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Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h

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00:00 Bonsoir à tous, ravie de vous retrouver pour Face à l'Info été. J'espère que vous commencez bien la semaine.
00:06 Bonnes vacances à ceux qui ont encore la chance de pouvoir en profiter.
00:10 On va écouter nos éditorialistes d'ici quelques minutes.
00:13 Je vous présenterai le menu également, mais juste avant, puisqu'il est 19h, on fait le point sur l'essentiel de l'actualité avec Isabelle Piboulot.
00:19 Dans le Doubs, un homme d'une trentaine d'années a été placé en détention provisoire,
00:26 une semaine après le contrôle routier lors duquel une policière a été percutée par une voiture près de Montbéliard.
00:32 Le suspect, connu de la justice pour des infractions routières, a été mis en examen pour violences aggravées
00:38 sur personnes dépositaires de l'autorité publique avec armes,
00:42 mais aussi pour conduite en état d'ivresse en récidive sans permis de conduire et délit de fuite.
00:48 Dans les Alpes-Maritimes, à Grasse, la piste de l'incendie volontaire est privilégiée.
00:53 Le feu s'est déclaré vers 3h du matin hier dans un immeuble de 5 étages et a principalement dévasté la cage d'escalier.
01:00 Un homme de 47 ans a été placé en garde à vue. Sans antécédent judiciaire, il nie toute implication.
01:06 Pour rappel, 3 personnes ont été tuées, 3 autres ont été grièvement blessées.
01:11 L'une d'entre elles demeure toujours en urgence vitale.
01:14 Et puis le roi Charles III, bientôt en France.
01:17 Selon Sud-Ouest, la date est fixée autour du 20 septembre à Paris,
01:21 avec une étape à Bordeaux prévue le 22.
01:24 Cette visite d'Etat était initialement prévue du 26 au 29 mars dernier,
01:29 mais avait dû être reportée en raison des mouvements sociaux contre la réforme des retraites.
01:34 Cela aurait dû être la première visite à l'étranger de Charles III depuis son accession au trône.
01:40 - Au tour de la table ce soir, Julie de Vingt-Treuil, bonsoir.
01:44 - Bonsoir Barbara.
01:45 - Vous êtes en reporter au Figaro Magazine.
01:47 Nous accueillons également Régis Le Saumier.
01:49 Régis, directeur de la rédaction d'Omerta et Olivier d'Artigolle.
01:52 Bonsoir Olivier, chroniqueur politique.
01:55 Au sommaire justement de nos éditos ce soir,
01:58 Olivier d'Artigolle revient sur l'été de l'hôpital.
02:01 Inutile de dire qu'il ne se passe pas bien.
02:04 La situation dans les services d'urgence est dramatique.
02:06 Les services sont saturés, plus de 70 ont déjà été fermés la nuit ou le week-end.
02:11 Et les médecins de ville sont désormais par endroits appelés à la rescousse,
02:14 mettant évidemment en tension le reste de la chaîne.
02:17 Sans parler du manque de valorisation et de considération des personnels soignants.
02:21 Bref, c'est l'enfer et cela en dit long sur notre incapacité à redresser la barre.
02:26 Mais Olivier, vous avez aussi quelques pistes d'amélioration.
02:29 On y vient dans un instant.
02:31 Julie de Vingt-Treuil révoque ce que l'on pourrait bien appeler les nouvelles ambitions de Gérald Darmanin,
02:35 le ministre de l'Intérieur.
02:36 A les yeux rivés sur 2027, qu'il commence à préparer en conviant ses proches bientôt dans les Hauts-de-France.
02:43 Sera-t-il rassemblé au-delà de ce qu'imaginent ses détracteurs ?
02:47 On en parle dans un instant.
02:50 Et puis Julie, vous abordez également ce rapport de la Cour des comptes,
02:53 qui pointe les lacunes importantes dans la mise en œuvre de ses propres recommandations.
02:57 C'est le cas en matière de sécurité,
02:59 également pour le versement de l'allocation pour adultes handicapés.
03:02 Dans la Cour des comptes ne s'explique pas les inégalités de répartition selon les départements.
03:06 Et aussi dans la mise en œuvre des promesses faites par Emmanuel Macron en matière d'environnement.
03:10 En résumé, les comptes ne sont pas bons.
03:13 Et puis Régis Le Sommier nous emmène à Hawaï,
03:15 dont l'une des îles a été dévastée par un incendie fulgurant.
03:19 Au-delà du sinistre en lui-même, il semble qu'une série d'éléments
03:22 ait aussi participé à transformer ce feu en drame national.
03:25 Une végétation propice à la propagation des flammes,
03:28 un vent particulièrement sec et l'absence ou le dysfonctionnement des systèmes d'alarme.
03:34 On fait le tour de la question tout à l'heure avec vous.
03:37 Soyez tous les bienvenus, vous avez le menu.
03:39 Installez-vous confortablement, on vous accompagne jusqu'à 20h.
03:42 Bienvenue dans Face à l'Info.
03:43 Crise donc de l'accueil, saturation des services quand ils ne sont pas déjà fermés,
04:01 appel à la rescousse des médecins de ville, l'hôpital va mal.
04:05 Ce n'est malheureusement pas la première fois qu'on le dit,
04:07 mais la situation de cet été est particulièrement dramatique.
04:10 Je me tourne vers vous Olivier Dardigolles.
04:12 Quel est votre diagnostic pour l'hôpital et plus précisément pour ses services d'urgence ?
04:16 L'hôpital ne va pas bien, on le sait.
04:18 On n'a pas attendu les dernières semaines, il n'allait pas bien avant la crise sanitaire.
04:22 Pendant la crise sanitaire, les équipes médicales ont tenu.
04:25 Et certains disent que l'hôpital d'aujourd'hui, c'est l'hôpital d'avant, mais en pire.
04:29 Notamment dans les urgences.
04:31 Alors que se passe-t-il ?
04:32 Prenons le chemin d'Arcachon.
04:33 On sait que c'est un lieu de vie important.
04:37 La population d'Arcachon est multipliée par 4 pendant la période estivale.
04:42 Et ça couvre cette zone géographique que vous situez, plus le nord des Landes.
04:46 Aujourd'hui, afin d'éviter l'effondrement du service des urgences d'Arcachon,
04:51 des médecins généralistes se sont installés dans des préfabriqués
04:55 sur le parking des urgences d'Arcachon pour recevoir une partie des patients.
05:00 Ça peut avoir sa forme d'efficacité, puisqu'il y a eu des reportages,
05:04 notamment sur CNews, concernant les urgences à Arcachon.
05:08 On voit donc que pour décongestionner ces urgences,
05:11 40% des personnes qui viennent sont prises en charge par ces médecins généralistes.
05:16 Ceux qui traitent, on a l'habitude d'appeler ce mot un peu la bobologie,
05:20 et ce qui permet donc au service des urgences d'Arcachon de tenir cette période estivale.
05:26 - Alors ça c'est pour Arcachon, on sent que les hôpitaux se débrouillent comme ils le peuvent localement.
05:31 Ailleurs, est-ce que ça se passe aussi bien ou est-ce que ça craque ?
05:34 - Alors ça ne peut pas être un modèle, puisque beaucoup ont peur aussi de l'effet de l'appel d'air,
05:40 c'est-à-dire des personnes venant, mais pour consulter un médecin dans ces préfabriqués.
05:45 Ailleurs, ça ne se passe pas très bien, puisqu'on a des services d'urgence qui ferment,
05:51 dans un très grand nombre de territoires, plus de 70 si on fait des comptes depuis le mois d'avril dernier.
05:58 Alors des fermetures le week-end, la nuit ou des jours en semaine.
06:03 Pour Patrick Pelloux, qui est président de l'association des médecins urgentistes de France,
06:07 la dégradation qu'on a aujourd'hui, c'est du jamais vu sur l'offre de soins au niveau des urgences.
06:12 Il y a eu le filtrage par le 15, qui est là aussi contesté par beaucoup d'interventions,
06:20 avec ce jeu de domino qui fait que quand un service d'urgence ferme partiellement,
06:24 bien sûr c'est reporté sur d'autres services qui sont donc en tension dans des zones géographiques avoisinantes.
06:30 Je rappelle ici la loi de 2013 qui fixe une règle très importante,
06:35 tout habitant doit être à moins de 30 minutes d'un service d'urgence sur notre territoire.
06:41 C'est la promesse de 45 d'un accès aux soins universel pour toutes et tous.
06:47 J'aimerais pointer ici un sujet qu'on a évoqué, c'est celui des médecins intérimaires.
06:52 On l'a vu, une décision gouvernementale au temps de François Bouronne,
06:56 le ministre de la Santé précédent, avait limité, plafonné les indemnités de garde à 1390 euros,
07:06 la garde de 24 heures, ce qui avait mis un peu le feu chez ces médecins intérimaires,
07:10 mais il fallait mettre un peu le haut là, à une forme de concurrence entre les hôpitaux,
07:15 à du dumping social qui pouvait amener la garde de 24 heures à 5000-6000 euros selon les établissements.
07:23 Il fallait donc mettre un peu le frein.
