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Le député LFI de Seine Saint-Denis et président de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale était l'invité du "8h30 franceinfo", jeudi 28 décembre 2023.

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Transcription
00:00 Bonjour Éric Coquerel. Bonjour.
00:01 Qui était, que représentait Jacques Delors pour vous ?
00:04 Une certaine idée humaniste et noble de la politique de sincérité.
00:12 Mais aussi à gauche, une gauche dans laquelle moi je ne me reconnais pas forcément.
00:21 C'est-à-dire que Jacques Delors, mais je crois avec, encore une fois, sincérité à penser que
00:28 la construction européenne valait de passer par l'édification d'un grand marché unique
00:36 adapté un peu aux règles actuelles du capitalisme, c'est-à-dire des régulations, libre-échange,
00:41 politiques de rigueur, de façon à bâtir l'Europe.
00:44 Et puis qu'après on verrait certainement l'Europe sociale.
00:46 Le problème c'est qu'on n'a pas vu l'Europe sociale.
00:49 Alors lui au moins, je pense une chose, c'est que son objectif, très certainement façonné
00:54 par quelqu'un qui a vécu la guerre, je pense que ça a été aussi la volonté d'une Europe de paix
00:59 chez cette génération, lui au moins cet objectif, il l'a poursuivi sans voir le résultat.
01:06 Le problème c'est qu'il y a des gens qui lui ont succédé, je pense à François Hollande.
01:10 Puis tout ça a donné ensuite après François Hollande finalement le macronisme
01:14 qui eux ont vu les résultats et ont continué cette politique
01:18 qui est une politique on va dire sociale-libérale pour aller vite.
01:20 Donc voilà, d'un côté quelqu'un dont je reconnais que, encore une fois,
01:27 je crois que ses intentions étaient humanistes,
01:31 mais d'un autre côté une politique qui aujourd'hui a amené la défaite de la gauche
01:36 dans pas mal d'endroits et finalement le fait qu'elle intègre le système
01:44 qu'elle entendait autrefois contester.
01:47 – Éric Coquerel quand il refuse d'être candidat pour 1995 à l'élection présidentielle,
01:52 il s'en explique plus tard sur France Inter,
01:54 nous l'avons entendu sur France Info ce matin chez Yves Calvi à l'époque,
01:56 il a dit en 2010, donc c'est avant l'élection de François Hollande,
02:01 "je devais soit mentir aux Français", c'est ce que dit Jacques Delors,
02:04 "soit mentir au Parti Socialiste, une sorte de schizophrénie,
02:07 d'autres l'ont fait après, c'était quoi une sorte de vision réaliste, il ne voulait pas..."
02:12 – Non, non, une forme de sincérité.
02:13 – Est-ce que la gauche était déjà, on va dire, double à l'époque ?
02:18 – Non, je ne sais pas, je ne vais pas rentrer dans des explications psychologiques,
02:22 je pense que sincèrement, il pensait que pour bâtir,
02:25 pour lui, l'idée de bâtir l'Europe était essentielle,
02:29 il pensait que pour bâtir l'Europe, il fallait notamment accepter par exemple,
02:35 en 1983, de rester dans le serpent monétaire européen,
02:38 vous savez que c'est ça qui a provoqué le fait qu'on ait fait un choix
02:41 entre la politique dite de l'union de la gauche et puis un tournant de la rigueur,
02:48 il a pensé aussi très certainement qu'il fallait accepter,
02:50 parce que ça a été ça aussi, les conditions des Allemands,
02:53 c'est-à-dire d'une monnaie forte qui remplace le marque, c'était l'euro,
02:57 et d'une politique qui était celle d'un grand marché,
03:00 mais qui finalement a été tout le temps la manière de bâtir l'Europe pour les grands fondateurs.
03:04 Bon, moi je pense que c'est une erreur, parce que la question,
03:08 on ne peut pas unir les peuples sur une libre concurrence entre eux,
03:11 sur un dumping généralisé, etc.
03:13 Et c'est l'erreur, à mon avis, qu'il a commise,
03:16 mais encore une fois, lui ne connaissait pas la fin du film,
03:18 contrairement à certains de ses successeurs.
03:21 Mais quand il dit...
03:22 Mais j'observe, attendez, j'observe juste qu'il y a quelque temps de ça,
03:25 si je ne me trompe pas, il a regretté justement le manque de solidarité en Europe,
03:29 donc manifestement il avait peut-être un regard...
