• il y a 2 mois
Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h

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00:00:00Bonsoir et les 19h, je suis très heureux de vous retrouver, merci de nous accueillir, 19h-20h, c'est votre face à l'info, l'équipe est au complet, mes 4 invités sont dans les starting blocks, comme d'habitude, 4h au regard sur l'actualité, présentation de l'équipe dans quelques instants, une heure pour prendre du recul, de la hauteur, restez avec nous, vous ne serez pas déçus, tout de suite, là aussi, on ne va pas être déçus, on fait un tour de l'info totale avec Adrien Fontenot, toujours aussi d'égard, bonsoir Adrien.
00:00:27Bonsoir Thierry, je vous retourne le compliment, nouvelle discussion en vue d'une trêve à Gaza, les pourparlers autour d'un cessez-le-feu se tiendront à Doha au Qatar ce jeudi, si Benyamin Netanyahou confirme l'envoi de ses chefs du renseignement, le Mossad et le Shin Bet, la participation du Hamas est toujours incertaine sur le front de l'armée israélienne, annonce avoir mené plus de 40 frappes aériennes à travers la bande de Gaza sur des infrastructures terroristes.
00:00:50Deux avions rafalent de l'armée de l'air et de l'espace qui entrent en collision, l'accident s'est produit ce mercredi en milieu de journée en Meurthe-et-Moselle, le pilote d'un des deux appareils s'est éjecté avant l'impact, il est sain et sauf mais l'instructeur et l'élève pilote du deuxième avion sont toujours portés disparus, un important dispositif et des opérations de recherche ont immédiatement été déclenchées.
00:01:08Et puis un policier hors service agressé devant son domicile, les faits ont eu lieu lundi soir à Lannis-sur-Marne, un automobiliste avec qui un différent avait éclaté plus tôt ainsi que cinq autres individus s'en sont pris aux fonctionnaires à coups de barres de fer et de criques de voitures, le policier agressé souffre de côtes et nez cassés ainsi que de nombreuses plaies, une enquête a été confiée à la direction interdépartementale de la police judiciaire de Seine-et-Marne.
00:01:30Merci beaucoup cher Adrien, face à l'info c'est parti au menu ce soir, on va commencer une fois n'est pas coutume par parler sport, hélas pas le sport que l'on aime, nous on aime les sports des médailles, le sport du dépassement d'espoir, le sport qui nous met des paillettes dans les yeux, le sport qui nous rend dingue.
00:01:48Michel Thaube va évoquer une histoire que j'ai évoquée dans l'heure des pros ce matin, c'est l'histoire d'un athlète français présent aux Jeux Olympiques, spécialiste du 400 mètres qui a choisi hélas de sortir de son couloir.
00:01:59Sur le réseau X, ce sportif a relié des publications anti-française, anti-israël, anti, anti et anti, il est dans la tourmente et le choc est profond, il a tenté de se justifier et de justifier l'injustifiable aujourd'hui, je suis français, musulman et fier.
00:02:14Ses messages seraient selon lui sortis de leur contexte, le mot est faible, Michel nous raconte et porte son regard.
00:02:22Judith Bintraub ce soir va aller sur un terrain également sportif, un terrain où on ne l'attend pas et c'est bien cela l'esprit de Face à l'Info, vous surprendre, vous interpeller, vous interroger.
00:02:33Elle va revenir sur un épisode des Jeux Olympiques qui a fait beaucoup parler mais là aussi pas spécialement dans le sport.
00:02:39Elle va nous parler de cette boxeuse algérienne, Imane Kelif, médaillée d'or et victime d'une polémique sur son genre malgré sa médaille.
00:02:46Imane Kelif a décidé de contre-attaquer, elle a fait savoir qu'elle déposait plainte pour cyber harcèlement.
00:02:52L'écrivain J.K. Rowling, l'auteur de Harry Potter et Elon Musk sont cités dans la plainte.
00:02:57Judith n'a pas sorti les gants mais sa pub à plumes pour nous conter cette histoire.
00:03:02Nathan Devers, vous le savez, est un écrivain à succès et parfois il se lance des challenges.
00:03:08Il ose sortir de sa zone de confort, faire des pas de côté et surtout se mettre en danger et tenter de nous expliquer des choses que parfois on a du mal à comprendre.
00:03:17Son sujet ce soir, nous expliquer la stratégie politique de Lucie Castet, la candidate désignée du nouveau Front Populaire.
00:03:24Veux-mal d'Ignion, elle s'accroche, elle occupe le terrain et dit à Emmanuel Macron, je résume, c'est moi et pas une autre.
00:03:31Analyse d'une stratégie, c'est pour Nathan.
00:03:34Et puis pour rester dans un langage sportif, Régis Le Sommier, lui, va rester dans son couloir de nage ce soir.
00:03:40Sa spécialité, vous la connaissez, c'est la marche du monde.
00:03:43En tant que grand reporter, il est allé sur toutes les zones de conflit, c'est un expert.
00:03:47Et ce soir, d'en face à l'info, Régis a choisi de revenir sur le conflit entre l'Ukraine et la Russie.
00:03:53Depuis le 6 août, l'Ukraine est entrée sur le territoire de la Russie.
00:03:56Elle contrôle même 800 km2.
00:03:58Comment la chose est possible ? Comment les Russes n'ont rien vu venir ?
00:04:02Régis vous répond.
00:04:05Et puis on terminera en écoutant Michel Taubes.
00:04:08Demain, on va commémorer les 80 ans du débarquement de Provence.
00:04:12Emmanuel Macron sera bien sûr présent.
00:04:14Vous pourrez vivre cet événement sur notre chaîne CNews.
00:04:16Il compte évoquer l'importance de la transmission de la mémoire pour nos dirigeants politiques.
00:04:21Comme à son habitude, le président ne manquera pas de convoquer l'histoire.
00:04:25Pour mieux revenir sur l'actualité, à quoi peut-on s'attendre ?
00:04:28Faut-il s'attendre à des messages ?
00:04:30D'ailleurs, la réponse de Michel Taubes.
00:04:43Et donc avec moi ce soir,
00:04:45Judy Vintraub, Régis Le Sommier, Nathan Devers et Michel Taubes.
00:04:49Mes amis, bonsoir.
00:04:52Je vous ai mis une certaine pression.
00:04:54Vous avez remarqué ? Certaines pressions à tous les niveaux.
00:04:57Mais je vous attends.
00:04:58Michel Taubes, on va commencer avec vous.
00:05:00Justement, vous avez voulu évoquer l'athlète français Mohamed Abdallah Kunta,
00:05:05spécialiste du 400 m présents aux Jeux Olympiques de Paris.
00:05:09Il est carrément dans la tourmente.
00:05:11On en a parlé ce matin dans l'heure des pros,
00:05:13avec un signalement sur X de certains de ses postes sur les réseaux sociaux.
00:05:17Racontez-nous l'histoire.
00:05:19Il s'en est passé des choses aujourd'hui, d'ailleurs, avec cette affaire.
00:05:23Alors, on est tous fiers de nos athlètes français qui ont brillé
00:05:27ou qui ont participé aux Jeux Olympiques.
00:05:29Mais peut-être pas de tous les athlètes.
00:05:31C'est vrai que Mohamed Abdallah Kunta,
00:05:33qui a participé au relais du 400 m,
00:05:37a fauté à de nombreuses reprises.
00:05:41D'abord, je dois dire, ce matin, comme vous le disiez, cher Thierry,
00:05:44dans l'heure des pros 1, vous avez alerté l'opinion publique
00:05:48à l'invitation de Pierre Fredenreich, le président de la commission sport du CRIF,
00:05:52sur les propos qu'avait tenus Mohamed Abdallah Kunta.
00:05:55Mais rendons hommage, si vous voulez bien, à d'autres lanceurs d'alerte.
00:05:59Le premier d'entre eux, c'est l'internaute Swordorf Solomon,
00:06:03qui hier, à 19h, a fait une alerte pour dénoncer les propos
00:06:07dont je vais parler dans un instant, du dire Mohamed Abdallah Kunta.
00:06:11Et une heure après, Patrick Karam, vice-président de la région Île-de-France,
00:06:16très sensible et très attentif à toutes les questions,
00:06:20protection des critères d'Orient, la cause arménienne,
00:06:23la lutte contre l'antisémitisme,
00:06:25qui a immédiatement fait un signalement et mobilisé l'opinion publique.
00:06:29Et c'est lui qui a fait un signalement à Twitter,
00:06:32sur les propos de Mohamed Abdallah Kunta.
00:06:35Et qu'est-ce que l'on a pu voir ?
00:06:37C'est que cet athlète, âgé de 29 ans,
00:06:39récemment engagé dans l'équipe de France dans le relais 4x400m,
00:06:44membre de la Team France,
00:06:46a commis de très nombreux posts sur Twitter,
00:06:51depuis des années, à caractère antisémite, antisioniste, anti-France,
00:06:57et qui sont des vrais propos de haine vis-à-vis de cette dite communauté.
00:07:02Quels sont ces posts ?
00:07:04Il y a de nombreux posts, je vais en retenir que quelques-uns.
00:07:07La plupart relèvent de l'apologie des terroristes du Hamas,
00:07:10d'une incitation à la haine d'Israël,
00:07:12d'une banalisation de la Shoah, de l'antisémitisme.
00:07:15Il a fait de très nombreux posts depuis des mois,
00:07:19demandant de boycotter Israël pendant les Jeux Olympiques.
00:07:23Il a, par exemple, reposté début août un tweet, un message,
00:07:28comparant les athlètes israéliens qui participent aux Jeux à des tueurs d'enfants.
00:07:33Des messages qui ont ensuite disparu, mais ça j'y reviendrai tout à l'heure.
00:07:37Mais pour moi, le pire des tweets, et qui je trouve extrêmement blessant,
00:07:41c'est qu'il est relayé, et il n'en est malheureusement pas le seul,
00:07:45ce fameux verset du Coran, le verset 51, qui dit
00:07:48« Oh les croyants, ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens,
00:07:52ils sont alliés les uns des autres, et celui d'entre vous qui les prend pour alliés devient un des leurs. »
00:07:56Ce tweet-là participe d'une stratégie de séparatisme dans la société française
00:08:04que cet athlète a relayé, et qui est malheureusement extrêmement souvent relayé sur les réseaux sociaux.
00:08:10Vous me direz, ce n'est pas le seul président.
00:08:13Les membres du monde du sport en France auraient dû être vigilants plus tôt.
