Face à l'Info Été (Émission du 14/07/2023)

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Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h

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Transcript
00:00 Bonsoir à tous, merci d'être avec nous en direct sur CNews dans Face à l'Info,
00:04 version été avec mes invités de ce soir.
00:07 Céline Pina, bonsoir, merci d'être avec nous.
00:09 Vous êtes essayiste à côté de vous.
00:11 Jonathan Cixous, bonsoir.
00:12 Jonathan, merci d'être avec nous également.
00:14 Journaliste pour Causeur, Alexandre Devecchio, bonsoir.
00:17 Vous êtes également avec nous, rédacteur en chef au Figaro.
00:19 Et Jean-Sébastien Ferjoux qui va nous accompagner également,
00:22 qui va arriver dans quelques tout petits instants, directeur de Atlantico.
00:26 Avant de vous donner le programme, on fait un point sur l'actu.
00:29 Le traditionnel défilé militaire du 14 juillet s'est déroulé sur l'avenue des Champs-Elysées ce matin.
00:37 Une cérémonie en présence d'Emmanuel Macron et du Premier ministre indien,
00:40 invités d'honneur de cette fête nationale.
00:43 Le chef de l'État qui a descendu les Champs-Elysées aborde un véhicule militaire devant une foule compacte.
00:47 Une fanfare de 70 musiciens de 12 pays différents a ouvert ce défilé.
00:52 À l'issue de trois semaines de procès, le footballeur Benjamin Mendy a été déclaré non coupable
00:56 de viol et de tentative de viol par la justice britannique.
01:00 Il y a cinq mois, il avait déjà été acquitté pour six autres accusations de viol et une agression sexuelle.
01:05 Le défenseur aux dix élections avec les Bleus avait été suspendu par Manchester City,
01:09 qui a décidé de ne pas renouveler son contrat.
01:12 Et puis toujours aucune trace du petit Émile,
01:14 deux ans et demi disparu samedi dernier dans les Alpes de Haute-Provence.
01:18 Les recherches sur le terrain se sont achevées hier en fin de journée.
01:21 Les 50 gendarmes mobilisés ont donc quitté les lieux.
01:24 Et sur place, les investigations se poursuivent.
01:26 Sachez que le Hamon du Vernet a été bouclé pour les prochains jours.
01:30 Merci beaucoup, cher Simon Guillain, pour ce rappel de l'actualité.
01:33 J'ai oublié le principal, le 14 juillet.
01:36 Joyeuse fête nationale à vous autour de la table.
01:37 Je ne sais pas si ça se souhaite d'ailleurs, joyeuse fête nationale.
01:40 C'est quelque chose qu'on se dit entre nous.
01:42 Bonne fête nat.
01:42 Bonne fête, ouais, bonne fête nationale.
01:44 Bon, en tout cas, voilà, je vous la souhaite à vous également qui vous nous regardez.
01:47 Je vous donne rendez-vous pour regarder le défilé.
01:49 Oui, voilà, c'est ça.
01:50 Et aller au bal surtout.
01:52 Et aller au bal.
01:52 Alors, ce ne sera pas pour nous.
01:53 Peut-être pour vous ce soir, pas pour moi en tout cas.
01:56 Au programme de votre émission, évidemment, le 14 juillet, le défilé ce matin.
02:00 Une réussite ?
02:01 Oui, mais, Jonathan Cixous, vous y voyez autre chose.
02:05 Il y a en tout cas quelque chose que l'on n'a étonnamment pas beaucoup vu aujourd'hui.
02:08 C'est le drapeau français.
02:10 Alors que dans d'autres pays, le drapeau est omniprésent et partie intégrante des fêtes nationales.
02:14 C'est avec Jean-Sébastien Ferjou en début d'émission.
02:17 Le drapeau que l'on n'a pas beaucoup vu et quelqu'un que l'on n'a pas entendu.
02:20 Emmanuel Macron ne s'est pas exprimé alors qu'il avait dit qu'il ferait un point
02:23 sur ces fameux 100 jours d'apaisement autour du 14 juillet.
02:27 Que cela veut-il dire l'éclairage avec vous, Céline Pina, tout à l'heure ?
02:31 Un 14 juillet sur lequel plane également la menace de violences urbaines.
02:34 C'est la raison pour laquelle certaines villes ont annulé les festivités,
02:37 voire même tous les événements de l'été.
02:39 C'est le cas au Blanc-Ménil.
02:40 On s'interrogera sur le principe de casseur-payeur avec vous, Alexandre de Vécchio.
02:45 Alexandre de Vécchio que l'on retrouvera également pour nous parler.
02:48 On va partir à Hollywood un petit peu, prendre un peu de hauteur aujourd'hui.
02:52 Et ce mouvement de grève des acteurs à Hollywood
02:55 qui se sentent menacés par l'intelligence artificielle.
02:59 Voilà donc pour le programme Jonathan Cixous.
03:02 On va débuter avec vous.
03:03 Le défilé du 14 juillet, une réussite.
03:06 Tout le monde est d'accord pour le dire.
03:08 Mais seules les apparences ont été sauvées. Pourquoi ?
03:12 Déjà, c'est pas rien les apparences.
03:14 Rares ont été des défilés ratés.
03:15 Vous avez raison de souligner, Vincent, que le défilé a été une réussite
03:19 dans la plus grande tradition des 14 juillet.
03:22 Et les figures du final du défilé qui ont marqué la fin du défilé,
03:27 vous vous souvenez, cet après-midi, en fin de matinée,
03:30 ils ont inclus ces différents finales,
03:35 des dizaines de jeunes volontaires du service civique
03:38 et du service national universel.
03:40 Et tout cela a été finalement très émouvant parce qu'auprès de ces jeunes,
03:43 auprès des musiciens de la garde républicaine,
03:46 se sont mêlés deux anciens résistants centenaires.
03:49 Des images très touchantes et très émouvantes,
03:52 d'autant plus émouvantes qu'elles nous ont montré finalement
03:56 que la transmission et la filiation étaient toujours en cours dans notre pays.
04:00 C'est émouvant, mais c'est aussi rassurant.
04:02 Rassurant pourquoi ? Parce qu'il y a quelques jours,
04:05 les émeutes dans diverses villes de France nous ont montré
04:08 qu'il y avait toute une part de la jeunesse française
04:11 qui se construisait en rupture totale par rapport à l'État
04:16 et par rapport aux valeurs qu'il véhicule.
04:19 Une jeunesse en gros qui se construit contre lui et contre nous.
04:22 Mais cette jeunesse-là, j'en suis convaincu
04:25 et je sais que je ne suis pas le seul, elle n'est pas faite que d'émeutiers.
04:28 Si vous voulez, ces émeutiers, ils représentent l'écume des choses.
04:31 C'est une marge hyper violente, certes, mais ils restent à la marge.
04:35 Tous les autres, tous les autres, ce sont finalement ces petits Kevin
04:38 et ces petits Matteo, certes aussi ces petits Mohamed,
04:41 pour reprendre la terminologie de Gérald Darmanin,
04:44 c'est-à-dire en fait des jeunes qui se sont assimilés
04:47 à une culture d'une contre société, je m'explique.
04:50 Cette culture, cette contre culture a plusieurs visages.
04:52 Elle a évidemment d'abord, et c'est le plus important,
04:54 le visage identitaire et communautaire issu de ces diasporas
04:59 qui peuplent des quartiers ghettos, mais elle a aussi le visage de l'ignorance,
05:02 le visage de la non-connaissance, tout simplement,
05:05 et dans son absolu, de ce que nous sommes et de ce qui nous lie.
05:09 La faute d'abord à l'éducation nationale, la banqueroute de l'école,
05:13 le niveau en lecture, en calcul, ce niveau des petits Français,
05:17 il ne cesse dramatiquement de baisser année après année.
05:20 J'ai même recueilli récemment le témoignage d'un prof de collège
05:23 qui me disait qu'il est fréquent désormais que les élèves en troisième
05:26 aient un niveau plus faible que quand ils entrent en sixième
05:29 ou d'autres exemples encore d'élèves qui, en cinquième,
05:32 ne savent pas placer les continents sur une carte,
05:35 alors même qu'ils se disent sénégalais ou tunisiens par ailleurs.
05:38 C'est assez marquant comme révélateur d'un non-savoir finalement
05:42 qui est transmis, si je puis dire.
