• il y a 2 ans
Interview confession de personnalités politiques et médiatiques sur des sujets environnementaux

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00:30 - Bonjour Edouard.
00:31 - Jean-Jacques Bourdin, c'est d'abord un inconditionnel du football.
00:34 Si sa passion pour le ballon rond l'a amené au journalisme,
00:37 c'est en tant que journaliste politique qu'il s'est imposé dans le paysage médiatique.
00:41 Ses auditeurs, il les connaît par cœur.
00:43 Leurs doléances, leurs coups de gueule,
00:45 ils s'en nourrissent depuis plus de 40 ans pour ses interviews et ses débats
00:49 avec les grands décideurs français.
00:51 Je pense qu'un journaliste, Jean-Jacques Bourdin, est inévitablement entre les premiers et les derniers de cordée.
00:57 Une institution à retrouver sur Sud Radio dans Parlons Vrai avec Bourdin.
01:01 Et si on parlait écologie autrement, bienvenue dans le Déclic.
01:04 - Votre Déclic à vous, c'est quoi en matière d'écologie ?
01:09 - L'eau de mes sources.
01:11 Je vous explique.
01:12 J'ai la chance dans mes Cévennes d'avoir une maison avec peu de terre autour,
01:19 une colline, sur cette colline, il y a des sources.
01:22 Et donc, je vais les voir régulièrement.
01:25 Et je vais voir l'eau de mes sources.
01:26 Et je me dis qu'il faut la préserver.
01:28 Donc, à partir de là, j'essaie de faire attention.
01:33 Je ne suis pas un écologiste militant, mais je suis sensible à ces questions.
01:38 - On a un petit quiz avec cinq petites questions.
01:41 - Allez-y.
01:42 - Donc, encore un.
01:43 - Allez-y, je suis prêt.
01:44 De toute façon, vous êtes propriétaire de vos questions,
01:46 moi propriétaire de ma réponse, c'est toujours ce que j'ai dit.
01:48 Qu'est-ce que vous souhaitez être et qu'est-ce que vous souhaitez devenir ?
01:51 - J'étais d'une insouciance absolument totale quand j'étais enfant.
01:54 J'étais insouciant quand j'étais au collège.
01:56 J'étais insouciant quand j'étais au lycée.
01:58 J'étais un vagabond de la vie déjà, c'est-à-dire que je faisais l'école buissonnière en permanence.
02:06 J'allais me baigner dans la rivière.
02:08 J'ai commencé à jouer aux cartes très tôt.
02:11 J'ai privilégié les loisirs et le bien-être et le plaisir très vite.
02:19 Je me souciais peu de tout le reste, je dois le dire.
02:22 Et donc, je n'avais pas d'objectif ni de but dans la vie.
02:27 - Vous étiez un jouisseur de la vie.
02:28 - J'étais exactement, mais un parfait jouisseur de la vie.
02:31 J'étais bien dans ma peau.
02:32 Tout allait bien.
02:34 - Est-ce que vous vous souvenez de votre premier jastin écolo ?
02:38 - Ça a très à l'eau encore.
02:40 Je suis très sensible à ces questions-là.
02:42 C'est un jour, une rivière, justement, quand j'étais jeune, dans laquelle j'allais me baigner.
02:49 Et un matin, j'arrive et je vois à la surface des poissons, le ventralaire mort.
02:57 Pollution au mercure.
02:59 Ça m'a marqué.
03:01 La rivière avait changé de couleur, elle était devenue un peu rose.
03:04 Et c'était terriblement troublant.
03:06 Je devais avoir 17 ans, j'étais venu avec ma mobilette, je me rappelle, au bord de la rivière, pour aller me baigner.
03:13 Et puis, on n'a pas pu se baigner.
03:15 Et la rivière est toujours polluée.
03:16 Cette rivière est toujours polluée.
03:18 - Quel sentiment, est-ce que vous vous en souvenez ?
03:20 Est-ce que c'était de la colère ?
03:21 - Au début, j'avais une forme de répulsion.
03:24 Et puis ensuite, oui, de la colère.
03:26 J'ai essayé de savoir pourquoi.
03:28 Évidemment, tout de suite.
03:29 Mais il y avait une mine un peu plus haut, dans les montagnes.
03:32 Et ensuite, on n'a rien pu faire.
