaire.
10:46 - Mais il faut bien distinguer ces deux exercices.
10:48 Si on ne le fait pas, on parle en l'air.
10:50 Il y a des règles, il y a des règles très précises.
10:52 - Il y a des règles déontologiques qui sont très précises,
10:55 qu'on a dans toutes les chartes déontologiques partout dans le monde.
10:58 Bon, on ne va pas les citer.
11:00 Mais évidemment, d'abord sourcer les faits, les vérifier, etc.
11:05 C'est vraiment le truc.
11:07 Faire du contradictoire, c'est aussi très important.
11:10 Mais pour vous dire si ça s'est dégradé,
11:13 il faut penser que la Croix existe depuis 1881,
11:18 que le Figaro existe depuis 1866 comme quotidien.
11:23 Est-ce qu'ils n'étaient pas plus engagés ?
11:26 Ils étaient beaucoup plus engagés ?
11:28 La Croix, par exemple, était beaucoup plus fervent catholique, antisémite, etc.
11:34 Ils sont beaucoup moins engagés maintenant.
11:37 Donc vous voyez, ça évolue.
11:38 Alors, il y en a d'autres.
11:40 Il y a toujours eu un journalisme engagé,
11:43 voire un journalisme militant.
11:45 Quand Jaurès fonde l'Humanité, c'est du journalisme militant.
11:48 Et l'Humain est toujours un journal militant.
11:52 Il y a toujours eu des journalistes engagés,
11:55 il y a toujours eu des journalistes qui ont fait de la politique.
11:59 Le pire, c'est quand on ne sait pas.
12:01 C'est quand il y a du conflit d'intérêts,
12:03 quand il y a des conflits, des liens d'intérêts
12:05 qui peuvent être soit politiques, soit culturels.
12:08 Moi, je me souviens d'un présentateur d'émissions de télévision
12:14 qui faisait des livres, commentait les livres,
12:19 et qui avait invité sa femme pour commenter son livre,
12:22 sans dire que c'était sa femme.
12:24 Bon, ça pose un petit problème.
12:26 Là, vous voyez, il y a un lien d'intérêts qui...
12:28 C'est ça qui est embêtant.
12:31 Le problème, c'est quand il y a toute une série de mélanges.
12:38 Mais quand on est clair...
12:41 Bon, Laurent Geoffrin fonde un journal de gauche,
12:45 on va dire social-démocrate, ou je sais pas quoi,
12:48 quelque chose comme ça, autour de ça.
12:50 Il est clair, il est... Bon, voilà.
12:52 Et ceux qui vont aller le lire, soit c'est parce qu'ils adhéreront à son projet,
12:55 soit parce qu'ils voudront le descendre en flamme,
12:57 mais bon, voilà.
12:59 Tout est sur la table.
13:01 Et puis après ça, effectivement, s'ils truquent des chiffres...
13:03 - Mais le but n'est pas de truquer les faits.
13:05 - La difficulté, quand même, c'est qu'il y a beaucoup de zones de flou possibles.
13:09 Je vais prendre un exemple, c'est la science.
13:11 Tout ce qui est scientifique.
13:13 Aujourd'hui, alors je vais citer un autre média,
13:16 puisque je l'ai déjà fait, mais de l'autre bord,
13:19 une télévision comme CNews, par exemple,
13:21 il me semble, place sur le même plan une discussion sur l'opinion.
13:26 Quelle est l'opinion des Français sur, je ne sais pas moi, l'insécurité, l'immigration ?
13:30 Et une discussion sur le coronavirus, la pandémie, le port du masque, le vaccin.
13:35 - Oui. - Comme si c'était la même chose.
13:37 - Ou le climat. - Et met en avant, puisque je connais un peu mieux la question du coronavirus,
13:41 et met en avant des auteurs qui sont clairement anti-vax,
13:45 qui sont covido-sceptiques, et j'en passe.
13:47 Comme si c'était des faits.
13:49 Or, on ne peut pas traiter la science comme une opinion.
13:52 Vous pouvez dire, moi je pense qu'il y a trop d'insécurité,
13:54 ou je pense que c'est tolérable,
13:56 parce que vous réagissez différemment peut-être à des événements semblables.
14:00 En revanche, il n'est pas possible, je pense,
14:03 il n'est pas sain dans une démocratie,
14:05 de dire "ah oui, alors, on reçoit cet auteur
14:08 qui pense que le vaccin, la RN messager, c'est quand même pas très bien,
14:12 et qui le démontre, et d'ailleurs cet auteur, c'est un scientifique".
14:15 Enfin, une scientifique en l'occurrence.
14:17 - On peut soulever certains doutes.
14:18 - Oui, mais le problème c'est qu'il n'y a pas de contradictoire.
14:20 C'est-à-dire que souvent, on ne met pas ces gens qu'on fasse,
14:23 et surtout, on ne prend pas en compte ce qu'est la démarche scientifique.
14:26 La démarche scientifique, elle est toujours encadrée.
14:29 Il ne suffit pas de sortir un livre.
14:30 Sortir un livre quand vous êtes scientifique, ça n'a aucune valeur,
14:32 si vous n'avez pas publié d'articles scientifiques dans les journaux reconnus.
14:35 - Alors, vous, vous parlez de la science, c'est très intéressant,
14:38 parce que en science, dans le domaine scientifique et dans l'information,
14:43 on cite ses sources.
14:45 Quand un médecin... Non mais c'est vrai, quand un médecin publie des conclusions,
14:52 il donne ses sources.
14:54 - Oui, mais plus que ça.
14:55 - Il y a des multiples médecins, il faut...
14:57 - Ou alors que... - ...spécialistes...
