SMART BOURSE - Emission du jeudi 22 juin

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Jeudi 22 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Gustavo Horenstein (Responsable Recherche Macro et Allocation d'Actifs, Dorval AM) , Franck Sabbah (Responsable du développement des activités de gestion d’actifs, Berenberg) , Bastien Drut (Responsable de la stratégie et de la recherche économique, CPR AM) et Vincent Juvyns (Stratégiste, JP Morgan Asset Management)

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00:00 [Musique]
00:07 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Bourse. Smart Bourse, votre rendez-vous
00:11 bourse deux fois par jour en direct sur Bismarck. A midi et demi, tout d'abord une
00:15 demi-heure pour décrypter la tendance de la séance boursière à la mi-journée,
00:18 avant la grande édition du soir, une heure cette fois-ci pour revenir sur
00:22 l'actualité politique économique et surtout financière dans Smart Bourse.
00:27 C'est au sommaire de cette édition. Le marché attendait une hausse de 25 points
00:31 de base à l'issue de la réunion de politique monétaire de la Bank of England.
00:35 Mais la Banque centrale du Royaume-Uni a finalement acté une hausse de 50 points
00:40 de base. Un scénario qui devenait de plus en plus prégnant alors que les chiffres
00:44 d'inflation du mois de mai montraient une inflation persistante à 8,7% en annuel
00:49 et notamment en accélération à 7,1% dans sa version cœur. Quel impact la décision
00:54 de la BO peut-elle avoir sur l'économie britannique ? Nous en parlerons dans un
00:58 instant avec nos invités dans Smart Bourse. Nous évoquerons d'ailleurs de manière
01:02 plus globale le combat des banques centrales et leur stratégie contre l'inflation
01:07 alors que la Banque nationale suisse a elle aussi annoncé monter ses taux ce matin
01:11 de 25 points de base, revoyant également légèrement à la hausse ses prévisions
01:15 d'inflation pour cette année et la suivante. A noter également que la Banque centrale
01:18 de Norvège a elle aussi décidé de monter ses taux de 50 points de base aujourd'hui.
01:23 Nous reviendrons également sur les prévisions et les scénarios économiques pour la fin
01:27 de l'année dans Smart Bourse alors que le spectre récessif semble s'éloigner
01:31 aux Etats-Unis tandis que les prévisions de croissance pour la BCE sont elles revues
01:35 à la baisse pour 2023. La Chine voit elle aussi ses prévisions revues à la baisse
01:39 par les économistes même si pour l'heure, celle-ci reste en phase avec les prévisions
01:44 du gouvernement chinois. A noter en France, côté statistique, que le climat des affaires
01:49 se stabilise en juin et ressort à 100 comme le mois dernier, montrant un moral des chefs
01:54 d'entreprise plutôt résilient alors d'un mois à l'autre évidemment mais qui cache
01:57 des disparités. Le moral des dirigeants dans l'activité manufacturière ressortant en
02:02 hausse tandis que celui des dirigeants dans le secteur du bâtiment continue de s'assombrir.
02:08 Et enfin dans Smart Bourse, toujours dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse
02:11 dans le marché à thème, nous ferons un focus sur le secteur des semi-conducteurs
02:16 en Europe et sur ses perspectives d'évolution avec Franck Sabat, responsable du développement
02:21 des activités de gestion d'actifs chez Berenberg. On se retrouve tout de suite dans Smart Bourse.
02:26 Et nous commençons tout de suite avec Tendance mon ami, le résumé complet de l'actualité
02:40 boursière du jour proposée par Alix Henguyen. Alix, les marchés européens évoluent dans le rouge.
02:45 Oui, dans un contexte de mise au point de la part de plusieurs banques centrales sur
02:49 leur politique monétaire. Il y a donc la Banque d'Angleterre qui opte pour une hausse
02:54 plus marquée que les fois précédentes. Elle remonte son taux directeur de 0,5 point de
02:59 pourcentage et le relève à 5%. C'est un sommet depuis octobre 2008. La Banque nationale
03:05 suisse relève son taux directeur de 25 points de base. Les taux d'intérêt suisse sont
03:09 là aussi à leur plus haut niveau depuis octobre 2008. La Banque de Norvège relève de 0,5
03:16 point son taux directeur. C'est la onzième hausse en Norvège depuis septembre 2021.
03:21 Et puis la Banque centrale turque relève son taux directeur à 15%. C'est une augmentation
03:27 nettement moins importante que prévu. Dans la foulée, la livre turque chute. Les obligations
03:32 turques en dollars effacent leurs gains et s'échangent à la baisse. Et puis à noter
03:37 que du côté des indicateurs, aux Etats-Unis, les inscriptions hebdomadaires au chômage
03:41 restent inchangées à 264 000. Si l'on regarde à présent du côté des valeurs en Europe,
03:46 Alex, le groupe britannique Ocado tout d'abord s'envole sur des rumeurs de rachat. Et oui,
03:51 cela fait suite à des informations du Times selon lesquelles des poids lourds de la tech
03:55 réfléchissent au rachat d'Ocado. Et puis dans le reste de l'actualité des entreprises
04:00 européennes, à Paris, le groupe français SES ImagoTag est suspendu après la publication
04:06 d'une note de Gotham City Research. Celle-ci évoque des comptes financiers trompeurs,
04:11 incorrects et incomplets. Pour renforcer sa liquidité, Casino lance la cession de sa
04:17 participation restante dans le distributeur brésilien Asahi, soit 11,7% du capital.
04:23 Du côté de chez Credit Suisse, à présent, trois anciens patrons de la banque, Alex,
04:28 sont accusés de prise de risque excessive. Oui, la plainte collective a été déposée
04:33 par un groupe de détenteurs d'obligation de Credit Suisse. La plainte déposée mardi
04:38 devant un tribunal de New York accuse d'anciens patrons, mais aussi plusieurs autres cadres,
04:44 d'avoir réalisé des transactions excessivement risquées pour obtenir des rendements élevés
04:49 à court terme, mais aussi des primes. On termine avec un focus sur quelques valeurs
04:54 américaines. Spirit Aerosystems, qui produit des structures pour les avions de Boeing,
04:59 a décidé de suspendre ce jeudi la production de son usine de Wichita au Kansas. Cela fait
05:05 suite au rejet des salariés d'une proposition salariale de la direction. Ils annoncent
05:10 une grève à compter du 24 juin. La division aérospatiale de General Electric a signé
05:16 un protocole d'accord avec Industrial Aeronautics Limited pour produire des moteurs d'avions
05:22 de combat pour l'armée de l'air indienne. Micron Technologies a l'intention d'investir
05:27 jusqu'à 825 millions de dollars dans une nouvelle installation d'assemblage et de
05:31 test de puces électroniques en Inde. Accenture anticipe un chiffre d'affaires pour le trimestre
05:37 en cours, en dessous des attentes de Wall Street. Voilà Tendance mon ami, le résumé
05:42 complet de l'actualité boursière du jour, proposé par Alex Nguyen.
05:56 Et c'est parti pour Planète Marché, une quarantaine de minutes ensemble pour décrypter
06:01 l'actualité politique, économique mais surtout financière et son impact sur les marchés
06:06 financiers dans Smart Bourse. Pour en parler ce soir, nous avons le plaisir d'accueillir
06:10 tout d'abord Gustavo Orenstein. Bonjour Gustavo Orenstein. Vous êtes responsable recherche
06:14 macro et allocation d'actifs de Dorval AM. Nous avons le plaisir d'accueillir également
06:18 Vincent Juvins. Bonjour Vincent Juvins. Bonjour. Vous êtes stratégiste chez JPMorgan Asset
06:22 Management. Nous avons le plaisir d'accueillir Bastien Dru également. Bonjour Bastien Dru.
06:26 Vous êtes responsable de la stratégie et de la recherche économique de CPRAM. On va
06:30 commencer avec vous Bastien. On a déjà pu échanger dans Smart Bourse cette semaine.
06:33 Alors on a évoqué effectivement sur l'impact sur l'économie américaine ou européenne
06:38 des différentes décisions de banques centrales. On avait quand même en tête que la semaine
06:44 cruciale c'était la semaine dernière. Pour autant il y a quand même plusieurs décisions
06:47 cette semaine qui viennent quand même apporter des indicateurs supplémentaires au marché.
06:51 A commencer évidemment par cette Bank of England. Jusqu'à hier ou jusqu'à avant-hier
06:55 plutôt on s'attendait à une hausse de 25 points de base. Finalement c'est 50 points
06:59 de base qui ont été décidés. La Bank of England a-t-elle été prise de court Bastien
07:03 Dru ? Il y avait une occasion en or. Parce que là il avait déjà fait 400 points de
07:08 base de resservement monétaire. Et manifestement ça ne marchait pas du tout. En tout cas ça
07:13 ne suffit pas parce qu'on voit bien que l'inflation est restée très élevée au Royaume-Uni.
07:17 Vous l'aviez dit tout à l'heure 8,7%. Donc on reste sur une inflation qui est à plus
07:23 de 4 fois la cible. Bien sûr. Et surtout la dynamique elle est très différente de
07:28 celle qu'on peut observer dans les autres zones du monde. On voit qu'en zone euro on
07:31 a quand même une bonne décélération de l'inflation. Idem aux Etats-Unis. Mais au Royaume-Uni
07:38 il y a une inflation qui elle décélère mais vraiment très lentement et puis même qui
07:42 est repartie à l'accélération. Et on voit aussi que le marché du travail reste quand
07:45 même très tendu. Le dernier rapport sur l'emploi il était vraiment très bon avec
07:50 un taux de chômage qui était reparti à la baisse. Alors qu'il y avait une petite hausse
07:53 sur le début de l'année mais là il est reparti à la baisse. Et puis surtout des salaires
07:55 qui accélèrent. Donc là on voit bien qu'il y a quelque chose qui est très particulier
07:58 au Royaume-Uni par rapport aux autres pays développés. Et que la Banque d'Angleterre
08:03 n'avait manifestement pas fait assez. Donc là il y avait vraiment une occasion en or
08:06 pour faire cette hausse de 50 points de base. Même si le consensus des économistes n'attendait
08:10 pas 25 points de base. Donc effectivement il y a un cas assez particulier au Royaume-Uni.
