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L'ouvrage de Denis Louvel "Où va notre argent ?" fait suite à une réflexion longue sur la question : pourquoi tout l'argent prélevé sur les entreprises et les particuliers n'engendre que manque cruel de moyens dans tous les domaines, y compris régaliens ? Pour répondre à cette question, l'étude a d'abord porté sur les cas extrêmes : les plans dits de relance où on injecte massivement des fonds dans l'économie. Les résultats ne sont jamais au rendez-vous. Il y a donc bien un phénomène de fond sur le fait que le couple prélèvement-dépense appauvrit tout le monde. Quel est-il ? C'est à partir de l'étude de cas concrets de réussite ou d'échec de diverses politiques publiques à travers le monde que des similitudes et des constantes sont apparues, des évidences se sont exprimées. La découverte finale, explosive, allait alors de soi ! Réponse dans cet entretien, éclairant !

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Transcription
00:00 Emmanuel Macron est un menteur.
00:03 Lors d'une prise de parole, il dit aux Français qu'il supprime la redevance audiovisuelle.
00:08 Mais il oublie de préciser qu'il continue de verser un chèque de 4 milliards d'euros par an aux médias du service public.
00:15 4 milliards que nous payons avec nos impôts issus dorénavant de la TVA.
00:20 On veut donc nous faire travailler deux ans de plus parce qu'il manque des milliards dans nos caisses de retraite,
00:25 mais des milliards partant fumé pour financer les copains et les coquins de l'audiovisuel public.
00:32 Les coquins, ce sont ceux qui dilapident notre argent.
00:35 Ils se versent des salaires énormes, engagent des projets fous comme la plateforme vidéo Salto,
00:40 vouée dès sa naissance à l'échec.
00:42 Un désastre, un fiasco de 170 millions d'euros de pertes nettes et aucune sanction,
00:49 notamment à l'égard de la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte.
00:55 Les copains, ce sont ceux qui profitent de notre argent.
00:58 Comment t'expliquer que le service public a donné de l'argent pour plus de la moitié des productions de Bernard-Henri Lévy ?
01:04 Des centaines de milliers d'euros déversés en pure perte pour lui,
01:08 mais aussi pour les documentaires de son épouse, mais aussi pour ceux de son principal associé.
01:13 Comment t'expliquer cet abus de copinage de la part de la firme BHL ?
01:19 Le plus grand milliardaire dans les médias, avec Drahi, Bouygues et les autres, c'est l'État.
01:23 Et l'argent de l'État milliardaire, c'est celui des contribuables vaches à lait
01:27 qui financent contre leur gré de la propagande 24h/24 et 7j/7.
01:33 Plus un centime pour le service public, tel doit être la mission de ceux qui veulent relever la France.
01:39 Pour TVL, il s'agit, malgré les intimidations, de rétablir une information libre, authentique, exemplaire, vérifiée, pluraliste, désendoctrinée.
01:50 TVL contre les menteurs.
01:53 Pour cette action essentielle, nous n'avons pas l'argent de l'État, ni celui des oligarques ou des banques.
01:59 Nous ne disposons que du soutien de nos téléspectateurs.
02:02 Et nous faisons face, en ce mois de juin, à une situation très compliquée.
02:07 Il y a le coût normal de la multiplication de nos programmes,
02:10 avec plus d'enquêtes, de créations, de nouveautés, pour une télévision véritablement généraliste.
02:16 Il y a le poids de l'inflation qui nous frappe tous.
02:19 Et il y a aussi un vrai coup dur avec l'explosion de nos factures d'électricité.
02:24 Comme vos commerces de proximité, votre télévision de proximité voit passer sa facture de 15 000 à 100 000 euros.
02:32 Une facture multipliée par 6.
02:34 Alors, parce qu'il faut tailler en pièces la propagande des médias du pouvoir,
02:38 parce qu'il faut une alternative aux verrouillages idéologiques, ce que nous faisons depuis 10 ans,
02:43 il nous faut absolument obtenir de nouveaux moyens, financer TVL.
02:48 Depuis 10 ans, TVL a fait la preuve de son utilité pour établir les vérités et confondre les menteurs.
02:54 Alors, téléspectateurs et amis de TVL, bougez-vous, mobilisez-vous, financez TVL contre les menteurs.