14:58 - Ou il démontre par une expérience, par un raisonnement.
15:02 La science, c'est extrêmement compliqué.
15:04 - Mais quand un article est publié en médecine, les sources sont désignées.
15:09 - Elles sont accessibles aux pairs.
15:11 - Oui, mais tout le monde n'est pas capable de les comprendre.
15:14 - Alors qu'ailleurs, non.
15:15 - Mais tout le monde n'est pas capable de comprendre, en plus, un article scientifique.
15:17 Il faut le décoder.
15:18 Et c'est là que c'est trop facile de dire,
15:20 "Ah oui, vous voyez, écris-ça dans le résumé de l'article."
15:22 Non, non, il faut rentrer dans l'article, il faut comprendre les subtilités.
15:24 Je trouve que c'est vraiment dangereux aujourd'hui.
15:26 On joue avec le feu, en fait.
15:27 - Jean-Jacques Bourdin.
15:28 - Bien, on ne va pas organiser une leçon de journalisme aujourd'hui.
15:33 Non, surtout pas.
15:35 Mais je voudrais rappeler quelques vérités.
15:37 Vous allez me dire ce que vous en pensez.
15:38 Le journalisme, c'est d'abord des faits.
15:40 Des faits vérifiés.
15:42 Ensuite, ce sont des faits analysés, expliqués.
15:47 Et en final, commentés.
15:50 J'ai l'impression, vous allez me dire ce que vous en pensez,
15:52 qu'aujourd'hui, on passe du fait au commentaire tout de suite.
15:54 En oubliant l'analyse, l'explication.
15:56 C'est vrai ou pas ?
15:57 - Alors, c'est possible et ça vient peut-être du fait que les faits sont aujourd'hui à disposition.
16:01 C'est-à-dire qu'avant, on avait vraiment besoin de gens qui allaient sur le terrain,
16:04 qui racontaient et ça prenait du temps.
16:06 Et notamment ensuite pour la vérification.
16:08 Là, on a l'impression de tout avoir, parce qu'on a les images, on a les tweets.
16:12 Donc, on pense que c'est bon.
16:13 Le travail de connaissance et de vérification est fait.
16:15 Et donc, on passe tous au commentaire.
16:17 - Oui, mais dites-moi les tweets dans les rédactions.
16:19 Oui, malheureusement, beaucoup de journalistes, maintenant, s'informent sur Twitter.
16:22 - Oui, alors, moi, je suis contre les réseaux sociaux et je suis contre Twitter.
16:27 Je n'ai pas de compte Twitter.
16:28 - Pas vous, mais il y a des journalistes, beaucoup de journalistes.
16:30 - Je suis une exception, une totale exception.
16:32 - Ils font des commentaires.
16:33 - Ça peut servir d'alerte.
16:34 C'est la seule utilité.
16:36 - C'est le seul utile.
16:37 - Parce qu'il y a un témoin qui voit une chose, il le met sur Twitter.
16:39 - Et le paradoxe, c'est que maintenant, les choses qui se passent sur Twitter sont des événements.
16:43 - Donc, ensuite, on les commente.
16:45 - Oui, mais c'est ça.
16:46 Et puis, après ça, on les cite comme source.
16:48 Et c'est là où ça devient bon.
16:50 Mais, effectivement, ce que vous avez décrit sur la façon de travailler du journaliste,
16:55 alors, est-ce qu'il y a un mélange commentaire et information, on va dire ?
16:59 Information, c'est-à-dire toute la catégorie, on décrit les faits, on les conceptualise,
17:03 on les source, on les vérifie, etc.
17:05 Ça, c'est la catégorie information, en sens brut, factuel.
17:09 Pas pour dire le factuel qui va sortir, là aussi, il y a un nouveau site qui s'appelle "Factuel",
17:13 paronné par Christine Kelly, on se demande comment ça va être.
17:17 Elle qui a invité Zemmour pendant des mois et des années.
17:21 - Mais elle a le droit d'inviter Zemmour.
17:24 - Oui, elle a le droit, mais...
17:26 - Alors, justement, je vais vous poser la question sur des propos que j'ai entendus, je ne sais plus trop où,
17:31 de confrères qui disent "non, on n'inviterait jamais", je crois que c'était assez à vous,
17:35 "on n'inviterait jamais Marine Le Pen".
17:38 - Je ne comprends pas ça.
17:40 - Ils ont invité Zemmour, ils ont invité d'autres, ils ont invité Bardella...
17:45 - Moi, je pense qu'on n'a pas assez invité Zemmour sur les chaînes publiques, avant.
17:50 - Moi, je suis assez d'accord.
17:51 - Avant, parce que si on l'avait fait, on aurait discuté beaucoup plus largement ses thèses,
17:56 et elles seraient mortes par elles-mêmes, parce qu'elles auraient été réfutées.
17:59 Le problème, c'est qu'on l'a fait passer pour un martyr,
18:02 et donc, c'est comme ça qu'il a construit, à mon avis, sa réputation, surtout récemment.
18:06 Ça lui a permis, sur une chaîne de télévision privée, que je respecte tout à fait,
18:11 mais qui a, disons, qui a profité de la main, de certaines façons,
18:14 ça lui a permis d'exister et de dire des choses qu'il n'aurait jamais pu dire ailleurs,
18:18 puisqu'il avait moins de contradicteurs.
18:19 - Patrick Evneau, finissez votre démonstration, parce que je sens que vous aviez...
18:23 - Il me semble qu'il faut se souvenir que les médias, c'est une rédaction qui fait le travail journalistique,
18:29 mais que c'est aussi une entreprise, et en conjonction avec un public.
18:34 Et que beaucoup de médias ont un public spécifique, particulier.