03:31 Ça c'était sur la crise sanitaire, effectivement.
03:32 Oui, sur la crise sanitaire, mais je pense que ça allait un peu plus loin que ça,
03:35 parce qu'encore une fois, à la différence de, je crois, la sincérité de Lohr,
03:40 d'ailleurs je voudrais aussi rendre hommage et apporter toutes mes condoléances à sa famille,
03:44 notamment Martine Ouvry, je crois à sa sincérité.
03:46 Quand je l'ai vue, par exemple, à la télé,
03:48 renoncer à une campagne présidentielle dont on disait qu'il pouvait gagner,
03:53 je crois qu'il y a des valeurs qui l'animaient,
03:56 qui en gros n'étaient pas celles d'une soif du pouvoir,
03:59 de vouloir à tout prix, coûte que coûte, devenir président de la République.
04:05 Pas assez politique, en fait.
04:06 Comment ?
04:06 Pas assez politique.
04:07 De ce point de vue-là, peut-être une politique qui me va bien,
04:11 c'est-à-dire on fait passer ses convictions d'abord,
04:14 et puis un certain sens des valeurs,
04:17 mais par contre, sur le plan économique et social,
04:20 encore une fois, ce n'est pas la gauche dans laquelle je me reconnais.
04:22 Pour aller vite, c'est la gauche du oui au traité conciel européen, par exemple.
04:26 Parce que…
04:27 Et là, heureusement, il me semble,
04:30 et c'est la seule possibilité pour être une alternative,
04:33 et notamment faire barrage à la montée de l'extrême droite en Europe,
04:37 il me semble qu'il faut rompre avec cette vision sociale libérale.
04:41 Donc voilà, d'un point de vue,
04:43 je veux dire que Delors, l'homme politique, était celle d'un humaniste de droiteure,
04:48 puis j'ai encore plus envie de le dire parce qu'il disparaît hier,
04:52 et que dans ces cas-là, je pense qu'il faut regarder le côté positif des choses avant tout.
04:56 Mais sur le bilan politique, c'est-à-dire la manière,
05:00 pour le socialiste, de transformer les choses,
05:02 de rompre avec un système injuste qui est celui du capitalisme financiarisé,
05:07 constatons qu'il y a un échec.
05:08 C'est le ministre de la rigueur, Jacques Delors,
05:11 et il disait "ce n'est pas qu'une notion droite,
05:13 la rigueur est inséparable de toute politique qui veut réussir".
05:16 Est-ce que le président de la commission des finances que vous êtes valide ?
05:19 Je ne sais pas, si la rigueur, c'est…
05:22 Alors notamment, on dit que c'est Delors, par exemple,
05:23 qui est à l'origine des fameux 3% de déficit qu'il ne faut pas dépasser.
05:27 Bon, moi je pense que ce n'est pas ça qui doit être, par exemple, aujourd'hui l'objectif,
05:31 mais peut-être qu'il serait d'accord d'ailleurs, ce serait intéressant,
05:34 parce que les années ont passé.
05:36 Aujourd'hui, par exemple, à mon avis, la dette financière
05:38 est bien moins importante que la dette écologique,
05:40 et on doit avoir comme préoccupation essentielle
05:42 le fait de réduire notre bilan carbone,
05:45 le fait d'une bifurcation écologique,
05:47 et ça, ça nécessite des investissements.
05:49 Donc ça nécessite très certainement de la dette,
05:51 ça nécessite aussi, par exemple, de rompre avec une forme de dérégulation,
05:56 de baisse des impôts continu pour les plus riches,
05:58 pour les revenus capital, etc.,
06:00 qui est toute la politique de compétitivité
06:02 auxquelles nous soumet aujourd'hui les règles européennes.
06:06 Donc ça, c'est pour moi la rigueur, je ne sais pas ce que dire,
06:10 moi je suis rigoureux en matière écologique, voilà.
06:12 Pour moi, c'est ça qui est essentiel,
06:13 plutôt que la question de savoir si ça doit contenter les marchés
06:17 qui ensuite investiront en France, etc.,
06:20 enrichiront le pays, ce dont on voit que ce n'est pas ça qui se passe.
06:24 – Éric Coquerel, 2024 approche,
06:27 que doit faire le président Emmanuel Macron à vos yeux
06:30 après le feuilleton qui n'est pas terminé sur la loi immigration ?
