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Parlons Vrai chez Bourdin avec Michel Wieviorka, sociologue et auteur de “Alors Monsieur Macron, heureux ?” (Editions Rue de Seine).

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News
Transcription
00:00 Jean-Jacques Bourdin.
00:01 Il est 12h07, nous recevons Michel Vievurka, qui est sociologue, auteur de "Alors, Monsieur Macron, heureux ?"
00:08 aux éditions Rue de Seine. Michel Vievurka, bonjour.
00:11 Bonjour.
00:12 Merci d'être avec nous. Nous allons parler de la situation.
00:16 Vous êtes sociologue, directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales.
00:20 Nous allons parler de la situation française.
00:21 D'abord, je voulais regarder l'actualité avec vous.
00:24 Réforme des retraites, ça ira au bout, si j'ai bien compris, puisqu'Éric Coquerel, président de la commission des finances de l'Assemblée,
00:34 a donné son feu vert à la proposition de loi Lyot qui sera débattue et votée ou pas à l'Assemblée.
00:41 Enfin, votée, soumise au vote à l'Assemblée nationale le 8 juin.
00:45 Est-ce que vous pensez que les Français sont encore dans cette réforme des retraites ?
00:50 Est-ce que l'esprit des Français est encore dans cette réforme des retraites ?
00:53 Avant de vous répondre, il n'est pas encore certain qu'elles soient débattues et votées.
00:56 Parce que je crois que la présidente de l'Assemblée nationale a l'air un peu réticente, disons.
01:01 Mais bon, sur le fond, j'ai le sentiment que tout le monde sait que c'est quand même un peu derrière nous,
01:07 que ce sont des combats difficiles à mener et sans grande chance d'aboutir à des résultats.
01:13 Mais je crois que les Français ont été sonnés.
01:15 Je crois que... Alors, vous savez, dans ces cas-là, vous en avez qui disent "bon ben moi, la politique, je m'en fous complètement".
01:21 Donc l'abstention, à terme.
01:24 Vous en avez qui sont en colère, qui sont enragés.
01:27 Vous avez les casseroles, vous avez...
01:29 Et donc vous avez un mélange de rage, de colère et de...
01:33 Les gens sont désabusés en même temps. Vous avez les deux.
01:37 - Alors, ça m'intéresse beaucoup, c'est la raison pour laquelle je vous ai posé cette première question,
01:41 parce que je pensais à votre réponse.
01:44 Vous dites, vous écrivez que la gauche et la droite sont en état de décomposition.
01:49 Je parle de la gauche et la droite classique.
01:52 Deux pôles extrêmes, aujourd'hui, l'extrême gauche et l'extrême droite.
01:57 Ça veut dire quoi ? Est-ce que nous sommes en route vers l'autoritarisme ?
02:02 - Bah écoutez, je crois que tout peut y conduire, mais on ne sait pas encore quel autoritarisme.
02:06 Alors, je pense qu'un autoritarisme d'extrême gauche est très peu probable.
02:10 Je dis pas totalement improbable, mais très peu probable.
02:13 - Pourquoi ?
02:14 - Parce que tout simplement, pour arriver aux affaires, pour arriver aux affaires, il faut être élu.
02:18 Dans ce pays. C'est en tout cas la stratégie, aussi bien de ce qui a été Macron pour arriver au pouvoir,
02:26 que la stratégie actuelle du Rassemblement National.
02:29 Il n'y a pas plus respectable, plus légitime, plus conforme aux institutions,
02:34 une cravate pour aller au Parlement, etc., que le Rassemblement National, ils veulent être élus.
02:40 Donc, si on veut réfléchir d'où viendra l'autoritarisme, il viendra d'un processus institutionnel.
02:46 A mon avis, il ne viendra pas d'une situation chaotique ou d'un succès à l'extrême gauche.
02:51 Alors là, il y a deux scénarios possibles.
02:53 - Mais pourquoi ? Imaginons que l'extrême gauche soit vainqueur de prochaines élections.
03:00 - Bah écoutez, elle n'en prend pas le chemin.
