La Légion étrangère investit l'Olympia ce dimanche. Son chef de musique, Émile Lardeux, 43 ans de bons et loyaux services dans l'armée, dirigera une ultime fois son orchestre et ses hommes. Il est l'invité de 9H10.
Retrouvez "L'invité de Sonia Devillers" sur
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10
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00:00 Garde-vous ! 9h08, Sonia De Villere, votre invitée, lieutenant-colonel et chef de musique.
00:06 Bonjour colonel, bonjour Emile Lardeux, soyez le bienvenu.
00:10 Vous dirigez la musique, la prestigieuse musique de la Légion étrangère, une formation musicale
00:18 unique au monde.
00:19 On va l'expliquer.
00:20 Un mot peut-être d'abord sur cette troupe d'élite, cette troupe prestigieuse, cette
00:23 unité d'élite qu'est la Légion étrangère qui appartient à l'armée Terre.
00:26 Vous pouvez nous la raconter en quelques mots ?
00:28 La Légion étrangère ou la musique de la Légion ?
00:30 La Légion étrangère d'abord.
00:31 Le képi blanc.
00:32 Le képi blanc.
00:33 La Légion étrangère a été créée en 1831 sous Louis-Philippe par une ordonnance royale
00:39 et puis depuis la création de la Légion, il y a une musique de la Légion.
00:42 On y reviendra tout à l'heure.
00:43 Le képi blanc, c'est le signe distinctif et très personnalisé qui distingue un légionnaire
00:51 d'un autre militaire de l'armée française.
00:53 La Légion a une particularité, c'est-à-dire qu'elle recrute sur les cinq continents.
00:59 Il y a donc 150 nationalités représentées dans la Légion.
01:02 En moyenne, ça oscille entre 140 et 150 nationalités.
01:06 Avec un apprentissage du français qui est obligatoire.
01:09 Dans la formation, les quatre mois de formation du légionnaire au 4e Régiment étranger
01:14 qui est basé à Castelnaudary, les candidats sont trinommés et dans le trinôme, il y
01:18 a toujours un francophone.
01:19 Et les trois sont notés sur le niveau de français à la fin de l'instruction pour
01:24 qu'ils apprennent le français.
01:26 Donc, ils ont un lexique d'environ 500 mots qu'ils doivent apprendre.
01:30 Fourchette, couteau, bière, verre, ainsi de suite.
01:33 - Voilà, et on verra que vous les faites chanter en français.
01:35 On verra quel rôle cette tradition du chant dans la Légion peut jouer dans l'apprentissage
01:40 de la culture française.
01:41 Et puis, il y a aussi cette tradition de la deuxième chance, de l'anonymat dans la Légion.
01:46 On est face à son passé.
01:47 - Oui, chaque candidat qui vient s'engager à la Légion, à sa raison personnelle, il
01:53 quitte son pays, il quitte sa famille, il quitte ses racines.
01:56 C'est un cheminement compliqué, enfin compliqué, pas indifférent.
02:01 Donc, la Légion donne sa chance aux candidats qui viennent s'engager à la Légion étrangère.
02:07 - Donc, c'est la légende de la Légion.
02:09 On efface le passé, y compris le passé criminel, le passé judiciaire, le passé politique.
02:14 - Il faut savoir qu'il n'y a pas de crime sexuel, il n'y a pas de crime de sang à
02:18 la Légion étrangère.
02:19 C'est une légende qui a été longtemps colportée.
02:23 Et le légionnaire, quand il s'engage, il est placé sous anonymat.
02:27 Donc, il change son identité et il retrouve son identité dans la première année de
02:33 son contrat.
02:34 Il retrouve son nom d'origine.
02:36 - Le fagnon.
02:37 - A la musique de la Légion, il y a autant de nationalités qu'à la Légion.
03:07 - Non, quand même pas.
03:09 Sur une population d'une soixantaine de musiciens, j'ai actuellement 17 nationalités différentes.
03:14 - Desquelles par exemple ?
03:16 - J'ai russe, népalais, chinois, mongol, brésilien, colombien, un moldave, deux moldaves,
03:27 un albanais.
03:28 Voilà, ça vient un petit peu du monde entier.
