Dans son édito du 02/05/2023, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]
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00:00 Tout est ensemble, ce n'est pas surprenant chez lui.
00:03 C'est de la charité chrétienne.
00:05 Ah oui, ils appellent ça comme ça.
00:06 Expliquez-nous.
00:07 Reprenons les étapes de son raisonnement.
00:09 En Hongrie, le pape François nous dit
00:12 « Il est triste et douloureux de voir les portes fermées,
00:15 les portes fermées de notre égoïsme envers ceux qui marchent chaque jour à nos côtés,
00:20 les portes fermées de notre indifférence à ceux qui sont dans la souffrance et la pauvreté.
00:25 S'il vous plaît, ouvrons les portes ! » dit-il à Viktor Orbán et plus largement aux Européens.
00:31 Il faut donc comprendre que pour le pape François,
00:34 l'Europe en ce moment ne reçoit pas assez de migrants
00:38 et n'est pas assez accueillante à leur endroit.
00:41 Pour le pape François, l'Europe est un continent fermé, forteresse,
00:46 qui n'est pas assez accueillant.
00:47 Premier élément, je reviendrai.
00:48 Ça donne des envies de laïcité de temps en temps.
00:50 Qu'il s'occupe du gouvernement de Mozart.
00:53 Vous aussi, Charlotte.
00:54 On s'occupera de nos remparts.
00:55 Envie de laïcité.
00:57 Ensuite, les croyants dans le Christ mettent à la première place la charité qui unit
01:02 et non pas les différences historiques, culturelles et religieuses qui divisent.
01:08 Je reviendrai parce que c'est intéressant.
01:09 Le pape François, qui a un rapport trouble à la logique,
01:12 dit le contraire quand on parle d'autres peuples.
01:14 Mais je poursuis.
01:16 Il poursuit.
01:17 Il poursuit, on le dit à sa manière, finalement, le migrant au visage christique.
01:20 Je cite le passage dont vous m'avez parlé, qui est assez remarquable.
01:24 Il invite, en fait, il nous dit, les villages d'Europe sont souvent vides.
01:29 Donc, on va demander aux migrants de les repeupler.
01:31 Je cite.
01:32 Il y a un autre problème qui est lié à la migration, c'est le taux de natalité.
01:36 Il y a des pays comme l'Italie et l'Espagne qui ne font pas d'enfants.
01:39 Et l'année dernière, j'ai pris la parole lors d'une rencontre des familles sur cette question.
01:43 Et récemment, j'ai constaté que le gouvernement italien et d'autres gouvernements
01:47 en parlaient également.
01:48 La moyenne italienne est de 46 ans.
01:50 En Espagne, c'est encore plus élevé.
01:52 Et il y a les petits villages déserts.
01:54 Un programme migratoire, mais bien porté, reprenant le modèle que certains pays ont fait
01:58 adopter en matière de migration.
01:59 Je pense, par exemple, à la Suède, peut aussi aider ces pays qui ont un faible taux de natalité.
02:04 Donc, le pape François, je ne pense pas trahir sa pensée, nous explique qu'il propose
02:08 une substitution programmée de population, et en faisant en sorte que les populations
02:13 européennes ne se reproduisent pas assez, on trouve un principe de substitution chez
02:17 les populations venues d'ailleurs.
02:19 Ça fait penser à Calax, soit dit en passant.
02:21 C'est-à-dire cette idée qu'il faut généraliser.
02:23 La population n'est plus suffisante, les êtres humains, on passe, ce que j'appelle
02:26 moi, la diversité des peuples à l'interchangeabilité des populations.
02:30 Et le pape, à travers tout ça, nous dit, eh bien, les différences, les identités,
02:34 c'est dépassé, laissez ça de côté, ce n'est plus pour notre temps.
02:38 Mais ça a l'air généreux, ça a l'air normal, ça a l'air l'amour des uns pour
02:43 des autres.
02:44 Est-ce que le pape François n'a pas raison de demander au peuple de ne pas s'enfermer
02:47 dans leurs différences ?
02:48 Alors, le pape François nous dit que les peuples ne doivent pas s'enfermer dans leurs
02:51 différences.
02:52 Sauf que, mars 2023, le pape François, parlant des peuples indigènes, avec leur culture…
02:59 Indigènes ?
03:00 Oui, des peuples indigènes, qui ont un statut particulier pour lui.
03:03 Avec leur culture, leur langue, leur tradition et leur spiritualité, il est vite allé
03:07 respecter leur dignité et leurs droits en ayant conscience que la richesse de notre
03:11 grande famille humaine consiste précisément dans sa diversité.
03:16 Alors là, mon cerveau, il fait « boom », il ne comprend plus, il y a quelque chose
03:19 qui ne fonctionne pas.
03:20 Donc, si je comprends bien la logique, puis en plus, il nous explique que ce sont des
03:23 peuples indigènes qui ont un rapport originel à la nature.
