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Chaque jour, nos invités opposent leur point de vue sur l'actualité politique. Ce lundi, Géraldine Woessner, journaliste au Point et Charlotte d’Ornellas, journaliste à Valeurs Actuelles.
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NewsTranscription
00:00 - Europe 1 Matin, 8h46, c'est l'heure du club de la presse Europe 1 avec vous Dimitri Pavenko.
00:07 - Pour commenter, décrypter l'actu politique, avec nous ce matin Charlotte Dornelas.
00:11 Bonjour Charlotte. - Bonjour Dimitri.
00:13 - Charlotte Dornelas, Géraldine Bossner du Point est avec nous aussi. Bonjour Géraldine.
00:16 - Bonjour. - Bonjour.
00:17 - Question ce matin, après 5 jours d'émeutes et de pillages, est maintenant, est-ce que le moment de la décrue est venu ?
00:23 La décrue c'est le terme employé hier par Laurent Nunez, le préfet de police de Paris, pour à propos des, après des événements d'une gravité rarement vue en France.
00:32 Des moments où l'on a pu douter quand même de la capacité des pouvoirs publics à maintenir l'ordre et la paix civile.
00:38 Je pense à toutes ces attaques ciblant les maires, les centres commerciaux par des bandes de pillards qui visiblement n'ont plus vraiment peur de la police.
00:45 Alors Géraldine Bossner, je commence avec vous. Est-ce que le gouvernement est en train de juguler la révolte ?
00:50 Ou bien est-ce qu'elle est en train de s'éteindre d'elle-même ? On en est où ce matin là ?
00:55 - Il est certain que la présence policière massive sur le terrain, 45 000 forces de l'ordre, a forcément porté ses fruits.
01:02 Le gouvernement a quand même frappé beaucoup plus vite et plus fort qu'en 2005 où au plus fort des émeutes, il y avait eu 12 000 policiers sur le terrain.
01:11 Donc là on a tout de suite eu 4 fois plus de présence. Donc l'agression également du maire de Lailerhose hier a peut-être servi d'électrochoc
01:23 notamment aux parents les plus complaisants de ceux qu'on voyait dans les rues.
01:27 - 147 mairies ciblées quand même, je me permets de l'en dire. Tout à l'heure, David Lissenaert nous donnait le chiffre sur Europe 1. C'est considérable.
01:34 - J'observe que pour l'instant c'est quand même pas encore calmé. Puis on est au début de l'été et ça reste une poudrière.
01:40 La moindre étincelle, on le sent, on le voit, peut raviver tout cela. Donc le gouvernement a une vraie difficulté.
01:48 On perçoit bien que les événements et la situation appellent des mesures qui sont sur le temps long, des mesures profondes.
01:57 Et lui il a un problème de calendrier, c'est qu'il faut qu'il agisse très vite et très fort parce que dans moins d'un an on a les Jeux Olympiques en France.
02:03 Et que ça crée un vent de panique, on peut le dire carrément, dans les chancelleries et à l'étranger.
02:09 - Est-ce qu'on est en état d'urgence sans le dire, Charlotte Dornelas ? Je vous pose cette question parce que je regardais vite fait ce matin la liste des communes ayant un couvre-feu.
02:18 Rien qu'en Ile-de-France il y en a une vingtaine. Il y en a énormément si l'on prend l'ensemble du territoire.
02:24 - C'est-à-dire que si on prend vraiment les mots, sans nécessairement les mesures et le caractère juridique de la mise en place de l'état d'urgence,
02:33 évidemment que dans ces quartiers il y a un état d'urgence permanent et ça fait déjà de longues années que cet état d'urgence a lieu.
02:39 Quand vous avez des gamins, parce qu'on nous répète en permanence que ce sont des enfants,
02:43 quand vous avez précisément des gamins de 14 à 18 ans qui sont capables d'aller brûler des dizaines de mairies, des dizaines d'écoles, des dizaines de médiathèques,
02:51 d'aller menacer directement des forces de l'ordre, des élus et peut-être leurs aînés, les aînés des plus jeunes qui sont capables de les escadriller.
