Un texte de la Commission devrait libérer la recherche en facilitant l’usage de technologies récentes comme l'édition du génome des plantes
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00:00 Le monde de la recherche a plaidé ses vœux depuis un moment,
00:03 un aménagement de la législation européenne
00:05 pour pouvoir se saisir de ces nouvelles techniques de sélection variétale.
00:08 Elles permettent d'aller vite, elles sont très peu coûteuses,
00:11 ce qui veut dire qu'elles ne sont pas réservées
00:12 aux grandes multinationales des semences par exemple.
00:14 Au début des années 2000, l'Europe avait eu soudain très très peur
00:23 d'un nouveau phénomène qu'on appelait la transgénèse.
00:28 C'est l'image classique des OGM.
00:30 On prend un petit morceau de génome d'une bactérie par exemple
00:33 et on l'insère par exemple dans le génome d'un maïs
00:35 pour qu'il soit résistant à des maladies ou à d'autres problèmes.
00:38 Et l'Europe avait eu très très peur de ça
00:40 et elle avait émis une législation très restrictive,
00:43 la législation de 2018, sur ces OGM.
00:45 Le problème c'est que cette législation englobait tout un tas de techniques
00:49 et de plantes dont on n'avait pas prévu qu'elles seraient concernées par la législation.
00:52 Et ça concernait par exemple des plantes qu'on utilisait de manière très ancienne,
00:55 qui avaient été issues de mutagénèse,
00:56 c'est-à-dire de plantes qui avaient naturellement muté.
00:58 On parle de certaines espèces de blé, de fou, de tournesol oléique
01:02 et même de pamplemousse rose, des fruits et des légumes
01:05 qui étaient même consommés en agriculture biologique.
01:07 Et cette directive avait interdit la culture de tous ces produits.
01:11 Et donc il y avait eu une première révision en 2015 de cette directive.
01:15 La révision de cette directive avait exclu des restrictions OGM
01:19 toutes les plantes qu'on avait utilisées avant 2001.
01:22 Les sciences et les techniques ont continué à avancer
01:25 et est arrivée dans le paysage scientifique une nouvelle technique,
01:29 celle de l'édition du génome.
01:30 On en a entendu parler parce que Emmanuel Charpentier,
01:33 une scientifique française et sa coéquipière américaine,
01:35 ont eu un prix Nobel pour une technique qui s'appelle CRISPR-Cas9,
01:38 les ciseaux moléculaires.
01:39 Alors en deux mots, les ciseaux moléculaires, ça consiste à réarranger le génome d'une plante,
01:43 on ne rajoute rien de l'extérieur,
01:45 on fait juste ce que la plante fait naturellement, c'est-à-dire muter,
01:47 mais on s'en sert plus précisément pour mettre en avant certains caractères
01:51 ou en faire disparaître d'autres.
01:53 Cette technique est très intéressante parce qu'on peut par exemple avoir
01:56 des plantes qui sont résistantes aux maladies
01:57 pour lesquelles on n'a pas besoin d'utiliser des pesticides.
02:01 Le problème, c'est que ces techniques tombaient dans une espèce d'angle mort du droit,
02:05 elles étaient peut-être des OGM, considérées comme ça,
02:07 il y avait toute une bataille juridique,
02:09 et donc l'Europe s'est dit "ça n'est pas possible,
02:11 on ne peut pas passer à côté de cette technique qui est très prometteuse
02:13 dans la transformation de l'agriculture".
02:15 Et elle s'est dit "donc on va réfléchir à une nouvelle réglementation
02:18 pour ce qu'on appelle les NGT, les nouvelles techniques génomiques".
02:22 [Musique]
02:26 Alors le monde de la recherche a plaidé ses vœux depuis un moment,
02:30 un aménagement de la législation européenne
02:32 pour pouvoir se saisir de ces nouvelles techniques de sélection variétale.
02:35 Elles permettent d'aller vite, elles sont très peu coûteuses,
02:37 ce qui veut dire qu'elles ne sont pas réservées
02:39 aux grandes multinationales des semences par exemple.
02:41 Les labos universitaires peuvent les utiliser,
02:43 et elles ont des utilités intéressantes puisqu'elles permettent de répondre très vite
02:46 à des problématiques de maladie des plantes, de gestion de la sécheresse,
02:49 alors ce sera beaucoup plus tard, de salinité des sols,
02:51 on peut ainsi obtenir des plantes pour lesquelles encore une fois,
02:53 on n'a pas ajouté de génome extérieur mais qui ont des nouvelles capacités de résistance.
02:57 Jusqu'à maintenant, ils étaient privés de ces techniques
02:59 parce qu'elles étaient très compliquées à mettre en œuvre, très encadrées,
03:02 et là, la législation européenne qui est en train d'avancer,
03:05 qui est en train de se construire, on saura précisément le 5 juillet,
03:07 ce qu'en dit la commission,
03:08 eh bien va sans doute leur permettre de prendre en main ces techniques
03:11 et de les mettre en application.
03:12 [Musique]
03:15 Eh bien ce ne seront pas des OGM puisque ces plantes auront une législation à part
03:19 pour les encadrer.
03:20 En l'état actuel de son travail, la commission européenne propose de distinguer
03:23 deux sortes de nouvelles technologies génomiques et des produits qui en découleront.
03:27 D'une part, une catégorie de plantes dont on estimera
03:30 qu'elles sont utiles à la durabilité de l'agriculture
03:33 parce que par exemple, elles permettent de se passer d'un certain nombre de pesticides
03:36 et puis parce qu'elles répliqueront des techniques d'obtention
03:38 qu'on aurait pu utiliser par ailleurs, de l'hybridation, etc.,
03:41 des choses beaucoup plus longues.
03:42 On raccourcit le temps avec ces nouvelles techniques génétiques.
03:44 Ça, ce serait une première catégorie de plantes
03:46 et elle pourrait être cultivée librement après une déclaration
03:49 auprès des autorités.
03:50 Et puis, il y en aurait une deuxième catégorie dont on estimerait
03:53 qu'elles sont moins utiles par exemple parce qu'elles présentent
03:55 des résistances aux herbicides et celles-ci,
03:57 elles devraient être indiquées sur les emballages.
03:59 Ça, c'est l'état du travail de la commission.
04:02 Encore une fois, la version définitive de ces propositions
04:05 sera pour le 5 juillet.
04:06 [Musique]