Jeudi 6 juillet 2023, SMART PATRIMOINE reçoit Guillaume Sereaud (Président, Aliquis Conseil) et Hedwige Gronier (responsable mécénat culturel, Fondation Bettencourt Schueller)
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00:08 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Patrimoine.
00:10 Smart Patrimoine, l'émission qui vous accompagne dans la gestion de vos finances personnelles,
00:14 mais l'émission qui décrypte également avec vous les enjeux et les actualités du secteur de la gestion de patrimoine.
00:20 Une émission que vous pouvez retrouver tous les jours sur Bsmart.
00:23 Et au sommaire de cette édition, nous commencerons avec l'Art à la Une,
00:27 un rendez-vous dédié aux actualités du monde de l'art.
00:30 Un rendez-vous proposé par Sibila Oujan, journaliste spécialisée sur les questions d'art au sein de la rédaction de Bsmart.
00:35 Nous enchaînerons ensuite avec l'Art à la Une, l'interview où nous aurons le plaisir de recevoir Edwige Gronier,
00:41 directrice du mécénat culturel au sein de la fondation Bettencourt-Schweller.
00:44 Nous évoquerons avec elle la structuration de la filière des métiers d'art,
00:48 ce qui nous amènera notamment à évoquer la stratégie nationale des métiers d'art.
00:53 Ce sera donc la deuxième partie de Smart Patrimoine.
00:55 Et nous enchaînerons avec un enjeu patrimoine consacré aux choix de placement en ce qui concerne la trésorerie d'entreprise,
01:03 un sujet que nous aborderons avec Guillaume Serrault, président de Alix Conseil.
01:06 On se retrouve tout de suite sur le plateau de Smart Patrimoine.
01:08 Et nous commençons tout de suite avec l'Art à la Une, le rendez-vous dédié aux actualités du monde de l'art.
01:17 Un rendez-vous proposé par Sibila Oujan, journaliste spécialisée sur les questions d'art au sein de la rédaction de Bsmart.
01:23 Bonjour Sibila. Bonjour Nicolas.
01:25 Ravi de vous retrouver sur le plateau de Smart Patrimoine.
01:27 Que s'est-il passé dans le monde de l'art cette semaine Sibila ?
01:30 Cette semaine, c'est l'Assemblée nationale qui a voté à l'unanimité une loi pour faciliter les restitutions des œuvres d'art spoliées par les nazis,
01:38 encore présentes dans les collections publiques, donc les musées.
01:41 Cela concerne les œuvres spoliées entre 30 janvier 1933, accession au pouvoir d'Hitler, et le 8 mai 1945, la Libération.
01:50 Aujourd'hui, n'importe quelle œuvre présente dans un musée est inaliénable, c'est-à-dire qu'elle ne peut pas être cédée.
01:56 Jusqu'à présent, une loi devait être votée pour chaque tableau, pour que celui-ci soit rendu aux ayants droit.
02:03 La loi cadre tout juste votée va donc particulièrement alléger cette démarche de restitution.
02:09 Le texte propose d'entériner une dérogation à ce principe d'inaliénabilité pour les œuvres concernées.
02:16 L'État doit toutefois consulter une commission spéciale à chaque fois.
02:20 "Rien ne saurait réparer la tragédie de la Shoah", s'est exprimé Rima Abdulmalak, ministre de la Culture,
02:27 "mais nous pouvons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que ces biens culturels puissent être rendus".
02:32 A-t-on, Sybille, une idée de l'ordre de grandeur des œuvres présumées spoliées présentes dans les collections publiques ?
02:38 Après la Seconde Guerre mondiale, parmi les œuvres spoliées, plusieurs dizaines de milliers d'œuvres ont été rendues à la France,
02:45 et la majorité à leurs propriétaires.
02:47 On parle de 60 000 œuvres rendues à la France selon les chiffres du gouvernement,
02:52 45 000 restituées dès lors à leurs propriétaires.
02:56 Donc il en reste 15 000.
02:58 Sur ces 15 000, il y en avait 13 000 qui avaient très peu de valeur et qui ont été vendues par l'État au début des années 50.
03:03 Il en reste 2 200.
03:05 Elles ont été confiées à la garde des musées nationaux, notamment pour leur intérêt artistique.
03:10 Sur ces 2 200, ce sont 184 œuvres qui ont été aujourd'hui restituées.
03:15 Mais attention, sur ces 2 200, toutes ne sont pas forcément des œuvres d'art spoliées.
