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Interview confession de personnalités politiques et médiatiques sur des sujets environnementaux

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Transcription
00:00 [Générique]
00:25 [Sonnerie de porte]
00:26 - Ah bonjour Fabien !
00:31 - Bonjour Cécile, ça va ?
00:32 - Ça va et vous ?
00:33 - Ça va très bien.
00:33 Fabien Roussel incarne une véritable rupture dans le paysage politique français.
00:37 Figure engagée de la gauche, devenue secrétaire nationale du Parti Communiste.
00:41 Certains voient en lui un vent de changement audacieux et inspirant.
00:46 Par sa vision, ses convictions et son esprit disruptif,
00:49 l'ancien journaliste a redonné des couleurs à son parti.
00:51 La France de ce leader engagé et populaire
00:54 aime la bonne bouffe et doit devenir une société plus juste et plus durable.
00:58 Bienvenue dans le Déclic.
00:59 - Merci en tout cas d'être avec nous Fabien.
01:03 Fabien, si je devais vous demander votre déclic écologique,
01:07 à quel moment vous vous êtes dit que les choses pouvaient basculer,
01:11 qu'il fallait faire quelque chose dans votre quotidien ou dans votre vie de tous les jours ?
01:14 - Peut-être que tout simplement c'est parce que je suis pêcheur, pêcheur à la ligne.
01:20 - Ah ?
01:21 - Et j'ai été marqué par une pollution,
01:24 j'ai vu les poissons crever, monter à la surface à cause d'un rejet industriel.
01:31 Et là je me suis dit c'est chaud.
01:33 Et donc on a besoin d'avoir des règles claires
01:36 et qui protègent notre biodiversité, nos ressources naturelles.
01:40 - Quand vous étiez petit, vous aviez envie de faire quoi ?
01:42 Est-ce que vous étiez un enfant engagé déjà ?
01:44 - Non, je me suis engagé à l'adolescence.
01:48 - Mais engagé en général, pas seulement en politique,
01:51 mais vous aviez envie de faire quoi ?
01:52 C'était quoi le métier du petit Fabien Roussel ?
01:55 - Je n'ai pas souvenir.
01:56 - Non ?
01:57 - Non, sincèrement non.
01:58 - Même pas pompier, policier ?
01:59 - Non, j'avais envie d'être justicier.
02:04 - De sauver le monde quoi.
02:05 - Ouais, j'adorais Lucky Luke, tout ça.
02:09 - Tout ça, tout ça, ouais.
02:10 Le premier geste écologique finalement où on s'engage,
02:13 il est dans le quotidien, il est quoi ? Il est au sein de la famille ?
02:18 - Le premier geste écologique, c'est la sobriété, tout simplement.
02:24 Et de faire attention à toutes nos ressources.
02:27 - À l'eau en particulier ?
02:29 - À l'électricité, l'eau, trier les déchets, le faire correctement,
02:35 avoir des poules quand on a un jardin, c'est tout ça.
02:39 - Et cette conscience, elle arrive à quel âge à peu près ?
02:41 Elle est récente ou elle est... ?
02:43 - Oh, ça vient progressivement.
02:45 - Ouais.
02:46 - Ça vient progressivement, mais je pense qu'en plus avec le dérèglement climatique
02:51 et ce que l'on vit en France et ce que l'on voit à l'actualité,
02:54 malheureusement, tout ça, ça nous fait prendre conscience tous les jours un peu plus
02:58 de l'urgence à changer nos comportements individuellement,
03:02 mais aussi à changer certainement le modèle économique dans lequel on vit.
03:07 - Si vous deviez faire un petit aveu, un petit péché écologique,
03:11 où vous vous dites que là, il faudrait que ça change, mais c'est compliqué quand même.
03:14 - Bah, malheureusement, je dirais que dans le cadre de mes activités,
03:20 parfois, je suis obligé de prendre l'avion,
03:22 mais j'ai vu au Salon du Bourget qu'il y avait de grandes évolutions dans ce domaine,
03:26 et donc on va avoir des avions bio.
03:30 Chez moi, je sais que j'ai des choses à faire,
03:33 et ça m'embête d'être en retard là-dessus.
03:36 Voilà, j'ai des petits travaux à faire pour avoir une maison qui récupère plus l'eau...
03:41 - Petit à petit, on y arrivera.