03:02 Beaucoup de choses sont possibles, elle n'en prend pas le chemin.
03:05 Une partie de la gauche classique, de ce qu'il en reste, de ses débris, ou de ce qui essaie de renaître,
03:11 ne veut surtout pas entendre parler de cette extrême gauche, de cette gauche de gauche, disons.
03:15 Donc, je pense que son avenir politique est limité.
03:19 Par contre, je vois deux avenirs politiques susceptibles de faire basculer le pays dans l'autoritarisme.
03:27 D'une part, le Rassemblement National, avec une stratégie très institutionnelle,
03:31 il compte les points en ce moment, d'une part.
03:33 Et d'autre part, ce qui viendra pendant ou après ce mandat présidentiel.
03:40 Tout ce que l'on voit aujourd'hui, c'est quand même un chef d'Etat qui a l'air de décider,
03:47 en se préoccupant bien peu des corps intermédiaires,
03:50 non seulement les syndicats, mais les parlementaires, mais aussi les élus locaux, les grandes associations, etc.
03:56 - Alors pourquoi ? Nous allons essayer de comprendre ça.
04:00 Quelles sont les pistes possibles ?
04:03 Enfin, votre avis sur la question, Michel Vieviorca est avec nous.
04:07 Il est 12h11, petite pause publicitaire, on se retrouve.
04:11 - Jean-Jacques Bourdin. - Michel Vieviorca est avec nous, sociologue,
04:14 directeur d'études à l'École des Hautes Etudes en Sciences Sociales.
04:18 La violence aujourd'hui, on parle beaucoup de violence.
04:22 Il y a eu des épisodes violents dans notre histoire, tellement nombreux.
04:26 Mais aujourd'hui, elle est multiple cette violence, Michel Vieviorca.
04:30 On voit la violence islamiste, la violence sociale, la violence politique,
04:36 la violence sociétale, elle est multiple.
04:40 - Exactement, et par conséquent, on ne peut pas du tout l'imputer à un processus politique relativement unique.
04:47 Je vais faire une comparaison, un quart de seconde seulement, parce qu'elle est dangereuse.
04:50 Si vous êtes dans l'Allemagne, en train de se nazifier dans les années...
04:53 fin des années 1920 et années 1930, vous avez une violence qui va tout dans un sens.
04:58 - Oui, dans un sens, oui. - C'est Hitler, c'est les joncoteaux,
05:01 c'est la nuit cristal, c'est toutes sortes de choses de ce genre.
05:03 Donc là, on peut se dire qu'on peut comprendre ce qui est en jeu de façon assez élémentaire,
05:08 même si des gens n'ont pas voulu comprendre.
05:10 Tandis que là, ça vient de tous les côtés.
05:13 Alors il y a quand même un axe un peu central dans cette violence.
05:16 Disons, je laisse de côté les choses plus personnelles ou sociétales, comme vous dites,
05:20 mais ça, je le laisse de côté.
05:22 Mais sinon, il y a quand même la mise en cause, et donc la crise, de la République.
05:26 - Oui. - Ça, c'est quand même très clair.
05:28 Quand des élus sont menacés ou agressés ou victimes d'attentats,
05:33 quand un prof de l'enseignement public est assassiné,
05:37 quand des pompiers sont maltraités,
05:40 quand des flics, qui eux-mêmes d'ailleurs sont accusés de faire de la violence policière, sont frappés.
05:46 Tout ça, ça met quand même en jeu ce qui est pour nous le cœur de la vie collective,
05:51 le lien social, la République.
05:53 - Donc la République est prise à partie.
05:55 - Je pense qu'elle est à la fois prise à partie et en difficulté elle-même.
05:59 - Et en difficulté elle-même, oui.
06:00 - Et donc, alors il y a d'autres choses.
06:02 L'islamisme n'a pas grand-chose à voir avec la République, évidemment.
06:05 Mais vous voyez, il y a un cœur quand même.
06:08 C'est pourquoi d'ailleurs les propos récents du chef de l'État m'ont semblé quand même un peu...
06:12 - Sur la décivilisation ?