07:25 Pour autant, c'est un dossier chaud sur la table du nouveau ministre de la Santé,
07:31 puisqu'il a annoncé des revalorisations de garde de nuit et le week-end,
07:35 pour rendre, je cite, "le statut des médecins hospitaliers plus attractif".
07:40 C'est l'un des dossiers de la rentrée, avec d'autres risques de nouveaux challenges, défis qui se présentent,
07:46 par exemple l'ubérisation véritable de la téléconsultation.
07:51 Il y a aujourd'hui des sociétés qui se mettent en place et qui proposent des téléconsultations,
07:55 mais à des prix dingues.
07:57 La solution, donc, c'est peut-être de restaurer l'obligation supprimée en 2002,
08:03 pour l'ensemble des médecins, et pas simplement les médecins libéraux,
08:07 de participer aux gardes, ce qui réglerait à minima la garde au moins de nuit ou sur certains week-ends.
08:13 En tout cas, on le voit avec Arcachon, on le voit avec ce qui se passe autour du 15,
08:17 on a besoin de médecins physiquement devant des patients.
08:21 Et puis il y a le cas, évidemment plus précis, des internes en médecine.
08:25 Oui, j'ai voulu ce soir évoquer auprès de vous les internes en médecine,
08:28 parce qu'on a beaucoup de témoignages sur les réseaux sociaux, dans la presse, concernant ces internes.
08:34 Il y a eu des questions d'eux au printemps dernier, quand François Braun a annoncé une année supplémentaire dans leur cursus.
08:41 C'est un cursus très difficile, médecine, et quand on part vers l'internat, c'est trois ans de plus.
08:49 Il y a eu une grève en avril dernier du syndicat des internes,
08:52 qui ont appelé à ce mouvement de grève pour alerter sur des conditions d'études difficiles.
08:57 En dernier cycle d'études, ils représentent, ces internes, c'est un chiffre impressionnant,
09:02 40% des effectifs dans les hôpitaux.
09:05 Et ils signent 70% des prescriptions.
09:08 C'est dire qu'ils sont donc au cœur du système hospitalier.
09:12 C'est beaucoup ces internes en médecine qui ont permis à l'hôpital de tenir bon pendant la crise sanitaire.
09:18 Comment vont-ils, ces internes ? On parle beaucoup du mal-être des soignants, des problèmes, mais moins des internes.
09:23 Pas bien. 15% des étudiants en santé qui veulent faire médecine abandonnent,
09:28 et un tiers sont atteints de pathologies anxio-dépressives.
09:32 On a un vrai problème de formation initiale.
09:35 Un sondage avait été réalisé sur 20 000 jeunes médecins, avec des chiffres sidérants.
09:41 66% avec des troubles anxieux, trois fois plus que dans la population,
09:46 et 24% en dépression, trois fois plus de suicides que dans le reste de la population.
09:52 Il y a donc un vrai sujet.
09:54 Les médecins, les chefs de service l'indiquent, sont parfois très préoccupés par des études qui sont très longues.
10:01 On leur demande beaucoup dans le cadre des gardes qu'ils assurent,
10:05 avec quelques difficultés qu'on pourrait peut-être régler assez rapidement.
10:10 Alors, ces difficultés, quelles sont-elles ? Ils les énoncent.
10:13 D'abord, l'épuisement professionnel, 58 heures par semaine, parfois deux à trois gardes de 24 heures.
10:19 Donc là-dessus, il y a une surcharge de travail pour ces internes.
10:23 Il y a un démarrage aussi de harcèlement.
10:25 Vous savez que dans ces études, le déroulé de carrière, l'avenir du jeune médecin, dépend beaucoup du chef de service.
10:32 Il y a parfois des comportements qui relèvent d'un autre âge qu'il faudrait peut-être stopper.
10:38 Et le salaire, un interne gagne 6,40 euros de l'heure à BAC+7.
10:45 Il y a eu des revalorisations, mais qui ne sont pas suffisantes.
10:48 Beaucoup sortent de l'hôpital dégoûtés et cassés.
10:52 Comment améliorer ? J'en conclue.
10:54 Les internes demandent, et je pense que c'est une revendication légitime,
10:57 le décompte strict et systématique du temps de travail.
11:01 Ce que les hôpitaux ne font pas alors qu'ils ont une obligation légale d'effectuer ce décompte.
11:06 Un interne en troisième année, c'est 1 800 euros net par mois.
11:10 Il demande une valorisation de 300 euros et une indemnité logement indexé,
11:15 puisque le logement n'est pas pris en charge au cours de cet internat.
11:19 Il faudrait commencer à considérer ces internes en médecine
11:24 comme des professionnels de santé à part entière, et davantage les considérer.
11:29 J'ai été étonné en lisant beaucoup de témoignages pour préparer cette intervention.
11:35 Combien des internes disent qu'on termine, mais qu'après on quittera l'hôpital public.
11:40 Or, on a besoin de 109 dans cet hôpital public pour les prochaines années.
11:43 On ne sait pas ni garder, ni attirer ces fameux nouveaux médecins dont on a cruellement besoin.
11:55 Ce qui m'a alerté dans cet énoncé qui est très bien fait,
12:01 c'est qu'il permet de rappeler profession par profession, finir par les internes,
12:06 les conditions et l'état de notre système de santé.
12:10 C'est important de le rappeler.
12:16 En revanche, on a l'impression que là, on a entendu quelques sonneries d'alarme sur le Covid,
12:26 qui remontent progressivement.
12:30 On réfléchit, on se dit, est-ce qu'on va aller, est-ce que ça va être encore une nouvelle explosion ?
12:36 Ça m'a rappelé ce qu'ont été les débuts du Covid.
12:41 Ces professions-là ont été, et on ne le dit pas assez encore,
12:45 on l'a dit, mais on l'oublie, devant nos héros, on les a applaudis, etc.
12:50 Et finalement, après, plus rien.
12:52 Vous avez dit tout à l'heure que l'hôpital d'avant empire.
12:56 On a l'impression que c'est peut-être là qu'il y aurait eu besoin de remettre tout à plat,
13:01 qu'il y aurait eu besoin d'une vraie réforme de l'hôpital.
13:06 Et finalement, il n'y a rien eu qui s'est passé.
13:09 On retourne vers un Covid et finalement, rien ne se passe.
13:13 On y a cru, pour certains, avec le Ségur de la santé.
13:17 Est-ce que vous vous souvenez de cette thématique dans l'actualité sur le monde d'après ?
13:22 C'est-à-dire qu'on sortait petit à petit du Covid et on imaginait le monde d'après.
13:28 Et beaucoup de responsables politiques, y compris dans le débat public, disaient
13:32 « il y aura au moins réglons la question de l'hôpital ».
13:35 Le reste, on va voir comment ça se passe, mais au moins réglons définitivement la question de l'hôpital.
13:41 Or, les soignants, les équipes de soignantes, les médicaux, les paramédicaux,
13:45 ont dit quelque chose de très fort en disant « pendant le Covid, oui, ça a été très dur ».
13:49 On était pressurés.
13:51 On arrivait le matin, on pensait ne pas arriver à la fin de la journée,
13:54 avant un accident, avant véritablement quelque chose qui allait se casser la gueule.
13:59 Mais on a tenu. On a tenu parce qu'on avait le pouvoir.
14:02 On demandait ça, on avait ça.
14:04 On arrivait à régler notre temps de travail.
14:06 On arrivait… les gestionnaires et les tableurs Excel ont été mis un peu de côté.
14:11 Puis, puis, le monde d'avant est revenu au galop.
14:15 Et on a retrouvé les gestionnaires, on a retrouvé les ARS,
14:18 on a retrouvé un système qui ne met pas le soignant et le patient au cœur du système.
14:24 On avait déjà évoqué ce qu'avait produit la tarification à latte, beaucoup de choses.
14:29 Mais pour finir, pour ce métier tant que pour tous les autres,
14:33 si on fait confiance aux experts de ce métier qui le réalisent,
14:37 qui l'exercent au quotidien, on a des solutions à portée de main.
14:41 Parce que là, par exemple, sur les internes,
14:44 on voit un nombre aussi considérable d'internes qui sortent de leur formation en disant
14:49 "on veut quitter l'hôpital, il y a quelque chose qui dysfonctionne".
14:52 Et on voit que certaines revendications, j'aimerais dire,
14:57 ne sont pas des choses hors de portée, hors d'atteinte.
15:02 – Je voudrais ajouter, vous dites, consortant du Covid,
15:04 on a dit "réglons au moins le problème de la santé".
15:06 Je n'ai pas tout à fait le même souvenir.
15:08 Je me souviens qu'on ne parlait pas au présent.
15:10 On disait "nous sommes dans la crise, nous prendrons le temps plus tard
15:15 d'analyser et de tirer tous les enseignements".
15:17 Et j'ai l'impression qu'on ne l'a jamais pris ce temps.
15:19 – Non, j'en ai rien pris du tout.
15:20 – On a retrouvé notre monde d'avant, en pire,
15:23 et puis on n'en a pas du tout tiré tous les enseignements.
15:26 Et ce qui nous amène à la situation d'aujourd'hui.
15:28 – Et puis vis-à-vis de ces personnes de santé qui ont été traitées comme des héros,
15:31 finalement on les fait disparaître à nouveau.