03:44 Si vous deviez être aujourd'hui le père d'une loi, d'un événement,
03:48 d'une organisation, d'une ONG, ce serait quoi ?
03:53 - Ah, si je devais être le père d'une loi qui existe dans notre pays,
03:57 c'est certainement la loi de création de la sécurité sociale.
04:02 Ambroise Croizat, 46, elle vit encore aujourd'hui,
04:06 même si elle est sévèrement attaquée à chaque fois.
04:10 Ambroise Croizat qui était le ministre communiste du gouvernement du général de Gaulle.
04:14 Et ils sont tous les deux les pères de cette loi.
04:17 C'est Ambroise Croizat qui a organisé les discussions
04:20 et qui a construit ce système qui repose sur la solidarité entre les générations.
04:24 Et je trouve que c'est un très beau modèle justement de société.
04:29 - Il y a toujours un goût, quelque part, d'inachevé, de se dire
04:32 "on a commencé quelque chose et peut-être qu'avec le temps
04:35 on aurait aimé achever, aller jusqu'au bout".
04:38 - Si je devais regarder derrière moi sur quelque chose que j'ai lancé...
04:44 - Même si c'est toujours facile à y faire rétroactif.
04:48 - J'ai pas réussi à faire avancer.
04:51 J'ai défendu un texte de loi sur la fraude et l'évasion fiscale.
04:56 Mon groupe a accepté de l'inscrire dans notre niche parlementaire.
04:59 C'est cette journée que l'on a tous les ans pour pouvoir défendre un texte.
05:02 On n'y a pas accès tout le temps.
05:05 Et ils avaient accepté que je défende un texte de loi
05:08 qui a permis de travailler avec les moyens de l'Assemblée,
05:11 avec des propositions très concrètes.
05:13 Ca, c'est cash, ça fait rentrer 800 milliards d'euros
05:16 dans les caisses de l'Etat, c'est important.
05:19 Ca a été débattu à l'Assemblée nationale.
05:21 Je regrette de ne pas avoir réussi à convaincre
05:24 et que cette loi n'ait pas été votée.
05:26 Je la garderai toujours avec moi en tête
05:29 et je ne désespère pas qu'un jour elle puisse être adoptée.
05:33 - A contrario, votre travail de dire que vous vous êtes battu
05:36 jusqu'au bout, ce serait quoi ?
05:38 - S'il y a une chose dont je suis fier, même modestement,
05:41 je vais vous surprendre,
05:43 c'est d'avoir libéré Nelson Mandela.
05:47 Vous allez me dire "l'autre n'a pas libéré Nelson Mandela,
05:50 qu'est-ce qu'il raconte ?"
05:52 Mais si, quelque part, parce que je me souviendrai toute ma vie
05:55 de ce combat-là.
05:57 On n'était pas nombreux à l'époque, en France,
06:01 on n'était pas nombreux dans le monde à s'émouvoir de ce régime
06:04 et de l'emprisonnement de Nelson Mandela,
06:06 qui était le plus vieux prisonnier politique au monde,
06:09 enfermé parce qu'il était noir et avocat,
06:11 et qu'il défendait la cause de son peuple.
06:15 Mais parce que nous avons été des millions dans le monde,
06:18 et j'étais un parmi ces millions,
06:21 nous avons tous réussi à le faire libérer.
06:24 Et donc, modestement, je prends ma part,
06:27 parce que ça montre...
06:30 - D'être le maillon d'une chaîne de solidarité.
06:33 - Oui, chacun, chacune, qu'on peut être important individuellement.
06:36 En s'engageant dans une cause collective,
06:39 on peut gagner et on peut soulever des montagnes.
06:42 J'étais lycéen, et on était plein dans mon lycée,
06:46 j'avais réussi à convaincre du monde, pas tout le monde,
06:49 mais le peu que nous étions, dans chaque lycée, ça faisait une force.
06:52 On a fait des belles initiatives, des belles manifs
06:55 pour la libération de Nelson Mandela, et on a gagné.
06:58 - Saint-Amandezo vient de recevoir un prix, le prix Marianne,
07:02 "Fierté d'or", Marianne d'or.
07:05 - C'est une fierté, parce que c'est un prix
07:08 qui vient souligner l'engagement de la ville de Saint-Amand
07:11 pour son engagement en faveur du patrimoine,
07:14 parce que nous avons un gros patrimoine,
07:18 une belle église à Martin qui a été restaurée,
07:21 la tour abbatiale pour laquelle le maire s'est engagé
07:24 dès qu'il a été élu, et encore maintenant, on se bat.