18:38 Et si on parle de CNews, par exemple, ils ont réussi à avoir un public très particulier,
18:47 qui fait la rentabilité, au poids de CNews, mais c'est valable pour plein d'autres...
18:53 - Mais c'est un média engagé !
18:55 - Voilà, c'est un média qu'on peut pas engager !
18:57 - C'est un média engagé ! Je vois pas en quoi c'est choquant !
18:59 - Mais moi, ça ne me choque pas !
19:01 - Ça ne me choque pas, c'est une des raisons pour lesquelles...
19:03 - Oui, Laurent Geoffroy, vous, vous collaborez à CNews, vous travaillez, vous êtes invité souvent...
19:07 - Collaborer, c'est pas un mot !
19:09 - Oui, mais bon...
19:11 - Je plaisante !
19:13 - Oui, alors...
19:14 - J'y vais, j'y vais pour porter la contradiction, justement !
19:16 - Bien sûr !
19:17 - C'est une nouveauté historique que d'avoir de l'audiovisuel très engagé !
19:22 - Oui, exactement !
19:24 - Il y avait des engagements quand même, mais ils étaient plus subtils, plus à direct...
19:29 - C'est pas à l'époque de Charles de Gaulle, c'était... la première chaîne de télévision, c'était engagée auprès du pouvoir !
19:36 - Non, mais après la libéralisation, du coup, il était entendu que les chaînes de télévision, elles voulaient capter tous les publics,
19:41 elles prenaient pas trop parti.
19:43 Et puis après, il y a eu les chaînes d'info, et il y a certaines chaînes d'info qui ont pris, carrément, un peu comme aux États-Unis,
19:48 le parti d'afficher une couleur politique très très précise.
19:51 Et ça, je pense que les gens se disent maintenant,
19:54 "Ah bon, ben alors les journalistes, maintenant, c'est des types qui donnent leurs opinions à la télé !"
19:57 Ils pensent que les journalistes, c'est ça, c'est un type qui est sur CNews ou qui est sur BFM, ou je sais pas...
20:01 Et puis on voit un petit reportage, puis derrière, il y a trois types qui discutent,
20:05 "Oui, mais non, moi je pense que..." etc.
20:07 Et souvent, les émissions sont faites comme ça.
20:09 Et donc, ils se disent, "Ben c'est ça, les journalistes ! C'est des gens qui discutent de...
20:12 c'est une espèce de... je vais peut-être être méchant, mais...
20:15 de café du commerce sophistiqué, où chacun donne son opinion."
20:18 - C'est pas sophistiqué, c'est moins sophistiqué !
20:20 - Les chaînes d'info, pardon, souvent, c'est un peu ça !
20:22 - Oui, c'est le café du commerce !
20:24 - C'est-à-dire qu'on met autour de la table 4 personnes ou 5 personnes...
20:27 - Qui n'ont aucun rapport avec le sujet.
20:29 - Qui n'ont aucun rapport avec le sujet, et on leur demande de parler.
20:31 - Voilà, ça m'est arrivé, là, je vais pas cracher dans la salle.
20:33 - Ça vous est arrivé, Laurent Geoffrin !
20:35 C'est une chose que, pardonnez-moi, que je déteste.
20:37 S'il y a un débat à travail d'organisé, me semble-t-il,
20:40 autant le confier à des personnes qui connaissent le sujet du débat.
20:44 - Me semble-t-il !
20:45 - Mais chacun a sa façon de voir les choses.
20:47 - Mais il y a un paradoxe, c'est aussi parce qu'on a trop de temps.
20:49 Il y a trop de chaînes, il y a trop de temps,
20:51 et en plus, si elles passent en continu, il faut bien les remplir.
20:54 - Et bien, il faut bien nourrir, oui.
20:55 - En même temps, c'est important qu'il y ait de la diversité,
20:57 je ne suis pas en train de vous dire qu'il faudrait quelques chaînes.
20:59 Mais à mon avis, on est allé trop loin dans l'autre extrême,
21:02 c'est-à-dire qu'il faut animer, il faut dire quelque chose,
21:06 il faut commenter. On n'a pas besoin de ça.
21:08 - 4 chaînes Info en France, plus que partout ailleurs.
21:12 - Il n'y a pas un pays au monde...
21:13 - Il n'y a pas plus.
21:14 - Non, il n'y a pas plus.
21:15 Il n'y a pas un pays au monde où il y a plus de chaînes Info.
21:17 Il y a une dizaine de chaînes qui font de l'information,
21:19 depuis TF1 jusqu'à LCI, enfin, où il y a France Info.
21:22 - Oui, mais je parlais des 4 chaînes Info.
21:23 - Il y a 4 chaînes d'Info, plus les généralistes qui font aussi de l'info.
21:27 Donc, on a une dizaine de chaînes d'information,
21:30 plus... Bon.
21:32 On a au moins une dizaine de radios d'information nationale,
21:36 plus toute une série locale.
21:38 On a des dizaines de journaux, encore, quotidiens ou numériques.
21:44 On a des magazines, etc.
21:46 On a une multitude.
21:48 Il faut penser qu'il y a 40 ans, on avait 3 chaînes de télé, 5 radios,
21:52 et qu'on n'avait pas Internet.
21:54 Maintenant, on a une multitude.
21:56 Alors, effectivement, quand on dit "les médias", ça ne correspond plus à rien.
21:59 Quand on dit "les journalistes", ça ne correspond plus à rien.
22:02 Parce que pour animer tout cet énorme tube médiatique,
22:08 il faudrait beaucoup plus de journalistes,
22:10 et il faudrait beaucoup plus de vérificateurs, etc.