08:17 Cette inflation elle vient des salaires mais c'est aussi une inflation qui est importée
08:21 au Royaume-Uni. C'est peut-être ce qui fait que la situation est si compliquée aujourd'hui
08:25 à piloter. Alors je pense que vous parlez du Brexit. Entre autres. Evidemment le Brexit
08:31 a quand même joué négativement sur la situation du Royaume-Uni et en particulier pour l'inflation.
08:36 Il y a quand même des questions d'approvisionnement qui ont été plus compliquées, qui ont joué
08:40 à la hausse sur l'inflation. Et ça, ça participe à créer cette particularité britannique
08:46 par rapport aux autres pays développés.
08:48 La question qu'on peut se poser quand on voit que la Bank of England effectivement
08:51 procède à une hausse de 50 points de base contre les 25 attendus, alors que les décisions
08:55 de la semaine dernière de la Fed ou de la BCE étaient globalement en phase avec ce
08:58 que les marchés pouvaient attendre, c'est qu'il y a encore des surprises à attendre
09:01 des banques centrales aujourd'hui ?
09:03 Manifestement. Parce que là on voit qu'aujourd'hui il n'y en a pas une mais il y en a deux,
09:07 avec la Banque centrale de Norvège qui a remonté de 50 au lieu de 25.
09:11 Bien sûr.
09:12 Donc clairement il y a encore de la place pour des surprises en termes de banque centrale.
09:16 Et puis c'est clairement ça qui va déterminer les mouvements obligataires sur les semaines
09:20 et sur les mois qui arrivent. Donc une volatilité obligataire qui va rester forte.
09:24 Et en fait, pour revenir sur ce que vous disiez sur la Fed, on voit bien que la forêt
09:29 guidance est complètement morte. Parce que la Fed a vraiment du mal à donner des indications
09:34 sur ce qu'elle va faire qui soit crédible. Là elle avait remonté ses dots, donc les
09:38 projections de Fed Funds pour la fin de l'année, qui a monté de 50 points de base. Mais les
09:42 marchés n'y croient pas vraiment. Et donc là on a vraiment une forêt guidance qui
09:45 ne marche plus du tout. Et il y a très peu d'indications pour le futur donnée par les
09:49 banques centrales. Donc ça, ça crée de la volatilité obligataire qui va rester un
09:53 moment sur le marché.
09:55 On pourra se poser la question ensemble de savoir pourquoi les marchés ont autant de
09:57 mal à croire effectivement les forêts guidance et les prévisions des banques centrales.
10:01 Juste avant, Vincent Juvins, peut-être sur une vision un peu plus globale, sur la façon
10:07 dont vous abordez effectivement ces différentes annonces de banques centrales avec cette surprise.
10:12 Alors déjà, est-ce qu'on peut parler d'une surprise aujourd'hui par rapport aux chiffres
10:15 d'inflation hier au niveau de la Bank of England ?
10:18 Les chiffres d'inflation étaient vraiment très mauvais. C'est clair, c'était une
10:22 très mauvaise nouvelle et on s'attendait à ce que la BOE quelque part doivent en
10:26 prendre compte. Alors est-ce qu'on s'attendait hier à ce qu'ils feraient 50 points base
10:29 aujourd'hui ? Je ne dirais pas que c'était vraiment notre conviction profonde, mais enfin
10:33 on s'attendait à ce qu'au moins 25 et qu'il y ait en tout cas sans doute une communication
10:37 en tout cas relativement dure qui accompagnerait en tout cas la hausse de taux.
10:42 Globalement, moi depuis quelques semaines et on l'a vu aujourd'hui avec un certain
10:45 nombre de banques centrales, mais on l'a vu précédemment aussi avec des banques centrales
10:49 comme celles du Canada ou de l'Australie qui avaient marqué un temps et une pause,
10:52 qui ont quand même dans la foulée remonté les taux. Les banques centrales sont évidemment
10:57 comme nous un peu démunies face à cette situation et veulent garder cette option sur
11:01 la table comme l'ont fait la BCE la fête la semaine passée de dire ok si la situation
11:05 le justifie, même à prépose on pourrait encore avoir cette option de remonter les
11:10 taux. Donc je pense qu'en effet il faut rester vigilant par rapport à ça même si
11:13 personnellement je reste intimement convaincu que dans le cas de l'Europe et dans le cas
11:17 des Etats-Unis comme l'évoquait Bastien, je pense qu'on a une situation inflationniste
11:20 qui est plutôt rassurante jusqu'ici. Je pense que le Royaume-Uni est à nombre d'égards
11:25 une exception. Paradoxalement une exception aussi parce que quelque part il est peut-être
11:29 un peu étonnant hors effet Brexit de voir finalement cette inflation aussi pérenne
11:33 au Royaume-Uni. C'est peut-être les banquiers centraux qui se sont confrontés à une difficulté
11:37 aujourd'hui, c'est sur la transmission de leur politique monétaire, l'économie
11:41 réelle, notamment parce que les marchés immobiliers y réagissent peu aux Etats-Unis
11:45 et en Europe. Les emprunteurs sont à taux fixes, de l'or l'augmentation des taux
11:49 fixes, c'est surtout pour les nouveaux entrants hors au Royaume-Uni le sujet de discussion
11:53 principale. La transmission se fait relativement bien puisque les taux fixes sont récétés
11:58 tous les cinq ans et donc le Britannique moyen ne ressent pas.
12:03 Donc quelque part à cet égard, ça aurait pu fonctionner beaucoup mieux. Ça montre
12:07 en tout cas que les effets du Brexit sont certainement et sur le marché de l'emploi
12:10 toujours significatifs. C'est le Brexit la principale explication vous pensez ?
12:15 En tout cas sur l'extension du marché de l'emploi, c'est quelque chose qu'on vit
12:19 évidemment globalement mais il est certain que quand on a des chantiers massifs à Paris
12:22 aujourd'hui, liés aux Jeux Olympiques et autres, être une terre d'immigration,
12:27 ça facilite les choses. On a en tout cas lorsqu'on a rénové son bien immobilier,
12:32 déjà même des difficultés en France ou en Europe de manière générale, imaginez
12:35 au Royaume-Uni où en tout cas tous les Européens de l'Est ou une grande partie sont retournés
12:40 chez eux et où pour ce genre de choses, c'est très compliqué. Lorsque je parle en tout
12:46 cas avec mes collègues à Londres ou autres de leur ressenti au quotidien quand on parle
12:49 de ce qu'on peut faire à la maison notamment pour les transitions énergétiques et autres,
12:52 toutes les choses qui se font ici en France et qui tombent sous le sens, ce n'est pas
12:55 toujours aussi évident. On sent qu'il y a un fort engouement des particuliers français
12:59 notamment pour profiter de ma prime rénov' un peu upgradée à leur maison et autres.
13:02 Bien sûr, malgré les complexités qu'il peut y avoir.
13:04 Essayer d'installer un panneau solaire au Royaume-Uni, ils n'essayent même pas
13:08 pour l'instant, parce qu'il n'y a pas d'opérateurs, pas d'entrepreneurs qui
13:11 peuvent le faire. Ce sont autant d'anecdotes qui montrent les difficultés au quotidien
13:14 du Brexit, les disruptions logistiques. On l'a vu cet hiver, trouver des légumes dans
13:19 les supermarchés et autres, des choses aussi basiques que ça, c'était compliqué au Royaume-Uni.
13:24 Et donc cette politique monétaire, pour le coup, aurait pu avoir un impact plus radical
13:29 sur l'économie mais on ne la voit pas aujourd'hui. Un mot peut-être, alors la question est peut-être
13:33 naïve, mais on a en tête l'impact qu'a pu avoir un resserrement monétaire sur les
13:37 fonds de pension britanniques il n'y a pas si longtemps. Est-ce que des surprises comme
13:40 ça peuvent faire craindre à nouveau un effet en cascade ?
13:44 Je pense qu'il faut être prudent dans certains cas. Je pense qu'ici le gros, enfin maintenant
13:48 je reste persuadé que le gros des hausses de taux dans le chef de la BCE et de la FED
13:51 c'est derrière nous. Il y a peut-être une banque centrale dont on parle peu et qui
13:54 essaye peut-être de se faire quelque part un peu oublier ou on pourrait craindre en
13:57 tout cas que ça puisse avoir des conséquences majeures. C'est notamment la banque centrale
14:01 du Japon qui n'a rien fait jusqu'ici, qui fait face à une situation économique qui
14:05 pourtant justifierait qu'on commence un petit peu à bouger les lignes. Une politique monétaire
14:10 qui a été hyper accommodante depuis encore bien plus longtemps, des investisseurs institutionnels
14:14 qui ont des JGB jusqu'au-dessus des oreilles, donc des moins-values latentes potentiellement
14:20 gigantesques et là on se demande, je ne suis pas en train de dire que ça va nécessairement
14:25 mener à une catastrophe, mais je n'aimerais pas devoir gérer la situation à un moment
14:29 où il faut sans doute durcir là aussi la politique monétaire et bien abandonner en
14:34 tout cas partiellement ce Yield Curve Control qu'on a au Japon.
14:37 Oui c'est vrai qu'on parle des surprises quand c'est à la hausse, mais parfois le
14:41 fait de ne pas agir c'est aussi une surprise pour les marchés, notamment dans le cas de
14:44 la banque du Japon.
14:45 C'est en tout cas la banque centrale dont on ne parle pas beaucoup pour l'instant,
14:48 mais qu'il faudra vraiment surveiller au cours des prochains mois, c'est celle qui
14:51 peut être potentiellement la plus disruptive.
14:53 Gustavo Ornstein sur cette séquence banque centrale, alors effectivement sur ces décisions
14:57 de hausse de taux, de non-hausse de taux sur cette pause de la Fed, alors qu'il se
15:01 laisse quand même la possibilité de pouvoir pratiquer de nouvelles hausses de taux sur
15:05 cette décision de la BCE d'augmenter ses taux de 25 points de base, et qui nous explique
15:09 concrètement que la prochaine hausse de taux en juillet est déjà plus ou moins actée.
15:13 La question vient plutôt après, quel est votre ressenti ? Est-ce que ça correspond
15:16 à vos scénarios ? Est-ce que vous avez eu des surprises ?