05:44 Il y a également des petits Français aussi qui peuvent ne pas avoir...
05:48 Et heureusement, c'est la majorité.
05:51 Mais je veux dire, il y a quand même ce que je souhaite illustrer là,
05:54 c'est un phénomène grandissant d'une contre-culture qui grossit.
05:59 Qui grossit aussi pourquoi ?
06:00 Parce qu'à ce triste tableau, il faut ajouter le lobbying wokiste
06:04 et la sous-culture, et là, on est loin du détail,
06:06 cette sous-culture des réseaux sociaux,
06:08 cette sous-culture des influenceurs qui sont, notons-le,
06:12 de plus en plus influents.
06:14 Et on a donc, le résultat, c'est quoi ?
06:16 Des citoyens en devenir qui sont de plus en plus paumés.
06:20 Les plus faibles et les plus influençables,
06:22 ils servent bassement de marche-pied à des politiques
06:25 qui sont tout aussi cyniques que dangereux.
06:26 En disant ça, je pense bien sûr à la France insoumise
06:29 qui joue la carte communautaire à fond
06:31 et la mode des vidéos TikTok pour transmettre ses messages
06:35 et glaner des voix.
06:36 Et puis, par ailleurs, dans une autre mesure,
06:39 il y a aussi l'Union européenne qui ne cesse d'ouvrir la porte
06:42 ou de tenter d'ouvrir la porte de nos institutions,
06:44 par exemple, aux frères musulmans.
06:46 Alors, tout ça, ce sont des rivières à contre-courant
06:48 qui ne peuvent se rejoindre pour faire le fameux grand fleuve
06:52 qu'on appelle une nation.
06:53 Voilà donc pour votre constat, Jonathan Siksu,
06:56 quelle est votre solution désormais
06:58 pour inverser cette dynamique que vous expliquez ?
07:01 Alors, je ne vous cache pas que je ne suis pas
07:03 d'un optimisme retentissant en la matière,
07:06 mais des solutions existent cependant,
07:09 j'en suis convaincu.
07:11 Et je pense qu'elles sont à piocher dans les éléments
07:13 que je viens d'évoquer, par exemple dans l'éducation.
07:17 Permettez-moi un parallèle avec l'institution judiciaire,
07:19 par exemple, les lourdes peines qui ont été prononcées
07:22 ces derniers jours à l'encontre des casseurs,
07:24 mais aussi à l'encontre de ceux qui ont profité des pillages.
07:27 Ceux qui sont, par exemple, entrés dans une boutique
07:30 qui avait été éventrée, ils sont rentrés,
07:33 ils ont piqué n'importe quoi,
07:34 et bien eux aussi ont été condamnés à de fortes peines.
07:37 Et ça a montré quoi ?
07:39 La justice, en appliquant la loi,
07:41 eh bien, elle remplissait pleinement son rôle,
07:43 tout simplement.
07:44 Ça veut dire qu'elle punissait les coupables
07:46 et elle dissuadait les autres de commettre des méfaits.
07:49 Si les programmes de l'éducation nationale
07:51 revenaient, par exemple, à un enseignement classique,
07:53 à savoir apprendre à lire, à écrire, à compter,
07:57 au lieu de distiller une doctrine,
08:00 notamment celle du questionner le monde,
08:02 si chère à de nombreux professeurs,
08:05 si elle abandonnait également la culture de l'excuse pour les uns
08:08 et l'apprentissage de la repentance éternelle pour les autres,
08:12 l'éducation nationale recréerait, j'en suis certain là aussi,
08:16 ce lien qui doit unir les Français
08:18 plutôt que de les diviser en groupes ethniques et identitaires.
08:23 Même chose en politique.
08:24 Je ne vois pas comment on peut tolérer,
08:25 dans un pays qui est si fracturé,
08:27 des élus qui donnent le mauvais exemple,
08:31 qui quittent le champ républicain, comme dit par exemple
08:33 Elisabeth Borne au sujet des députés de la LFI.
08:36 Dans ce contexte aussi, comment accepter en tant que citoyen,
08:39 tout simplement, que Sandrine Rousseau boycotte
08:42 aujourd'hui le défilé du 14 juillet
08:44 parce que l'invité d'honneur ne trouve pas grâce à ses yeux.
08:47 La quasi totalité des pays dont on dépend d'ailleurs,
08:49 entre parenthèses, ne sont pas des exemples de démocratie,
08:52 mais on doit faire avec, si vous dire,
08:54 si une telle attitude montre le niveau de compétence de Mme Rousseau.
08:58 Enfin, il faut avoir un discours clair et compréhensible par tous.
09:02 Et pour cela, en même temps, n'est pas franchement audible.
09:07 On ne peut pas dire un jour, la culture française n'existe pas,
09:09 et puis un autre jour, faire un tour mémoriel
09:11 sur tous les champs de bataille de la guerre de 14,
09:14 parce qu'il en résulte quoi ?
09:17 Ceux qui savent, continuent de savoir,
09:19 et ceux qui ne savent pas, n'en savent pas plus.
09:21 Et justement, le lien commun passe par cette mémoire commune.
09:25 Et pour vous, c'est donc l'histoire ?
09:26 J'en suis convaincu.
09:28 Entre autres, oui, parce que la mémoire commune,
09:30 ce socle commun, si elle passe par l'histoire,
09:33 la connaissance de l'histoire, permet de mieux comprendre notre présent.
09:37 Et j'entends par histoire aussi bien la grande histoire que la petite histoire.
09:42 Et je voulais pour conclure, en ce 14 juillet d'ailleurs,
09:44 vous donner quelques anecdotes autour de cette date si importante dans notre histoire.
09:49 Le 14 juillet que nous célébrons aujourd'hui,
09:51 ce n'est pas le jour anniversaire de la prise de la Bastille,
09:54 c'est le jour anniversaire de la fête de la Fédération,
09:56 un an plus tard, en 1790.
09:58 Attention, Marc Menand nous regarde peut-être,
09:59 et il sera intransigeant sur ce que vous dites.
10:02 Je suis prêt à affronter le regard de Marc Menand,
10:06 et ravi s'il devait nous faire quelques remarques à ce sujet.
10:10 Allez-y Jonathan.
10:11 1790, 14 juillet 1790, fête de la Fédération,
10:14 sur le Champ de Mars, en plein Paris,
10:16 un grand cirque à l'antique qui a été construit,
10:20 quelques 100 000 Français venus de la France entière
10:22 sont réunis autour de la famille royale
10:24 pour célébrer cette nouvelle France.
10:26 Il est hors de question à ce moment-là de parler de république,
10:28 mais plutôt de poser les jalons d'une nouvelle constitution
10:32 pour inventer une monarchie constitutionnelle à la française.
10:36 C'est vraiment un jour d'union sacrée,
10:38 et c'est ce 14 juillet-là que nous célébrons aujourd'hui.
10:41 Et pourquoi ce n'est pas le 14 juillet 89 que nous célébrons ?
10:45 Parce qu'en fait, il n'est pas si glorieux que ça, ce 14 juillet 89.
10:48 Il y a un homme qui s'appelle M. Palloy,
10:50 un citoyen pallois, qui est entrepreneur de son État,
10:53 un peu trop entrepreneur d'ailleurs,
10:55 parce que l'objectif de la prise de la Bastille, c'était quoi ?
10:58 Ce n'était pas de la prendre au sens propre,
10:59 c'était d'en ouvrir les portes pour prendre les réserves de poudre.
11:02 Chaos total, évidemment, dans la prise du monument, du bâtiment.
11:06 La poudre est prise, et Palloy s'approprie ce bien,
11:09 en capte un bien privé, en quelque sorte,
11:11 et décide le soir même de commencer à démanteler la Bastille
11:14 pour en vendre les pierres, à titre privé.
11:16 Le chantier est rapidement légalisé,
11:19 il s'arrange avec les autorités de la capitale pour cela,
11:22 mais c'est vous dire que ça entache un peu la grandeur du geste initial
11:26 de la prise de la Bastille.
11:28 D'autant que détruire la Bastille, c'était déjà dans les tuyaux.
11:31 C'est-à-dire que ça ne devait pas être les révolutionnaires
11:33 qui devaient détruire la forteresse médiévale,
11:36 mais la couronne de France.