07:27 J'ai fait venir Stéphane Bern,
07:31 qui est un valorisé... - Monsieur patrimoine.
07:34 - Monsieur patrimoine, monsieur tête couronnée,
07:37 mais il est tellement sympa, et puis il fait ça avec passion.
07:40 - Accessible. - Accessible, et il n'était jamais venu
07:43 à Saint-Amandezo, et voilà.
07:46 C'est pour tout cet argent investi
07:50 dans la préservation du patrimoine. C'est important.
07:53 Encore une fois, je reviens aux racines.
07:56 C'est la résistance, mais c'est pas que ça.
07:59 C'est aussi nos racines qui montrent d'où on vient,
08:02 c'est notre histoire, ce qu'elles racontent.
08:06 C'est très important de pouvoir donner aux communes
08:09 les moyens de restaurer leur patrimoine,
08:12 parce que c'est une passerelle entre l'ancien et le présent.
08:15 - Vous avez rejoint la NUPES en 2022.
08:18 Pas mal de divergences ces derniers temps
08:22 avec le chef de file Jean-Luc Mélenchon,
08:25 qui n'a pas appelé au calme. On sent qu'il y a
08:28 des voix qui sont désolidarisées. Olivier Faure du PS,
08:31 plus ou moins. Est-ce que le torchon brûle entre vous ?
08:34 Est-ce qu'à un moment donné, on sent
08:38 que les voix se séparent ?
08:41 - D'abord, l'histoire, c'est qu'en 2022,
08:44 à l'issue des élections présidentielles,
08:47 on fait le choix ensemble d'écrire ceux qui nous rassemblent
08:50 pour présenter des candidats uniques aux élections législatives.
08:54 Donc c'est un programme commun
08:57 pour présenter des candidats communs à une élection.
09:00 - D'allier ses forces.
09:03 - C'était aux élections législatives.
09:06 Depuis, ce que l'on a défendu aux élections législatives,
09:10 on a continué de le défendre à l'Assemblée nationale.
09:13 Et puis ensuite, il y a l'actualité qui nous rattrape.
09:16 Cette actualité-là, ça ne fait pas partie des choses
09:19 sur lesquelles on s'est engagé.
09:22 Donc moi, j'ai toujours revendiqué mon autonomie,
09:26 notre liberté de parti communiste français,
09:29 notre liberté de parole, notre liberté aussi de choix,
09:32 d'orientation, de politique, et j'y suis très attaché.
09:35 Et donc, je me suis exprimé là en disant
09:38 que dans une période aussi grave que celle qu'on vit en ce moment,
09:42 grave parce qu'il y a eu un meurtre sur un gamin
09:45 qui n'aurait pas dû mourir pour un refus d'obtempérer,
09:48 et ça aurait dû permettre d'ouvrir un grand débat sur...
09:51 - Enfin, alors, un meurtre, l'enquête le dira.
09:55 - Oui, mais enfin, il est quand même...
09:57 Le policier est aujourd'hui inculpé pour homicide volontaire.
10:01 La présomption d'innocence doit être préservée, je le dis,
10:05 mais le fait qu'il soit aujourd'hui inculpé pour homicide volontaire
10:12 est grave, malgré tout, et sous réserve de l'enquête.
10:18 Mais cela devrait ouvrir, cela aurait dû ouvrir un grand débat
10:23 sur la police, son rapport avec la jeunesse de ses quartiers,
10:28 et tout faire en sorte pour que ça n'arrive plus.
10:31 Or, on est passé sur un tout autre débat aujourd'hui,
10:34 un tout autre sujet, et je vois deux Frances qui s'affrontent
10:37 avec des excès de toutes parts.
10:40 Entre ceux qui disent "c'est une colère légitime,
10:44 les pillages c'est de la révolte", c'est faux.
10:47 - Sandrino Faux, par exemple.
10:48 - Et d'autres qui disent... - Qu'on n'appelle pas "au calme".
10:51 - Je pense à l'extrême droite, ou à la droite,
10:55 qui disent "c'est des nuisibles, c'est des immigrés,
10:59 c'est des étrangers, et il faut les bâcher".