00:08:20Je rappelle qu'en début d'année, Émilie Gomis, ancienne basketteuse
00:08:25qui avait été nommée ambassadrice des Jeux Olympiques,
00:08:29avait été écartée de sa fonction d'ambassadrice,
00:08:32parce qu'elle avait republié sur Instagram, avant de le retirer,
00:08:36mais ça c'est leur spécialité de toujours retirer les postes qui sont déjoués par l'opinion publique,
00:08:41un message dans lequel on voyait des cartes de France en 1947, 1967 et 2023,
00:08:47sur lesquels un drapeau français était progressivement remplacé par le drapeau israélien,
00:08:51avec cette question « Que feriez-vous dans cette situation ? »
00:08:54C'est un temps passé inaperçu, sa republication avait été pointée du doigt,
00:09:00suscitant de très très vifs critiques, et encore une fois,
00:09:03son poste d'ambassadrice de Paris 2024 lui avait été retiré,
00:09:07et suite à une plainte du Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme,
00:09:11le pôle national de lutte contre la haine en ligne, très institution importante,
00:09:16parce que c'est bien cela dont il s'agit, du parquet de Paris,
00:09:21avait ouvert une enquête pour apologie du terrorisme.
00:09:24Il y a eu aussi, il y a quelques semaines, le demi-fondeur Hugo Hay,
00:09:29dont on a révélé les nombreux messages à caractère homophobe, raciste et antisémite,
00:09:33alors qu'il a participé aux Jeux Olympiques.
00:09:36Alors que faire pour éviter ce genre de choses, ou pour éviter que ça se reproduise Michel ?
00:09:41Alors il faut des lanceurs d'alerte, je vais y venir dans un instant,
00:09:44mais moi je voudrais dire que c'est avant tout le rôle des fédérations sportives
00:09:49de surveiller, d'accompagner leurs athlètes lorsqu'ils portent le drapeau français
00:09:54et qu'ils s'expriment sur les réseaux sociaux.
00:09:57Et je voudrais donner l'exemple d'une fédération qui, je pense, est plus vertueuse que les autres,
00:10:03et est très rigoureuse sur l'obligation de neutralité des athlètes qui concourent pour notre pays.
00:10:09Il s'agit de la fédération française, c'est la première d'ailleurs, la plus importante,
00:10:13la fédération française de football, dont on tient à saluer l'action de son président Diallo
00:10:19et de ses membres, parce qu'elle a aussi, contrairement à d'autres fédérations sportives,
00:10:23dans l'article 1 de ses statuts, un article 1 extrêmement ferme,
00:10:28qui stipule que la fédération et ses organes déconcentrés,
00:10:31en tant qu'organes chargés d'une mission de service public,
00:10:35défendent les valeurs fondamentales de la République française.
00:10:38Et elle ajoute, la fédération,
00:10:40« Le respect de la tenue réglementaire et la règle 5 ans de la charte olympique
00:10:44assure la neutralité du sport sur les lieux de pratique.
00:10:47Et à ce double titre sont interdits tout discours ou affichage à caractère politique,
00:10:52idéologique, religieux ou syndical,
00:10:55tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique ou religieuse
00:11:02et tout acte de prosélytisme ou manœuvre de propagande.
00:11:07Et lorsque un athlète diffuse sur les réseaux sociaux de tels propos haineux,
00:11:13antisémites, racistes, antisionistes, de haine d'autrui,
00:11:19il s'agit de propagande, il s'agit de diffusion d'un discours
00:11:23qui va bien au-delà de leur propre personne.
00:11:26Enfin, ce que je pense, c'est qu'il faut effectivement
00:11:31que les différentes fédérations n'ont pas censure à leurs athlètes,
00:11:35mais mettent en place des systèmes de modération,
00:11:38d'accompagnement des athlètes pour leur demander de ne pas encore une fois
00:11:43engager leur sport lorsqu'ils s'impliquent ainsi.
00:11:46Enfin, dernier point, la journée a été très importante,
00:11:49CNews a contribué à la sensibilisation de l'opinion publique,
00:11:52et c'est très très bien, mais les choses sont allées effectivement extrêmement vite.
00:11:57Le dire Mohamed Abdallah Kounta a dans un premier temps fermé son compte X,
00:12:02il l'a ensuite réactivé, ainsi que sur Instagram,
00:12:06il a publié un message d'excuses se disant français, musulman et fier,
00:12:11en ajoutant des personnes qui se sont amusées à fouiller dans mes tweets
00:12:14et à sortir certains de mes propos, en me créant une réputation d'anti-blanc,
00:12:18d'anti-français, d'antisémite, je veux simplement lui dire
00:12:21que ses postes relevaient de ses qualifications,
00:12:24et il doit malheureusement, et il doit évidemment les assumer.
00:12:28Pour l'instant, son compte TikTok est toujours actif,
00:12:31il compte plus de 10 000 followers, et dans l'après-midi,
00:12:35la ministre des Sports Amélie Odiak-Astérat, la ministre démissionnaire des Sports,
00:12:40a communiqué sur X que le président de la Fédération française d'athlétisme
00:12:45lui a confirmé avoir suspendu l'athlète,
00:12:48saisit le procureur de la République, ainsi que la commission de discipline de la Fédération.
00:12:53Elle a qualifié les messages de cet athlète de choquants et d'inadmissibles,
00:12:58et j'ai envie de dire que le dernier mot revient à la Fédération française d'athlétisme,
00:13:02parce qu'être athlète et concourir sur le drapeau français, cela donne des droits,
00:13:08mais cela apporte aussi des obligations et des responsabilités,
00:13:12et la Fédération a eu ces mots très justes,
00:13:14elle rappelle à l'ensemble des athlètes de l'équipe de France
00:13:17que l'expression de leurs opinions personnelles ne doit en aucun cas mettre en péril
00:13:21l'unité de l'athlétisme français et de l'équipe de France,
00:13:24et doit respecter les valeurs républicaines.
00:13:27Est-ce que l'un d'entre vous souhaite réagir ?
00:13:31J'ai juste une question à Michel,
00:13:35d'abord de quand datent les propos incriminés,
00:13:39et ensuite par rapport à l'autre athlète dont j'ai oublié le nom,
00:13:42qui je crois est proche de la France Insoumise,
00:13:45mais avait fait une série de tweets,
00:13:47j'ai l'impression que c'était assez récent,
00:13:49et ce qui est quand même intéressant de la part de la Fédération,
00:13:52c'est qu'il n'a même pas cet aperçu de la teneur des propos,
00:13:55répandu à des milliers de followers,
00:13:59c'est quand même assez étonnant que personne n'en ait vu.
00:14:03Il a commis de nombreux tweets, récents et plus anciens,
00:14:06et manifestement c'est une personne qui assume des convictions
00:14:14extrêmement fortes et malheureusement extrêmement dangereuses,
00:14:18qui sont celles véritablement d'un séparatisme,
00:14:22j'ai vu certains de ses propos sont qualifiés d'anti-français,
00:14:26mais je trouve que ça va plus loin, il est français,
00:14:29et en fait la stratégie que portent ces tweets,
00:14:32c'est véritablement de séparatisme,
00:14:35de séparatisme entre les musulmans d'un côté,
00:14:38et ceux qui ne le sont pas, les chrétiens et les juifs plus particulièrement,
00:14:41et c'est évidemment un poison extrêmement dangereux pour notre société,
00:14:45quand en plus ce sont des athlètes qui ont un écho et une popularité,
00:14:49ça distille ce venin de ce séparatisme anti-français.
00:14:53Il a communiqué durant les JO, on en parlait ce matin.
00:14:56Bien sûr, évidemment.
00:14:58Mais personne n'a rien vu, il n'a pas eu de rappel.
00:15:01Il a commis de nombreux tweets, bien en amont des JO.
00:15:04Mais Michel, sans être nécessairement exclu,
00:15:07le président de la fédération ou des autorités auraient pu lui dire,
00:15:11modérer ses propos.
00:15:13Je pense que les fédérations ne pourront pas échapper
00:15:15à mettre en place des cellules permanentes de veille,
00:15:18des réseaux sociaux des différents athlètes
00:15:20qui sont sélectionnés pour les grandes compétitions internationales,
00:15:24et même nationales, j'ai envie de dire.
00:15:26Il y a une responsabilité.
00:15:28Ce sont des sportifs, mais ce sont aussi des citoyens
00:15:31qui engagent une parole publique.
00:15:33Nathan, très rapidement, puisqu'ensuite on va enchaîner avec Julita.
00:15:36Moi j'ai écouté votre éditorial avec beaucoup d'attention,
00:15:39mais il me semble que quand un athlète français
00:15:42peut tenir des propos antisémites, ouvertement antisémites,
00:15:45explicitement ou implicitement, peu importe,
00:15:47ils sont ouvertement antisémites, sur Twitter X,
00:15:50dans le contexte, malheureusement, ça s'explique.
00:15:53Ça veut dire que quand on a un parti politique
00:15:56qui a fait à peu près 20% des pourcentages aux dernières élections présidentielles,
00:16:00et qui a décidé depuis un an de tenir un discours
00:16:03qui reprend tous les éléments de la phrase zéologie antisémite
00:16:08qui existe en France, et notamment dans l'histoire de la gauche française
00:16:11depuis le 19ème siècle, il est tout à fait normal
00:16:14que leur dog whistle, leur clin d'œil, leur sifflement
00:16:18soient repris par un certain nombre de membres de la société civile,
00:16:21y compris des sportifs.
00:16:23Et il me semble que les excuses de M. Conta
00:16:26étaient évidemment des excuses, je pense, assez hypocrites,
00:16:30et que dans ce contexte-là, ça se comprend.
00:16:33Si vous voulez, quand vous avez une partie,
00:16:35et c'est ça l'élément majeur au niveau historique de la France,
00:16:38c'est que vous avez une partie des élites politiques et intellectuelles
00:16:41qui ont décidé de reprendre ce discours-là.
00:16:44Donc à partir de là, évidemment que ça vient déclencher,
00:16:47susciter, titiller des instincts, des passions, des pulsions
00:16:50qui sont faciles à nommer dans la société civile.
00:16:53Et qu'il faut dénoncer partout.
00:16:55Et d'où qu'elles viennent.
00:16:57Et on y reviendra dans l'heure des pro 2 tout à l'heure.
00:17:00Sur la grille de départ maintenant, Judith Vintroba,
00:17:03on va parler sport avec vous.
00:17:05C'est sur un territoire sur lequel je ne m'attendais pas à vous retrouver.
00:17:07Vous assistez lourdement.
00:17:09Ça fait deux fois.
00:17:11Vous savez le principe de répétition.
00:17:13Vous allez revenir sur cette affaire des boxeuses,
00:17:16dont on a beaucoup parlé, soupçonnées d'être génétiquement des hommes.
00:17:20Quoi de neuf sur cette affaire ?
00:17:22Justement, il y a du neuf et ça date d'aujourd'hui.
00:17:25On se souvient qu'elles étaient deux.