11:37 Nous avons encore aujourd'hui aux archives,
11:39 les plans d'une place Louis XVI,
11:41 incarnant tous les statues, tous les canons des Lumières,
11:44 une place qui n'aurait donc plus eu ce souvenir médiéval,
11:49 mais une grande place pour apporter de l'air, de la lumière
11:52 et des fontaines pour apporter de l'eau.
11:54 Un dernier mot, si j'ai quelques secondes,
11:56 pour revenir et pour conclure sur ce 14 juillet 1790
12:01 et cette fête de la Fédération,
12:03 grande messe très kitsch, comme l'aimaient les révolutionnaires
12:06 à ce moment-là, il y avait au centre de ce cirque antique,
12:09 un hôtel, l'hôtel de la nation, l'hôtel de la patrie.
12:12 Et c'est un certain Talleyrand Périgord,
12:15 archevêque d'Ottawa, qui a fait une messe
12:16 parmi toutes les cérémonies autres qui se déroulaient là.
12:21 C'est la seule messe d'ailleurs qu'il a faite de sa vie
12:22 parce que Talleyrand était un grand libertin et un grand coureur.
12:26 Et pour traverser les quelques centaines de mètres
12:28 qui le séparent des loges, dirions-nous aujourd'hui,
12:31 jusqu'à l'hôtel, il est escorté par le général Lafayette.
12:34 Et là, en marchant tous les deux, Talleyrand glisse à Lafayette.
12:37 Surtout, ne me faites pas rire.
12:39 Merci beaucoup, Jonathan Cixous.
12:41 Alors vraiment bravo parce que vous avez fait en deux minutes
12:43 ce que Marc Menand aurait fait en trois heures et demie, à peu près.
12:46 Bon voilà, on le charrie, mais on aime beaucoup Marc
12:48 s'il vous regarde ce soir.
12:50 Jean-Sébastien Ferjou, bonsoir.
12:52 Merci d'être avec nous.
12:53 Vous êtes donc directeur d'Atlantico.
12:55 On va revenir avec vous sur le 14 juillet, évidemment.
12:58 Alors vous, il y a quelque chose qui vous a choqué, en tout cas,
13:02 perturbé, peut-être pas, mais interloqué en regardant les images de ce défilé.
13:06 C'est quelque chose qui manquait sur ces images.
13:09 Qui a attiré mon attention, en tout cas.
13:11 Je voulais commencer par autre chose.
13:12 Ce n'était pas prévu, mais puisque le 14 juillet, c'est la fête nationale,
13:15 quand même, en parlant de fierté nationale.
13:17 Là, je viens d'avoir un peu honte parce que j'étais dans le métro.
13:20 Figurez-vous qu'à la Concorde, justement, en bas des Champs-Élysées,
13:23 pour prendre le métro, c'est quasi impossible.
13:25 Donc, j'étais avec des touristes, beaucoup de touristes qui avaient leur valise.
13:28 Deux jeunes dames, moyennement jeunes d'ailleurs, mais bref, philippines.
13:32 Figurez-vous, il a fallu qu'elles attendent plusieurs rames avant de monter.
13:36 Elles ont été bousculées.
13:37 Il y a eu une altercation ce jour-là.
13:40 Normalement, les transports, franchement, je connais beaucoup de pays au monde.
13:44 Normalement, à part le Japon, c'est en France que c'est le mieux.
13:46 Mais ce n'est absolument plus le cas.
13:48 Et la manière dont sont traités les touristes à Paris,
13:50 franchement, ça fait honte, même un jour de fête nationale.
13:53 Mais bref, c'est dit en passant.
13:56 - En même temps, c'est excusé, vous avez remarqué que tu es en retard.
13:59 - Effectivement, bravo.
14:01 - Non, mais...
14:01 - Mais Alexandre Devecchio, ce n'est pas correct ce que vous faites.
14:03 Parce que je n'ai pas insisté là-dessus.
14:04 C'est vous qui le dites.
14:05 Moi, je n'ai rien dit.
14:06 - Mais c'est à qui de le dire ?
14:07 - Je me permets de le faire, parce que de toute façon,
14:09 peu importe ce que ce soit lié à la fête nationale ou non,
14:11 je suis souvent en retard.
14:15 Mais oui, comme je vous le disais, je regardais les images ce matin.
14:18 Et c'est vrai que je me suis fait la réflexion qu'on ne voyait pas beaucoup de drapeaux.
14:22 On ne voyait pas beaucoup de drapeaux bleu-rouge.
14:24 Alors, ils y sont sur les Champs-Elysées.
14:25 Ils y sont incontestablement.
14:26 Ils sont plutôt sous les arbres.
14:28 Ils sont un peu bas.
14:29 Mais ils ne sont pas, quand vous regardez, moi, il y a des images qui m'ont frappé.
14:33 J'imagine que beaucoup de gens ont en tête les images.
14:35 On les a commentées sur les chaînes de télévision françaises du mall.
14:38 Vous savez, cette avenue à Londres qui va vers l'esplanade du palais de Buckingham.
14:43 Et les drapeaux britanniques étaient énormes.
14:46 Quand vous regardez des parades sur la 5e avenue à New York,
14:48 les drapeaux américains, il y en a partout.
14:50 Ils pendent des immeubles.
14:51 Ils sont énormes.
14:52 Là, en France, c'est discret.
14:54 Alors, je ne sais pas si c'est une discrétion de bonne alloi ou si,
14:57 tout simplement, on n'a pas un peu un problème, justement, avec notre drapeau.
15:00 Pas véritablement en avoir honte, mais à ce que la République,
15:04 ou en tout cas cette République, ne l'assume que moyennement.
15:08 Parce que le drapeau britannique, comme je vous le disais, on le voit partout.
15:11 D'ailleurs, la meilleure preuve, c'est qu'on le voit aussi dans les magasins en France.
15:13 C'est une star du design, le drapeau britannique.
15:16 Vous savez, l'union jack avec la croix, comme ça.
15:18 Enfin, toutes les croix, d'ailleurs, des drapeaux d'Angleterre, du Pays de Galles.
15:21 Exactement.
15:22 Mais on le voit aller dans des magasins d'ameublement.
15:24 Vous trouvez, vous pourrez acheter des couettes, des tapis, des meubles
15:28 qu'on retrouve dans la chambre des adolescents français.
15:30 Tout comme on y retrouve des drapeaux américains,
15:32 on n'a pas l'impression qu'il y ait grand monde qui ait une couette
15:36 qui soit bleu, blanc, rouge, ni un dessus de clic-clac, ni quoi que ce soit d'autre.
15:40 Et c'est quand même un sujet.
15:41 Regardez Izzy Aijlin, elle n'était pas dans une mini-robe bleu, blanc, rouge.
15:44 Moi, je me souviens de Spice Girl,
15:47 voilà, emballée, je ne sais pas comment on dit.
15:49 C'était très saillant en tout cas, dans une mini-robe
15:54 avec la couleur de l'union jack, justement.
15:56 Et ça, nous ne l'avons pas en France.
15:58 Mais pourquoi ne l'avons-nous plus ?
16:00 Et j'ai l'impression que c'est comme si on avait l'impression quand même
16:02 que c'était un symbole un peu ringard.
16:04 Aux États-Unis, là encore, mais ce n'est pas le seul pays,
16:06 le jour du 4 juillet, le jour de la fête nationale, les gens mettent,
16:09 d'ailleurs, ils ne le mettent pas seulement ce jour-là,
16:11 au Texas, vous pouvez en trouver tout le reste de l'année aussi.
16:14 - Au balcon, dans le jardin, etc.
16:16 - Les gens le mettent dans leur jardin, ils en décorent leur maison,
16:19 quelques Français le font, mais c'est vrai, quand même pas beaucoup,
16:22 comme si on avait une gêne quand même avec ce drapeau bleu, blanc, rouge,
16:25 alors même qu'il est plébiscité.
16:27 Et c'est vrai que c'est étonnant.
16:28 Et il y a ce petit côté ringard, je ne sais pas d'où ça vient.
16:31 Et j'entendais sur une chaîne en Zappant ce matin,
16:33 quelqu'un qui regardait la garde républicaine,
16:35 qui disait "oh, c'est quand même un peu ringard, la garde républicaine".
16:37 Mais est-ce qu'on dit ça ? Est-ce que les commentateurs français disent ça
16:40 quand ils commentent les fêtes de la monarchie britannique ?
