L'Heure des Pros 2 Été (Émission du 22/08/2023)

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Tous les soirs et pendant tout l'été, les invités de #HDProsEte débattent des grands thèmes de l'actualité 

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00:00 Bonsoir à toutes et tous, ravi de vous retrouver pour un nouveau numéro de l'heure des pros de été.
00:04 C'est vrai que ça fait un petit peu long comme titre, mais bon, à partir de la semaine prochaine, il n'y aura plus le terme été.
00:09 Tout simplement parce que Pascal Pro revient.
00:12 Vous êtes tout de même content d'être en ma compagnie ce soir ?
00:15 Oui.
00:15 Ça va ? Très content ?
00:16 Oui.
00:17 Il y a un petit peu moins d'enthousiasme de...
00:19 Non ? Si ? Allez, j'espère.
00:20 On peut encore parler cette semaine.
00:22 Allez, soyons...
00:23 On profite !
00:24 On peut encore parler cette semaine.
00:25 La semaine prochaine, c'est fini.
00:26 Ne soyez pas médisants, nous, avec le grand patron.
00:29 Bon, autour de cette table, vous les avez reconnus, Véronique Jacquier, Elisabeth Lévy, Olivier D'Artigolle et Jérôme Béglé.
00:35 On parle directement à Los Angeles.
00:38 Et oui, on essaie de vous vendre du rêve dans l'heure des pros été.
00:41 Est-ce que vous savez de quoi on va parler ?
00:44 Des réadaptations.
00:45 Effectivement, on ne dit pas "remake" en bon français, on parle de réadaptation des grands classiques de Disney.
00:51 Réadaptation un peu à la sauce wok.
00:53 On verra ça peut-être dans un instant avec Ramzi Malouki, qui est d'ores et déjà connecté.
00:58 Bonsoir à vous. C'est vrai qu'il fait encore jour à Los Angeles.
01:02 C'est le début de l'après-midi, quasiment, pour vous, à LA, comme on dit.
01:08 Il est 11h, même, me dit-on.
01:09 Ce n'est même pas le début de l'après-midi, c'est la fin de la matinée.
01:12 Alors, qu'est-ce qui se passe, franchement, très sincèrement, avec ces réadaptations ?
01:16 On parle bien évidemment de la réadaptation.
01:18 On a parlé ce matin de Blanche-Neige.
01:20 Sans nain, sans prince, sans histoire d'amour.
01:23 Il veut parler de quoi ?
01:24 Il y a une fille, quand même.
01:27 Il a pas de prince.
01:28 Il a pas de prince.
01:30 Alors, il n'y a pas de prince charmant, comme vous dites.
01:36 Les sept nains transformés en créatures magiques,
01:39 et puis surtout une Blanche-Neige hispanique et féministe.
01:42 Depuis l'annonce de ce film, il y a presque un an maintenant,
01:46 les polémiques s'enchaînent au point de faire réagir récemment
01:50 le fils du réalisateur du classique d'animation,
01:52 qui, je le rappelle, est sorti en 1937.
01:54 David Hand, 91 ans, qui estime qu'il ne faut pas réécrire
01:58 les classiques de Disney, que c'est insultant, dit-il,
02:00 à la fois pour son père, le réalisateur, et pour Walt Disney.
02:03 Alors, on le sait, depuis maintenant plus de 10 ans,
02:06 Disney puise dans son catalogue d'animations
02:08 pour tourner des films en prise de vue réelle
02:11 et essayait d'attirer le public le plus large possible,
02:14 quitte à réécrire.
02:16 Tout est dans ce mot, Florian, réécrire des contes faits
02:19 que nous connaissons avec une touche, certains diront,
02:23 "Woke", on l'a vu récemment avec "La petite sirène",
02:25 une petite sirène afro-américaine qui,
02:27 qui quand même, malgré la polémique, a eu un énorme succès.
02:31 Disney d'ailleurs, qui attend un énorme succès
02:33 de la part de cette blanche neige latina.
02:35 Il ne faut jamais oublier une chose,
02:36 c'est qu'à la tête du célèbre studio, il y a des hommes d'affaires.
02:38 J'ai bien dit des hommes d'affaires,
02:41 et ces hommes d'affaires se disent,
02:42 tant qu'il y a des vues, tant qu'il y a des buzz,
02:44 tant qu'il y a de la polémique, "Woke" ou pas "Woke",
02:47 au final, pour ces hommes d'affaires,
02:49 le dollar aura le mot final.
02:52 Ouais, "Money is money", comme on dit, "Business is business".
02:55 Et puis, on a vu effectivement à quoi ressemblent les nains,
02:59 donc les nouvelles générations.
03:01 Alors, ce ne sont plus des nains,
03:02 ce sont sept compagnons politiquement corrects.
03:05 Donc, on voit effectivement, il y a même une femme,
03:07 des hommes de toute origine.
03:09 Il y a un nain, tout de même, de toute origine.
03:12 Oui, il faut représenter l'ensemble des êtres humains
03:16 qui peuplent notre planète.
03:18 Merci beaucoup, Ramzi Malouki.
03:20 Sauf si vous voulez peut-être participer au débat
03:22 qu'on va avoir dans un instant avec mes invités.
03:24 Bon, vous en pensez quoi ?
03:25 Alors, pourquoi on en parle aujourd'hui ?
03:26 Tout simplement parce qu'il y a le fils du réalisateur
03:30 de l'époque, David Hamm, qui porte d'ailleurs le même nom
03:32 et prénom que son père, qui estime que ce dernier,
03:36 ainsi qu'Old Disney, se retournerait dans leur tombe,
03:40 tous deux, s'ils savaient ce que l'on fait,
03:42 du premier Disney, donc, qui a été réalisé en 1937.
03:45 - Ouais. - J'vais me bégler, peut-être.
03:47 Moi, ça me terrifie, ça.
03:49 C'est-à-dire que trahir à ce point une œuvre
03:51 dont on pense ce qu'on veut,
03:54 c'est totalement la dénaturer.
03:55 Ça s'appelle Blanche-Neige,
03:57 mais ça devrait plus s'appeler Blanche-Neige,
03:58 ça devrait s'appeler un autre nom.
04:01 Je ne vois pas en quoi les enfants dont je fais partie,
04:03 qui, il y a X années, X temps, ont lu Blanche-Neige et les Sept Nains,
04:07 ont été épouvantés par les nains,
04:09 trouvaient que Blanche-Neige était une femme soumise,
04:11 que le prince était un...
04:13 - Un violeur. - Un violeur,
04:15 ou une saloperie de personnage.
04:17 Bref, à force de culpabiliser tous ceux qui auraient pu lire,
04:20 ont lu ou pouvaient lire ça,
04:22 et de trahir les histoires,
04:23 moi, je trouve que c'est...
04:25 En plus, c'est tout ce que je déteste dans l'époque,
04:28 c'est-à-dire qu'on occulte complètement,
04:31 donc 100 ans quasiment,
04:33 de cinéma, d'histoire, etc.,
04:36 pour présenter un produit frelaté, un ersatz,
04:39 qui n'a plus d'intérêt, plus de saveur, plus de charme,
04:41 plus de drôlerie, plus d'originalité, etc.
04:43 Donc, évidemment, je suis épouvanté par ça.
04:45 - On va écouter peut-être la comédienne,
04:47 et je vous donne la parole qui incarne le personnage principal,
04:50 et qui justement raconte ce qui se passera
04:52 dans cette nouvelle réadaptation de Blanche-Neige.
04:54 - Ah, vous spoilez !
04:55 - Vous dites que vous apportez une aire moderne.
04:59 On n'est plus en 1937, on est sur la bonne voie.
05:03 Elle ne va pas être sauvée par le prince.
05:05 Elle ne va pas être en train de rêver du véritable amour,
05:07 mais elle va plutôt rêver d'être la lead-euse
05:09 qu'elle sait qu'elle peut être,
05:11 et que son défunt père lui a dit qu'elle pouvait être.
05:13 Elle n'a pas peur de faire un coup d'éclat.
05:15 - Voilà, elle s'affranchit, il ne faut plus de pinceau d'amour.
05:20 - Il s'agit, pardon, juste au lieu de lire,
05:23 il s'agit quand même d'une entreprise qui va au-delà
05:25 de ce que dit Jérôme, qui est vrai,
05:27 qui est de casser du rêve, etc.
05:29 C'est une entreprise de rééducation.
05:30 Et d'ailleurs, vous avez dit une chose, pardon, fausse.