03:20 Certains peuvent avoir été vendues sans contrainte, et c'est pour ça qu'il faut encore des recherches,
03:25 et que les recherches continuent dans ce sens.
03:27 Et on continue avec les actualités dans le monde de l'art cette semaine.
03:29 Le Conseil des maisons de vente a élu ses représentants, Sybille.
03:32 Oui, alors pour la première fois, les commissaires priseurs français ont procédé à l'élection de leurs représentants
03:38 au sein du nouveau Conseil des maisons de vente.
03:41 Un taux de participation de 67%.
03:43 Le Conseil des maisons de vente est l'autorité de régulation du marché des ventes aux enchères publiques.
03:48 Et ce conseil a été réformé en février 2022.
03:52 Un mot peut-être sur les objectifs de la réforme en question ?
03:54 Alors oui, c'était d'abord réviser la composition de ce conseil pour qu'il y ait une présence accrue de professionnels,
04:00 en assurant la représentation du maillage territorial et des autorités de la régulation.
04:06 Élargir le périmètre des missions pour un meilleur échange avec le gouvernement et les professionnels.
04:11 Et créer surtout un organe disciplinaire indépendant en son sein, renforçant son pouvoir de sanction.
04:17 Et donc là, ce sont six binômes qui ont été élus des différentes circonscriptions.
04:22 Ce qui est intéressant, c'est que dans le Palmarès, il n'y a aucune des grandes maisons de vente aux enchères qui sont représentées.
04:28 David Nordman, qui est chez Adair, qui est en binôme avec Violette Chebatchev, qui est de l'étude Jiquello.
04:35 Ce sont les deux représentants du top 10 des opérateurs en France.
04:39 Et donc Christie's, Sotheby's et Arcurial ne sont pas représentés.
04:42 Et on continue avec des actualités en lien avec les maisons de vente aux enchères, toujours Sibyl.
04:46 Sotheby's adopte une nouvelle manière de procéder à des ventes aux enchères.
04:51 Oui, c'est ce qu'on appelle la vente à la hollandaise.
04:54 Dans les ventes traditionnelles, les enchérisseurs concourent pour une oeuvre d'art.
04:58 Et donc ils surenchérissent jusqu'à ce que l'offre la plus haute remporte l'enchère.
05:02 Pour les enchères hollandaises, c'est l'inverse. Le prix de plafond est fixé au départ.
05:07 Et donc c'est une réduction par palier successive pour qu'en attendant qu'un acheteur se manifeste et remporte le lot.
05:14 Donc ça c'est pour la première fois depuis trois siècles d'existence que Sotheby's adopte cette enchère à la hollandaise
05:20 pour une vente d'oeuvre digitale de l'artiste Vera Molnar.
05:25 La vente est intitulée "Thème et variation".
05:28 Elle sera entièrement inscrite sur la blockchain via la plateforme de Sotheby's.
05:33 Et elle aura lieu le 26 juillet prochain.
05:35 Ce sera une série de 500 oeuvres uniques datant des premiers pas de l'artiste dans l'art algorithmique qui seront proposés.
05:43 Et le prix plafond pour "Thème et variation" est de 20 éthéreums.
05:47 Voilà donc pour les actualités du monde de l'art cette semaine.
05:50 Des actualités proposées par Sibylle Aoudjan, journaliste spécialisée sur les questions d'art au sein de l'arrivée de Bismarck.
05:55 C'est Sibylle, nous avons le plaisir à présent de recevoir ensemble sur le plateau de Smart Patrimoine Edwige Grenier.
06:00 Bonjour Edwige Grenier.
06:01 Bonjour.
06:02 Bienvenue sur le plateau de Smart Patrimoine.
06:04 Vous êtes directrice du mécénat culturel au sein de la fondation Bettencourt-Schweller.
06:08 Nous allons tenter de comprendre ensemble comment la filière des métiers d'art se structure en France.
06:16 Et nous reviendrons évidemment sur les annonces du gouvernement sur cette stratégie nationale des métiers d'art.
06:21 Un petit point de contexte globalement, le poids économique des métiers d'art, cela représente quoi aujourd'hui ?
06:27 Le poids économique des métiers d'art représente 19 milliards d'euros de chiffre d'affaires dont 8 à l'export.
06:34 Et donc aujourd'hui, là on entend depuis quelques années déjà, mais là on voit que les politiques aussi parlent de plus en plus des métiers d'art.
