18.20 du 1er mars 2024 : Manon Aubry

  • il y a 6 mois
L'eurodéputée La France insoumise était l'invitée du 18h20 franceinfo le 1er mars 2024

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Transcript
00:00 Bonsoir à vous Manon Aubry.
00:02 Bonsoir Jean-François Aquini.
00:03 Vous voilà de nouveau aux têtes de liste aux élections européennes de juin pour la France Insoumise.
00:07 Vous êtes en campagne, on va parler de ce que vous allez mettre sur la table.
00:10 Mais tout d'abord ce débat autour de l'agriculture.
00:12 Quand vous voyez Marion Maréchal qui reçoit un verre de bière au salon,
00:16 et aujourd'hui les deux ministres Christophe Béchut et Marc Fesneau qui sont la cible de G2 et des sifflets,
00:22 qu'est-ce que vous dites du climat, voire même de la méthode ?
00:26 Moi vous savez, je n'ai jamais cautionné quelque forme de violence que ce soit.
00:30 Après il y a une colère, une colère profonde dans le milieu agricole.
00:33 Et personne ne peut nier aujourd'hui que le gouvernement n'y a pas répondu.
00:37 Il reprend à juste titre notre proposition des prix planchers tout en la vidant de son contenu.
00:42 Ça, ça vous va ça ?
00:43 Mais il la vide de son contenu.
00:44 D'abord on ne sait pas si c'est au niveau français ou au niveau européen,
00:47 puisque ce sera des prix indicatifs et ce n'est pas ce que demandent les agriculteurs,
00:50 c'est-à-dire des prix rémunérateurs garantis pour pouvoir vivre de leur travail.
00:54 Et puis deuxième chose, à aucun moment ils n'abornent la concurrence déloyale.
00:57 Et pire encore, ils sont allés tâter le cul des vaches en début de semaine.
01:00 Et qu'est-ce qu'ils ont fait hier ?
01:02 Ils ont voté deux nouveaux accords de libre-échange.
01:04 Pas un, deux. Un avec le Chili et l'autre avec le Kenya.
01:07 Donc on va continuer à importer le mieux du monde ?
01:09 Ça vous dit non ?
01:10 Mais je dis que c'est une folie.
01:11 C'est Emmanuel Macron, tiens, lui-même qui avait dit,
01:13 j'aime bien citer Emmanuel Macron, les rares faux, il a dit les phrases de gauche,
01:16 il a dit "déléguer à d'autres notre capacité à produire notre alimentation"
01:20 au fond est une folie.
01:21 C'est une folie. Importer de la viande aux vignes, de la volaille,
01:24 des haricots verts, du raisin, des pommes, comme on va le faire du Chili et du Kenya,
01:28 c'est une folie.
01:29 Et c'est ça aujourd'hui qui met l'accord de coup au sens propre,
01:33 comme figuré de nos agriculteurs.
01:35 Et mon groupe au Parlement européen, hier, a été le seul groupe
01:39 à ne pas donner une seule voix à cet accord.
01:41 Comment se fait-il qu'à Paris, partout en France,
01:45 on dit les accords de libre-échange, partout en Europe, c'est une mauvaise chose ?
01:48 Et puis quand il s'agit de voter, mon groupe se retrouve tout seul à les combattre.
01:51 Vous savez ce qu'on va vous opposer comme argument, maintenant, Aubry ?
01:54 Mettre un terme aux accords de libre-échange ?
01:57 Oui, mais il faut exporter aussi, c'est ce qui est dit.
02:00 Quand vous regardez, ce sont des chiffres fournis par les échos,
02:02 que notre pays bat des records, exporte pour un peu plus de 84 milliards d'euros
02:06 de produits agricoles et agroalimentaires, hausse de 20% par rapport à 2021.
02:10 Apparemment, les chiffres disent qu'au fond, ça marche.
02:14 Mais attendez, la fin du libre-échange, c'est pas la fin des échanges.
02:17 C'est la fin de l'importation du lait qui vient de Nouvelle-Zélande,
02:21 du poulet qui vient d'Ukraine, des haricots verts qui viennent du Kenya,
02:25 c'est-à-dire des produits que l'on produit déjà ici.
02:27 L'Ukraine, c'est un geste de solidarité, vous n'êtes pas d'accord avec ça ?
02:31 C'est un coup, ça !
02:33 Il y a plein de manières d'avoir des gestes de solidarité.