05:33 À mon avis, vous avez dit tous les êtres humains
05:35 de se représenter. Non ! Non !
05:37 Toutes les minorités, si vous voulez,
05:39 qui se parlent de la victimisation,
05:44 sont représentées, ça oui,
05:45 mais les hommes blancs cis,
05:47 genre hétéro, etc.,
05:50 ça à mon avis, je crois qu'on ne les voit pas.
05:52 Je dois quand même dire,
05:53 je dois aux téléspectateurs de dire une vérité.
05:56 D'accord, j'ai appris que le prince de Blanche-Neige,
06:00 ce fameux prince qui va disparaître avec Grognon,
06:02 moi j'aimais bien Grognon,
06:04 eh bien s'appelle Florian.
06:06 - C'est un drame, ça me touche personnellement.
06:08 - Je vous le dis avant qu'Olivier...
06:10 - Donc on a zappé Florian.
06:11 - Voilà, on a zappé Florian,
06:13 mais on a aussi zappé Grognon,
06:15 on a zappé Hachoum sans doute,
06:16 parce que Hachoum était une insulte aux gens rhumés,
06:19 je suppose.
06:20 - Tu peux laisser la parole à Sampley après.
06:21 - Oui, je la laisserai.
06:23 Mais avant que tu me saute dessus,
06:25 j'explique pourquoi je pense là sérieusement
06:27 que c'est une entreprise de rééducation.
06:30 Parce qu'il s'agit évidemment d'effacer
06:32 tous les codes de l'humanité,
06:33 à commencer par la différence des sexes,
06:35 mais tous les autres de l'humanité jusque là.
06:38 C'est-à-dire que la séduction doit disparaître,
06:40 parce que la séduction, par définition,
06:41 c'est de la domination, c'est très mal.
06:44 Donc tout ce qui faisait l'humanité historique,
06:48 en quelque sorte,
06:50 doit disparaître dans ce monde de la post-histoire.
06:52 On veut nous présenter un nouvel être humain,
06:55 et par ailleurs, ça prouve.
06:57 Moi, je ne sais pas si le roi de l'art va y gagner,
06:59 parce que j'ai quand même le sentiment
07:00 qu'il y a une soumission, une terreur
07:02 des grandes boîtes américaines devant les minorités.
07:06 Olivier Dardigolle, puis on retournera à Los Angeles.
07:09 A l'évidence, il ne s'agit plus de Blanche-Neige.
07:13 Ça s'appelle toujours Blanche-Neige.
07:14 C'est autre chose.
07:17 Donc on a toujours la possibilité, la liberté
07:21 d'aller voir l'œuvre de 37,
07:23 d'en avoir l'émotion initiale,
07:25 de faire découvrir cette histoire aux jeunes générations.
07:29 Et là, ce qui est proposé, présenté,
07:32 ce n'est plus Blanche-Neige,
07:33 puisqu'il n'y a plus les nains,
07:35 il n'y a plus l'histoire d'amour,
07:37 il n'y a plus le baiser, donc sûrement,
07:39 qui réveille la princesse, il n'y a plus la pomme.
07:41 Mais moi, je ne veux pas préjuger
07:45 de ce qui va être présenté.
07:48 Peut-être que ce qui va être présenté
07:50 sera une création qui sera appréciée par d'autres personnes.
07:54 - Sans plaidre, je ne pense pas au mot de ça.
07:58 - Pour moi, ce n'est plus Blanche-Neige.
08:00 À partir du moment où ça n'est plus Blanche-Neige...
08:02 - Oui, mais ça, ça fait un an.
08:03 - Il faut qu'on nous explique que c'est Blanche-Neige,
08:04 c'est des problèmes.
08:06 On peut inventer d'autres histoires.
08:07 - Heureusement, on aimait qu'Hollywood
08:08 invente limite d'autres histoires.
08:10 - Des oeuvres ont toujours été plus ou moins réinterprétées
08:13 tout au long de l'histoire.
08:14 - Je crois qu'on s'éloigne quand même pas mal
08:16 de l'oeuvre originale.
08:17 - Sans que les oeuvres initiales n'aient disparu.
08:18 - On retourne à peu de calme autour du plateau,
08:21 sinon c'est inaudible.
08:22 - Si, je l'avoue.
08:23 - On retourne juste à l'E.S.
08:25 et je vous donne la parole dans un instant, Véronique Jacquet,
08:27 puisque vous n'êtes pas encore intervenue.
08:30 Vous souhaitiez réagir, Ramzi,
08:32 à ce que vous nous écoutez depuis le début.
08:34 - Absolument.
08:37 Bien évidemment, j'écoute depuis le départ, si vous voulez.
08:40 C'est bien d'avoir ce genre de débat.
08:43 D'un côté, vous avez raison, on enlève la pomme,
08:45 on enlève le prince, on enlève ce...
08:47 - On enlève les nains.
08:48 - Blanche-Neige.
08:49 Maintenant, sachez une chose, c'est que si on revient au livre,
08:53 celui qui a bercé notre enfance,
08:55 c'est bien au niveau des nouvelles générations.
08:57 On en parlait dans l'émission juste avant,
08:59 avec les tablettes aujourd'hui, avec des jeunes,
09:01 et je le dis ici aux Etats-Unis,
09:03 puisque nous vivons ici aux Etats-Unis,
09:04 qui ne lisent plus,
09:05 et bien eux sont aujourd'hui...
09:08 leur seule vision, c'est la Blanche-Neige qu'on va leur offrir,
09:11 que Disney va leur offrir.
09:12 D'un autre côté, ce qui est dangereux,
09:14 c'est de voir, par exemple, qu'un spectacle de Blanche-Neige
09:16 au sein des parcs à thèmes de Disney,
09:18 qu'on enlève la scène où le prince charmant
09:22 doit embrasser Blanche-Neige, vous savez,
09:24 pour la réveiller après avoir mangé cette pomme empoisonnée,
09:27 soi-disant parce que c'est un baiser non consenti.
09:30 Et c'est là où, quelque part, on va dans une mauvaise direction,
09:33 parce que ça nous fait rêver le vrai amour.
09:36 Vous savez, Rachel Zegler, elle l'a dit,
09:39 ce n'est pas une histoire sur le vrai amour,
09:40 c'est une histoire sur une femme qui devient un leader.
09:43 Dans ce cas-là, on ne fait pas Blanche-Neige,
09:44 on fait Jeanne d'Arc.
09:45 Voilà, bon, tout est dit.
09:47 Merci beaucoup à vous.
09:48 On aura l'occasion, je pense, d'en reparler
09:51 lorsque le film sortira.
09:52 Véronique Jacquier.
09:53 Oui, pour approfondir ce qui vient d'être dit,
09:56 et pour compléter mes camarades,
09:58 je crois que c'est quand même grave et inquiétant
10:01 parce que c'est la disparition de ce qu'on appelle le conte de fées.
10:04 Il y a un livre célèbre qui a été écrit dans les années 70,
10:07 "Psychanalyse des contes de fées".
10:08 Ça veut bien dire ce que ça veut dire.
10:10 Ça veut dire que ça traite de l'inconscient.
10:12 Ça veut dire que c'est une façon pour l'enfant
10:14 de se construire en jugulant des angoisses,
10:16 en gérant des interdits.
10:18 Voilà, le baiser accepté ou non,
10:21 le baiser souhaité ou non,
10:22 le baiser désiré ou non.
10:24 Tout ça, ça fait partie de la construction psychique
10:26 de vous et moi.
10:27 Donc, cette relecture du conte de fées
10:31 est absolument abominable, d'abord,
10:33 parce que c'est un appauvrissement de l'esprit.
10:35 Secondo, on nous dicte, finalement,
10:37 on nous fout ce qu'on veut dans le cerveau.
10:39 Et troisièmement, c'est vraiment prendre la jeunesse
10:41 et les jeunes pour des imbéciles.
10:43 C'est-à-dire qu'ils ont besoin par eux-mêmes
10:45 de faire leurs expériences.
10:47 Et elles racontent quoi, cette histoire,
10:49 alors de Blanche-Neige ?
10:50 Mais moi, je vais pas au cinéma
10:51 pour voir une histoire où il n'y a pas d'amour
10:53 et où il n'y a pas un temps soiffeux de transgression
10:55 et d'envie de me faire rêver,
10:57 de m'apporter quelque chose.
10:58 - Mais est-ce qu'on a des éléments sur l'histoire ?