15:34 – Alors pas tout à fait, pour en parler souvent sur ces plateaux,
15:37 c'est vrai que je pense qu'on continue d'alerter.
15:40 – Nous, on en parle beaucoup.
15:41 La quatrième année pour les internes en médecine n'a pas été réfléchie
15:44 avec les représentants des internes en médecine.
15:47 C'est ballot, il vaut mieux mettre autour de la table les représentants
15:51 qui disent "bon, sur ça, ça va aller, sur ça, ça ne passe pas".
15:54 – Et puis la formation qui dégoûte les troupes qu'elles forment
15:57 pour faire ce métier, ça, c'est…
15:59 – Je ne vous donnerai pas son nom, mais j'ai demandé un jour
16:01 à un grand chef de service qui était sur un plateau,
16:04 je lui ai dit "mais je connais quelqu'un dans ma famille
16:05 qui a fait ces études-là de médecine".
16:07 Et vraiment, c'est des années terribles.
16:09 Pourquoi c'est si dur ? Dans l'ambiance, en parfumage…
16:13 On l'a vécu, et donc on fait pareil, on reproduit un schéma.
16:17 Et il m'a dit, dans le secret, j'ai envie de sortir du plateau,
16:21 mais en effet, il faudrait qu'on soit un certain nombre à dire
16:24 à un moment donné, il faut que ça s'arrête.
16:26 Parce que ce sont vraiment des études, sur le plan psychologique,
16:29 extrêmement difficiles.
16:31 – Oui, Olivier, vous dites "on retrouve le monde d'avant, en pire",
16:35 et les ARS notamment, vous vous souvenez que le nouveau
16:39 ministre de la Santé…
16:41 – Était le directeur de l'ARS de l'Île-de-France.
16:44 – Exactement, Aurélien Rousseau, ancien président de l'ARS,
16:49 Agence Régionale de Santé de l'Île-de-France,
16:52 qui n'a pas été la plus mauvaise d'ailleurs,
16:54 parce que c'est une de celles qui a su faire fonctionner
16:57 intelligemment la coopération entre public et privé.
17:01 Et pourquoi je parle de ce point-là en particulier ?
17:03 Parce que dans le privé, dans l'hôpital privé,
17:06 la pénurie de soignants est à peu près la même que dans le public.
17:12 Ils ne sont pas non plus épargnés.
17:14 Tout le système est malade, l'ensemble du système est malade.
17:18 Vous êtes passé rapidement dans votre énumération
17:22 sur les médecins généralistes qui vont se voir octroyer
17:26 1,50€ d'augmentation pour la consultation,
17:31 qui passe de 25€ à 26,50€.
17:35 La consultation des vétérinaires, je ne veux pas attaquer les vétérinaires,
17:39 tant mieux pour eux, et ils le méritent, c'est entre 30 et 40€.
17:45 26,50€, ce sera pour les médecins généralistes.
17:48 Comment voulez-vous qu'ils ne soient pas dégoûtés ?
17:50 Et je fais partie des gens dont vous parliez,
17:53 qui ont eu un vague espoir en entendant les discours,
17:57 que ça s'améliore et qu'on ait pris la mesure du problème.
18:01 Et notamment, je me souviens, Emmanuel Macron a parlé
18:05 de la gestion inhumaine de l'hôpital.
18:09 De ce point de vue-là, absolument rien n'a changé.
18:13 Il y a toujours un tiers des personnels des hôpitaux
18:17 qui ne voient pas un malade de la journée.
18:20 Il y a toujours un tiers du temps des soignants
18:24 qui est mangé par des tâches administratives, par de l'encodage.
18:28 Tout ça n'a absolument pas bougé.
18:30 - Et puis pour revenir sur l'exemple que vous donniez d'Arcachon,
18:33 qui se débrouille avec des médecins généralistes
18:35 dans des préfabriqués sur les parkings.
18:37 Mais quelle image pour ce pays dont on disait il y a encore pas si longtemps
18:40 qu'il avait le meilleur système de santé en France.
18:43 On s'en éloigne, on est très très loin.
18:45 - C'est un conseil raconté extrêmement cher,
18:47 mais il a été extrêmement mal fait parce que c'était du saupoudrage.
18:49 Il fait que ça n'a rien changé fondamentalement
18:52 à la situation des gens qui ont eu quelques euros,
18:55 quelques dizaines d'euros d'augmentation
18:57 et rien à leurs conditions de travail.
18:59 - On en parlera sans doute encore quelques temps,
19:03 même si on ébauche les pistes de mes livrations
19:05 grâce à vous Olivier Lartigolle.
19:07 Julie de Vintrave, on va passer à votre côté.
19:09 On s'interrompera pour la publicité.
19:11 - À la poubelle.
19:12 - À la politique, mais on poursuivra.
19:15 On parle de Gérald Darmanin qui dévoile
19:17 sa résolution présidentielle dans le Figaro aujourd'hui.
19:20 - Qui dévoile, qui dévoile.
19:22 - En tout cas, c'est un petit peu plus affirmé.
19:27 On sait que Gérald Darmanin aurait bien aimé
19:29 déménager de Beauvau à Matignon.
19:31 Ça ne s'est pas fait.
19:33 Du coup, on regarde vers 2027.
19:35 Est-ce que ce n'est pas un petit peu trop tôt ça ?
19:37 - C'est vrai que 2026, ça fait quand même très très très loin.
19:41 C'est long, comme disait la marionnette Chirac
19:44 et je ne dirai pas de gros mots ce soir.
19:47 C'est long pour donner le coup d'envoi
19:49 de ce qui est en fait la campagne officielle
19:52 à l'intérieur de la sphère macroniste
19:55 pour succéder à Emmanuel Macron.
19:58 Pourquoi le fait-il ça ?
19:59 D'abord pour prendre de vitesse ses concurrents
20:03 déclarés ou supposés.
20:05 Édouard Philippe, il entretient un suspense
20:08 sur sa participation, même si on sait
20:11 qu'il fait absolument tout pour s'y préparer.
20:13 François Bayrou nous a rappelé
20:15 qu'il est toujours prêt à se présenter,
20:18 mais il ajoute qu'il faudra être un zozo,
20:21 ça c'est son terme à lui,
20:22 pour parler aujourd'hui de la présidentielle.
20:24 Et Bruno Le Maire nous explique dans Paris Match
20:27 qu'il a pris des distances avec l'ambition.
20:30 Donc rien n'est plus pareil, mais tout demeure néanmoins.
20:34 Ils pensent tous qu'il est urgent d'attendre,
20:37 tout sauf Gérald Darmanin.
20:39 Le rassemblement qu'il organise le 27 août
20:42 dans son fief de Tourcoing,
20:44 avec 400 participants annoncés,
20:47 90 parlementaires, plusieurs ministres,
20:50 ça ressemble quand même énormément
20:53 à un meeting de lancement de candidature.
20:55 En fait, ce que fait Gérald Darmanin,
20:57 c'est appliquer le principe de son mentor Nicolas Sarkozy,
21:00 le pouvoir ne s'éride pas, il se prend.
21:04 Sauf que Nicolas Sarkozy n'a pas réussi
21:06 à installer son poulain à Matignon.
21:08 Non, il aurait bien aimé.
21:11 D'ailleurs, Emmanuel Macron lui-même a été tenté.
21:14 Quant à Gérald Darmanin, il a fait une campagne
21:16 absolument effrénée.
21:18 Mais le président a fait ses calculs.
21:20 Remplacer Elisabeth Borne par Gérald Darmanin
21:23 n'aurait pas apporté au gouvernement
21:25 la vingtaine de voix de droite
21:27 qui lui manque à l'Assemblée nationale
21:29 pour disposer d'une majorité.
21:31 En revanche, ce nouveau virage à droite
21:34 aurait pu faire perdre des plumes à son aile gauche
21:37 qu'Emmanuel Macron ne peut absolument pas se permettre.
21:40 Gérald Darmanin assure que sa boussole populaire
21:43 plaît aussi à gauche.
21:45 Il n'est pas crédible quand il parle de social, selon vous ?
21:48 Il a pour lui ses origines.
21:50 Sa mère était femme de ménage.
21:52 Il nous l'a assez rappelé pour qu'on s'en souvienne.
21:54 Et puis là, ces combats électoraux
21:56 gagnés dans le Nord, dans une terre difficile.
21:59 Il faut lui reconnaître aussi une grande constance.
22:02 Rappelez-vous ce qu'il disait fin 2019.
22:04 Il manque sans doute, autour d'Emmanuel Macron,
22:06 des gens qui boivent de la bière et mangent avec les doigts.
22:09 Il a d'ailleurs promis des saucisses et des frites
22:12 le 27 août à Tourcoing, ça je le dis tout spécialement à Olivier.
22:16 Qu'on mangera donc avec les doigts.
22:17 Avec les doigts.
22:18 Si j'ai bien compris.
22:20 Il tenait le même discours en fait,
22:22 quand il était de droite, au dirigeant des partis de la droite.
22:25 Et au ministre de l'Intérieur, il faut aussi lui reconnaître
22:28 qu'il a fait preuve de lucidité sur la demande d'ordre
22:30 et de sécurité des Français les plus modestes.