03:01 C'est la seule solution.
03:04 [Générique]
03:32 [Générique]
03:40 Bonjour à tous et bienvenue dans notre Zoom, aujourd'hui en compagnie de Denis Louvel.
03:46 Bonjour, monsieur.
03:47 Bonjour à vous. Bonjour à tous.
03:49 Denis Louvel, vous êtes consultant en prospective et stratégie économique.
03:53 Vous publiez cet ouvrage au titre évocateur « Où va notre argent ? »
03:58 et « Pourquoi manquons-nous de tout malgré les prélèvements colossaux sur les entreprises et les particuliers ? »
04:04 Alors, pour répondre à cette question, on va devoir expliquer un certain nombre de choses en amont.
04:11 Il est d'abord nécessaire de comprendre pourquoi la croissance est utile.
04:16 Certains prônent la décroissance. Qu'est-ce qui vous choque dans leur méthode ?
04:22 Alors, disons que la première chose qui choque dans la notion de décroissance,
04:25 et je suis toujours surpris d'entendre cela, c'est qu'on a connu beaucoup de périodes de décroissance
04:30 et on a vu tous les malheurs que cela avait provoqués.
04:34 Et par ailleurs, on observe que dans le monde, on a eu quand même une trentaine d'années de croissance,
04:39 assez forte en moyenne, quelque chose comme 3,5% du PIB, du PIB total du monde.
04:44 Et en fait, on a vu que les taux de personnes en grande pauvreté a diminué d'une quinzaine de pourcents
04:51 et qu'on a un accès à un enseignement supérieur d'un nombre considérable de personnes qui en étaient exclues au préalable.
04:58 Alors, vous avez observé au cours de vos études, au cours de vos observations, Denis Louvel,
05:06 que plus les prélèvements obligatoires sont élevés, plus la croissance est faible.
05:11 Autrement dit, plus on a d'impôts, moins on a de croissance.
05:14 Effectivement.
05:15 Comment vous le prouvez, ça ?
05:16 Alors, je l'ai prouvé de deux grandes manières.
05:20 La première, c'est le cas de la France, qui est assez symptomatique,
05:24 puisqu'on observe qu'en 50 ans, si on part de prélèvements obligatoires de l'ordre de 30% du PIB
05:33 pour arriver au montant astronomique où on arrive actuellement...
05:36 C'est-à-dire, aujourd'hui, on est à combien de prélèvements ?
05:38 On est à 45, ça dépend comment on calcule, mais 45, 47.
05:43 Donc, on arrive à ces montants-là, et symétriquement, la croissance a baissé
05:50 au fur et à mesure que les prélèvements augmentaient.
05:53 Donc, ça, ça m'a interpellé.
05:55 Et la question, c'était, est-ce que c'est seulement la France ou pas ?
05:59 Donc, j'ai pris 58 pays dans le monde, qui représentent 93% de l'économie mondiale,
06:04 et je les ai étudiés sur une moyenne de 3 ans, pour voir quel était le rapport entre les deux phénomènes.
06:12 Et j'observe que la statistique montre que, effectivement, dans tous ces pays-là,
06:18 si on prend tous ces pays-là, la croissance baisse, là encore, en fonction...
06:23 Plus le taux de prélèvements obligatoires augmente, plus la croissance baisse.
06:28 Et avec une arrivée, quelque part, où on pourrait arriver à zéro
06:33 si on continue d'augmenter les prélèvements obligatoires,
06:36 et on a pratiquement... La machine traduit l'ensemble des points que j'obtiens
06:43 par une droite avec une équation négative,
06:48 donc qui montre bien qu'effectivement, plus on augmente les prélèvements, plus la croissance est faible.
06:53 Donc, c'est point de vue de l'esprit, ça a été validé.
06:56 À partir de quel taux de prélèvements obligatoires arrive-t-on à une croissance zéro ?
07:01 On peut penser que des taux de prélèvements obligatoires à l'entour de 60%
07:07 amèneraient à une croissance zéro.
07:09 Mais nous, on est déjà à zéro alors qu'on n'est même pas à 60.
07:12 Alors, on n'est encore pas tout à fait à zéro, on est à quelques pourcents.
07:17 Oui, zéro virgule.
07:20 Et à coût d'endettement.