02:59 - Mais vous parlez beaucoup aux policiers, Charlotte, ils sont surpris les policiers ?
03:02 - Mais il n'y a pas un policier en France qui est surpris de ce qui arrive, pas un seul en fait.
03:06 Ils savent pertinemment que c'est ça qui se prépare, mais je vais vous dire la vérité, il n'y a pas un responsable politique non plus.
03:12 Ils font très bien semblant d'être surpris, mais quand vous avez François Hollande qui nous parle de partitions, il y a quoi ?
03:18 Il y a huit ans, sept ans ? Quand vous avez Gérard Collomb qui quitte le ministère de l'Intérieur en nous disant "ça finira face à face", il y a cinq ans il nous dit ça.
03:26 Gérard Collomb il n'est pas arrivé, c'était pas par idéologie qu'il l'a dit, donc c'était pas réaliste, c'est parce qu'il avait les chiffres sous les yeux,
03:32 c'est parce que tous les soirs, ce qui se passait dans ce pays et en particulier dans certains de ses quartiers, lui remontait.
03:38 Donc tous les gens déjà qui ont été à sa place le savent exactement comme lui, et vous avez François Hollande qui arrive hier qui nous dit "non non mais tout ça est une question sociale"
03:45 après avoir dit exactement le contraire dans l'intimité de son salon à deux journalistes.
03:50 Donc évidemment que tout le monde savait qu'un jour on aurait un gros problème. 2005 c'était une répétition générale, vous l'avez dit, il y avait beaucoup moins de policiers sur le terrain,
03:57 il y avait aussi une intensité de violence évidemment incomparable.
04:01 Et aussi intensité, quantité de violence aussi, parce qu'il y avait beaucoup plus de coins, de régions touchées, de villes touchées, etc. y compris des petites villes.
04:09 - Et il y avait des médiations qui étaient imaginables à mettre en place aujourd'hui. Là vous voyez des discours à la fois évidemment des émeutiers dans les boucles Télégramme,
04:18 dont parlait Emmanuel Lucrot, mais également sur le terrain. Vous voyez les vidéos qui sont filmées ici et là, leur discours est très libre,
04:25 on sait à peu près tout ce qu'ils en pensent exactement. Et même chez certains des médiateurs, vous avez des discours qui poussent,
04:32 qui encouragent ce qu'ils appellent la colère tout simplement, qui est de la destruction massive.
04:36 - Alors que pensait aussi justement Géraldine Vossner de l'explication sociale qui est apportée par la gauche à ces émeutes ?
04:43 On sait d'ailleurs qu'il y a un débat interne à la gauche, au sein de la NUPES, sur la responsabilité, le point de départ de ces émeutes.
04:51 Tout le monde n'est pas d'accord avec Jean-Luc Mélenchon, qui sur LCI avait cette phrase quand même assez stupéfiante, hier je me permets de la citer,
04:58 après je vous donne la parole. Jean-Luc Mélenchon renvoyant la responsabilité des émeutes sur les riches et les puissants,
05:04 qu'il accuse de s'être "ensauvagés", ils ont, je cite Jean-Luc Mélenchon, "l'idée qu'ils vont vivre à part, que cette faune les nuisible,
05:11 comme disent leurs policiers, sont un problème. Il faut les tenir à distance, les mater, la chicote".
05:17 La chicote étant une sorte de fouet. Que penser de cette phrase de Jean-Luc Mélenchon ?
05:21 C'est un peu la lecture d'ailleurs globalement de la France Insoumise.
05:24 - C'est même plus une lecture, je pense pas qu'il faille maintenant continuer à commenter les déclarations de Jean-Luc Mélenchon.
05:31 Elles sont déraisonnables, c'est un discours d'appel à la sédition.
05:38 Il se place de lui-même hors de l'arc républicain, donc non je vais pas le commenter pendant des heures, ça n'a pas d'intérêt si vous voulez.
05:49 Jean-Luc Mélenchon jette du sel sur les plaies depuis des années.