06:13 - Un peu facile, un peu facile.
06:15 Ça veut dire qu'il y a un processus, je n'y peux rien, mais je l'affronte,
06:20 et vous allez voir ce que vous allez voir.
06:22 Non, ce n'est pas comme ça que les choses peuvent se passer.
06:25 Il y a vraiment un problème.
06:26 Si c'est la République au cœur de ces questions, alors c'est l'école publique,
06:31 alors c'est la justice, alors c'est l'hôpital et la santé publique, etc.
06:36 C'est tous ces domaines auxquels il faut redonner du souffle républicain.
06:40 - Alors, redonner du souffle républicain, il y a aussi les institutions,
06:43 alors, qui sont en cause, les institutions républicaines,
06:47 qui sont en cause, Michel Vieviorca, ça veut dire quoi ?
06:50 - Ça veut dire qu'il faut, je ne sais pas, une grande révolution institutionnelle,
06:55 si je puis dire, voir une révolution.
06:57 Tant sûr parce que ce mot a tellement été galvaudé, mais... oui.
07:01 - Les sociologues ou les historiens se méfient un peu des "on va faire une révolution et tout ira bien après",
07:07 parce que ce n'est pas forcément comme ça que ça se fait.
07:09 Mais ce que l'on peut vraiment concevoir, c'est qu'il y en a pour longtemps.
07:13 Ce ne sont pas des choses qui se régleront comme ça d'un seul coup,
07:16 et pour ça il faut du souffle, il faut des acteurs, il faut des gens qui disent
07:19 "je prends en charge les réformes, les transformations, je les discute, je les négocie,
07:26 je mets en place des lieux où on réfléchit",
07:28 tout le contraire de ce que nous voyons aujourd'hui.
07:30 - Mais il faut avoir une base politique pour ça.
07:32 Il faut avoir une base, ou une base, je ne sais pas moi, de l'opinion publique qui vous suit.
07:38 Il faut, parce que les partis sont déconsidérés, ça ne peut pas venir de quelqu'un qui est issu d'un parti,
07:44 aujourd'hui, non ?
07:45 - C'est pour ça que je suis assez déprimé, moi aussi.
07:49 - C'est ce que je vois.
07:50 - Moi aussi, parce que je ne vois nulle part les forces politiques qui pourraient apporter ce souffle.
07:55 Je vois les extrêmes, on en a parlé tout à l'heure,
07:59 mais sinon je vois une gauche incapable de s'organiser,
08:04 je vois une droite en train de s'autodétruire,
08:07 c'est en tout cas comme ça que je vois les processus actuels,
08:10 et je vois un centre qui est de plus en plus droitier,
08:14 qui est plus du tout... - Et divisé.
08:16 - Et divisé, incapable de faire de la politique.
08:19 Nous avons le pire de la quatrième république, pas le meilleur, mais le pire,
08:23 c'est-à-dire, rien ne peut se faire sans des magouilles, des jeux politiciens,
08:29 des arrangements, un jour avec l'un, un jour avec l'autre.
08:32 - Avec des partis politiques déconsidérés.
08:34 - Et qui le seront de plus en plus, chaque fois qu'ils accepteront quelque chose avec le pouvoir,
08:40 on dira "ils vont d'un côté, ils vont à la soupe",
08:44 et chaque fois qu'ils refuseront, ils diront "ils ne veulent jamais rien faire".
08:46 Oui, on va vers une situation de crise de plus en plus grave.
08:50 - Alors, ça vous conduit à réfléchir à la solution Laurent Berger.
08:54 Est-ce que vous pensez que Laurent Berger devrait être candidat à la prochaine présidentielle ?
09:00 - C'est un ami, donc je peux me permettre de vous dire,
09:02 il m'a engueulé quand j'ai écrit,
09:05 enfin engueulé très amicalement,
09:08 mais il m'a dit que ce n'était pas du tout sa perspective.
09:10 - Oui, enfin ça, quand un homme, un homme public,
09:13 vous engueule, d'abord c'est bon signe, c'est bon signe,
09:16 - C'est amical. - Oui, j'ai compris.