07:23 Oui, et en fait, le phénomène, c'est que si on arrivait à des taux que j'annonce à 60,
07:33 c'est pour tout le monde.
07:35 C'est-à-dire que chaque pays a sa propre trajectoire autour de la ligne générale
07:39 et nous, on a d'autres facteurs sans doute qui n'arrangent pas le cas.
07:44 Alors, dans la pratique, au début des années 90,
07:47 vous avez étudié le cas de cet ancien Premier ministre canadien, Jean Chrétien.
07:52 Il avait procédé, vous l'expliquez, à une réduction des dépenses publiques.
07:57 Alors, quels ont été les résultats de cette politique ?
08:00 Et dans quelle mesure a-t-il baissé ses dépenses publiques ?
08:03 Alors, il l'a baissé de manière assez importante.
08:05 Et en fait, on s'aperçoit que le résultat, c'est qu'il a baissé les dépenses publiques
08:11 et les prélèvements correspondants
08:13 et qu'on a multiplié à peu près par 3 la croissance à la mise en place.
08:19 Et il y a un autre indice qui est important,
08:21 c'est qu'on s'aperçoit que quand on réduit les dépenses publiques,
08:25 ça ne fait pas tellement baisser la croissance.
08:28 Et je l'ai observé sur tous les pays que j'ai pu étudier,
08:31 le fait de diminuer la dépense n'a pas l'effet négatif sur la croissance
08:38 dont on pourrait s'attendre si on écoute la DOCSA en place, notamment en France.
08:42 Vous dites, ça a quand même un effet négatif sur la croissance,
08:45 mais elle remonte au bout d'un an.
08:47 – Oui, et l'effet négatif est… – Donc il faut être patient.
08:49 – Oui, absolument. Et l'effet négatif est très restreint.
08:53 – Alors, à l'inverse, nous, on nous vend des plans de relance depuis des années,
08:58 c'est un petit peu la politique keynésienne.
09:00 Qu'est-ce que vous pensez de cette politique des plans de relance ?
09:03 Est-ce qu'il y a des exemples de pays qui l'ont appliquée et où ça a marché ?
09:09 – Alors, très clairement, la réponse est non.
09:13 Le début de ma réflexion sur les politiques publiques
09:17 remonte au plan de relance Chirac de 1975,
09:20 qui avait quand même utilisé 2,3% du pub de l'époque,
09:24 c'est quand même assez considérable,
09:26 et qui n'a pas donné les résultats escomptés.
09:28 Et je me suis donné, à cette époque-là,
09:30 il y a quand même un certain nombre d'années, j'étais plus jeune,
09:33 l'objectif de découvrir le pourquoi du fait que ce plan n'avait mal marché,
09:38 en me disant, il va suffire de regarder tous les plans de relance qui ont marché
09:42 pour voir quel écart il y a entre le plan de relance français et les autres,
09:46 sachant cependant que la plupart des économistes
09:48 avaient dit que c'était un bon plan de relance.
09:51 Or, je n'ai pas trouvé d'exemple de plan de relance qui a fonctionné.
09:56 Il y en existe un dont tout le monde dit du bien,
10:00 qui s'appelle le fameux New Deal de Roosevelt,
10:03 mais si on observe de plus près le New Deal,
10:06 on s'aperçoit que ça a quand même mobilisé 10% du pub américain de l'époque,
10:11 alors gigantesque,
10:13 qu'il y avait 10 millions de chômeurs américains à cette époque,
10:16 et qu'on en a très rapidement remis au travail 2 millions,
10:20 mais on observe qu'il a été lancé en 1933,
10:25 et on observe qu'en 1937, 4 ans après, la courbe du chômage remontait.
10:30 Alors, je pense qu'on ne peut donc pas dire,
10:33 contrairement à ce que beaucoup de bien-pensants racontent,
10:36 que ce plan est un exemple.
10:38 – Et il a dû, après l'échec, relancer la machine.
10:42 – Pour se faire élire à nouveau.
10:44 – Alors, Jean Chrétien a baissé les dépenses de l'État
10:48 pour obtenir la croissance, ça on l'a évoqué.
10:51 À l'inverse, est-ce qu'on peut obtenir de la croissance
10:54 en réduisant les impôts, en réduisant les prélèvements obligatoires,
10:58 comme l'avait fait dans les années 80 le président américain Reagan ?