11:00 - J'imagine que vous avez le scénario
11:01 qui est incroyablement pauvre.
11:02 - On commence en avant, il n'y a pas de nain,
11:03 pas de prince, pas d'amour.
11:04 - Non, mais ça ne veut pas dire
11:05 que c'est l'histoire.
11:06 - Et visiblement, c'est l'émancipation
11:07 d'une femme qui deviendrait leader.
11:09 - Ce qui est intéressant, c'est que le point commun
11:11 de toutes ces entreprises walkies,
11:12 c'est de s'attaquer à ce qu'ils appellent
11:14 les stéréotypes de genre.
11:15 Et je vous rappelle, et aussi...
11:17 - On va en parler dans un instant,
11:18 puisqu'on va traverser l'Atlantique.
11:19 - Au nom d'un prétendu féminisme,
11:21 je vous rappelle que des gens ont réécrit Carmen.
11:24 Mais il faut quand même être cinglé, quoi,
11:26 pour réécrire Carmen à la fin de Carmen.
11:29 Donc Carmen ne doit plus mourir,
11:30 je crois même que c'est elle qui tue.
11:33 Parce qu'il ne faut pas qu'il y ait un féminicide,
11:35 ce serait magnifiant, un féminicide.
11:37 C'est-à-dire qu'il y a aussi la négation complète
11:40 de ce qu'est l'art.
11:41 Il y a l'idée qu'entre la carte et le territoire,
11:43 il n'y a aucune différence,
11:45 il n'y a aucune différence que le récit, c'est la réalité.
11:49 Et en conséquence, qu'il n'y a jamais de représentation.
11:52 Et par ailleurs, le point commun,
11:53 c'est quand même de s'attaquer en permanence
11:55 à quelque chose qu'ils considèrent comme vraiment affreux.
11:58 C'est, disons, l'amour ou la séduction entre hommes et femmes.
12:01 Qui n'est pas la seule, évidemment,
12:03 et c'est très bien.
12:04 Mais c'est vraiment considéré maintenant
12:07 comme quelque chose de réactionnaire,
12:09 en quelque sorte, par tous ces mots.
12:11 - Comme promis, on traverse l'Atlantique.
12:13 Dans d'autres photos, on parle toujours justement
12:15 de la représentation des diversités et des populations.
12:21 Par rapport à ce qui se passe à Londres,
12:24 il y a la mairie de Londres qui a conçu un petit livret
12:28 pour pouvoir justement montrer l'ensemble de la diversité
12:33 des habitants de la capitale britannique.
12:36 Et vous voyez, ça a fait polémique,
12:38 puisque dans ce petit livret, on voyait cette famille
12:40 qui marche donc sur les rives de la Tamise,
12:43 on voit le Parlement au loin.
12:45 Et ils ne représentent, puisque je vous traduis
12:47 de "Zone for representative Londoners",
12:49 ils ne représentent pas ce qu'on appelle de vrais Londoniens.
12:52 Donc on ne peut pas être de vrais Londoniens
12:54 si on est une famille comme cela, visiblement,
12:57 sans diversité ethnique au sein de la famille.
12:59 - C'est la mairie.
13:00 - C'est la mairie qui s'est excusée.
13:02 La légende de la photo a été ajoutée par un réverb
13:04 par un membre du personnel.
13:05 Elle ne reflète pas l'opinion du maire,
13:07 ou de la Greater London Authority.
13:09 - Alors, je ne sais pas ce que c'est qu'un Londonien type.
13:11 D'abord, vous allez m'expliquer.
13:13 - Ah, mais moi non plus.
13:14 - Est-ce qu'il faut qu'il y ait un Sikh ?
13:16 Est-ce qu'il faut qu'il y ait un Indien ?
13:18 Est-ce qu'il faut qu'il y ait un ex-pakistanais ?
13:20 Est-ce qu'il faut qu'il y ait quelqu'un
13:22 représentant les joyaux du Commonwealth,
13:25 de l'ancien Commonwealth ?
13:26 Je trouve ça un petit peu étrange.
13:28 Pour moi, cette famille, elle me va très bien.
13:30 Enfin, je ne sais pas ce qu'on...
13:32 - Pas toutes les familles.
13:34 Il n'y a pas une famille de vrais Londoniens typiques.
13:36 - Ce qui est interpellant,
13:38 c'est que le modèle britannique se veut multiculturel.
13:41 Et là, on voit bien qu'il y a une ségrégation
13:43 au sein du multiculturalisme.
13:45 Donc, ça devient quand même sacrément dangereux.
13:47 Enfin, je ne sais pas.
13:48 Je vous rappelle quand même qu'on dit que dans 50 ans,
13:50 l'Angleterre, la Grande-Bretagne,
13:52 ne sera plus chrétienne.
13:54 Alors, si on commence avec ce genre de discours,
13:57 qu'est-ce que ça va être dans 10 ans ?
13:58 Qu'est-ce que ça va être dans 20 ans ?
13:59 Qui va-t-on représenter ?
14:01 Voilà. Je ne sais pas.
14:03 C'est interpellant.
14:04 - Mais on l'utilise.
14:05 - On l'utilise dans des pubs chez nous
14:08 où la famille classique, disons old school,
14:11 comme disait Michel Onfray, a quasiment disparu.
14:14 Et alors, ça m'a rentrée.
14:15 Il y a deux jours, un lecteur m'a fait parvenir
14:19 une vidéo de Mélenchon qui doit dater d'il y a une quinzaine d'années
14:22 dans une radio qui s'appelait Hit Radio.
14:24 Et Mélenchon avait cette phrase extraordinaire.
14:26 Il disait, "Ah non, mais moi, à Paris,
14:28 "j'habite dans le 11e, je ne pourrais pas supporter
14:30 "d'habiter dans le 6e ou dans le 7e
14:32 "parce que je ne pourrais pas supporter..."
14:34 Et il le dit avec un certain dégoût.
14:36 "...d'habiter dans un quartier où il n'y a que des Blancs aux yeux bleus."
14:39 Alors, imaginez l'inversion,
14:41 c'est pour aller dans le sens de ce que dit Véronique,
14:43 c'est-à-dire que dans le multiculturalisme,
14:45 il y a toujours une culture qui doit disparaître.
14:48 Et imaginez que Mélenchon ait dit cette phrase,
14:51 non pas à propos de Blancs aux yeux bleus,
14:53 mais en disant, par exemple, "Je ne pourrais pas supporter
14:55 "d'habiter dans un quartier où il n'y a que des Arabes
14:57 "ou que des Noirs ou que des Juifs
14:59 "ou que ceci ou que cela."
15:01 Les gens seraient devenus dingues à juste titre.
15:03 Mais là, et dans le 6e...
15:05 - Dans le 6e, il n'y a pas que des Blancs aux yeux bleus.
15:07 C'est déjà cégrégaçonniste.
15:09 - Pardon, Jérôme, j'aurais dû le préciser, d'ailleurs.
15:12 D'ailleurs, oui.
15:14 Effectivement, vous avez parfaitement raison,
15:16 mais voyez bien ce qu'il veut dire.
15:18 Il veut aller dans des quartiers où la diversité...
15:20 - Mais ça, c'est Mélenchon.
15:22 Il part d'un postulat faux et il en fait son raisonnement basique.
15:24 - C'est une vérité.
15:26 Olivier Lartigold.
15:28 - C'est l'idéologie qu'il y a derrière.
15:30 - J'aurais dû faire 20 minutes d'émission
15:32 sans parler à Jean-Luc Mélenchon,
15:34 donc je trouvais que c'était un progrès.
15:36 Mais en fait, la sottise que vous dénoncez,
15:38 on peut la retrouver ailleurs.
15:40 Il y a aussi parfois des personnes
15:42 qui vont voir une photo avec des Blacs et des Beurs
15:44 et qui vont dire "mais ce n'est pas la France".
15:46 J'ai souvenir des propos de Jean-Marie Le Pen
15:48 sur l'équipe de France.
15:50 Donc, d'une certaine manière,
15:52 il faudrait dire à tout le monde
15:54 "ça va, calmez-vous, il faut s'apaiser".
15:56 C'est-à-dire que la France,
15:58 c'est l'effet de tous ces visages-là.
16:00 On aimerait.
16:02 - Ça ne se passe pas en France.
16:04 - Il fallait aussi rappeler
16:06 ces identités politiques qui nous disent
16:08 que quand il n'y a pas de Blancs, ça n'est plus la France.
