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Tous les soirs et pendant tout l'été, les chroniqueurs de #FacealinfoEte débattent de l'actualité du jour de 19h à 20h

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00:00 Bonsoir à tous et à toutes, vous êtes bien sur CNews.
00:03 Votre émission Fast'n'Linfo était "C'est tout de suite".
00:06 Il est 19h, l'heure de faire un point sur les principales informations de la journée.
00:10 C'est avec Adrien Spiteri. Bonsoir Adrien.
00:13 Bonsoir Célia et bonsoir à tous.
00:16 On commence ce journal avec ce drame dans le Lotte-Garonne.
00:19 Un enfant de 12 ans a perdu la vie dans un accident de minibus hier soir.
00:23 Quatre enfants sont en urgence absolue.
00:26 Le véhicule transporté dans le village de Houyelles des enfants d'un centre de vacances.
00:30 Le conducteur a été placé en garde à vue.
00:33 Dans le reste de l'actualité, une nouvelle fusillade à Marseille.
00:37 Un jeune homme âgé de 17 ans a été tué par balle tôt ce matin.
00:40 La fusillade a eu lieu dans une cité des quartiers nord de la ville.
00:43 La victime était connue de la police pour des affaires de stupéfiants.
00:48 Et puis en Formule 1, Max Verstappen est toujours inarrêtable.
00:51 Il partira en pole position du Grand Prix des Pays-Bas demain.
00:54 Le pilote Red Bull leader du championnat a signé le meilleur temps devant Lando Norris et George Russell.
00:59 Sortie de piste, Charles Leclerc partira lui en 8e place sur la grille.
01:03 Le Grand Prix sera à suivre demain à 15h sur Canal+
01:06 Merci beaucoup Adrien.
01:11 On se retrouve tout à l'heure pour de nouvelles informations.
01:14 Et c'est aussi le moment pour moi de vous présenter mon plateau.
01:17 Céline Pina, essayiste, merci beaucoup d'être avec nous.
01:20 Bonjour.
01:21 Et Jonathan Cixous, vous êtes journaliste causeur.
01:25 Merci beaucoup d'être avec nous.
01:26 A noter que Nathan Devers va nous rejoindre au cours de l'émission.
01:30 Mais au sommaire, aujourd'hui, Gérald Darmanin dans le viseur de Jean-Luc Mélenchon.
01:35 Lors d'une conférence organisée à l'occasion des Amphis de la France Insoumise,
01:38 le leader d'extrême gauche a désigné le ministre de l'Intérieur
01:41 comme principal adversaire au sein du camp présidentiel
01:44 en tant que candidat commun de la jonction de la droite avec l'extrême droite.
01:48 On fera le point avec Céline Pina.
01:51 Plus que quelques jours pour profiter de la capitale en trottinette électrique,
01:54 mise en libre service.
01:56 Suite au résultat du référendum que la ville de Paris a décidé de faire disparaître ses trottinettes,
02:03 elles disparaîtront le 1er septembre prochain.
02:05 Assistons-nous donc à une fin de la ludification de la ville.
02:09 Édito à suivre.
02:10 Et puis Ségolène Royal fait son grand retour sur la scène politique.
02:13 L'ancien adversaire de Nicolas Sarkozy a fait savoir son souhait
02:16 de conduire une liste d'union de la gauche aux prochaines élections européennes.
02:20 Quelles sont les réactions au sein des différents partis ?
02:22 Ségolène Royal réussira-t-elle à rassembler ?
02:24 Éléments de réponse avec Nathan Devers.
02:27 Enfin, direction le Niger avec Jonathan Siksou.
02:29 La France a rejeté hier soir la demande de départ de son ambassadeur au Niger,
02:33 estimant que les poutchistes n'ont pas d'autorité pour une telle requête.
02:37 C'est un programme varié avec des opinions bien tranchées
02:41 qui vous attend ce soir dans Face Info ET.
02:43 On est ensemble jusqu'à 20h. C'est parti.
02:47 Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org
02:50 Céline Pina, vous souhaitez revenir ce soir sur la prise de parole
03:02 de Jean-Luc Mélenchon lors de l'Université d'été des Insoumis.
03:06 Une prise de parole à laquelle vous trouvez des relents factieux.
03:09 Oui, cette rentrée décidément sera celle du déshonneur pour une partie de la nupesse.
03:14 On a ainsi appris grâce à Europe Écologie les Verts,
03:18 grâce à son soutien à Médine, qu'une parole antisémite était acceptable
03:23 si elle était stupide ou inculte.
03:25 Et puis rien n'interdit de cumuler les deux options.
03:28 Le parti a même fait un triomphe à Médine,
03:30 qui a soigneusement évité de discuter de la dimension antisémite de son tweet
03:35 pour se présenter en victime d'une France raciste et proche de l'extrême droite.
03:40 Et maintenant, on a le dirigeant du parti leader de la gauche,
03:44 Jean-Luc Mélenchon, qui lui fait carrément démarrer l'extrême droite au macronisme.