11:02 Ce n'est pas vrai.
11:03 Ce ne sont pas des étrangers, ce sont des Français,
11:06 et on vit ensemble dans le même pays,
11:08 et on est donc confrontés à une situation grave,
11:12 et il faut qu'on s'y penche ensemble et trouver des solutions.
11:15 Et donc, la voie pour trouver des solutions, c'est d'abord l'apaisement,
11:18 la paix, l'apaisement, arrêter les violences,
11:20 et se mettre... - L'unité nationale.
11:22 - Et dialoguer ensemble, surtout se mettre à l'écoute
11:26 des habitants, des jeunes, des maires,
11:29 des MERE et MAIRE,
11:32 mais voilà, qu'on en parle, franchement, sans détour.
11:37 - Vous parlez des maires, puisqu'on parlait de votre fonction d'élu local,
11:41 les maires, forcément, étaient les élus les préférés des Français
11:46 depuis quelques temps, depuis quelques mois.
11:49 Beaucoup de maires démissionnent, subissent des violences, des insultes,
11:52 qu'est-ce qui se passe, en fait ?
11:53 - D'abord, je pense que les maires restent les élus préférés des Français,
11:56 parce que ce sont ceux qui sont élus le plus dans la proximité,
11:59 le plus proche des gens.
12:01 Ils sont apportés pas de baffes, parce que j'ai pas envie qu'ils en reçoivent.
12:05 On sort dans la rue, on se fait tout de suite interpeller
12:09 pour dire que ça va bien ou que ça va mal, pour demander quelque chose,
12:12 mais c'est la proximité, c'est le plus beau mandat,
12:15 c'est celui où on sent qu'on peut agir au local.
12:18 Le problème, c'est que plus ça va, moins les maires ont les moyens d'agir.
12:22 Et donc, ils commencent à être dans une impasse.
12:25 Ça fait des mois, des années qu'ils tirent la sonnette d'alarme
12:28 en disant "ça va péter, regardez, ma cité, elle est morte,
12:31 vous allez encore me fermer une classe ici dans cette école
12:34 alors qu'il y a plus de besoins, vous me fermez ma maternité,
12:37 vous me fermez un arrêt de bus ici".
12:40 Les maires le disent, et puis là, maintenant, on les envoie au feu
12:43 en disant "éteignez l'incendie".
12:45 Et puis, ça marche pas, mais ça marche pas parce que eux-mêmes,
12:48 ils ont une crédibilité vis-à-vis de leur population.
12:51 Les gens, pas tous les gens, mais certains disent "vas-y,
12:54 t'as rien changé, nous on va le faire, on va faire péter".
12:58 D'abord, c'est pas bien, c'est pas comme ça que ça marche.
13:01 En plus, je me rends compte que ceux qui ont pillé, etc.,
13:04 ils n'ont pas de revendication, il n'y a pas de contenu revendicatif.
13:07 Donc, on a un problème, et il faut s'y pencher sérieusement
13:10 parce que c'est grave.
13:13 – Vos prises de position, vos coups de gueule,
13:17 vous avez marqué ces derniers temps, forcément l'actualité.
13:20 Ça a remis finalement le Parti Communiste au milieu ?
13:25 – Vous ne pouvez pas imaginer le nombre d'heures
13:28 que l'on peut passer justement à écouter les gens.
13:32 Là, je viens de reboucler encore un tour de France
13:35 après les présidentielles, je suis retourné à l'écoute
13:38 de la France rurale, surtout.
13:40 – Il y a des sujets qui vous ont fait vriller, changer ?
13:43 – Oui, dans la campagne présidentielle, oui.
13:47 Les habitants, les salariés, les jeunes, les retraités,
13:50 des communes rurales, dans la ruralité.
13:53 Vraiment, j'ai été marqué par ceux qui me disaient
13:57 "Elle est où la gauche pour nous ? Vous nous avez abandonnés."
14:01 Et avec parfois un sentiment de colère,
14:05 parce que ce qu'ils entendent de la gauche,
14:08 et ça ne vient pas de nous.
14:10 – C'est lui qui crée le plus fort.
14:12 – Non, c'est des leçons de moralité, des leçons de vie.
14:16 En gros, c'est ceux qui habitent à la capitale
14:19 et dans les grandes villes qui nous disent
14:22 comment nous on doit vivre et ce qu'on doit faire.