11:02 – Alors, on observe que ça fonctionne également,
11:05 et que, alors, le cas américain est un peu particulier,
11:09 du fait de leur monnaie, donc ils peuvent se permettre
11:12 de baisser les dépenses sans trop faire d'économie,
11:15 mais on observe que, et on l'observe pas seulement dans ce cas-là,
11:18 que, effectivement, d'une part, en baissant le taux d'impôt,
11:22 il a obtenu plus de rentrées fiscales du fait de la baisse des impôts,
11:27 parce que l'économie s'est développée,
11:30 et, comment, simultanément à ça,
11:33 on observe qu'en valeur absolue,
11:35 parce que moi je suis très attaché à reprendre la valeur absolue,
11:38 qu'en valeur absolue, le montant d'efforts fiscales faits,
11:43 en fait, a été relancé dans l'économie 5 fois plus.
11:48 – En fait, il a moins prélevé d'impôts,
11:51 et en fait, en valeur absolue, il a eu plus d'argent.
11:54 – Il a eu plus d'argent, et par ailleurs, dans l'économie,
11:58 les montants économiques, les montants qui ont cessé d'être prélevés,
12:04 se sont retrouvés dans l'économie, multipliés par 4 ou 5.
12:07 On retrouve, assez systématiquement,
12:10 quand ce type de politique est menée,
12:12 le coefficient-là de multiplication de l'effort fait.
12:17 – Et alors, vous avez également observé, dans l'État au Nord,
12:21 excusez-moi, au Canada, qu'en réduisant les prélèvements obligatoires,
12:25 le gouverneur de l'Ontario, le gouverneur Harris,
12:30 était passé d'une croissance de 4,5 en 1997,
12:34 pour un résultat, deux ans plus tard, de 7,5.
12:37 – Absolument, et c'est la même démarche.
12:41 Harris a observé ce qui se passait au niveau de l'État fédéral,
12:45 il avait vu aussi autour de lui des gens,
12:48 et comme l'avantage de tous les pays qui ont redressé leurs économies récemment,
12:53 c'est qu'ils ont été très pragmatiques,
12:55 ils n'ont pas cherché à attendre que quelqu'un explique comment ça se faisait,
12:58 ils ont appliqué ce qui marche ailleurs, avec des résultats effectivement imposants,
13:03 et si vous voulez, j'en parle plus particulièrement,
13:06 parce que les 5 pays que j'ai étudiés, j'y suis allé.
13:09 Et l'Ontario, on voit bien, dans l'Ontario, par rapport aux États voisins,
13:14 que, effectivement, le boom de croissance est encore là,
13:17 c'est-à-dire qu'il y a encore la lancée, chère à Cannes,
13:20 de la multiplication de l'effet de croissance.
13:22 Donc, effectivement, ça a servi.
13:24 – Alors, Denis Louvel, est-ce que vous avez pu observer l'exemple d'un pays
13:29 qui a à la fois réduit les dépenses publiques,
13:34 tout en baissant les prélèvements obligatoires, et c'est quoi le résultat ?
13:39 – Alors, le résultat, on l'a étudié,
13:41 et effectivement, le résultat est systématiquement une augmentation de la croissance,
13:46 et j'ajoute que j'ai cherché à l'envers,
13:48 je n'ai pas trouvé de contre-exemple de pays
13:53 qui aient effectivement fait baisser les prélèvements et les dépenses,
13:58 où on n'est pas obtenu de gains de croissance.
14:00 Et j'ai eu la chance de travailler un peu avec les gens de l'IEDM,
14:05 de l'Institut économique de Montréal,
14:07 qui, eux, ont repris tous les pays de l'OCDE,
14:12 et ont fait, disons, trois familles de politiques,
14:17 ceux qui ont réduit à la fois les dépenses et les impôts,
14:20 ceux qui ont réduit les dépenses tout en augmentant les impôts,
14:23 et ceux qui ont augmenté les dépenses et les impôts.