03:30 C'est la Colombie, où je vous l'ai dit, Pérou, Cameroun.
03:35 Il faut que je les repasse tous dans la tête.
03:40 - Ils sont tous musiciens ?
03:42 - Alors oui, ils sont tous musiciens.
03:44 Ils ont tous un niveau musical de base.
03:46 On ne peut pas former un musicien à partir d'un niveau zéro.
03:50 Donc, il y a deux cas de figure où le candidat vient s'engager à la Légion parce qu'il
03:55 a déjà un camarade qui est à la musique.
03:56 Donc, il y a une comptation qui se fait.
03:58 Et à ce moment-là, le musicien qui est dans mes rangs dit "j'ai un camarade qui va venir,
04:02 il va arriver là, il joue tel instrument".
04:04 Cela dit, quand ce candidat arrive, il doit satisfaire aux tests quand même, tous les
04:09 tests de sélection, en cas de moralité sportive, il faut lui mettre en bonne santé aussi.
04:13 Et puis, à ce moment-là, il est sélectionné, il va faire la formation à Castelnaudary
04:18 pour obtenir le droit et l'honneur de porter le képi blanc.
04:22 - De porter le képi blanc.
04:23 Et il faut savoir que ce sont des soldats musiciens et des musiciens soldats.
04:27 Et c'est important parce que comme c'est une troupe d'élite, les soldats qui jouent
04:32 dans vos rangs ont été soumis à des entraînements extrêmement durs, probablement les plus durs
04:36 de l'armée française.
04:38 - Alors déjà, les quatre mois de formation, c'est déjà un périple.
04:41 Il faut les faire.
04:44 Et ensuite, sur dix mois de l'année, on fait de la musique.
04:49 C'est notre mission.
04:50 Au mois de janvier-février, là où il y a moins de prestations musicales, les musiciens
04:53 qui imposent des instruments, reperçoivent leur fusil, leur pactage et ils vont refaire
04:59 de l'instruction militaire.
05:00 Ils ont besoin de rester légionnaires et d'être considérés comme des vrais légionnaires
05:05 combattants aussi.
05:06 Ils participent aux missions sentinelles au mois de janvier-février.
05:09 Donc ils sont légionnaires et ils gardent ça au fond de leur âme.
05:14 Leurs conditions physiques, ils sont très à cheval sur la musculation, la course à
05:19 pied.
05:20 Ils sont en forme.
05:21 - Alors, adieu vieille Europe.
05:23 C'est une marche tradition.
05:24 Vous allez nous expliquer ce que c'est qu'une marche.
05:26 - Adieu vieille Europe, que le diable t'emporte.
05:33 Adieu vieil pays, où le ciel cible l'ambre de l'Algérie.
05:42 Adieu souvenir, notre vie va finir.
05:48 - Alors, colonel, qu'est-ce qu'une marche ? Une marche tradition ?
05:52 - Alors, une marche tradition, c'est une composition musicale qui répond à des critères
05:57 particuliers de composition.
05:59 C'est à deux temps, parce que ça sert à faire marcher la troupe, à faire déplacer
06:04 la troupe.
06:05 La particularité de la Légion, c'est que les marches sont cadencées à 88 pas minutes,
06:10 différent de 120 pas minutes du régime général des armées.
06:13 - Pourquoi est-ce que la Légion défile si lentement ?
06:17 - Alors, il y a une tradition de la Légion, c'est une tradition qui vient de Suisse.
06:21 Donc les couleurs vert et rouge, c'était déjà...
06:25 C'est originaire de Suisse.
06:26 - Celle des épaulettes ?
06:27 - Les épaulettes.
06:28 Et puis la cadence, le pas 88 pas minutes.
06:31 Et certainement aussi que quand la Légion s'est installée en Algérie, les conditions
06:36 climatiques ne permettaient peut-être pas de se déplacer aussi vite qu'on aurait souhaité
06:42 en métropole.
06:43 La particularité du 88 pas minutes, ça avance toujours, ça ne s'arrête jamais et ça
06:48 arrive toujours au but.
06:51 - Alors, j'aimerais connaître votre histoire, colonel, parce que c'est la fin de votre
06:56 histoire à la Légion.