03:34 Ça a été terminé.
03:35 - Et à contrario, est-ce qu'il y a quelque chose, justement, est-ce que vous avez un petit côté, un petit péché ?
03:44 Un geste que vous faites en matière d'écologie ?
03:47 - J'ai longtemps beaucoup roulé avec une voiture diesel.
03:51 Et puis après, non, mais en matière d'écologie...
03:53 - Ça, comme c'était préconisé.
03:55 - Oui, à l'époque, vous le pouvez.
03:57 Maintenant, je n'ai plus de voiture.
03:58 Je n'ai plus de voiture à Paris.
04:00 Mais non, ce que je fais, je ne fais pas très attention à la lumière.
04:07 Je ne suis pas très attentif à tout ça, je dois dire.
04:10 - D'accord.
04:11 - Franchement.
04:12 J'ai dans le sud de ma maison une piscine.
04:14 Donc bon, cela dit, c'est l'eau de la source qui est...
04:18 - Qu'est-ce que vous en pensez, justement, aujourd'hui, de toutes ces interdictions de piscine ?
04:22 - Je suis assez contre les interdictions.
04:24 Je pense qu'il faut être intelligent.
04:26 Ou tout permettre ou tout interdire, ce n'est jamais la solution.
04:29 Moi, tout ce qui est extrême me déplaît.
04:32 Je n'aime pas les extrémismes.
04:34 Je n'aime pas le militantisme.
04:37 Je n'aime pas tout ce qui prive de liberté.
04:42 Et puis j'aime la nuance et puis j'aime la réflexion.
04:45 Je pense qu'on vit dans un monde qui a perdu ce sens-là de la réflexion.
04:50 De la réflexion qui est indispensable à tout propos.
04:54 - Si vous deviez être le père de quelque chose,
04:57 qu'est-ce que vous choisiriez, vous ?
05:00 - Il y a un livre pour moi qui est un livre majeur,
05:03 qui s'appelle "Vie et destin" de Vassily Grossman,
05:06 qui pour moi est le livre que tout le monde doit lire et que personne ne peut ignorer.
05:10 "Vie et destin", Vassily Grossman.
05:13 Ça explique d'ailleurs tout ce qui se passe en ce moment entre l'Ukraine et la Russie.
05:16 On comprend tout.
05:17 J'aurais aimé écrire ce livre. Vous n'imaginez même pas.
05:20 Enfin, cela dit, il a vécu une vie tellement difficile, tellement dramatique,
05:25 je ne sais pas si j'aurais aimé vivre sa vie.
05:28 - Est-ce que vous avez aujourd'hui le sentiment d'avoir tout accompli ?
05:34 - Je n'ai rien fait.
05:36 - Il vous reste des rêves, des projets ?
05:40 - Des rêves, j'en ai des quantités, oui, bien sûr.
05:44 Bien sûr, quand on vieillit, surtout,
05:48 je pense que quand on vieillit, on a plus de rêves
05:51 que quand on est jeune, curieusement, paradoxalement.
05:54 Je pense que quand on vieillit, on court après le temps, forcément.
05:58 Donc, il faut que les rêves se multiplient, il faut les accomplir.
06:03 Vous savez, je ne sais plus qui a dit cette phrase magnifique,
06:08 "La vieste, un fardeau qui pèse sur votre épaule et qui fouille plié jusqu'à terre".
06:15 Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu'avant, c'était mieux.
06:18 Pas du tout.
06:20 J'aime vivre dans mon temps, dans mon époque,
06:23 même si je ne maîtrise pas tous les codes de cette époque.
06:27 Nombreux, dans tous les domaines,
06:30 à la fois les codes numériques, les codes comportementaux, les codes...
06:36 Bon, c'est vrai.
06:38 Mais j'aime bien vivre au quotidien, j'aime bien suivre les mouvements,
06:44 savoir ce qui se passe.
06:46 - J'ai un petit cadeau pour vous.
06:48 - Avec grand plaisir.
06:50 Qu'est-ce que c'est que cette boîte ?
06:52 - C'est une boîte où on a plein de petits cadeaux.
06:55 - C'est une boîte mystérieuse.
06:57 Ah oui !
06:59 Alors ça, ça me dit toute ma vie dans le sport.