22:14 - Bien. Nous allons observer une nouvelle page de pub,
22:17 et ensuite, Éric va se joindre à nous.
22:19 Éric est dans la bureautique, et il nous appelle de Nîmes.
22:23 À tout de suite.
22:24 11h34, Éric est avec nous.
22:27 Éric nous appelle de Nîmes.
22:28 Vous travaillez dans la bureautique, Éric, c'est cela ?
22:30 - Oui. - Bonjour.
22:31 - Bonjour, M. Bourdin. - Bonjour.
22:33 - Je vis dans la bureautique, oui.
22:34 - Merci d'être avec nous, Éric.
22:35 Que vouliez-vous dire à propos des médias ?
22:37 - Alors, moi, je trouve que ça manque d'objectivité.
22:41 Les journalistes ne sont pas assez exprès critiques.
22:43 Ils n'analysent pas à fond les problèmes.
22:45 Je peux vous donner des exemples concrets.
22:47 - Allez-y, un exemple.
22:48 - Le plus souvent, on entend parler des femmes isolées.
22:50 À quel moment on parle des pères isolés ?
22:52 Jamais.
22:53 Parce que les gens sont dans la pensée unique.
22:55 Moi, ce à quoi je m'attaque, c'est la pensée unique.
22:57 Autre exemple, on dit que...
22:59 - Parce que les femmes isolées sont plus nombreuses que les pères isolés, aussi, hein ?
23:02 - Peut-être, mais il y a des pères isolés, il y en a autant,
23:04 puisqu'ils sont... Si c'est une vieille, c'est qu'ils sont divorcés.
23:07 Si ils sont divorcés, c'est un peu autant de pères.
23:08 C'est bon.
23:09 - Allez-y, Eric. Autre exemple.
23:11 - Alors, manque de critique.
23:14 Par exemple, je n'entends pas d'auditeurs se plaindre qu'ils ne gagnent pas assez dans leur vie.
23:19 Ils manquent d'argent, et en même temps, ils sont contre la réforme des retraites.
23:23 Mais en disant ça, ils se contredisent.
23:25 Mais il n'y a aucun journaliste qui leur dit.
23:27 Parce que s'ils partent plus tard à la retraite, ils vont perdre 30% de leur salaire.
23:30 Ce n'est pas un moyen de gagner plus, ça.
23:32 - Vous dites, les journalistes...
23:34 - Moi, je vous en trouve 10 raisons d'être contre la réforme.
23:37 - Vous dites, si je comprends bien, les journalistes ne sont pas assez dans la contradiction.
23:42 Ne posent pas assez de questions.
23:44 - Ils n'analysent pas assez les choses.
23:46 Moi, je vous donne un exemple aussi.
23:48 Concernant le vote, j'ai trouvé 30 raisons de ne plus aller voter.
23:52 C'est ma spécialité, c'est pousser les arguments.
23:54 30 raisons de ne plus aller voter, et je propose un autre système.
23:57 Je ne vais pas en parler maintenant, on n'a pas le temps.
23:59 Le problème, c'est qu'on est dans un système...
24:01 Alors, il y a les ongles de gauche, le journaliste de droite.
24:03 On est dans un système d'idéologie.
24:05 Pour sortir de cette idéologie, il faut sortir...
24:07 Le problème, c'est que le pouvoir est possession.
24:09 On est dans un système où le pouvoir est possession.
24:11 Ils se battent pour avoir le pouvoir.
24:13 Pour ne plus que le pouvoir soit possession,
24:15 il faut refaire une union de façon.
24:17 Moi, j'ai bien bien à proposer, mais il faut du temps pour que je vous l'explique.
24:19 Ce serait des référendums par internet.
24:21 - Merci Eric.
24:23 Merci Eric, qui n'est pas très consommateur de médias.
24:26 Enfin, du moins, qui conteste vraiment.
24:28 Est-ce qu'aujourd'hui, j'ai une autre réflexion comme ça qui me vient à l'esprit.
24:33 Est-ce qu'aujourd'hui, les médias sont très négatifs, très critiques ?
24:36 Toujours dans le catastrophisme, l'outrance.
24:39 L'outrance. Est-ce qu'aujourd'hui, on cherche l'outrance ?
24:42 On cherche le buzz, mais on cherche l'outrance.
24:44 - C'est consubstantiel.
24:46 Malheureusement.
24:48 Mais, qu'est-ce qui intéresse ?
24:50 Prenons un exemple. Dans la fiction.
24:53 Pour qu'il y ait une histoire, il faut qu'il y ait un conflit.
24:57 S'il n'y a pas de conflit, on s'emmerde.
24:59 Donc, on écoute des histoires, parce qu'il y a un héros qui a des problèmes, qui a des difficultés,
25:04 qui surmonte des obstacles qui sont en lui-même, parce qu'il a des ennemis.
25:08 C'est ça qui fait la fiction.
25:10 Et dans le journalisme, c'est pareil.
25:13 - Mais le journalisme n'est pas de la fiction.
25:15 - Oui, mais dans le réel, c'est pareil.
25:17 - Mais dans le réel, si... - Oui.
25:19 - Parce qu'on choisit les faits dont on parle.
25:21 Si on fait le journal des gens heureux et des villes sans problème,
25:24 personne ne va le lire.
25:26 Personne ne va le lire.
25:28 Il faut doser les choses.
25:30 Il faut parler des choses qui sont des malheurs, qui sont catastrophiques.
25:34 Et on en vit largement.
25:36 - Mais le journalisme peut être constructif.
25:39 - Voilà. Le journalisme peut être constructif aussi.
25:41 - C'est ce qu'on appelle le journalisme de solution.