16:43 Parce que c'est ça qui est quand même fabuleux,
16:45 c'est qu'un défilé républicain avec la garde républicaine,
16:48 on a des gens, et c'est leur droit, je m'en fiche,
16:50 c'est juste une observation, on est bien libre de dire ce qu'on veut dans ce pays,
16:54 mais qui trouvent la garde républicaine ringarde
16:56 et qui vont vraiment s'esbaudir devant les fêtes de la monarchie britannique.
17:01 Voilà, je trouve ça un peu surprenant.
17:03 Et donc les Français ne seraient plus épris de leur drapeau ?
17:07 Les Français eux-mêmes, si, mais je pense que ça renvoie à la fameuse distinction
17:11 de David Goodhart entre ceux qui sont de quelque part et ceux qui ne sont nulle part.
17:16 Et c'est un peu comme si les élites françaises, justement, étaient un peu de nulle part,
17:19 comme si l'attachement national les ennuyait un peu.
17:22 Peut-être parce que dans l'identité française, il y a, comme aux États-Unis,
17:27 la prétention à l'universel.
17:28 Alors, je ne sais pas si c'est lié à ça ou s'ils trouvent que, quand même,
17:31 c'est un peu pechno de s'attacher à son drapeau.
17:35 Les Français, alors la question ne leur est pas souvent posée,
17:37 mais il y avait eu un sondage après les attentats de 2015,
17:40 et pour le coup, 93% des Français disaient qu'ils étaient très attachés au drapeau.
17:45 L'IPSOS aussi et l'IFOP font régulièrement,
17:48 l'IFOP notamment font régulièrement des enquêtes sur ce qui caractérise
17:52 l'attachement des Français à leur identité nationale.
17:55 Le drapeau en fait partie, je crois que c'est 84%.
17:58 Alors, on voit qu'il y a une distinction.
17:59 Les gens de gauche préfèrent un peu plus, ils apprécient beaucoup le drapeau aussi,
18:03 mais ils préfèrent un peu plus la devise de la République,
18:05 liberté, égalité, fraternité, là où les gens de droite préfèrent le drapeau.
18:10 Mais ce qui est frappant, c'est que non, ce sentiment d'attachement,
18:12 il est très présent, mais pas beaucoup dans les discours.
18:15 Et on voit bien, regardez, il y a eu cette bataille en quelque sorte,
18:19 il n'y a pas très longtemps, alors que le pays était déjà très fracturé
18:21 au moment des retraites, pour le pavoisement des mairies
18:24 et des bâtiments publics français, avec le drapeau français et le drapeau européen.
18:30 Et moi, ça ne me dérange pas en soi qu'il y ait un drapeau européen.
18:33 Il y avait un sondage chez nous qui avait été publié,
18:34 ça avait choqué quand même un tiers des Français,
18:36 ce qui montre que c'est un sujet.
18:38 Moi, ce qui m'ennuie, c'est que précisément, le drapeau français,
18:41 comme je le disais, on ne le voit pas tant que ça.
18:44 Et pourquoi ne le voyons-nous pas tant que ça ?
18:46 Parce que le mot France, il semblerait qu'il écorche un peu la bouche de certains
18:50 et qu'on parle de la République.
18:52 On a fait un certain nombre d'enquêtes régulièrement avec l'IFOP,
18:55 là encore, mais sur Atlantico.
18:56 Et c'est vrai que les Français, la République, ils sont à la fois très attachés,
18:59 mais ils ont l'impression que c'est un discours qui ne veut plus dire grand chose,
19:02 tellement le décalage entre ce qu'ils ont sous les yeux
19:05 et les valeurs de la République est grand.
19:08 Donc probablement serait-il bon d'arriver à réduire ce décalage,
19:11 d'arriver à tenir des discours qui ne soient pas que désincarnés,
19:14 parce que la fierté nationale, c'est aussi l'incarnation.
19:17 Alors, je ne vous dis pas qu'il faut aller chercher le roi Charles
19:19 et lui proposer la Couronne de France,
19:20 ni rappeler je ne sais qui pour le faire.
19:23 Mais on a quand même, je pense, un sujet d'incarnation, un sujet visuel,
19:27 parce que comme le disait la reine d'Angleterre, pour le coup,
19:29 pour qu'on me croie, il faut qu'on croie en moi, en mon existence,
19:33 il faut qu'on me voie.
19:35 Et bien, aujourd'hui, ce matin, moi, en regardant les Champs-Élysées,
19:38 les plans qui étaient vus depuis la place de la Concorde,
19:40 vous avez toute la perspective et l'arc de triomphe au fond,
19:43 même s'il y avait un drapeau sous l'arc de triomphe lui-même,
19:45 je ne dis pas qu'il n'y avait pas de drapeau,
19:46 mais globalement, quand même, ça ne ressemblait pas du tout
19:49 à un jour de fête nationale chez nos voisins britanniques.
19:51 - Le message est lequel alors ?
19:53 C'est tout simplement, ce soir, si vous allez...
19:55 - Arrêtez, on pensait que c'était ringard,
19:56 en tout cas, peut-être ceux qui pensent...
19:58 Non mais après, chacun fait ce qu'il veut...
19:59 - Et faites plaisir à Jean-Sébastien Ferjou !
20:00 - Non mais on a le droit de mettre un drapeau chinois,
20:02 si on a envie de se rouler dedans pour en faire une coite de l'édition.
20:06 - Bien sûr !
20:06 - Mais comme je le disais, le simple fait que ce ne soit pas,
20:09 souvenez-vous, c'était le cool Britannia du temps de Tony Blair,
20:13 il y avait des drapeaux britanniques partout.
20:15 Le drapeau britannique, c'est un objet pop en soi.
20:17 Le drapeau américain est un objet pop,
20:19 vous le voyez dans des musées, Jasper Jones,
20:21 il y a des tas de gens qui se sont emparés du drapeau américain.
20:23 Le drapeau français, on a l'impression que depuis Delacroix,
20:25 on ne le voit pas beaucoup représenté.
20:26 - Mais il y a un tableau, en fait, qui circule beaucoup sur les réseaux sociaux
20:30 et de fait, la première fois que je l'ai vu,
20:32 j'ai cru que c'était une fête américaine,
20:35 sauf que comme c'était le 14 juillet, je me suis dit non, ce n'est pas possible,
20:37 c'est bleu, blanc, rouge, donc c'est français.
20:39 Et c'est un tableau qui a été fait à la fin du 19e siècle
20:42 et on voit des drapeaux bleu, blanc, rouge partout
20:45 et c'est une fête à Paris, c'est une rue au moment de la fête du 14 juillet.
20:50 Donc, à une époque, on les mettait en avant, ces drapeaux.
20:53 - Bien sûr, et les gens en avaient chez eux.
20:55 D'ailleurs, les ventes se sont envolées au moment des attentats de 2015.
20:59 Les gens se sont mis à racheter des drapeaux,
21:01 précisément ce qui montre bien que chez les Français,
21:03 les Français chez nous tous, ce sentiment-là, il existe,
21:07 mais c'est dans la représentation, probablement, on le met moins en avant
21:11 parce qu'on a beaucoup répété, notamment la gauche l'a beaucoup répété,
21:15 le drapeau, ce serait associé au nationalisme
21:17 et comme François Mitterrand le répétait dans son dernier discours,
21:20 le nationalisme, c'est la guerre, ce qui est éminemment contestable
21:23 parce qu'on fait une distinction entre patriotisme et nationalisme.
21:26 En général, les pays s'affrontent sur des intérêts géopolitiques,
21:28 pas juste le sentiment national est exacerbé pour ça,
21:31 comme vous pouvez exacerber un sentiment religieux,
21:34 ce n'est pas nécessairement le moteur en soi.
21:36 - Autre contre-exemple, la Coupe du monde également,
21:38 les événements sportifs qui rassembleur populaire.
21:41 - Oui, mais parce que c'est populaire, justement, c'est ce que je vous disais,
21:43 mais c'est comme si le drapeau, c'était quelque chose de populaire
21:46 et que donc pour les élites, c'est un petit peu gênant
21:48 quand les gens se sont mis à mettre des drapeaux blancs-rouges
21:51 sur les réseaux sociaux, justement, après différents attentats.
21:54 Il y a des gens qui ont dit, ah non, quand même, c'est un peu embêtant
21:56 parce qu'en plus, ils associent ça souvent au Rassemblement national.