06:41 Pourquoi et comment expliquer ce renouveau d'intérêt envers la filière ?
06:46 Alors le secteur des métiers d'art, effectivement, nous le connaissons bien puisque ça fait presque 25 ans qu'on s'y intéresse.
06:54 Je pense qu'il ressuscite un intérêt récemment.
06:59 D'abord, ça s'est amplifié suite à la crise du Covid, aussi parce que ce secteur répond à beaucoup d'enjeux des problématiques de la société aujourd'hui.
07:09 Une envie de consommer mieux, une envie de consommer local, des chaînes de circuit court, des métiers qui ont du sens, des métiers de transmission, une valeur à l'international.
07:21 Beaucoup de valeurs importantes pour la société actuelle.
07:26 Et la ministre de la Culture, Reema Abdoumalak, a annoncé un plan, une stratégie nationale en faveur du secteur de l'artisanat d'art.
07:35 Est-ce que c'était nécessaire ? Est-ce qu'il fallait un plan pour structurer cette filière ?
07:40 Alors oui, c'était utile parce que c'est un secteur extrêmement dispersé avec des acteurs extrêmement différents, puisqu'il y a 281 métiers différents.
07:50 Donc des fédérations, des syndicats, des écoles.
07:53 Donc il est important de pouvoir mobiliser tous les acteurs.
07:56 Et je pense que ça, ça va être une des choses que le plan va pouvoir permettre de mettre en œuvre.
08:02 D'ailleurs, l'objectif de la ministre de la Culture est d'aboutir au bout des 3 ans de son plan à un contrat de filière, comme il peut exister ça dans le domaine de la mode.
08:12 Donc c'était nécessaire.
08:15 Et c'est bien qu'un ministère s'adresse au secteur de façon aussi ambitieuse désormais.
08:23 Un contrat de filière, c'est-à-dire ?
08:25 Un contrat de filière, c'est justement un contrat qui va permettre à tous les acteurs de se mobiliser, de co-signer ensemble des actions pour atteindre des objectifs ensemble.
08:34 Ça veut dire que là, on constate réellement que la filière des métiers d'art commence à se structurer, ce qui n'était pas le cas avant.
08:40 Et on aimerait, c'est peut-être encore un espoir aujourd'hui, mais qu'elle parle d'une même voix.
08:45 Voilà, c'est ça. C'est un peu l'ambition.
08:47 Une meilleure cohésion entre tous les acteurs.
08:49 Et vous avez travaillé avec la ministre, justement, vous avez concerté avec elle.
08:55 Alors, oui. Nous, notre fondation, oui, est engagée depuis longtemps, donc étant un acteur fort du secteur, on a échangé avec d'autres acteurs,
09:04 puisqu'elle a sollicité beaucoup de personnes pour pouvoir construire son plan. Et d'ailleurs, elle va continuer comme ça.
09:09 Et pour vous, quel est l'axe fondamental, l'axe majeur de ce plan qui serait nécessaire ?
09:15 Alors, elle a défini un plan qui va reposer sur cinq axes. La transmission, la formation, la recherche et l'innovation, la notion de territoire et le rayonnement international.
09:28 Nous-mêmes, nous sommes positionnés sur un peu tous ces domaines d'intervention.
09:32 Mais c'est vrai que la fondation soutient beaucoup aussi le rayonnement des métiers d'art à l'étranger, parce que c'est une valeur importante.
09:40 Et comme je l'ai indiqué tout à l'heure, 8 milliards d'euros de chiffre d'affaires à l'étranger, c'est quand même effectivement quelque chose d'important à accompagner.
09:49 Et la demande est croissante ?
09:50 Oui, la demande est croissante.
09:53 Et comment ça se manifeste, en fait ? Par peut-être quel secteur, quels artisans sont représentés particulièrement à l'international ?
10:03 Alors, vous pouvez voir que l'État en fait dispose de résidences à l'international, au Japon, en Italie et aux États-Unis.
10:14 Et par exemple, aux États-Unis, grâce à la Villa Albertine, l'idée c'est d'accompagner les créateurs et donc les artisans d'art à rencontrer le marché.
10:23 Et là, on le voit particulièrement avec les métiers d'art, en particulier les métiers liés à la décoration et à l'architecture.
10:31 Les Américains sont extrêmement friands des savoir-faire français, artisans de papier peint, fabricants de meubles.