22:33 Qui d'ailleurs, a mis Elisabeth Bond en difficulté
22:37 quand il prend sur lui de valider les déclarations
22:40 du directeur général de la police
22:42 contre la détention provisoire des policiers.
22:44 On sent bien dans ses propos du Figaro qu'il la fragilise.
22:48 Oui, il ne la nomme pas, mais il la cible directement
22:52 quand il dit, je cite, "il ne faudrait pas que l'on remette
22:55 notre avenir entre les mains de la technique et des techniciens
22:59 en utilisant des mots que les Français ne comprennent pas toujours".
23:02 Elisabeth Bond est pro-européenne et a toujours refusé
23:06 de remettre en cause nos accords internationaux,
23:08 notamment en matière d'immigration.
23:10 Quand Gérald Darmanin prédit que si le prochain candidat
23:13 du camp macroniste fait allégeance aux, je cite toujours,
23:16 "jurisprudence et aux marchés internationaux",
23:20 Marine Le Pen sera élue.
23:21 Il parle de 2027 bien sûr, mais il parle aussi d'aujourd'hui.
23:25 Alors Gérald Darmanin affirme qu'avant d'annoncer
23:28 le grand Raoult qui l'a organisé à Tourcoing le 27 août,
23:31 il a demandé et obtenu l'aval du président.
23:35 Il se revendique même ultra loyal vis-à-vis d'Emmanuel Macron.
23:39 On sait que la première ministre n'a pas été reconduite
23:42 dans l'enthousiasme, c'est le moins qu'on puisse dire.
23:45 Son ministre de l'Intérieur se sent d'autant plus à l'aise
23:47 pour lui faire la leçon.
23:49 Il va lui expliquer quelles politiques il mènerait, lui,
23:53 pour reconquérir ce qu'il appelle le nouveau prolétariat.
23:56 Il énumère les employés, les petits commerçants,
23:59 les mères célibataires, les caissières.
24:01 Pour une femme de gauche comme Elisabeth Borne,
24:03 c'est un vrai camouflet.
24:05 - On va se poser la question justement, peut-il agacer peut-être
24:10 Emmanuel Macron, mais on ne va pas y répondre tout de suite
24:12 parce que c'est l'heure de la coupure.
24:14 On y revient dans un instant, attention,
24:16 avec ses ambitions présidentielles à ne pas froisser le chef de l'État.
24:20 On y revient tout de suite.
24:22 Nous reprenons l'édito de Julie de Vaincrement,
24:28 où on parlait de ses ambitions présidentielles,
24:30 qu'on peut lire dans le Figaro de la part de Gérald Darmanin.
24:33 Emmanuel Macron pourrait lui aussi se sentir visé.
24:36 Question, Judith, Gérald Darmanin, peut-il se permettre
24:39 d'aller au clash avec le président de la République ?
24:41 - Ecoutez, il est habile parce qu'en se présentant comme un rempart
24:45 au Rassemblement national, qu'il voit tout près de conquérir le pouvoir,
24:49 en fait, il dit tout ce qu'Emmanuel Macron pense tout bas.
24:53 On ne sait pas si Emmanuel Macron adoubera l'un des prétendants
24:57 qui serait quand même peu ou prou de lui.
25:01 On sait une chose, il craint par-dessus tout d'être le président
25:05 qui aura ouvert les portes de l'Élysée à Marine Le Pen.
25:08 C'est sa hantise, c'est son obsession, il en parle à tous ses visiteurs.
25:14 Pour le moment, il dit banco à Gérald Darmanin.
25:18 Si vous pensez que vous pouvez y arriver, si tu penses que tu peux y arriver,
25:21 essaie, mais ce n'est pas un chèque en blanc.
25:24 Aucun discours social, aussi habile soit-il, ne compensera un échec
25:28 en matière de sécurité et d'immigration.
25:31 Et le premier flic de France a beau refuser de se cantonner au régalien,
25:35 il sait que c'est d'abord sur ce terrain qu'il sera jugé.
25:38 Si le projet de loi immigration est adopté grâce au 49.3,
25:43 ou pire encore, s'il n'est pas adopté du tout,
25:46 si le gouvernement renonçait à le présenter faute de majorité,
25:50 et surtout si Gérald Darmanin ne tient pas de meilleurs résultats
25:54 en matière de lutte contre la délinquance,
25:57 son discours social, aussi vibrant soit-il, ne convaincra personne.
26:03 On sait qu'il a des preuves à faire en matière d'insécurité.
26:06 Il y a ces grands événements sportifs qui arrivent en France
26:10 et pour lesquels on craint des débordements.
26:13 Et puis on le disait, partir tôt, c'est peut-être risqué,
26:16 il faut tenir le marathon, après il reste quatre ans.
26:19 Oui, mais cela vient d'être dit par Judith,
26:22 c'est l'un des plus politiques aujourd'hui de l'équipe gouvernementale,
26:25 avec une forme d'habileté.
26:27 J'ai dû relire à deux fois,
26:29 si on demande des efforts aux travailleurs pour boucler le budget,
26:32 alors il faut aussi demander des efforts au capital et au patronat.
26:36 Je me suis demandé s'il ne posait pas candidature
26:38 pour prononcer le discours à la fête de Luba en septembre prochain.
26:41 Vous savez qu'il a plaidé pour un ralentissement
26:44 de la diminution des impôts de production auprès de Bonnemmer,
26:47 qu'il a perdu.
26:49 Il voudrait se rattacher au gaullisme social,
26:53 qui n'existe plus depuis très longtemps.
26:55 Il y a eu un beau papier, je pense que c'était dans les Figaro,
26:58 sur le tête-à-tête entre Mitterrand et Seguin
27:01 au temps de Maastricht.
27:03 Mais il a donc un discours où il veut parler
27:07 à cette catégorie de Français,
27:10 qui, vous savez, le salaire médian en France, c'est 1800 euros.
27:14 Donc un salarié sur deux a moins de 1800 euros.
27:18 Il veut donc s'adresser à cette France.
27:22 Mais la question que je me pose dans ce qu'il commence à planter
27:26 comme décor, avec semaine 7 août à Turcouin,
27:29 qui pourra peut-être devenir sa roche de sauluterie,
27:31 c'est savoir, à la prochaine présidentielle,
27:34 les électeurs de Marine Le Pen, la dernière fois,
27:39 en quoi est-ce qu'ils peuvent voter plus pour Darmanin,
27:44 avec ce qu'il dit là, que Marine Le Pen,
27:46 qui elle aussi a beaucoup travaillé la question sociale.
27:49 Je pense qu'il faudrait beaucoup creuser
27:52 quand on traite la question sociale,
27:54 parce qu'il y a aussi du vrai-faux.
27:56 - Contrairement à Marine Le Pen, Gérald Darmanin n'a pas le programme
27:59 du Parti communiste des années 80,
28:02 pour reprendre la phrase de François Hollande
28:05 sur le programme économique du Parti communiste.
28:07 - Oui, mais Gérald Darmanin est quand même associé au macronisme.
28:12 Il est élu dans cette équipe sur des responsabilités éminentes,
28:17 budget, puis l'intérieur, depuis 2017.
28:24 Il est donc associé à cette image, à ce macronisme de gouvernement,
28:30 sans qu'on puisse très précisément dire
28:32 de quoi le macronisme est-il le nom réellement,
28:34 mais surtout avec un accompagnement des politiques européennes,
28:38 qu'il n'a pas trop contesté aujourd'hui.
28:40 Regardez ce que ça donne sur la libéralisation du marché de l'électricité,
28:46 qui est une véritable catastrophe.
28:48 Donc il est entre deux, et en même temps le concernant,
28:55 qui risque de ne pas tenir en crash test devant un électorat qu'il veut séduire.
29:00 Mais il lui parle à cet électorat, mais la politique gouvernementale
29:04 et les volontés d'Emmanuel Macron regardent dans une autre direction.
29:08 - Je dirais qu'il essaie de faire, on l'a évoqué, du sarcobis.
29:15 Je pense qu'il n'y a pas de doute, comme Nicolas Sarkozy,
29:22 il y pense en se rasant le matin.
29:25 Mais en effet, en politique, une année, quatre années,
29:31 c'est un temps infini.
29:34 On sera peut-être dans quatre ans sur une planète totalement différente.
29:38 En tout cas, je pense qu'y aller trop tôt comme ça,
29:42 c'est déjà vis-à-vis d'Emmanuel Macron,
29:46 se retrouver dans une situation où on peut dire, on ne peut pas dire.
29:51 Il ne faut pas froisser le président, on sait qu'il est très sourcilleux.
29:55 En même temps, oui, il y a le feu au lac.
29:58 C'est sûr que socialement, on a vu que les choses,
30:01 et encore l'été est venu un petit peu faire l'effet d'un coussin.
30:04 Mais que va-t-il se passer à la rentrée ?
30:06 Et il y a ces échéances incroyables dans lesquelles il va être sollicité
30:09 pour laver un peu des ratés d'avant, notamment les fameux supporters anglais.
30:13 - Vous dites, pardon, il ne faut pas froisser le président.