15:18 Je crois qu'une des questions un peu paradoxales de l'année, c'est que c'est l'année
15:21 de la désinflation, c'est partout de la désinflation, et c'est aussi l'année
15:25 où les banques centrales sont gênées en fait par une situation qui pourtant semble
15:28 favorable, celle de la désinflation, parce que l'économie est résiliente, la croissance
15:32 est résiliente. Je dirais même que la désinflation a un paradoxe, c'est que si elle se poursuit,
15:37 si elle s'accélère, le pouvoir d'achat va commencer à réaccélérer, et on va se
15:40 trouver avec une économie au plein emploi, est-ce qu'elle peut vraiment réaccélérer
15:42 à partir de maintenant ? Il y a plein de paradoxes et des complexités qui viennent
15:46 encore une fois d'abord du parcours qu'a eu l'économie mondiale depuis 2020.
15:49 Mais ce que vous décrivez c'est le scénario parfait, c'est le soft lending idéal.
15:53 Ça c'est un scénario parfait qui en partie est joué par les marchés, en tout cas il
15:58 est clair que la désinflation ça fait baisser les primes de risque et ça donne envie de
16:02 reprendre du risque, mais encore une fois la réaccélération peut également poser
16:06 quelques questionnements, notamment aux Etats-Unis qui est vraiment l'économie où il n'y a
16:10 pas beaucoup de places, il n'y a pas beaucoup de routes, on va dire pour une accélération
16:14 de la croissance, ils sont déjà au plein emploi, la consommation a largement rattrapé
16:18 son niveau pré-Covid et même la tendance pré-Covid, ce qui n'est pas le cas en Europe.
16:22 Donc on a l'impression qu'aux Etats-Unis, et c'est pour ça d'ailleurs que la plupart
16:25 des économistes continuent d'attendre malgré tout une récession.
16:28 Donc ils attendent une récession, ce qui semble logique de l'attendre, mais elle n'arrive
16:31 toujours pas, toujours pas, et donc ça crée ce scénario un peu particulier avec des courbes
16:35 effectivement de taux très inversés, puisque la couverture contre la récession qui sont
16:39 les taux longs sont chères en quelque sorte.
16:41 Et c'est une vision qui est en désaccord avec les prévisions économiques de la Fed pour le coup.
16:45 Absolument, la Fed elle est plus... alors en même temps elle anticipe bien un ralentissement,
16:49 peut-être un tout petit peu d'haut du chômage, bon, ils ne savent pas trop comment se positionner,
16:53 mais c'est vrai que ça crée une sorte de gatus, mais je crois que la raison pour laquelle
16:58 les courbes sont inversées, c'est plus une question de couverture en cas de récession
17:03 qu'une question d'anticipation simplement de scénario de la politique monétaire.
17:08 Ce n'est pas qu'ils ne sont pas d'accord avec la Banque centrale, c'est juste qu'ils payent
17:11 assez cher des couvertures.
17:13 Et quelque part vous avez une couverture avec des taux longs américains qui vous rapportent
17:17 d'un point de vue des... c'est quand même un actif qui paye un intérêt, un rendement,
17:21 et qui va vous couvrir en cas de récession.
17:23 On ne peut pas dire la même chose de la volatilité.
17:26 Donc c'est de la prudence.
17:27 Vous achetez des options, vous devez payer pour vous protéger, là vous êtes un peu payé
17:30 pour avoir une certaine protection en cas de récession, mais comme elle n'arrive pas,
17:33 maintenant l'instant c'est plutôt une couverture qui est plutôt perdante, en tout cas qui est volatile.
17:37 Il aurait fallu faire du monétaire qui effectivement, avec aucune volatilité, rapporte plus.
17:43 Donc le message c'est plutôt, s'il y a une récession, on s'est préparé, en revanche
17:48 effectivement, c'est pas une attente spéciale du marché pour fin 2023 par exemple.
17:53 Les économistes ont majorité attente d'une récession, c'est logique que du coup, on va dire,
17:58 le stratégiste et les investisseurs...
18:00 Les opérateurs de marché, bien sûr.
18:01 ...achètent des obligations, non pas pour parier sur une baisse, mais pour se couvrir
18:05 au cas où effectivement une récession arrive ou un choc.
18:08 C'est vraiment la leçon du choc de SVB.
18:10 50 points de base de détente tout d'un coup, disons, en deux jours.
18:14 Voilà, ça reste une bonne couverture.
18:16 Le problème c'est qu'elle est plutôt perdante pour le moment, parce que cette phase de récession
18:20 n'arrive pas et que pour l'instant, rien ne l'indique.
18:23 Une question intéressante sur la Banque d'Angleterre, simplement parce qu'on a envie de dire que
18:26 le cas anglais est différent.
18:28 Je suis plutôt d'accord avec ce qui a été dit.
18:31 On ne peut pas vraiment faire une transposition de ce qui se passe en Angleterre à ailleurs.
18:35 L'Angleterre, effectivement depuis le Brexit, a vu son offre en fait.
18:38 Le parti offre de l'économie très dégradée.
18:40 Et c'est donc pour la Banque centrale, ça veut dire un arbitrage beaucoup plus compliqué
18:44 entre les différentes composantes de sa politique.
18:47 Mais il y a un point intéressant à noter, c'est que les taux d'intérêt, les taux longs anglais,
18:51 étaient revenus en fait il y a quelques semaines, enfin quelques jours, plus haut qu'ils étaient
18:56 au moment de la fameuse crise des LDI.
18:58 Donc il y avait quand même quelque part du côté des marchés obligataires,
19:02 une sorte de pression sur la Banque d'Angleterre pour effectivement faire quelque chose.
19:05 Il y avait une demande d'action.
19:08 Donc elle s'est retrouvée un peu au pied du mur quand même.
19:10 Elle était un peu au pied du mur, elle a un peu cédé.
19:12 Mais je crois qu'il y a des débats très intenses à la Banque d'Angleterre.
19:14 Il y a quand même eu deux demandes du MPC, alors certes deux membres extérieurs,
19:17 mais qui ont voté pour un statut court.
19:19 Donc il doit y avoir des discussions assez intenses.
19:22 Pour avoir entendu parler les membres, je pense que les réunions du MPC ont dû être très très tendues.
19:26 Parce qu'ils n'ont pas du tout d'accord, certains disent qu'il faut attendre,
19:29 de voir déjà les hausses passer, voir les faits qu'elles vont avoir.
19:32 Mais donc au final le marché a pu dicter à la Banque centrale sa décision.
19:37 D'ailleurs, en tout cas, ce que j'ai vu quand je suis parti du bureau,
19:41 les taux longs anglais maintenant se mettent à baisser.
19:44 C'est-à-dire que la Banque centrale monte ses taux, mais les taux longs baissent.
19:47 Donc il y a bien un équilibre qui est un peu rétabli.
19:51 Ils devaient faire ça, mais est-ce qu'il faut en déduire que c'est le début de quelque chose ?
19:54 Je ne crois pas.
19:55 Ça reste quand même une année de désinflation, je suis d'accord.
19:58 Et c'est là aussi où les marchés sont dans cette difficulté.
20:00 On a peur de la hausse des taux, mais on sait quand même que le gros est passé.
20:03 Alors qu'est-ce qu'il faut ? Est-ce qu'en 25 points de base de plus, ça change quelque chose ?
20:06 Est-ce que si la BCE s'arrête à 4, par rapport à aujourd'hui, 50 points de base,
20:10 qu'est-ce que ça change ? Pas grand-chose.
20:12 Donc on a une hésitation.
20:14 Justement, Bastien Drus, deux questions.
20:17 Effectivement, déjà, va-t-on rester dans un environnement de taux élevés longtemps ?
20:22 C'est peut-être effectivement ce qu'essayent de nous dire les banques centrales aujourd'hui.
20:25 Est-ce que le marché a du mal à accepter ou ne nous joue pas forcément ?
20:29 Et le scénario que nous décrivait Gustave E.Horenstein,
20:32 ce scénario de soft lending, reprend-il du poids par rapport à un scénario obsessif qu'on avait il y a quelques mois encore ?
20:38 Oui, en fait, tous les cycles sont différents, tous les cycles ont un peu des ressemblances.
20:44 Peut-être ce qui fait la typicité de ce cycle-là, c'est la réaction du marché du travail.
20:49 Le marché du travail réagit beaucoup mieux que sur les cycles précédents.
20:53 Et peut-être que c'est la première fois qu'on a un ralentissement économique dans une phase de vieillissement de la population.
21:00 Et ça, c'est peut-être quelque chose qui se joue malgré tout.
21:03 Parce que ce qu'on voit, c'est que, si je prends le cas de l'Europe,
21:07 on a une population de nage de travailler qui baisse déjà depuis 10 ans, mais là, c'est en train de s'accélérer.
21:13 La baisse s'accélère.
21:14 La baisse s'accélère, effectivement.
21:16 La zone euro perd un million de personnes sur le marché du travail chaque année.
21:21 Donc, quand on prend les 15-64 ans, ça y est.
21:24 Et c'est une baisse qui est en train de s'amplifier, qui crée des pénuries sur le marché du travail.
21:30 On voit bien que les entreprises sont vraiment pénalisées par ça.
21:34 Et ça peut donner naissance à des tensions salariales.
21:37 Et d'ailleurs, si on revient à la BCE, moi, ce qui me frappe vraiment dans leur projection,
21:42 c'est les prévisions des économistes de la BCE pour les salaires.
21:46 Ils disent que les salaires vont rester en progression de plus de 4% jusqu'à la fin 2025.
21:53 Donc supérieurs, peut-être, à ces anticipations d'inflation.
21:56 Et en fait, c'est supérieur à tout ce qu'on a pu voir depuis 1995 jusqu'à 2019, disons.
22:03 Et voilà, on va continuer à avoir des pressions salariales qui vont être très très fortes.
22:07 Et c'est vraiment sur la base de ça que la BCE a eu des projections d'inflation sous-jacente
22:15 qui restent très élevées pour toutes les années qui arrivent.
22:17 Et c'est ça qui fait que la BCE va garder des taux directeurs élevés pendant une période prolongée.
22:23 C'est vraiment ce mécanisme-là. C'est vraiment ce qui se passe sur le marché du travail.
22:26 Donc ça, c'est assez nouveau sur le discours de la BCE.
22:30 Mais il y a quand même un vrai mouvement de fond qu'on ne peut pas ignorer.