25:43 C'est une tendance qui s'est développée depuis 10-15 ans
25:46 et qui est une bonne chose.
25:48 J'en ai fait, moi, à l'Ibée, des numéros sur les solutions.
25:52 C'est intéressant. - Mais ça ne marche pas.
25:54 - Il n'y a pas de drame. - Mais ça ne marche pas.
25:56 - Ça ne marche parce qu'on en faisait un par an.
25:58 - Oui, évidemment. - Ça faisait une exception.
26:00 Les gens allaient voir. Ça changeait.
26:02 Si j'avais fait ça tous les jours, ça ne marchait plus.
26:06 Parce qu'en plus, dans la vie, quand vous habitez dans une rue,
26:10 tous les jours, il y a des voitures qui passent.
26:12 Vous n'allez pas dire qu'aujourd'hui, il n'y a pas eu d'accident.
26:14 Quand il y a un accident, vous allez dire qu'il y a eu un accident.
26:17 C'est l'accident qui fait le drame.
26:19 - Oui, la catastrophe est la une.
26:22 On l'a vu avec Marseille.
26:24 Depuis dimanche, on parle beaucoup de Marseille.
26:27 C'est humain. Il y a un immeuble qui s'est effondré.
26:29 La catastrophe fait la une.
26:31 - C'est ce que les psychologues appellent le biais de négativité.
26:34 C'est-à-dire qu'on est plus intéressé par ce qui est négatif
26:37 que par ce qui est positif.
26:38 Ah bah si, c'est prouvé par les sciences cognitives.
26:40 - Les sciences cognitives et les psychologues, ce n'est pas la même chose.
26:43 - Les psychologues cognitifs... - Ah oui, ce n'est pas de la psychologie.
26:46 - Mais attendez, je peux peut-être...
26:48 C'est prouvé. Il y a des articles scientifiques.
26:50 C'est une vraie discipline de recherche.
26:52 Et c'est ce que vous avez décrit, Laurent Geoffrin.
26:54 C'est-à-dire que notre esprit est attiré par le négatif.
26:57 Donc quand il y a quelque chose de négatif, on veut aller...
26:59 On veut savoir et pourquoi.
27:01 En fait, on peut l'expliquer par des choses très archaïques
27:03 qui sont qu'on veut connaître le danger
27:05 parce qu'on veut aussi, a priori, pouvoir s'en protéger.
27:07 Donc il y a quelque chose d'humain dans le fait d'être attiré par le négatif.
27:10 - Vous appelez ça le négatif, ce n'est pas le négatif.
27:13 C'est simplement ce qui sort de l'ordinaire.
27:16 - Non, un événement négatif qui sort de l'ordinaire...
27:18 Non, non, là on parle des événements dramatiques.
27:20 - Si il est dramatique, oui...
27:22 - Et donc le travail des médias, c'est de faire la part des choses.
27:25 C'est se dire "oui, on doit vendre notre journal,
27:27 donc on va parler des choses dramatiques et catastrophiques,
27:30 mais quand on peut le faire, s'il y a des faits positifs
27:33 à dire sur notre pays, sur notre environnement, on va le faire."
27:37 - Il y a un autre aspect du travail de journaliste dont on ne parle pas,
27:40 c'est la hiérarchisation de l'information,
27:42 qui est essentielle.
27:43 C'est-à-dire qu'on met en avant telle ou telle information.
27:47 - C'est là où la subjectivité est cachée.
27:50 - Non, non, non...
27:52 - Pourquoi donc ?
27:54 - La hiérarchisation, elle provient du fait qu'on veut
27:57 toucher tel ou tel public.
27:59 Qu'on parle pendant une heure, ou une demi-heure,
28:02 au JT de TF1 de la neige, parce qu'il neige, et pas de l'Ukraine...
28:06 - Et ça fait de l'odéance la neige.
28:07 - Non, mais...
28:08 - Ça fait monter la neige de sable.
28:09 - C'est pas ça, vous voyez du mauvais côté.
28:12 C'est parce que le public, il est concerné directement par la neige,
28:16 et qu'il a envie de savoir ce qui se passe.
28:18 S'il neige au pied de chez lui, ou à 200 km,
28:20 ça il veut savoir, donc on lui en parle.
28:23 La rédaction pense que c'est quelque chose dont il faut lui parler.
28:27 Et puis, quand il se passe un truc en Ukraine,
28:30 s'il y a de la neige en même temps...
28:32 - Elle trahit le public.
28:33 - Et on a bien vu...
28:35 - Mais remarquez, on a vu deux exemples avec les chaînes de télévision continue.
28:38 L'une, LCI, qui parle de l'Ukraine du matin au soir,
28:41 et une autre, BFM, qui a parlé de Palmat du matin au soir.
28:45 En mettant finalement...
28:48 - Ça s'appelle "On trahit les vaches".
28:50 - Oui, "On trahit les vaches".
28:52 - Ça s'appelle "On trahit les vaches", oui.
28:54 - Le fait de le faire a toujours été quelque chose de très attirant pour les médias.
28:59 - C'est parce que c'était Palmad.
29:02 - Mais même pour tous les autres.
29:04 Si on prend Jonathan Baval...
29:06 - Il y a quand même des cas...
29:08 - Les élites corruptes dans la drogue...
29:10 - Il y a quand même des cas où les journalistes...
29:12 - On a tout eu !
29:14 - Les journalistes tordent, et je m'inclue dedans,
29:16 de parler des choses qui les intéressent, eux, et pas forcément les gens.
29:20 Pas sur tous les sujets.
29:22 Mais prenez quelque chose comme l'écriture inclusive.