14:25 Parce qu'il y a l'urgence écologique, parce que…
14:28 – Le mal-logement, la crise énergétique.
14:31 – Là, les gens se disent "Non mais vous…"
14:35 – Justement, puisque vous parlez de ruralité,
14:38 on parle souvent du mal-logement, de rénovation énergétique,
14:41 sauf qu'il y a plein d'habitations qui devraient être
14:44 rénovées et qui devraient être rénovées.
14:47 – Vous ne m'en parlez pas. – Bah si, sûrement je vous en parle.
14:51 – Mais oui, je vais vous en parler.
14:53 – Est-ce que c'est l'étalement des villes ?
14:56 – Il y a plein de sujets, par exemple,
14:59 je suis allé voir le ministre Klein hier, justement,
15:02 dans cette période d'ébullition, parce qu'à Saint-Amont-les-Eaux,
15:06 on a un projet de démolition-reconstruction
15:09 d'un quartier, d'une cité, où il y a 240 logements,
15:12 qui sont pourris, les gens rouspètent, ils viennent me voir,
15:15 parce que l'hiver il fait froid, ils mettent le chauffage à fond,
15:18 ils ont des régules de charge qu'ils ne savent pas payer,
15:22 et le bailleur est incapable de réparer ce logement qui est pourri.
15:25 On va en refaire un nouveau, il y a un projet de démolir et de reconstruire.
15:28 – Mais en reconstruire en hauteur ou en largeur ?
15:30 – Non, justement, sur la même surface,
15:33 ils vont avoir droit à des sortes de petites maisons,
15:37 ça sera sur un étage et demi, on va dire,
15:40 mais c'est petit, c'est individualisé, ça ne fait pas logement collectif,
15:46 et c'est arborisé avec quand même des parcs, des espaces verts,
15:50 dans la même surface.
15:51 – Mais qui va payer ça ? – Mais on n'a pas l'argent !
15:54 Et c'est pour ça, je viens voir le ministre et je dis,
15:56 ça, ça fait partie des sujets qu'il faut traiter,
15:59 mais si on n'est pas en rue, qui permet d'avoir des aides supplémentaires,
16:03 si on n'est pas quartier prioritaire, on fait comment ?
16:06 On n'a pas les sous, donc on ne fait pas notre projet.
16:09 On dit quoi aux gens ? Ça c'est un sujet.
16:11 Deuxième sujet, au nom de l'écologie, on dit à ceux qui habitent à la campagne,
16:15 arrêtez les pavillons, arrêtez de construire des maisons,
16:18 il faudra vivre en appartement.
16:19 – Ben non, ben oui. – C'est pas possible,
16:22 enfin c'est pas possible, on ne peut pas dire ça.
16:24 Et ça c'est pareil, un autre discours,
16:28 c'est un discours sur l'écologie que je conteste,
16:31 parce que j'admets que chacun d'entre nous, individuellement,
16:35 nous devons faire des efforts,
16:37 mais de dire que la solution pour faire notre transition écologique
16:40 repose que sur les individus, je ne suis pas d'accord.
16:44 Parce qu'individuellement on va en faire des efforts,
16:46 mais si on ne met pas les moyens pour rénover les bâtiments publics,
16:50 les logements sociaux, en construire des nouveaux qui sont propres en carbone,
16:56 eh bien on n'y arrivera jamais.
16:57 Si on ne fait pas les transports gratuits totalement décarbonés,
17:01 on n'y arrivera jamais.
17:02 Si on ne s'engage pas dans une agriculture raisonnée à taille humaine,
17:06 on n'y arrivera pas.
17:07 Si on ne réindustrialise pas, on n'y arrivera pas non plus.
17:10 – Tout le monde parle de décroissance. – Non, pas moi.
17:14 – Oui, je sais. – Je ne vous parle pas de décroissance.
17:15 J'allais vous dire, par exemple,
17:17 moi je souhaite qu'on prenne en compte, dans le bilan carbone du pays,
17:22 que l'on prenne en compte les produits importés.
17:24 Alors on va fermer des usines, et on va faire venir de Chine,
17:28 d'Indonésie, d'Afrique, d'Amérique latine,
17:31 la nourriture, les voitures, les machines à laver,
17:35 c'est n'importe quoi. – L'emploi aussi Fabien.