00:17:27Il y avait une algérienne, Imane Kelly,
00:17:30et une taïwanaise, Lin Yu Ting.
00:17:33Elles ont accroché chacune une médaille d'or dans sa catégorie.
00:17:37Malgré cette victoire, Imane Kelly a fait savoir aujourd'hui
00:17:41qu'elle déposait plainte pour cyberharcèlement
00:17:44auprès du pôle de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris.
00:17:47Son avocat, qui est aussi celui de la maire de Naël,
00:17:51a précisé dans le magazine américain Variety, qui révèle l'info,
00:17:55que les noms d'Elon Musk, propriétaire de X,
00:17:58anciennement Twitter, et de G.K. Rowling,
00:18:01l'auteur de Harry Potter, figuraient dans cette plainte.
00:18:04Donald Trump serait également cité dans la procédure
00:18:07parce qu'il avait tweeté sur Imane Kelly.
00:18:10Alors justement, qu'est-ce qu'elle leur reproche, très précisé ?
00:18:13On va commencer par Trump, si vous voulez bien.
00:18:16Il a utilisé l'affaire dans le cadre de sa campagne
00:18:19pour la présidentielle américaine, en affirmant que s'il était élu,
00:18:22il empêcherait les hommes de participer aux compétitions féminines.
00:18:26Elon Musk, lui, a relayé un poste de l'ancienne championne de natation
00:18:30américaine Riley Gaines.
00:18:32Elle a arrêté le sport de haut niveau il y a deux ans,
00:18:35et depuis, elle a 24 ans, elle se bat contre la présence
00:18:38des femmes trans dans les compétitions féminines.
00:18:41Elle a posté une photo de l'Italienne, vous savez,
00:18:44que tout le monde avait vue en pleurs sur le ring,
00:18:47après le coup terrible que lui avait asséné Imane Kelly.
00:18:51Un coup qui lui avait d'ailleurs fait abandonner le combat.
00:18:54Alors dans le poste relayé par Musk,
00:18:57on voit cette Italienne en bien meilleure forme,
00:19:00en position de victoire point levé, avec une légende qui proclame
00:19:04les hommes n'ont pas leur place dans le sport féminin.
00:19:07Alors on a parlé de Trump et J.K. Rowling.
00:19:10Qu'est-ce qu'elle vient faire là-dedans ?
00:19:12Elle, c'est déjà la bête noire des progressistes en général
00:19:16et des mouvements LGBT+, en particulier,
00:19:19pourrait oser dire une horaire absolue,
00:19:22le sexe biologique existe, quel que soit le genre qu'on revendique.
00:19:27Elle est aussi engagée contre ce qu'elle appelle la dérive trans.
00:19:31Et là, elle a notamment posté sur Rix une photo d'Imane Kelly,
00:19:35tapotant en souriant le dos de cette fameuse Italienne,
00:19:38son adversaire malheureuse, en l'accompagnant d'une légende.
00:19:42C'est le sourire narquois d'un homme
00:19:45qui se sait protégé par un établissement sportif misogyne.
00:19:49Mais le comité olympique a estimé qu'Imane Kelly
00:19:52avait sa place dans une compétition féminine.
00:19:55Oui, Thomas Bach, son président, s'en est même pris avec virulence
00:19:58en conférence de presse à Elon Musk,
00:20:00en lui reprochant sans le citer de vouloir s'approprier
00:20:03ce qu'est une définition de femme.
00:20:05Selon lui, Imane Kelly, comme la Thaïlandaise,
00:20:08sont, je cite encore, nées femmes,
00:20:11ont été élevées comme des femmes, ont des passeports de femmes
00:20:14et ont concouru en tant que femmes pendant des années.
00:20:17Pour lui, c'est une définition claire d'une femme,
00:20:20il n'y a jamais eu le moindre doute à ce sujet.
00:20:23Il a même répondu à Elon Musk sans le citer
00:20:26en invitant tous ceux qui contestent que les deux boxeuses
00:20:29soient physiologiquement des femmes à fournir une définition
00:20:33de ce qu'est une femme basée sur la science.
00:20:36C'est justement sur la science que s'est appuyée
00:20:38la Fédération internationale de boxe en 2023.
00:20:41Oui, quand elle avait disqualifié Imane Kelly,
00:20:44fait la Thaïlandaise, d'une compétition en Inde.
00:20:47Mais elle l'avait fait sur la base de tests
00:20:49qu'elle avait refusé de rendre public.
00:20:52A l'époque, Imane Kelly avait dénoncé un grand complot
00:20:56contre l'Algérie.
00:20:58Cette fédération de boxe est contestée
00:21:01et l'entourage de la boxeuse n'a pas manqué de le souligner.
00:21:04Mais ce qu'il y a de plus intéressant et de tout à fait nouveau,
00:21:07c'est que le biologiste Georges Casorla,
00:21:10qui est le préparateur physique d'Imane Kelly,
00:21:13a lui-même expliqué dans Le Point la semaine dernière
00:21:16avoir consulté un endocrinologue du CHU du Kremlin-Bicêtre
00:21:20qui lui a dit qu'Imane est bien une femme
00:21:23malgré son cariotype et son taux de testostérone.
00:21:27Il lui a dit qu'il y a un problème avec ses hormones,
00:21:30avec ses chromosomes, rien que ça, mais c'est une femme.
00:21:33Le préparateur dit aussi avoir travaillé avec un médecin
00:21:36basé en Algérie pour contrôler et réguler,
00:21:39autrement dit faire baisser le taux de testostérone d'Imane
00:21:43et que ce taux est également dans la norme féminine.
00:21:47Et je me mets à la place des téléspectateurs qui nous regardent
00:21:50et qui cherchent à comprendre parce que ce n'est pas simple.
00:21:53Ce n'est pas simple et d'ailleurs je ne m'aventurerai pas
00:21:56à trancher la question, ce n'est pas mon sujet,
00:21:59mon sujet c'est la liberté d'expression.
00:22:02On vient de voir avec l'édito de Michel Taubes
00:22:05qu'elle était tout à fait entière quand il s'agit
00:22:08de tenir des propos anti-juifs, anti-sémites, anti-Israël.
00:22:15Alors là il y a procès, alors que Donald Trump,
00:22:19Elon Musk et J.K. Rowling, qui est elle-même menacée de mort
00:22:23depuis des années par des activistes trans,
00:22:26n'ont pas posté de messages de haine à l'encontre d'Imane Kelly.
00:22:30Ils ont pris une position discutable et d'ailleurs discutée
00:22:34dans un débat qui agite l'ensemble des sociétés.
00:22:37Est-ce que c'est à la justice de le clorge ? Non.
00:22:40En démocratie je répondrais non, ce n'est pas son rôle.
00:22:43On ne peut pas non plus évacuer toute contestation
00:22:46en la qualifiant de discriminatoire, comme l'a fait Thomas Bach.
00:22:50Son attitude dans cette affaire ne lui a d'ailleurs pas réussi.
00:22:53Alors concrètement, qu'est-ce que vous voulez dire ?
00:22:55C'est quoi le message ?
00:22:56Thomas Bach vient d'annoncer qu'il renonçait à briguer
00:22:59un troisième mandat à la tête du comité olympique.
00:23:02Le règlement ne l'autorise à en faire que deux,
00:23:05mais des membres du CIO étaient prêts à modifier ce règlement
00:23:08pour qu'il puisse rester malgré ses 70 ans.
00:23:11C'est lui qui n'a pas voulu.
00:23:12Il s'est contenté de dire que l'étant nouveau exigeait
00:23:15des nouveaux dirigeants sans revenir sur l'affaire des boxeuses.
00:23:18Mais Sébastien Coe, le principal prétendant à sa succession,
00:23:21a mis les pieds dans le plat.
00:23:23L'ancien champion du monde de 1500 mètres,
00:23:26qui préside depuis presque 10 ans la Fédération internationale d'athlétisme,
00:23:31a déclaré qu'il fallait avoir une politique claire,
00:23:34ce qui n'a pas été le cas en l'espèce,
00:23:37pour préserver la catégorie féminine.
00:23:39Voyez que le débat n'est pas prêt d'être clos.
00:23:41C'est le moins que l'on puisse dire.
00:23:43Nathan, Rogis, Michel, petite réaction ?
00:23:49Moi j'entends beaucoup les discours consistant à dire
00:23:53qu'il faut appliquer à la société les règles du sport.
00:23:56Mais il me semble précisément que sur la question de l'identité
00:24:00et de l'identité de genre, il y a une véritable,
00:24:03et c'est le désaccord que j'aurai avec vous,
00:24:05instrumentalisation de la part de ceux qui font partie d'une offensive transphobe.
00:24:11On sait qu'en France, il y a chez les personnes trans
00:24:15des agressions terribles qui ont lieu quasiment tous les mois.
00:24:19Récemment, il y a deux semaines,
00:24:21un meurtre qui a eu lieu à quelques centaines de mètres d'ici
00:24:24d'une femme trans, un meurtre absolument sauvage.
00:24:27On sait qu'il y a cette haine-là.
00:24:29Et cette haine, j'observe qu'elle utilise très souvent des prétextes.
00:24:34Et parmi les prétextes, il y a les vestiaires de sport,
00:24:37les compétitions sportives, etc.
00:24:40Tout cela, et ça vous le trouvez dans le livre de Marguerite Stern et d'Ora Moutot.
00:24:44Elles sont elles-mêmes harcelées et victimes d'une campagne.
00:24:47Il n'y a pas de non mais d'accord.
00:24:49Elles sont menacées de mort, harcelées, victimes de dénigrement.
00:24:55Je dénonce la haine qu'elles subissent.
00:24:57Je dénonce aussi la haine qu'elles déclenchent.
00:24:59Et j'en connais l'une des deux.
00:25:01Je vois très bien ce qu'elles font dans leurs livres
00:25:04et sur leurs comptes sur les réseaux sociaux.
00:25:06Elles déclenchent tous les jours une haine, une haine absolue
00:25:09contre les personnes trans avec des argumentations
00:25:13qui ne sont pas des arguments mais qui consistent toujours
00:25:16à saisir une exception, à déclencher une haine, etc.
00:25:19Vous avez un exemple ?
00:25:21Je n'en ai pas un, j'en ai mille.
00:25:23Un seul, ce serait bien.
00:25:25Je vous en donne un seul.
00:25:26Quand dans leurs livres, elles prennent l'exemple d'un personnage
00:25:29dont elles racontent elles-mêmes que c'est un personnage fictif
00:25:32donc qui est construit sur des stéréotypes.
00:25:35Qu'elles associent à ce personnage qui s'appelle Robert
00:25:38et qui devient Christina ou Roberta, je ne me souviens plus du prénom.
00:25:41Et elles associent tous les stéréotypes les plus infamants
00:25:44sur ce personnage.