06:57 Et vous nous l'avez dit avant de commencer cette émission, ça aura été les plus belles
07:01 années de votre vie, ces 15 années passées à la Légion étrangère.
07:05 Vous avez passé 43 ans dans l'armée.
07:07 Vous venez d'une famille de musiciens ?
07:09 - Oui, enfin de musiciens, oui.
07:11 Mon grand-père maternel était professeur de musique.
07:13 Mon grand-père paternel était musicien amateur, organiste de la paroisse.
07:17 Il dirigeait l'harmonie du village.
07:18 Donc, j'ai toujours été baigné dans cette musique.
07:22 Quand on me demande "quand est-ce que tu as appris la musique ?" j'ai toujours fait
07:25 de la musique.
07:26 Je ne peux pas vous dire quand j'ai commencé à faire de la musique.
07:28 - Et votre engagement militaire, ça n'a pas été un engagement dans la Légion.
07:32 D'ailleurs, vous ne portez pas le képi blanc.
07:34 - Non, parce que je ne suis pas légionnaire.
07:36 Les officiers de Légion, à 90%, ce sont des officiers des armes, issus des grandes
07:40 écoles, Saint-Cyr, le MIA, ou des spécialistes, comme les chefs de musique ou les juristes.
07:45 Et nous, on ne porte pas le képi blanc.
07:47 C'est le légionnaire qui a le droit de porter le képi blanc.
07:49 Et sur ces 10% d'officiers à titre étranger, c'est-à-dire qu'un légionnaire qui a commencé
07:54 par le bas de l'échelle peut gravir les échelons et finir officier à titre étranger.
07:58 Mais il ne porte pas le képi blanc, il porte le képi noir.
08:01 - Alors, où avez-vous servi, colonel, avant la Légion ?
08:03 - J'ai fait mon service militaire, comme appelé, à la musique de Rennes.
08:07 Je me suis engagé dans cette même musique.
08:09 Après, j'ai été affecté pendant deux ans au conservatoire militaire de musique de
08:12 l'armée de terre qui était à Reveille-Malmaison.
08:13 J'ai réussi le concours de chef de musique.
08:15 J'étais à Clermont-Ferrand, au 92e érie.
08:17 Puis, j'ai été à Dijon, au 27e érie.
08:20 Fin de la conscription, trop de chefs, pas assez d'Indiens.
08:22 Donc, je me suis retrouvé troisième chef parce que trop jeune.
08:24 Retour à Rennes pendant 10 ans.
08:26 Et en 2008, la Légion était à la recherche d'un chef de cherche, un chef de musique.
08:30 Et je ne savais pas où je mettais les pieds.
08:33 Et ma femme me dit « Mais t'es sûr que tu vas aller là-bas ? ».
08:35 Je dis « Mais oui, je vais là-bas, on verra bien ».
08:38 - Et vous voici à Aubagne.
08:39 - À Aubagne, depuis 15 ans.
08:41 - Voilà, au commandement de la Légion.
08:43 La musique de la Légion, c'est combien de concerts chaque année ?
08:47 - C'est une quinzaine de concerts, 15-20 concerts.
08:50 Ce qui peut paraître peu, mais quand on prend le...
08:53 Parce qu'on est surtout de musique, on est là pour assurer le cérémonial militaire.
08:58 Bon, il y a des concerts, mais ça fait, en tenant compte des deux mois de janvier-février,
09:03 le mois d'août où c'est les permissions,
09:06 le mois de juillet où on est zappés sur le 14 juillet,
09:08 ça fait une fréquence assez soutenue.
09:10 - D'ailleurs, ce sera votre dernier 14 juillet.
09:12 - Normalement, ce sera mon dernier 14 juillet.
09:14 - C'est ça, c'est votre dernier 14 juillet.
09:16 Vous avez donc une quinzaine de 14 juillet derrière vous avec la Légion étrangère.
09:21 Évidemment, le passage de la Légion étrangère,
09:23 c'est toujours un événement pour le public au moment du 14 juillet.
09:28 Mais quand vous dites « assurer le cérémonial militaire »,
09:30 le cérémonial militaire, et d'ailleurs les traditions militaires,
09:33 sont extrêmement importantes dans la Légion.