22:33 C'est aussi des questions qu'on se pose aux États-Unis.
22:35 Même si c'est moins marqué aux États-Unis, la population à jeu de travailler, aujourd'hui, elle stagne aux États-Unis.
22:42 Et au Japon, ça baisse. Et même en Chine, ça baisse.
22:45 Donc on voit qu'il est en train de se passer quelque chose au niveau du marché du travail.
22:49 Et dans le narratif livré par la BCE la semaine dernière,
22:54 ça c'est vraiment très prégnant pour dire que leurs taux vont rester élevés pendant longtemps.
22:59 Donc, pour revenir à la question du soft lending,
23:02 si on a un marché du travail qui tient malgré une activité qui est plutôt en train de décélérer,
23:09 quand on voit les enquêtes de l'indicateur avancé, les enquêtes PMA, les enquêtes ISM,
23:14 on a plutôt une dégradation, mais malgré tout...
23:17 - Sans catastrophisme pour autant, on a une dégradation, mais...
23:20 - Oui, qui est lente, mais sûre. On n'a pas du tout d'effondrement de ces enquêtes-là.
23:25 Et ça, ça fait en sorte que s'il n'y a pas de forte remontée du taux de chômage,
23:29 il n'y aura pas de gros trous dans la consommation.
23:32 Et donc, on aura une récession qui sera relativement peu marquée.
23:36 Donc là, on est vraiment dans une sorte de scénario de soft lending un peu partout.
23:40 - C'est intéressant, parce que cette interprétation du niveau de chômage
23:43 peut être une bonne ou une mauvaise nouvelle selon le scénario qu'on regarde.
23:47 - Pour les banques centrales ?
23:49 - Pour les banques centrales. On se dit que si le taux de chômage ne remonte pas,
23:53 ça n'aura pas suffisamment d'impact sur l'inflation,
23:55 et donc ça va rendre encore plus compliqué le mandat.
23:57 Sauf, effectivement, si on arrive dans un scénario idéal de soft lending
24:00 où ça permet de tenir un peu la confiance.
24:02 Et c'est aussi pour ça qu'il y avait Christine Lagarde qui disait
24:06 que la résistance du marché du travail, alors qu'on vient de vivre une récession technique,
24:10 en zone euro, c'est quand même pas rien,
24:12 le marché du travail, on n'a pas vu la différence.
24:14 Le taux de chômage a continué à baisser, on est passé à 6,5.
24:17 Et ils disent que pour eux, c'est une énigme. On n'a jamais vu ça.
24:20 Le fait d'avoir une récession technique, d'avoir une dégradation d'activité,
24:24 un taux de chômage qui continue à plonger comme ça.
24:26 Donc là, il y a vraiment quelque chose de nouveau à ce niveau-là.
24:30 Vincent Juvins, c'est l'énigme, effectivement, de ces semaines, de ces mois.
24:34 Est-ce que c'est à mettre sur le compte de la démographie
24:37 ou du vieillissement de la population en âge de travailler ?
24:39 Oui, certainement. Tout d'abord, j'ai un soustrait tout à fait
24:41 à ce que vient d'évoquer Bastien. Je vais peut-être donner un autre éclairage.
24:44 C'est une question, je ne peux pas dire qu'on ne l'a jamais vue.
24:46 On ne l'a jamais vue en Europe. Mais revenons à notre exemple du Japon.
24:49 C'est le seul, en tout cas. Il y a beaucoup de choses qui s'expliquent.
24:52 Il y a quelques indications.
24:54 Le pays est confronté, là, à une démographie vieillissante
24:57 et à des réductions de la démographie depuis des années.
25:00 Un taux de chômage au plus bas depuis des années.
25:04 Et c'est vrai que jusqu'ici, on n'avait pas vu d'inflation.
25:07 Il est certain que, intuitivement, on se dit que cette direction démographique
25:13 mène inévitablement à une inflation beaucoup plus durable.
25:17 L'exemple du Japon est à ses gards un contre-exemple.
25:20 Évidemment, les process industriels au Japon ont été ultra automatisés.
25:25 C'est clair que c'est le pays de la robotique.
25:28 On sent évidemment qu'il y a, dans les questionnements qu'on peut avoir
25:31 par rapport à l'inflation, tout ce qui est lié aujourd'hui aux nouvelles technologies,
25:34 à l'IA et autres, et simplement à la robotisation des processus de production.
25:38 C'est d'ailleurs un phénomène qui a assez bien soutenu l'économie ces dernières années.
25:42 On a vu que, malgré l'augmentation des taux, le capex des entreprises
25:45 a été relativement positif jusqu'ici. Je ne pense pas que ça va durer.
25:49 Mais, vous savez, du fait de cette tension géopolitique,
25:52 beaucoup d'entreprises ont décidé de réorienter leur chaîne de production plus localement,
25:57 d'automatiser les process qu'ils pouvaient faire,
25:59 déjà parce que ça coûtait cher de fabriquer en Chine.
26:01 La Chine, depuis 2008, a une politique aussi de...
26:04 C'est plus aussi attractif qu'avant, oui, bien sûr.
26:06 Donc, voilà, ces investissements en automatisation étaient déjà présents,
26:10 d'ailleurs, dans nos secteurs aussi.
26:11 On a aujourd'hui de plus en plus de modèles quantitatifs qui remplacent des gens.
26:16 Et voilà. Donc, voilà. Par là, je livre une interrogation, plus qu'une réponse.
26:22 Pour l'instant, il est certain que ces hausses de salaire, on les voit.
26:25 Peut-être, contre-exemple aussi, au-delà du Japon, aux États-Unis, on semble voir,
26:30 mais parce qu'on a une situation démographique qui est peut-être légèrement plus favorable,
26:33 que cet effet de rebalancier s'opère sans trop de mal.
26:37 C'est-à-dire qu'on a toujours un taux de chômage qui est au plus bas,
26:41 mais on a une progression des salaires qui commence à marquer le pas
26:44 depuis un certain nombre de mois. Alors, ce n'est pas une courbe qui descend tout le temps.
26:48 Il y a des petits ok en chemin, mais la FED est parvenue,
26:51 sans entraîner d'augmentation du taux de chômage,
26:53 à rééquilibrer le rapport de force entre employés et employeurs,
26:57 parce qu'il y a eu des dizaines de milliers de pertes d'emplois aux États-Unis,
27:00 des emplois sans doute bien payés, mais que ça a permis justement à d'autres emplois
27:04 d'être créés dans des secteurs qui étaient en tension.
27:06 Et donc, il y a eu cet effet de balancier qui a été opéré,
27:09 qu'on peut espérer voir, évidemment, quelque part en Europe.
27:13 Maintenant, il y a dit nombre de différences entre les États-Unis et l'Europe.
27:16 L'américain est en général beaucoup plus mobile pour le travail,
27:20 ce que l'européen est peu, et il y a un marché du travail qui est évidemment
27:24 très clivé en Europe et qui fait qu'on n'a pas cette liquidité comme aux États-Unis.
27:28 - Et il y a aussi l'immigration saisonnière qui a complètement repris aux États-Unis,
27:33 qui a permis justement d'atténuer ces tensions salariales aux États-Unis.
27:37 - Parce qu'il y a plus de concurrence, effectivement,
27:39 un tout petit peu plus de concurrence sur le marché du travail.
27:41 - Oui, il y avait eu un vrai blocage de l'immigration saisonnière aux États-Unis du fait du Covid.
27:46 Et là, sur les 12 derniers mois, c'est complètement reparti,
27:50 c'est reparti très fort, et ça, ça joue à la baisse sur les salaires.
27:54 - Gustavo Reinstein, on va peut-être amener un autre sujet également,
27:57 qu'on va essayer de raccrocher quand même au sujet qu'on traite
28:00 dans ce scénario de soft landing.
28:02 Alors, je ne sais pas si c'est votre scénario principal,
28:04 mais en tout cas, c'est un scénario qui reprend un petit peu de...
28:06 - En tout cas, c'est celui qu'on observe, absolument.
28:08 - C'est celui qu'on observe, oui.
28:09 - Du coup, Gustavo Reinstein, quand on voit la croissance chinoise
28:12 moins forte qu'attendue, ou en tout cas, peut-être que c'était
28:16 les anticipations des économistes ou des analystes qui étaient trop fortes,
28:18 effectivement, sur cette réouverture chinoise,
28:20 mais globalement, on s'attend à une croissance aux alentours de 5% pour cette année,
28:25 si elle est moins forte que ce qu'anticipaient les analystes,
28:27 est-ce que c'est si grave pour l'économie mondiale,
28:29 après, à la lumière de tout ce qu'on vient de dire ?
28:31 - Alors, c'est vrai que l'effet de la réouverture a fait un peu pchit.
28:34 Une fois qu'il y a l'effet direct de la réouverture,
28:36 ça réouvre, ça réaccélère, c'est normal.
28:39 Derrière, ça n'a pas vraiment eu beaucoup d'effet d'entraînement.
28:42 Moi, je crois que, fondamentalement, ce qui s'est passé depuis déjà
28:46 plusieurs mois maintenant, plusieurs trimestres,
28:48 c'est que la Chine a été vraiment un contrepoids et un contrebalancier
28:51 à ce qui se passait ailleurs dans le monde.
28:52 Quand tout le monde décélérait, elle accélérait.
28:54 Quand tout le monde essaie de ralentir, elle, elle a besoin de réaccélérer.
28:58 Et donc, finalement, elle a un côté stabilisant.
29:00 Et le fait que la croissance chinoise soit un peu faiblarde,
29:03 tant que ce n'est pas un trou noir, évidemment, je crois...
29:05 Faiblarde pour une croissance chinoise, rappelons-le.
29:07 Oui, c'est ça.
29:09 Par rapport à un pays comme la Chine, c'est plutôt positif, en fait.
29:16 Je crois que le fait que la croissance chinoise soit plutôt faible,
29:19 ça écarte le scénario que certains, d'ailleurs, mettaient en avant
29:22 d'une réaccélération chinoise trop forte,
29:24 qui ferait monter les matières premières, l'énergie, le pétrole, etc.
29:27 et qui alimenterait, du coup, l'inflation dans le reste du monde.
29:31 Or, le reste du monde a besoin de désinflation.
29:34 Encore une fois, ce qui a fait peur, c'était cette question de l'inflation.