22:00 Et c'est comme si, parce que le Rassemblement national
22:02 avait fait de la flamme tricolore ou de la cocarde un emblème,
22:06 c'est comme si du coup, c'était devenu radioactif pour tous les autres,
22:09 alors que précisément, aux yeux des citoyens français, ça ne l'est pas.
22:12 Il me semble que cette année, entre toutes les années,
22:14 après ce que nous avons vécu, il n'aurait pas été si mal que ça
22:17 de voir des Champs-Élysées un peu plus bleu blanc rouge qu'ils n'étaient aujourd'hui.
22:22 - Alexandre Devecchio, rapidement.
22:23 - Non, ce qui est paradoxal, c'est qu'effectivement,
22:25 c'est aujourd'hui une partie de la gauche qui semble avoir un problème avec le drapeau.
22:29 D'ailleurs, longtemps, la gauche ne chantait pas la marseillaise non plus dans ses meetings.
22:33 C'est assez récent.
22:34 Quand Jean-Pierre Chevènement avait fait campagne en 2002,
22:36 on lui avait reproché justement le drapeau et la marseillaise,
22:38 alors que c'est un emblème, justement, on parlait du 14 juillet de la Révolution française,
22:43 qu'à l'origine, la gauche était nationaliste.
22:48 En réalité, en France, comme elle était très laïque,
22:51 ce qui est amusant, c'est qu'aujourd'hui, ça a totalement basculé
22:55 et c'est la droite qui est plutôt nationaliste et plutôt laïque.
22:59 - La seule personne qui a le drapeau français sur lui aujourd'hui,
23:02 sur ce plateau en tout cas, c'est Jonathan Sixou.
23:04 - J'attendais que quelqu'un le remarque.
23:06 - C'est désormais chose faite.
23:08 Bravo à vous et merci.
23:09 - Je suis surpris que les Champs-Élysées...
23:12 - Beaucoup de bleu néanmoins, c'est déjà un bon début.
23:16 Eh bien, c'est déjà l'heure de la pause.
23:17 Vous restez bien avec nous, on revient tout de suite sur CNews.
23:19 [Musique]
23:23 De retour sur CNews dans Face à l'info, version été,
23:28 toujours avec Céline Pina, avec Jonathan Sixou,
23:30 Jean-Sébastien Farjou et Alexandre Devecchio.
23:33 Merci à vous d'être avec nous en ce jour de fête nationale.
23:36 Alexandre Devecchio, c'est à vous.
23:38 Suite aux émeutes, la municipalité du Blanc-Ménil, en Seine-Saint-Denis,
23:42 veut financer les réparations de ces émeutes
23:46 en sanctionnant les émeutiers et leur famille.
23:49 Et aussi et surtout en supprimant les activités estivales.
23:52 Est-ce que selon vous, c'est une bonne solution de punir les habitants ?
23:57 - Oui, la mairie du Blanc-Ménil a annoncé des sanctions ciblées
24:00 sur les délinquants et leur famille.
24:01 Ces derniers se verront exclus de toutes les organisations faites pour les enfants
24:05 au moment des vacances d'été, centres de loisirs,
24:08 départ en vacances avec la ville.
24:10 Et ne bénéficieront pas des 3 000 billets d'accès aux bases de loisirs notamment.
24:14 La municipalité a également annoncé l'annulation de Beach-Ménil.
24:19 C'était une plage éphémère qui devrait ouvrir le 15 juillet.
24:24 Moi, je crois que ce n'est pas une mauvaise méthode.
24:28 Pourquoi ceux qui n'ont pas cassé, si vous voulez, devraient-ils payer ?
24:33 Ou pourquoi serait-ce à l'État de payer ?
24:35 L'État avec nos impôts au moment où il n'y a pas assez de lits à l'hôpital,
24:41 où il n'y a pas assez de fonctionnaires de police,
24:43 où l'armée est à l'os, où les transports publics ne fonctionnent pas,
24:48 peut-être qu'il faut mettre l'argent ailleurs
24:51 et faire payer effectivement les principaux responsables.
24:55 Et en plus, je pense que réparer tout de suite sans qu'il y ait cette sanction symbolique,
25:00 finalement, c'est relativiser l'acte.
25:03 C'est faire comme s'il ne s'était rien passé et c'est donner le sentiment aux émeutiers
25:09 qu'ils ont, pardonnez-moi l'expression, niqué en quelque sorte la France deux fois.
25:13 Une première fois en cassant tout,
25:15 une deuxième fois en faisant que c'est l'État qui répare et que ce n'est pas grave.
25:21 Donc, je pense que c'est un message et un symbole qui est envoyé
25:25 de sortir d'une logique aussi de victimisation.
25:27 Parce que souvent, après ce type d'émeute, ce type de phénomène en 2005 notamment,
25:31 qu'a fait l'État ?
25:33 Eh bien, il a déversé beaucoup d'argent sur ses territoires.
25:35 Il a considéré finalement les délinquants et les casseurs comme des victimes.
25:40 Et je trouve que c'est pas mal de sortir de cette logique de la victimisation
25:44 et de l'assistanat tout simplement pour renouer avec des vrais citoyens,
25:47 considérer les habitants de ces quartiers-là comme des vrais citoyens responsables.
25:51 Dans ce cas-là, pourquoi ajouter aux sanctions contre les familles
25:55 l'annulation de cet événement Beach Many ?
25:57 Donc, c'est cette plage éphémère le temps de l'été,
26:00 parce qu'à priori, ce ne sont pas ceux qui emmènent leurs enfants
26:02 qui ont tout cassé dans cette ville.
26:05 Est-ce que c'est pour le coup faire payer tout le monde pour une poignée de personnes ?
26:11 C'est vrai que c'est peut-être la décision la plus contestable.
26:15 Il faut rappeler en plus que ce sont des communes où les gens partent assez peu en vacances.
26:20 Et c'est vrai que ça permet de divertir les enfants, de s'aérer l'été.
26:25 Donc, c'est une décision difficile, mais ça rappelle justement aux émeutiers,
26:30 je disais tout à l'heure qu'ils avaient le sentiment de niquer la France,
26:34 qu'en réalité, ils niquent pas seulement la France et l'État, pardonnez-moi pour l'expression,
26:38 mais ils pourrissent la vie de leurs voisins, de leurs frères, de leurs cousins,
26:43 de leurs mères, de leurs pères.
26:45 Donc, je crois que c'est les mettre face à leur responsabilité face à la communauté.
26:51 Et justement, il ne faut aussi pas se voiler la face.
26:54 Il y a beaucoup de gens qui sont otages, qui sont victimes,
26:56 qui ont peur quand ils habitent dans ces quartiers-là.
26:59 Mais il y a aussi une complaisance parce qu'il y a parfois dans ces quartiers-là
27:03 un réflexe clanique ou un réflexe communautaire.
27:06 On protège les émeutiers ou on ferme les yeux
27:08 parce qu'on a l'impression qu'ils appartiennent à la famille.
27:11 Et donc, je pense que mettre tout le monde face à sa responsabilité est une bonne chose.
27:15 C'était une décision difficile, mais c'est un symbole qu'on en voit.
27:19 Faut-il y voir un changement de paradigme par rapport à la politique de la ville,
27:23 souvent présentée comme étant la réponse au problème des banlieues ?
27:27 Oui, je pense que c'est effectivement un changement de paradigme
27:30 par rapport à cette politique-là.
27:32 Je vous avais dit que le réflexe était de déverser des millions,
27:35 voire des milliards d'euros à chaque émeute.
27:39 Depuis 1991, on a eu des dizaines de plans banlieueux.
27:43 Le premier en 1991, c'était le plan Delebar.
27:46 Ensuite, il y a eu le plan Tapie jusqu'au plan Borlau,
27:49 qui a coûté à lui tout seul 48,5 milliards d'euros.
27:54 Et on a bien vu que ça ne produisait pas forcément de résultats.
27:58 Moi, je pense qu'il y avait un travail, malgré tout, de rénovation urbaine,
28:01 que c'est important que les gens puissent vivre dans un environnement qui est beau,
28:05 qui effectivement, ça aide.
28:07 Donc, il y a des choses qui ont été utiles,
28:09 mais il y a eu aussi des effets pernicieux.
28:11 Déverser de l'argent à des associations communautaires
28:15 qui vont avoir une logique de grands frères,
28:17 je crois que ça a plutôt enfermé les gens dans leur identité.