16:10 - Je ne vois pas en quoi ces 4 personnes londoniennes
16:12 seraient moins londoniennes
16:14 que si on avait rajouté un métis,
16:16 une femme avec un piercing,
16:18 deux femmes...
16:20 - Cette photo ne me dérange pas.
16:22 - Pourquoi est-ce qu'elle est rejetée a priori ?
16:24 - Tu as très bien compris ce que j'ai dit.
16:26 - Tu réponds à côté.
16:28 - Justement, on va revenir en France,
16:30 puisque là, on parlait des vrais londoniens
16:32 et des faux londoniens.
16:34 On va parler des bons français et des mauvais français.
16:36 - Mais je voudrais répondre quand même à Olivier.
16:38 - Vous allez avoir l'occasion de répondre à Olivier
16:40 dans un instant.
16:42 En revanche, on a énormément de sujets à traiter.
16:44 Vous expliquez ce qui va se passer
16:46 aux universités d'été du PS.
16:48 Et parmi l'ensemble des tables rondes,
16:50 vous connaissez très bien
16:52 l'ensemble des universités d'été.
16:54 - Je ne vais à aucune.
16:56 Dans une autre vie, j'allais à toutes les universités.
16:58 Je connais un peu, oui.
17:00 - Là, vous n'y allez à aucune.
17:02 Quand on voit les tables rondes...
17:04 La question d'une des tables rondes
17:06 au PS, c'est la France périurbaine
17:08 est-elle la France des beaufs ?
17:10 Il y aurait des bons français,
17:12 des mauvais français ?
17:14 - Je pense honnêtement que c'est très maladroit
17:16 puisque tout le monde le comprend comme ça.
17:18 J'ai eu le sentiment que le PS...
17:20 - J'ai vu la définition de beauf sur Larousse.
17:22 - Je ne vous discute pas de la définition de beauf.
17:24 Je vous dis juste que, à mon avis,
17:26 le PS voulait au contraire conjurer
17:28 son passé terranoviste
17:30 et que, évidemment, les gens...
17:32 Oui, Olivier, tu peux rigoler.
17:34 - C'est juste.
17:36 J'aime bien l'expression.
17:38 - Je pense que c'était une prise de position,
17:40 de mise à distance
17:42 de cette idéologie qui les amenait
17:44 dans le mur.
17:46 C'est marrant, j'ai eu cette discussion hier
17:48 avec Philippe David qui a fait un papier là-dessus.
17:50 Et moi, je n'étais pas d'accord pour dire
17:52 que c'est certainement maladroit,
17:54 mais je ne crois pas au contraire
17:56 que c'est leur vieux démon terranoviste,
17:58 c'est-à-dire les ploucs d'un côté,
18:00 les minorités merveilleuses de l'autre.
18:02 Je crois qu'en réalité,
18:04 ils ont compris que ça les a...
18:06 Il n'y a que des gens du monde rural.
18:08 Je ne vois pas un élu de la Drôme
18:10 aller expliquer que les Drômois sont des ploucs.
18:12 Et donc, je crois vraiment
18:14 qu'on se trompe dans l'interprétation.
18:16 Maintenant, ils se sont ramassés
18:18 dans le monde et ont fait exactement la même chose.
18:20 - Dans ce cas-là, on met un point d'expréhension.
18:22 - Oui, on met un point d'expression.
18:24 - On met une signalité particulière
18:26 pour faire comprendre qu'il y a du monde rural.
18:28 - Je suis d'accord que...
18:30 - Mais tu n'es pas d'accord avec moi
18:32 sur l'interprétation.
18:34 - C'est de bon ton de décrier la politique.
18:36 Et là, cet exercice journalistique consiste
18:38 à zoomer sur un atelier et à l'intituler.
18:40 Moi, j'invite tout le monde,
18:42 si vous avez le temps, l'intérêt et l'énergie
18:44 pour faire ça, d'aller voir l'ensemble
18:46 des contenus sur ces journées
18:48 d'université d'été.
18:50 Ce sont des journées de formation, normalement,
18:52 et non pas de communication.
18:54 Depuis quelques années, ça n'est plus le cas
18:56 puisque c'est la rentrée politique des organisations
18:58 et de leurs leaders.
19:00 Mais il faut regarder le contenu
19:02 parce que ça donne une idée de la couleur,
19:04 de la manière dont le travail idéologique
19:06 et politique se fait, quelle direction il prend.
19:08 Donc, je ne pense pas que cet intitulé
19:10 soit lui seul représentatif de ce que propose...
19:12 - C'est-à-dire qu'il ne serait pas neutre.
19:14 - Pour le coup, le questionnement ne me choque pas
19:16 puisque c'est un questionnement.
19:18 Et si jamais c'est un élément
19:20 qui amène le Parti socialiste
19:22 à tourner la page, justement,
19:24 du rapport Terra Nova, qui, pour moi,
19:26 est le rapport qui a envoyé
19:28 une partie de la gauche
19:30 dans le mur, laissant entendre
19:32 qu'on abandonnait, si ce n'est la lutte des classes,
19:34 tout au moins le fait qu'on pouvait,
19:36 à l'échelle d'un pays, vouloir construire
19:38 un rapport de force avec
19:40 les personnes qui vivent
19:42 dans ce pays, c'est intéressant.
19:44 - Olivier, juste un mot.
19:46 On n'en est pas à se demander
19:48 s'il faut réfléchir
19:50 sur de telles questions.
19:52 On n'en est plus à l'heure du commentaire.
19:54 Je crois qu'il faudrait quand même être en capacité
19:56 de vouloir avancer
19:58 avec des convictions. Moi, quand je vois
20:00 tous ces sujets qui sont mis sur la table, je me dis
20:02 où sont les convictions ? A-t-on besoin
20:04 de débattre sur de tels sujets ?
20:06 - Mais ce n'est pas un débat, Véronique, pardon.
20:08 - On en a parlé, on a fait des...
20:10 - Le débat ne porte pas sur des sujets.
20:12 - On a mis jaune pendant trois ans.
20:14 - C'est la question des gilets jaunes.
20:16 - Mais pardonnez-moi, je pense qu'il n'y a plus beaucoup
20:18 d'électeurs. - Je ne suis pas du tout d'accord.
20:20 - Je crois qu'ils le savent, ils sont à moins de 2 %
20:22 à la présidentielle. - Si j'étais au Parti Socialiste,
20:24 encore une fois, la formulation est
20:26 totalement stupide puisque tout le monde la comprend
20:28 de travers. Mais si j'étais au Parti Socialiste,
20:30 une des questions que je me poserais, c'est
20:32 comment reconquérir les classes populaires.
20:34 - Bien sûr. - Par urale, tout le monde.
20:36 - Je ne suis pas sûr qu'en ayant
20:38 un tel débat, on puisse reconquérir les classes populaires.
20:40 - Mais regardez ce qu'il y a dans ce débat.
20:42 C'est-à-dire que c'est une question rhétorique
20:44 qui a été faite par quelqu'un qui a voulu
20:46 faire le malin, j'en suis mais convaincue.
20:48 - C'est la stratégie du vote, faire malin.
20:50 - J'ai pas l'habitude de défendre le Parti Socialiste
20:52 mais je ne les crois pas assez stupides
20:54 pour... Alors que tout le monde
20:56 a entendu parler de la France périphérique,
20:58 on a entendu parler des gilets jaunes,
21:00 ils ne sont pas assez stupides
21:02 pour être encore
21:04 à 2010, Terra Nova.
21:06 - Pardonnez-moi mais c'est un avenir puissant.
21:08 - Oui, oui, oui.
21:10 - Très court, Jérôme. - Il y a bien 10 personnes
21:12 qui ont lu cet intitulé avant de le valider.
21:14 On met des guillemets, on met un point d'interrogation
21:16 qui est explicite. - Non mais c'est la stratégie
21:18 du buzz permanent. - Le but en blanc
21:20 brutal, c'est quand même très dévalorisant
21:22 et on a le droit de le comprendre, pas comme vous.
21:24 - Oui, oui. - On marque une très courte
21:26 respiration et on revient garder un petit peu
21:28 d'énergie. - Vous êtes les mêmes,
21:30 vous savez comment ça se passe. - Vous êtes les mêmes à avoir des titres aussi qui vont nous chercher un peu...
21:32 Très courte respiration,
21:34 on revient dans un instant.
21:36 De retour sur le plateau de l'heure des pro2.