29:25 Je pense que 90% des Français ne savent pas ce que c'est,
29:28 et bien heureusement pour eux, ils n'en ont rien à faire.
29:31 En revanche, ça a été un gros débat médiatique.
29:33 Tout le monde a son mot à dire, à gauche, à droite, la première.
29:36 Et je crois que les gens, nos auditeurs,
29:39 pensent, à mon avis, quand ils reprochent des choses aux médias,
29:42 ils pensent que les médias s'intéressent beaucoup à eux,
29:44 à leur vie, à leur vie parisienne, souvent.
29:46 - Ce qui n'est pas faux, d'ailleurs.
29:48 - Justement, c'était l'un des aspects que j'allais aborder,
29:50 le parisianisme des médias.
29:52 - C'est parce que la plupart des grands médias sont à Paris,
29:56 les journalistes vivent en région parisienne,
29:58 et donc Paris, c'est la valeur par défaut, d'une certaine façon.
30:02 Et il faut faire très attention, je pense, dans notre travail,
30:05 à ne pas être trop parisien,
30:07 dans notre regard, dans nos commentaires.
30:10 - Et alors, juste une petite remarque pour finir,
30:12 quand on invite des gens à une émission,
30:14 on part du principe qu'ils habitent Paris.
30:16 On leur dit "Voilà, venez demain, à 10h, à 15h, à 20h",
30:20 mais si vous habitez au fin fond de la France, vous faites comment ?
30:22 - Maintenant, par Zoom, on met dans les radios dans tous les cas,
30:27 ou dans les télévisions, des intervenants en direct.
30:29 - Vous le faites ici, mais il y a des médias qui refusent de le faire.
30:32 Et donc, ça va finalement mettre de côté des tas de gens,
30:37 et ça va même impliquer que les gens, les journalistes qui veulent participer à cette vie publique,
30:42 doivent vivre à Paris.
30:43 - C'est pour ça qu'il est bon parfois d'aller faire des émissions,
30:44 et présenter des émissions, ou organiser des émissions,
30:46 à l'extérieur, et notamment en province.
30:48 Vous voulez ajouter quelque chose, Patrick Eveneau ?
30:51 Ou 11h40 ? Non, je vais faire la pub.
30:53 Allez, 11h43.
30:54 - Jean-Jacques Bourdin.
30:55 - Il est 11h46. Nous prenons Virginie, qui est à Paris.
30:58 Bonjour Virginie.
30:59 - Bonjour.
31:00 - Vous avez été journaliste, Virginie.
31:03 - Oui, j'ai été journaliste à un moment donné,
31:06 et j'ai quitté la profession, tout en restant quand même attentive à ce qui se fait en radio, en télé, ou dans la pression.
31:17 - Et alors, quelles remarques faites-vous ?
31:20 - Alors, moi ce que je constate, quand je regarde les chaînes de télé actuelles,
31:25 si je regarde LCI, ou CNews, et les autres,
31:29 je me demande, mais qu'est-ce qu'on apprend aux journalistes,
31:32 aux jeunes journalistes dans les écoles de journalisme maintenant ?
31:35 - C'est-à-dire ?
31:36 - Je me demande, je pense, je suis à me questionner,
31:41 parce que quand j'ai fait l'école du Louvre, à la rue du Louvre,
31:45 les codes étaient bien précis,
31:47 et à l'heure actuelle, on a l'impression que les codes, ils sont carrément défaits.
31:51 Il y a certains journalistes, je parle de jeunes qui animent certaines émissions à l'heure actuelle,
31:58 sur LCI notamment,
32:01 on a l'impression qu'ils n'ont plus de repères.
32:04 Ils sont à la roue libre, et qu'ils ont un peu comme modèle...
32:09 - Manque de formation, manque de culture, de sens critique ?
32:12 - Manque de formation.
32:14 Le sens critique, justement, prend le dessus,
32:17 non pas dans le bon sens, c'est-à-dire d'analyser l'événement comme il se doit,
32:22 mais de faire passer son opinion, de faire passer l'opinion de la chaîne éventuellement.
32:27 J'ai l'impression qu'il y a une mauvaise influence de certaines écoles américaines,
32:34 de certaines formations américaines,
32:38 et on a l'impression qu'on veut absolument être dans la contradiction pour être dans la contradiction,
32:44 donc pour faire le buzz.
32:45 En réalité, ce qu'on va chercher, c'est d'abord de faire le buzz.
32:48 Avant de faire passer une information,
32:50 avant de décrypter une information, de donner la vraie information,
32:54 qu'est-ce que le journaliste va faire ?
32:57 Il va faire le buzz, d'abord faire le buzz.
33:00 - Bien, merci Virginie, vous pensez qu'aujourd'hui il y a cette recherche du buzz ?
33:04 - Il y a des gens qui recherchent le buzz,
33:06 notamment sur un certain nombre de chaînes d'information,
33:08 sur les chaînes de plateau, là où il n'y a pas de vrais journalistes,
33:11 en fait il y a des commentateurs.
33:12 Mais d'abord, il n'y a que un tiers des journalistes qui sortent des écoles de journalisme.
33:16 Les deux autres tiers, un tiers seulement.
33:18 Et ça progresse très très très lentement,
33:21 et moi j'ai enseigné à l'ESG de Lille et à l'IPJ à Paris,
33:24 donc je connais bien le mouvement,
33:26 ils sont très bien formés.
33:27 Sauf que, ils sont formés aussi, déformés,
33:31 parce qu'on leur demande parfois de parler de sujets qu'ils ne connaissent pas,
33:35 qu'ils n'ont pas le temps de creuser,
33:36 qu'ils creusent avec 3D-Pêche AFP et de Twit,
33:39 et donc là il y a un véritable problème.