00:25:45Qu'elles insultent ce personnage.
00:25:47Leur livre sur la question trans.
00:25:48Elles insultent un personnage fictif.
00:25:50Imaginez que vous écriviez un livre comme ça sur les Juifs.
00:25:53Ça a été écrit par le passé.
00:25:55Des gens qui font des personnages fictifs, de stéréotypes,
00:25:57en balançant tous les stéréotypes possibles sur un personnage qui n'existe pas,
00:26:00en l'insultant.
00:26:01En disant Robert, tu nous emmerdes.
00:26:02Ce n'est pas du tout ce qu'elles font.
00:26:03Si c'est ce qu'elles font, je l'ai eu leur livre.
00:26:05Moi aussi.
00:26:06Vraiment, vous le savez.
00:26:07Oui.
00:26:08Il y a un chapitre qui s'appelle Robert, tu nous fais chier.
00:26:10Robert, tu nous fais chier.
00:26:11Ou Robert, tu nous emmerdes.
00:26:12Il y a des insultes quasiment page par page sur les personnes trans.
00:26:15Mais le sujet n'est pas leur livre.
00:26:16Le sujet est la haine qui se déverse aujourd'hui sur les personnes trans
00:26:19et qui se saisit de prétextes comme les vestiaires de sport,
00:26:22comme les compétitions sportives qui ont lieu une fois tous les 4 ans.
00:26:25Moi, je ne connais pas…
00:26:26Ce n'est pas une fois tous les 4 ans, c'est tout le temps les compétitions de sport.
00:26:29Il y aurait environ 600 médailles de compétition internationale
00:26:33gagnées dans des catégories féminines, dans des compétitions féminines
00:26:38par des personnes qui ont trop de testostérone,
00:26:44enfin trop, plus que ce que le règlement par exemple du CIO autorise
00:26:50et dont l'identité de genre a changé par exemple.
00:26:55Mais là, ce qui est important, c'est que cette boucheuse n'est pas trans.
00:26:58Absolument.
00:26:59C'est important de le rappeler.
00:27:00J'ai bien entendu votre éditorial.
00:27:09Mais ce que je fais remarquer, c'est que sur les réseaux sociaux,
00:27:11ceux qui ont lancé cette polémique sont essentiellement les comptes Twitter
00:27:15qui sont associés à la haine transphobe en France.
00:27:17Et ce que je fais remarquer, c'est que la haine transphobe tue.
00:27:19Ce n'est pas seulement des tweets.
00:27:20Ce n'est pas seulement des tweets qui sont massivement likés.
00:27:22Ce sont des tweets qui font tuer des gens.
00:27:24Ce sont des tweets qui déclenchent des opérations de harcèlement en ligne
00:27:29qui sont absolument massifs.
00:27:30Et c'est une haine qui est dangereuse.
00:27:31Et c'est tout ce que je fais remarquer.
00:27:32Et qu'évidemment, elle se saisit toujours de prétextes
00:27:34qui va gagner la compétition d'athlétisme.
00:27:36Je pense que ça n'intéresse pas un nombre massif de gens
00:27:39par rapport à des gens qui décèdent de la haine et de la discrimination.
00:27:42Et il me semble très important de le signer avec ça.
00:27:44Mais ce n'est pas du tout ce qu'a dit Judith.
00:27:45Non, pas du tout.
00:27:46Parce qu'en fait, le sujet, c'est d'expliquer que ces athlètes
00:27:50portent plainte contre Donald Trump, contre Elon Musk
00:27:53et contre un troisième, je ne sais plus,
00:27:54si, J.K.Rowling, qui n'ont pas jusqu'à présent écrit de messages de haine,
00:28:00mais ont simplement émis une opinion.
00:28:02C'est quand même substantiellement différent
00:28:04entre une campagne qui serait relayée par Elon Musk.
00:28:08Excusez-moi, Elon Musk, il a le tort d'avoir été propriétaire de la plateforme X
00:28:13sur laquelle, effectivement, il faut reconnaître
00:28:15qu'il y a des campagnes de haine qui se déclenchent.
00:28:17Mais ce n'est pas lui le problème.
00:28:19Or là, la plainte est dirigée contre lui.
00:28:22Ce n'est pas une question de transphobie ou non,
00:28:27c'est une question de liberté d'expression.
00:28:29J.K.Rowling n'a jamais été engagée massivement dans une campagne transphobe.
00:28:34Mais non.
00:28:35Jamais.
00:28:36Elle n'a jamais perdu toute l'aura qu'elle avait.
00:28:40Elle est menacée de mort.
00:28:42Mais je ne soutiens pas les menaces de mort.
00:28:44La plupart des acteurs principaux de Harry Potter sont désolidarisés.
00:28:50On lui demande de ne plus apparaître quand il est question d'Harry Potter.
00:28:54Ça, je ne voulais pas entendu dénoncer.
00:28:56Mais je le dénonce.
00:28:57Mais je vous le dis.
00:28:58Mais je dénonce la campagne transphobe qu'elle commet aussi.
00:29:00On peut dénoncer les deux.
00:29:01C'est l'habitance pour le moment.
00:29:02Vous venez de dire qu'elle n'était pas transphobe.
00:29:04Non, c'était ironique.
00:29:05J'ai dit qu'elle n'a jamais fait ça.
00:29:06C'était une question ironique.
00:29:08On marque une pause.
00:29:09Justement avec vous, avec le challenge que je vous ai fixé.
00:29:12Expliquez la stratégie politique de Lucie Castet.
00:29:16Bon courage.
00:29:17On se retrouve dans quelques instants.
00:29:22Comme on a parlé sport en première partie de Face Info,
00:29:26je dirais que c'est la deuxième mi-temps de Face Info.
00:29:29Toujours avec moi, Julie de Vintraud, Brigitte Le Saumier, Nathan Devers et Michel Thaube.
00:29:33On va parler politique avec vous, mon cher Nathan, avec un challenge.
00:29:37Je vous ai fixé un vrai challenge.
00:29:39C'est de revenir sur la stratégie politique de Lucie Castet,
00:29:43qu'on voit beaucoup et qu'on entend beaucoup.
00:29:46Exactement.
00:29:47Alors déjà, avant de revenir sur sa stratégie politique,
00:29:49revenir sur le bandeau qui la présente dans la plupart des médias.
00:29:52Je remarque avec amusement que quand il y a des déclarations d'elle
00:29:55qui sont reprises dans les médias,
00:29:57elle est présentée comme candidate au poste de première ministre
00:30:00ou candidate à Matignon.
00:30:02Ce qui est amusant, c'est que dans l'esprit de la Ve République,
00:30:05ce poste n'existe pas.
00:30:06On peut être candidat à l'élection présidentielle,
00:30:08mais candidat à Matignon n'a aucun sens.
00:30:10C'est une première d'ailleurs.
00:30:12Et que c'est presque une première, parce qu'en 2022,
00:30:15je vous rappelle que Jean-Luc Mélenchon avait fait toute une campagne élective
00:30:18en disant « élisez-moi Premier ministre ».
00:30:20Donc il se présentait comme candidat à l'hôtel de Matignon
00:30:25et que de facto, quoi qu'on pense de lui,
00:30:27Jean-Luc Mélenchon a en effet un peu changé l'esprit des institutions
00:30:31de la Ve République en les ramenant vers la Ve
00:30:33et en recréant ce poste-là de candidat avant ou après élection
00:30:37au poste de Premier ministre et donc de chef de gouvernement.
00:30:41Alors dans le cadre de cette candidature,
00:30:43Mme Castey succède à deux candidates malheureuses,
00:30:47Huguette Bellot et Laurence Toubiana,
00:30:49que le Nouveau Front Populaire avait d'abord désigné
00:30:52avant de les écarter et de se reporter sur son nom.
00:30:56Dès le lendemain du jour où le nom de Lucie Castey
00:31:00était apparu auprès du grand public,
00:31:02alors qu'elle n'était pas forcément extrêmement connue pour les Français,
00:31:06le Président, dans une interview à la télévision,
00:31:10avait écarté à demi-mot, mais enfin c'était extrêmement clair,
00:31:13la possibilité de cette désignation.
00:31:16Et forcée de constater que depuis 2-3 semaines,
00:31:19elle s'accroche en quelque sorte au poste,
00:31:21faisant pression à l'Élysée pour que le Président puisse la désigner
00:31:26avec une présence médiatique accrue et régulière
00:31:29pendant les Jeux Olympiques.
00:31:30On se souvient notamment de sa visite à l'usine Duralex.
00:31:34Or ce qui est intéressant, c'est que dès le lendemain
00:31:37de la trêve politique décidée par le Président Macron-Jupiter,
00:31:42dès le lendemain donc de la cérémonie de clôture,
00:31:45elle a adressé lundi dernier une lettre à tous les parlementaires
00:31:49co-signés avec André Chassaigne, Cyriel Chatelain du côté des écologistes,
00:31:54Mathilde Panot du côté de la France Insoumise
00:31:56et Boris Vallaud du côté des socialistes.
00:31:59Lettre adressée à tous les parlementaires, sénateurs et députés,
00:32:02sauf les membres du Rassemblement National
00:32:05où on trouve essentiellement trois informations politiques.
00:32:08Premièrement, une dénonciation de la situation actuelle.
00:32:12Elle affirme, elle constate, affirme entre guillemets,
00:32:15que le Nouveau Front Populaire est le premier mouvement politique de l'Assemblée
00:32:18et que c'est à lui que revient la perspective de former un gouvernement
00:32:22et donc que le Président de la République a tort de ne pas nommer plus vite,
00:32:27plus tôt et de ne pas surtout envisager de nommer un individu
00:32:31qui émanerait du Nouveau Front Populaire pour former un gouvernement.
00:32:35Deuxièmement, et c'est le plus nouveau, c'est le plus intéressant,
00:32:38il y a un petit changement de stratégie avec pour la première fois
00:32:44une forme de concession, de reconnaissance, d'aveu,
00:32:47à savoir qu'elle admet enfin que le Nouveau Front Populaire
00:32:50n'a pas gagné les élections législatives,
00:32:53au sens où il n'a pas obtenu de majorité absolue.
00:32:57Je vous cite, le gouvernement du Nouveau Front Populaire
00:33:01devra tenir compte du fait que la majorité sur laquelle il s'appuie
00:33:05n'est que relative et qu'il lui sera dès lors nécessaire
00:33:09de convaincre au-delà des rangs du Nouveau Front Populaire
00:33:12pour construire des majorités parlementaires.
00:33:14Autrement dit, elle reconnaît la nécessité,
00:33:16c'est la première fois lundi dernier, de travailler en commun
00:33:19avec des gens qui n'appartenaient pas à ce groupe,
00:33:22à cette alliance électorale et donc ça suppose évidemment
00:33:25de faire des pas vers eux.