21:40 On poursuit la discussion dans un instant avec mes invités
21:42 mais avant cela, c'est le rappel des principales
21:44 actualités de ce mardi avec vous
21:46 Adrien Spiteri.
21:48 La CRS 8 sera déployée à Nîmes
21:52 ce soir. Il y a un enfant de 10 ans
21:54 est mort. Il a été touché par balle
21:56 dans une fusillade dans le quartier populaire
21:58 de Pisse 20. Le garçon se trouvait
22:00 à l'arrière d'un véhicule pris pour cible
22:02 à l'entour de 23h30. Selon
22:04 la procureure de Nîmes, il s'agit d'une
22:06 victime collatérale du trafic
22:08 de stupéfiants. La vague de chaleur
22:10 se poursuit en France. 15 autres
22:12 départements sont placés en vigilance rouge
22:14 soit 19 au total. Face
22:16 à cette chaleur, les mesures préventives se
22:18 multiplient à Bourg-en-Valence par exemple.
22:20 Vous le voyez à l'image, la municipalité
22:22 livre des bouteilles d'eau fraîche
22:24 à ses agents en extérieur.
22:26 Et puis les fortes chaleurs touchent aussi
22:28 la Grèce où une nouvelle vague d'incendies
22:30 fait des ravages. Près de 20
22:32 victimes sont à déplorer en 2 jours.
22:34 Au nord-ouest d'Athènes par exemple,
22:36 les autorités ont ordonné l'évacuation
22:38 du quartier d'Anneau-Lyosia
22:40 où les flammes s'approchent
22:42 dangereusement des habitations.
22:44 "Encore en ma compagnie, Véronique Jacquet, Elisabeth
22:48 Lévy, Olivier Dartigolle et Jérôme Béglé ont poursuit
22:50 la discussion avec justement ce qui s'est passé
22:52 à Nîmes, je ne sais pas si vous avez suivi
22:54 ce drame. Un enfant de 10 ans
22:56 qui est mort hier soir dans le quartier
22:58 de Pisse-Vins sous fond de trafic de drogue. Le
23:00 gastron se trouvait à l'arrière d'un véhicule qui a été
23:02 pris pour cible et il était accompagné
23:04 de son oncle. On entendra dans un instant
23:06 le témoignage
23:08 de son père
23:10 suite à ce drame alors qu'il circulait
23:12 dans ce quartier aux alentours de 23h30.
23:14 Le conducteur, donc son oncle, a été
23:16 blessé. Un autre enfant de 7 ans,
23:18 son frère se trouve à l'arrière, est sain et
23:20 sauf. Cette famille est
23:22 inconnue des services de police. On parle
23:24 d'une victime collatérale,
23:26 on va voir cette séquence qui s'est
23:28 passée précisément à Nîmes,
23:30 qui est juste une séquence qui fait
23:32 froid dans le dos, on a l'impression d'être sur un théâtre
23:34 de guerre. Regardez.
23:36 (Bruits de tirs)
24:00 C'est toujours assez terrible malheureusement
24:02 de parler d'une telle actualité.
24:04 Nos journalistes sur place ont pu
24:06 recueillir le témoignage du père
24:08 de ce garçon décédé.
24:10 C'est toujours un drame
24:12 bien évidemment de perdre quelqu'un de son entourage
24:14 mais c'est insupportable, d'autant
24:16 plus insupportable quand il s'agit de son enfant.
24:18 On prie
24:20 à Dieu que les mauvais moments
24:22 ne se trouvent pas à nous. On trouve
24:24 que des bons endroits,
24:26 bon moment, bonne journée.
24:28 Mais les mauvais moments, ça fait mal.
24:30 Ça fait mal ? Ça fait mal.
24:32 Ça fait mal.
24:34 De perdre un fils ?
24:36 Ah oui. C'est ma femme qui est
24:38 à la maison qui m'a parlé.
24:40 Et ensuite vous êtes rendu directement
24:42 à l'hôpital donc ? Et je suis venu direct
24:44 de voir. Quand il a téléphoné, j'étais juste en bas.
24:46 D'accord. Il a téléphoné
24:48 en pleurant, il a été excité
24:50 comme ça. Je suis venu d'abord à la maison.
24:52 D'accord. Récupérer le bébé
24:54 et après je suis allé te revoir.
24:56 Le deuxième passager, donc votre autre fils,
24:58 c'est votre autre fils. Le plus jeune.
25:00 Le plus jeune a rien.
25:02 Il est là ? Il est avec vous ?
25:04 On ne peut pas parler avec lui
25:06 parce que quand tu parles avec lui, il voit.
25:08 Il va parler à mon frère.
25:10 Il est tard à l'hôpital.
25:12 Il ne sait pas ce qui s'est passé.
25:14 Il ne sait pas encore que son frère a décédé ?
25:16 Il savait qu'il
25:18 passait des drames parce qu'il me racontait
25:20 des tirs.
25:22 Il me racontait aussi que le goût
25:24 de son frère a été déchiré.
25:26 Il avait des trous.
25:28 Son frère est saint et sauf.
25:30 On peut imaginer les séquelles
25:32 psychologiques suite
25:34 à ce qui s'est passé. Lui qui a tout vu,
25:36 qui a vu le doudou de son
25:38 frère qui a été criblé de balles.
25:40 C'est terrible. Et tout cela se passe
25:42 au fond de trafic de stupéfiants.
25:44 On écoute la procureure de Nîmes et on ouvre
25:46 la discussion ensuite avec mes invités.
25:48 J'ai ouvert
25:50 une enquête du chef d'Assassinat
25:52 en bande organisée
25:54 et autres infractions en lien
25:56 avec la criminalité organisée.
25:58 La police judiciaire
26:00 de Nîmes, de Montpellier, est saisie.
26:02 Je suis en lien avec la juridiction
26:04 interrégionale spécialisée
26:06 de Marseille. Et cette enquête
26:08 est menée, possiblement
26:10 en lien avec d'autres enquêtes.
26:12 Ce n'est pas un secret de dire que
26:14 nous sommes sur des territoires où il y a
26:16 des luttes qui sont
26:18 réalisées en vue de prendre
26:20 possession de points de deal.
26:22 On est donc sur fond de trafic de stupéfiants.
26:24 A mon sens,
26:26 ça ne fait à ce jour pas difficulté
26:28 de pouvoir affirmer cela.
26:30 Ce qui est terrible, c'est qu'on parle régulièrement
26:32 de ces quartiers de reconquête
26:34 républicaine et on s'aperçoit
26:36 que malheureusement la reconquête
26:38 est particulièrement complexe.
26:40 Tout simplement parce que ces quartiers
26:42 sont détenus par
26:44 des trafiquants de drogue qui font
26:46 la loi, qui, lorsqu'il y a
26:48 quelque chose qui ne leur plaît pas
26:50 dans le quartier d'à côté, qui en général est
26:52 une bande rivale,
26:54 ils s'entretuent et il y a malheureusement ces victimes
26:56 collatérales qu'on déplore à chaque fois.
26:58 On s'aperçoit qu'il y a un échec.
27:00 Que les politiques
27:02 mises en œuvre sur un certain nombre de
27:04 segments qui ne devraient pas permettre
27:06 cette situation, ce drame, sont en échec.
27:08 On ne peut pas systématiquement
27:10 apporter comme réponse
27:12 l'arrivée de la CRS 8.
27:14 Voilà, ça va durer un moment.
27:16 Qui repartira d'ailleurs.
27:18 Donc ça pose tout un tas de...
27:20 Les Français ne sont pas dupes, que ce soit à Marseille
27:22 ou à Nîmes, on se dit "bon, c'est très bien
27:24 d'envoyer la CRS 8, mais dans une semaine
27:26 les problèmes reviendront malheureusement".
27:28 ... sur des sujets qu'on aborde ici
27:30 très régulièrement.
27:32 J'aimerais au moins que le constat soit fait
27:34 en disant que ceux qui sont mobilisés
27:36 pour faire en sorte que
27:38 ça ne se passe pas comme ça,
27:40 qu'on conclue un échec
27:42 cuisant, patent, et qu'on
27:44 puisse ou alors renforcer
27:46 les dispositifs, ou alors apporter
27:48 d'autres solutions, ouvrir
27:50 des débats à grand angle, sans que
27:52 l'énoncé d'un début
27:54 d'alternative à ce qui se fait aujourd'hui
27:56 ça monte dans les tours
27:58 de part et d'autre. Mais là c'est...