09:34 C'est probablement le corps de l'armée française où la tradition est la plus importante.
09:39 - Oui, peut-être, mais je pense que dans toute l'armée de terre,
09:42 le cérémonial est codifié.
09:44 Donc, nous, on a un cérémonial particulier du fait de nos traditions.
09:49 Si vous voulez, le cérémonial, il faudrait être très respecté à la Légion étrangère
09:53 du fait que la Légion étrangère a sa musique.
09:56 Il n'y a qu'une seule musique de la Légion étrangère.
09:58 Donc, évidemment, nous, on défend cette culture, ce patrimoine et ce cérémonial.
10:05 - Alors, dans votre répertoire,
10:07 il y a ce qu'on appelle une « obade ». Qu'est-ce que c'est qu'une obade ?
10:10 - Alors, une obade, on le fait souvent en fin de journée,
10:13 ce serait plutôt une sérénade.
10:14 C'est une prestation musicale qui se fait debout sur des marches militaires,
10:19 puisque les gens aiment bien entendre le répertoire de la Légion,
10:22 et puis sur d'autres marches qu'on a rapportées lors d'expériences à l'étranger
10:26 où on échange des partitions avec d'autres musiques qui nous plaisent bien.
10:29 Donc, c'est un programme plutôt de musique légère.
10:32 On aborde un petit peu tous les styles.
10:33 On peut jouer méditerranée, de…
10:37 - C'est la récréation. - C'est la récréation.
10:39 Et faire plaisir aux gens et faire découvrir aux gens
10:41 qu'on peut jouer toutes sortes de musiques à la Légion étrangère.
10:44 - Y compris du Edith Piaf.
10:47 On va en entendre du Edith Piaf.
10:50 Et puis, vous allez me raconter, colonel,
10:53 comment ces soldats d'élite,
10:56 qui ont donc été soumis à des entraînements extrêmement intensifs,
11:01 parce que la Légion, elle est réputée pour son esprit guerrier,
11:05 comment est-ce que vous les faites chanter tout en douceur et en sensibilité ?
11:09 Il est 9h19, vous écoutez France Inter.
11:13 Et là, vous écoutez donc la musique de la Légion étrangère.
11:16 Vous chantez Edith Piaf.
11:17 [Edith Piaf - Sous le ciel de Paris]
11:19 Sous le ciel de Paris s'envolent une chanson
11:26 Des bêtes d'aujourd'hui dans le cœur d'un garçon
11:34 Sous le ciel de Paris marchent des amoureux
11:41 L'amoureux se construit sur un éphèbre courant
11:48 Sous le pont de Mercy, un virus offre ainsi
11:56 Deux musiciens, quelques ballons puis les gens parviennent
12:04 Sous le ciel de Paris jusqu'au soir vont chanter
12:12 Une bandeur que Vides a réunie de cités
12:18 Près de Notre-Dame, parfois tout en armes
12:25 Oui mais à part d'armes, tout peut s'arranger
12:33 Quelques rayons du ciel, des terres, la Corée, on a parié
12:41 L'espoir fleurit au ciel de Paris
12:50 Sous le ciel de Paris roule un fleuve joyeux
12:57 Qui entend dans la nuit les clochards et les choeurs
13:05 Sous le ciel de Paris les oiseaux du monde ouvrent
13:12 Viennent du monde un tir pour bavarder en feu
13:19 Et le ciel de Paris a son secret pour lui
13:26 Depuis vingt siècles, il est élu de notre Isamouli
13:35 Enfant et lelui sourire, mais son âge est tout dit
13:42 Dont il ne sut pas l'échec et les valeurs
13:50 Sous le ciel de Paris, Edith Piaf, parce que colonel,
13:54 vous en avez fait un disque de la musique de la Légion,
13:57 ça s'appelait "Héros", c'était sorti en 2013, disque d'or,
14:00 me dit le colonel en rougissant.
14:03 Oui, parce qu'on faisait un concert au mois de septembre 2012 aux Invalides,
14:08 et on me présente Mark Wilkinson, le grand patron de Deutz Gramophone.
14:11 Il me dit "on veut enregistrer avec la musique de la Légion étrangère".