03:27 Ils ont une forme de supériorité morale chez eux parce qu'ils sont en harmonie avec
03:31 la Terre, à la différence des peuples européens qui, eux, auraient saccagé la planète.
03:36 Donc, il y aurait une forme de hiérarchie des peuples, et cette hiérarchie se juge
03:41 dans leur rapport à la nature, et certains ont le droit de conserver leur identité,
03:45 et d'autres n'ont pas le droit de la conserver parce que leur identité serait dégradée.
03:50 C'est-à-dire, c'est une forme de hiérarchisation des peuples.
03:52 Certains ont le droit de garder leur identité, d'autres pas.
03:54 Il devrait y avoir un nom pour ça, mais il ne me vient pas à l'esprit.
03:57 Ensuite, ce qui est valable pour les peuples indigènes n'est pas valable pour les peuples
04:02 européens.
04:03 C'est-à-dire que les personnes, du point de vue du pape François, des peuples européens
04:06 qui sont restés dans leur pays depuis des milliers d'années ne sont pas des peuples
04:09 indigènes ou autochtones chez eux.
04:10 C'est intéressant.
04:11 Probablement qu'en Italie, ils diraient que les seuls véritables indigènes sont les
04:14 étrusques.
04:15 Après ça, ce sont les migrants.
04:16 Ça m'intéresse quand même comme point de vue.
04:18 Alors, il y a à travers ça, évidemment, la pensée du pape François, qui est une pensée
04:22 globalement hostile à l'Europe, quoi qu'on en dise.
04:25 Parce qu'à l'Europe, c'est une espèce de basculement.
04:28 Benoît XVI avait cette idée.
04:32 Il s'inquiétait beaucoup de la déchristianisation de l'Europe.
04:35 Il disait que l'Europe qui se déchristianise n'est plus l'Europe.
04:38 Mais il sait qu'il était aussi, bien qu'il ne le disait pas dans ses termes, de ce qu'on
04:41 pourrait appeler la déseuropéanisation du christianisme.
04:44 Et je pense qu'avec le pape François, on est avec cette espèce de déseuropéanisation
04:47 du christianisme.
04:48 Un christianisme qui, pour devenir véritablement universel, pour véritablement embrasser l'ensemble
04:53 de l'humanité, doit sacrifier son berceau historique, doit sacrifier le continent qui
04:58 en a fait presque un principe de civilisation, doit sacrifier le continent qui en a fait
05:02 une identité culturelle bimillénaire.
05:05 Pour que le christianisme devienne véritablement universel pour le pape François, il doit,
05:09 d'une certaine manière, rompre avec l'héritage de l'Europe.
05:12 Et tout ce qu'on va tolérer comme identité pour les Européens, c'est ce principe d'accueil
05:17 infini de la différence.
05:19 C'est singulier.
05:20 Vous devez accueillir la différence de l'autre, mais à partir de quelle position qu'elle
05:24 a vôtre ? Est-ce que vous avez votre propre différence ? Non ! Parce que vous ne devez
05:28 pas vous y enfermer.
05:29 Donc pour s'ouvrir à la différence de l'autre qui est essentielle, vous devez gommer votre
05:33 propre différence et ne conserver du christianisme qu'un principe d'accueil universel qui vient
05:39 abolir les frontières, qui vient abolir les pays, qui vient abolir les cultures, qui
05:42 vient abolir les patries.
05:43 Je vous l'ai dit, tout cela me donne un féroce désir de laïcité que le pape François,
05:48 si ça l'intéresse, cherche à convertir les âmes.
05:51 Je crois comprendre que ça ne l'intéresse pas beaucoup.
05:52 Mais si ça pouvait l'intéresser, tant mieux.
05:54 Pour le reste, on s'occuperait de nos remparts et de nos cités.
05:56 Gardez un peu de foi.
05:58 Charlotte, votre regard, ensuite, marque rapidement, très rapidement.
06:01 En trois secondes, je dirais simplement qu'en effet, l'Église me l'a donné pour père,
06:04 mais elle m'a aussi donné l'immense liberté de pouvoir être en désaccord avec mon père.
06:08 Voilà.
06:09 Mais c'était extraordinaire, pardon.
06:11 Le laïc.
06:12 Le laïcard.
06:13 Le pape dit « Vive l'animisme », parce que ces peuples indigènes, leur culture qui
06:18 les dénigre, c'est l'animisme.
06:20 Alors si c'est l'animisme qui domine, adieu Jésus, adieu Dieu, puisque ce sont les forces
06:25 de la nature qui nous gouvernent et on en appellera aux esprits.
06:28 Vous savez, quelquefois, c'est difficile.
06:30 Pour les catholiques, je crois que c'est assez difficile de l'être, parce qu'il
06:33 faut l'être malgré ce qui est devenu l'Église, malgré le pape, malgré ce que devient le
06:38 pape.
06:39 De ce point de vue, leur foi est absolument admirable.
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