06:35 Il faut remanier ?
06:37 – Écoutez, la question ce n'est pas tant le remaniement que la politique menée.
06:44 Et à mon avis, je ne vois pas très bien quel conseil je peux lui porter
06:47 parce que je pense qu'il dérive toujours plus à droite,
06:52 quelque part c'est un an en même temps,
06:53 entre maintenant la droite et l'extrême droite, Macron.
06:56 Donc je pense que si remaniement il y a,
06:57 et à mon avis il va y avoir remaniement,
06:59 ne serait-ce que parce qu'il y a quand même des ministres,
07:01 s'ils sont fidèles à ce qu'ils ont dit,
07:04 qui souhaitent démissionner, souhaitent partir.
07:06 S'il y a remaniement, je pense que ce sera malheureusement toujours plus
07:11 pour essayer de trouver des majorités à droite,
07:12 pour mener une politique que sur le plan social,
07:15 sur le plan sociétal qui conduit,
07:18 qui fait dériver le macronisme malheureusement à droite,
07:22 et y compris en empruntant, comme sur la loi immigration,
07:24 des idées d'extrême droite.
07:26 – Et en continuant à en parler, vous restez avec nous,
07:28 Éric Coquerel, il est 8h40, c'est le Fil info avec Maxime Glorieux.
07:31 [Générique]
07:32 – Pour Éric Coquerel, Jacques Delors, mort hier à l'âge de 98 ans,
07:35 représentait une certaine idée humaniste, noble de la politique.
07:39 Sur France Info, le député insoumis ajoute
07:41 "ne pas se reconnaître dans cette aile de la gauche".
07:44 Figure socialiste, Jacques Delors avait renoncé à la présidentielle de 1995.
07:49 À trois jours du réveillon du nouvel an,
07:51 les huîtres du bassin d'Arcachon interdite à la pêche et à la vente,
07:55 comme tous les autres coquillages.
07:56 Décision de la préfecture de Gironde en raison d'un virus
07:59 provoquant des symptômes de gastro-entérites aigus.
08:03 Et puis, la France mènera dans quelques jours des actions humanitaires
08:06 dans la bande de Gaza, en lien avec la Jordanie, annonce Emmanuel Macron.
08:10 Dans un entretien avec Benjamin Netanyahou,
08:13 la population de Gaza est en grand danger,
08:15 selon l'Organisation mondiale de la santé.
08:18 Et puis, Apple, finalement autorisée à vendre ses montres aux États-Unis,
08:21 l'interdiction a été suspendue par la justice
08:24 le temps de la procédure d'appel.
08:26 La marque à la pomme accusée de violation de brevet
08:29 par un fabricant d'appareils médicaux.
08:31 Nous sommes avec Éric Coquerel, député de la France Insoumise de la Seine-Saint-Denis,
08:43 qui préside la Commission des finances de l'Assemblée nationale.
08:45 Éric Coquerel, nous parlions du remaniement, pourquoi faire ?
08:50 - Mon avis à un remaniement,
08:52 si on regarde ce qui vient de se passer depuis quelques mois,
08:54 qui est pour faire une politique toujours plus libérale
08:56 et une politique toujours plus autoritaire, sécuritaire
09:00 et qui emprunte à l'extrême droite
09:02 ses vues sur la question, par exemple, de l'immigration,
09:05 les questions des étrangers.
09:06 Donc, je ne suis pas très optimiste.
09:08 J'ai l'impression que Mme Borne est peut-être arrivée au bout d'un certain chemin.
09:13 En tout cas, son départ ne m'attristerait pas
09:16 parce que le bilan est quand même assez catastrophique
09:18 entre la loi retraite imposée par le 49-3,
09:21 des budgets imposés par le 49-3,
09:24 qui sont quand même les mesures les plus antidémocratiques qui existent,
09:27 et qu'elle manie parce qu'elle n'a pas de majorité,
09:30 entre une loi immigration, où elle a beau réagir de manière courroussée
09:34 quand on lui dit dans l'Assemblée que c'est une loi d'extrême droite,
09:37 mais enfin, sur le fond, c'est la déchéance nationale,
09:39 c'est la préférence nationale, etc., pour essayer de trouver une majorité.