14:26 Et on s'aperçoit que ceux qui ont augmenté les dépenses et les impôts
14:31 ont obtenu en moyenne 0,4% de croissance,
14:34 que ceux qui ont diminué les dépenses et augmenté les impôts
14:38 ont fait 0,8% de croissance,
14:43 et ceux qui ont diminué et les dépenses et les impôts
14:47 ont fait sur la même période 2,4% de croissance,
14:50 c'est-à-dire que si on fait la moyenne des deux autres méthodes
14:53 qui tournent autour de 0,6% de croissance,
14:57 les pays qui ont diminué les dépenses et les impôts
15:02 ont fait quatre fois plus de croissance
15:05 que la moyenne des autres pays de l'OCDE.
15:07 – Alors aujourd'hui, Denis Louvel, on le sait,
15:10 le taux de prélèvement obligatoire en France, c'est 45,3%,
15:17 en tout cas c'est le chiffre pour 2022.
15:19 Est-ce que vous savez à quel taux faudrait-il redescendre
15:23 ces prélèvements obligatoires pour commencer à retrouver de la croissance ?
15:26 – Oui, alors, moi je résonne plus là encore en valeur absolue,
15:31 je pense que c'est 150 milliards de dépenses globales
15:34 par rapport au prélèvement qu'il faudrait faire,
15:37 et ça fait de l'ordre de 3% de la dépense actuelle,
15:42 ce qui n'est pas gigantesque, finalement.
15:44 – Et on comprend que c'est le taux de prélèvement obligatoire en France
15:48 qui pénalise totalement les entreprises françaises
15:52 en matière de concurrence.
15:54 Vous dites que l'entreprise française est 35% moins rentable
15:57 que la moyenne des entreprises dans l'Union Européenne.
16:00 – Oui, chiffre Banque mondiale.
16:02 – Oui, l'impôt pèse 120 milliards d'euros par an en France
16:06 contre 27 milliards en Allemagne.
16:08 – Sur les entreprises.
16:09 – Exactement.
16:10 Alors, donc, l'objet de la réponse à cette question "Où va notre argent ?"
16:16 vous l'expliquez très bien dans votre livre,
16:19 vous expliquez que l'argent prélevé puis redistribué affecte la croissance.
16:25 Est-ce que vous pouvez nous expliquer donc pourquoi ?
16:28 – Voilà, alors si vous voulez, ça a été le fruit d'une réflexion assez longue,
16:31 parce qu'une fois que j'ai mis au clair le phénomène,
16:34 il fallait savoir, effectivement, pourquoi ça se passe comme ça.
16:38 Alors, à la force d'avoir fait des essais, des réflexions, des tests,
16:46 je suis parti d'un raisonnement assez simple.
16:50 On observe, dans les pays démocratiques en tout cas,
16:53 qui est la plupart des pays de l'OCDE quand même,
16:56 que les montants dépensés par l'État sont égaux aux montants prélevés.
17:03 En gros, on peut dire que les montants sont égaux.
17:05 Or, on observe que les résultats ne sont pas les mêmes.
17:11 C'est-à-dire que plus on augmente les prélèvements,
17:13 moins il y a de la croissance derrière.
17:15 J'en suis arrivé à la conclusion qu'il y avait une différence de nature
17:19 entre l'argent qu'on prélève et l'argent qu'on distribue.
17:22 Distribue au sens dépense, que l'on dépense, il faudrait mieux dire dépense.
17:25 Alors, fort de ça, on voit aussi très bien que,
17:31 quand l'État, si on approfondit cette analyse, ça c'est le point crucial,
17:35 on s'aperçoit que l'État prend dans les entreprises quelque chose qui ressemble aux bénéfices,
17:40 donc prélève sur les bénéfices, donc de l'argent qui était disponible pour la croissance,
17:46 il prélève chez les particuliers du reste au final à vivre.
17:49 Après que le salarié ait touché son salaire brut,
17:52 de quoi on a déduit les charges sociales, de quoi il a déduit ses frais pour ses enfants,
17:57 pour son logement, pour son véhicule, pour tout ce que vous voulez,
18:00 et dans les deux cas, alors les 5% à l'époque de l'étude, c'était les chiffres de l'INSEE,
18:06 et je pense que de ce que j'ai pu évaluer, pour les individus c'est du même genre.
18:11 Donc si on veut, on prélève sur 5% de richesse pure prête à faire de la croissance,
18:18 et on donne du chiffre d'affaires, dont il va falloir que tout un mécanisme se mette en place
18:23 pour arriver à refaire démarrer, et en fait on va diviser par 20 l'effort.