30:16 Je trouve que Gérald Darmanin va très très loin dans ce qu'il dit au final,
30:21 sur le fond et sur la forme.
30:23 - L'histoire que vous avez rappelée de Frédéric Vaud et de l'interview au Parisien,
30:28 c'était presque un traquenard, Emmanuel Macron étant dans l'avion
30:33 pour aller à Nouméa.
30:35 - Quand il dit que ce gouvernement ne sait pas parler.
30:37 - On aimerait vraiment être petite souris, peut-être que Judith a des informations,
30:40 pour savoir s'il s'est réellement approché au plus près de Matignon,
30:46 sur le dernier renouvellement, si l'option a véritablement été travaillée,
30:50 avant qu'il y ait un veto de François Bayrou.
30:53 Il y a d'ailleurs eu un repas après entre François Bayrou et Gérald Darmanin,
30:57 Darmanin demandant au président du MoDem,
30:59 "Mais enfin, pourquoi tu m'as fait cette mauvaise grâce ?"
31:03 et Bayrou répondant, "Parce que tu n'es pas au baril centre,
31:06 au point d'équilibre de la majorité qu'on a construite depuis 2017.
31:10 Si on te donne Matignon, ça veut dire que ça glisse à droite
31:13 et je ne suis pas venu pour faire ça."
31:15 Pour résumer.
31:16 - Oui, c'est tout à fait raison.
31:17 Mais il y a eu vraiment, d'après nos informations,
31:20 il y a eu vraiment une option, même une grande tentation d'Emmanuel Macron,
31:25 à laquelle il a dû renoncer à cause de la réalité arithmétique à l'Assemblée nationale.
31:32 Les calculs sont simples à faire.
31:34 Qui vient, qui ne vient pas, qui part, ça ne vient pas suffisamment à droite
31:39 et ça risque de partir à gauche.
31:40 - Alors sur le saucisse aux frites, il va être observé de très près
31:43 pour voir quels sont les députés LR d'Armano compatibles
31:48 qui seront présents le 27.
31:50 - Alors parmi ceux-là, il y en a même un qui a voté la censure
31:53 contre le gouvernement d'Elisabeth Bamb,
31:56 de même qu'une députée du groupe Llyod, ce fameux groupe charnière,
32:00 qui elle aussi a voté la censure.
32:02 Provocation supplémentaire vis-à-vis d'Elisabeth Bamb,
32:07 qui n'est pas invitée.
32:08 Et puis, il y a vraiment un défi à l'autorité d'Emmanuel Macron.
32:11 Moi, je trouve que ce que s'autorise Gérald Darmanin,
32:16 je ne doute pas à l'instant qu'il a eu l'aval d'Emmanuel Macron
32:19 pour organiser son rassemblement à Tourcoing,
32:22 montre l'état de paralysie, d'abolie, de manque de volonté
32:29 et de vision sur le futur dans lequel se trouve l'exécutif.
32:33 - On suivra ça.
32:35 Rendez-vous le 27 août pour les saucisses frites.
32:37 On mange à la main.
32:39 Régis, vous revenez-vous ce soir sur cette tragédie
32:43 qui touche Hawaï depuis le début du mois.
32:45 Si l'archipel est renommé pour ses îlots paradisiaques,
32:48 Hawaï est bien devenu un enfer.
32:50 L'île de Maoui a été ravagée par les flammes.
32:53 Le bilan toujours provisoire, s'établit à 93 morts.
32:56 C'est la gestion de ce désastre qui est sévèrement critiquée.
33:00 Pourquoi a-t-il attiré votre attention ?
33:02 - Il a attiré mon attention parce qu'on est plus habitué
33:06 depuis ces dernières années à ce que ces méga-feux,
33:09 ces "wildfires" comme on dit aux Etats-Unis,
33:13 aient lieu en Californie, parfois dans l'Oregon,
33:15 en tout cas dans l'Ouest américain,
33:17 qui brûlent systématiquement tous les ans
33:19 et qui brûlent de façon de plus en plus inquiétante.
33:23 Il y a un dérèglement climatique qui se fait autour de la Californie,
33:27 notamment grâce au phénomène qui touche la zone pacifique
33:30 qui s'appelle El Nino,
33:32 et qui amène des vents de plus en plus secs.
33:34 Avant, c'était saisonnier,
33:36 c'était les vents de Santa Ana qui soufflaient fin septembre, début octobre,
33:40 et qui, en effet, amenaient sur des étés torrides
33:43 et le fait qu'il y ait une sécheresse permanente dans ces endroits-là,
33:46 beaucoup des risques d'incendie et des incendies absolument spectaculaires.
33:50 Et puis progressivement, en Californie, on est passé à une saisonnalité
33:54 qui n'existait plus puisqu'on a eu des feux quasiment...
33:57 Je crois que l'année dernière, on a eu des feux en janvier,
34:00 et de même importance,
34:03 avec destruction quasiment de complexes entiers, vacanciers,
34:07 de choses... On a vu des choses assez incroyables.
34:10 Et on était habitués, enfin on s'habitue jamais à ce genre de choses.
34:14 - Alors à Hawaii, on en a déjà entendu parler.
34:16 - Voilà, on n'avait jamais entendu parler de ça à Hawaii.
34:18 Et ce qui m'a intéressé, et c'est pour ça que je vais vous le raconter,
34:21 en fait, pour moi, doit servir de leçon,
34:25 pas simplement à cette île, mais au reste de la planète.
34:28 Parce qu'il y a d'autres exemples comme ça,
34:30 j'en ai retrouvé un en particulier,
34:32 où une conjonction de phénomènes liés à la nature,
34:37 au réchauffement, mais aussi à l'activité humaine,
34:40 provoque finalement la catastrophe.
34:42 Alors, pour commencer, Hawaii,
34:45 une des pires catastrophes sur l'île de Maui naturelle
34:50 de l'histoire récente de l'archipel américain.
34:52 Vous avez dit, on compte les morts, toujours, dans la capitale.
34:56 - Il y a des centaines de portées disparues.
34:58 - Oui, bien sûr, on a près de 1000.
35:00 93 morts ce soir, 1000 disparues.
35:04 Alors le chef de la police du comté,
35:07 une personne qui s'appelle John Pelletier,
35:09 a déclaré "Cela ne signifie pas qu'elles sont officiellement portées disparues ou mortes".
35:14 Donc, bon, il faut tempérer, mais enfin, sur les 1000,
35:17 il y en a sans doute, et déjà, une polémique arrive.
35:21 On nous dit qu'il y a beaucoup d'enfants qui auraient disparu, justement,
35:25 parce que comme les écoles ont été fermées, les enfants étaient chez eux.
35:29 Donc, il y a une possibilité pour que ce soit bien plus catastrophique.
35:32 Et il y a aussi une dimension tout de suite politique aux Etats-Unis,
35:36 avec Joe Biden, à qui le reste des Etats-Unis demandent de se rendre à Hawaii,
35:40 et qui, aujourd'hui, a maladroitement répondu à un journaliste en disant,
35:43 sur la catastrophe d'Hawaii, "No comment".
35:46 Tout de suite, les conservateurs américains et les républicains se sont emparés
35:50 en disant "Ça y est, Joe Biden est en train de couler sa tentative de se représenter
35:55 avec cette phrase 'il est terminé'".
35:58 Donc, vous voyez, ça prend des proportions,
36:00 et les habitants, en attendant, n'ont toujours pas leur visite du président.
36:04 Alors, pour la décharge de Joe Biden, il a quand même fait un tweet
36:09 expliquant qu'il a envoyé ses condoléances, etc.
36:15 Donc, il a fait ça dans les règles, mais ce qu'attendent les Américains,
36:18 c'est qu'il y aille, et pour le moment, il n'a toujours pas décidé d'y aller.
36:21 En termes de dysfonctionnement, le premier dysfonctionnement sur cette île,
36:27 c'est les signaux d'alerte.
36:30 - Certains habitants disent qu'ils n'ont rien entendu, qu'il n'y a pas eu d'alerte.
36:34 - Il n'y a pas eu d'alerte.
36:35 Il y a des centaines de sirènes qui ont été installées sur l'ensemble du territoire
36:39 qui, normalement, sont censées avertir les habitants d'un danger imminent.
36:43 Alors, ce n'est pas spécifiquement pour les feux,
36:46 mais c'est plutôt éventuellement pour les éruptions, les tsunamis,
36:50 tous ces dangers auxquels l'île d'Hawaii,
36:53 qui est une île avec des volcans encore actifs, peuvent être soumises.
37:00 Ces alertes sont souvent transmises par téléphone,
37:03 et là, souvent, elles n'ont pas pu être reçues parce que le réseau est tombé en panne.
37:07 Il n'y avait pas de réseau, il y avait des informations qui ont été envoyées sur Internet
37:13 et qui n'ont pas été reçues.
37:15 L'intervention des pompiers aussi a été limitée.
37:17 En fait, le problème, c'est qu'il y a eu des feux simultanés.
37:20 Les pompiers de Californie sont absolument rodés à ça,
37:23 les pompiers d'Hawaii pas du tout.
37:24 Donc, ils n'ont pas été habitués à ce scénario.