17:37 – Alors il y a le coût social, mais ça c'est…
17:41 Non mais je suis communiste, donc bien sûr.
17:43 – Ah bon, tu sais, c'est bien de le dire.
17:44 – Le coût social il est important, mais comme on parle d'écologie,
17:48 je mets moi dedans la facture écologique.
17:50 C'est archi nul de faire ça.
17:52 – Mais le zéro carbone…
17:54 – Donc on a besoin de reconstruire une économie saine, juste, écologique.
18:00 Une économie qui fait que le pays, globalement,
18:03 va produire moins de CO2 parce qu'il aura fait, lui, le pays,
18:07 une transition écologique.
18:08 Que chacun fasse des efforts, oui, qu'on ferme le robinet
18:12 quand on se lave les dents, d'accord,
18:14 mais c'est pas ça qui va changer, qui va réduire nos émissions de CO2.
18:20 – Fabien Roussel, est-ce que vous êtes un peu le bad boy,
18:24 entre le goût de cop et le bad cop de la gauche, finalement ?
18:28 – En fait, moi ce que j'ai envie,
18:31 c'est de reconstruire la gauche qu'on a aimée,
18:34 la gauche qu'on a fait gagner, parce qu'elle faisait rêver,
18:38 et parce qu'on croyait dans le fait que ceux-là, celles-là,
18:42 elles vont vraiment changer le pays.
18:44 Mais on va tous y gagner.
18:47 C'est ça que j'ai envie d'incarner de nouveau, cette gauche que l'on aimait.
18:53 Et aujourd'hui, je sens bien que, de toute façon,
18:57 on plafonne à 25, 25, 30%, c'est bas, c'est impossible à gagner.
19:01 – Il n'y a pas un problème d'incarnation aussi, autour de vous ?
19:04 – Mais bien sûr. – Trop forte, trop faible ?
19:06 – Mais bien sûr, c'est pour ça que j'ai dit que je prenais mes distances
19:10 avec Jean-Luc Mélenchon, que je me désolidarisais des propos qu'il tenait,
19:14 parce que je ne les partage pas du tout, d'une part,
19:16 et puis ensuite, moi je suis… on vit en démocratie,
19:19 donc je respecte les positions de chacun.
19:21 Il veut tenir ses propos-là, il les assume, il les dit,
19:25 c'est son problème, et c'est son rapport avec les gens.
19:29 – Oui, mais est-ce qu'il ne se barre de l'arc républicain en faisant ça ?
19:31 – Moi, je ne lui demande pas de changer, je lui demande juste,
19:36 je demande juste de respecter que moi je puisse porter une autre parole
19:40 et incarner une autre gauche, et ça ne se pose pas forcément,
19:44 ça peut vivre ensemble tout ça.
19:46 – Oui, mais Fabien Roussel, vous imaginez bien qu'en tant que chef de parti,
19:50 il y a des mots qu'on ne peut plus entendre de responsable politique,
19:54 est-ce qu'il ne sort pas de l'arc républicain en disant
19:58 "je n'appelle pas à l'apaisement",
19:59 est-ce que ça c'est une responsabilité d'homme politique ?
20:02 Est-ce que là on n'est pas dans l'irresponsabilité ?
20:05 – Moi, je n'aime pas porter des jugements sur les autres,
20:10 je préfère parler de ce que je défends,
20:13 et donc c'est à eux, c'est à lui qu'il faut poser la question,
20:17 en tout cas moi j'ai fait le choix de me démarquer,
20:21 je ne critique pas, je me désolidarise, je ne suis pas d'accord,
20:25 je le dis et ensuite je dis ce que je défends, et c'est mon rôle à moi,
20:29 donc moi je veux que les gens me jugent,
20:31 non pas par rapport à Jean-Luc Mélenchon,
20:34 mais par rapport à ce que je porte comme ambition pour mon pays,
20:38 pour la jeunesse, pour la République, pour les communes,
20:40 pour les services publics, c'est là-dessus qu'on me juge.
20:43 – Il y a un autre souci aussi,
20:44 c'est ce qu'on appelle les zones à faible émission, les ZFE,
20:47 les Français empoisonnent leur voiture aujourd'hui pour aller travailler,
20:51 on nous vend l'électrique, est-ce que dans 5 ans on va nous dire,
20:55 peut-être que l'électrique, vu le prix que coûte une voiture,
20:58 un gros SUV électrique, on se dit mais,
21:00 est-ce que le monde ne marche pas à l'envers ?