18:28 Vous n'y dites donc que l'administration prélève du bénéfice et qu'elle redistribue du chiffre d'affaires.
18:36 J'aimerais qu'on insiste un petit peu sur ce point, que vous nous expliquiez comment vous êtes arrivé à ce résultat.
18:43 Alors pour arriver à ce résultat-là, je suis déjà parti du constat que les montants étaient les mêmes.
18:47 Donc si les montants sont les mêmes et qu'ils ne provoquent pas le même effet, il y a forcément une différence.
18:53 Alors à partir de là, au niveau de la réflexion, ça a été assez long à maturer,
19:00 et en fait je dois en grande partie au fait d'être aussi chef d'entreprise,
19:04 le fait que progressivement c'est devenu une évidence, à force d'analyser les chiffres,
19:12 parce que bon, le salaire, oui, mais, et d'avoir travaillé un peu avec les banques sur la question du reste à vivre,
19:18 qui pour eux, ce que la personne peut dépenser c'est le 30%, mais on voit bien qu'il y a encore moins que ça de vraiment disponible pour les gens.
19:29 Donc en fait, la lumière s'est faite, je dirais, dans un train d'ailleurs.
19:35 La lumière s'est faite parce qu'en fait vous travaillez dans le privé et que vous êtes confronté à la réalité,
19:39 chose qui n'est pas le cas des gens qui nous dirigent.
19:42 Voilà, c'est ça, je pense que d'ailleurs, dans les gens qui nous écouteront,
19:45 déjà, bon là, beaucoup de gens peuvent le comprendre chez les chefs d'entreprise,
19:48 mais chez les chefs d'entreprise à qui je l'ai expliqué, n'ont pas tardé à comprendre le phénomène.
19:53 Et je suis maintenant tout à fait certain que c'est la réalité, et on observe à chaque fois,
20:00 j'ai des tas de cas qui sont venus valider, d'observations,
20:04 et on a notamment le cas de l'affaire des gilets jaunes.
20:10 Quand il y a eu les gilets jaunes, qui se rebellaient contre une taxe sur les carburants,
20:16 c'était ça la base, après bon, il s'est passé plein de choses, mais disons que, initialement, c'était ça,
20:21 et à la fin des fins, on a baissé cette taxe.
20:24 On observe qu'avant, on était à moitié de la croissance de la moyenne des pays de l'OCDE,
20:30 et le simple fait d'avoir fait ça, on a dépassé la moyenne des croissances de l'OCDE.
20:34 Ça veut bien dire que le fait de baisser ce prélèvement a donné effectivement de la force à vivre.
20:40 Et vous dites que l'argent prélevé, en fait, ne produit rien dans les caisses de l'État.
20:44 C'est de l'argent qui dort, c'est de l'argent mort.
20:47 Par définition, il ne fait que transiter. Donc, effectivement, il ne produit rien.
20:51 Alors, vous dites aussi qu'à chaque création d'un poste public,
20:55 quel qu'il soit, dans n'importe quelle administration d'État, hospitalière ou des collectivités locales, on envoie...
21:02 - Pas hospitalier. - Ah, pas hospitalier.
21:04 Je précise, oui. Parce qu'il y a une grosse différence entre...
21:07 Alors, je vais au bout. À chaque création d'un poste public,
21:10 on envoie en moyenne 5 salariés du privé d'un salaire équivalent au chômage.
21:15 Oui. Par le phénomène qu'on a décrit précédemment,
21:19 c'est-à-dire que l'argent qui va être nécessaire de prélever pour arriver à créer cet emploi,
21:29 lui, va s'étioler dans l'économie.
21:32 Et donc, on arrive... Alors, j'arrive aux coefficients par le calcul,
21:36 de 5 fois, c'est-à-dire qu'il y a une perte sèche d'un cinquième.
21:41 Donc, automatiquement, l'argent qui a été dépensé là va se multiplier par 5.
21:46 Et c'est ça qui va nous faire envoyer au chômage les 5 salariés du privé.
21:51 Vous dites aussi, Denis Louvel, que pour redresser l'économie d'un pays,
21:56 il en faut passer par une purge drastique.
21:59 C'est un petit peu le cas de la Grèce, il y a quelques années,
22:03 qui avait subi la cure d'austérité de la Troïka.