29:37 Ça a fait peur au marché.
29:38 Ça a beaucoup gêné les ménages.
29:40 On a tous subi ça, évidemment, à chaque fois qu'on va acheter les fruits et légumes.
29:44 Donc, le fait que ça tente plutôt à se calmer maintenant, c'est positif.
29:49 Et le fait que la Chine ait une croissance faible va plutôt dans ce sens-là.
29:52 Donc, une croissance chinoise faible ne pose pas de problème.
29:55 C'est plutôt positif, je pense, tant que ce n'est pas un énorme choc.
29:58 Et si il devait y avoir un gros problème en Chine,
30:00 vu qu'eux-mêmes n'ont pas du tout d'inflation,
30:02 il y a quand même de la place pour du soutien public.
30:05 Justement, faut-il s'attendre en tout cas à plus de relances
30:08 de la part du gouvernement chinois ou de l'exécutif chinois,
30:11 si on prend en compte aussi la Banque centrale vis-à-vis de l'économie ?
30:14 Je ne suis pas un spécialiste de ce qui se passe dans la tête des chinois.
30:18 Oui, bien sûr. Il y en a peu.
30:20 Oui, c'est assez compliqué.
30:22 Mais je dirais qu'il n'a pas l'air d'avoir de volonté de faire de grands plans de relance.
30:27 L'idée chinoise, ce n'est plus, aujourd'hui, depuis déjà un certain temps d'ailleurs,
30:31 ce n'est plus de faire de la croissance, mais d'être plus résilient, plus résistant.
30:35 Alors, ils n'ont pas poussé la logique, comme la Russie par exemple,
30:39 qui, elle, s'est carrément roulée en boule depuis quelques années
30:41 pour être complètement autarcique, se couper complètement du...
30:43 Ce n'est pas l'idée de la Chine.
30:44 Mais enfin, quand même, d'avoir une certaine résilience, résistance,
30:47 quitte à sacrifier de la croissance et d'être un peu...
30:50 Voilà, une croissance un peu plus faible, mais d'être moins sensible, moins endetté, etc.
30:55 Ça a l'air d'être le choix, en tout cas.
30:57 Bien sûr, constaté.
30:58 Je suis un peu un PVP comme économiste. Je regarde ce qu'ils font et j'ai l'impression que c'est ça qu'ils préfèrent.
31:01 C'est plutôt d'être... plutôt dans la prudence.
31:04 Du coup, je ne pense pas qu'il y aura de grands plans de relance,
31:06 sauf si vraiment, encore une fois, l'immobilier devient un trou noir énorme et complètement ingérable.
31:11 Mais tant que ce n'est pas le cas, c'est juste...
31:13 OK, une croissance un peu mollassonne.
31:15 Bon, ça semble être plutôt... enfin, contrôlable.
31:19 Messieurs, sur la Chine, vous partagez le scénario.
31:22 On peut s'attendre à un peu plus de relance.
31:24 Un peu.
31:25 Un peu.
31:26 Non, mais c'est très difficile pour eux de faire de relance budgétaire,
31:30 parce que la Chine est extrêmement endettée.
31:32 Il n'y a pas que l'endettement public, il y a l'endettement privé, l'endettement des ménages.
31:35 Quand on met tout ça bout à bout, on a une dette maintenant en Chine
31:38 qui a dépassé celle des États-Unis ou de l'Europe.
31:40 Donc, pour eux, c'est quand même très difficile de lancer des plans de relance budgétaire
31:44 qui soient indiscriminés, où on relancerait tout sans trop réfléchir.
31:48 La relance chez eux, elle est beaucoup plus centrée sur des secteurs stratégiques.
31:53 Là, on a vu cette semaine, par exemple, qu'ils étendaient des crédits d'impôt
31:57 sur les véhicules électriques jusqu'en 2027.
32:00 Et c'est vraiment centré sur quelques secteurs très spécifiques,
32:03 des secteurs d'avenir, notamment les chaînes d'approvisionnement de lithium, par exemple.
32:07 C'est vraiment là-dessus qu'ils font de la relance.
32:09 Et les chiffres qu'on a entendus cette semaine du Wall Street Journal,
32:12 qui évoquait 140 milliards de dollars, ça fait moins de 1% du PIB de la Chine.
32:16 C'est quand même relativement faible.
32:17 Après, il y a la politique monétaire.
32:19 La politique monétaire, on voit que leur baisse de taux directeur est quand même très limite.
32:23 Minime, oui.
32:24 C'est du 10 points de base.
32:25 Pourquoi ? Parce qu'ils ont quand même un peu peur, finalement,
32:28 de la santé du secteur bancaire chinois.
32:31 Bien sûr.
32:32 Donc, ça, c'est un petit peu bloqué.
32:33 Mais ça produit quand même des effets, parce qu'ils ont un assouplissement
32:37 de la politique monétaire, même s'il est léger,
32:39 alors que le reste du monde, on en a parlé pendant toute l'émission,
32:42 c'est plutôt l'inverse.
32:43 On a plutôt des resserrements de politique monétaire aux États-Unis, en Europe,
32:46 peut-être un jour au Japon.
32:48 Et ça, ça produit quand même de la dépréciation de la devise.
32:51 On a quand même une devise qui se déprécie quand même assez rapidement
32:54 contre toutes ses partenaires.
32:57 Et ils ont aussi en tête, finalement, ce qui se passe sur le Yen.
33:01 On a un Yen qui, du fait de la politique monétaire de la Banque du Japon,
33:05 est très faible aujourd'hui.
33:07 Et ils voient que cette devise qui est vraiment en train de se déprécier,
33:11 il faut aussi qu'ils assurent une certaine compétitivité.
33:14 Bien sûr.
33:15 Et historiquement, quand on a vu un renminbi qui valait à peu près 20 yens,
33:19 c'était les moments où ils réagissaient, ils s'arrangeaient pour faire se déprécier le renminbi.
33:23 C'est exactement ce qui est en train de se passer aujourd'hui.
33:25 Donc il y a quand même une réaction qui transite finalement par le marché d'échange.
33:30 Et ça peut s'expliquer par une sorte de compétition entre Chine et Japon ?
33:33 C'est ce qu'il faut comprendre sur la...
33:35 En tout cas, quand on regarde le marché d'échange,
33:38 on a vraiment les devises asiatiques, menées par les poids lourds,
33:41 le Yen et le renminbi, qui se déprécient par rapport aux autres grandes devises du monde.
33:44 Ça, c'est quelque chose qu'on observe quand même depuis quelques semaines.
33:47 Vincent Juillet, Vincent Nord vient au Japon, du coup...
33:50 Oui, alors sur la Chine, je dois dire que j'ai peut-être péché personnellement par excès d'optimisme en début d'année,
33:55 où, objectivement, j'avais vu dans les premières semaines,
33:57 finalement, relativement pas mal de touristes chinois revenir assez vite avec les premiers avions.
34:01 Bien sûr.
34:02 Je n'ai jamais mon 2 janvier à Luxembourg, je l'ai cité un peu sur tous les...
34:05 où j'étais étonné, les règles Covid n'avaient pas encore été tout à fait assouplies complètement,
34:09 ils avaient encore une quarantaine au retour,
34:10 et j'avais déjà vu en tout cas des quarts de touristes chinois revenir.
34:13 Force est de constater qu'à Paris, on ne les a pas vus revenir en masse jusqu'ici.
34:17 C'est un peu de retour, mais pas en tout cas dans les dimensions qu'on pensait.
34:21 Même chose en Europe, je pense qu'il y a un sondage du groupe Accor qui a été publié dernièrement,
34:25 qui montrait que finalement, les Chinois sont plutôt au prond pour les mois à venir
34:29 à faire ce qu'on a fait nous finalement, au sortir du Covid, "staycation".
34:32 Donc on est peut-être un peu naïfs, mais c'est vrai que voilà,
34:35 peut-être le traumatisme du confinement,
34:37 et Dieu sait qu'ils ont vécu un confinement encore bien plus terrible que le nôtre,
34:40 les amène finalement peut-être d'abord à voyager localement,
34:43 avant de reconsidérer le monde.
34:45 Donc ça c'est, bon, deuxième trimestre très faible, c'est certain,
34:49 on voit un peu moins les touristes chinois,
34:51 ou en tout cas la consommation se développer qu'on avait escompté à un moment.
34:54 Moi je trouve que depuis un certain nombre de mois,
34:57 et certainement depuis le deuxième confinement du Covid,
34:59 Xi Jinping et l'exécutif étaient relativement peu inspirés,
35:03 si ce n'est tout ce qui touche à la transition énergétique,
35:05 qui reste vraiment, là le mantra de la Chine,
35:07 c'est le développement économique local et à l'international,
35:09 c'est vraiment le sujet.
35:12 Je pense qu'en effet, ils hésitent à déployer,
35:15 en tout cas le bazooka budgétaire pour relancer l'économie,
35:18 parce qu'ils se sont plantés en 2008,
35:20 ça a créé plus de bulles que de croissance,
35:22 donc c'est vrai que ça a été problématique,
35:24 et ils le payent encore aujourd'hui sur l'immobilier,
35:26 puis ils sont contraints par la dette.
35:28 La banque centrale baise à minimal et tout,
35:30 parce qu'ils sont déjà finalement presque planchés,
35:32 donc c'est vrai qu'ils sont coincés là.
35:34 Mais par contre, il y a pour moi un signal d'alerte,
35:36 et je pense qu'ils sont peut-être en train de l'entendre,
35:38 mais c'est vraiment des observations qu'on a tous dans les médias.
35:42 Un taux de chômage déjà, on a plus de 20%,
35:44 quand on a une économie centralisée et haute,
35:46 le contrat social, on ne fait pas de politique,
35:49 mais on vous donne du pain et des jeux.
35:51 Et là, ce contrat social, il est quand même un peu cassé.
35:53 Sur le Covid, ils ont assez vite,
35:55 dès lors qu'il y avait un peu des mouvements sociaux et des manifestations,
35:57 ont changé assez vite de 180 degrés leur position.
