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Benoît Bringer et Laurent Richard signent un documentaire en deux épisodes consacré au groupe paramilitaire Wagner : "Wagner, les mercenaires de la Russie", diffusé sur Arte. Ils sont les invités de 9H10.

Retrouvez "L'invité de Sonia Devillers" sur
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-9h10

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Transcription
00:00 Il est 9h09, Sonia De Villers, vos invités sont journalistes et ils ont enquêté sur
00:05 les crimes de la milice Wagner.
00:07 Alors, je vous présente Benoît Bringer, bonjour.
00:10 Bonjour Sonia.
00:11 Journaliste et réalisateur.
00:12 Laurent Richard à vos côtés.
00:14 Bonjour Laurent.
00:15 Bonjour.
00:16 Qui a produit les deux épisodes de cette enquête en deux volets.
00:20 Wagner, les mercenaires de la Russie que vous pourrez voir en prime time demain soir
00:24 sur RT.
00:25 Un mot d'abord Laurent Richard, qu'est-ce que c'est qu'une histoire interdite ?
00:28 Une histoire interdite c'est une histoire sur laquelle il est surtout dangereux d'enquêter.
00:33 Et là c'est le cas avec ce film, ce sujet Wagner qui a pour point de départ aussi la
00:39 mort de trois journalistes qui voulaient faire un documentaire sur ces mercenaires qui sévissent
00:45 dans le monde entier.
00:46 Voilà et vous avez intitulé votre organe de production Forbidden Stories, Benoît Bringer.
00:52 Précisément, vous mettez la lumière non seulement sur les criminels mais sur ceux
00:57 qui se battent pour documenter les crimes.
01:00 Il y a parmi vos témoins au moins deux témoins qui sont totalement anonymisés, visage caché,
01:07 parce que c'est extrêmement dangereux.
01:09 Oui c'est vrai qu'on a voulu vraiment s'attacher à ceux qui ont sorti cette histoire de l'ombre
01:15 depuis des années.
01:16 Deux histoires.
01:17 Deux histoires en particulier.
01:18 Un crime en Syrie, un crime, un triple meurtre en Centrafrique.
01:22 C'est ça, le crime en Syrie c'est vraiment un des symboles de toutes les exactions qu'on
01:26 peut commettre les mercenaires, notamment en Syrie, en République Centrafricaine, de
01:33 Wagner.
01:34 C'est un crime horrible et on a eu beaucoup de mal à rencontrer le frère de la victime
01:41 et c'était très important pour nous, ça nous a pris beaucoup de temps de rencontrer
01:44 ceux qui se battent et qui prennent des risques.
01:46 C'est son cas, c'est pour ça qu'il est anonymisé.
01:49 Il poursuit en justice le groupe Wagner.
01:53 Il s'appelle Abdallah.
01:54 C'est un père de famille, il a perdu son frère et il prend tous les risques et c'est
02:01 le seul aujourd'hui qui mène devant la justice directement, nommément des membres du groupe
02:08 Wagner.
02:09 Voilà, alors on va évidemment expliquer qui se cache derrière le groupe Wagner et
02:14 quelles sont les activités du groupe Wagner.
02:16 Un mot d'abord, j'ai prévenu les oreilles sensibles, le meurtre perpétré en Syrie
02:24 contre le frère d'Abdallah, Mohamed, est une monstruosité.
02:29 Laurent Richard, vous voulez expliquer et notamment, comment dire, expliquer en quelques
02:33 mots les vidéos qui ont fait connaître ce meurtre.
02:36 C'est une monstruosité qui a été filmée.
02:38 Ça se passe en 2017, un Syrien qui est arrêté par des hommes cagoulés, presque tous cagoulés,
02:47 il y en a un qui ne sera pas cagoulé, c'est comme ça qu'on pourra ensuite l'identifier.
02:50 Il est arrêté, il est torturé, il est filmé, il est brûlé vif, il est décapité et la
02:59 vidéo devient assez vite virale.
03:02 Il y a une première vidéo qui sort et puis une deuxième vidéo.
03:05 Sur la première vidéo, on voit qu'il est tabassé à coups de marteau et que chacun
03:10 de ses membres est broyé.
03:12 Sur la deuxième vidéo, on voit que les membres sont découpés au couteau.
03:15 C'est-à-dire qu'Abdallah a vu son frère.
