Démission du maire de Saint-Brevin : "L'Etat met en tout en œuvre pour essayer de protéger tous les élus", défend un député Renaissance

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Guillaume Kasbarian, député Renaissance d'Eure-et-Loir et président de la commission des affaires économiques, invité du 18h20 franceinfo de Jean-François Achilli, jeudi 11 mai 2023.
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00:00 - Bonsoir à vous Guillaume Casparian. - Bonsoir.
00:02 - Et bienvenue, nous allons évoquer le projet de réindustrialisation de la France déployée par le président Emmanuel Macron à l'Elysée.
00:08 Vous y étiez aujourd'hui, mais évoquons tout d'abord la vague d'indignation suscitée par la démission du maire de Saint-Brévin-les-Pins en Loire-Atlantique, Yannick Moraise, qui jette l'éponge.
00:19 Vous le comprenez ?
00:22 - En tout cas, je le soutiens et je soutiens tous ces élus de territoire, que ce soit en Er-et-Loire, partout en France, qui tous les jours font face parfois à l'agressivité d'une petite minorité violente, parfois extrémiste, qui essaye de l'emporter par la violence quand elle n'a pas réussi à l'emporter par le vote.
00:40 Et je sais que c'est dur, je sais qu'on a des maires qui portent des projets qui sont parfois pas populaires, qui font pas plaisir à tout le monde, mais je crois qu'en politique, on ne fait pas que des choses populaires pour faire plaisir à tout le monde.
00:50 On fait des projets d'intérêt général et il faut avoir le courage d'y aller. Je comprends que certains soient découragés, bien sûr, et je leur apporte tout mon soutien.
00:57 - Alors c'est ce projet de déplacement d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile près d'une école élémentaire qui a produit des manifestations d'extrême droite, parmi elles, les amis de M. Éric Zemmour, son domicile qui a été visé par un incendie criminel.
01:11 Mais qu'est-ce qu'il dit, cet élu ? Que l'État, au fond, en quelque sorte, a failli aussi dans sa mission de le protéger.
01:17 - L'État fait son maximum. Vous savez qu'on a 35 000 communes, on a des élus municipaux, départementaux, régionaux, des députés, des sénateurs, des députés européens.
01:24 Donc l'État met tout en œuvre pour essayer de protéger tous les élus face aux violences quotidiennes qu'ils peuvent ressentir et avoir, parfois, y compris dans leur domicile.
01:31 Vous savez, moi aussi, j'ai été victime parfois de violences, de menaces, y compris de menaces de mort.
01:36 L'État est souvent présent pour aider, que ce soit les services de la préfecture, de la justice. Moi, je veux saluer le travail des policiers, des gendarmes, de toutes celles et ceux qui apportent leur soutien aux élus.
01:44 Parfois, on peut avoir le sentiment que c'est un peu lent, que l'on est un peu démuni, que l'on est face à des personnes qui sont prêtes à tout et qu'on va pas y arriver.
01:52 Mais je peux vous assurer que derrière, il y a beaucoup de personnes dans l'ombre qui agissent, qui protègent. Et moi, je veux leur rendre aussi hommage aujourd'hui.
01:58 - Qu'est-ce qu'il faut faire, Guillaume Casbarillon ? Mettre un gendarme, un policier devant chaque élu ?
02:02 - Non, parce que je pense que le propre d'un élu, c'est d'aller au contact direct de la population. Sinon, c'est pas la peine d'avoir un mandat ou de s'engager en politique.
02:09 Quand on s'engage en politique, on aime les gens et on aime aller au contact et on n'a pas besoin d'une protection policière permanente.
02:14 Non, ce qu'il faut, c'est que quand il y a des violences, déjà que tout le monde le dénonce, porter plainte, mettre les moyens pour retrouver les fautifs et que la justice soit plus rapide.
02:22 On a un sujet de lenteur judiciaire, mais qui n'est pas que sur ce sujet-là, qui est sur plein d'autres sujets, mais sur lequel il faut accélérer les choses.
02:28 Je pense que quand il y a une sanction et qu'elle arrive rapidement après les faits, déjà, ça marque un peu plus les esprits. Donc il y a une question de rapidité judiciaire qui, à mon avis, est importante.