00:33:26Troisièmement, elle rappelle ses priorités que j'aimerais bien
00:33:29quand même évoquer, l'augmentation des salaires,
00:33:31notamment du SMIC, l'abrogation de la réforme des retraites,
00:33:35l'accélération de la bifurcation écologique,
00:33:38le rétablissement enfin d'une fiscalité juste
00:33:42qui permette de financer nos services publics,
00:33:44le pouvoir d'achat et la transition écologique
00:33:46tout en évitant de creuser la tête grâce à une hausse
00:33:49des ressources fiscales concentrées sur les foyers les plus aisés.
00:33:53Alors dans cette lettre, évidemment, nous avons deux grands silences.
00:33:56Un premier silence, même si elle le mentionne,
00:33:58je viens de le citer, sur la dette,
00:34:00c'est-à-dire qu'elle n'explique pas comment nous réglons
00:34:02ce problème énorme de la dette qui augmente
00:34:04et de la France qui est menacée par un certain nombre
00:34:06d'institutions internationales.
00:34:08Et deuxième silence, notamment, sur le déficit du budget
00:34:13de l'État qu'elle semble vouloir augmenter,
00:34:15à la fois par des mesures sociales et à la fois
00:34:17par une modification de la politique fiscale.
00:34:20Alors dans la série « Je veux Matignon, je veux y aller,
00:34:22je veux y aller et j'enfonce le clou »,
00:34:25autre interview chez nos confrères du Parisien
00:34:28et là, il y a quelques petits remous.
00:34:30Exactement. Alors hier, elle a accordé une interview
00:34:33aux Parisiens, à la suite de cette lettre
00:34:35adressée aux parlementaires, où elle donne aussi,
00:34:38je dirais, deux messages essentiels.
00:34:40Le premier qui est d'attaquer ou de mettre la pression
00:34:43à Emmanuel Macron en lui reprochant ou en reprochant
00:34:46à son entourage les noms qui ont pu être entendus
00:34:50au sujet des potentiels candidats, donc ses rivaux,
00:34:53à l'hôtel de Matignon, à savoir Xavier Bertrand
00:34:56et Bernard Cazeneuve. Je vous cite dans le texte
00:34:58parce que c'est quand même intéressant à citer.
00:35:00On a quand même un président qui envisageait
00:35:04avant l'élection de donner le pouvoir à Jordane Bardella
00:35:07en cas de majorité relative.
00:35:10Et qu'il le refuse aujourd'hui à la gauche,
00:35:12je trouve ça extrêmement préoccupant.
00:35:14Et je pense que ça ne convient pas non plus chez tous
00:35:16à renaissance. Alors, cette phrase est intéressante
00:35:19parce qu'en effet, Emmanuel Macron, après le désaveu
00:35:24qu'il a reçu lors des élections européennes,
00:35:26décide de faire une dissolution.
00:35:28Nous connaissons toutes et tous les règles
00:35:30de l'élection législative, à savoir le fait que si,
00:35:33en effet, le Rassemblement national avait obtenu
00:35:36une majorité absolue, il aurait pu avoir les clés
00:35:40du pouvoir comme absolument n'importe quel parti.
00:35:43Ce qui est intéressant ici, c'est l'accusation
00:35:46qui est extrêmement régulière dans une partie
00:35:48de la gauche, consistant à mettre sur le même plan
00:35:50Emmanuel Macron et Jordane Bardella ou Éric Zemmour,
00:35:54globalement à dire qu'Emmanuel Macron n'a pas
00:35:56d'autre fonction historique que de préparer
00:35:58à l'élection ou à l'arrivée au pouvoir
00:36:01de Jordane Bardella. Deuxième information
00:36:03qui est intéressante dans cette lettre,
00:36:05c'est que, sur deux points importants,
00:36:08nous assistons à une forme de recul
00:36:11de Mme Castet, qui était en quelque sorte prévue.
00:36:13Je viens de vous dire, la lettre reconnaissait
00:36:15pour la première fois que, contrairement
00:36:17à ce que disait Jean-Luc Mélenchon à 20h05,
00:36:19lors du deuxième tour des élections législatives,
00:36:21il n'avait pas obtenu de victoire qui permettait
00:36:23d'appliquer rien que le programme et tout le programme.
00:36:25Et donc, pour la première fois,
00:36:27dans l'interview aux Parisiens,
00:36:30elle accepte de reculer sur deux éléments
00:36:32importants de sa candidature à Matignon,
00:36:36à savoir le fait d'augmenter le SMIC
00:36:39à 1 600 euros et de rétablir l'ISF,
00:36:42l'impôt sur la fortune.
00:36:44Elle cite, je vous cite dans le texte,
00:36:46« Cela reste des horizons.
00:36:48Notre objectif est de procéder à une forme
00:36:50de cadencement en fonction de ce qui est faisable
00:36:52à court et moyen terme, de toujours prévoir
00:36:54des recettes en face des dépenses. »
00:36:56Alors, c'est vrai que quand on connaît
00:36:58un tout petit peu les éléments de langage
00:37:00de cette gauche-là,
00:37:02de la gauche qui émane du socialisme élargi,
00:37:04quand on dit on va voir ce qu'on fait
00:37:06à moyen terme ou à long terme, globalement,
00:37:08et qu'on connaît le discours de la gauche,
00:37:10ça veut dire on abandonne.
00:37:12Et Hercilia Soudé ne s'y est pas trompée,
00:37:14elle qui a répondu sur Twitter,
00:37:16« Non, hors de question de temporiser
00:37:18ces deux mesures, un peu de courage politique,
00:37:20bon sens ! ».
00:37:22Alors, j'ai vu que tout à l'heure, elle a refait un tweet
00:37:24en s'arrangeant, en disant que c'était
00:37:26la chaîne, une chaîne amie,
00:37:28qui avait déformé légèrement ses propos,
00:37:30mais non, non, non, Lucie Castet disait, en effet,
00:37:32je viens de vous lire la déclaration, qu'elle envisageait
00:37:34de voir les mesures qui n'étaient pas faisables
00:37:36à court terme et donc de les reporter.
00:37:38Alors, moi, j'avais une question,
00:37:40je vous ai fixé un challenge,
00:37:42est-ce que Lucie Castet a des chances
00:37:44de remporter son pari ?
00:37:46Alors, elle a raison sur un point, Lucie Castet.
00:37:48C'est qu'en effet, si on observe
00:37:50la logique des institutions de la République,
00:37:52il est vrai que le parti qui arrive
00:37:54en tête, c'est une coutume,
00:37:56c'est pas dans la lettre, mais c'est dans l'esprit de la Constitution,
00:37:58le parti qui arrive en tête
00:38:00aux élections législatives, la coutume
00:38:02veut que le président de la République
00:38:04puisse désigner au sein
00:38:06de ce parti ou au sein de cette force politique
00:38:08une individualité qui puisse prendre la tête
00:38:10du gouvernement. Mais
00:38:12les déclarations de Lucie Castet
00:38:14posent toujours le même problème,
00:38:16à savoir, à supposer qu'elle arrive à Matignon
00:38:18avec des ministres de la France
00:38:20insoumise, comme c'est prévu, et je vous rappelle que la lettre
00:38:22était co-signée par Mathilde Panot,
00:38:24il y aurait immédiatement
00:38:26une motion de censure, immédiate,
00:38:28qui serait co-signée
00:38:30à la fois par un nombre très très important
00:38:32de macronistes et de députés du Rassemblement
00:38:34national, ce qui ferait probablement tomber
00:38:36ce gouvernement, je pense, me semble-t-il,
00:38:38dans les 48 heures. Et d'ailleurs,
00:38:40ce problème-là, il a été
00:38:42évoqué dans une réponse à cette lettre
00:38:44qui a été publiée sur les réseaux sociaux
00:38:46de Stéphane Vogeta, qui est député
00:38:48des Français de l'étranger, dans la péninsule
00:38:50ibérique, et qui, dans une longue réponse,
00:38:52a adressé deux reproches
00:38:54à Mme Castet.
00:38:56Le premier, c'est que depuis
00:38:58les élections législatives, dans plusieurs interviews,
00:39:00elle avait parlé
00:39:02de sa proposition d'établir
00:39:04sur le modèle américain une sorte
00:39:06d'imposition universelle. Ça veut dire que
00:39:08même si un individu français
00:39:10établit son foyer fiscal
00:39:12à l'étranger, eh bien qu'il puisse avoir
00:39:14l'obligation, être soumis à cette obligation,
00:39:16de devoir payer des impôts en France.
00:39:18Stéphane Vogeta rappelle une chose,
00:39:20c'est que cette proposition
00:39:22ne faisait pas partie du programme
00:39:24du Nouveau Front Populaire, que en revanche
00:39:26elle émane du programme de l'avenir en commun,
00:39:28et que donc c'est la démonstration
00:39:30qu'il y a une influence du
00:39:32mélenchonisme sur le programme
00:39:34du Nouveau Front Populaire. Et la deuxième chose
00:39:36que dit M. Vogeta,
00:39:38et je pense qu'il reflète l'avis d'un grand
00:39:40nombre de gens du macronisme,
00:39:42c'est que si le futur ou la
00:39:44future Première Ministre gouvernait la France
00:39:46en refusant de faire des concessions
00:39:48dans un esprit républicain,
00:39:50en refusant d'abandonner une seconde son programme
00:39:52pour chercher un dénominateur commun,
00:39:54ou la fameuse devise de Giscard
00:39:56réconciliée deux Français, ou en tout cas
00:39:58deux parlementaires sur trois, lui il
00:40:00voterait la motion de censure.
00:40:02Alors tout ça pose la question de l'unité
00:40:04de la gauche, qu'est-ce que vous répondez ?
00:40:06Eh bien il me semble que malgré
00:40:08les stratégies de communication
00:40:10de Mme Castet,
00:40:12les écoles que je viens de vous évoquer nous montrent
00:40:14clairement que le Nouveau Front Populaire
00:40:16n'existe pas, il n'a existé que
00:40:18pendant les élections législatives
00:40:20et il se heurte aujourd'hui à deux écueils.
00:40:22Le premier écueil, c'est un écueil méthodologique
00:40:24ou stratégique, à savoir qu'il est
00:40:26divisé aujourd'hui entre des gens qui,
00:40:28tel Jean-Luc Mélenchon à 20h05 disait
00:40:30nous ne transigerons pas
00:40:32d'un seul iota, d'un seul
00:40:34centimètre sur le programme
00:40:36qui était celui de notre campagne, donc qui sont en fait
00:40:38dans une logique extrêmement présidentialiste,
00:40:40nous refusons de composer
00:40:42via le parlementarisme, et d'autres gens
00:40:44notamment chez les socialistes, notamment chez les écologistes
00:40:46qui disent, et chez les communistes aussi,
00:40:48qu'il faut essayer de construire
00:40:50une coalition de gouvernement.