10:40 Et là, nous avons d'anciens lauréats qui sont partis en résidence à la Villa Albertine, qui après un séjour de deux mois reviennent en France
10:51 et vont soit installer une antenne aux États-Unis, soit prendre un agent pour développer leur marché aux États-Unis.
10:59 Ça passe par les résidences. Vous parlez de la Villa Albertine, mais il y a la Villa Médicis également à Rome, si je ne dis pas de bêtises.
11:05 Ça passe aussi comme une forme d'ambassade culturelle ou des métiers d'art dans les pays en question ?
11:11 Exactement. Depuis 10 ans, dans les villas dont la France dispose, les métiers d'art peuvent donc aller en résidence.
11:19 Et l'avantage ou l'intérêt de ces résidences, c'est justement aux États-Unis, une rencontre de marché.
11:24 À la Villa Médicis, à Rome, c'est vraiment une vitrine d'excellence des savoir-faire français.
11:31 Ou au Japon, à la Villa Kujuyama, là, on assiste à un dialogue entre les cultures et l'interdisciplinarité entre les pratiques artistiques.
11:41 Et vous pensez que c'est via l'internationalisation des métiers d'art que ça va vraiment tirer, développer encore plus le secteur ?
11:48 C'est par l'international que ça va passer ?
11:50 C'est un des axes forts, oui. Et on voit bien, ça, c'est pas uniquement pour le domaine des métiers d'art.
11:55 Dans le domaine de l'art contemporain aussi, on voit bien que les artistes, une fois qu'ils sont reconnus à l'international, sont plus regardés en France.
12:03 Comment est-ce qu'on accède, du coup, à ces villas ? C'est qu'on est un artisan et on dépose son dossier et il y a un jury ?
12:10 C'est ça. Pour toutes les villas, il y a des process de sélection avec des jurys pour accéder aux résidences.
12:18 Et ça, c'est ce qui va permettre aussi de découvrir des nouveaux métiers, parce qu'être artisan, c'est quand même un métier qui est assez solitaire.
12:27 Parfois, on voit qu'il y a vraiment des niches. C'est via ces villas que ça va permettre de montrer qu'en France, il y a un artisan qui est capable de faire ce genre de spécificité ?
12:38 Oui. C'est pour ça que nous, on a été heureux de pouvoir contribuer à faire que ces villas ouvrent leurs résidences aux métiers d'art, ce qui n'était pas le cas avant.
12:46 Parce que finalement, c'est une pratique artistique qui mérite de rayonner autant que les autres et qui a beaucoup de valeur au Japon.
12:54 Par exemple, l'artisan japonais a beaucoup à apprendre de l'artisan français et inversement.
13:00 Est-ce que c'est récent que les résidences soient ouvertes aux métiers d'art en plus des artistes qu'on connaît de manière un peu plus classique ?
13:07 Oui. Pour la Villa Kujuyama au Japon, c'était il y a 10 ans. Albertine s'est créée il y a 2 ans.
13:14 Et la Villa Médicis, on a établi un partenariat avec la Villa Médicis l'année dernière.
13:21 Donc ça veut dire que la prise en considération du côté artistique des métiers d'art est assez récente finalement, que ce soit en France ou à l'international ?
13:27 C'est ce qu'il faut comprendre ou c'est la volonté de l'exporter qui est plus récente ?
13:31 Les deux.
13:35 Ensuite, si on va développer ce secteur, est-ce qu'il va y avoir de la place aussi dans les métiers pour accueillir tous ces artisans qui vont être formés ?
13:48 Oui, il va y avoir beaucoup de place parce que justement c'est tout l'enjeu du secteur des métiers d'art aujourd'hui.
13:54 Vous devez l'avoir vu avec les maisons de luxe qui créent de plus en plus leurs écoles.
14:00 Il y a un véritable souci de perte de savoir-faire et d'enjeu de transmission et de formation.
14:10 Parce que là on arrive à des générations qui vont partir à la retraite et la succession n'est pas encore au rendez-vous.
14:17 Donc ça c'est vraiment très important de faire connaître aujourd'hui les métiers d'art.
14:22 La succession n'est pas au rendez-vous parce qu'il n'y a pas suffisamment de vocation aujourd'hui dans les métiers d'art, c'est ça ?
14:26 Oui.
14:27 Ça n'intéresse pas suffisamment ou c'est parce qu'on ne les connaît pas ?
14:29 Ça n'intéresse pas, ce n'est pas connu, ce n'est pas assez valorisé.