02:35 Guillaume Kasbarian, vous y étiez, à l'Elysée, le président Emmanuel Macron qui a présenté sa stratégie pour accélérer la réindustrialisation du pays.
02:43 C'est quoi l'idée ? Faire revenir les usines chez nous ? On a envie de vous dire, on a attendu 2023 pour découvrir ça ?
02:51 Non, on n'a pas attendu 2023 pour découvrir ça. Ce qui a été dit par le président de la République, c'est qu'après une quarantaine d'années de désindustrialisation,
03:00 et avec un contexte international particulièrement chahuté, on a, depuis 2017, mis en œuvre beaucoup de choses pour réindustrialiser le pays.
03:08 C'était la réforme du marché du travail, c'était la loi Pacte pour accélérer la croissance des entreprises, c'était la loi Azap pour simplifier les choses pour les extensions de sites industriels,
03:18 c'était toute la baisse d'impôt. On a eu 50 milliards de baisse d'impôt entre 2017 et 2022 qui a été mis en place.
03:23 Et ça a fonctionné en partie parce que nous avons eu de bons résultats encourageants sur la partie industrielle.
03:28 On a eu 300 sites industriels nets créés depuis 2017, 200 depuis 2021, et on a créé surtout 1,7 million d'emplois depuis 2017.
03:37 Donc c'est des bons résultats, mais il faut aller encore plus loin.
03:39 Mais quand il dit mettre en place des procédures hyper simplifiées pour accélérer les implantations industrielles, diviser les délais par deux,
03:45 enfin franchement, ça fait longtemps qu'on aurait dû penser, même commencer par ça.
03:49 On a déjà commencé, la loi Azap d'ailleurs en 2020 portait en partie sur ça.
03:53 C'est trop compliqué, les problèmes d'entreprise en France.
03:55 Oui, c'est compliqué, mais il faut accepter parfois d'aller plus loin, beaucoup plus loin, d'être ambitieux sur le sujet et de fixer des limites.
04:01 Là, ce que l'on veut introduire sur la procédure, c'est par exemple le fait de paralléliser toutes les procédures environnementales, biodiversité que vous pouvez avoir,
04:07 et qui parfois sont décalées, c'est-à-dire qu'elles ne se passent pas toutes au même moment.
04:11 Donc là, on veut réduire les choses pour essayer de passer d'un délai moyen de 17 mois à un délai moyen de 9 mois.
04:17 Il y a quelques années, c'était 3-4 ans pour avoir les autorisations, donc on a déjà fait un premier pas,
04:21 mais là on veut aller un cran plus loin, un cran plus vite, pour accélérer encore plus, parce qu'on est dans une concurrence internationale.
04:26 La France n'est pas dans un igloo, elle fait face à des pays qui déploient des trésors d'inventivité pour attirer des investisseurs,
04:32 et si nous on ne fait rien, du coup on va se faire dépasser.
04:34 Donc nous on veut agir pour aller un cran plus loin que ce qui a été fait ces 5 dernières années.
04:37 Guillaume Casbarian, vous dites "aller plus loin", il y a la Chine face à nous, entre autres les Etats-Unis.
04:43 Les Etats-Unis aussi, avec Zira, tout à fait.
04:44 Emmanuel Macron qui appelle à une pause réglementaire européenne en matière de contraintes environnementales,
04:50 estimant que l'Union Européenne avait fait plus que tous les voisins et qu'elle avait désormais besoin de stabilité.
04:55 Ça veut dire quoi ?
04:56 C'est tout à fait vrai.
04:57 Mais il est marqué une pause, vous vous rendez compte ?
04:59 On est en plein accord de Paris, nous sommes en retard en termes de production de gaz à effet de serre,
05:05 et on ferait une pause aujourd'hui pour réindustrialiser. Quel est le message ?
05:10 Le message c'est que depuis des années, l'Europe a été au top du top de la réglementation environnementale dans le monde.
05:17 On a été un des leaders, des précurseurs sur le recyclage, sur la biodiversité, sur la protection de l'environnement, sur les normes.
05:23 Donc la question qui est posée, ce n'est pas de se dire "on va créer de nouvelles normes pour être les seuls au monde à en créer encore 10 fois plus".
05:29 Le sujet c'est comment est-ce qu'avec les normes très ambitieuses, les plus ambitieuses au monde qu'on a créées,
05:33 on arrive à les mettre en oeuvre et à les atteindre.