00:40:52Mais surtout, et je viens au principal
00:40:54et d'ailleurs c'est le plus grand non-dit
00:40:56à mon avis de la lestre de Mme Castet,
00:40:58c'est qu'elle ne mentionne pas
00:41:00les grandes cassures qui existent aujourd'hui au sein de la gauche,
00:41:02elle ne mentionne pas la question
00:41:04de l'Ukraine, elle ne mentionne pas
00:41:06la complaisance immense qui existe
00:41:08au sein du programme de l'avenir en commun
00:41:10vis-à-vis des empires
00:41:12autocratiques d'aujourd'hui, vis-à-vis de la Russie
00:41:14de Vladimir Poutine, sur les 15 dernières années
00:41:16c'est absolument manifeste, notamment pendant la guerre en Syrie,
00:41:18vis-à-vis aussi
00:41:20de la guerre en Ukraine, elle ne mentionne pas
00:41:22aussi la question brûlante, quand on
00:41:24connaît l'histoire de la gauche au XXe siècle, quand on connaît
00:41:26l'affaire Dreyfus, de l'antisémitisme.
00:41:28Mme Castet ne parle jamais
00:41:30du fait qu'il y a eu
00:41:32une cassure, une cassure brûlante,
00:41:34une cassure, me semble-t-il,
00:41:36indépassable, entre
00:41:38des individus qui, à gauche,
00:41:40estimaient qu'on était prêts à toutes les compromissions,
00:41:42qu'on était prêts à toutes les reprises
00:41:44de la phrase zéologique que Michel Taube évoquait
00:41:46tout à l'heure, et d'autres qui estimaient que
00:41:48pour une poignée de postes, on pouvait accepter
00:41:50tous les reniements vis-à-vis
00:41:52de l'idéal humaniste qui a toujours construit
00:41:54en France la gauche républicaine
00:41:56depuis au moins deux siècles.
00:41:58Merci Nathan. Réaction, je désire.
00:42:00Il n'y a pas d'usage, contrairement
00:42:02à ce que vous dites, dans la Vème République,
00:42:04qui veuille que le parti
00:42:06arrivé en tête se voit proposer
00:42:08matignon.
00:42:10S'il y en avait un, de toute façon,
00:42:12ce serait le Rassemblement National,
00:42:14puisque, en termes de parti, c'est lui
00:42:16qui a eu le plus d'élus, et de très très
00:42:18loin, devant tous les autres.
00:42:20Le
00:42:22Front Populaire, Nouveau Front Populaire,
00:42:24n'est pas un parti, et là,
00:42:26pour le coup, l'Éditoque,
00:42:28vous venez de faire le démontre
00:42:30amplement. Il y a
00:42:32énormément de points
00:42:34de dissension. Vous avez
00:42:36cité Ersilia Soudé,
00:42:38qui s'est affolée de voir
00:42:40que le Beau Programme était déjà
00:42:42menacé. On pourrait
00:42:44citer chez les écolos Benjamin
00:42:46Lucas, qui a dit tout de suite, je ne veux
00:42:48pas d'une coalition
00:42:50de renégats,
00:42:52où l'insoumise Aurélie
00:42:54Trouvé, qui a dit, voilà, attention,
00:42:56le spic à 1600 euros net, c'est
00:42:58dans les premières semaines, ce n'est pas
00:43:00au calendrier.
00:43:02Je suis juste une petite remarque à propos
00:43:04de Jean-Luc Mélenchon. C'est vrai
00:43:06que c'est lui qui a inauguré
00:43:08l'idée qu'on se désigne
00:43:10pour Matignon. En tout cas,
00:43:12il ne candidatait pas vraiment.
00:43:14Si vous venez de voir les affiches de Mélenchon,
00:43:16c'était déjà marqué Premier Ministre.
00:43:18Il s'imposait à Emmanuel
00:43:20Macron. Il ne disait pas, là,
00:43:22comme Lucie Castex, je
00:43:24candidate à Matignon. – Et c'était justement le sens
00:43:26de mes propos quand j'ai dit à Nathan,
00:43:28et quand j'ai interpru Nathan en disant c'est une première,
00:43:30c'était vraiment ça. En fait, elle fait campagne.
00:43:32Mélenchon dit que je suis.
00:43:34– Elle, je pense que c'est une première.
00:43:36– C'est ça. En fait, c'était le sens.
00:43:38Je voulais mélanger mes propos.
00:43:40– Même si Jean-Luc Mélenchon, c'était nouveau en 2022.
00:43:42– Oui, oui, j'entends, j'entends.
00:43:44Mais je ne conteste pas ça.
00:43:46Sauf que là, ils compagnent.
00:43:48– Deux petites choses très comptes.
00:43:50D'abord, je ne crois pas deux minutes
00:43:52à la sincérité de Madame Castex
00:43:54de mettre de l'eau dans son vin
00:43:56du programme
00:43:58du pseudo Nouveau Front Populaire.
00:44:00Je pense que c'est de la pure tactique
00:44:02pour essayer, encore une fois,
00:44:04d'entretenir le suspense
00:44:06de sa possible nomination à Matignon.
00:44:08Et le deuxième point que je retiens
00:44:10de votre édito, cher Nathan,
00:44:12c'est qu'on savait que l'Assemblée nationale
00:44:14était ingouvernable aujourd'hui.
00:44:16Mais effectivement, le pseudo Nouveau Front Populaire
00:44:18est totalement ingouvernable lui aussi.
00:44:20Et évidemment qu'en interne,
00:44:22ça ne pourra pas fonctionner
00:44:24plus que quelques jours,
00:44:26voire quelques semaines.
00:44:28C'est ce qu'a dit la NUPES
00:44:30les deux dernières années,
00:44:32et ça va évidemment continuer.
00:44:34Donc ce sera encore plus compliqué à gérer
00:44:36si jamais Emmanuel Macron cédait
00:44:38à cette pression venant de l'extrême gauche.
00:44:40– Plus encore que l'Assemblée.
00:44:42– Certainement.
00:44:44– On enchaîne avec Régis Le Sommier.
00:44:46On va parler du conflit entre l'Ukraine et la Russie.
00:44:48Je le disais, depuis le 6 août,
00:44:50les troupes ukrainiennes sont entrées
00:44:52sur le territoire de la Russie,
00:44:54dont elles contrôlent désormais environ,
00:44:56alors la question qu'on peut se poser,
00:44:58comment une telle opération a pu se produire ?
00:45:00– Une telle opération a pu se produire
00:45:02à un âge où on a l'impression
00:45:04que normalement tout le monde voit
00:45:06tout sur le champ de bataille.
00:45:08Les drones, la surveillance, les brouillages.
00:45:10Mais précisément, elle s'est produite
00:45:12là où elle s'est produite,
00:45:14c'est-à-dire dans l'oblaste de Koursk,
00:45:16c'est-à-dire dans la région administrative
00:45:18de Koursk,
00:45:20parce que cette région ne fait pas partie
00:45:22du champ de bataille.
00:45:24Pas de l'armée russe avec la surveillance adéquate,
00:45:26mais du FSB,
00:45:28les services de renseignement extérieur de la Russie,
00:45:30relativement moins équipés,
00:45:32de certains gardes frontières,
00:45:34souvent des appelés pas très formés.
00:45:36Et donc,
00:45:38si vous voulez, c'est une région
00:45:40qui, jusqu'à présent,
00:45:42depuis février 2022,
00:45:44rien ne s'y était passé.
00:45:46Ensuite, parce que les Ukrainiens
00:45:48ont réussi un coup très audacieux
00:45:50en donnant l'impression justement
00:45:52d'améliorer le type d'incursion sommaire
00:45:54qu'ils avaient déjà réalisé
00:45:56l'an dernier, alors c'était dans
00:45:58l'oblaste voisin de Belgorod,
00:46:00à l'époque, il s'agissait de raids
00:46:02réalisés par des combattants russes
00:46:04anti-Poutine, assez fortement
00:46:06néo-nazis d'ailleurs,
00:46:08qui se sont soldés à chaque fois par la destruction
00:46:10des assaillants ou leur repli
00:46:12de l'autre côté de la frontière. Cette fois,
00:46:14l'Ukraine a attaqué,
00:46:16elle a engagé entre 2 et 4 brigades,
00:46:18soit entre 6 000 et 12 000 hommes,
00:46:20plutôt autour de 10 000
00:46:22vraisemblablement, et un matériel
00:46:24conséquent, c'est-à-dire
00:46:26des drones, des chars,
00:46:28pour pouvoir marquer et aller
00:46:30dans la profondeur. Alors, ce qui est incroyable,
00:46:32c'est que les Russes n'ont rien vu,
00:46:34mais vraiment rien vu. Alors, les gardes-frontières
00:46:36justement, ceux dont je parlais, qui, sans expérience
00:46:38et assez naïfs,
00:46:40ont signalé la percée
00:46:42ukrainienne, mais pas suffisamment à temps.
00:46:44Alors, une bonne partie d'entre eux,
00:46:46d'ailleurs, ont été fait prisonniers par
00:46:48l'armée ukrainienne, c'est intéressant
00:46:50de le noter. Ensuite, les Ukrainiens,
00:46:52quand ils ont, si vous voulez,
00:46:54ils ont réussi à masquer le nombre de
00:46:56troupes qui étaient effectivement
00:46:58agglutinées derrière la frontière.
00:47:00Comment ? En demandant à une partie
00:47:02de leurs troupes de venir, non pas en uniforme,
00:47:04mais en civil.
00:47:06Donc, ils se sont massés
00:47:08en civil d'abord, donc
00:47:10ils n'ont pas été détectés. Ensuite,
00:47:12les Russes sont restés aveugles parce que
00:47:14l'armée ukrainienne possède, en effet,
00:47:16des différences en munitions, on en a beaucoup parlé,
00:47:18en hommes, mais en revanche, elle reste très
00:47:20compétitive avec la Russie
00:47:22au niveau des drones, du brouillage
00:47:24et elle peut toujours rivaliser avec eux.
00:47:26En l'occurrence, les Ukrainiens sont parvenus à
00:47:28aveugler ou à rendre inopérants
00:47:30les moyens de surveillance électronique
00:47:32russes qui n'ont pas pris correctement
00:47:34la mesure des forces
00:47:36qui s'agglutinaient à leur frontière.