03:17 C'est ça, c'est totalement insoutenable et c'était sans doute produit pour ça.
03:21 C'était aussi produit pour terroriser.
03:23 Et Abdallah, le frère, qui n'avait plus de nouvelles de son frère, va un jour recevoir
03:27 cette vidéo et découvrir qu'en réalité c'est son frère qui voit à l'image.
03:32 Extrêmement difficile de poursuivre la milice Wagner en justice, même s'il y a un faisceau
03:39 de preuve, tout ramène à eux.
03:42 Extrêmement difficile.
03:43 On nous a répondu non.
03:48 Il n'y a aucune preuve que Mohamed al-Ismaïl a été tué.
03:53 Comment ça ? Regardez ces horribles vidéos.
04:01 La façon dont il a été tué, sa tête découpée, décapitée.
04:07 Comment ça, aucune ? Il n'y a aucun document attestant de sa mort.
04:12 Absolument, une vidéo étrange, mais qui ne constitue pas un certificat de décès.
04:18 Ils lui ont coupé la tête mais ça ne suffit pas.
04:24 Benoît Bringer, qui sont les Wagner ?
04:29 C'est un groupe de paramilitaires, de mercenaires qui sont recrutés pour beaucoup dans les
04:36 régions les plus pauvres de la Russie, où ils n'arrivent pas à gagner leur vie et où
04:41 on leur promet une bonne paye pour pouvoir faire vivre leur famille s'ils vont sur le
04:45 front.
04:46 C'est un groupe de paramilitaires qui aujourd'hui, ce n'est plus un secret pour personne, qui
04:51 est aux ordres directement du Kremlin et qui a été utilisé surtout dans un premier temps
04:57 pour pouvoir contourner toutes les lois, aller sur tous les terrains où la Russie avait
05:02 besoin qu'ils soient, sans qu'ils puissent être tenus pour responsables de ce qu'ils
05:07 font sur place, des exactions qu'ils commettent.
05:10 Ce qu'on appelle la plausible deniability, c'est-à-dire le déni plausible.
05:14 Ce n'est pas nous, on ne les connaît pas.
05:16 Évidemment tout ça a un peu changé avec la guerre en Ukraine et la sortie du bois,
05:21 si je peux dire, de Wagner et de son chef, Evgeny Prigojin, mais c'était le rôle premier.
05:27 Aujourd'hui, c'est un groupe de paramilitaires qui est devenu indispensable à la Russie
05:31 et on le voit avec l'Ukraine d'ailleurs.
05:33 Au tel point qu'ils ont peut-être pris plus de place et en tout cas qu'ils sont peut-être
05:37 plus puissants, on peut se poser la question, que le ministère de la Défense lui-même
05:41 en Russie.
05:42 Ils sont devenus complètement indispensables.
05:44 C'est un outil vraiment stratégique pour le Kremlin.
05:47 On estime leur troupe à environ 10 000 hommes sous contrat de la milice Wagner.
05:54 L'un de ces hommes apparaît, vous l'avez dit, Laurent Richard, à visage découvert
05:59 sur les vidéos de meurtres.
06:00 Il s'appelle Stanislav Vyshko.
06:03 Depuis, on a perdu sa trace.
06:06 Vyshko, après toute cette histoire, n'a plus mené de mission pour Wagner.
06:13 Il a changé son nom de famille.
06:15 Il a changé de ville et il est mort.
06:21 Il est décédé en juillet 2021.
06:26 Je ne connais pas les circonstances de sa mort.
06:29 Je ne sais pas si elle est naturelle, s'il s'agit d'un suicide, d'un accident ou d'un
06:34 meurtre.
06:35 J'aimerais que l'on fasse quelques portraits de ceux qui essayent de documenter ce crime.
06:42 Denis Koroktov, d'abord un ancien flic devenu journaliste.
06:46 Oui, qui depuis Saint-Pétersbourg a essayé pendant longtemps de travailler sur des cas
06:51 pour identifier les hommes de Wagner impliqués dans ces exactions, notamment dans le cas
06:58 du Syrien qui a été torturé puis décapité.
07:01 Et qui, à chaque fois qu'il a pu publier une enquête, a toujours reçu des menaces
07:06 extrêmement graves.
07:07 Benoît le montre dans son film.
07:09 Il reçoit une couronne funéraire.