21:03 – Encore un sujet… – Les ZFE…
21:04 – C'est une connerie les ZFE.
21:06 – Les zones à faible émission pour ceux qui nous regardent.
21:07 – C'est une connerie, et là où les communistes ont des élus
21:11 dans les métropoles, les adnumérations,
21:14 nous votons contre la mise en place de ces zones à faible émission,
21:18 parce qu'elles pénalisent encore une fois les gens.
21:21 – Vous avez dit une bombe sociale.
21:22 – C'est une bombe sociale, parce que quand ça va être mis en œuvre,
21:25 et je pense à ces retraités qui vont garder les petits-enfants
21:28 et qui habitent à la campagne et qui vont voir leurs enfants,
21:31 leurs petits-enfants dans la grande ville et qui ne pourront plus prendre leur voiture
21:34 parce qu'ils n'ont pas eu les moyens de la changer,
21:36 on va les entendre, et là je suis en désaccord profond,
21:39 et avec le gouvernement qui a mis ça en place,
21:42 et avec les écologistes qui défendent cette position,
21:44 parce que pour moi c'est de l'écologie punitive,
21:48 elle n'emmène pas les gens, il y a d'autres choix à faire.
21:51 D'abord, développer les transports en commun gratuits,
21:54 permettre aux Français d'avoir accès à un véhicule électrique pas cher,
21:59 correspondant à leur pouvoir d'achat, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui,
22:03 ça coûte une blinde, et puis si on veut réduire les zones,
22:07 si on veut réduire les émissions à l'échelle d'une métropole,
22:09 au lieu de taper sur les automobilistes,
22:12 par exemple, faire la rénovation énergétique de tous les bâtiments publics
22:17 et de tous les logements sociaux, tout de suite ça, ça règle,
22:21 on arrête, on stoppe les émissions de CO2 provenant des bâtiments,
22:25 et c'est le plus important émetteur de CO2,
22:28 donc il y a d'autres solutions que de faire chier les gens.
22:32 – Le nucléaire, Fabien Roussel, vous faites partie de ceux qui sont enclins
22:36 à continuer le nucléaire, de toute façon aujourd'hui
22:39 on n'a pas le choix, on n'a pas d'alternative.
22:41 – Alors je vais même aller plus loin, non seulement on n'a pas le choix,
22:45 le 6ème rapport du GIEC, non seulement rappelle l'urgence,
22:49 parce qu'aujourd'hui c'est même pas d'éviter le réchauffement de la planète,
22:52 c'est d'éviter que ça aille au-delà de 2 degrés,
22:55 l'année 2022 qu'on a vécue et qui était terrible,
22:59 y compris en France, sécheresse, chaleur,
23:01 en 2050 ça va être comme ça tout le temps, donc c'est urgent,
23:08 et ils disent, les chercheurs du GIEC, ils disent que la production
23:12 d'électricité décarbonée via le nucléaire et les renouvelables,
23:15 c'est incontournable, donc le gouvernement a prévu d'investir
23:20 dans la production de 14 EPR, 14 centrales,
23:25 moi je vais plus loin, je dis que c'est insuffisant,
23:26 ça ne permettra pas de répondre à la demande électrique d'ici 15-20 ans,
23:33 parce que l'objectif c'est qu'on se prive des énergies fossiles,
23:39 moi je le dis, il faudra arrêter le kérosène,
23:42 il faudra arrêter le pétrole, il faudra arrêter l'essence,
23:44 il faudra même arrêter le gaz à terme,
23:47 sauf si on arrête de vivre quoi,
23:50 mais on va bien avoir besoin d'électricité, il faudra bien la produire,
23:54 et donc on va avoir besoin de beaucoup plus d'électricité
23:57 que ces 14 EPR supplémentaires vont fournir,
23:59 et donc nous on a révisé notre projet,
24:02 aujourd'hui le projet de la France RTE c'est de produire 650 TWh,
24:06 nous nous disons que c'est 800,
24:08 il faut aller jusqu'à 800 TWh de production d'électricité décarbonée en France.
24:13 – Quand je vous écoute, plus le fait de vouloir réguler l'immigration,
24:17 vous êtes sûr que vous êtes communiste Fabien Rousset ?