00:47:38Oui, alors c'est quand même 800 km²,
00:47:40comment les Ukrainiens ont pu faire
00:47:42pour maîtriser tout cela ? Alors ça, c'est l'art
00:47:44militaire tel qu'on l'enseigne, c'est-à-dire
00:47:46c'est la guerre de mouvement, précisément
00:47:48ce que les Russes n'ont pas fait, et les Ukrainiens
00:47:50d'ailleurs, depuis au moins un an et demi
00:47:52puisque le front en Ukraine, c'est à peu près
00:47:541000 km de long et c'est un front
00:47:56de grignotage. C'est un front
00:47:58où on détruit, on avance,
00:48:00on prend des villes, mais si vous voulez
00:48:02il n'y a pas de guerre de mouvement. Là, c'est
00:48:04l'audace, la vitesse, le mouvement.
00:48:06Alors que dans le Donbass,
00:48:08je le disais, deux ans de grignotage,
00:48:10les Ukrainiens sont parvenus
00:48:12à pénétrer très rapidement. Ils ont
00:48:14lancé des groupes d'éclaireurs dans la profondeur
00:48:16puis préparé immédiatement
00:48:18les défenses pour contenir
00:48:20le moment où les Russes
00:48:22ont envoyé évidemment des troupes pour
00:48:24arrêter cet assaut.
00:48:26Les combats font toujours rage. Aujourd'hui,
00:48:28les Ukrainiens tiennent, consolident.
00:48:30Hier, ils ont repris, ils ont conquis
00:48:32l'intégralité. Alors, la plus grosse ville
00:48:34qu'ils tiennent s'appelle Sudja. Il faut quand même
00:48:36rester modeste, c'est 5000 habitants,
00:48:38Sudja. Barkhmout,
00:48:40c'était 70 000 habitants. Donc, ils tiennent
00:48:42au total une trentaine de villages.
00:48:44Le président Zelensky a dit
00:48:46plus. Après, tout ça
00:48:48est discutable. Pareil, les 800 kilomètres
00:48:50carrés, les Ukrainiens disent 1000.
00:48:52Voilà. On dit,
00:48:54et là aussi, je parle sur votre gouverne, que l'Ukraine
00:48:56est affaiblie militairement parlant.
00:48:58Combien de temps ça va pouvoir durer
00:49:00cette occupation ? On imagine mal les Russes
00:49:02leur laisser le territoire
00:49:04sans tenter une contre-offensive.
00:49:06Ce qui est très intéressant, c'est que Poutine prend les choses
00:49:08très au sérieux. Il a
00:49:10dépêché sur place le colonel général
00:49:12Alexis Diumine, qui est son
00:49:14assistant personnel. C'est l'homme qui,
00:49:16en 2014, avait coordonné l'opération
00:49:18de sécurisation de la
00:49:20Crimée au moment du référendum.
00:49:22Poutine, vous savez pourquoi il fait ça ?
00:49:24Il fait ça tout simplement parce qu'il n'a pas
00:49:26confiance en certains
00:49:28subordonnés qui ne lui rapportent que
00:49:30des bonnes nouvelles. Ils vont dire,
00:49:32oui, on a repoussé les Ukrainiens, ce n'est qu'une
00:49:34incursion temporaire, etc. Donc, il envoie
00:49:36un homme à lui, et ça prouve qu'en effet
00:49:38il y a une véritable crise en Russie
00:49:40au niveau de la coordination, précisément
00:49:42entre l'armée et la défense
00:49:44territoriale. Alors, de son côté, l'Ukraine,
00:49:46elle a d'ores et déjà prouvé
00:49:48quelque chose d'extraordinaire. C'était qu'elle était capable
00:49:50de retrouver l'initiative,
00:49:52ce dont on n'aurait pas
00:49:54parié il y a dix jours.
00:49:56On ne l'avait pas vue reprendre un seul
00:49:58village de son territoire depuis
00:50:00un an et demi. Elle prouve qu'elle peut
00:50:02porter le fer chez les Russes. C'est bon
00:50:04pour le moral de son armée, bon pour le peuple
00:50:06ukrainien, et aussi pour les sponsors
00:50:08occidentaux qui jouent les naïfs, mais
00:50:10qui étaient certainement au courant,
00:50:12voire qui ont appuyé l'opération grâce à
00:50:14des systèmes de surveillance, de guidage de missiles,
00:50:16notamment les I-Mars en particulier.
00:50:18Quant à sa capacité à
00:50:20tenir ce territoire,
00:50:22là, rien n'est moins sûr. Pourquoi, justement ?
00:50:24Alors, d'abord parce que quelques
00:50:26mille kilomètres carrés de front en Ukraine, sur
00:50:28les autres, les nouvelles
00:50:30ne sont pas bonnes du tout.
00:50:32Pendant que l'accent médiatique
00:50:34était focalisé sur
00:50:36ce front
00:50:38de Kurs,
00:50:40les Russes ont progressé aussi.
00:50:42On va dire que
00:50:44dans le Donbass, ils ont progressé
00:50:46d'un tiers du territoire par rapport
00:50:48à celui conquis par l'Ukraine en Russie
00:50:50depuis le 6 août. Tous les points
00:50:52sensibles du front, Kupiens,
00:50:54Svatovo, Chaziviar,
00:50:56Torez, Provost, Klechivka
00:50:58ou Vyglédar, les Russes sont à l'offensive partout.
00:51:00Ils progressent à un rythme
00:51:02beaucoup plus soutenu qu'auparavant.
00:51:04Donc,
00:51:06les brigades employées
00:51:08qui permettent justement aujourd'hui d'affirmer
00:51:10qu'en effet, depuis la Seconde
00:51:12Guerre mondiale, le territoire de la Russie n'avait
00:51:14pas été envahi par quiconque, ou encore
00:51:16en effet, que c'est la première
00:51:18fois qu'une puissance nucléaire,
00:51:20non nucléaire, a l'audace d'attaquer une puissance
00:51:22dotée de l'arme atomique,
00:51:24ben oui, c'est fait. L'Ukraine
00:51:26a fait ça, mais ça va être
00:51:28difficile de tenir le terrain, de mobiliser
00:51:30encore plus d'hommes, de rajouter
00:51:32parce que c'est
00:51:34300 km de front qu'on rajoute
00:51:36à 1000 qui existaient déjà
00:51:38et on sait que
00:51:40les Russes ont encore des hommes
00:51:42et que les Ukrainiens n'en ont plus.
00:51:44Dernière question, très rapide, cette attaque peut-elle permettre
00:51:46aux Ukrainiens d'avoir une monnaie d'échange dans la perspective
00:51:48d'ouverture de négociations ? Alors, c'est une
00:51:50hypothèse évoquée en effet, mais nous
00:51:52n'en sommes pas, hélas, aux négociations.
00:51:54Vladimir Poutine, furieux en effet, a annoncé
00:51:56qu'il n'ouvrirait aucune négociation avec Kiev
00:51:58après avoir annoncé le contraire
00:52:00en juin, disant qu'il était prêt
00:52:02à entamer des pourparlers de paix.
00:52:04Les Russes sont bien piqués au vif dans cette
00:52:06affaire et même si Kiev n'a
00:52:08sans doute pas les moyens de foncer vers Kursk,
00:52:10le symbole reste parlant.
00:52:12Kursk, historiquement, pour les
00:52:14Russes et pour les Ukrainiens aussi, puisqu'il s'agissait
00:52:16de l'Union soviétique à l'époque, c'est
00:52:18la ville qui a permis
00:52:20à l'Union soviétique
00:52:22d'user l'armée allemande
00:52:24et de la chasser définitivement de son territoire.
00:52:26Merci pour ce point excessivement précis,
00:52:28comme d'habitude, mon cher.
00:52:30On enchaîne avec vous,
00:52:32Michel, parce que je vois, je suis le maître des horloges,
00:52:34vous savez, je vois le temps qui passe.
00:52:36Pourtant, j'avais des choses à dire.
00:52:38Oui, mais si vous voulez faire votre dernière
00:52:40chronique, je suis obligé
00:52:42de vous censurer, mais je vous donne la
00:52:44parole quand même derrière. Vous vouliez
00:52:46profiter de la commémoration des 80 ans
00:52:48du débarquement de Provence, que vous pouvez suivre d'ailleurs
00:52:50demain, j'en profite pour le dire sur notre antenne,
00:52:52puisque Emmanuel Macron interviendra.
00:52:54Et justement, Emmanuel
00:52:56Macron souhaite évoquer l'importance
00:52:58de la transmission de la mémoire par
00:53:00nos dirigeants politiques, Michel.
00:53:02Tout à fait. Effectivement, demain,
00:53:04jeudi 15 août,
00:53:06auront eu les cérémonies
00:53:08du 80e anniversaire
00:53:10du débarquement de Provence
00:53:12à la nécropole nationale de Bouloris,
00:53:14puis au large de Toulon,
00:53:16sur le porte-hélicoptère amphibie
00:53:18d'Ixmude. Et je voulais
00:53:20en parler parce que ce débarquement
00:53:22de Provence est un petit peu le
00:53:24petit oublié de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.
00:53:26Évidemment,
00:53:28le débarquement de Normandie est dans toutes
00:53:30les mémoires.
00:53:32Le cinéma y a beaucoup aidé
00:53:34également.
00:53:36Le débarquement de Normandie qui avait eu lieu
00:53:38deux mois avant, le 6 juin 1944.
00:53:40Mais pour le débarquement de Provence,
00:53:42il est pourtant,
00:53:44il est un petit peu oublié, et pourtant c'est le
00:53:46principal fait d'armes des armées
00:53:48françaises, telles que le général
00:53:50de Gaulle les avait reconstituées depuis
00:53:52son départ à Londres en juin
00:53:541940. Et le débarquement
00:53:56de Provence, c'est un petit peu une
00:53:58fierté française.
00:54:00Parce que contrairement au débarquement de Normandie
00:54:02qui avait été largement piloté
00:54:04et orchestré par nos alliés britanniques et américains,
00:54:06celui de Provence a été largement
00:54:08piloté, orchestré et réussi
00:54:10par des troupes françaises et des troupes
00:54:12africaines, françaises, j'y reviendrai tout à l'heure.
00:54:14Et donc,
00:54:16en quelques mots, vous souhaitez
00:54:18nous faire revivre ce débarquement.
00:54:20Je me suis dit que j'étais en train de
00:54:22voir vos paroles.
00:54:24Je ne suis pas Pierre Manant,
00:54:26donc je ne me permettrais pas de
00:54:28risquer un récit historiographique
00:54:30aussi vivant que
00:54:32Pierre Manant en est capable. Mais tout de même,
00:54:34rappelons un petit peu, donc le débarquement
00:54:36de Provence, qui est également connu
00:54:38sous le nom d'Opération Dragoon,
00:54:40a donc eu lieu le 15 août 1944.