33:41 Mais on confond sans arrêt ces émissions de plateau,
33:45 où il y a des gens qui sont incompétents,
33:48 sur plein de sujets, qui parlent de tout et de n'importe quoi,
33:51 et puis les émissions où il y a des vrais reportages.
33:56 - Et puis j'ai une autre question,
33:57 je m'adresse à quelqu'un qui a dirigé un journal,
34:00 et vous dirigez une rédaction,
34:02 dites-moi, est-ce que vous laissez le temps à vos journalistes d'enquêter sur le terrain ?
34:07 Est-ce qu'il n'y a pas aussi un problème permanent d'argent,
34:11 parce que ça coûte cher ?
34:12 Et de... Non ? Vrai ou pas ?
34:14 - Si c'est vrai, parce que...
34:15 - C'est vrai, mais...
34:16 - Oui. - Si on avait plus de moyens, ça serait mieux,
34:19 les mettre des gens trois semaines sur une enquête,
34:22 on ne peut pas le faire parce qu'on n'a pas assez d'argent.
34:24 C'est tout à fait vrai.
34:25 Mais il y a une autre chose, c'est que,
34:27 quand il y a le 11 septembre,
34:28 vous ne pouvez pas apparaître le 14 septembre,
34:30 ce n'est pas possible ça.
34:31 - Oui, ça c'est sûr. - Vous êtes obligés...
34:33 - Oui, ça c'est vrai.
34:35 - C'est une lapalisade, mais elle est profonde.
34:38 - Oui, je comprends.
34:39 - Vous êtes obligés d'improviser.
34:41 - L'immédiateté.
34:42 - C'est tout de suite, il faut dire, tout de suite,
34:44 il faut essayer de donner, de les rassembler, les éléments, etc.
34:46 Et je me souviens très bien que j'étais à l'Obs à l'époque.
34:49 On avait 4 heures pour changer toute la...
34:54 et faire la une d'un hebdo.
34:56 Après ça dure une semaine.
34:57 Donc si il y a une connerie, elle dure une semaine.
34:58 - Comme c'était un mardi, le 11 septembre,
35:00 et que tu bouclais le mardi soir ?
35:01 - Exactement, je bouclais le mardi soir.
35:03 Et le soir, on s'est dit,
35:04 "Mais c'est des islamistes ou pas ?"
35:07 Il y avait des éléments, il y avait des bribes,
35:10 on sentait, etc. - J'étais sur un site,
35:11 on avait vécu la même chose, on en a tous vécu.
35:13 - C'est moi qui ai dit, "Bon, oui, ça doit être des islamistes,
35:15 c'est pas possible autrement, etc."
35:17 Donc on a mis Ben Laden en...
35:19 - A la une.
35:20 - A la une. En silhouette.
35:22 - En silhouette, oui.
35:23 - Mais bon, c'était risqué quand même.
35:24 - Oui, c'était risqué, mais c'est tout ce qu'on a.
35:26 - On n'a jamais le temps, c'est vrai.
35:28 - Moi, tu ne diriges pas à l'Express,
35:29 je suis rédactrice en chef des pages débats/idées.
35:31 - Des pages débats, oui.
35:32 - Et alors justement, c'est ce qu'il y a de plus froid,
35:33 enfin en journalisme, ça veut dire ce qui est le moins urgent.
35:36 Donc là, on a le temps de prendre son temps,
35:38 et nous, on fait des enquêtes au long cours.
35:40 On a sorti, par exemple, une enquête sur quelqu'un
35:43 qui s'appelle Idrissa Berkane, je ne sais pas si vous le connaissez.
35:46 - Oui, je connais.
35:47 - Qui fait des neurosciences, mais qu'on a dépeint
35:50 comme un petit peu charlatanesque, voire beaucoup.
35:53 On a mis six mois.
35:55 Alors ça ne peut sembler pas beaucoup pour certains enquêteurs.
35:59 - Non, mais c'est bien.
36:00 - Je trouve que par rapport au standard d'une rubrique de débats/idées,
36:02 c'est pas mal.
36:03 Et d'ailleurs, c'est ça que les gens ont envie de lire,
36:06 parce que ce sont ces articles qui ont du succès.
36:08 - Et puis le public interprète lui-même
36:11 le propos du journaliste ou l'image qu'il voit,
36:15 en fonction de ses opinions.
36:17 - Voilà, c'est très important.
36:19 À mon avis, l'opinion sur les médias ne peut pas être positive.
36:22 - Mais non.
36:23 - Parce qu'on a des convictions intimes,
36:25 et on a ce qu'on appelle le biais de confirmation.
36:28 - Et on a envie que le journaliste aille dans son sens.
36:32 - Et s'il vous montre des faits qui ne vont pas dans votre sens,
36:35 vous allez dire "mais pourquoi il met ça en exergue ?"
36:38 C'est pas ça qui est important, c'est l'autre fait qui est important.
36:41 Et comme tout le monde a une opinion et qu'elle est contradictoire,
36:44 vous avez de fortes chances qu'au moins la moitié des gens disent
36:47 "les journaux c'est pas bien, les journalistes disent n'importe quoi".
36:50 - Moi je faisais ça à la Sorbonne avec mes étudiants,
36:52 je leur montrais un quart d'heure de JT à 50 étudiants dans un amphi,
36:57 je leur montrais un quart d'heure de JT,
36:59 et après ça je leur disais "marquez-moi sur un papier ce que vous avez vu".
37:04 Qui parle de quoi quand comme à ?
37:07 Et ben ils n'étaient pas tous d'accord entre eux.