02:35 Cette semaine, par exemple, on a voté 50 milliards d'euros d'aide à l'Ukraine,
02:38 que j'ai voté bien volontiers.
02:40 Non, pas le poulet, vous dites ?
02:41 Non, pas le poulet, pas le poulet, pas le miel.
02:44 J'ai rencontré des apiculteurs qui se retrouvent avec leur production de 2023
02:49 intégralement sur les bras, parce qu'ils font face à une concurrence déloyale
02:52 qui vient d'Ukraine, qui vient de Nouvelle-Zélande notamment,
02:55 où on produit avec des salaires beaucoup plus faibles
02:57 et avec des pesticides qui sont autorisés là-bas,
03:00 comme l'athrasine en Nouvelle-Zélande, et interdits dans l'Union Européenne.
03:04 Comment voulez-vous qu'on demande à nos agriculteurs d'être compétitifs
03:07 face à des immenses fermes-usines, face à des normes sociales et environnementales
03:11 qui ne sont pas les mêmes ?
03:12 On a dit non au Mercosur.
03:14 Vous savez, c'est la plus grande arnaque.
03:16 C'est un arnaqueur Emmanuel Macron, parce que qu'est-ce qui se passe ?
03:18 C'est un arnaqueur, oui c'est un arnaqueur.
03:20 Je vais même plus loin, c'est un menteur.
03:23 C'est un menteur parce qu'en réalité...
03:25 Vous vous adressez quand même au président de la République.
03:26 Oui, je m'adresse tout à fait au président de la République.
03:29 Je vous le dis, c'est un menteur parce que les négociations
03:31 sur l'accord de libre-échange avec le Mercosur se poursuivent.
03:34 Et d'ailleurs, c'est la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen,
03:38 qui l'a dit elle-même.
03:39 Et tout ça, ça se fait dans le dos des Français,
03:42 parce que c'est la pratique au niveau européen.
03:44 Dans le dos des Français, en réalité, ils sont en train de tuer notre agriculture.
03:47 J'ai une question à vous poser, qui est de l'ordre de la campagne des Européennes.
03:50 Pourquoi avoir ciblé, ça m'a surpris,
03:53 la journaliste Nathalie Saint-Cricq de France Télévisions sur vos affiches
03:57 "Nathalie Saint-Cricq vote, et vous ?"
03:59 C'est pas un faux pas, ça ?
04:00 Vous avez bien fait de citer l'affiche.
04:02 "Nathalie Saint-Cricq vote, et vous."
04:05 En quoi c'est une insulte d'aller voter ?
04:06 On pourrait faire si vous voulez...
04:07 Les autres, c'est "les riches votent", "les racistes votent", "les golfers votent".
04:11 On a bien compris que vous l'avez méclassé, notre concerne.
04:14 Au rayon des opposants ?
04:16 Vous savez, on nous avait dit, il y a eu à peu près le même tonnerre
04:21 au moment de l'affiche des golfers, c'était il y a quelques semaines.
04:24 Bon, il n'y a pas eu de guet-apens ou de vent d'état contre les golfers.
04:27 Là, vous ciblez une journaliste.
04:28 Mais aujourd'hui, on a fait une affiche "Bernard Arnault vote, et vous ?"
04:33 Et pourquoi on fait ça ?
04:34 Une journaliste ? Je comprends que vous vous dépensiez aux grands patrons
04:38 qui sont vos ennemis de classe habituel.
04:39 Mais une journaliste de France, c'est une vision.
04:41 La question, ce n'est pas "ennemis", la question, c'est de créer du débat autour du fait que quoi ?
04:45 Que dans notre pays, il y a 10 millions de personnes
04:48 qui ne sont pas inscrites ou mal inscrites sur les listes électorales.
04:51 C'est 20% du corps électoral.
04:53 Alors oui, quand on a 20% du corps électoral qui est privé d'aller voter,
04:57 ça mérite qu'on en parle.
04:58 Mais qu'est-ce qu'un rapport avec Nathalie Saint-Cricq ?
05:00 Mais est-ce que...
05:02 Répondez, s'il vous plaît, je vous en supplie, on n'a pas beaucoup de temps.
05:05 Quel rapport avec Nathalie Saint-Cricq ?
05:07 Nathalie Saint-Cricq, elle va aller voter.
05:09 Et quel rapport avec les riches, les racistes, Bernard Arnault, les golfeurs ?