28:21 Encore une fois, on est dans une logique d'assistanat,
28:23 de les considérer comme des sous-citoyens.
28:25 Et puis surtout, on n'a pas pris en compte la question culturelle,
28:29 qui est aussi importante.
28:31 Je crois que dans ces émeutes,
28:33 ce sont des gens qui font sécession avec la France
28:36 ou alors qui sont dans une forme d'anomie, de sous-culture des cités.
28:40 Mais ce n'est pas qu'une question sociale.
28:43 Donc, en plus, je pense que ça nous a détourné d'une partie des vraies causes de tout cela.
28:48 Et je pense que c'est plutôt bien qu'on change de paradigme,
28:51 même s'il ne faut pas se leurrer, on change aussi de paradigme,
28:53 parce que l'État est dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint
28:57 et qu'il ne va pas pouvoir financer tout cela
29:00 quand on voit que, par ailleurs, l'État régalien ne fonctionne plus.
29:04 Il y a un risque néanmoins avec ce genre de mesures.
29:09 N'est-il pas dangereux de se diriger dans ce cas-là
29:12 vers une société de plus individualiste ?
29:15 Moi, je crois que c'est le contraire, paradoxalement.
29:18 Une société où on restaure la responsabilité individuelle
29:24 est une société potentiellement plus civique.
29:26 Je crois que celle d'aujourd'hui, je vous parlais tout à l'heure
29:28 de la communauté, du voisinage.
29:30 Finalement, quand on se dit que l'État va réparer,
29:33 on est un peu indifférent à ce qui se passe.
29:35 Là, ça permet, si vous voulez, je pense,
29:38 de mettre les gens face à leur responsabilité
29:40 et peut-être d'instaurer une forme de contrôle social.
29:43 Même s'il ne faut pas se leurrer, il y a des caïds, il y a des voyous dans ces cités.
29:47 C'est parfois d'ailleurs les trafiquants de drogue qui instaurent le contrôle social.
29:50 Mais je crois que c'est le genre de mesures qui peut aussi
29:54 créer une forme de sursaut collectif, civique.
29:57 Et par ailleurs, je crois que les modèles de nos sociétés occidentales,
30:01 comme l'a bien montré par exemple Christopher Lysch
30:03 dans un de ses essais sur la sécession des élites,
30:07 c'est qu'on a été de plus en plus vers des sociétés
30:10 où on faisait confiance au marché,
30:13 beaucoup moins aux structures traditionnelles, comme la famille, par exemple.
30:17 Et d'un autre côté, à l'État qui devenait interventionniste,
30:20 mais pas forcément l'État régalien,
30:22 qui mettait de l'argent, si vous voulez,
30:26 pour réparer ce qui avait détruit ce marché,
30:29 les structures traditionnelles.
30:32 Donc je crois que c'est un modèle finalement malsain,
30:36 ce modèle-là,
30:38 et que restaurer peut-être un peu de structures
30:42 familiales, traditionnelles, faire confiance à la responsabilité individuelle,
30:46 ne peut pas faire de mal dans notre société.
30:48 Par contre, il va falloir concentrer les moyens qui nous restent
30:53 sur l'État régalien, justement, parce que malgré tout,
30:55 le rôle de l'État, c'est de protéger,
30:56 c'est de maintenir l'ordre public, il n'est plus capable de le faire.
30:59 Et s'il ne le fait pas, là, on va vraiment vers une société individualiste
31:03 et vers quelque chose de très grave.
31:05 C'est des gens qui risquent de vouloir se faire justice eux-mêmes
31:08 et de s'autodéfendre, comme on a pu commencer d'ailleurs à le voir
31:12 à un moment donné avec ces émeutes.
31:14 Je crois qu'il faut éviter à tout prix cela.
31:18 Merci, cher Alexandre Devecchio.
31:19 Vous avez bien suivi le discours du président ce midi ?
31:22 Il n'y en a pas eu.
31:24 Elle était facile.
31:29 Céline Pina, vous vouliez revenir justement sur le silence d'Emmanuel Macron
31:33 aujourd'hui, en ce jour de fête nationale, en ce 14 juillet.
31:37 Oui, tout à fait, parce que le 14 juillet, c'est un rituel important.
31:42 La fête nationale, chez nous, c'est un petit peu l'anniversaire de la nation.
31:47 Donc, c'est le moment où, en règle générale, on montre la vitalité d'un pays.
31:52 On montre ce qui unit un peuple ou en tout cas, on le fait ressentir.
31:56 Donc, il y a deux moments qui étaient assez traditionnels,
31:59 qui c'était le défilé et la traditionnelle prise de parole.
32:02 Alors, ce qui est vrai, c'est qu'elle n'a pas tout le temps été respectée.
32:06 Par exemple, Nicolas Sarkozy ne prenait pas la parole le 14 juillet.
32:10 Dans le cas d'Emmanuel Macron, c'est un peu à son bon vouloir.
32:14 Mais de toute façon, Emmanuel Macron a montré qu'il est le prince
32:17 et que lui seul choisit les moments où il s'exprime ou non.
32:21 Néanmoins, commémorer un moment précis, c'est assez paradoxal,
32:26 parce qu'on commémore un moment précis pour montrer, en fait,
32:29 la durée de l'inscription de cet événement,
32:31 son caractère en fait permanent et intemporel.
32:35 Et finalement, derrière l'événement, ce qu'on va chercher,
32:38 c'est le dépassement et c'est le permanent.
32:41 Qu'est-ce qui est particulièrement en jeu en ce 14 juillet 2023 ?
32:47 Ce 14 juillet était particulièrement important
32:51 dans la mesure où les événements qui se sont passés juste avant
32:56 étaient l'exact inverse de ce que normalement est un 14 juillet.
33:01 Autrement dit, là où on met en avant l'union d'une nation,
33:04 nous, on a vécu les prémices de ce que peut être un mouvement de séparatisme.
33:10 Donc on vit ce 14 juillet dans de drôles de conditions,
33:13 parce qu'une partie de la jeunesse issue de l'immigration,
33:17 mais étant française, a montré à quel point elle rejetait son pays
33:22 et elle le rejetait dans tous ses aspects, dans ses mœurs,
33:25 dans son histoire, dans ses lois, presque dans son âme.
33:31 Et on a vu aussi l'exaltation des identités d'origine,
33:36 identités parfois totalement fantasmées au demeurant.
33:40 Donc on était censé vivre un moment de concorde,
33:43 on a vécu un moment de déchirement.
33:46 Et dans ce déchirement, il y a eu des revendications politiques
33:49 particulièrement violentes, des revendications politiques
33:53 qui accusaient justement la nation française,
33:55 l'accusant de racisme, mais de violence,
33:59 et faisant de toutes les institutions, quelque part,
34:02 la proie d'une idéologie qui ne permettait pas d'unir tout le monde
34:07 sous le même drapeau.
34:09 Cette violence qu'ont montré les émeutiers,
34:12 elle a eu une réponse, et une réponse symbolique,
34:14 à travers la cagnotte du policier qui a permis à un certain nombre
34:17 de Français de montrer à quel point ils ne soutenaient pas
34:21 tout le discours autour du racisme de la France
34:24 et toutes les violences qui se sont déroulées sur le territoire.
34:29 Tout le monde a lu en fait cet événement
34:32 comme étant l'aboutissement de ce "on est en train de passer
34:35 de côte à côte à face à face".
34:38 Donc l'événement a révélé la réalité du séparatisme
34:42 en cours dans notre société.
34:44 Justement, pourquoi ces événements,
34:46 cet événement, en tout cas ces émeutes,
34:50 pèsent autant sur ce rituel du discours ?
34:53 En fait, parce qu'elles s'y opposent symboliquement et pratiquement.
34:57 En fait, elles donnent au pays le sentiment
35:00 qu'il n'y a plus vraiment d'existence collective,
35:02 ou en tout cas que cette existence collective
35:05 n'est pas une évidence et qu'elle est contestée.
35:07 En fait, les trois quarts du temps, lors d'une commémoration,
35:10 les gens ne sont pas précis.
35:12 Ils vont avoir du mal à dire,
35:14 ils vont dire "le 14 juillet c'est la prise de la Bastille",
35:16 mais dans le fond, ils savent que c'est la reconnaissance
35:19 de leur naissance en tant que nation.