14:15 Et là je lui dis "mais vous êtes sûr de votre concert de la Légion étrangère ?"
14:19 Mais juste un mot colonel, je l'ai dit, c'est un entraînement extrêmement intensif,
14:25 c'est une réputation d'esprit guerrier, de bravoure.
14:28 Et là en fait vous ne travaillez que sur une chose,
14:30 c'est la douceur, la sensibilité, la sensualité quand on chante Edith Piaf.
14:35 Bien sûr, on joue répertoire militaire,
14:38 et puis le légionnaire a une sensibilité,
14:41 qui peut être parfois très enfouie, très cachée,
14:43 mais nous on est là, la musique, pour donner un éclairage à ces chants-là,
14:47 que ce soit les chants légions, ce qu'on a écouté à Dieu vieille Europe,
14:50 ou sur ce répertoire des chansons de Piaf.
14:52 Et pour un musicien, de chanter c'est quand même essentiel,
14:55 ça développe l'oreille, ça développe la concentration, la perception, l'écoute de l'autre.
15:00 Et puis le chant c'est un moyen d'expression, c'est le premier instrument, c'est la corde vocale.
15:03 Donc ça permet de se retrouver, d'être avec le moindre,
15:07 puisqu'il n'y a pas d'instrument, et c'est magique le chant.
15:09 * Extrait de Sonia De Villers *
15:16 Pour celui qui sait la comprendre, c'est une famille, c'est une bonne affaire.
15:20 On essaye de relever, non pas le délinquant, on essaye de relever l'homme.
15:27 Voyez-vous, je n'ai personne volé, personne tué durant ma vie.
15:31 Je suis de bonne famille, mais la Légion m'a relevé moralement,
15:36 dans le sens que j'ai fait une école d'hommes.
15:39 * Extrait de Sonia De Villers *
15:43 L'école d'hommes, c'était un témoignage retrouvé dans nos archives des années 60.
15:49 Émile Lardeux est mon invité chef de la musique de la Légion étrangère.
15:54 Dernier concert à l'Olympia, dimanche après-midi, un concert à 14h, un concert à 18h.
16:01 Il reste encore quelques places.
16:03 Dernier concert, dernier 14 juillet.
16:05 Défilé évidemment aux Champs-Élysées le 14 juillet.
16:09 Et puis vous prendrez votre retraite colonnelle.
16:12 J'aimerais que vous nous racontiez ce que c'est qu'un instrument d'ordonnance.
16:16 Un instrument d'ordonnance, c'est un instrument naturel.
16:19 C'est le cléron, c'est la trompette de cavalerie.
16:21 C'est-à-dire qu'on ne peut pas jouer toutes les notes avec cet instrument-là.
16:24 Donc cet instrument d'ordonnance sert à faire toutes les sonneries.
16:26 Quand on sonne un garde-à-vous, quand on joue au mort,
16:29 quand on sonne au chant pour l'arrivée d'un général ou le rappel.
16:33 Il servait aussi avant d'instrument de transmission des ordres sur le champ de bataille.
16:38 Le cessez-le-feu, par exemple.
16:40 Le 11 novembre, on sonne le cessez-le-feu.
16:42 C'est le cléron qui donnait les ordres.
16:44 En avant, la charge, le rappel, la soupe, le courrier.
16:49 Autrefois, toutes les journées étaient cadencées par les sonneries du cléron
16:53 qui découpaient par tranches l'ordonnancement de la journée.
16:56 Donc le réveil, l'extinction des feux.
17:00 Vous avez donc une formation, une batterie, 18 musiciens,
17:03 et vous avez une harmonie, 32 musiciens.
17:06 L'harmonie, ce sont les marches, celles qu'on a entendues tout à l'heure.
17:10 Oui, c'est à peu près ça.
17:12 Une musique militaire, type française, est toujours scindée dans ces deux groupes.
17:17 La batterie et l'harmonie.
17:18 L'harmonie, c'est les instruments trombone, trompette, corps, tuba, saxophone, clarinette, flûte.
17:23 Et les instruments d'ordonnance, tambour, cléron, trompette de cavalerie et corps naturel.
17:28 Donc l'assemblage, l'association de ces deux blocs
17:32 permet d'interpréter les marches militaires françaises.