37:27 Et du coup, il y a eu des gens qui ont été...
37:31 Et c'est là où le résultat, quand on voit les images, nous laisse penser
37:36 que ça se passe juste à côté de l'eau.
37:38 Il y a des gens qui sont restés jusqu'à cinq heures dans l'eau.
37:41 C'était impossible pour eux de rejoindre la côte tant le feu était intense.
37:47 Des gens sont restés livrés à eux-mêmes également.
37:50 Des centaines de voitures aussi ont été brûlées par les feux.
37:55 Et les seules infos qu'on pouvait avoir, c'est ce qu'on appelle là-bas
37:59 le fameux réseau de noix de coco, qui est une sorte de bouche à oreille
38:03 qui a permis aux gens de fuir les flammes dans certains cas.
38:07 Et en fait, tout ça a été une cacophonie absolue.
38:11 Et donc, le problème, ça c'est le premier problème, gestion humaine.
38:16 Donc d'abord, le problème des sirènes.
38:19 Le problème, ensuite, je résume, des pompiers pas habitués à un feu d'une telle ampleur.
38:24 Et puis ensuite, je vais vous donner une autre explication sur le caractère
38:28 soudain, brutal de cette arrivée des flammes.
38:31 C'est que les terres agricoles ont été remplacées progressivement
38:36 sur l'île de Maoui par une végétation inflammable.
38:39 Alors, dans les années 90, on a progressivement sur cette île délaissé les terres agricoles.
38:46 Les champs qui étaient autrefois bien entretenus auraient pu ralentir le feu
38:50 s'ils existaient encore.
38:52 Et donc, elles ont été remplacées par des plantes non locales, puis laissées à l'abandon.
38:56 Alors, parmi ces herbes nouvelles qui ont été placées sur cette île,
39:00 on compte une herbe qui s'appelle l'herbe de Guinée ou l'herbe fontaine
39:03 qui ont été introduites par l'homme.
39:05 Elles ont la particularité de repousser très vite après un incendie,
39:10 mais aussi de s'enflammer extrêmement rapidement.
39:13 Donc, voilà, ça a été fait absolument en dépit du bon sens.
39:17 Et également aussi la fermeture des exploitations de cannes à sucre
39:21 qui, dans les années 90, apportaient beaucoup d'eau grâce à un système d'irrigation
39:26 qui aurait pu aussi être utilisé pour circonscrire les flammes.
39:30 Bon, plus de cannes à sucre et puis ces fameuses herbes qui ont tout brûlé.
39:36 - Et puis, on parle beaucoup des conditions météo,
39:39 alors sur lesquelles là, on a moins de prise évidemment,
39:42 mais la sécheresse et des vents très secs.
39:44 - Alors, des vents très secs liés à un ouragan de catégorie 4
39:48 qui s'appelait Dora, qui soufflait à plusieurs centaines de kilomètres au sud
39:52 dans les eaux du Pacifique.
39:53 Et bien, résultat, les rafales venues de l'océan ont donc transformé
39:56 en vents descendants qui ont soufflé sur les pentes de l'île.
40:01 Et ça, c'est le phénomène qu'on retrouve avec les vents de Santa Ana
40:04 dont je parlais tout à l'heure en Californie.
40:06 C'est-à-dire qu'il y a un phénomène de canyone.
40:08 Donc, que ce soit les pentes, que ce soit les canyones de Californie,
40:11 ça fait partir les flamèches et ça fait progresser le feu
40:14 de façon absolument spectaculaire.
40:16 Donc, vent sec et chaud, incendie plus extrême et voilà.
40:21 Et on retombe sur une configuration bien connue en Californie.
40:24 La pluviométrie a été, le territoire est touché également par une sécheresse.
40:30 En fait, si vous voulez, sécheresse, ouragan plus au sud,
40:35 changement du tissu végétal, mauvaise gestion humaine.
40:38 Voilà, vous avez la recette, "Recipe for disaster" comme on dit,
40:42 qui a frappé l'île de Maoui à Hawaï.
40:47 Il y a une chose, c'est qu'en fait, on se rend compte que
40:51 quand il y a des grandes catastrophes comme ça,
40:53 souvent, c'est un agrégat de facteurs.
40:56 Et moi, ça m'a tout de suite fait penser à l'ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans.
41:01 Pourquoi ? Parce que ce n'est pas l'ouragan en soi à la Nouvelle-Orléans.
41:05 C'est le lac et la question des digues qui ont cédé.
41:10 Et en fait, la Nouvelle-Orléans, on l'a, à mon avis, assez mal expliqué à l'époque,
41:14 c'est une ville qui a coulé sous les eaux d'un lac.
41:19 Et l'ouragan a été l'élément déclencheur.
41:22 Mais tout ça n'avait absolument pas été préparé.
41:25 Finalement, il y a la gestion des risques.
41:28 Et souvent, on se rend compte que dans ces catastrophes-là,
41:31 quand elles sont extrêmement mortelles, c'est un facteur sur lequel,
41:35 c'est une combinaison de facteurs sur lesquels l'être humain peut avoir
41:39 une incidente dans la prévention.
41:43 Et malheureusement, la nature nous domine toujours,
41:48 non l'inverse, mais si on y ajoute des erreurs humaines,
41:52 eh bien ça ne pardonne pas.
41:53 C'est la catastrophe, effectivement.
41:55 Et on sait qu'aux États-Unis, on est très soucieux, après des drames,
41:58 d'expliquer ça, d'aller incriminer l'administration ou l'organisme
42:02 qui n'aura pas fait bien son travail.
42:04 Malheureusement, ça ne sauve pas les vies.
42:06 Je ne sais pas si Hawaï sera pour Joe Biden ce que la Nouvelle-Orléans
42:10 a été pour George Bush, parce que c'est à partir de la Nouvelle-Orléans
42:13 où les Américains ont eu l'impression que le pouvoir les abandonnait.
42:17 Et ça a été catastrophique pour Bush, et ça a été un peu le début de la fin.
42:21 Là, est-ce que pour Biden ? Je ne sais pas.
42:24 Parce qu'après, il y a tellement de choses qui peuvent se passer.
42:26 - Moi, j'ai une question, pour le juste, si vous permettez.
42:29 À quoi est dû ce changement de culture ?
42:32 L'agriculture ne rapportait plus assez ?
42:35 Qu'est-ce qui s'est passé ?
42:37 - Ce n'est pas pour vous piéger.
42:39 - Mais vous avez raison de le souligner.
42:41 Je pense que oui, c'est une île qui n'a pas eu un programme agricole.
42:45 Et puis la canne à sucre, on a trouvé un substitut.
42:48 On a changé.
42:49 Ce sont des cultures qui sont un peu en régression, un peu partout.
42:53 Mais oui, l'histoire des herbes, c'est complètement incroyable.
42:57 On met des herbes parce qu'elles repoussent très bien après un incendie,
43:01 sauf que c'est elles qui sont aussi extrêmement inflammables.
43:04 - Ça rappelle aussi le rôle fondamental des agriculteurs
43:08 dans l'entretien des terres, dans la prévention des risques naturels.
43:14 Attention au remplacement.
43:17 - Et à la ménage dans le territoire.
43:19 - Oui, oui.
43:20 C'est aussi leur fonction.
43:22 - Il faut que ça n'ait pas été pensé.
43:23 Parce que quand bien même on n'est pas exposé au risque,
43:25 ce qui est en général le pourquoi,
43:27 on n'anticipe pas un risque auquel on n'est pas confronté,
43:29 c'est du bon sens aussi.
43:30 - L'époque dans laquelle on vit, c'est vrai,
43:31 et notamment venant des Américains,
43:33 où on anticipe tous les scénarios possibles,
43:35 ça paraît fou qu'on n'ait pas pensé à une végétation
43:37 qui stoppe plutôt le feu.
43:39 - Il y a aussi chez les Américains le problème aussi,
43:41 moi je l'avais vu beaucoup dans d'autres catastrophes aux Etats-Unis,
43:47 le fait que l'Américain a tendance à construire sa maison un peu partout,
43:51 en prenant le risque.
43:53 - Le français n'est pas...
43:54 - Non, le français est plus...
43:55 - Il y a des règles plus strictes, je pense.
43:57 - Ça fait que c'est l'inondable.
43:59 Les Etats-Unis, on peut très bien construire un village,
44:02 commencer une communauté, c'est tout à fait possible.
44:05 Et on est prêt à prendre le risque justement de voir sa maison
44:09 l'objet de...
44:11 enfin, détruite par une catastrophe naturelle.
44:14 C'est dans la mentalité américaine beaucoup plus.
44:16 Mais après, ça fait des dégâts.
44:19 - Julie, vous vous êtes penchée sur un deuxième sujet aujourd'hui,
44:23 sur un rapport de la Cour des comptes
44:25 qui s'intéresse au sort réservé à ses propres recommandations.
44:29 Julie, si vous me le permettez,
44:30 il y a des lectures estivales un peu moins austères.
44:32 - Oui, c'est assez instructif.
44:35 Le rôle de la Cour des comptes, c'est de vérifier que l'argent public
44:39 est dépensé à bon escient dans le public, évidemment,
44:42 mais aussi dans le privé.