28:00 Surtout que ça n'est pas une
28:02 actualité dramatique isolée. C'est-à-dire
28:04 qu'aujourd'hui, si on met bout à bout
28:06 le nombre de morts autour de cette
28:08 seule question du trafic
28:10 de la drogue,
28:12 des armes
28:14 associées au quartier populaire,
28:16 c'est sensible, ça fait quand même
28:18 une suite d'événements
28:20 sur la toute dernière période
28:22 considérable.
28:24 - Ça fait 25 ans en plus même qu'il y a
28:26 des règlements de comptes dans ces quartiers
28:28 et on se rend bien compte que ça ne va pas
28:30 en s'améliorant, les gouvernements passent
28:32 et il n'y a pas de solution à part
28:34 mettre des renforts de CRS pendant
28:36 quelques jours, ils vont s'en aller, puis la situation
28:38 va être la même, c'est-à-dire que les policiers
28:40 de terrain vont se retrouver face à la même
28:42 situation qu'ils dénoncent depuis des années.
28:44 Alors que faut-il faire ? À mon avis,
28:46 on a une France qui est en voie de
28:48 sud-américanisation,
28:50 de cartélisation de la drogue,
28:52 le problème se traite à l'échelle
28:54 européenne et là on est
28:56 démuni parce qu'il n'y a pas grand-chose de fait
28:58 et puis à l'échelle même de notre
29:00 pays, il faut arrêter d'employer
29:02 des mesures de bisounours,
29:04 je vais prendre un
29:06 pays comme le Salvador qui était l'un des pays
29:08 les plus violents du monde.
29:10 Un président
29:12 conservateur s'est fait élire il y a
29:14 4 ans de cela, un peu plus, 4-5 ans,
29:16 qu'a-t-il fait ? Il a
29:18 vraiment déclaré la guerre aux gangs parce que
29:20 c'est pire que chez nous
29:22 mais ce qui est en train de se passer à Nîmes quand on
29:24 voit qu'un enfant
29:26 meurt à l'âge de 10 ans
29:28 et ce n'est pas la première fois qu'on commande de tel
29:30 fait divers malheureusement, qu'a-t-il fait ?
29:32 Il a changé de logiciel,
29:34 c'est-à-dire qu'il a vraiment déclaré
29:36 la guerre à ces trafiquants de drogue.
29:38 De plusieurs façons, 45 ans de
29:40 prison, on abandonne toute idée
29:42 de droit de l'homme évidemment,
29:44 vous n'êtes pas pris en charge
29:46 en prison par
29:48 l'État, c'est-à-dire que votre famille
29:50 doit vous nourrir, vous n'avez bien entendu pas
29:52 de téléphone portable, vous n'avez pas de téléphone,
29:54 c'est vraiment un univers carcéral qui s'appelle
29:56 un enfer. Croyez-moi,
29:58 en règle générale, ça les fait réfléchir.
30:00 Le taux de criminalité...
30:02 Oui, après ça nous dénonce aussi
30:04 d'avoir parfois des conditions
30:06 autres que certains
30:08 pays dans le temps de prison.
30:10 Excusez-moi, vous pouvez me...
30:12 Avec qui prison digne de ce nom ?
30:14 Une fois qu'on a dit ça,
30:16 on n'a rien dit tout simplement parce que
30:18 nous ne sommes pas dans un pays où cela se passera.
30:20 Voilà, je veux dire, on peut le dire
30:22 sur tous les tons...
30:24 Pardon, est-ce que... Merci.
30:26 On ne va pas faire le Salvador en France
30:28 tout simplement parce que nous avons
30:30 effectivement des institutions,
30:32 je pense que nous sommes trop cinglés
30:34 avec les droits de la défense, etc.
30:36 Mais je ne crois pas...
30:38 Pardon, je finis. Merci.
30:40 Donc, ça c'est la première chose.
30:42 La deuxième,
30:44 c'est qu'on ne peut pas réfléchir
30:46 à ces affaires de drogue
30:48 simplement en termes de répression.
30:50 Je m'explique pourquoi.
30:52 Ce n'est pas du tout parce que je suis dans la politique
30:54 de l'excuse ou quoi que ce soit.
30:56 C'est parce que vous voyez bien,
30:58 si vous voulez, qu'il y a un phénomène
31:00 dans notre société qui est la consommation
31:02 effrayante et de plus en plus
31:04 grande de puissance psychotrope.
31:06 Et ça, vous pouvez mettre toute la répression
31:08 que vous voudrez, vous n'allez pas
31:10 l'empêcher. Et troisième remarque,
31:12 sur la question de la France narco-État.
31:14 On a fait une une là-dessus à Causeur.
31:16 Donc on a interrogé beaucoup de gens.
31:18 Alors, la situation est très inquiétante
31:20 par l'implantation des cartels,
31:22 mais ce qui distingue encore la France
31:24 de pays comme le Mexique ou l'Amérique du Sud,
31:26 c'est qu'à ma connaissance, il y a eu
31:28 quelques policiers, effectivement,
31:30 qui ont été mouillés dans des affaires
31:32 de drogue. Pas de magistrats.
31:34 Ce qui caractérise les pays d'Amérique du Sud,
31:36 c'est que les institutions sont
31:38 tenues au plus haut niveau par les cartels.
31:40 À ma connaissance, je ne crois pas que les cartels
31:42 tiennent Emmanuel Macron. Maintenant,
31:44 si on me démontrait le contraire, j'en serais fort choqué.
31:46 Mais voilà, c'est pas du tout que vous avez tort.
31:48 C'est qu'on n'est pas encore,
31:50 heureusement, arrivés à ce stade.
31:52 Vous avez raison, Elisabeth.
31:54 Mais juste une chose, le Mexique,
31:56 il y a 30 ans, effectivement,
31:58 n'en était pas à ce stade-là.
32:00 Je dis que peut-être
32:02 que les mesures que je préconise sont trop fortes.
32:04 Ce que vous avez redéjà dit mérite de faire réfléchir.
32:06 Évidemment, je ne prends pas
32:08 le Salvador pour un modèle démocratique,
32:10 judiciaire et diplomatique.
32:12 Mais je me dis que des peines de 45 ans,
32:14 pourquoi est-ce que c'est pas
32:16 totalement possible ?
32:18 Mais moi, je suis pour.
32:20 Faire payer aux familles
32:22 ou aux amis ou aux membres du clan,
32:24 du gang,
32:26 le coût de mise à l'écart,
32:28 de mise à l'ombre.
32:30 Mais pourquoi ne pas
32:32 rouvrir une discussion, une réflexion là-dessus ?
32:34 Évidemment, pénaliser
32:36 très fortement des amendes
32:38 massives de plusieurs milliers
32:40 voire dizaines de milliers d'euros les consommateurs
32:42 de drogue, afin de tarif pas seulement
32:44 ceux qui dealent, mais ceux
32:46 qui consomment. Parce qu'après tout, s'il y a un marché,
32:48 s'il y a une offre, une demande,
32:50 c'est bien beau
32:52 de taper un raccourci sur
32:54 l'offre, mais il y a une demande en phase.
32:56 Je pense qu'on n'a pas
32:58 assez grand-chose pour m'asserrer le but contre
33:00 le trafic de spectre et la consommation du spectre.
33:02 On n'évoque jamais le haut du spectre.
33:04 On va parler des points de deal
33:06 et il faut le faire, de l'économie
33:08 dans le quartier que ça génère, il faut le faire,
33:10 mais le capitalisme dans sa phase actuelle,
33:12 ça c'est une belle enquête à faire, a besoin
33:14 d'un blanchiment d'argent
33:16 et ça passe beaucoup par la drogue et par
33:18 les armes. Mais bien évidemment,
33:20 ce sont des milliards d'euros dans l'économie.
33:22 Mais bien sûr, c'est pour l'argent.
33:24 Mais pourquoi ça vous dérange que je vous dise que...
33:26 Mais Total a besoin
33:28 des cartels de drogue pour
33:30 ses bénéfices. Pourquoi ça vous dérange
33:32 qu'on parle du haut du spectre ?
33:34 Jean Béglé, pourquoi ça vous dérange ?
33:36 Parce qu'on peut pas avoir des années comme ça.
33:38 Je crois pas que...
33:40 Comment arrive la drogue ?
33:42 En quelle quantité elle arrive ?
33:44 Les trafiquants utilisent le capitalisme
33:46 pour ça, mais après... Vous pensez que c'est le gars en bas de l'immeuble
33:48 qui est à la tête du réseau ?