17:35 La marche militaire française est typique de notre nationalité.
17:39 Les britanniques, les allemands n'ont pas ce système de structure de musique.
17:44 Donc c'est typiquement français, la batterie et l'harmonie.
17:46 Voilà du bouddha, voilà du bouddha, voilà du bouddha.
17:52 Pour les asiatiques, les syriennes et les dohmans.
17:57 Pour les veines, je n'en ai plus, pour les veines, je n'en ai plus.
18:00 Ce sont des tireurs au cul.
18:02 Pour les veines, je n'en ai plus, pour les veines, je n'en ai plus.
18:05 Ce sont des tireurs au cul.
18:08 - Qu'est-ce que c'est que ce bouddha ?
18:11 - C'est la marche de la Légion étrangère, c'est notre embleme.
18:14 Le bouddha n'ayant aucun lien avec le culinaire, c'était le...
18:18 - Avec la saucisse ? - Pas plus !
18:21 C'est le pactage et la couverture
18:26 qui était roulée sur le havre sac du légionnaire.
18:29 Donc c'était bouddhiné, c'était roulé dessus.
18:32 Voilà l'origine du bouddha.
18:34 - Qu'est-ce qu'un fifre ?
18:35 - Un fifre, ça appartient à la famille des flûtes,
18:39 on appelle ça maintenant les piccolos.
18:40 Sauf que le fifre est en bois,
18:42 et c'est un instrument qui est dans une tonalité un petit peu bizarre,
18:44 il est en ré bémol.
18:46 Pour les initiés, ça leur parlera, pour les autres, ça ne leur fera rien.
18:48 Mais ça veut dire qu'on ne peut pas l'accorder.
18:50 Mais bon...
18:52 Et ça, c'est extrait du répertoire des musiques suisses, justement, le fifre.
18:56 - Qu'est-ce qu'un chapeau chinois ?
18:58 - Le chapeau chinois est un instrument qui vient des traditions des janissaires turcs.
19:03 C'est des instruments qui tintinabulent avec beaucoup de bruit, de ferraille, de métal.
19:10 Et l'armée d'Afrique a récupéré ces instruments-là,
19:13 dont le chapeau chinois, qui fait partie de la famille des idiophones.
19:16 Et ça, c'est pas une bêtise.
19:18 Les idiophones, c'est les instruments qui fournissent un son de par eux-mêmes.
19:21 Il suffit de le porter, il y a des grelots qui tintinabulent, ça fait un son.
19:24 Donc c'est un idiophone.
19:26 Et trois formations...
19:28 - Tout le monde peut jouer de l'idiophone ?
19:29 - Ah mais oui !
19:30 Sauf que ça pèse 14 kilos.
19:32 Cet idiophone-là pèse 14 kilos.
19:36 Et trois formations musicales françaises issues de l'armée d'Afrique ont cet instrument,
19:40 dont la Légion étrangère, évidemment,
19:42 la Nuba des tirailleurs, qui est à Epinal,
19:45 et la Fanfare des Spahis, qui est à Valence.
19:48 - Pourquoi est-ce que les légionnaires portent le tambour bas ?
19:53 - C'est une tradition, pour marquer un petit peu, pour donner de l'allure, je pense, à cette formation.
20:01 Quand on voit le premier rang de tambour, quand on voit le premier défilé de la Légion étrangère à Paris,
20:05 il y a deux rangées de tambours, il doit y avoir 24 tambours, 12 d'offrandes.
20:09 Vous voyez un petit peu l'impact ? Il y avait 140 musiciens à l'époque, plus que ça même.
20:13 Donc le port du tambour bas, c'est tradition de Légion.
20:16 Voilà, pour balancer le pas, 88 pas/minute, ça va tout seul.
20:19 Et en descendant les Champs-Élysées, on pourrait continuer beaucoup plus loin.
20:21 - Ça, on a compris ! Merci beaucoup, colonel !
20:25 Émile Lardeux était mon invité.
20:27 Concert à l'Olympia à Paris, dimanche, à 14h et à 18h.
20:30 Il reste quelques places. Allez-y ! Merci, colonel !
20:34 - Rompez le vilaire !