36:00 Moi, j'observe depuis quelques semaines,
36:02 je ne dis pas, c'est tout ce qu'on peut lire,
36:04 en effet, je pense qu'on a des difficultés de lire ce qui s'y passe,
36:06 mais que tous les CEOs de Wall Street,
36:08 on a déroulé le tapis rouge, rencontré Xi Jinping et tout ça,
36:11 et il y a eu des discussions sur qu'est-ce qui ne va pas,
36:13 pourquoi est-ce que vous ne voulez plus investir,
36:15 où est-ce que vous avez perdu confiance ?
36:17 Et il faut dire que les Chinois ont vraiment perdu la confiance
36:20 des marchés et des investisseurs internationaux d'une manière significative.
36:24 Et ce qui s'est passé dans les sociétés d'audit depuis le début de l'année,
36:27 ça fait que tous les boards en Chine, des sociétés occidentales,
36:30 se demandent s'ils peuvent encore envoyer un mail à New York ou à Paris.
36:33 Donc c'est vraiment tendu.
36:36 Donc on sent dans ces différents entretiens qu'il y a
36:39 une volonté de Pékin d'essayer de changer la donne.
36:42 Sur le plan diplomatique, dit-on dans les cercles diplomatiques,
36:45 la visite de Blinken ne s'est finalement pas trop mal passée,
36:48 et il y a, semble-t-il, une volonté commune,
36:50 en tout cas, de stabiliser les choses.
36:53 Donc on sent en tout cas qu'il y a quand même une pression,
36:56 notamment sociale, du fait que l'économie se grippe pour l'instant en Chine,
37:00 et qu'il faut absolument donner confiance à l'investisseur,
37:02 dont ils ont besoin pour financer leur développement.
37:05 Si on parle marché rapidement, sur le temps qui nous reste dans cette émission,
37:08 quand on regarde, alors ça va peut-être vous faire plaisir, à Vincent Juvin,
37:11 mais au Japon, pour le coup, le Nikkei, on voit une performance
37:14 depuis le début de l'année qui arriverait vers les 30%,
37:17 mais pas encore tout à fait.
37:19 Est-ce que c'est la thématique d'investissement du moment ?
37:24 Est-ce que c'est là où les investisseurs qui sortent peut-être de Chine
37:27 se réfugient sur les émergents ?
37:29 - C'en est l'une, certainement. Alors nous, on a upgradé le Japon
37:32 en cours de second trimestre, donc un peu tard,
37:34 pour profiter de l'essentiel de la hausse.
37:37 Voilà une manière de parier sur la réouverture chinoise,
37:40 de manière périphérique, de parier sur, en tout cas,
37:43 la force de l'économie japonaise et de son marché.
37:46 Mais enfin, ça, ce n'est pas nouveau, c'est le marché,
37:48 si on fait une scorecard pour un stratégiste,
37:50 c'est toujours le meilleur marché, valorisation, tout ça.
37:52 Mais là, on redécouvre qu'il y avait à Benomics,
37:54 il y a une corporate governance qui était déjà bien améliorée
37:56 ces dernières années, on ressort ça pour dire c'est maintenant.
37:59 J'ai envie de temporiser pour le second semestre,
38:02 tout d'abord, des performances comme ça, en général,
38:04 on ne fait pas... - Ce n'est pas infini.
38:06 - Ça se calme à un moment. Je reviens à cette discussion
38:08 sur la Banque Centrale qui pourrait là, potentiellement,
38:10 casser un petit peu la dynamique d'enlève.
38:12 Voilà, comme sur la plupart des marchés, je crois qu'aujourd'hui,
38:15 être sous-exposé, c'est dangereux parce que ça a un coût
38:18 d'opportunité immense. - Bien sûr.
38:20 - Je pense que ce n'est pas le moment, en compte tenu, quand même,
38:22 le scénario économique qu'on a pu tous ici déployer,
38:25 qui n'est pas problématique, mais enfin, avoir quand même,
38:27 au-devant, à minima, d'un ralentissement,
38:29 et on a une politique monétaire qui n'est pas très claire.
38:32 Donc, neutre, c'est le maximum, jusqu'où j'irais,
38:35 sur les actions, de manière générale, en ce qui est compris,
38:37 sur les actions japonaises. - Peu importe la situation géographique.
38:40 - Peu importe la situation géographique.
38:42 À minima, je me dis que s'il y a bien aujourd'hui un marché
38:45 qui est à la traine et où on sent, en tout cas,
38:48 un léger point d'inflexion où les choses pourraient peut-être s'améliorer,
38:51 on serait peut-être plutôt la Chine.
38:53 - Gustave Auré, une dernière question sur les actions.
38:55 Alors, si on regarde, si on prend cette question
38:58 via l'angle des actions américaines,
39:00 on a une consolidation attendue, qu'on ne voit pas.
39:04 Alors, est-ce que c'est les dix valeurs
39:06 qu'ont fait la performance ces dernières semaines
39:08 qui cachent peut-être des premiers mouvements de consolidation,
39:10 ou est-ce qu'il faut continuer à voir ces marchés progresser,
39:14 sans comprendre ?
39:16 - Alors, effectivement, le cas américain, c'est un cas intéressant,
39:18 puisque ça a déjà été très commenté.
39:19 Il y a une énorme concentration de la performance des indices.
39:22 Les dix grosses valeurs que tout le monde connaît,
39:25 on fait le gros de la performance.
39:26 On compare souvent, par exemple,
39:28 le standard RIPO 500, capi-weight et equal weight,
39:30 et on voit cette énorme différence entre les deux.
39:33 Notre idée, c'est que si imaginons que cette idée
39:35 de soft ending progresse, que la désinflation s'installe
39:39 et qu'il continue à y avoir une baisse des primes de risque,
39:42 eh bien, logiquement, il va y avoir une diffusion
39:44 de cette hausse au fur et à mesure,
39:45 non seulement dans le monde entier, mais aux États-Unis en particulier,
39:48 vu le niveau de concentration qu'on a pour l'instant.
39:50 Donc, on pourrait avoir effectivement...
39:52 - Donc, ce sera les premiers de cordée, quelque part ?
39:53 - Justement, alors, ce ne sera plus que les premiers de cordée qui monteraient,
39:56 mais les autres qui rattraperaient un peu leur retard relatif,
39:59 puisque, encore une fois, le S&P equal weight,
40:02 si on met le même poids aux 500 valeurs du S&P,
40:05 a très peu monté depuis le début de l'année.
40:06 Donc, c'est très, très concentré sur les très, très grosses valeurs,
40:09 qu'on voit bien dans le Nasdaq aussi.
40:11 Donc, ce sera plutôt l'idée de la diffusion,
40:13 une diffusion plus générale.
40:15 Je rebondis aussi sur ce qui était dit sur le Japon.
40:17 Le problème du Japon, c'est que si vous avez un benchmark international,
40:22 le MSCI monde, le Japon, c'est 6 % du MSCI monde.
40:25 Les États-Unis, c'est 70 % du MSCI monde.
40:27 Donc, qu'est-ce que ça veut dire, être sûr ou sous-pondéré ?
40:29 C'est très complexe.
40:30 Quand vous êtes investisseur international, vous n'avez pas de Japon.
40:33 Enfin, vous en avez 6 % en moyenne.
40:34 C'est très peu.
40:36 C'est très peu.
40:37 Du coup, avoir moins que 6 %, ça veut dire, en fait,
40:40 que vous n'avez pas du tout de Japon.
40:41 Du coup, c'est pour ça que le capi weight
40:44 n'est pas forcément un très bon indice de compréhension de ce qui se passe
40:48 parce qu'il est déjà très concentré aux États-Unis,
40:50 très concentré dans la tech américaine en plus.
40:52 Si on prend un indice plus large, un indice, par exemple,
40:55 equal weight, où chaque valeur a le même poids dans le MSCI monde,
40:59 le Japon passe de 6 à 16 %.
41:01 C'est un marché très profond.
41:03 Il y a beaucoup de valeurs.
41:04 Il se passe beaucoup de choses.
41:05 Effectivement, les questions de gouvernance ont beaucoup changé.
41:08 Ils ont plutôt accéléré récemment.
41:09 C'est l'amélioration du traitement des actionnaires
41:13 par les entreprises japonaises.
41:15 C'est une chose positive.
41:16 C'est un marché assez diversifiant.
41:18 Je pense qu'en général, les gens ont trop peu de Japon,
41:22 qu'ils soient d'ailleurs optimistes ou pas.
41:24 Simplement, dans une perspective internationale,
41:27 on a beaucoup trop peu d'autres choses que des États-Unis.
41:30 Dans une stratégie de diversification géographique,
41:32 il faut du Japon, par exemple.
41:33 Il faut du Japon parce qu'il se passe d'autres choses.
41:35 On sait bien que la diversification,
41:37 c'est quelque chose qui rend plus stable les portefeuilles.
41:40 Bastien Dru, un mot sur l'investissement au Japon.
41:45 Comment est-ce que vous voyez ?
41:46 On parle de la performance de l'indice.
41:48 Ce que je peux rajouter, par rapport à ce qui a déjà été dit,
41:53 c'est le fait que le Yen s'est vraiment très fortement déprécié
41:58 depuis le début de la crise Covid.
42:00 Quand on regarde les grandes devises,
42:02 en termes réels, le Yen a perdu plus de 20%.
42:07 Une dépréciation en termes réels de plus de 20%.
42:10 C'est énorme, c'est vraiment monumental.
42:12 On sent que ça a quand même été très bénéfique
42:15 à l'industrie japonaise.
42:20 On le voit bien dans les chiffres,
42:22 notamment les enquêtes manufacturières.
42:24 Ce sont les seules pour lesquelles on a quelque chose qui est positif.
42:27 On a un territoire d'expansion pour l'industrie japonaise,
42:31 alors que l'ISM manufacturier aux Etats-Unis est en contraction,
42:34 le PMI manufacturier aux zones euro est en contraction,
42:37 idem en Chine.
42:38 C'est vraiment le seul endroit du monde
42:40 où on a une dynamique qui est positive sur l'industrie.
42:44 Je pense que c'est aussi l'un des facteurs
42:46 qui fait que le Nikkei parfume vraiment très bien.
42:50 Nous aussi, on partage la même position.
42:53 Rapidement, si je vous demande ce que vous regardez,
42:56 ce qui vous interpelle un peu dans le contexte actuel,
42:58 vous me répondez "intelligence artificielle" ?
43:00 Oui.
43:02 Disons que nous, on a des fonds thématiques,
43:05 notamment des fonds qui sont centrés sur la disruption.