07:04 Depuis que je suis gamin, j'avais 9 ans,
07:08 quand j'ai vu le premier match d'années olympiques au stade Jean-Bouin,
07:12 c'était un match contre le stade de Reims.
07:15 À l'époque, nous nous battions pour être champions de France.
07:18 Nous avons été battus par le stade de Reims.
07:20 J'ai été aller au stade avec mon grand-père.
07:23 Nous avions perdu 3 à 1, je m'en souviendrai toute ma vie.
07:26 Et c'était le maillot de Nîmes Olympique.
07:28 Je suis tombé amoureux de Nîmes Olympique à ce moment-là.
07:30 - Et je crois aujourd'hui que vous êtes vice-président...
07:32 - Je suis président d'honneur.
07:33 - Président d'honneur. - Président d'honneur du club, oui.
07:34 - Est-ce que ce maillot, vous l'avez ?
07:36 Et est-ce que vous l'avez à votre nom ?
07:37 - Ah non, je n'ai pas mon nom.
07:39 - D'accord.
07:40 - Ce maillot, je l'ai, mais je n'ai pas mon nom.
07:42 - Donc on vous fait un second petit cadeau.
07:44 On vous a fait un maillot pour vous.
07:46 - Ah, ça, c'est magnifique.
07:48 Non, ça, ça me fait vraiment plaisir.
07:50 C'est vrai que j'ai des maillots de l'équipe, évidemment, des joueurs,
07:54 mais à mon nom, je n'ai pas.
07:56 Vraiment, ça, ça me fait plaisir.
07:58 Vous allez trouver, bravo, ça ne va pas bien.
08:00 En ce moment, mon club souffre.
08:03 - C'est une façon peut-être de jouer.
08:05 - J'y vais samedi, là.
08:07 Bon, bah bon.
08:08 - Est-ce que vous aurez aimé, justement, être footballeur ?
08:11 - J'aurais aimé... J'ai joué au football,
08:13 mais je n'avais pas le niveau pour être footballeur professionnel.
08:17 Non, j'ai un regret dans le sport, c'est de ne pas avoir joué au rugby.
08:20 - D'accord.
08:21 - J'aurais aimé jouer au rugby.
08:22 Et je pense que, d'ailleurs, j'aurais été meilleur au rugby qu'au football.
08:25 - Et si on peut prendre 30 secondes pour parler de rugby
08:28 et la Coupe du Monde qui arrive en septembre ?
08:31 - Ah oui, oui. On va se régaler.
08:33 - Ça, c'est certain.
08:34 Qu'est-ce que vous pensez du 15 de France aujourd'hui, de cette génération ?
08:37 - Je pense qu'il est exceptionnel.
08:39 Je pense qu'il est exceptionnel.
08:41 Il faut faire attention à ne pas être trop confiant avant cette Coupe du Monde.
08:44 On la joue chez nous.
08:45 Tout le monde dit qu'on a une équipe exceptionnelle,
08:48 mais il y a aussi en face des rivaux exceptionnels,
08:51 et je pense à l'Irlande,
08:53 qui sera absolument redoutable dans cette Coupe du Monde.
08:57 - Et si on parlait un petit peu de top 14 ?
09:00 - Oui.
09:01 - Vous seriez vice-président de quel club ?
09:02 - J'admire le Stade Toulousain, évidemment.
09:05 C'est un club exemplaire dans le fonctionnement, dans l'organisation.
09:11 J'aime bien Toulon aussi.
09:14 - Et c'est le sport qui vous a amené au journalisme ?
09:17 - Eh bien, c'est le sport qui m'a amené au journalisme.
09:20 Toute ma jeunesse, je lisais l'équipe.
09:23 Je disais tout à l'heure, j'étais insouciant.
09:25 J'étais insouciant, sauf pour suivre les événements sportifs.
09:29 Là, j'étais toujours présent et attentif à tout,
09:32 et je lisais l'équipe tous les jours.
09:34 Et mon rêve, c'était de devenir journaliste sportif.
09:37 Mon rêve absolu.
09:38 - J'ai un autre petit clin d'œil, après le maillot.
09:42 - Après le maillot ?
09:43 - Toujours dans la boîte.
09:44 - Allez.
09:45 Qu'est-ce que vous allez me sortir ?
09:47 Je suis curieux.
09:49 - C'est...
09:51 - Oui, c'est vrai.
09:54 Je suis alésien, gardois et sénol.