14:35 Nous-mêmes on a bien créé un prix qui s'appelle l'intelligence de la main parce qu'on est dans un pays qui prône plus l'intellect que le travail de la main.
14:43 Donc il y a tout un travail d'éducation à faire de ce côté-là.
14:47 Et donc pour les jeunes aujourd'hui, il faut y aller, il y a plein de travail.
14:52 Ce qui porte financièrement le secteur, c'est vraiment les maisons de luxe ? C'est la grande majorité ou il y a quand même d'autres acteurs ?
14:58 Non, il y a d'autres acteurs parce que les maisons de luxe, c'est vraiment lié au métier d'art de la mode.
15:02 Vous avez tous les métiers de la déco, vous avez tous les métiers liés au patrimoine.
15:07 Là par exemple sur le chantier Notre-Dame de Paris, il y a beaucoup de jeunes artisans qui travaillent.
15:11 Donc il y a beaucoup de domaines, il y a l'architecture.
15:15 Donc la mode est très importante, le luxe est très important pour la mode.
15:19 Est-ce qu'il y a une grande place aussi pour les collectionneurs ou d'autres mécènes autres que votre fondation ?
15:24 Oui, bien sûr.
15:25 Ils sont très actifs ?
15:26 Il faudrait qu'il y en ait plus.
15:28 Plus de jeunes, plus de vocation et plus de mécènes, c'est ce qu'il faut comprendre.
15:33 Merci beaucoup Edwige Grenier de nous avoir accompagné dans Smart Patrimoine.
15:36 Je rappelle que vous êtes directrice du mécénat culturel au sein de la fondation Bettencourt-Schweller.
15:40 Merci également Sibylla Oudjan, journaliste spécialisée sur les questions d'art au sein de la rédaction de Bismarck.
15:45 Et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans Enjeu Patrimoine.
15:53 Nous enchaînons à présent avec Enjeu Patrimoine.
15:55 Nous allons tenter de comprendre ensemble quelle stratégie mettre en place pour placer une partie de sa trésorerie d'entreprise.
16:03 Pour en parler, nous avons le plaisir de recevoir sur le plateau de Smart Patrimoine, Guillaume Serrault.
16:08 Bonjour Guillaume Serrault.
16:09 Bonjour Nicolas.
16:10 Bienvenue sur le plateau de Smart Patrimoine.
16:11 Vous êtes président de Alikis Conseil.
16:13 Alors c'est vrai que dans cette émission, on parle souvent de l'épargne des Français.
16:16 Là, on va s'intéresser plus spécifiquement à la trésorerie des entreprises,
16:20 donc aux personnes morales qui elles aussi peuvent avoir envie, besoin de rémunérer une partie de leur trésorerie.
16:28 Ça fait partie des demandes qui arrivent régulièrement.
16:30 Totalement.
16:31 À l'instar des investisseurs privés, une personne morale, je veux dire, quelle qu'elle soit,
16:36 une entreprise industrielle, une entreprise de service, une société holding, une association, une fondation,
16:43 les instits bien évidemment, ont ou peuvent avoir des liquidités de la trésorerie, des excédents de trésorerie
16:51 à rémunérer selon différentes maturités.
16:54 D'accord.
16:55 Oui, parce qu'on parle des excédents, on ne parle pas de la trésorerie dont on n'a pas besoin à court terme.
16:59 En tout cas, immédiatement, qui vont dépendre effectivement de différentes stratégies
17:04 qui seront dépendantes du contexte de l'entité, de la situation économique
17:11 et de l'environnement de marché qui va influer sur les solutions possibles, en tout cas en termes de placement de trésorerie.
17:19 Et d'ailleurs, si on parle des entreprises en tant que telles, c'est totalement vrai pour les toutes petites entreprises,
17:25 que pour les grands groupes cotés, comme pour les PME et les ETI,
17:28 sauf que généralement dans un grand groupe coté, on va avoir une équipe de trésoriers, bien évidemment,
17:34 qui foncent le métier, avertis sur le sujet, alors que pour les entreprises plus petites, les PME,
17:40 il sera nécessaire d'être accompagné et guidé pour placer cette trésorerie.
17:44 Il y a une périodicité dans le placement de la trésorerie ?
17:47 On le constate que peut-être plus en début d'année, plus à mi-année, plus en fin d'année,
17:52 ce sont des questions qui reviennent au sein des entreprises ?
17:54 Alors, ça peut être notamment le cas en fonction des secteurs d'activité.