43:07 Donc oui, l'intelligence artificielle
43:09 est vraiment quelque chose qu'on regarde très précisément.
43:12 Vincent Juvin, same question.
43:14 Qu'est-ce que vous regardez en ce moment ?
43:16 Qu'est-ce qui vous interpelle dans le marché ?
43:18 Oui, ça fait partie des thématiques
43:20 qui feront alimenter notre lecture de vacances, certainement.
43:23 Je suis encore un peu économiste.
43:24 On apprend quand même aussi jour après jour
43:26 un peu sur cette thématique émergente,
43:27 mais qui pourrait en tout cas être concrète
43:29 tous les jours et dans nos métiers.
43:30 Elle l'est déjà finalement à nombre d'égards.
43:32 Je pense qu'on vient de terminer sur la Chine.
43:34 Je pense que c'est la déception du premier semestre de l'année.
43:38 Est-ce que ce sera la bonne surprise du second semestre ?
43:40 Oui, je pense que le point d'inflexion potentiel
43:42 sur cette zone est certainement quelque chose
43:44 qu'on regarde beaucoup pour l'instant.
43:46 Ça fait partie en tout cas des mauvaises appréciations
43:50 au début de l'année.
43:51 On a un peu l'impression qu'il y a quelque chose
43:52 qui pourrait changer.
43:53 Il faut chercher des opportunités sur les marchés equity
43:56 qui ont par ailleurs déjà bien performé.
43:58 On a un peu envie de parier sur ceux qui sont en retrait
44:01 et qui ont du potentiel.
44:02 Donc, ça en est peut-être un.
44:03 Gustave Orenstein, même question.
44:05 Qu'est-ce que vous regardez dans le marché ?
44:06 Qu'est-ce qui vous interpelle dans le contexte actuel ?
44:08 Comme je disais tout à l'heure,
44:09 sur les 1500 valeurs du MCI Mondial,
44:12 il y en a 10 qui font plus de la moitié de la hausse
44:14 depuis une dizaine d'années.
44:15 Donc, tout ce qui nous intéresse, c'est les autres.
44:17 C'est tous les autres.
44:18 Il faut vraiment essayer d'aller piocher
44:20 dans la largeur et la profondeur des marchés internationaux
44:22 pour vraiment diversifier l'épargne.
44:24 Parce que vous savez que l'épargne,
44:25 notamment des ménages français,
44:27 est très, très concentrée
44:28 avec un billet domestique très fort.
44:29 Donc, il faut aller vers l'international.
44:31 Et donc, une manière de le faire,
44:32 c'est d'aller chercher justement,
44:34 pas simplement faire de l'Atec et des États-Unis,
44:36 mais d'aller chercher un peu le reste.
44:38 En Europe, il y a plein de choses intéressantes.
44:40 C'est une zone où la désinflation aussi est assez rapide.
44:43 Et oui, le Japon également.
44:45 Effectivement, une bonne diversification.
44:47 Donc, aller chercher assez largement,
44:49 sans avoir de thème très privilégié spécifiquement,
44:52 mais surtout d'aller chercher la largeur
44:54 et la profondeur des marchés actions.
44:56 Merci, messieurs.
44:57 Merci Gustavo Reinstein,
44:58 responsable Recherche, Macro et Allocation d'Actifs
45:00 de Dorval AM.
45:01 Merci Vincent Juvins,
45:02 stratégiste chez JPMorgan Asset Management.
45:04 Et merci Bastien Dru,
45:05 responsable de la Stratégie et de la Recherche Économique
45:08 de CPR AM.
45:09 Merci à vous également de nous avoir suivis.
45:11 On se retrouve tout de suite dans Marché ATM.
45:14 Marché ATM
45:17 Et c'est parti pour le dernier quart d'heure thématique
45:27 de Smart Bourse, Marché ATM,
45:29 où nous allons tenter de décrypter ensemble
45:32 le marché des semi-conducteurs en Europe.
45:34 Et pour cela, nous avons le plaisir d'accueillir
45:36 sur le plateau de Smart Bourse,
45:38 Franck Sabat. Bonjour Franck Sabat.
45:39 Bonjour.
45:40 Vous êtes responsable du développement
45:42 des activités de gestion d'actifs chez Berenberg.
45:44 Alors, effectivement, quand on parle du marché européen
45:48 des semi-conducteurs, on pense à MSL,
45:51 pardon, à MSL, je vais y arriver.
45:53 Ce n'est pas le seul.
45:54 Le marché est plus large que ça.
45:56 À quoi ressemble ce marché européen ?
45:58 Il est, ce marché européen,
46:00 déjà merci pour la question,
46:01 le marché européen, en fait, il est assez large.
46:04 En fait, ce qui est intéressant,
46:05 bon, les semi-conducteurs,
46:06 c'est le marché en énorme croissance.
46:10 Peut-être juste un mot là-dessus,
46:12 aujourd'hui, c'est à peu près 550 milliards.
46:14 On pense que ça va tripler d'ici 2030.
46:16 D'accord.
46:17 C'est massif.
46:18 Et puis surtout, il y en a partout.
46:20 Dans le studio, il y en a à peu près à chaque endroit.
46:22 Les téléphones, on en a besoin.
46:24 Les voitures, on en a besoin.
46:25 Et en fait, le mécanisme pour fabriquer
46:28 le semi-conducteur, lui, est hyper précis
46:30 et devient de plus en plus petit.
46:32 Bien sûr.
46:33 Et en Europe, en fait, on trouve des acteurs
46:37 qui ont su se positionner, comme à SML,
46:39 qui sont à un niveau très, très avancé,
46:41 mais aussi des acteurs de plus petite taille
46:43 qui ont réussi à trouver une position dominante
46:45 sur certaines étapes de cette production,
46:48 que ce soit sur le packaging,
46:50 que ce soit sur les tests,
46:52 ou que ce soit aussi sur la partie
46:54 dont on a besoin par la suite,
46:55 sur les circuits imprimés.
46:57 Donc, c'est ça qui est intéressant.
46:58 Forcément, on pense au semi,
46:59 on pense beaucoup à la Corée du Sud,
47:02 à Taïwan, aux États-Unis.
47:04 Bien sûr.
47:05 Et en fait, en Europe, on trouve vraiment
47:07 des très, très bonnes sociétés qui sont actives là-dedans.
47:09 Il y a effectivement...
47:10 Et c'est des sociétés qui sont françaises, allemandes ?
47:14 C'est des spécificités nationales
47:16 ou c'est vraiment transnational au niveau européen ?
47:18 Je dirais c'est européen.
47:20 Il y a un biais hollandais.
47:22 Bien sûr.
47:23 Je pense que SML...
47:24 Tire un peu, peut-être, une activité, oui.
47:26 Exact.
47:27 Donc là, en Hollande, il y a un pôle.
47:29 Après, on en trouve quand même pas mal
47:31 dans les Nordiques,
47:32 qui est une terre, je dirais, d'innovation
47:34 de manière générale
47:36 et qui, dans le côté technologique,
47:38 a peut-être une longueur d'avance.
47:40 Et donc là, on en trouve.
47:42 On peut peut-être utiliser un exemple.
47:45 Bien sûr.
47:46 En Suède, il y a une société qui s'appelle NCAB.
47:49 Rien à voir avec la NCAA et le basketball.
47:52 Là, ils sont vraiment dans les semis.
47:54 NCAB, en gros, c'est ça.
47:56 Ils fabriquent les circuits imprimés.
47:58 Donc, on a fabriqué cette puce électronique.
48:02 Et à un moment, il faut l'intégrer.
48:04 Et donc ça, c'est une société qui fait aujourd'hui
48:07 une valorisation de l'ordre de 1,2 milliard.
48:09 On avait identifié il y a 5 ans
48:12 et qui était à 250 millions.
48:14 Donc, on voit que la rapidité, la croissance,
48:17 quand ils arrivent à se positionner,
48:19 est assez forte.
48:20 Et en fait, cette société,
48:21 elle est assez impressionnante
48:22 parce qu'en gros,
48:23 demain, vous décidez de produire un téléphone.
48:26 Vous avez besoin du circuit imprimé.
48:28 Vous allez les contacter.
48:30 Et ils vont faire tout le design
48:32 de la pièce et la mettre en production.
48:36 Cette production, ils ne la font pas eux-mêmes.
48:37 Ils l'organisent.
48:38 Donc, c'est une société qui est extrêmement rentable.
48:40 Et donc, c'est ça, en fait,
48:41 je pense qu'en Europe, on peut trouver,
48:44 que ce soit en Suède, en Hollande ou ailleurs,
48:46 on a, en France avec Saoïtec aussi,
48:48 on a vraiment des sociétés
48:50 qui arrivent à faire la différence
48:52 sur des parties extrêmement niches de l'activité.
48:55 - Qui sortent un petit peu de la production,
48:57 qui peut être la partie,
48:59 celle où on marge le moins ou la moins rentable.
49:01 Non, pas forcément.
49:02 - Je crois que ça reste très rentable.
49:03 - Ça reste très rentable.
49:04 - À SML, les dernières machines,
49:06 pour prendre le plus gros,
49:07 là, on est sur des valorisations de 250 milliards environ.
49:10 La dernière machine, elle vaut 400 millions, une machine.
49:12 Donc, on est sur des business qui sont,
49:14 les enjeux sont énormes.
49:15 - Bien sûr.
49:16 - Et il y a des leaders.
49:17 Après, ce qui est intéressant,
49:18 c'est que dans cette fabrication du microprocesseur,
49:21 il y a énormément d'étapes.
49:22 Il y a peut-être 20 étapes.
49:23 Alors, on ne va pas toutes les détailler ici.
49:25 - Ça permet à d'autres sociétés de se positionner.
49:27 - Exactement.
49:28 Et typiquement, Bézy, là, c'est une société hollandaise.
49:31 Eux, ils sont positionnés sur deux pôles.
49:35 Le côté attache, donc vraiment fusionné, ce microprocesseur,
49:42 et le côté packaging.
49:43 - D'accord.
49:44 - Et donc, Bézy, qui est un leader dans son marché,
49:48 là, c'est pareil.
49:49 Dans la même logique qu'à SML,
49:51 ils vont produire des machines,
49:52 donc qui vont être des très…
49:54 Ça ressemble à une très, très grosse imprimante, concrètement.