09:56 - Exactement.
09:57 - Exactement.
09:58 Alésien, c'est mon enfance.
10:01 C'est la maison de mes parents.
10:03 C'est mes parents qui sont décédés tous les deux.
10:06 C'est Alès et ma ville d'enfance.
10:09 - On vous imagine avec une maison très ancienne,
10:12 très technique.
10:13 - La maison était une maison...
10:15 Oui, à l'époque, c'était une maison qui était
10:18 dans la périphérie d'Alès.
10:20 C'est une maison de campagne, un peu.
10:23 Rien d'extraordinaire.
10:25 - Avec des oliviers ?
10:26 - Non, il n'y avait pas d'oliviers.
10:28 Il y avait quelques arbres autour.
10:30 Non, c'est une maison...
10:32 Rien d'extraordinaire, mais une maison agréable.
10:35 - Et aujourd'hui, Jean-Jacques, vous avez une...
10:37 - Aujourd'hui, j'ai une maison, mais ailleurs.
10:39 J'ai une maison dans le nord-ouest du Gard,
10:42 au-dessus du Vigan.
10:43 - Et toujours pas d'oliviers ?
10:44 - Ah si, là, j'ai des oliviers.
10:46 J'ai fait planter des oliviers, si.
10:47 - Et j'ai un troisième petit clin d'œil ?
10:50 - Allez-y, allez-y.
10:52 Je suis curieux.
10:53 - Ça, c'est quelque chose qu'on a trouvé
10:55 sur vos réseaux sociaux.
10:56 Donc, il est parfaitement public.
10:58 Il y a une photo au cœur de votre...
11:02 - Ça, c'est en Corse.
11:03 - Ça, c'est en Corse, avec votre compagne, Anne Niva.
11:06 - Avec ma compagne, Anne Niva, oui.
11:08 Ma femme.
11:09 - Votre femme.
11:10 - Ma femme, oui.
11:11 - Donc, qui est journaliste aussi.
11:12 - Qui est journaliste et qui est actuellement en Russie.
11:15 - Quand vous êtes chez vous,
11:17 deux journalistes, de premier plan,
11:22 vous parlez de politique, vous parlez d'économie.
11:25 - Alors, politique, non, parce que c'est pas son truc.
11:27 Elle n'aime pas la politique.
11:29 - D'accord.
11:30 - Mais on parle de géopolitique, de politique étrangère.
11:32 Parce que moi, je suis passionné par la politique étrangère,
11:35 passionné de géopolitique.
11:37 D'ailleurs, grâce à elle, j'ai découvert la géopolitique,
11:40 parce qu'elle, elle fait que ça.
11:43 Et là, on a des conversations, oui.
11:45 - Vous avez pas peur quand elle part, par exemple, là ?
11:48 - J'ai pas peur.
11:49 - Elle est en Russie ?
11:50 - Je vais vous dire, j'ai eu peur deux fois.
11:52 Ça fait 20...
11:53 Vous savez, elle a commencé par le plus difficile,
11:55 elle a commencé par la Tchétchénie en 1999-2000,
11:58 où elle s'est retrouvée prisonnière de la guerre,
12:01 puisqu'elle était en reportage en Tchétchénie
12:03 avec les rebelles tchétchènes à l'époque.
12:05 Quand les Russes, les troupes russes,
12:07 sont entrées en Tchétchénie et ont fermé la Tchétchénie,
12:11 elle s'est retrouvée prisonnière de la guerre,
12:13 elle est restée six mois.
12:14 Elle a écrit un livre, d'ailleurs, qui s'appelle "Chienne de guerre",
12:16 qui a eu le prix Albert Lomb, enfin, bon, etc.,
12:18 qui a fait le tour du monde.
12:19 Et là, elle a connu le plus dur,
12:21 parce qu'elle était sous les bombes,
12:23 sous les bombes sans arrêt.
12:25 - Est-ce que vous l'auriez fait, ça, vous ?
12:27 - Moi, non. Ah non, non, elle est plus courageuse que moi.
12:29 Ah non, non, non. - D'accord.