35:21 Ils ne savent pas vraiment l'expliquer,
35:22 en revanche, ils savent le vivre.
35:24 Et là, le joie du bal du 13 juillet,
35:26 c'est ça qu'elle est censée exprimer.
35:29 Donc, l'appartenance collective s'exprime
35:32 à travers un moment de fête.
35:34 Et cette notion, elle implique que nous ne sommes pas français
35:38 parce que nous vivons sur un territoire
35:40 ou parce que nous y sommes nés.
35:42 Elle nous rappelle que nous sommes français
35:44 parce que nous partageons un certain nombre d'idéaux
35:47 et de valeurs en commun.
35:49 Ces idéaux, finalement, montrent qu'un peuple,
35:52 ce n'est pas tant une poignée de gens sur un territoire donné,
35:56 c'est une communauté d'idées, d'affects, de souvenirs,
36:01 d'expériences et d'espérance.
36:03 Renan, d'ailleurs, parlait de la nation
36:06 comme d'un plébiscite de tous les jours.
36:07 Je vous lis simplement ce qu'il en disait
36:09 parce que c'est très beau.
36:11 Il parlait de la nation en disant
36:13 "La nation, c'est deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une.
36:17 L'une est dans le passé, l'autre est dans le présent.
36:20 L'une est la possession en commun d'un riche lac de souvenirs,
36:24 l'autre est le consentement actuel,
36:26 le désir de vivre ensemble,
36:28 la volonté de continuer à faire valoir l'héritage
36:31 que l'on a reçu indivise.
36:34 Une nation est donc une grande solidarité
36:36 constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a fait
36:40 et de ceux qu'on est disposés à faire encore."
36:43 Et en fait, c'est cette belle définition de la nation
36:45 que les Français voient se déliter sous leurs yeux.
36:48 Et voilà pourquoi, particulièrement à ce moment-là,
36:53 une parole du président de la République était nécessaire
36:56 parce qu'il incarne plus que tout l'union de la nation
37:00 et l'idéal qu'elle porte.
37:02 Nécessaire, mais était-elle pour autant possible,
37:04 cette prise de parole d'Emmanuel Macron ?
37:06 C'est là où, effectivement, ça devient compliqué.
37:09 C'est-à-dire, c'est vrai, elle était nécessaire,
37:11 mais soyons assez honnêtes.
37:14 Assez.
37:15 Relativement honnêtes.
37:17 Qu'est-ce que craint tout le monde ?
37:19 On craint que la situation ne s'embrase à nouveau.
37:22 Donc la question, c'est de savoir,
37:23 est-ce qu'il faut gagner encore un petit peu de temps,
37:26 Monsieur Le Bourreau ?
37:27 Parce que finalement, les choses pourraient peut-être s'arranger.
37:30 Est-ce qu'au contraire, c'est l'heure du courage
37:32 et d'affirmer ce qu'est cette nation française
37:35 en disant non, venez nous rejoindre,
37:38 épouser ce que nous sommes, parce que ce que nous sommes est beau
37:41 et voilà pourquoi on va vous le présenter.
37:44 C'est un petit peu compliqué parce qu'aujourd'hui,
37:47 personne ne sait si finalement une parole remettrait le feu aux poudres
37:51 ou si on arriverait finalement à s'en sortir.
37:56 Donc le problème aussi, c'est qu'en refusant de parler,
38:01 le président de la République donne l'impression
38:03 de ne considérer qu'une seule France, celle des émeutiers.
38:07 C'est celle-là dont il a peur.
38:09 C'est le discours qui légitime ce que fait cette France-là,
38:13 qui devient le discours de référence.
38:16 Et il ne s'adresse pas à la France,
38:19 à la communauté nationale en son ensemble.
38:22 Et c'est à cette France-là que le président aurait dû s'adresser
38:26 parce qu'il aurait dû lui redonner corps en lui parlant,
38:29 lui redonner une réalité, ce sentiment national qui était attaqué.
38:33 Il fallait le revivifier en montrant que ce n'était pas un sentiment national
38:37 qu'on utilise contre une partie des Français,
38:40 mais c'est un sentiment national qui peut les réunifier,
38:43 qui doit les réunifier et qui peut être un bel objectif.
38:47 Donc le problème, c'est qu'à force de ne pas mettre de l'huile sur le feu,
38:51 est-ce qu'on n'est pas en train d'abîmer la meilleure part de nous-mêmes ?
38:54 Est-ce qu'on n'est pas en train de traiter comme quantité négligeable
38:58 ce qui fait, j'allais dire, l'âme de ce pays ?
39:02 Est-ce qu'on n'est pas en train d'oublier que finalement,
39:05 nous avons été de grands créateurs,
39:07 que cette idée de la nation, c'est une belle idée
39:10 et que l'on ferait mieux finalement de la porter haut ?
39:14 Voilà pourquoi pour moi, la parole du président était nécessaire.
39:18 Et pourtant, il a choisi de se taire.
39:21 Vous regrettez donc que le président n'ait pas compris
39:24 que ne pas s'exprimer lors du 14 juillet portait un message délétère ?
39:32 Oui, je le regrette.
39:35 Mais après, je ne sais pas non plus vraiment comment il aurait dû s'y prendre.
39:40 Le problème d'Emmanuel Macron,
39:42 c'est qu'il n'est absolument pas sensible à toutes ces logiques-là.
39:45 Elle lui passe un petit peu, pardonnez-moi l'expression, au-dessus de la tête.
39:49 Ce n'est pas un homme de l'effacement.
39:53 Or, le rituel, un 14 juillet, c'est avant tout un rituel.
39:56 Un rituel, c'est comprendre qu'il y a des choses qui sont plus grandes que soi,
40:02 les porter, les incarner et pour cela, ne plus être dans l'égo,
40:08 être dans l'effacement, dans l'effacement pour faire vivre et naître le collectif.
40:12 Le problème, c'est qu'il est fort probable
40:14 qu'Emmanuel Macron en soit absolument incapable.
40:19 Lui, ce qu'il aime dans le fond, c'est se mettre en avant la communication.
40:25 Le rituel suppose que vous n'ayez aucun narcissisme.
40:29 La communication, en fait,
40:31 elle met en valeur celui qui porte le discours plus que ce qui est raconté.
40:36 Donc, elle est parfaitement narcissique.
40:38 Et on a un homme qui ne comprend pas ce qu'est la France,
40:41 sa culture, ses traditions, qui connaît mal son histoire
40:45 ou en tout cas qui ne le ressent pas de façon intime
40:48 et qui a donc énormément de mal avec la transcendance républicaine.
40:52 Il ne sait pas s'oublier pour mieux faire vivre un collectif.
40:56 En revanche, dans la communication, il est parfaitement à l'aise.
41:00 Voilà pourquoi on a ce décalage de quelques jours.
41:02 Le faire le jour du 14 juillet impliquait l'humidité.
41:06 Le faire dans quelques jours,
41:07 vous pouvez être complètement dans le narcissisme échevelé.
41:12 Autre point, on a une dernière donnée qui peut se rattacher
41:18 au sentiment de toute puissance qu'a Emmanuel Macron.
41:21 Il adore être le maître des horloges.
41:23 En fait, on a le sentiment que le pays va à volo,
41:25 que la société est en train d'éclater.
41:27 Mais ce qui soucie Emmanuel Macron,
41:29 c'est de montrer que c'est un homme puissant, que c'est lui qui décide.
41:33 Donc, puisqu'il ne sait pas régler les problèmes de la France,
41:36 il va simplement être extrêmement autoritaire
41:38 sur les moments où Sa Majesté daigne nous parler,
41:42 ce qui est le dernier ridicule qu'il se donne.
41:45 Et c'est vraiment dommage parce que nous sommes dans une période
41:48 où il vaudrait mieux du sacrifice que du ridicule.
41:52 Merci beaucoup Céline Pina pour votre éclairage
41:56 sur le silence d'Emmanuel Macron en ce 14 juillet.
41:58 Pour terminer cette émission, ce soir, Alexandre de Vecchio,
42:01 on part avec vous aux Etats-Unis, à Hollywood,
42:04 parce que les acteurs américains ont rejoint les scénaristes
42:07 dans leur combat pour une meilleure rémunération.
42:09 Et c'est un mouvement historique qui met tout simplement Hollywood
42:13 à l'arrêt complet.