09:43 Pour une femme qui, soi-disant, a été de gauche,
09:46 c'est vraiment une dérive absolument terrible.
09:48 - Vous souhaitez son départ, donc ?
09:50 - En tout cas, c'est un départ qui ne l'attristerait pas,
09:52 mais j'ai l'impression que, vu le cours pris par le macronisme,
09:56 ça ne serait pas pour nous donner un gouvernement plus à gauche.
10:00 Vous voyez ce que je veux dire ?
10:02 Je crois que maintenant, on a un gouvernement de droite
10:05 qui lorgne vers l'extrême droite, contre lequel on est opposé,
10:08 et qui n'a pas de majorité.
10:10 - Mais il n'y aura toujours pas de majorité ?
10:12 - J'entends toujours le combattre.
10:14 - Il n'y aura toujours pas de majorité, même en cas de changement de Premier ministre ?
10:16 - Leur problème majeur, il est là.
10:18 Et à partir de là, il y avait deux solutions.
10:20 Quand vous n'avez pas de majorité,
10:22 soit vous essayez de chercher des compromis,
10:24 avant de proposer des lois,
10:26 soit vous faites comme ils font,
10:28 c'est-à-dire que vous utilisez le 49-3,
10:30 qui est un procédé de la Ve République absolument délétère,
10:32 et vous l'utilisez en plus de la manière qu'il l'utilise,
10:36 c'est-à-dire, par exemple, où on a réussi à avoir l'exploit de discuter du budget,
10:40 qui est quand même une des prérogatives centrales du Parlement,
10:42 sans une minute quasiment de débat en pleinière,
10:44 ce qui est quand même incroyable.
10:46 Et donc, toute cette façon de gouverner,
10:48 à la fois dure, autoritaire, sur la forme,
10:50 et puis faisant passer des politiques toujours plus libérales et toujours plus autoritaires,
10:54 le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est un bilan catastrophique.
10:58 En tout cas, ils n'avaient pas été élus pour ça.
11:00 Ils avaient été élus, paraît-il, pour faire barrage à l'extrême droite,
11:02 et ils finissent par prendre le programme de l'extrême droite sur l'immigration.
11:04 - Justement, la loi immigration,
11:06 est-ce qu'avec le recul, Éric Coquerel,
11:08 vous ne regrettez pas cette motion de rejet qui a été adoptée ?
11:10 Parce qu'il n'y a pas eu de débat, du coup.
11:12 - Donc, il aurait fallu accepter une version première,
11:14 qui était déjà, selon Claire Hédon, défenseur des droits,
11:16 une remise en cause des droits fondamentaux.
11:18 Vous voyez bien que non.
11:20 - Mais c'est la plus dure qui passe.
11:22 - Oui, mais, en fait, le scénario qui serait passé...
11:24 - Vous ne vouliez plus faire entendre vos arguments ?
11:26 - J'entends bien. Mais le scénario qui serait passé pour la CMP,
11:28 c'est-à-dire, pour essayer de trouver un compromis,
11:30 on essaie de le trouver avec la droite,
11:32 et même l'extrême droite, de manière hypocrite,
11:34 mais c'est ce qui s'est passé,
11:36 on l'aurait vu dans l'Assemblée.
11:38 Vous ne l'aurez pas.
11:40 C'est-à-dire qu'on aurait eu des amendements
11:42 qui permettraient que le vote des Républicains
11:44 aurait été accepté.
11:46 Donc le scénario qu'on a vu dans la commission mix-paritaire,
11:48 excusez-moi, j'utilise "CMP", les gens ne comprennent pas forcément,
11:50 entre les représentants du Sénat et de l'Assemblée,
11:52 pour sortir un texte toujours plus à droite,
11:54 et d'extrême droite,
11:56 on l'aurait vécu dans l'Assemblée.
11:58 Donc ce n'est pas la motion de rejet.
12:00 La motion de rejet était le préalable pour espérer
12:02 battre cette loi, mais de toute façon,
12:04 qui, en plus de ça, vous allez voir, je l'espère,
12:06 il faut se mobiliser pour ça, mais il sera battu par le Conseil constitutionnel.
12:08 On l'aura dans ses pires éléments.
12:10 - Vous la rejetez en totalité, cette loi ?
12:12 - Ah oui, totalement. C'est une loi qui a deux défauts.