12:30 - Puisqu'elle a vécu ensuite en Irak, en Afghanistan,
12:33 c'est là où j'ai eu peur en Afghanistan, un jour,
12:35 parce qu'en Afghanistan, elle sillonnait l'Afghanistan,
12:38 à l'époque des talibans,
12:39 et elle était sur des routes du sud de l'Afghanistan,
12:41 pas très loin de la frontière iranienne,
12:43 et elle me disait, elle était partie d'une ville
12:46 du sud de l'Afghanistan,
12:47 elle devait se rendre dans une autre ville,
12:49 elle connaissait le maire, qui était un de ses amis,
12:52 et elle me dit, j'ai 7 heures de route
12:54 sur des terrains difficiles et tout,
12:56 je pars avec un chauffeur de confiance,
12:59 et au bout de plusieurs heures, pas de nouvelles, rien,
13:02 au bout de 12 heures de route, pas de nouvelles,
13:04 et là, je m'inquiétais, il était 1h du matin,
13:07 et puis finalement, elle a réussi à m'ajoindre,
13:09 elle avait un téléphone satellite,
13:12 mais comme les communications
13:14 coûtent une véritable fortune,
13:16 j'ai réussi à la joindre, mais très tard,
13:18 à 1h du matin, et elle me dit,
13:20 je suis soulagé, parce que là, cette fois,
13:22 j'ai eu peur, j'étais sur la route,
13:25 on était en pleine nuit, en plein désert,
13:28 il n'y avait personne, au milieu de la rocaille,
13:30 et tout à coup, on a vu des phares de voitures
13:33 arriver en face, on s'est dit, qu'est-ce que c'est ?
13:36 Est-ce qu'il ne reste que un enlèvement ?
13:38 Et puis des hommes armés sont descendus de la voiture,
13:40 et finalement, c'était les gardes du corps
13:42 de l'homme du maire de la ville où elle allait,
13:45 qui l'attendait, son ami,
13:46 qui avait envoyé ses gardes du corps
13:48 à sa recherche, pour la sécuriser.
13:51 - En restant sur le journalisme, Jean-Jacques,
13:54 j'ai un petit clin d'œil, j'ai trouvé ça.
13:57 - Oui, Sud Radio, ma dernière radio.
14:00 Je suis très content d'être travaillé à Sud Radio.
14:02 - En arrivant chez Sud Radio,
14:05 vous avez dit, je vais faire du bourdin.
14:08 - Oui, je sais faire que ça,
14:10 qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?
14:12 - Qu'est-ce que ça veut dire ?
14:13 - Faire du bourdin, ça veut dire
14:16 faire comme je sens.
14:18 C'est faire mon métier comme je l'aime.
14:20 - Parler vrai ?
14:21 - Parler vrai, oui.
14:22 - Être vrai.
14:23 - Et encore, je ne fais pas trop d'interviews politiques,
14:25 et ça me manque.
14:27 Je veux voir si je ne vais pas évoluer.
14:29 Je vais en faire de plus en plus,
14:30 parce que ça me manque, l'interview politique.
14:32 C'est ce que j'aime faire,
14:34 ce que je pense savoir faire.
14:36 - Vous êtes plutôt un homme de terrain,
14:38 très proche des gens.
14:39 - Oui, proche des gens, oui, parce que j'ai...
14:41 N'oublions pas que pendant des années,
14:44 d'abord, j'ai lancé les auditeurs à la parole sur RTL,
14:49 et puis j'ai donné la parole sur la RNC
14:51 pendant des années aussi aux auditeurs,
14:53 et je continue sur ce radio.
14:55 Pas encore assez, je trouve,
14:57 mais j'aime ce contact, ce dialogue avec...
15:02 Vous savez, le public,
15:04 les hommes et les femmes qui nous écoutent,
15:06 vivent des situations que nous ne vivons pas.
15:09 Donc, on a besoin de leur témoignage.
15:11 On a besoin de savoir ce qu'ils vivent
15:13 pour essayer de comprendre la société,
15:16 au mieux et au plus juste, la société dans laquelle on vit.
15:18 - Qu'est-ce que vous répondez aux gens
15:20 qui peuvent parfois juger vos interviews
15:23 de très dures, de très cash, de très directives,
15:26 voire même populistes ?
15:28 Qu'est-ce que vous dites ?
15:29 - C'est un mot qui a été galvaudé, le mot "populisme".
15:32 "Populiste", ça ne veut plus dire grand-chose.
15:35 Je réponds sur les interviews cash,
15:37 je réponds que je fais mon métier,
15:39 c'est complètement normal.