17:59 Ce qui va être important pour une entreprise, c'est déjà d'établir son cahier des charges,
18:05 de segmenter ses différentes poches d'investissement qui vont notamment correspondre à certaines maturités.
18:11 En phase de maturité, on va choisir différentes solutions possibles.
18:16 Là, on va rentrer dans la stratégie dans un instant. Juste avant, il y a ce sujet périodicité.
18:21 On est à mi-année 2023. Qu'est-ce que vous constatez actuellement en matière de sujets d'anticipation de trésorerie
18:26 dans les entreprises que vous accompagnez ou avec lesquelles vous discutez ?
18:29 Aujourd'hui, déjà, ce qui est intéressant de s'intéresser, c'est la situation de trésorerie des entreprises
18:34 dans le contexte que l'on connaît.
18:36 Si on regarde tout simplement les enquêtes d'opinion, les décideurs, qui soient dirigeants, directeurs financiers, trésoriers,
18:43 ont une vision favorable à date de l'état de leur trésorerie.
18:48 S'agissant des anticipations, elles sont là aussi positives.
18:52 Elles rejoignent la trajectoire long terme, effectivement, de leur vision de trésorerie.
18:55 Il y a peut-être deux inquiétudes que les enquêtes d'opinion relèvent.
18:59 La première, mais qui a tendance à se dissiper, c'est le prix des matières premières.
19:04 Les inquiétudes étaient plus importantes il y a quelques mois.
19:07 En revanche, ce qu'on a constaté sur le dernier trimestre, c'est un allongement des délais de paiement,
19:12 qui peut donc impacter la trésorerie.
19:16 Je pense que c'est un indicateur à regarder et qui peut être un signe de ce qui pourra se passer dans l'environnement économique dans les mois qui viennent.
19:25 Justement, il y a un environnement économique et un environnement financier.
19:29 Une BCE, pour ne parler que de l'Europe, qui monte ses taux directeurs,
19:33 ce qui a un impact direct sur les marchés obligataires.
19:37 Quand on parle de gestion de l'épargne des particuliers,
19:41 on entend souvent des gérants nous dire que l'obligataire peut devenir concurrent,
19:45 dans une certaine mesure, des marchés actions.
19:48 Est-ce que ça change aussi la donne en matière de stratégie de gestion de trésorerie d'entreprise ?
19:52 L'environnement a été bouleversé en quelques mois,
19:56 depuis le début de la guerre entre la République fédérale de Russie et l'Ukraine.
20:00 Ça a engendré un retour de l'inflation qu'on n'avait pas vu depuis plusieurs années.
20:05 L'arme pour lutter contre l'inflation, c'est la BCE.
20:09 C'est d'ailleurs inscrite dans leur mandat, c'est le mandat de la BCE.
20:15 Quand on regarde sur les 12 derniers mois,
20:17 le principal taux directeur de la BCE, le taux refi, s'est apprécié de 400 points de base.
20:23 Les autres taux, les taux longs, se sont également tendus.
20:26 Quand on regarde le taux des OAT 10 ans,
20:29 il est passé de quasiment plus ou moins 0% à presque 3% en un an.
20:34 Et ça a plusieurs conséquences.
20:36 Bien évidemment, quand les taux remontent, le coût du financement s'apprécie.
20:41 Ça coûte plus cher de se financer.
20:43 Pour les détenteurs de produits de taux et de portefeuille obligataires,
20:47 la remontée des taux a eu un impact négatif sur la valeur de leurs actifs.
20:51 Si les nouvelles obligations ont des taux plus attractifs,
20:54 les anciennes obligations ont leurs valorisations baissées mécaniquement.
20:57 Exactement.
20:58 Mais cette hausse des taux a créé de nouvelles opportunités pour placer de la trésorerie.
21:03 On a retrouvé un champ des possibles bien plus important qu'il y a encore quelques mois.
21:09 Je rappelle qu'il y a quelques mois, certaines banques et émetteurs commençaient à taxer les dépôts.
21:15 Dans une logique de rémunération plutôt importante des dépôts.
21:19 Justement, vous nous l'avez dit, ce ne sera pas le sujet de cette interview,
21:22 mais il y a quand même un sujet quand on est une entreprise de coût du financement plus élevé.
21:25 C'est un sujet et c'est son impact sur la trésorerie qu'on peut vouloir garder pour des investissements.
21:32 Quand on veut construire une stratégie d'investissement ou de placement d'une partie de sa trésorerie,
21:37 vous nous avez mentionné le cahier des charges.