24:19 – Alors là vous êtes passé de "bam, bing" au "wouah"
24:24 – Non mais quand je vois l'alice…
24:25 – Vous êtes radioactif là !
24:27 – Je me dis mais finalement, en fait finalement,
24:31 ou alors c'est un communisme moderne.
24:33 – Mais qui dit autrement, qui dit que dans un pays,
24:37 il n'y a pas de politique migratoire à avoir ?
24:41 – Oui.
24:43 – Enfin celui qui le dit il faut qu'il l'explique,
24:45 mais je ne connais aucun pays qui fasse ça,
24:47 et bien sûr chaque pays a sa propre politique économique,
24:52 définit son régime démocratique,
24:56 on vote, on définit la politique fiscale, la politique économique,
25:00 et on définit une politique migratoire,
25:02 on définit une politique du droit d'asile,
25:04 et je trouve moi qu'elle est trop restrictive,
25:07 et quand on laisse des milliers de personnes mourir en Méditerranée
25:11 ou par chez moi dans la mer du Nord, c'est inhumain,
25:14 et donc on doit avoir une autre politique du droit d'asile,
25:16 on doit accepter le regroupement familial
25:20 pour éviter que des mères de famille avec leurs gamins
25:22 prennent le risque de mourir pour rejoindre leur mari
25:25 qui travaille en Grande-Bretagne,
25:27 et on a des frontières, et ces frontières sont des lieux de passage
25:32 où on fait vivre cette politique,
25:34 bon si on trouve que c'est énorme que je dise ça,
25:38 ben tant pis, je le dis quand même.
25:40 – Non, non, pas du tout.
25:41 – Et ça n'empêche pas d'avoir donc une politique d'accueil,
25:44 d'asile humaine, et je dis même qu'on doit l'avoir
25:49 à l'échelle de l'Union Européenne,
25:51 parce qu'en fait il y a une fracture entre les pays du Nord
25:53 et les pays du Sud, il y a le réchauffement climatique,
25:55 on appauvrit les pays du Sud, il n'y a jamais eu autant de guerres,
25:59 ils vont souffrir le plus du dérèglement climatique,
26:01 et on va faire de l'Europe une forteresse,
26:03 et on va dire "démerdez-vous, et puis vous creverez dans votre coin".
26:07 – Juste un dernier petit sujet important,
26:09 la bonne entente de la CGT et de la CFDC qu'on a vue
26:14 sur la réforme des retraites, la nouvelle dynamique intersyndicale,
26:17 Sophie Binet et Marie-Lise Léon ont un devoir justement
26:22 d'héritage et de pérenniser cet héritage.
26:25 – Alors moi d'abord, j'ai toujours fait attention
26:29 à ne pas dire ce que devaient faire les syndicats, justement.
26:33 – De souhaiter alors, de souhaiter.
26:34 – Je suis respectueux de leur choix,
26:36 ils ont des missions qui sont bien différentes
26:40 de celles des partis politiques, et puis en plus
26:43 c'est des organes démocratiques, ils décident en leur sein
26:46 avec qui ils causent, comment et pour dire quoi, donc je respecte.
26:50 Par contre, ce que je salue, que j'ai trouvé super dans la dernière période,
26:54 c'est cette intersyndicale, sur cette réforme des retraites,
26:57 et cette intersyndicale, elle a super bien fonctionné.
27:00 Moi j'ai échangé beaucoup avec les responsables syndicaux,
27:04 autant avec Laurent Berger qu'avec Philippe Martinez,
27:07 autant qu'on en avait besoin, et pareil les députés,
27:10 sénateurs, sénatrices communistes aussi ont pu le faire,
27:12 c'était très important et je souhaite qu'on puisse avoir le même dialogue,
27:15 le même respect, l'un envers l'autre,
27:18 le respect aussi de nos responsabilités qui sont bien différentes.
27:21 – Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter Fabien Roussel,
27:23 de devenir le prochain président de la République ?
27:25 – D'abord la bonne santé, c'est ce qu'on dit à chacun.
27:28 – Si vous êtes président c'est que vous serez mon ami, bonne santé.
27:32 – Qu'on arrive à reconstruire une belle gauche qui donne envie,
27:36 qui fait rêver et qui gagne, voilà.
27:38 – Merci beaucoup.
27:39 – Merci à vous.
27:41 [Musique]
28:06 [Musique]
28:12 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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