15:40 Moi, je ne suis pas là pour faire...
15:42 Je suis là pour obtenir des réponses.
15:44 Chacun a sa place.
15:47 L'intervieweur est à sa place,
15:49 l'interviewee est à sa place.
15:51 Chacun est responsable.
15:53 L'un de ses questions, l'autre de ses réponses.
15:56 Et voilà, ça s'arrête là.
15:58 Après, vous savez, quand je faisais l'interview politique
16:01 sur BFMTV ou sur AMC,
16:04 j'avais volontairement raccourci la table.
16:08 L'espace qui nous séparait, j'avais fait exprès,
16:11 l'espace qui me séparait de la personnalité.
16:14 Pourquoi ?
16:15 Pour voir bien le regarder dans les yeux
16:18 et le mettre, parfois, face à ces contradictions.
16:21 Quelle place, aujourd'hui, peut prendre l'écologie
16:25 de votre regard dans des interviews,
16:28 justement, peut-être de grande audience ?
16:31 Le problème de l'écologie, c'est que...
16:33 Ici, il y a cet éternel débat entre l'écologie politique
16:37 et l'écologie au sens large du mot.
16:39 Est-ce que l'écologie, c'est uniquement...
16:42 Est-ce qu'on doit voir l'écologie uniquement
16:44 sous un angle politique ?
16:45 Ou est-ce qu'il faut élargir le débat ?
16:47 Est-ce que l'écologie, la défense de l'environnement,
16:50 c'est transpartisan ou pas ?
16:51 C'est toute la question du débat.
16:53 - Et est-ce qu'on peut faire sans ?
16:54 - Moi, je pense que c'est les deux.
16:57 Encore une fois, je ne veux pas trancher, dire...
17:00 Je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent,
17:02 et j'ai lu une tribune très intéressante dans Le Monde,
17:05 de Cyril Dion et de Dominique Bourg.
17:08 Une tribune expliquant que l'écologie, c'est politique.
17:11 Uniquement politique.
17:12 Moi, je ne suis pas d'accord.
17:14 Mais c'est aussi politique.
17:16 - Le politique peut impulser...
17:17 - Le politique, évidemment.
17:18 Puisque lorsqu'on ouvre le débat sur le productivisme,
17:22 est-ce qu'il faut produire plus ?
17:24 Est-ce qu'on peut défendre la planète en produisant plus ?
17:27 Est-ce qu'on peut...
17:28 Évidemment que ces débats-là doivent être ouverts.
17:30 Mais il ne faut pas non plus tomber dans la posture
17:32 du militant écologiste
17:34 qui ne se soucie plus du quotidien du Français,
17:40 qui n'a pas les moyens d'être un vrai défenseur de l'environnement.
17:44 Moi, je pense que celui qui a une vieille voiture diesel,
17:47 qui vit dans ses montagnes, à la campagne,
17:50 il n'a pas les moyens, qu'est-ce que vous voulez,
17:52 d'être un écologiste militant forcené.
17:54 Il faut bien qu'il vive au quotidien.
17:56 Il faut bien qu'il aille travailler, qu'il aille faire secteur.
17:58 - Est-ce que vous les trouvez très éloignés, aujourd'hui ?
18:00 - Je trouve que...
18:01 - Quand on parle d'écologie...
18:02 - Les militants écologistes ne connaissent rien à l'écologie.
18:04 Je dis qu'il y a des militants écologistes
18:06 qui sont des militants par idéologie
18:09 ou par une forme de romantisme un peu échevelé,
18:13 qui pensent que l'écologie, c'est...
18:18 On supprime tout, plus terminés, plus de bassines,
18:21 plus de routes, plus de voitures diesel, plus de...
18:25 Non.
18:26 - Est-ce que...
18:27 - La nuance.
18:28 - Aujourd'hui...
18:29 - Il faut avoir de la nuance.
18:30 - Il faut réfléchir au bien-être de la planète, évidemment.
18:34 Mais on peut être intelligent.
18:35 Je demande quand même à l'être humain d'être intelligent.
18:38 On peut être un peu intelligent aujourd'hui,
18:40 grâce au progrès technique, on doit pouvoir tout réaliser.
18:43 Si l'être humain met sa science, sa réflexion
18:47 au service de la recherche, on trouvera des solutions.