21:39 Quelles sont les questions qu'on doit se poser concrètement ?
21:41 La première chose pour la trésorerie, c'est la liquidité dont on a besoin.
21:47 C'est important de faire un état de sa trésorerie et de différencier les différentes poches d'investissement
21:53 et les différentes maturités pour lesquelles on va affecter différentes solutions d'investissement.
21:59 C'est la première des choses.
22:01 La deuxième chose, et pour les entreprises opérationnelles,
22:03 c'est quel niveau de protection pour la très grande partie de la trésorerie
22:08 on va mettre en place une garantie en capital total de la trésorerie.
22:13 Ça semble évident, mais il peut y avoir de la trésorerie qui n'est pas garantie en capital ?
22:17 Quand on est sur un fonds monétaire, par exemple,
22:20 prenons le cas des fonds monétaires, c'est intéressant,
22:23 parce que les fonds monétaires sont relativement peu risqués,
22:26 mais néanmoins sur ces dernières années, ils ont eu des performances négatives.
22:30 En revanche, il y a eu un point d'inflexion,
22:33 et les fonds monétaires qui sont composés de billets de trésorerie et d'obligations à 6-12 mois
22:39 retrouvent un peu de lumière et ont des performances tout à fait satisfaisantes.
22:43 Et ce n'est pas parce qu'on gère de la trésorerie à court terme
22:46 qu'on ne peut pas diversifier les solutions.
22:48 On peut parfaitement diversifier sa trésorerie à court terme
22:51 avec des titres de créances négociables,
22:53 avec des comptes à terme qui, aujourd'hui, rémunèrent entre 3,5 et 4 % à un an,
22:59 et également des fonds monétaires, alors qu'il y a encore, en tout cas à très court terme,
23:02 il y a encore quelques mois, ça n'avait pas de sens d'aller sur ces fonds-là
23:05 puisqu'on savait qu'on allait potentiellement perdre de l'argent.
23:07 Donc, premier sujet, le maître mot de la trésorerie même d'entreprise, la liquidité.
23:12 Ensuite, la garantie en capital ou l'adaptation, effectivement, à une stratégie.
23:17 Quelles autres questions faut-il se poser ? La diversification, peut-être ?
23:20 La diversification, et je parlais de différentes poches en fonction des différentes maturités.
23:25 On a parlé de la trésorerie très court terme.
23:27 Quand on a un petit peu plus d'horizon, quand on est à 2, 5 ans par exemple,
23:31 aujourd'hui, la classe d'actifs obligataires a retrouvé, effectivement, de son attractivité.
23:38 Pourquoi ? La reconstitution des rendements obligataires donne davantage de confort aux investisseurs
23:45 qui peuvent investir auprès d'émetteurs qui ont les plus belles signatures, les investment grades,
23:51 avec des rendements plutôt confortables.
23:53 C'est inimaginable si on se place 12 à 18 mois en arrière.
23:57 Dans la même logique, pour optimiser la poche obligataire,
24:01 peut-être opportun de regarder ce qu'on va appeler les fonds datés, les fonds "by hold",
24:05 avec des maturités qui, aujourd'hui, sont plutôt de 2 à 5 ans,
24:09 donc si on se projette de 2025 à 2028.
24:12 Les fonds datés, je le rappelle, ce sont des fonds qui sélectionnent et conservent
24:16 plusieurs dizaines de signatures d'entreprise de tailles variées.
24:20 On parle d'obligataires ?
24:21 On parle d'obligataires, bien sûr, de tailles variées, de secteurs variés,
24:24 qui permettent, aujourd'hui, avec un risque particulièrement maîtrisé,
24:28 d'avoir des rendements à maturité plutôt significatifs.
24:31 Je précise, pour ceux qui ne connaîtraient pas du tout,
24:33 la différence de ces fonds datés par rapport à des fonds obligataires classiques,
24:36 c'est qu'un fonds obligataire classique peut procéder à des achats-revendre d'obligations,
24:40 alors que l'idée du fonds daté, c'est qu'il en fasse pas ou peu,
24:42 mais qu'il conserve les obligations jusqu'à leur terme, en offrant un rendement.
24:46 Exactement, c'est cette stratégie "by and hold", "just shed"
24:49 et "je conserve jusqu'à remboursement du capital à terme".
24:53 Donc, en fait, la stratégie va essentiellement dépendre de l'horizon de temps
24:58 qu'on s'accorde sur les différentes poches de trésorerie
25:01 qu'on aura décidé de compartimenter, finalement.