44:44 Ça veut dire qu'elle contrôle aussi bien l'État,
44:46 les pouvoirs locaux, que des entreprises, des associations.
44:50 En fait, elle regarde où passent les 58,2 % du PIB consacré aux dépenses publiques.
44:57 58,1 %, c'est-à-dire qu'on est les champions incontestés de la discipline.
45:04 Alors, le rapport dont je voulais vous parler tout récent,
45:07 il date de juin, et il est particulièrement intéressant
45:10 parce qu'il s'appuie sur 11 enquêtes menées par les Cours régionales des comptes
45:14 l'an dernier sur des sujets précis,
45:16 comme les déchets déménagés, la sécurité privée,
45:19 la gestion du bon milieu national,
45:21 l'allocation aux adultes handicapés ou encore l'ordre des médecins.
45:24 Alors, rassurez-vous, je ne vais pas vous faire les 11.
45:27 J'en ai choisi trois qui nous concernent tous,
45:30 à commencer par les déchets ménagers.
45:33 Dans ce domaine-là, il y a eu à la fois une enquête nationale
45:37 et des contrôles dans plus d'une vingtaine de communes
45:39 et d'agglomérations de communes, dont Paris et Aix-Marseille.
45:43 Vous savez que le problème perdure.
45:46 Le problème perdure, figurez-vous, puisqu'autour de la gare Saint-Charles,
45:49 c'est vrai que les poubelles débordaient.
45:51 La municipalité a demandé qu'on renettoie tout ça.
45:54 Ce fut fait en fin de semaine dernière.
45:56 Aujourd'hui, on a reçu des photos, ça redéborde de nouveau.
45:58 Oui, oui. Donc, il va falloir recommencer.
46:01 Mais en fait, là, la Cour des comptes s'intéresse à la gestion des déchets ménagers
46:05 sous un angle particulier.
46:06 Elle regarde si la France est donnée les moyens d'atteindre l'objectif
46:09 qu'elle s'est fixé, la réduction de 15 % de ses déchets,
46:12 par rapport à 2010, et ce, d'ici 2030.
46:17 Et alors, résultat ?
46:18 Quand je vais vous répondre en langage Cour des comptes,
46:20 les résultats se situent en deçà des ambitions.
46:23 C'est un joli euphémisme, non ?
46:26 Le volume annuel de déchets par habitant ne diminue pas ou à peine.
46:29 En 2019, c'était 583 kilos.
46:33 En 2011, c'était 590 kilos.
46:37 7 kilos de moins en 8 ans.
46:39 Peu mieux faire.
46:40 Donc, à ce train-là, si je ne me suis pas trompée dans mes calculs,
46:42 il faudra plus de 100 ans pour atteindre l'objectif fixé par Emmanuel Macron.
46:47 Pour le plastique, c'est encore pire.
46:49 Le programme du président visait 100 % de plastique recyclé
46:53 sur tout le territoire d'ici 2025.
46:56 Chez nous, le taux de recyclage des emballages en plastique
46:59 plafonne autour de 26 % depuis une dizaine d'années.
47:02 Ce qui fait de la France l'un des plus mauvais élèves de la classe européenne.
47:06 La classe européenne, dans la moyenne, recycle plus de 40 % de ses déchets plastiques.
47:12 Les plus performants à la matière, c'est les Pays-Bas et l'Allemagne.
47:15 Ils tournent autour de 50 % de déchets plastiques recyclés.
47:19 Alors pourtant, des annonces avaient été faites en France pour aller dans le bon sens.
47:23 Oui, mais précisément parce que ça n'avançait pas.
47:26 Il a fallu attendre 2019 pour que Brune Poirson, vous vous rappelez Brune Poirson ?
47:30 Secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique.
47:34 C'est joli à regarder aussi en tant que ministre.
47:36 Qu'est-ce que c'est cette remarque ?
47:37 Oh pardon, je ne sais pas de qui il a répondu tout de suite.
47:40 Il faut qu'une des deux femmes du plateau fasse une remarque misogyne.
47:43 Non !
47:44 Bon, enfin bref, il a fallu attendre 2019 pour qu'elle signe avec des entreprises des ONG
47:49 un pacte national sur les emballages plastiques,
47:52 censés transformer en profondeur les habitudes des Français.
47:56 D'ici 2025, un an plus tard, la même Brune Poirson a annoncé que sa loi anti-gaspillage
48:01 allait se traduire par un « big bang » dans nos poubelles.
48:05 Comme nous l'avons tous remarqué, les cotons-tiges et les pailles ne sont plus à plastique
48:09 et on met nos courses alimentaires dans des sacs en papier qui se déchirent.
48:15 Est-ce que ça va suffire pour parvenir au recyclage de 100% du plastique d'ici deux ans ?
48:20 Il est permis d'avoir un doute.
48:22 Quant à Brune Poirson, elle a quitté le gouvernement où son poste a ensuite été supprimé.
48:27 Autre poste qui est très intéressant, très important, c'est celui de la sécurité privée.
48:32 C'est un sujet d'actualité à l'approche de la Coupe du monde de rugby dans moins d'un mois
48:35 et surtout des Jeux olympiques aussi l'année prochaine.
48:37 Oui, d'ailleurs la Cour des comptes mentionne les GO dans son rapport.
48:40 Elle rappelle qu'elle avait formulé dès 2012 auprès des instances représentatives de la sécurité privée
48:46 des recommandations qui ont été, dit-elle, inégalement suivies des faits.
48:50 C'est toujours le sens de l'euphémisme.
48:52 Et que l'approche des GO fait de leur application une urgence.
48:55 En fait, la carte d'agent de sécurité est délivrée pour cinq ans,
48:58 pendant lesquels le titulaire doit subir des contrôles de moralité.
49:02 En 2017, la Cour avait constaté que ces contrôles étaient quasi inexistants.
49:06 Elle a fait une nouvelle enquête l'an dernier.
49:08 Selon elle, il y a davantage de contrôles, mais ils ne sont toujours pas assez nombreux.
49:12 Et surtout, les critères d'éviction de la profession sont mal définis,
49:16 notamment en matière d'antécédents judiciaires.
49:19 Tout en inquiétant comme nouvelle.
49:21 Oui, mais en règle générale, le rapport est inquiétant.
49:24 On est frappé par le flou artistique qui entoure la gestion des fonds publics.
49:28 Dans les pages consacrées à l'allocation adultes handicapés, par exemple,
49:32 la Cour rappelle que son coût a augmenté de plus de 70 % en une décennie,
49:38 de 2009 à 2019, et de 16 % supplémentaires depuis 2019.
49:44 Soit 11,9 milliards d'euros en 2022 pour 1,25 million d'allocataires.
49:51 La Cour relève une forte disparité des taux d'attribution entre départements qui demeurent,
49:56 dit-elle, c'est charmant, non étudiés, ni expliqués.
50:01 Je vous cite au mot près.
50:03 Elle écrit que les raisons de la hausse tendancielle des bénéficiaires de la HA
50:07 ne sont pas totalement connues.
50:09 On ne parle que de 11,9 milliards d'euros.
50:12 C'est un peu le serpent qui se mord la queue.
50:14 Finalement, si la Cour des comptes ne peut que déplorer que ses propres recommandations
50:18 sans avoir suivi d'aucun effet, à quoi sert-elle ?
50:21 Elle lève des lièvres, ce qui n'est déjà pas mal,
50:24 mais elle remplirait sa mission de façon beaucoup plus efficace
50:26 si elle travaillait de façon beaucoup plus étroite avec le Parlement.
50:30 Son homologue britannique le fait le National Audit Office.
50:34 Selon l'article 24 de notre Constitution, je le rappelle,
50:38 le Parlement vote la loi, contrôle l'action du gouvernement
50:40 et évalue les politiques publiques.
50:42 Dans les faits, il vote ce qu'on lui dit,
50:46 et seul le Sénat fait réellement son travail de contrôle et d'évaluation
50:50 dans la mesure de ces moyens qui sont limités.
50:53 On a l'impression qu'on touche là, encore une fois,
50:55 à notre millefeuille, à notre usine à gaz d'entité
50:58 censée contrôler pour des effets qui sont très limités.
51:01 Oui, puis avec des domaines entiers qui ne sont pas couverts ou pas enquêtés,
51:05 c'est ça si j'ai bien compris.
51:07 C'est-à-dire qu'on tisse des pistes, mais on ne va pas jusqu'au bout.
51:10 C'est surtout qu'on n'a pas les moyens de contrôler les recommandations.
51:14 Ça c'est tout nouveau, ce dont je vous parle.
51:16 En fait, il n'y avait pas ces enquêtes régionales,
51:20 la Cour des comptes qui est allée voir ce qu'on avait fait,
51:22 c'est mon conseil.
51:24 Alors, ce qui est un peu troublant, c'est qu'évidemment,
51:26 la Cour des comptes ne va pas se tirer une balle d'empli
51:29 en disant "on ne sert à rien", "on crie dans le désert",
51:32 "on a beau faire des recommandations, elles ne sont jamais appliquées",
51:36 elle dit que c'est un bilan globalement satisfaisant.