05:12 Ça n'a pas de rapport.
05:13 Un riche n'est pas forcément raciste, qui n'est pas forcément un golfeur.
05:15 Ça n'a pas de rapport.
05:16 Ce qu'on dit juste derrière, finalement, on fait le travail.
05:19 Vous savez que ça va être mal interprété.
05:20 On fait le travail.
05:21 Mais vous voyez, M. Akili, cette campagne d'inscription sur les listes électorales,
05:24 on la mène depuis des mois.
05:26 Et seulement, on en parle aujourd'hui parce qu'on a fait ces affiches.
05:29 En réalité, on fait un travail d'utilité privée.
05:31 Vous ne voulez pas reconnaître que vous ciblez quelqu'un, c'est de mauvais goût ?
05:33 Non, ce n'est pas du mauvais goût, ce n'est pas du ciblage.
05:35 Ce n'est pas une insulte.
05:36 Les Verts, d'ailleurs, ont fait la même chose.
05:37 On dit juste qu'ils vont voter.
05:38 En quoi faire son devoir civique ?
05:40 Vous l'avez appelé pour dire "Nathalie, on a envie de vous pour l'affiche".
05:42 Et vous avez dit "Super, on y va, on fonce".
05:44 En quoi faire son devoir civique ?
05:45 Le fait de dire d'aller voter, c'est une insulte.
05:47 Et je vais vous dire, ça devrait être...
05:49 D'ailleurs, on devrait utiliser les tendentaines de France Info, de France Télé.
05:53 Et le gouvernement devrait orchestrer cette campagne d'inscription sur la liste électorale.
05:57 Et la vérité, c'est qu'ils se satisfont d'un suffrage qui est, en quelque sorte, devenu censitaire.
06:02 Quand on a une partie de la population qui ne peut pas voter.
06:04 - Manon Aubry, je sais que vous êtes sensible à la question des violences faites aux femmes.
06:07 Est-ce que vous aussi, comme Sandrine Rousseau, comme Clémentine Autain,
06:11 vous vous êtes sentie extrêmement trahie par Gérard Miller ?
06:16 - Oui, j'ai écouté de nombreux témoignages qui sont sortis de victimes.
06:20 Et je vais vous dire, ça m'a glacée le sang.
06:22 Ça m'a glacée le sang, et c'est la preuve que des prédateurs sexuels sont partout présents dans la société.
06:29 Et je veux avoir d'abord une pensée pour toutes les victimes, qui semblent être très nombreuses.
06:33 Je veux leur dire toute ma solidarité, tout mon soutien.
06:37 Et raison pour laquelle le combat de lutte contre les violences faites aux femmes est très, très, très loin d'être terminé.
06:44 Et je veux dire à toutes ces femmes victimes qu'elles peuvent compter sur ma bataille, sur mon soutien, dans l'immédiat.
06:50 Mais aussi pour changer les règles et les lois pour qu'elles soient mieux accompagnées, je pense, au niveau européen,
06:55 où on s'est battu pour inclure une définition du viol comme une absence de consentement,
06:59 auquel malheureusement Emmanuel Macron s'est opposé.
07:01 - Allez, merci à vous Manon Aubry. - Merci à vous.
07:03 - Vous savez, je ne suis pas d'accord sur la question de l'affiche. On restera en désaccord là-dessus.
07:06 - Mais vous voyez, là, vous exprimez une opinion politique.
07:09 - Ah non, ce n'est pas une opinion politique. Je trouve la méthode terrible.
07:12 - Vous exprimez une opinion politique en quoi on pense que c'est une mauvaise chose de dire que les gens vont voter.
07:17 Et si les gens qui nous écoutent, ils sont parmi les 10 millions de personnes,
07:21 allez vérifier votre situation, on vote insoumis.fr, vous pourrez voir si vous aussi vous êtes inscrit ou pas.
07:26 Et finalement, ce qu'on veut, M. Akkili, c'est que tout le monde soit comme Nathalie Saint-Cricq et que tout le monde puisse aller voter.
07:31 Donc c'est plutôt un compliment quelque part.
07:33 - Merci à vous Manon Aubry. Je rappelle, heureux député, tête de liste pour la France insoumise aux élections européennes de juin.
07:37 Merci d'avoir répondu aux questions, ici même sur France Info.
07:40 et pardon pour le retard. Merci.

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