25:04 Exactement, on va compartimenter les différentes poches de trésorerie
25:08 et, quand on va compartimenter, on va s'attendre à un rendement
25:12 qui va être plus ou moins important, aujourd'hui.
25:15 Avec cette hausse des taux depuis 12 mois,
25:19 on va pouvoir, beaucoup plus facilement, construire des solutions sur mesure
25:23 pour répondre aux cas et des charges des différentes poches.
25:25 Un mot sur les produits structurés, mais juste avant, on a parlé de court terme, de moyen terme.
25:32 L'horizon maximum en matière de placement de trésorerie d'entreprise, c'est quoi ? C'est 5 ans ?
25:37 Oui, ça peut être plus long pour les entreprises qui ne sont pas opérationnelles.
25:41 Une entreprise, on va dire une personne morale, ça peut être une société holding
25:45 qui va gérer des liquidités à différentes maturités, notamment du long terme.
25:50 Généralement, ces entités vont pouvoir investir sur des solutions non cotées,
25:56 comme on connaît tous, on parle beaucoup aujourd'hui de private equity
25:59 qui se démocratise pour...
26:01 Là, c'est l'illiquidité même.
26:03 Exactement, on est vraiment sur la stratégie long terme,
26:06 qui n'a bien évidemment pas de sens pour les entreprises à très court terme,
26:10 mais qui peut être une réponse à certaines personnes morales qui gèrent des actifs à long terme.
26:15 Sur le temps qu'il nous reste, on parle beaucoup de produits structurés,
26:18 pareil pour l'épargne des particuliers,
26:20 est-ce que ça peut aussi offrir certaines solutions en matière de trésorerie d'entreprise ?
26:24 Totalement, les produits structurés, on le vend en poupe depuis plusieurs années,
26:27 mais depuis quelques mois, avec la hausse des taux,
26:30 les possibilités qui nous sont offertes par les produits structurés sont extrêmement importantes.
26:35 Pourquoi ? Je rappelle, un produit structuré,
26:38 c'est une combinaison d'actifs financiers, d'instruments financiers,
26:42 avec notamment des obligations et des options.
26:45 Aujourd'hui, on va pouvoir construire des solutions sur mesure
26:49 qui vont pouvoir répondre au cahier des charges des investisseurs, en tout cas des décideurs.
26:56 Pourquoi ? Parce qu'on va pouvoir aujourd'hui,
26:59 beaucoup plus facilement, construire des solutions à capital garanti,
27:02 et on l'a dit, pour les entreprises, c'est au-delà de la liquidité,
27:05 c'est quelque chose d'extrêmement important.
27:07 On va, avec les produits structurés, pouvoir choisir une maturité,
27:11 qui va pouvoir aller de 1 an à 10 ans,
27:14 avec une maturité fixe ou une maturité variable,
27:17 avec les mécanismes de rappel anticipé.
27:19 On va pouvoir choisir le support, ce qu'on va appeler le sous-jacent,
27:24 de le rebord, panier obligataire, titre vif, des indices.
27:29 On va déterminer ou pas la nécessité, en tout cas les modalités conditionnelles,
27:35 ou garanties de versement des coupons, autrement dit,
27:38 de versement du taux d'intérêt.
27:40 Donc ça c'est quelque chose qu'on pourra mettre en place.
27:42 Et puis bien évidemment, certaines entreprises,
27:45 notamment quand elles font de l'export, doivent gérer différentes devises.
27:48 Elles peuvent se couvrir bien évidemment contre les mouvements de devises,
27:51 mais elles peuvent aussi gérer une partie de leur trésorerie avec différentes devises.
27:55 Et les produits structurés, on peut aussi en faire dans différentes devises.
27:58 On rappelle que les produits structurés, c'est une classe d'actifs à part entière.
28:02 Il y a toutes les stratégies représentées dans les produits structurés.
28:05 Donc c'est à prendre ensuite au cas par cas finalement, ou aux surmesures.
28:10 Merci en tout cas Guillaume Serraud d'être venu sur le plateau de Smart Patrimoine,
28:13 nous donner quelques questionnements à avoir lorsque l'on veut placer sa stratégie d'entreprise.
28:19 J'appelle que vous êtes président de Alix Conseil.
28:21 Merci à vous également de nous avoir suivis.
28:23 On se retrouve très vite sur Bsmart.
28:25 Merci.
28:26 [Musique]