33:50 Mais vous connaissez pas les fonds des noms internationaux ?
33:52 Mais bien évidemment !
33:54 Mais c'est pas le capitalisme qui crée le trafic de drogue.
33:56 Mais vous pouvez souffler,
33:58 mais je le dis,
34:00 il y a des réseaux internationaux
34:02 de production et de distribution
34:04 de la drogue.
34:06 Mais ça, tout le monde le sait.
34:08 Mais qu'est-ce que ça a à voir avec le capitalisme ?
34:10 Mais ça a à voir qu'il faudra bien un jour
34:12 s'attaquer à ce niveau-là pour assécher.
34:14 Mais personne n'a nié qu'il y avait des réseaux.
34:16 C'est ce qu'on dit depuis le début.
34:18 Depuis tout à l'heure, on parle des réseaux.
34:20 Simplement, pardon,
34:22 ce sont les cartels qui ont besoin
34:24 de blanchir de l'argent, c'est pas Total.
34:26 Mais je n'ai pas parlé de Total.
34:28 Non mais tu as parlé du capitalisme.
34:30 Oui, mais c'est un exemple.
34:32 C'est ce mot qui vous a dérangé.
34:34 C'est ce mot qui vous a dérangé.
34:36 La seule chose, c'est que, relativement,
34:38 il y a de l'économie illégale,
34:40 des gens qui veulent gagner de l'argent
34:42 de façon illégale, ce qui génère de la violence,
34:44 qui ne payent pas d'impôts, qui échappent
34:46 précisément à toutes les règles du capitalisme.
34:48 On va faire un petit point.
34:50 On a énormément de sujets sur la rentrée.
34:52 Gabriel Attal, le nouveau ministre de l'Éducation nationale,
34:54 a fait un point, notamment sur la réouverture
34:56 des écoles qui ont été incendiées
34:58 durant les émeutes. Il y a quasiment
35:00 plus de 200 établissements qui ont été
35:02 saccagés ou incendiés.
35:04 Il y a une partie des élèves qui ne pourront
35:06 retrouver leur école
35:08 à la rentrée. 650 enfants,
35:10 écoutez le ministre de l'Éducation nationale.
35:12 C'est un enjeu et je pense une garantie
35:14 très concrète pour les familles.
35:16 Si on prend les
35:18 5 établissements qui ne peuvent pas rouvrir,
35:20 c'est autour de 650 élèves, 650 familles
35:22 qui sont concernées.
35:24 C'est un enjeu très concret pour ces familles
35:26 mais je crois plus largement que c'est un enjeu
35:28 majeur pour la nation tout entière.
35:30 Parce que l'école, c'est l'âme de la République.
35:32 Quand l'école est touchée,
35:34 frappée, dégradée, c'est
35:36 un coup qui est porté à la République.
35:38 Je pense que ce que nous devons aux Français,
35:40 c'est de montrer que l'école se tient
35:42 debout, fière, toujours en capacité
35:44 de s'adapter grâce aux trésors
35:46 de mobilisation, de réactivité, d'inventivité
35:48 de ses personnels, d'accueillir tous les
35:50 enfants de notre pays.
35:52 Moi ça m'a fait penser à cette séquence
35:54 qu'on a longuement commentée justement
35:56 durant les émeutes où il y a une habitante
35:58 d'un quartier qui dit "s'il vous plaît, s'il vous plaît,
36:00 ne vous en prenez pas à l'école". On la regarde
36:02 et on poursuit la discussion.
36:04 Ils ont cassé l'école.
36:10 Ils ont rien de dedans.
36:12 S'il vous plaît, pas l'école !
36:14 Ne touchez pas à l'école !
36:16 Là encore c'est terrible de dire
36:20 qu'il y a 650 enfants. Je ne sais même pas
36:22 ce qu'on va leur expliquer pour dire qu'ils vont
36:24 devoir aller dans une autre école
36:26 pendant X mois,
36:28 voire toute l'année scolaire.
36:30 Il ne faut peut-être pas trop faire de misérabilisme
36:32 non plus. Moi pendant des mois,
36:34 quand j'étais au lycée, on m'a fait cour dans des
36:36 Algécos. On peut leur dire
36:38 que pendant un an c'est comme ça et puis...
36:40 On n'a pas incendié votre lycée.
36:42 Comment ? On n'a pas incendié...
36:44 C'est ça. Il y a une petite
36:46 différence. Moi aussi j'ai eu
36:48 classe dans un préfabriqué pendant
36:50 un an, mais c'était parce qu'on
36:52 restaurait l'école. Ce n'est pas parce qu'on avait incendié
36:54 l'école. Ils le savent quand même.
36:56 Bien sûr qu'ils le savent, mais c'est quand même assez traumatisant.
36:58 Non, ce n'est pas trop...
37:00 Vous avez eu...
37:02 Ce moment-là, autant démissionner directement.
37:04 C'est peut-être traumatisant,
37:06 mais il y a des solutions. Bien sûr.
37:08 Heureusement que
37:10 dans un pays ou le nôtre, il y a des solutions.
37:12 Par rapport aux images, vous avez eu raison.
37:14 Sur le terrain, c'est justement pour vous dire
37:16 qu'il y a des solutions. Sinon, franchement...
37:18 Ça fait longtemps que vous n'étiez pas à l'école.
37:20 Véronique Pardon a raison.
37:22 Le problème n'est pas
37:24 le traumatisme qui sera
37:26 subi par 600 morts qui vont devoir
37:28 changer d'école. C'est embêtant,
37:30 c'est désagréable. Le problème
37:32 c'est que des gens aient brûlé ces écoles.
37:34 Le problème, il n'est pas...
37:36 Il ne faut pas...
37:38 - Allez dire ça aux parents qui vont faire 25 km pour amener
37:40 leur enfant. - Pardonnez-moi.
37:42 - Je suis désolé. - Je ne vais pas être d'accord avec vous.
37:44 - Moi, je... - Sur...
37:46 - Très souvent, on oublie qu'il y a des familles
37:48 qui vivent dans des villages éloignés
37:50 de tout. - Je pense qu'il ne faut pas...
37:52 D'abord, ce n'est pas dans les villages.
37:54 Écoutez, je veux bien qu'on en rajoute,
37:56 mais ces écoles n'ont pas été brûlées.
37:58 - Ce n'est pas normal de brûler une école
38:00 et que 650 mômes sont obligés
38:02 de faire 10 km de plus. - Est-ce que j'ai dit
38:04 que c'est normal ? Est-ce qu'on peut tenir un propos qui ne soit pas
38:06 exactement ce que vous attendez ?
38:08 - Non. - Sans que vous le déformiez.
38:10 - Non. - Je n'ai jamais dit que c'était normal.
38:12 - Vous savez comment marchent les missions. - Non. - J'ai dit qu'au contraire,
38:14 ce qui est grave, c'est qu'elles aient été
38:16 brûlées et parquis, etc.
38:18 Ça, ça demande... Je veux dire,
38:20 est-ce que nous travaillons là-dessus ?
38:22 - On est d'accord. - Maintenant, si vous voulez faire...
38:24 Je trouve que Véronique a une réaction
38:26 saine, si vous voulez, qui est...
38:28 Je veux dire, l'être humain est quand même
38:30 adaptable à un changement d'école.
38:32 - Il y a des enfants qui vont s'adapter, bien évidemment.
38:34 - Je suis d'accord avec ce qui vient d'être dit.
38:36 - Avec qui ? - Reste...
38:38 Reste que le fait que
38:40 l'école d'un gamin et des familles
38:42 aient été brûlées, ça reste quelque chose
38:44 d'une ultra-violence. - Oui, bien sûr.
38:46 - Et ce que vous avez montré en termes de vidéos,
38:48 c'est l'une des vidéos importantes aussi de ces émeutes,
38:50 de montrer que ces populations-là
38:52 sont les premières victimes et que quand une école
38:54 part en fumée, c'est un drame pour le quartier.
38:56 Première chose. Deuxième chose,
38:58 concernant Gabriel Attal,
39:00 je vois la séquence communication
39:02 qui a démarré.
39:04 Il interviendra auprès des recteurs
39:06 dans quelques jours. Reste qu'il a une équation
39:08 complexe. Parce qu'il y a aussi la question
39:10 de savoir s'il y aura un enseignant
39:12 devant chaque élève
39:14 et devant chaque classe, ce qui est
39:16 une promesse d'il y a quelques
39:18 années qui n'a jamais été
39:20 traduite en acte concret. - Il en manquait 3000.