07:11 Il reçoit ensuite, je crois, une tête de bélier.
07:13 Il est mis sur écoute.
07:15 Il est régulièrement suivi.
07:16 On vient sonner à sa porte.
07:18 On lui apporte des fleurs pour son enterrement.
07:21 Avec un petit mot, on ne vous oubliera pas.
07:22 C'est l'un des rares, finalement, depuis la Russie, à oser questionner les crimes dans
07:30 lesquels sont impliqués.
07:31 Et c'est ce que, je pense, questionne le film.
07:35 C'est ce chemin impossible pour obtenir justice à la fois de ceux qui tentent de porter plainte,
07:40 de ceux qui, au niveau des Nations Unies, on en reparlera peut-être tout à l'heure,
07:43 essayent de faire la lumière et de faire changer les choses.
07:45 Ou de ceux qui, depuis leur rôle de journaliste, leur bureau de journaliste en Russie, essayent
07:50 d'identifier.
07:51 Et puis Denis Koroktov travaille pour Novaya Gazeta.
07:54 Novaya Gazeta, c'est un cimetière de journalistes en Russie.
07:59 C'est aussi un prix Nobel, Benoît Bringer.
08:00 Oui, Dmitri Mouratov, le rédacteur en chef de Novaya Gazeta qui a reçu le prix Nobel
08:06 de la paix, aujourd'hui n'a plus vraiment de troupe autour de lui puisque le journal
08:10 a dû fermer, contraint.
08:11 En Russie, il existe une nouvelle version numérique en Europe.
08:14 Denis Korotkov, d'après Medias Informations, a quitté la Russie parce que c'était devenu
08:19 impossible de travailler, trop dangereux.
08:21 Que vous ne dites pas dans le film, donc c'est très récent.
08:23 C'est assez récent.
08:24 Les autres journalistes qu'on a interviewés pour beaucoup en Russie, Liliya Yaporova qui
08:28 est une femme incroyable du site indépendant Medusa, aussi a dû quitter la Russie comme
08:33 la plupart en fait.
08:34 C'est elle qui a reçu des menaces directes de Prigojine, ce qu'elle raconte à la fin
08:38 du deuxième épisode.
08:39 Exactement.
08:40 Elle reçoit une lettre de menace en disant "on vous amènera devant les tribunaux et
08:42 puis on fera comme à l'ancien temps, sous l'époque soviétique, et puis on vous dénombrera
08:48 si vous continuez".
08:49 Voilà.
08:50 Et cette femme-là, aujourd'hui, elle est à l'étranger et elle a continué à travailler,
08:57 à faire son boulot, mais en Ukraine, côté ukrainien, en tant que journaliste russe,
09:01 pour montrer les dégâts, les conséquences de l'intervention russe sur l'Ukraine.
09:04 Ce sont des destins absolument incroyables.
09:06 Laurent Richard, on peut replanter la figure d'Evgeny Prigojine, qui aujourd'hui est
09:11 devenu public, qui est beaucoup sorti de l'ombre.
09:13 Il est totalement… Il est resté longtemps très secret, il ne l'est plus du tout aujourd'hui.
09:18 Bientôt, il y aura sans doute une émission de télé-réalité à son nom.
09:21 Tous les jours, il y a une nouvelle déclaration, une nouvelle intervention de lui.
09:24 On le voit visiter ses troupes régulièrement.
09:26 Pendant longtemps, c'était un homme mystérieux, aux côtés de Poutine, que l'on a surnommé
09:30 "le cuistot", le cuistot du Kremlin de Poutine, qui a monté toute une série d'entreprises,
09:36 notamment une entreprise qui s'appelait Concorde, qui était impliquée à très haut niveau
09:40 dans la désinformation, qui avait bâti la première entreprise très importante russe
09:44 qui faisait de la ferme à troll et de la désinformation à très haut niveau, et qui
09:50 a développé aussi dans le monde entier des sociétés pour récupérer de l'argent
09:56 là où les hommes de Wagner allaient.
09:57 Et pour revenir un instant sur la Syrie, pour comprendre la présence de Wagner en Syrie
10:01 et la présence de Wagner dans ces lieux de combat et de conflits, c'est à la fois
10:05 évidemment pour permettre aux Kremlin et aux Russes de reprendre de l'influence dans
10:10 des territoires où ils ont envie de gagner cette influence-là, là où la France a laissé,
10:16 par exemple en Centrafrique ou au Mali, mais c'est aussi pour gagner de l'argent.