09:18 Et ensuite quand il dit "ce n'est pas du tout", vous le pensez sincèrement ?
09:22 - Alors, je le crois très sincère et je crois comprendre son raisonnement.
09:26 - Oui. - Quand on a été syndicaliste,
09:28 - Oui. - on a pris comme position dans l'existence
09:32 d'être du côté de ceux qui contestent, qui protestent,
09:36 qui essaient d'obtenir plus de droits,
09:38 d'améliorer le rapport entre la contribution et la rétribution des travailleurs, etc.
09:44 Donc on est de ce côté-là.
09:46 Quand on bascule du côté de la politique,
09:48 on peut être dans l'opposition un jour,
09:50 mais on espère être un jour du côté du pouvoir.
09:53 Et donc un syndicaliste n'est pas fait, n'est pas préparé à occuper le pouvoir.
09:58 Donc moi mon raisonnement, je veux dire, mon raisonnement était un peu plus compliqué.
10:01 - Oui. - Mon raisonnement c'était,
10:03 non pas de dire "il faut qu'il devienne président et qu'il exerce le pouvoir".
10:06 Mon rôle était, je fais une comparaison qu'il a amusée 10 secondes,
10:09 qu'il soit un peu comme Moïse.
10:11 J'amène mon peuple jusqu'à la terre promise et je m'en vais à...
10:15 Ça voulait dire quoi ?
10:17 Je me fais l'expression d'une volonté que les choses changent,
10:21 je me fais élire, je mets en place par exemple une assemblée constituante
10:25 ou enfin quelque chose qui modifiera en profondeur
10:29 les structures même institutionnelles de notre pays,
10:32 et après je m'en vais. - Je quitte le pouvoir.
10:34 - Je n'exerce pas le pouvoir. C'était un peu ça mon idée.
10:37 - Je n'exerce pas. - Mais même ça évidemment il n'en veut pas.
10:39 - Oui mais pardon, pardon, quand, oui, Michel Vievorka,
10:41 quand il signe qu'il participe au pacte du pouvoir de vivre,
10:45 il fait de la politique, évidemment.
10:48 Même si c'est pas de la politique purement politicienne.
10:51 - Il fait de la politique mais sans déboucher politique direct.
10:54 Le drame français, je veux vous dire, et on n'aime pas dire ça en France,
10:57 la France n'a jamais été sociale-démocrate au sens où...
11:00 - Jamais. - Jamais.
11:02 Il y a des gens qui disent "Vive la sociale-démocratie"
11:04 mais l'idée de social-démocratie c'est des forces sociales
11:08 larges portent l'action politique qui l'incarne,
11:12 qui incarne ses forces.
11:13 Bon, en France on a des forces politiques, on en a eu,
11:16 elles n'ont jamais été... - François Hollande n'était pas un social-démocrate pour vous.
11:20 - Écoutez, il n'était pas, au sens que je suis en train de dire,
11:23 il n'était pas porté par des syndicats.
11:25 Bon, vous voyez l'Omberger, vous voyez la CGT,
11:27 mais il n'était pas... le Parti Socialiste français n'a jamais été l'expression du syndicalisme.
11:32 - Mais les syndicats sont très peu écoutés, suivis...
11:36 - Alors c'est un autre drame français. Ils ont remonté la pente là.
11:38 - Oui, un petit peu.
11:39 - Mais c'est un drame français qui a une épaisseur historique énorme.
11:42 On n'a pas le temps d'en parler avec précision, bien sûr.
11:44 Mais ça date, je vais vous dire de quand, ça date de la fin du XIXe siècle
11:48 et ça date même de la Révolution française.
11:50 Il y a eu une loi qui s'appelait la Loi Le Chapelier,
11:52 une loi révolutionnaire pour dire surtout pas de corporations,
11:55 d'organisation des gens sous forme de...
11:57 - C'est la Révolution qui a tué le syndicalisme.
12:00 - La Révolution... Moi je pense que la Révolution a empêché,
12:03 a retardé pendant un siècle la formation du syndicalisme.