05:35 Ce que les entreprises nous disent c'est "vous avez posé un cadre très ambitieux,
05:38 notre enjeu à nous maintenant c'est de réussir à atteindre des objectifs très ambitieux année après année que vous avez fixés à l'avenir".
05:44 Chaque année, chaque 1er janvier, chaque 1er juillet, vous avez des nouvelles choses qui rentrent en application.
05:48 Les entreprises doivent investir massivement pour se conformer à la réglementation européenne.
05:51 Mais on n'est pas les dindons de la farce.
05:53 On ne va pas créer de nouvelles normes franco-françaises ou européennes,
05:56 alors que tous les pays du monde, non seulement n'ont pas fixé de normes, mais ne les atteignent pas.
06:00 Vous êtes en train de nous dire que les normes en question, qui sont quand même destinées à nous sauver du péril climatique,
06:06 nous entravent et nous empêchent de nous réindustrialiser.
06:08 Non, elles sont importantes.
06:10 Parce que les autres ne le font pas, ils font des confasses comme les autres finalement.
06:12 Elles sont importantes, c'est important de les avoir faites, nous les assumons.
06:16 Nous disons simplement que l'enjeu à l'avenir, ce n'est pas de créer de nouvelles normes différentes,
06:22 c'est de garder ces ambitions et ces normes que nous avons créées,
06:25 mais les atteindre et aider les entreprises, les acteurs économiques à atteindre les objectifs fixés.
06:29 Ça ne va pas plaire aux écologistes, ce que vous dites là.
06:31 Mais écoutez, certains écologistes sont dans une optique de décroissance,
06:33 ou leur optique environnementale, c'est de dire qu'il faut produire moins pour sauver la planète.
06:37 La réalité est un peu différente.
06:39 Donc le sujet là, encore une fois,
06:41 est de se dire qu'on garde un très haut niveau d'ambition environnementale, climatique,
06:45 avec des normes que l'Europe et la France ont créées,
06:47 et qui sont encore une fois les meilleures au monde.
06:49 Mais on ralentit un petit peu pour être compétitif.
06:51 Non, c'est qu'aujourd'hui, plutôt que d'en créer encore des nouvelles qui viennent chambouler les écosystèmes,
06:55 on met les moyens pour atteindre les objectifs qu'on a fixés.
06:57 Ultime question, réindustrialiser, faire venir les usines, en quelque sorte,
07:01 et en même temps tenir un discours qui tape sur les super-riches,
07:06 avec notamment M. Attal et sa chasse aux fraudeurs,
07:10 et des contrôles accrus.
07:12 Il n'y a pas une forme de contradiction aussi ?
07:13 Vous allez faire peur à ceux qui veulent investir ou s'installer ?
07:15 Pas du tout. Les deux sont parfaitement compatibles.
07:18 Ce qui est dit, c'est que, bien sûr, nous avons mis en place une fiscalité,
07:22 une baisse d'impôts, pour tous ceux qui créent de la valeur, de l'emploi, de la richesse dans le pays.
07:26 Et donc nous, on n'est pas de ceux qui disent qu'il faut taxer les riches pour que l'économie aille mieux.
07:29 Ce n'est pas notre philosophie, parce que quand vous taxez les riches,
07:31 finalement, les riches finissent par partir.
07:33 Par contre, ce qu'on dit, c'est que la fraude, quelle qu'elle soit,
07:35 elle est grave, elle doit être sanctionnée, elle doit être poursuivie.
07:38 Et que la fraude venant de certains qui ont de gros moyens,
07:41 est encore plus scandaleuse et socialement inacceptable.
07:43 Donc on s'attaque à la fraude de ceux qui fraudent.
07:45 Après, si les Français gagnent leur vie, gagnent de la richesse,
07:48 nous ce qu'on dit, c'est que c'est bien la réussite dans notre pays.
07:50 C'est bien qu'il y ait des personnes qui créent de l'emploi, qui créent de la valeur et de la richesse.
07:53 - Allez, réindustrialiser la France. Merci à vous, Guillaume Casbaryan.
07:57 Je rappelle, député Renaissance d'Or et Loire,
07:59 président de la commission des affaires économiques à l'Assemblée nationale,
08:01 d'avoir répondu à nos questions. - Merci à vous.

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