10:20 Et pour financer leur effort de guerre, Prigojin va récupérer des fonds, notamment en Syrie,
10:26 via une société qui s'appelait Europolis, qui lui a permis de récupérer 25% des commissions
10:32 de 25% sur les revenus pétroliers, des sites pétroliers sur lesquels il arrivait à s'y
10:36 projeter.
10:37 - Et il faut rappeler que le meurtre de Mohamed a eu lieu sur un champ de gazier contrôlé
10:40 par la milice Wagner derrière ce qu'on comprend très bien, la colonne vertébrale de votre
10:44 film, c'est que la milice Wagner est une gigantesque machine à cash qui a la main sur
10:50 des ressources en matière première un peu partout sur la planète.
10:55 Il est 9h19, vous écoutez France Inter, Laurent Richard et Benoît Bringer sont mes invités.
11:00 On va partir en Centrafrique où là ce sont les mines de diamants qui nourrissent la milice
11:05 Wagner et Evgeny Prigojin.
11:07 - C'est parti, on y va.
11:35 - On y va.
12:03 - On y va.
12:31 - On y va.
12:59 - On y va.
13:27 - On y va.
13:55 - On y va.
13:58 France Inter, le 7 9 30, l'interview de Sonia De Villers.
14:03 - Kirill présentait de nombreuses blessures à certains organes vitaux, ce qui suffisait
14:11 à provoquer sa mort.
14:12 Mais on a aussi tiré dans ses jambes, ses pieds, son genou, ses fesses.
14:21 Kirill avait des blessures au corps, à la tête.
14:28 Et il avait des marques sur le cou, comme si on avait essayé de l'étrangler.
14:36 Cela nous fait penser que Kirill a été torturé.
14:41 - Wagner, les mercenaires de la Russie, c'est à voir demain soir sur Arte.
14:48 Deux films réalisés par Benoît Bringer, produits par Laurent Richard, deux journalistes
14:54 d'investigation capés, comme on dit dans le métier qui sont face à moi.
14:58 Vous venez d'entendre un extrait du second épisode, un triple meurtre en Centrafrique.
15:04 Trois journalistes qui, évidemment, venaient enquêter sur les agissements de la milice
15:10 Wagner en Afrique.
15:12 Sur leurs agissements et même sur la raison de leur présence.
15:16 C'est d'abord la première question et la première opacité.
15:19 Benoît Bringer, qu'est-ce que les Russes font en Centrafrique ?
15:22 - Au début, les journalistes qui se rendent sur place ont entendu qu'ils s'occupaient
15:26 et qu'ils géraient des mines de diamants et des mines d'or.
15:29 Ils savaient que Wagner était une milice, un groupe de paramilitaires.
15:34 Ils se sont dit "mais que font-ils là-bas ?"
15:35 Ils commençaient à comprendre que tout pointait vers Evgeny Prigojin, dont on ne connaissait
15:40 pas vraiment le nom à l'époque et qui réfutait être lié à Wagner.
15:45 C'est pour ça qu'ils se sont rendus sur place avec très peu d'informations à l'époque.
15:49 On aurait pu dire que Centrafrique est un pays extrêmement dangereux, un pays en plein
15:52 chaos où la France se retire à ce moment-là.
15:55 Et donc la Russie, via Wagner, s'y introduit.
16:00 C'est un jeu de chaises musicales en quelque sorte.
16:03 Un ancien colonialisme qui est remplacé par un nouveau colonialisme.
16:07 - Une forme d'impérialisme sanguinaire, si je puis me permettre l'expression.
16:12 Laurent Richard, trois journalistes assassinés.
16:15 C'est votre sacerdoce depuis quelques années de reprendre des enquêtes interrompues par
16:20 le meurtre et l'intimidation de confrères un peu partout dans le monde.
16:25 - Oui, c'est très important de le faire.
16:27 Et à Forbidden Stories, on le fait la plupart du temps à plusieurs en groupe parce qu'on
16:31 est plus fort et on est inarrêtable.
16:33 Ça ne sert à rien de tuer un journaliste si on est à 50 à poursuivre la même enquête.
16:37 Et surtout, on le fait dans une démarche de journaliste.