12:07 Donc quand il s'est constitué, le syndicalisme,
12:09 il était très hostile à tout ce qui est pouvoir d'État, actions politiques,
12:13 il était anarche. On appelait ça d'ailleurs l'anarcho-syndicalisme.
12:17 Et puis ensuite est venu un autre modèle qui n'était toujours pas social-démocrate,
12:20 qui était le modèle communiste.
12:22 C'est-à-dire non pas le syndicat qui porte le parti,
12:25 mais le parti qui en fait sa courroie de transmission.
12:28 Donc si vous voulez, il y a une grande épaisseur historique dans tout ça.
12:31 On n'a pas le temps d'en parler.
12:32 Ce que je veux dire, c'est qu'on a des syndicats faibles,
12:34 on a un acteur important.
12:36 Alors ce pacte dont vous parlez, ce pacte avec 60 organisations,
12:40 c'est très important, mais il n'a pas de lieu qui va traiter politiquement
12:44 de ce qu'il va proposer.
12:45 Et donc c'est là où il y a une carence dans notre pays.
12:48 - Ben oui, une carence avec peu de personnalités qui émergent,
12:52 avec une élection de 2027 qui risque d'être...
12:55 Parce qu'en France on ne parle que d'élection présidentielle, évidemment.
12:59 Une élection qui s'annonce...
13:02 On ne sait pas. C'est un brouillard !
13:05 - Oui mais Jean-Jacques Bourdin, vous le savez aussi bien que moi,
13:08 vous me l'avez dit tout à l'heure.
13:09 Chaque jour un clou, chaque fois l'autre.
13:11 Donc comment est-ce qu'on peut essayer d'imaginer ce qu'il y a pour nous en 4 ans ?
13:15 - Exactement, oui, parce que le problème c'est qu'on n'arrive pas à se projeter aujourd'hui.
13:18 Nous vivons dans l'immédiateté, nous n'arrivons plus à nous projeter.
13:21 C'est une forme de décivilisation, ça d'ailleurs ?
13:26 - Oh, écoutez, moi la décivilisation...
13:29 - Pour vous c'est quoi la décivilisation ?
13:30 - Alors pour moi c'est un sociologue historien qui s'appelait Norbert Elias,
13:34 et qui était...
13:36 Alors il avait dit que les sociétés vont vers de plus en plus de civilisation.
13:40 Il avait commencé par étudier la cour, comment les gens apprenaient à se retenir,
13:43 à paroter à table, à être propre, etc.
13:46 Donc il étudie le processus de civilisation.
13:49 C'est un juif allemand, et il s'aperçoit un beau jour,
13:52 que les nazis sont en train de faire exactement...
13:54 Qu'était-il ?
13:55 Le pays peut-être le plus civilisé, ou un des plus civilisés au moins,
13:58 était en train de basculer exactement dans le contraire de ce qu'il avait étudié.
14:02 Alors c'est là où vient l'idée de décivilisation, c'est-à-dire que c'est le nazisme.
14:06 Alors vous comprenez, parler pour la France de décivilisation,
14:10 c'est une plaisanterie, c'est pas sérieux.
14:12 C'est trop rapide.
14:14 Et d'ailleurs, en plus, quand il en a parlé, le chef de l'État,
14:18 il avait en tête un certain nombre de violents.
14:20 Moi, si j'avais envie de m'amuser, je dirais
14:22 "Quand Mme Schiappa vient poser pour Playboy, est-ce que c'est hautement civilisé ?"
14:26 Et que quand un ministre de l'Économie écrit des pages lest dans un roman,
14:31 c'est hautement civilisé.
14:33 Alors la décivilisation légère, si je peux dire, on peut l'observer un peu partout.
14:38 Le problème, c'est bien plus la crise de nos institutions républicaines
14:42 que l'éloignement de la civilisation.
14:45 - Merci Michel Lavier-Vurka, sociologue, auteur de "Alors, M. Macron, heureux ?" aux éditions Rudsen.
14:51 Merci beaucoup d'être venu nous voir. Il est 12h26.
14:54 Vous êtes sur Sud Radio, André Bercoff.

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