18:51 - Est-ce que vous pensez qu'un journaliste, aujourd'hui,
18:54 sans formation particulière, peut parler d'écologie ?
18:58 Un journaliste généraliste, aujourd'hui...
19:00 - Je pense qu'il faut être formé, quand même.
19:02 Il faut connaître les problèmes environnementaux.
19:05 On peut pas.
19:06 Je pense que c'est nécessaire.
19:09 Pourquoi est-ce que je vous dis ça ?
19:10 - Vous travaillez les sujets ?
19:12 - Mais à moi, je...
19:13 - Quand vous interrogez des hommes politiques de premier plan...
19:16 - Je vais vous dire que quand je faisais mes interviews,
19:18 j'étais chez moi, à mon bureau, la veille au soir,
19:20 pendant trois heures.
19:22 Et je faisais tous les soirs trois heures de préparation
19:24 à l'interview.
19:25 Vous ne pouvez pas réaliser une interview de 25 minutes,
19:28 en tête à tête, sur des sujets majeurs,
19:31 sans avoir travaillé les sujets.
19:33 Ou alors, beaucoup le font, mais à ce moment-là,
19:36 vous n'avez pas une véritable interview.
19:38 C'est-à-dire que vous ne relancez pas l'invité,
19:41 vous ne posez pas de questions dérangeantes,
19:44 il n'y a pas d'interaction.
19:46 Ça veut dire quoi ?
19:47 Ça veut dire que combien d'interviews sont réussis,
19:50 d'interviews politiques ?
19:51 Il n'y en a pas beaucoup, aujourd'hui.
19:52 Il n'y en a vraiment pas beaucoup.
19:53 Qu'est-ce que vous allez chercher, vous ?
19:55 Dans le fond, c'est des réponses...
19:57 Mais j'ai cherché la vérité de celui qui est en face.
20:00 Sa vérité, sa conviction, ce qu'il a envie de dire
20:06 et ce qu'il a envie de répondre,
20:10 son message, sa vérité,
20:14 pas des éléments de communication.
20:15 Vous sentez aujourd'hui qu'il y a des façons
20:19 de polisser les discours,
20:21 notamment sur les sujets écologiques ?
20:23 Surtout les sujets écologiques comme les autres.
20:26 Il y a des éléments de langage,
20:28 il y a surtout des règles de communication
20:32 qui sont insupportables,
20:33 des conseillers en communication multiples et variées
20:35 qui polluent le message.
20:37 Sur l'écologie, d'ailleurs, où est la sincérité ?
20:41 Moi, je veux la sincérité.
20:43 Où est la sincérité des hommes politiques
20:45 ou des femmes politiques qui sont interrogées aujourd'hui ?
20:47 Moi, je ne la trouve plus.
20:48 Je ne la vois plus.
20:49 Sur l'écologie, on a le sentiment souvent
20:51 que tout le monde, en tant que représentant politique,
20:54 parle d'écologie.
20:55 Mais tout le monde dit "je suis écologiste".
20:57 Qu'est-ce que ça veut dire ?
20:58 Je défends.
20:59 Ça ne veut rien dire.
21:00 Il faut le prouver, il faut le montrer,
21:01 il faut le connaître, il faut savoir, il faut agir.
21:04 En parlant de franchissement,
21:06 j'ai un autre petit clin d'œil dans la boîte
21:11 et je pense que c'est quelque chose qui...
21:16 Montrez-moi.
21:17 Qui va vous parler ?
21:19 Je suis impatient.
21:20 Ah ! Oui.
21:22 Ou parfois, quand on pratique ce sport,
21:25 on discute et on est souvent très franc.
21:28 Est-ce que vous êtes plutôt tireur ou pointeur ?
21:30 Je suis milieu.
21:32 Milieu.
21:33 D'ailleurs, mercredi, je suis là aussi président d'honneur
21:37 d'un club de boules, de pétanque,
21:43 qui est le club du Jardin du Luxembourg,
21:46 qui paraît comme ça, mais qui est le premier club de Paris,
21:49 le meilleur club à Paris,
21:51 et on fait une compétition mercredi après-midi.
21:53 Donc, vous voyez, je fais des compétitions toujours.
21:56 Vous êtes un grand compétiteur ?
21:58 Je suis joueur de pétanque, je joue milieu.