39:22 - Il a d'autres sujets
39:24 que je ne développe pas ici, on aura l'occasion
39:26 de les traiter sur la rentrée scolaire,
39:28 qui font qu'il a voulu
39:30 ce poste, il semblerait, mais là
39:32 il est devant véritablement un rendez-vous
39:34 important pour lui sur la rentrée, sur
39:36 deux ou trois sujets où il ne fondera pas uniquement
39:38 de la communication et du discours. - Jérôme ?
39:40 - On écoutera Nicolas Sarkozy dans un instant. - Depuis
39:42 20 ans, 15 ans, on dit toujours,
39:44 les ministres de l'Éducation nationale
39:46 vont être confrontés à une terrible rentrée.
39:48 C'est moins pire
39:50 ou pas mieux qu'en années précédentes.
39:52 Il ne faut pas non plus en faire
39:54 le juge de paix absolu de ce
39:56 ministre qui vient d'être nommé.
39:58 Après, ce qu'on sait quand même,
40:00 c'est que les profs sont
40:02 mal payés, mal soutenus
40:04 par leur hiérarchie,
40:06 confèrent le drame des drames
40:08 à faire pâti, mais il y a des petites
40:10 minis à faire pâti tous les jours
40:12 dans tous les rectorats de France.
40:14 Troisièmement, c'est un métier qui est
40:16 en totale déperdition
40:18 de valeur. Il y a encore
40:20 40 ans, être prof, être instituteur,
40:22 vous placez dans une ville ou dans un village
40:24 parmi les gens de valeur,
40:26 parmi les notables.
40:28 Aujourd'hui,
40:30 vous faites la moindre remarque à un enfant,
40:32 vous avez des parents qui viennent quasiment vous casser la gueule
40:34 ou vous mettre une paire de clacs, interdit de mal parler à mon enfant.
40:36 Ça, c'est le combat qu'il va falloir
40:38 mener et il y en a pour 30 ans.
40:40 Et le terrain, c'est pas contre les parents.
40:42 C'est un combat contre les parents, pas seulement, mais aussi
40:44 dans le public. Et on aura l'occasion, je pense,
40:46 de revenir notamment sur ce sujet
40:48 dans les tout prochains jours, parce qu'effectivement
40:50 il y a énormément de défis auxquels est confronté
40:52 actuellement le nouveau ministre
40:54 de l'Éducation nationale. Je souhaitais vous faire
40:56 écouter Nicolas Sarkozy
40:58 qui a entamé sa tournée
41:00 de dédicace avec la sortie de son livre.
41:02 Vous l'avez lu, Jérôme ? Absolument.
41:04 On aura l'occasion d'en parler dans un instant. On va écouter
41:06 l'ancien président de la République
41:08 qui a dû se justifier par rapport
41:10 à certains propos qu'il a pu tenir
41:12 récemment, puisqu'il a été interviewé
41:14 à plusieurs reprises dans le cadre de la sortie
41:16 de ce livre.
41:18 L'un des problèmes de notre démocratie,
41:20 c'est la véritable impossibilité
41:22 de réfléchir
41:24 et de débattre sans insulte.
41:26 C'est ce qui compte.
41:28 Après, chacun peut avoir
41:30 son opinion, et je ne prétends pas
41:32 que mon opinion
41:34 est la seule intéressante.
41:36 Mais ce qui est accablant,
41:38 c'est de voir
41:40 sur tant de sujets,
41:42 les postures,
41:44 prendre
41:46 plus d'importance
41:48 que la réflexion.
41:50 Effectivement, ce qu'il dit
41:52 en titre "Impossible de débattre sans s'insulter",
41:54 il déplore le fait qu'aujourd'hui,
41:56 on ne puisse plus débattre sans s'insulter.
41:58 Nous, on ne s'insulte pas ici.
42:00 Et on débat.
42:02 Ça vous fait sourire, Olivier Dardigolles.
42:04 La France, la démocratie.
42:06 Heureusement. Et on n'est pas tous d'accord.
42:08 Je crois qu'on l'a vu depuis le début de l'émission.
42:10 La France est un peuple politique
42:12 et avec cœur et l'heure.
42:14 Moi, je le dirais. Je vois, il ne faut pas...
42:16 Sans enthousiasme.
42:18 Sans enthousiasme.
42:20 Les personnes parlent de son calendrier judiciaire
42:22 en évoquant ce livre.
42:24 Moi, je lirais le second opus
42:26 de Nicolas Sarkozy,
42:28 parce que c'est une expérience.
42:30 Il parle des années 2009-2011,
42:32 éliséenne,
42:34 avec un art du portrait
42:36 qu'on avait un peu deviné
42:38 sur le premier livre.
42:40 Moi, je le lirais.
42:42 Il paraît que l'écriture est fluide.
42:44 Vous avez été brief.
42:46 J'ai lu les partis.
42:48 Vous ne dites pas que c'est écrit.
42:50 J'ai lu les partis.
42:52 J'ai compté le lire.
42:54 J'ai vu que Jérôme Béglé
42:56 a la sortie de son cartable.
42:58 C'était un sérieux pavé.
43:00 Il va falloir s'organiser.
43:02 Jérôme Béglé, lui, il a lu.
43:04 Nicolas Sarkozy a raison.
43:06 Quand il parle de l'hystérisation,
43:08 des débats en permanence,
43:10 il a une énergie intacte.
43:12 Il écrit le 2e tome de ses mémoires.
43:14 C'est un homme qui a une telle énergie
43:16 qu'on sait qu'il ne va pas
43:18 revenir en politique
43:20 parce qu'il ferme constamment la porte.
43:22 Mais comme beaucoup d'hommes politiques,
43:24 on sent qu'il est toujours
43:26 un pile de gants.
43:28 Le tigre ne devient jamais végétarien.
43:30 Cela dit, attention,
43:32 je lirai l'ouvrage,
43:34 mais je n'oublie pas qu'il s'est fait battre
43:36 à la primaire de la droite en 2016.
43:38 C'était pas tellement flatteur
43:40 que ce politique par ailleurs.
43:42 Et puis quand même, il a trahi
43:44 les LR en appelant
43:46 à voter Emmanuel Macron.
43:48 Mais on ne les soutenant pas, Valérie Pécresse.
43:50 Jérôme, en 20 secondes,
43:52 il nous reste 20 secondes.
43:54 C'est la fin de l'émission.
43:56 Permettez-moi de parler du livre
43:58 que je suis le seul à avoir lu de cette table.
44:00 Alors, s'il a fait
44:02 ce qu'il a fait pour Valérie Pécresse,
44:04 c'est qu'il dit "je l'ai vu à plusieurs reprises,
44:06 j'ai compris qu'elle n'avait pas le niveau".
44:08 Il n'a pas trahi sa famille politique.
44:10 Il dit dans le livre du bien de Gérald Darmanin,
44:12 de Bruno Le Maire, de Laurent Wauquiez,
44:14 d'Éric Ciotti même.
44:16 Pour l'instant,
44:18 on a centré les extraits
44:20 que sur Darmanin,
44:22 mais c'est pas ça.
44:24 Il avait vu, peut-être avant tout le monde,
44:26 que la candidate choisie par les LR
44:28 n'était pas forcément à la hauteur.
44:30 Il aurait peut-être pu lui faire comprendre
44:32 plus tôt pendant la campagne.
44:34 Il l'a dit, mais il n'a pas voulu l'entendre.
44:36 - Merci beaucoup. Effectivement, on aurait pu
44:38 continuer à débattre comme cela sans s'insulter.
44:40 On ne s'insulte jamais. On a des opinions
44:42 différentes autour de cette table.
44:44 C'est sain, justement, de débattre dans notre pays
44:46 pendant des heures, je pense.
44:48 C'est toujours un plaisir de débattre avec vous.
44:50 - Les grognons vont partir en place.
44:52 - C'est la fin de cette émission. La formation se poursuit.
44:54 Quant à moi, j'aurais le plaisir de vous retrouver
44:56 pour un nouveau...
44:58 Vous n'êtes vraiment pas déçus.
45:00 - Je suis blanche neige alors.
45:02 - Pour un nouveau numéro de L'heure des pros,
45:04 le rendez-vous est pris.
45:06 Allez, allez, allez.
45:08 Vous êtes indiscipliné ce soir quand même.
45:10 Allez, la formation se poursuit sur CNews.
45:12 Très bonne soirée.

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