05:54 Il a toujours considéré depuis 2017 que les 600 000 voix qu'il lui avait manquées pour remporter la crête présidentielle,
06:01 elles étaient là dans ses quartiers. Il les flatte depuis et c'est l'unique moteur de Jean-Luc Mélenchon.
06:08 Il n'y en a pas d'autres, il tenait un discours radicalement opposé il y a moins d'une dizaine d'années.
06:13 La question est plus large, effectivement cette lecture sociale est uniquement sociale,
06:19 parce qu'évidemment il y a une partie de cette lecture qui est exacte et chacun en conviendra, c'est du bon sens.
06:24 Mais cette lecture exclusivement sociale, c'est celle qu'ont porté les différents du gouvernement depuis plus de 20 ans.
06:32 On est obligé d'en constater l'échec.
06:35 On a eu une dizaine de plans banlieue qui a consisté à essayer d'amener ces populations vers la culture, vers l'emploi, vers la formation.
06:44 On a repeint les immeubles, on a donné de l'argent aux associations pour qu'elles tiennent un peu l'ordre.
06:49 Ça a échoué. Et on n'a jamais ouvert des débats qui sont pourtant fondamentaux.
06:55 Le débat de l'immigration, parce qu'on voit qu'il y a quand même un problème d'assimilation.
06:58 Le débat des statistiques ethniques qui existent en Grande-Bretagne, qui existent aux Etats-Unis,
07:03 qui permettent de cibler les politiques publiques en mettant l'argent là où on en a vraiment besoin,
07:09 plutôt que de le déverser. Le débat sur l'éducation, on a eu des politiques un peu cosmétiques.
07:14 C'était une bonne intuition le dédoublement des classes en primaire, mais c'était cosmétique.
07:18 On sait, les études le montrent, que tout le bénéfice est effacé dès l'entrée en sixième.
07:22 Donc il faut aller beaucoup plus loin et plus fort sur ces politiques-là.
07:26 Là, moi, je suis un peu inquiète quand j'entends Elisabeth Borne, tout de suite, dès le lendemain, dire
07:31 "je vais annoncer un plan, je vais annoncer des mesures", mais non.
07:34 Prenons le temps de réfléchir, pas continuer à faire ce qu'on fait depuis 20 ans, qu'on fait mal et qui échoue.
07:39 - Charlotte Dornelas ?
07:41 - C'est exactement ça, c'est-à-dire que tout ça nous a coûté beaucoup d'argent.
07:44 Elisabeth Borne a évidemment le réflexe de toute sa vie politique et de tous ceux qui l'ont précédé,
07:48 à savoir "on va vous donner de l'argent, ne bougez pas, on a l'impression qu'on paye un impôt en fait.
07:52 Vous restez calme, à partir du moment où on vous donne de l'argent, là on a oublié de vous faire le chèque,
07:55 mais on va vous le faire demain, restez calme surtout".
07:57 C'est du délire en fait, le rapport des autorités aux émeutiers, à la manière dont ils les gèrent,
08:03 parce qu'il y a évidemment Jean-Luc Mélenchon, c'est même plus une excuse sociale,
08:07 c'est une excuse victimaire développée à tous les niveaux, c'est-à-dire que c'est jamais de leur faute.
08:12 Donc le gamin qui va brûler une école, c'est pas de sa faute.
08:15 Alors évidemment, par ailleurs Jean-Luc Mélenchon nous explique, vous comprenez la colère,
08:18 il y a quand même un jeune de 17 ans qui est mort, il y a deux jours il y a un gamin de 19 ans qui est mort,
08:22 tombé d'un toit, apparemment Jean-Luc Mélenchon, c'est pas pareil,
08:24 c'est pas une mort qui mérite d'être commentée.
08:28 - Y aura-t-il une minute de silence à l'Assemblée pour ce pompier mort cette nuit ?
08:32 - Le pompier n'en parlant même pas, le pompier ne rentre pas évidemment dans la grille de lecture,
08:37 d'ailleurs de personne, parce que ça n'a pas l'air d'émouvoir grand monde.
08:40 Donc il y a cette excuse victimaire, et par ailleurs il est vrai qu'on s'est préoccupé,
08:45 même sur le terrain social, beaucoup plus de ces quartiers-là que d'autres,
08:50 c'est parfaitement vrai de le dire aussi.