22:01 Milieu, ce n'est pas un formidable tireur
22:04 ni un formidable pointeur,
22:05 mais c'est un bon tireur, un bon pointeur
22:07 qui est capable de rattraper les coups,
22:09 qui est capable de...
22:10 Il y a beaucoup de pression quand on joue milieu.
22:12 J'adore ça.
22:13 Vous n'aimez pas perdre, on est d'accord.
22:15 Non, je n'aime pas perdre.
22:16 Je n'aime pas perdre, mais je ne suis pas un râleur.
22:18 Si je perds, je perds.
22:19 Mais je n'aime pas perdre.
22:20 Pour rebondir sur le thème de l'émission,
22:22 qui est l'écologie, la pétanque, Jean-Jacques,
22:26 c'est le sport le plus écologique ?
22:29 Le plus écologique.
22:30 On peut jouer partout.
22:31 On peut jouer partout, on ne consomme rien,
22:33 on n'abîme rien.
22:34 On ne consomme rien, on n'abîme rien.
22:36 C'est le sport le plus écologique qui existe.
22:39 Et pourquoi on ne le verrait pas aux Jeux olympiques, ce sport ?
22:43 Je défends cela,
22:45 parce que la Fédération internationale de pétanque
22:49 n'est pas suffisamment, me semble-t-il, convaincante.
22:54 Elle n'est pas assez convaincante.
22:55 L'image de la pétanque.
22:57 D'abord, je crois qu'il y a 47 ou 50 pays
23:01 qui jouent à la pétanque officiellement,
23:03 qui ont une fédération.
23:04 Dans le monde, c'est un peu juste encore.
23:06 Il faudrait quand même quelques pays de plus.
23:08 Peut-être que ce n'est pas assez médiatisé aussi.
23:10 Ce n'est pas assez médiatisé.
23:11 Mais moi, j'aimerais.
23:17 Parce que c'est un sport.
23:18 Parce que c'est fatigant.
23:20 C'est un véritable exercice physique.
23:23 Je peux vous dire que quand vous faites un tournoi
23:25 et que vous jouez toute la journée,
23:26 à la fin de la journée, vous êtes épuisé.
23:27 Est-ce que vous auriez pu, Jean-Jacques, faire de la politique ?
23:31 Non, la politique, je n'ai jamais fait.
23:32 - Jamais ? - On m'a proposé.
23:34 Parce que vous avez l'air de...
23:35 - On m'a proposé. - Vous avez énormément de convictions.
23:38 - Oui, j'ai proposé. - Vous défendez des idées.
23:40 Qu'est-ce qu'on vous a proposé dans le monde politique ?
23:44 - On m'a proposé dans le monde politique... - D'être ministre ?
23:46 Non, mais de me présenter à la députation.
23:50 - Vous avez refusé ? - Oui.
23:52 Jamais je ne ferai de la politique.
23:53 - Pourquoi ? - Parce que chacun a son métier.
23:56 Parce que le mélange des genres n'est pas...
23:58 Moi, je n'aime pas le mélange des genres.
24:00 Un journaliste, un journaliste, il fait son métier comme il peut.
24:03 Pas facile, il le fait bien, il le fait mal.
24:05 - Et un politique ? - Mais au moins, il le fait.
24:06 Et un politique, il fait son métier, parce que c'est un métier, la politique.
24:09 - Comme il peut. - Faut arrêter de dire...
24:11 "Arrêtons, arrêtons."
24:13 C'est un vrai métier, la politique.
24:16 Et il fait son métier comme il peut, bien ou mal,
24:19 en fonction de ses convictions.
24:21 Il est honnête ou moins honnête.
24:23 Mais bon, voilà.
24:25 Et puis après, le citoyen juge.
24:27 C'est le citoyen qui vote, c'est lui qui décide.
24:30 On arrive presque à la fin.
24:32 - J'ai une dernière petite question. - C'est un plaisir.
24:34 - Alors, allez-y. - Est-ce que vous êtes heureux ?
24:36 Qui peut dire ? Qui peut dire "Je suis totalement accompli,
24:39 "je suis totalement épanoui, je suis totalement heureux."
24:42 Non, moi, je ne dirais jamais ça. J'ai des doutes.
24:44 - Merci beaucoup. - Merci.
24:46 - Jean-Jacques Bourdain. - Merci.
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