12:16 Un, elle vient sur le terrain, mais ça, c'est pas nouveau,
12:18 de l'extrême droite, pour dire que le problème fondamental en France
12:22 serait l'immigration, alors qu'on a un problème d'accueil de l'immigration.
12:24 On n'est plus un grand pays d'immigration.
12:26 Si on compare par rapport à nos voisins européens,
12:28 on manque même d'immigration de travail,
12:30 c'est pas moi qui le dis, même le patronat l'explique.
12:32 On n'a pas de problème de regroupement familial,
12:34 c'est plus que 4% des visas,
12:36 donc c'est le fantasme de l'extrême droite.
12:38 On met les gens, on met l'immigration en pâture, comme débat.
12:42 Et puis la deuxième chose, c'est qu'on applique une loi
12:44 qui nous fait sortir de nos principes républicains.
12:46 Rendez-vous compte ?
12:48 Des chances de nationalité pour les bidationnaux,
12:50 préférence nationale, remise en question du droit du sol,
12:52 tout ça, l'extrême droite l'a rêvé,
12:54 et M. Macron l'applique.
12:56 Donc le moins qu'on puisse dire, c'est que cette loi est achetée entièrement.
13:00 - Et si tel n'est pas le cas, si la plupart des mesures sont validées
13:07 par le Conseil constitutionnel, qu'est-ce que vous faites ?
13:09 - J'y crois pas. Très sincèrement, j'y crois pas.
13:11 Je pense même d'ailleurs que de la part de la majorité,
13:13 il y a un jeu un peu dangereux,
13:15 qui est de jouer la Constitution contre les élus, quelque part.
13:19 Et donc du coup, l'idée qu'il faudrait peut-être changer la Constitution.
13:22 Il y a quelque chose d'assez délétère.
13:24 Mais qu'est-ce qu'on fera ? On continuera à se mobiliser
13:26 pour demander qu'elle ne soit pas promulguée.
13:28 Il y a une manifestation, je crois, qui est prévue le 14 janvier,
13:30 des associations, des partis, des syndicats.
13:32 Il faut se mobiliser là-dessus.
13:34 Et puis, j'allais dire, il faut aller jusqu'à faire ce qu'ont fait
13:38 les départements de gauche, c'est-à-dire les départements
13:40 qui ont décidé, non pas qu'ils désobéiraient à la loi,
13:43 mais qu'ils mettraient des mesures compensatrices
13:45 pour permettre de faire bénéficier des allocations
13:49 les gens qui en seront privés par l'État.
13:52 Je pense qu'il faut trouver tous les moyens pour que cette loi
13:54 ne soit pas appliquée.
13:55 - Sur le climat dans ce pays, nous regardons 2024,
13:57 Henri Coquerel, vous avez apporté votre soutien
13:59 à l'adjointe aux maires de Saint-Denis,
14:01 Orianne Filloul, qui a été agressée dans la rue.
14:03 Le président, c'était il y a trois semaines,
14:05 il avait confié au journal Le Monde,
14:06 a parlé d'un grand rendez-vous avec la Nation en janvier.
14:09 Il a dit vouloir envoyer un message d'unité.
14:12 Ce pays, vous le sentez fracturé, divisé ?
14:14 Il faut ce message ? Il faut cet appel ?
14:16 - Tout est fait pour le diviser.
14:17 La loi immigration, par exemple, c'est fait pour diviser le pays.
14:20 Les politiques qui sont menées, où tout...
14:25 On voit bien qu'il y a le racisme, la xénophobie, la discrimination,
14:32 les mesures, y compris sociales, qui sont prises,
14:36 toujours envers les pauvres, les chômeurs, etc.
14:39 Tout ça est fait pour diviser le pays.
14:41 Pour essayer de le réunir, il faudrait d'abord avoir une politique
14:45 qui soit toujours fidèle à nos principes républicains.
14:47 Aujourd'hui, ce n'est pas ce qui se passe.
14:49 Vous avez parlé d'Orianne Filloul,
14:52 à qui j'ai apporté mon soutien,
14:54 même si l'enquête doit continuer à se faire.
14:56 Par exemple, sachez que les élus insoumis
15:00 sont soumis à des agressions verbales sur les réseaux sociaux,
15:04 parfois sur leur permanence,
15:06 parfois même de menaces physiques en permanence.
15:09 C'était encore notre collègue Catherine Couturier,
15:11 députée dans la Creuse, qui a vécu des tags contre elle,
15:15 et qui, en plus, étaient des tags islamophobes.