22:07 On s'en souvient. Qu'est-ce que vous pensez de cette purge drastique ?
22:11 Est-ce que la purge n'a pas tué le malade ?
22:14 Alors déjà, a priori, apparemment non, puisque la Grèce est toujours là.
22:19 Non, je pense que la purge a été faite en n'appliquant pas ce que je préconise.
22:26 Mais je pense que les gens qui l'ont faite ne pouvaient pas faire baisser les prélèvements,
22:33 parce qu'il y en avait très peu.
22:35 Donc, on sait que c'est assez particulier, la Grèce...
22:39 Oui, on sait qu'il n'y avait que 20% des Grecs qui payaient l'impôt sur le revenu.
22:43 J'ai un exemple qui m'a été donné par un de nos ministres de l'économie,
22:47 ils ont dit aux Grecs, "vous ne pouvez pas prélever des impôts sur rien,
22:50 parce qu'il n'y a pas de cadastre".
22:52 Pour ça, il n'y a pas de cadastre en Grèce, alors qu'il y a très longtemps qu'il y en a un au Maroc.
22:56 Ils ont dit, "on va taxer l'électricité".
23:01 Dans le mois qui a suivi, tout le monde était débranché, et là, ils se branchaient.
23:04 C'est-à-dire que c'est impossible de prélever,
23:06 donc on ne pouvait pas diminuer quelque chose qui n'existait pas.
23:08 Donc, en fait, d'une part, ils sont arrivés dans cette situation extrême
23:12 en faisant ce que nous faisons à l'heure actuelle,
23:15 c'est-à-dire s'adosser à l'euro pour emprunter,
23:17 y compris pour emprunter pour rembourser les intérêts,
23:20 donc aggraver leurs dettes.
23:22 Mais comme ils n'avaient pas moyen de mettre grand-chose en face,
23:24 on a simplement serré la vis.
23:26 Alors évidemment, ça a été très douloureux au passage.
23:29 Les retraités crevaient la dalle, il y a eu quand même des...
23:32 C'était affreux.
23:34 Mais je dirais qu'en l'occurrence, ils s'étaient mis un peu dans la situation en question,
23:39 et donc, progressivement...
23:42 Et l'idée de Goldman Sachs, qui leur a dit "vous pouvez maquiller vos...
23:45 C'est Goldman Sachs, et donc à l'époque...
23:47 Monsieur Draghi.
23:48 Monsieur Draghi, n'est-ce pas, pour qui on trace des couronnes,
23:51 qui avait aidé les...
23:55 Les grecs à maquiller leurs comptes.
23:57 À concourner, d'une part, effectivement, à établir des comptes,
24:01 apparemment meilleurs qu'ils n'étaient en réalité,
24:05 pour un peu tromper l'Union Européenne.
24:08 Donc, voilà, c'était une forme d'habileté.
24:11 Mais ceci pour dire que le cas grec était vraiment un cas à part.
24:16 D'ailleurs, j'observe que mes amis de l'IUDM
24:19 ont fait toute leur stat en disant "on exclut la Grèce".
24:22 Parce que c'est vraiment trop compliqué.
24:24 Mais la Grèce, on s'en rapproche.
24:30 On se rapproche de cet état-là.
24:32 Alors, on a entendu beaucoup ces derniers temps, notre ministre de l'Économie, Bruno Le Maire,
24:36 s'enorgueillir que la France a une croissance positive et non négative.
24:41 On voit qu'on a quand même du sang d'été à coups de milliards pour arriver à ce résultat,
24:45 en ayant des entreprises qui ferment au bout de trois mois.
24:48 Bref, vous, vous proposez un plan d'économie de 150 milliards d'euros
24:53 sur les budgets de l'État, des comptes sociaux et des collectivités locales,
24:58 pour redresser la croissance.
25:00 Comment vous vous y prenez ?
25:02 Alors, il faut être très sélectif.
25:05 A la limite, il serait sûrement bon de faire un audit.
25:08 Mais on a des chiffres quand même intéressants.
25:11 C'est que la politique de la ville, c'est 70 milliards par an,
25:16 où on paye des salariés à aller repeindre toutes les semaines le même couloir d'ascenseur,
25:22 parce que là, il n'y a pas les dealers qui sont dans les hôtes et qu'on ne peut pas aller travailler.