00:54:42Elle a été
00:54:44très complémentaire
00:54:46à l'opération Overlord
00:54:48de Normandie
00:54:50et elle a été cruciale
00:54:52et significative dans l'issue de la
00:54:54guerre. Rappelons que c'est sous le commandement
00:54:56du général Jean Delattre de
00:54:58Tassigny, l'armée B,
00:55:00qui deviendra plus tard la première armée
00:55:02française, qui a
00:55:04représenté une grande partie des forces
00:55:06terrestres impliquées dans le débarquement de Provence.
00:55:08Elle a été composée principalement
00:55:10de soldats français,
00:55:12environ 250 000 hommes,
00:55:14dans une grande majorité provenant
00:55:16des colonies françaises d'Afrique du Nord
00:55:18et d'Afrique subsaharienne.
00:55:20J'y reviendrai tout à l'heure.
00:55:22Les troupes françaises ont débarqué
00:55:24principalement sur les plages du Var,
00:55:26notamment à Cavalère-sur-Mer, à Saint-Tropez,
00:55:28à Saint-Raphaël, et elles ont
00:55:30rapidement progressé à l'intérieur des terres.
00:55:32Elles ont joué un rôle clé dans la libération
00:55:34des villes de Toulon, libérée le 26 août,
00:55:36de Marseille, libérée le 28 août,
00:55:38deux postes stratégiques essentiels
00:55:40pour assurer l'approvisionnement des
00:55:42forces alliées.
00:55:44Rajoutons qu'en plus des troupes
00:55:46terrestres, les forces aériennes et
00:55:48navales françaises ont également contribué
00:55:50à l'opération, et c'est pourquoi le chef de l'État sera
00:55:52demain également sur le porte-hélicoptère
00:55:54amphibie d'Ixmude.
00:55:56La participation
00:55:58des forces françaises au débarquement
00:56:00de Provence
00:56:02a non seulement
00:56:04renforcé les alliés, mais elle a permis
00:56:06à la France de réaffirmer son rôle
00:56:08dans la libération de son propre territoire.
00:56:10Elle a marqué le retour
00:56:12effectif de l'armée française
00:56:14sur le sol métropolitain
00:56:16après plusieurs
00:56:18années de combats depuis
00:56:20l'Exil. Et puis une petite parenthèse
00:56:22personnelle, comme je le dis souvent,
00:56:24dès que j'en ai l'occasion, mon cher Thierry,
00:56:26vous rappelez vos origines nantaises,
00:56:28moi je rappelle mes origines alsaciennes.
00:56:30Et pour nous Alsaciens,
00:56:32cette
00:56:34première armée française,
00:56:36elle a de l'importance. Elle a
00:56:38commencé en Provence,
00:56:40et elle a terminé, avant d'aller vers l'Allemagne,
00:56:42évidemment en Alsace,
00:56:44puisque ce sont les troupes du Maréchal de
00:56:46la Troie de Tassigny qui ont remonté
00:56:48tout l'est de la France, jusqu'à
00:56:50libérer des villes comme Strasbourg, le 22 novembre
00:56:5244, ou Colmar, dont je suis
00:56:54natif, le 2 février
00:56:5645, c'est-à-dire beaucoup plus tard, parce qu'il y a eu
00:56:58malheureusement une poche de résistance
00:57:00nazie extrêmement
00:57:02virulente pendant plusieurs
00:57:04mois. Et donc cette mémoire
00:57:06du débarquement de Provence, elle est quand même
00:57:08plus présente dans les
00:57:10têtes des descendants
00:57:12des Français de
00:57:14l'Est de la France, mais malheureusement
00:57:16cette mémoire a été un petit peu
00:57:18oubliée, en tout cas
00:57:20beaucoup plus que le débarquement
00:57:22de Normandie. Alors donc vous regrettez
00:57:24l'absence de mémoire collective
00:57:26autour de ce débarquement, Michel. Alors oui,
00:57:28et notamment pour une dimension qu'il faut
00:57:30ici rappeler avec force.
00:57:32C'est que ce débarquement, il a été
00:57:34fait par des Français de
00:57:36métropole et d'Afrique.
00:57:38Et c'est pourquoi d'ailleurs demain
00:57:40le chef de l'État sera entouré
00:57:42d'une vingtaine de représentants
00:57:44d'États principalement africains
00:57:46mais également venant de l'océan
00:57:48indien, dont
00:57:50six chefs d'État
00:57:52et premiers ministres
00:57:54du continent
00:57:56africain. Le président de la République
00:57:58avait appelé d'ailleurs
00:58:00les maires de France
00:58:02à nommer des rues et des
00:58:04édifices de leur commune du nom
00:58:06de ces combattants venus des ex-colonies.
00:58:08Malheureusement, peu de maires y ont
00:58:10répondu. Il y a une
00:58:12municipalité en Provence qui a donné
00:58:14le nom d'une place au capitaine
00:58:16Charles Enchoréré
00:58:18excusez-moi si je le prononce mal
00:58:20qui était un officier français d'origine
00:58:22gabonaise auquel d'ailleurs le président de la République
00:58:24du Gabon, qui sera présent demain
00:58:26à Toulon, avait rendu hommage
00:58:28lors de sa dernière visite à Paris
00:58:30il y a deux mois.
00:58:32Donc six chefs d'État africains
00:58:34seront présents. Alors ça n'est pas
00:58:36autant que l'aéropage des 25
00:58:38chefs d'État qui était présent sur les
00:58:40plages de Normandie le
00:58:426 juin dernier. Mais c'est
00:58:44la montre quand même, ça permet de rendre hommage
00:58:46effectivement à cette intense mobilisation
00:58:48de l'empire colonial français de l'époque
00:58:50des soldats d'Afrique du Nord
00:58:52tirailleurs d'Afrique subsaharienne, dissidents
00:58:54antillais, français libre venu
00:58:56du Pacifique, jeunes pieds noirs appelés
00:58:58sur les drapeaux. Bref, cette
00:59:00partie de la France que nous avons
00:59:02perdue mais qui est aujourd'hui
00:59:04présente dans nos mémoires et à laquelle
00:59:06demain le chef de l'État rendra hommage
00:59:08de façon évidemment parfaitement
00:59:10légitime. Mais au-delà
00:59:12et puis également
00:59:14cette commémoration qui aura lieu
00:59:16demain fait partie
00:59:18de cet itinéraire mémorial des 80
00:59:20ans de la libération de la France
00:59:22on pourrait donner beaucoup d'exemples
00:59:24j'en
00:59:26n'en retiendrai qu'un
00:59:28auquel d'ailleurs le président de la République n'a pas participé
00:59:30directement. Fin
00:59:32juillet, la Corse a rendu
00:59:34hommage à la disparition d'Antoine
00:59:36de Saint-Exupéry, ce célèbre
00:59:38aviateur écrivain, auteur évidemment du
00:59:40Petit Prince, qui avait décollé de l'île
00:59:42méditerranéenne avant de s'abîmer en mer
00:59:44lors d'une reconnaissance aérienne
00:59:46pour les alliés. Et donc
00:59:48cette période de notre histoire
00:59:50douloureuse, héroïque, il faut
00:59:52ici y rendre hommage. Mais ce sur quoi je
00:59:54voudrais pour terminer insister
00:59:56principalement, c'est qu'on critique
00:59:58souvent nos politiques, mais je pense que c'est
01:00:00important leur rôle
01:00:02de participer à la perpétuation de la
01:00:04mémoire des grands faits de notre
01:00:06histoire. Certainement
01:00:08demain, également à Bormes-les-Nuits,
01:00:10Mossad en trois jours, comme il le fait chaque année
01:00:12depuis qu'il est président de la République,
01:00:14le chef de l'État aime à convoquer l'histoire
01:00:16pour rappeler notre jeunesse
01:00:18à un esprit de résistance,
01:00:20à une mobilisation collective.
01:00:22Cela participe évidemment
01:00:24du rituel nécessaire
01:00:26dans une grande nation comme la France
01:00:28pour raviver cette histoire.
01:00:30C'est peut-être un peu plus utile, d'ailleurs
01:00:32je pense, que de s'appuyer sur
01:00:34des Jeux Olympiques pour faire
01:00:36illusion que nous formons une nation
01:00:38totalement unie derrière nos
01:00:40athlètes. Et je rappelle que cette commémoration
01:00:42sera à vivre demain, et
01:00:44c'est justement lors des pros que
01:00:46nous avons le plaisir de vous présenter. Nathan,
01:00:48très rapidement, parce qu'on arrive au terme de cette émission.
01:00:50Je voulais dire juste deux choses.
01:00:52D'abord, merci Michel pour cet
01:00:54éditorial que
01:00:56j'ai écouté avec intérêt et émotion.
01:00:58Mon père et grand-père ont fait partie de ce débarquement
01:01:00en sortant des camps.
01:01:02Il y avait des camps en Algérie qui n'étaient pas très connus,
01:01:04le camp de Bedot pour les soldats juifs,
01:01:06et il est sorti des camps, il a participé
01:01:08à ce débarquement.
01:01:10La deuxième chose, c'est qu'en effet
01:01:12ça a été un moment, comme vous l'avez dit, montré,
01:01:14c'était un moment français. Et autant
01:01:16le général de Gaulle refusait
01:01:18de commémorer le débarquement en Normandie,
01:01:20parce qu'il estimait que l'opération
01:01:22Overlord était le moment
01:01:24où les Américains voulaient
01:01:26coloniser la France. Et d'ailleurs,
01:01:28il n'avait pas totalement tort. Dans les faits, on avait commencé
01:01:30à imprimer des billets de francs, on pensait
01:01:32à une souveraineté partagée entre
01:01:34les États-Unis et la France.
01:01:36Overlord veut dire suzerain. Suzerain, exactement.
01:01:38Oui, c'est pour ça que je le disais.
01:01:40Et que le débarquement en Provence, qui est en effet
01:01:42peut-être un peu mis sur le second plan
01:01:44dans la mémoire française,
01:01:46a été paradoxalement un grand moment
01:01:48de la résistance française.
01:01:50Et en effet, c'est très très important
01:01:52de s'en souvenir, de le commémorer,
01:01:54de savoir que la France a été grande,
01:01:56qu'elle l'est encore, et qu'elle le sera demain.
01:01:58Merci, merci Judith, merci Régis,
01:02:00merci Nathan, merci Michel.
01:02:02Cap de fin pour ce Face à l'Info.
01:02:04Je remercie évidemment Sébastien Caquineau,
01:02:06Maxime Ferre et Tom Viala, qui m'ont aidé à préparer cette émission.
01:02:08Je vous retrouve dans quelques instants
01:02:10pour le deuxième épisode de L'Heure des Pros.
01:02:12Passez une belle soirée,
01:02:14et restez-nous fidèles surtout.
01:02:16Allez, à tout de suite.

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