16:40 On fait ça pour faire en sorte d'informer l'opinion publique sur des sujets importants.
16:44 Et ces trois journalistes-là essayaient de documenter les agissements de ces mercenaires
16:48 russes dont on en entendait parler très peu au départ, qui étaient en Centrafrique,
16:54 dans un pays laissé par la France depuis 2016, à l'époque de la fin de Sangharis.
16:59 Et ces trois journalistes-là arrivent en Centrafrique, décident d'aller rencontrer
17:05 un contact un peu douteux qui les mène sur un point de destination où ils seront finalement
17:12 assassinés.
17:13 La version officielle, c'est que c'est un braquage par des criminels en bord de route.
17:19 Les trois journalistes ont été fusillés.
17:20 Le problème, c'est que rien n'a été volé dans leur voiture et une contre-enquête
17:26 va être déclenchée.
17:27 Et la contre-enquête va montrer qu'effectivement, des Russes ont aperçu à ce même checkpoint
17:32 quelques heures plus tôt que des Russes sont en contact avec une autre personne en
17:36 permanence au téléphone qui est leur chauffeur, et qu'ils ont été trahis, qu'ils ont été
17:41 assassinés.
17:42 C'est ça, un piège parfaitement orchestré.
17:45 Je vous fais écouter la voix d'une experte de l'ONU qui travaille sur ces questions.
17:51 Nous avons constaté des actes de torture lors de détentions ou d'interrogatoires,
17:59 tels que le waterboarding, les chocs électriques, la privation de sommeil ou l'amputation
18:06 de membres.
18:07 Benoît Bringer, la plainte contre l'état russe porté par la famille de Mohamed, le
18:14 premier meurtre dont on a parlé en Syrie, est aujourd'hui face à la Cour européenne
18:19 des droits de l'homme.
18:20 Cette femme que vous interviewez face caméra, qui travaille pour l'ONU, à la fin du film,
18:27 elle font en larmes.
18:28 Elles font en larmes quand vous lui demandez si parfois elle ne perd pas espoir.
18:31 Oui, parce qu'on est face à un mur, face à des crimes insaisissables, face à un écran
18:37 de fumée justement avec cette milice Wagner.
18:40 Et derrière c'est des hommes, des femmes qui se battent et qui cherchent justice à
18:45 tout prix et qui veulent aussi éviter que cela continue et se reproduise.
18:48 C'est très important pour nous de raconter des histoires humaines, l'histoire de la
18:53 famille de Kirill Rachenko, un des trois journalistes qui a été tué en Centrafrique.
18:56 Son père et son frère.
18:59 C'est ça qui poursuivre le combat.
19:00 Et qui sont aujourd'hui heureux que ce film arrive à l'antenne parce qu'à défaut
19:04 d'avoir une justice face à des tribunaux, au moins leur histoire est racontée parce
19:08 qu'ils sont oubliés.
19:09 Ils sont oubliés dans la Russie d'aujourd'hui.
19:11 Et il y a cette plainte de la CEDH qui est un des rares espoirs aujourd'hui de voir
19:16 une sanction aboutir ou tout du moins une décision prise par la justice à propos de
19:21 ce groupe.
19:22 C'est un temps long, c'est un temps très long, mais c'est extrêmement important de
19:25 documenter ces crimes.
19:26 Avec une constante, c'est qu'il n'existe aucune réglementation, aucune législation
19:31 internationale encadrant les compagnies militaires privées.
19:34 Aucune.
19:35 Et c'est le combat de Yelena Parak, experte de l'ONU, qu'on suit justement et qui
19:40 se bat pour ça.
19:41 C'est incroyable.
19:42 Aujourd'hui, il y a des groupes paramilitaires, de mercenaires partout autour de la planète.
19:46 Wagner ce n'est qu'un groupe parmi tant d'autres.
19:48 Et aucun, les sécurités militaires privées ne sont pas encadrées.
19:52 Il n'y a pas de législation contraignante internationale aujourd'hui.
19:54 Parce que tout le monde en a finalement des mercenaires.
19:56 Il n'y a pas que la Russie, il faut aussi voir ça.
19:58 Saskia de Ville : merci beaucoup à tous les deux.
20:00 Benoît Bringer, Laurent Richard, deux films, deux épisodes.
20:04 Wagner, les mercenaires de la Russie, demain soir sur Arte.

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