25:26 Je veux dire, il y a eu beaucoup, beaucoup d'argent qui se dépense,
25:30 sans efficacité réelle, sans parler de ce qui est détruit au fur et à mesure que c'est refabriqué.
25:34 Donc, je pense qu'à la politique de la ville, on peut faire.
25:37 Il y a 40 milliards de dépensées par an dans des structures d'État,
25:42 des commissions, des choses comme ça, que de plus en plus tout le monde dénonce.
25:47 Et il y a un coût.
25:50 Alors là, je vais peut-être me mettre en difficulté avec beaucoup de gens,
25:55 mais il y a aussi 40 milliards de dépenses pour une immigration à contrôler.
25:59 Donc avec tout ça, les 150 milliards, ils sont trouvés.
26:02 – Et alors, les 150 milliards, on les économise, d'accord,
26:05 mais comment est-ce que ça peut relancer la croissance, ces économies ?
26:08 – Il faut… à partir du moment où on les a effectivement mis en place,
26:12 parce que, comme disait M. Lefloch-Prigent hier en parlant à notre président,
26:18 "les paroles c'est bien, les actes c'est mieux",
26:21 une fois qu'on les aura mis en place,
26:24 il faut effectivement alléger la charge énorme qui pèse sur les entreprises et les salariés,
26:31 et tout naturellement la croissance reviendra.
26:34 Reviendra avec plusieurs points supérieurs à l'actuel,
26:38 en sachant que quand la France prélevait 30% du PIB,
26:45 où à l'époque, c'est l'avantage du grand âge, que j'ai vécu,
26:50 nous on avait 5% par an, ça paraissait anormal,
26:53 il y avait même un journal qui avait été créé par Jean-Louis Savan-Schreiber,
26:57 qui s'appelait "L'Expansion", alors l'expansion, elle s'est un peu calmée depuis,
27:02 et en fait, c'est plausible, pour qu'il y ait beaucoup de croissance,
27:06 il faut une, qu'il y ait le moins possible de freins au développement, à la croissance,
27:13 et il faut, simultanément, qu'il y ait des besoins non satisfaits.
27:20 Alors nous avons actuellement, dans ce pays, beaucoup de besoins non satisfaits,
27:24 moi, c'est pour revenir au cas des gilets jaunes,
27:28 je suis très très surpris de voir qu'il y a énormément de gens qui travaillent,
27:33 et qui ont vraiment, des gens que je connaissais personnellement,
27:37 que j'avais connus dans mon enfance, dans le village où j'étais,
27:40 qui tout en travaillant, ont un mal de chien à joindre les deux.
27:44 – Vous pensez que ces 150 milliards d'économies permettraient à la France
27:47 de se réindustrialiser enfin ?
27:50 – Progressivement, forcément, mais, alors après, pour qu'elle se réindustrialise,
27:54 il faudra choisir où on fait baisser les prélèvements,
28:00 puisque là, la méthode, c'est de faire baisser les coûts.
28:03 Donc effectivement, il faudra, et donc il y a effectivement,
28:07 dans cette baisse-là, de quoi prélever sur les charges de production des entreprises.
28:16 Donc la première chose pour réindustrier la France,
28:19 c'est pas de dire "il faut réindustrier la France",
28:21 c'est de mettre les entreprises en condition de se développer.
28:24 Parce que c'est bien joli d'aider les entreprises qui arrivent,
28:27 mais comme disait un de mes amis, un chef d'entreprise,
28:30 il faudra peut-être déjà un petit peu aider celles qui sont là.
28:33 Donc en fait, et comme ça, d'une manière non sélective, non technocratique,
28:38 on baisse tout simplement les impôts de production,
28:41 et tout naturellement, il n'y aura plus besoin, comme aujourd'hui,
28:45 d'être super performant comme chef d'entreprise,
28:47 quand on est dans le système concurrentiel international, pour pouvoir s'en sortir.
28:51 – Denis Louvel, "Où va notre argent ?"
28:54 cet ouvrage à retrouver sur la boutique officielle de TV Liberté, c'est votre ouvrage.
28:59 Merci Denis Louvel d'être venu.
29:00 – Merci à vous.
29:01 [Musique]

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