37:09 - Bah évidemment. Alors Pierre, justement on va prendre Pierre,
37:12 vous allez pouvoir conclure. Laetitia Pierre, bonjour.
37:15 - Oui bonjour mon cher Jean-Jacques, merci de m'accueillir,
37:18 bonjour aux intervenants.
37:20 - Vous êtes un très gros consommateur de médias depuis 30 ans, je le sais Pierre.
37:23 - Oui, oui, oui, oui, on sait que vous le savez.
37:27 - Je vous connais depuis longtemps, je vous connais d'RMC,
37:30 je vous retrouve, ça me fait plaisir d'ailleurs.
37:32 - Je vous parle de RMC, je suis très heureux...
37:34 - Vous ne me rajeunissez pas, ni vous non plus au passage.
37:38 - Non, ça ne nous rajeunit pas, mais vous savez à quel point je suis passionné
37:41 de médias, d'informations...
37:43 - Je sais, je sais, et toujours juste, avec un regard souvent juste.
37:46 - Alors justement, c'est pour ça que là je me suis dit,
37:49 il faut quand même que je passe un coup de fil.
37:51 - Alors allez-y, allez-y. Pas long, hein Pierre ?
37:53 - Non, non, alors je vais essayer d'être le plus concis.
37:56 La culture du point d'interrogation et du conditionnel de LCI par exemple,
38:01 mais pas seulement, je ne parle même pas de CNews,
38:03 comme vous avez dit, ce sont des médias engagés, complètement engagés,
38:06 et qui d'ailleurs, bon, toujours dans le même sens orientés,
38:09 donc là, quand on a un œil un peu averti, on voit bien à qui on a affaire.
38:13 Mais LCI par exemple, sur la guerre en Ukraine,
38:16 qui est la chaîne qui le couvre le plus,
38:18 je trouve complètement hallucinant depuis un an,
38:20 on a eu Poutine qui a fait assertiner ses sosies,
38:23 on a eu Poutine qui avait un cancer en phase terminale,
38:25 on a eu je ne sais plus quelle ânerie encore qui a été déblatérée à l'antenne
38:32 et débattue pendant des heures,
38:34 et tout cela venant des informations données par les services ukrainiens,
38:38 par les services britanniques et par les services américains.
38:41 Donc, on met un point d'interrogation en dessous le bandeau,
38:43 et on dit "Poutine aurait un cancer", voilà, et alors on en débat.
38:48 - Oui, "Poutine est-il malade ?" point d'interrogation.
38:50 - Voilà, alors la culture du point d'interrogation,
38:52 depuis quelque temps maintenant, depuis une année, c'est assez hallucinant,
38:55 parce qu'en fait, qu'est-ce qu'on voit ?
38:57 L'observateur qui n'est pas averti voit comme si c'était une information,
39:01 puisqu'on en débat.
39:02 C'est donc qu'il existe bien quelque chose derrière.
39:05 Et tout cela vient uniquement, et c'est ça que je trouve le plus grave,
39:09 d'une seule source.
39:10 C'est fou quand même.
39:11 - Mais Pierre, il y a des journalistes,
39:14 alors je ne vais pas faire la promotion de certains journalistes hommes ou femmes,
39:17 mais des journalistes qui fuient ce genre de choses
39:21 et qui essaient de rester très fidèles aux faits.
39:25 Pierre, vous avez raison de soulever cette question,
39:29 et je vais faire un tour de table, et ça nous permettra de terminer notre débat.
39:32 Merci Pierre, dans tous les cas.
39:34 Vous avez soulevé une vraie question.
39:37 Mais je le savais, je le savais.
39:39 Bon, allez, à bientôt Pierre, à bientôt.
39:42 - Merci à vous.
39:43 - Dans les journaux où j'étais, il y avait deux adages.
39:46 Un, pas de point d'interrogation,
39:48 parce que vous êtes censé apporter des réponses et non pas des questions.
39:51 Les questions, vous les posez au début de l'enquête, et après vous donnez les réponses.
39:54 - Bah évidemment.
39:55 - Même si elles sont difficiles ou pas tout à fait censées.
39:58 Mais pas de point d'interrogation et pas de conditionnel.
40:01 Ce que vous écrivez, c'est vrai,
40:03 ou on n'est pas sûr que ce soit vrai, à ce moment-là vous ne l'écrivez pas.
40:07 - Pas de point d'interrogation, pas de conditionnel.
40:10 - Non, surtout pas.
40:11 Mais je pense qu'il faut surtout de la bonne foi.
40:13 C'est-à-dire que même si on sait qu'on n'est pas parfaitement objectif,
40:16 une fois qu'on a recueilli les faits, qu'on a fait le travail,
40:18 ensuite on a quand même un point de vue,
40:21 on peut être un peu subjectif mais de bonne foi.
40:24 Et ça c'est très important.
40:26 - Pas de point d'interrogation, pas de conditionnel.
40:29 - Pas d'exclamation, pas de conditionnel,
40:31 ou on le sait ou on ne le sait pas.
40:33 Donc on dirait que non, bah non on ne sait pas.
40:36 Et puis alors, comme disait un rédacteur en chef il y a fort longtemps,
40:41 pour les adjectifs tu viens de voir avant de les mettre.
40:46 - Oui, qualificatif.
40:49 Adjectif qualificatif.
40:51 N'oublions pas, qui qualifie, qui qualifie un fait.
40:54 - Et ça change tout de suite le fait.
40:56 - Et ça change tout de suite le fait, évidemment.
40:58 Bien, merci à tous les trois d'être venus nous voir pour débattre,
41:01 dialoguer, réfléchir à notre métier que nous aimons.
41:05 Il est 11h56, vous êtes sur Soudradio.

Recommandée