42:14 Oui, qui a dit qu'il n'y avait que les Gaulois réfractaires qui faisaient grève ?
42:18 Finalement, même les stars américaines s'y mettent.
42:22 Ça faisait 60 ans que les acteurs n'avaient pas fait grève
42:27 en même temps que les scénaristes.
42:29 Effectivement, vous l'avez dit, c'est pour des questions de rémunération.
42:34 Pour avoir une couverture maladie en tant qu'acteur,
42:37 il faut gagner 26 000 dollars par an.
42:40 Beaucoup d'acteurs ne les gagnent pas ou les gagnent presque.
42:44 Et l'une de leurs revendications est notamment d'avoir des droits
42:49 sur la diffusion de leurs œuvres sur les plateformes,
42:52 puisqu'aujourd'hui, les studios hollywoodiens ont tous leurs plateformes
42:56 comme Disney+ ou Paramount+.
43:00 Donc voilà la raison de cette grève qui peut paraître surprenante d'Hollywood.
43:06 Historique et qui traduit des bouleversements beaucoup plus profonds
43:10 dans l'industrie du cinéma.
43:12 Oui, je crois que je parlais tout à l'heure de revendications financières
43:15 qu'on peut comprendre, mais je crois que c'est plus compliqué que ça.
43:20 Il y a un véritable bouleversement de l'industrie.
43:24 J'en parlais tout à l'heure avec l'avènement notamment des plateformes.
43:27 Pendant la crise du Covid, les salles de cinéma ont subi une véritable crise.
43:33 Les gens ne sont d'ailleurs jamais revenus.
43:35 Et on regarde aujourd'hui les films différemment d'avant,
43:39 beaucoup plus hélas dans son salon.
43:41 C'est moins une expérience collectif.
43:44 Et donc, l'industrie doit se réorganiser.
43:47 Les modes de rémunération doivent être revus.
43:51 Mais je crois qu'il y a aussi le sentiment, peut-être, chez les acteurs,
43:54 chez les scénaristes, dans le monde du cinéma, qu'une époque est en train de se tourner.
43:58 Les studios produisent en série aujourd'hui des films de super-héros
44:03 avec des acteurs en collant.
44:05 Il y a de moins en moins de place, si vous voulez, pour les belles interprétations.
44:09 Et donc, je crois que c'est ce qui est ressenti aussi confusément
44:12 et ce qui explique cette grève aujourd'hui.
44:15 Un film de super-héros peut-être tout aussi intéressant et émouvant.
44:19 J'aime bien les films de super-héros.
44:21 Vous parlez à un super-fan de films de super-héros, c'est pour ça que je me prends.
44:23 Moi aussi, mais le problème, c'est qu'il n'y a plus que ça, si vous voulez.
44:26 Marvel a un peu trusté tous les écrans.
44:29 Il n'y a plus de place, peut-être, pour les films qui pouvaient être à la fois
44:33 des films plébiscités par la critique et le grand public.
44:36 Parmi ces bouleversements, justement, Alexandre,
44:38 il y a l'avènement de l'intelligence artificielle,
44:41 qui est d'ailleurs déjà utilisée au final à Hollywood.
44:43 Oui, je ne sais pas. Vous aimez les films de super-héros.
44:45 Je ne sais pas si vous avez vu Indiana Jones.
44:47 Pas tout à fait un super-héros.
44:49 Il ne porte pas de collant, lui.
44:52 Il a un super-pouvoir.
44:53 Il a un fouet, un chapeau et un blouson en cuir.
44:58 Mais figurez-vous que dans les 20 premières minutes d'Indiana Jones,
45:02 c'est assez fascinant.
45:04 On retrouve Harrison Ford, des premiers Indiana Jones,
45:07 quand il avait une trentaine d'années.
45:10 Et ça, c'est grâce effectivement à l'intelligence artificielle,
45:14 qui grâce aux images de ses premiers films,
45:18 a réussi à rajeunir Indiana Jones.
45:21 Donc là aussi, il y a un véritable bouleversement
45:26 avec cette intelligence artificielle qui est utilisée,
45:29 mais qui fait peur peut-être aussi aux acteurs.
45:31 Parce que ça pose des questions éthiques également.
45:33 Oui, effectivement.
45:35 Finalement, on dit que c'est le dernier Indiana Jones avec Harrison Ford,
45:38 mais il peut faire aussi le 6, le 7, le 8, même quand il sera mort,
45:42 si ils arrivent à transformer Harrison Ford
45:45 finalement en acteur, je dirais, artificiel.
45:49 On peut imaginer aussi...
45:50 C'était le cas dans Star Wars, notamment avec Carrie Fisher.
45:52 Exactement, avec Carrie Fisher.
45:54 Et même dans la série, ils ont fait réapparaître Mark Hamill
45:58 à l'âge où il incarnait Luke Skywalker.
46:02 Et demain, peut-être des films, je ne sais pas,
46:05 on peut imaginer que Jean Gabin revienne.
46:08 Est-ce qu'on va lui demander d'ailleurs son autorisation ?
46:10 Donc ça pose des questions éthiques.
46:12 Sur les scénarios aussi,
46:13 puisqu'il y a grève des scénaristes, il ne faut pas l'oublier.
46:16 Est-ce que l'intelligence artificielle va produire des scénarios ?
46:20 Il y a un livre de Raphaël Dohan qui est sorti il y a quelques mois,
46:26 qu'il a écrit, qui s'appelait "Si Rome n'avait pas chouchuté".
46:29 C'est un livre écrit entièrement avec une intelligence artificielle
46:33 et même illustré avec une intelligence artificielle.
46:35 Donc si vous voulez, c'est un vrai bouleversement.
46:39 Il va y avoir des emplois supprimés énormément
46:42 par les films d'Hollywood en inconscience.
46:43 Et surtout, est-ce que l'art va rester l'art ?
46:45 Est-ce que des films purement faits par l'intelligence artificielle
46:49 sont toujours des films et des performances artistiques ?
46:52 Donc je trouve que c'est passionnant, c'est vertigineux,
46:54 mais il y a un homme peut-être qui va sauver Hollywood.
46:57 Vous savez qui c'est ?
46:59 Iron Man.
46:59 Non, c'est Tom Cruise qui est un super-héros
47:03 qui n'a pas besoin d'intelligence artificielle pour rajeunir,
47:06 puisqu'il a beau avoir 60 ans, il continue à faire ses cascades
47:10 et on dirait qu'il en a 20 ans de moins,
47:13 avec des missions impossibles, justement,
47:14 qui, contrairement aux films de super-héros,
47:16 il fait des cascades à l'ancienne.
47:18 On est dans l'analogique, pas dans le numérique.
47:20 Et ce qui est amusant, c'est que dans le dernier Mission Impossible,
47:22 le scénario, justement, Tom Cruise n'affronte pas un super-méchant.
47:27 Le super-méchant, c'est justement une intelligence artificielle
47:30 qui menace le monde.
47:32 Donc là, on a quasiment une métaphore de ce qui se passe à Hollywood.
47:35 Dans Mission Impossible, je suis sûr que Tom Cruise va gagner.
47:37 Dans la vraie vie, ce n'est pas sûr.
47:39 On voit que vous l'avez vu en long relâche et en travers,
47:41 cher Alexandre.
47:42 On a battu Al.
47:43 On va y arriver, on va se ressortir.
47:45 Dernière question, Alexandre.
47:47 Je vous demande une réponse très simple.
47:48 Est-ce que vous savez quelle actrice mène ce combat
47:50 contre l'intelligence artificielle ?
47:52 Non.
47:53 Fran Drescher.
47:54 Ça vous dit quelque chose ?
47:55 Une nounou d'enfer.
47:56 Ah oui, une nounou d'enfer.
47:57 Exactement, Miss Fine dans Une nounou d'enfer.
47:59 Elle doit être présidente du syndicat des acteurs.
48:02 Probablement.
48:03 On salue Fran Drescher.
48:05 Merci beaucoup à tous les quatre d'avoir été avec nous.
48:07 Merci.
48:08 Je vous garde pour Soir Info.
48:09 On a une longue soirée qui nous attend.
48:12 Soirée du 14 juillet tout de suite.
48:13 See you on Usain pour ça se dispute.
48:16 Pardonnez-moi.
48:17 Moi je vous retrouve à 21h.
48:18 À tout à l'heure.
48:18 *Bruit de bouche*

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