08:52 C'est-à-dire que quand on dit "oui mais là toutes les infrastructures qui brûlent",
08:57 mais combien de Français vivent sans avoir vu une seule de ces infrastructures de leur vie ?
09:01 Est-ce qu'il est possible d'aller dans d'autres régions de France
09:05 et de voir qu'il n'y a pas la médiathèque, on ne peut pas la brûler,
09:07 la mairie il n'y a personne dedans donc ça ne sert à rien d'aller la brûler.
09:10 - Mais vous parlez dans quels endroits là, Charlotte ?
09:12 - Vous allez dans plein de régions de France, je me souviens pour tout vous dire,
09:16 d'un professeur qui a travaillé dans différents banlieues,
09:22 qu'on a vu s'enflammer tous ces week-ends-là,
09:24 qui travaillait, qui voyait notamment les Habitats, les HLM, etc.,
09:28 qui est parti en Picardie il y a quelques années,
09:30 qui est arrivé là-bas, qui a vu les logements sociaux,
09:32 qui a dit "jamais de ma vie j'ai vu une telle misère,
09:35 dans tous les quartiers dans lesquels j'étais précédemment".
09:37 Évidemment que ce n'est pas un concours,
09:39 ce que je veux dire c'est que ce n'est certainement pas une explication,
09:41 et l'abandon, soi-disant, dont on parle des pouvoirs publics,
09:44 n'existe pas, ou alors il est très relatif par rapport à d'autres abandons
09:48 qui ne génèrent pas des incendies pareils.
09:50 - On va en parler pendant des mois, évidemment, des causes, des racines de ces émeutes,
09:54 et chacun apportera son explication qui ne satisfera pas, évidemment.
09:57 - Elles sont complexes, évidemment, elles s'additionnent, je crois.
09:59 - Et puis, à ça s'ajoute aussi, Géraldine Mosner, on va finir par là,
10:01 le retour des "No-go zones",
10:03 voilà cette publicité très mauvaise pour la France,
10:06 qui est faite par ces émeutes pour le pays à l'international,
10:09 le retour des "No-go zones", vous vous rappelez, on parlait de ça,
10:12 c'était quoi ? C'était pendant les émeutes contre la loi ?
10:13 - En 2005, alors on en a un an, ce qui est fou, c'est que...
10:16 - "No-go zones", c'est les endroits où il ne faut pas aller.
10:18 - Où il ne faut pas aller, c'était la chaîne Fox News
10:20 qui avait ressorti cette carte des "No-go zones" des années plus tard,
10:23 et on s'est aperçus qu'en fait, elles se basaient toujours
10:27 sur les endroits où ça avait explosé en 2005, justement, au moment des émeutes.
10:31 Donc en fait, ce qui est en train de se passer va avoir des conséquences lourdes et durables.
10:36 Et ça arrive dans une série, c'est-à-dire que, pour Emmanuel Macron, c'est tragique,
10:41 enfin quand même, l'annulation de la visite d'État du roi Charles au mois de mars
10:46 en raison des manifestations liées à la réforme des retraites.
10:50 Il y a eu les violences des soulèvements de la terre qui ont fait le tour des télévisions mondiales,
10:54 les poubelles à Paris, là, nous, on l'a déjà oublié, mais ça a quand même marqué,
10:58 notamment en Asie. Et puis aujourd'hui, voilà, de nouveau, la France flambe.
11:04 Tout ça dans un temps très court, une visite d'État d'Emmanuel Macron annulée en Allemagne.
11:08 À un an des Jeux Olympiques, c'est effectivement extrêmement préoccupant.
11:14 Les chancelleries et les gouvernements étrangers se demandent, et ils se demandent légitimement
11:20 si, oui ou non, la France sera capable d'assurer la sécurité de l'événement.
11:24 Merci Géraldine Vosner, merci Charlotte Dornelas, merci à toutes les deux.
11:28 Je vous dis pas la semaine prochaine, ou nous serons en vacances à ce moment-là.