49:57 Et ça, ça va permettre de faire ce packaging.
50:02 Eux, par exemple, entre leur machine actuelle
50:05 et leur modèle précédent, c'est deux fois plus précis.
50:10 Donc, on est aussi dans cette logique-là.
50:12 Les semi-conducteurs, les tailles réduisent de plus en plus.
50:16 On a besoin de plus en plus de précision.
50:19 Et donc, les acteurs qui vont être en mesure, je dirais,
50:22 d'apporter cette précision, ce contrôle,
50:25 là, ils vont avoir un rôle à jouer.
50:27 Et du coup, ils ont un rôle clé, en fait, dans ce processus de,
50:32 si on reprend l'exemple du téléphone,
50:33 de fabrication de ce téléphone.
50:35 - Si on se pose les questions un petit peu des drivers,
50:38 ou en tout cas des questionnements d'un marché comme celui-là,
50:40 alors évidemment, on parle de l'intelligence artificielle
50:43 depuis plusieurs semaines en bourse.
50:45 Est-ce que ça fait partie des potentiels d'évolution,
50:47 de croissance des entreprises en lien avec les semi-conducteurs ?
50:52 - Oui, forcément. Après, aujourd'hui, on l'a dit,
50:57 c'est un marché quand le semi, en général, est en forte croissance.
51:00 L'intelligence artificielle aujourd'hui,
51:02 alors oui, je suis complètement d'accord avec vous,
51:04 il y a une forte hype un peu sur le sujet.
51:06 - Bien sûr, oui.
51:07 - On a vu Nvidia, on a vu ce qui s'est passé.
51:09 Ça représente aujourd'hui 8 % de l'activité du semi.
51:12 - D'accord, oui.
51:13 - Donc, c'est beaucoup.
51:14 On parle d'environ peut-être 50 milliards,
51:16 mais ça reste une partie,
51:18 il y a beaucoup d'autres choses dans les semis.
51:20 Mais par contre, effectivement, ça joue un rôle important.
51:24 Et surtout, on va en retrouver partout.
51:26 On va en retrouver dans les PC, dans les téléphones,
51:28 dans les applications.
51:30 Donc oui, on va les retrouver.
51:32 Peut-être qu'ils auront une croissance plus rapide que le marché.
51:36 Donc, potentiellement, ce 8 %, il va plutôt aller vers 15 %,
51:40 mais il reste 85 %, même s'ils atteignent ce stade.
51:42 - Bien sûr, oui.
51:44 - Donc, il y a eu effectivement un début d'année hyper marqué,
51:46 mais avec les nouvelles technologies qu'on a vues,
51:48 je pense qu'on a tous essayé d'utiliser ChatGPT.
51:51 Et effectivement, c'est incroyable.
51:53 Et ce qu'on voit, c'est que...
51:56 Alors, complètement, mais attention,
51:58 il n'y a pas que ça, en fait.
51:59 Il n'y a pas que ça dans le marché des semis.
52:03 Et l'autre message, c'est que dans le marché des semis,
52:05 il y a vraiment des champions en Europe.
52:07 On n'est pas obligés forcément d'aller au bout du monde.
52:10 - Au moment de la réouverture des économies occidentales,
52:13 il y avait pas mal de questionnements sur l'approvisionnement,
52:15 en matières premières, et le marché des semis conducteurs
52:18 était particulièrement touché.
52:19 Qu'en est-il aujourd'hui ?
52:20 Est-ce que ça reste un risque pour ce marché ?
52:22 - Alors, ça va mieux, clairement.
52:24 On voit que ça...
52:25 Je dirais que les points de compression sont relâchés.
52:29 En fait, ce qui s'est passé, c'est qu'ils ont bénéficié
52:33 complètement de cet environnement.
52:35 On a vu des mouvements assez fous, 2020, 2021.
52:39 En fait, les gens s'attendaient à ne pas pouvoir avoir ces machines.
52:42 Et donc, il y a eu de la surdemande.
52:44 - Bien sûr.
52:45 - Ce qui explique qu'il y a eu un rallye assez phénoménal
52:47 sur ces sociétés, sur lesquelles on a participé.
52:49 Donc, on était ravis.
52:51 Et ce qui explique aussi ce qu'on a vu l'année dernière,
52:54 cette correction qui a été hyper violente, en fait.
52:57 Même sur des sociétés qui sont rentables,
52:59 qui sont en croissance, qui sont dans le bon secteur.
53:01 Bézi, on en parlait, l'année dernière,
53:03 ils ont fait peut-être moins 45 %.
53:05 Et cette année, ils ont déjà fait fois 2.
53:07 Donc, l'idée, c'est qu'ils ont bénéficié énormément
53:10 de ce mouvement parce que les gens voulaient ces machines
53:13 et voulaient ce stock.
53:14 - Bien sûr.
53:15 - Et ils ont du pricing power.
53:16 Donc, ils ont donc globalement bénéficié.
53:18 Aujourd'hui, on revient sur un cycle un peu plus cohérent.
53:22 Mais ça reste un marché en forte croissance, en fait.
53:25 Donc, on a toujours cet intérêt.
53:27 Et ils sont en mesure, eux, de délivrer parce qu'ils ont aussi...
53:31 En fait, ils ont cette capacité à réinvestir dans leur activité.
53:35 Je garde cet exemple de Bézi parce qu'on aime bien.
53:38 - Bien sûr.
53:39 - Ils réinvestissent 8 % de leurs revenus dans la recherche.
53:44 Donc, cette idée de se dire, voilà, on avance,
53:46 mais on continue à développer, ça, je pense que c'est typique
53:49 de l'Europe, en fait.
53:50 Ce côté industriel, innovation, avec ce biais
53:53 dans cet exemple-là hyper technologique.
53:56 - Un mot, effectivement, du parcours boursier,
53:59 des valeurs en lien avec les semi-conducteurs.
54:02 Vous nous avez dit, il y a eu un rallye,
54:04 il y a eu une correction.
54:05 Et là, on est sur une tendance un peu plus long terme,
54:07 mais pas trop volatile sur le secteur en Europe.
54:10 - Ça reste sportif, ça reste...
54:12 - Oui.
54:13 - Non, non, là, il faut être clair là-dessus.
54:15 C'est pour ça que nous, les équipes de gestion,
54:17 elles font ça, elles suivent les sociétés depuis des années.
54:19 Et puis, du coup, on arrive à, je dirais,
54:21 identifier ce côté long terme.
54:23 Je pense, je dirais, il faut se méfier
54:25 de cette hype, en général.
54:27 - Et comment on explique que ce soit sportif,
54:28 comme vous dites, alors qu'effectivement,
54:30 il y a une demande quand même en lien avec la robotisation,
54:32 les nouvelles technologies ou autres ?
54:34 C'est qu'on ne sait pas exactement
54:35 quelle est la tendance de demain, donc on attend...
54:37 - Alors, je pense que ce qui est sûr,
54:39 c'est que demain, il y aura de plus en plus de technologies,
54:41 de plus en plus de semis.
54:42 Ce qui est...
54:43 Je pense, ce qui explique cette volatilité,
54:46 ça a été cette surdemande 2021, 2020,
54:49 dans une moindre mesure, mais 2021...
54:51 - D'accord, oui.
54:52 Qui a encore un impact aujourd'hui.
54:53 - Alors, qui a eu un impact, en fait, nous,
54:55 on regarde quand même sur l'aspect long terme.
54:57 Et effectivement, il y a eu un impact assez fort.
54:59 Aujourd'hui, on revient sur un rythme, je dirais,
55:02 de l'activité de croissance standard,
55:05 mais le standard pour eux, c'est de la croissance à 15, 20, 25 %,
55:08 selon les sociétés.
55:09 C'est assez impressionnant.
55:11 Mais des valorisations qui montent.
55:13 Bézi, ils ont fait x2 cette année.
55:15 On est passé de 4 à 8 milliards.
55:17 Est-ce que ça corrige ?
55:20 Est-ce que ça continue ?
55:21 Je pense que surtout, ça fait partie du jeu.
55:24 Il faut, je pense, dans mon idée,
55:28 il faut rester, participer à cet événement
55:30 et accepter plutôt les cycles.
55:32 On le sait, le market timing est extrêmement compliqué,
55:34 surtout sur des titres aussi sportifs.
55:37 - Dernière question.
55:39 Alors, effectivement, on a évoqué ASML,
55:41 que tout le monde connaît derrière.
55:42 Donc, c'est un marché un peu plus large que cela,
55:44 profond que ça en Europe.
55:46 C'est un marché très concurrentiel ?
55:48 - Oui, mais ils ont une position tellement dominante
55:51 qu'aujourd'hui, il n'y a pas de compétiteurs, en fait.
55:54 Enfin, pas à ce niveau-là,
55:55 pas en mesure de vendre une machine à 400 millions,
55:58 pas en mesure de développer une telle technologie.
56:00 Donc, en fait, ce qui est intéressant,
56:02 c'est qu'ASML, ils ont cette position dominante.
56:04 Bézi, c'est la même chose.
56:05 Infineon, qui est aussi ici,
56:07 ils sont, eux, positionnés complètement
56:09 sur le côté plutôt auto.
56:11 Et on voit bien que dans les voitures,
56:13 même sans aller sur le côté tout électrique ou hybride,
56:17 il y a de plus en plus de besoins.
56:19 Donc, on voit que toutes ces sociétés, en fait,
56:21 elles ont pris une position de leader de leur marché.
56:24 Et pour aller les chercher,
56:26 ça va demander énormément d'investissement.
56:28 Merci beaucoup, Franck Sabat,
56:30 de nous avoir accompagnés dans le dernier quart d'heure
56:32 thématique de Smart Bourse dans Marché à Thème.
56:34 Je rappelle que vous êtes responsable du développement
56:36 des activités de gestion d'actifs chez Berenberg.
56:38 Merci beaucoup.
56:39 Merci à vous également de nous avoir suivis.
56:41 Je vous rappelle que vous pouvez retrouver le replay
56:43 de l'émission sur bsmart.fr,
56:45 nous écouter en podcast sur toutes les plateformes de podcast.
56:47 Et quant à moi, je vous donne rendez-vous
56:49 demain à midi et demi en direct sur Bsmart.
56:51 [Musique]

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