15:17 Ça aussi, on en parle peu, mais ça se développe dans ce pays.
15:20 Donc le moins qu'on puisse dire, oui,
15:22 c'est que ça serait bien qu'il y ait des actes de solidarité
15:25 un peu plus importants venant des élus,
15:27 notamment de la majorité et du gouvernement,
15:29 y compris quand ce sont les insoumis qui en sont les victimes.
15:31 – Est-ce que la gauche, est-ce que la NUP,
15:33 est en capacité de réunir la nation, comme vous dites, et le pays ?
15:35 – Elle est facturée, ça fait du moment.
15:37 – À l'instant, on se parle, non.
15:39 On a d'un côté Fabien Roussel qui dit "la NUP est finie",
15:42 et de toute façon, on a l'EPS qui propose un moratoire.
15:46 – Jean-Luc Mélenchon aussi le dit.
15:48 – Je crois, vous me posez la question,
15:51 je vous réponds ce que je crois,
15:53 c'est que quand il y a une montée de l'extrême droite dans un pays,
15:56 des idées d'extrême droite, en général, la gauche se rassemble,
16:00 même quand elle a été très divisée avant.
16:02 C'est l'histoire de 1934, où le Front populaire se rassemble
16:05 après une manifestation contre l'extrême droite,
16:07 entre des gens qui avant avaient des mots pas très doux
16:10 entre eux, le Parti communiste et le Parti socialiste à l'époque.
16:13 Donc moi je crois que la montée de l'extrême droite
16:15 peut favoriser le fait qu'on retrouve une gauche qui se rassemble.
16:19 – Il a fallu la montée de l'extrême droite ?
16:21 – Elle ne peut pour gagner que se rassembler sur ce qui a fait sa force en 2022,
16:25 c'est-à-dire un problème de rupture, qui était le problème de la nuppes.
16:28 Si par exemple c'est une gauche qui se rassemble
16:30 sur le plus petit dénominateur commun,
16:32 qui serait juste le refus de l'extrême droite,
16:34 mais qui serait finalement le fait de s'accommoder du système,
16:36 ça on connaît, ça nous a donné Hollande, ça a donné Macron,
16:39 ça, ça ne marche pas.
16:40 Donc pour vous répondre, c'est ça qui doit, à mon avis,
16:43 rester les recettes gagnantes de la gauche, qu'on a fait en 2022,
16:46 c'est-à-dire grâce au succès de Jean-Luc Mélenchon,
16:49 le gros résultat au présidentiel,
16:51 le fait de rassembler une gauche, et plus largement d'ailleurs,
16:54 ce que nous on appelle l'union populaire,
16:56 qui est une espèce de nouveau front populaire,
16:58 derrière des idées de rupture.
17:00 – Et derrière Jean-Luc Mélenchon ?
17:02 – Attendez, attendez, juste une chose, là pour l'instant,
17:03 avant de parler de Jean-Luc Mélenchon,
17:04 on a fait une proposition aux différentes parties de gauche de se voir,
17:07 parce que la loi immigration c'est une bascule.
17:09 Un gouvernement qui était élu pour faire barrager l'extrême droite,
17:13 qui explique une loi d'extrême droite,
17:16 enfin qui en tout cas la vote, c'est une bascule.
17:18 Donc on a fait une proposition pour s'encontrer, j'espère,
17:20 ils n'ont pas donné encore de retour, j'espère qu'ils vont le faire,
17:23 pour qu'on puisse discuter de ce qu'on fait par la suite,
17:25 ne serait-ce que déjà face à cette loi,
17:27 et comment on rebâtisse ce qui a été l'espérance de 2022.
17:31 Voilà, donc là je vous réponds, et puis après si tout ça marche,
17:34 tout ça fonctionne, il sera temps de se poser la question du candidat,
17:38 le meilleur candidat que nous avons à présenter,
17:40 moi je l'ai déjà dit, je pense qu'à l'heure où nous sommes,
17:42 c'est toujours Jean-Luc Mélenchon qui serait le meilleur,
17:44 et le plus apte à gagner.
17:46 Éric Coquerel, merci d'avoir accepté l'invitation du 8.30 France Info ce matin.
17:50 Député de la France Insoumise, président de la commission des finances de l'Assemblée.

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