51:40 Mais en fait, il ne l'est pas du tout.
51:42 Non, un bilan en deçà des espérances ou des objectifs visés.
51:47 Oui, le conseil du gouvernement.
51:49 Mais sur certains sujets, ils sont devenus de véritables marronniers,
51:53 puisqu'on en parle à chaque budget et à chaque rappel de la Cour des comptes,
51:56 qu'elle soit régionale, déconcentrée ou la Cour des comptes telle que vous l'avez évoquée.
52:01 Par exemple, sur les exonérations de charges sociales,
52:05 de cotisations sociales patronales, c'est près de 90 milliards, c'est énorme.
52:10 Beaucoup d'experts économiques, et la Cour des comptes l'a rappelé,
52:13 disent que ça n'a presque pas d'effet sur l'emploi, sur la compétitivité,
52:18 entre 2,5 et 3,5 SMIC.
52:21 On pourrait réfléchir au sujet.
52:24 Et Bruno Le Maire vient de dire non.
52:27 Donc sur certaines niches, disons,
52:30 où il n'y a pas d'efficacité, qu'elles soient sociales, fiscales, que sais-je,
52:36 malgré les rapports qui existent.
52:39 J'ai une enquête sénatoriale, c'est vrai que sur le contrôle du Parlement,
52:43 le Sénat a marqué des points, sur le crédit impôt recherche par exemple.
52:46 Il y a eu un rapport sénatorial sur le crédit impôt recherche,
52:49 je me suis dit on ne peut pas continuer comme ça.
52:50 Il faut au moins une traçabilité, voir si vraiment c'est bien utilisé ou pas.
52:53 On avait vu un scandale concernant Sanofi,
52:55 qui s'était déchargé de sa puissance de recherche,
52:58 alors qu'il touchait pas mal de crédits impôts recherche.
53:02 Toutes ces questions sont instruites, documentées, d'année en année,
53:07 sans que les politiques publiques ne changent d'un iota.
53:11 Pourquoi selon vous ? Parce qu'ils n'ont pas envie de s'y attaquer ?
53:16 Parce qu'ils n'ont pas le temps ? Il y a d'autres dossiers ?
53:18 Il faut une volonté, d'abord, c'est la volonté politique.
53:21 La politique ça reste quand même ça, c'est-à-dire voilà la direction que je veux prendre,
53:24 et on va y aller.
53:25 Il y a le poids des administrations centrales, qui existe aussi,
53:28 on ne peut pas faire comme si elles n'existaient pas.
53:30 Et puis certaines formes de choses qui se reproduisent.
53:35 Oui, et puis il y a une forme de démagogie aussi.
53:37 Quand on parle de 1,25 million d'allocataires d'allocations adultes handicapés,
53:43 l'allocation d'adultes handicapés, elle est très faible.
53:45 Il y a des tas de gens handicapés qui ne peuvent pas vivre avec.
53:49 Alors, qui est des fraudes et des abus ? C'est évident.
53:52 Mais le sujet est tellement délicat, qu'avant de s'attaquer aux fraudes et aux abus,
53:57 on dira au gouvernement "faites en sorte déjà que cette allocation permette de vider sa mort".
54:02 Voilà, donc pour ne pas froisser, on préfère mettre le couvert sur la marmite.
54:09 Merci pour cet éclairage, Judith.
54:11 Ça avait l'air obscur comme ça, effectivement,
54:13 mais ça va mieux quand on explique à quoi ça sert, et si on comprend à quoi ça sert.
54:18 Il nous reste quelques minutes pour évoquer quelque chose qui vous a impressionné aujourd'hui.
54:23 Je peux le faire demain.
54:25 Non !
54:27 Je vous dis pourquoi, parce que j'ai reçu un message très intéressant.
54:29 Ah mais non !
54:31 Demain, je vous lirai le message que j'ai reçu sur la première année en médecine.
54:34 Ah, allez-y.
54:36 Esprit de suite.
54:37 Il nous reste du temps pour tout.
54:38 Allons-y. C'est une réaction à ce que vous nous avez expliqué tout à l'heure.
54:40 Oui, c'est une réaction que j'ai reçue sur les réseaux sociaux.
54:42 Les réseaux sociaux, c'est pour le pire et le meilleur. Là, c'est pour le meilleur.
54:45 Première année en médecine à Bordeaux, ils étaient 150 sur les 1 400 au départ,
54:50 90 grands et demi qui n'ont pas eu besoin de passer l'oral,
54:54 18 sont restés sur le carreau à cause d'un oral qui n'ont pas réussi sur une histoire de ballon.
54:59 On s'en souvient de ces affaires d'oral en histoire de médecine totalement décalées.
55:04 Et on me parle de quelque chose de très important, de très intéressant.
55:08 Sur Bayonne, Saint-Palais, Mont-de-Marsan et Dax, il y a un partenariat entre l'ensemble de ces établissements
55:13 pour justement faire que les internes et des gardes, que le temps de travail soit mieux aménagé.
55:20 C'est peut-être une solution aussi pour le nouveau ministre, qu'il puisse systématiser des expériences locales
55:25 qui vont dans la bonne direction. En tout cas, je vous remercie pour le message.
55:28 Voilà, c'est de l'interaction entre les téléspectateurs.
55:31 Vous voulez que je vous parle des associations ?
55:32 Oui, parce que vous nous avez dit avoir été impressionné en lisant la presse ce matin.
55:35 La République des Pyrénées, Pente-Palastier.
55:37 Je ne sais pas comment vous faites, Barbara.
55:39 On salue au passage nos confrères de la presse régionale qui travaillent au quotidien sur le terrain au plus près des Français.
55:44 Vous avez mesuré la vigueur de la vie associative.
55:46 Oui, j'aime bien commencer ma rue de presse par la PQR, la presse quotidienne régionale,
55:50 avec ce beau titre que vous avez énoncé, la République des Pyrénées, mais aussi Sud-Ouest, Béarn et Soule.
55:57 Alors attention, parce que vous allez vous faire des...
55:59 Oui, mais là c'est chez moi, là c'est chez moi.
56:00 Il faut citer toute la France.
56:01 C'est chez moi, donc désolé.
56:02 2 minutes 30 pour saluer tout ce qui se passe justement au niveau local.
56:06 1,3 million d'associations actives en France, 20 millions de bénévoles.
56:10 Et il y a dans la République des Pyrénées un cahier central avec 3-4 pages, écrits tout petits,
56:15 avec l'ensemble des rendez-vous, des initiatives tout au long des 15 prochains jours.
56:20 À Morla, c'est un apéritif d'accueil pour touristes et visiteurs.
56:24 On a déjà les saucisses frites le 27 août du côté des Hauts-de-Gaulle.
56:27 Oui, alors naï, il y a 5 jours de fêtes qui vont démarrer.
56:32 La régie des fêtes présente le programme.
56:34 A Béhost, je connais bien, c'est très joli.
56:36 Alors faites pas tout le calendrier.
56:37 Lecture musicale, lecture musicale au château.
56:40 Je termine par Salise de Berne, la Piperade qui est à l'honneur le 15 août, demain.
56:46 10 équipes vont être donc en compétition de 14h à 17h.
56:51 Vous souriez, c'est très important chez nous la Piperade.
56:53 Mais je souris parce que ça me donne envie en fait.
56:56 C'est très important, il ne s'agit pas de la louper.
56:58 Donc je voulais simplement rendre hommage aux bénévoles.
57:02 20 millions, c'est énorme.
57:03 Comment ?
57:04 20 millions de bénévoles en France, c'est un chiffre impressionnant.
57:07 Un petit problème sur la pyramide d'âge.
57:09 C'est-à-dire qu'il y a un vieillissement des bénévoles associatifs.
57:13 Il faut que la jeune génération prenne le relais.
57:16 C'est souvent le cas dans les comités des fêtes.
57:18 Dans les petits villages, en tout cas en Béarnes et Soule, c'est le cas.
57:21 La jeunesse se mobilise pour faire des fêtes de village.
57:24 Et la Piperade alors ?
57:25 C'est quoi ?
57:27 Tu sais ce qu'est la Piperade ?
57:29 Pas du tout.
57:30 C'est tomate, oignon, poivron.
57:32 Tu peux rajouter un peu de sucre d'ailleurs.
57:34 Je présenterai la recette demain.
57:36 Il nous reste encore 45 secondes.
57:38 Tu peux rajouter un peu de piment d'Espelette.
57:40 Mais ça dépend.
57:42 Pour t'empêcher, Fabien Roussel, de mettre du tomate dans tes arômes.
57:48 C'est top chef du Béarnes là-dedans.
57:50 Oui, top chef du Béarnes.
57:52 Je m'engage à apporter un pot de Piperade à Régis, à Judith et à vous.
57:58 Attention, vos réseaux sociaux vont être débordés de remarques, je suis sûre.
58:02 Mais comme ça, on en reparle demain avec grand plaisir.
58:04 Merci à tous les trois d'avoir participé à Face à l'Info été.
58:07 Je vous laisse en compagnie d'Élodie Huchard, de ses invités pour l'heure des Pro 2.
58:11 Et je vous retrouve à 21h. A tout à l'heure.
58:13 [Musique]

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