03:49 Alors l'extrême droite pour Jean-Luc Mélenchon, c'est le fascisme et la dictature.
03:53 Et explique que la France n'a plus de force de l'ordre,
03:56 mais sous la coupe d'une milice aux ordres de Gérard Darmanin.
03:59 Mais vous êtes sûre de ne pas trop exagérer ?
04:01 On vous connaît très piquante lors de vos analyses,
04:04 mais est-ce que ce n'est pas une exagération ?
04:07 Alors, je vais vous laisser en juger sur pièce finalement.
04:10 C'est encore ce qu'il y a de plus honnête.
04:12 Et je vais vous lire le verbatim exact des propos de Jean-Luc Mélenchon à propos de Gérard Darmanin.
04:18 Le candidat commun de l'espace idéologique que représente l'urbanisme français,
04:23 la jonction de la droite et de l'extrême droite, c'est M. Darmanin.
04:27 C'est un homme qui dispose d'une audience sur plus de 100 000 personnes,
04:31 dont il est ministre, et qui a manifesté une manière d'être et de penser
04:35 que tout le monde connaît et qui est la police du pays.
04:38 Ce n'est pas rien tout ça.
04:40 Il n'y a que les naïfs pour croire que cela n'arrive qu'aux autres.
04:43 On doit tenir compte, comprendre le danger et comprendre le personnage.
04:49 Il se trouve que les mots ont un sens.
04:51 Et ce que vient de dire Jean-Luc Mélenchon est profondément scandaleux et inacceptable.
04:56 Ça rentre complètement dans la définition de factieux.
05:00 En effet, ce type de rhétorique nie toute légitimité aux institutions.
05:05 Et elle fait de la police la milice du pouvoir.
05:07 C'est donc un appel à l'insurrection.
05:10 Si la police est une milice, alors toute intervention de sa part est illégitime.
05:15 Elle n'est plus un outil destiné au maintien de l'ordre ou à la protection des citoyens.
05:19 Elle est une force d'oppression à laquelle il est normal de répliquer.
05:23 Attaquer des commissariats devient alors un acte de libération du territoire.
05:28 Et vouloir attaquer et tuer des miliciens, c'est finalement un acte citoyen, voire un geste héroïque.
05:34 Voilà ce que libère ce genre de rhétorique, le ressentiment et la haine.
05:39 Et ne nous voilons pas la face.
05:40 Le problème, c'est que le public auquel s'adresse Jean-Luc Mélenchon,
05:43 en tout cas une partie de ce public, peut passer à l'acte.
05:47 Il l'a montré au mois de juillet.
05:50 Donc ce discours s'inscrit complètement dans la logique de communication de LFI,
05:55 qui fait des policiers des cibles, qui défend les violences et les pillages au nom de la justice sociale
06:01 et qui désigne les policiers comme ontologiquement racistes et ici fascistes.
06:07 Vous évoquiez aussi l'extension du domaine de l'extrême droite,
06:10 puisque Jean-Luc Mélenchon l'a fait démarrer juste après le Parti Socialiste.
06:15 Oui, il dit exactement ceci en s'adressant à ses militants.
06:18 "Vous devez vous préparer au choc avec une ligne de front qui s'étend de l'extrême droite jusqu'au macronisme.
06:26 D'un seul fil avec autant de nuances que l'on peut en trouver dans la grisaille.
06:30 Mais au total, c'est la même couleur et la même grisaille."
06:34 C'est extrêmement explicite.
06:37 Ceci dit, au moins on ne pourra pas reprocher à Jean-Luc Mélenchon de faire dans la subtilité,
06:41 mais on a quand même l'impression qu'en matière de déconnexion avec le réel, lui aussi atteint des sommets.
06:46 Ce type de rhétorique guerrière, en fait, sert souvent à marquer l'inanité des propositions
06:52 et le manque de consistance du projet politique.
06:55 On fait autant plus le gorille que dans le fond, on n'a rien à dire et rien à proposer.
07:00 Donc, quand on n'a rien à proposer, on peut toujours bâtir une stratégie de conquête du pouvoir sur la dénonciation.
07:07 Faute de solution, qu'est-ce qu'on fait ? On propose des coupables à l'inché.
07:11 Et c'est vrai, en politique ça fonctionne, ce n'est pas une mauvaise stratégie.
07:15 Mais cela signifie aussi qu'on est sorti de la démocratie et que la politique redevient violente et dangereuse.
07:21 C'est une trahison de l'humanisme et c'est une profession de foi antidémocrate et un effondrement moral, de fait.
07:28 C'est aussi d'une hypocrisie sans borne pour vous.
07:31 Oui, d'abord parce que Jean-Luc utilise le terme "extrême droite" comme l'insulte suprême.
07:36 Il l'utilise d'ailleurs comme le fait Emmanuel Macron quand il se retrouve en période d'élection.
07:41 Et il l'utilise comme il s'est cristallisé dans l'inconscient collectif, autrement dit en lien avec la Seconde Guerre mondiale.
07:48 La référence à l'extrême droite, ça ne renvoie pas à l'échiquier politique actuel, pas du tout.
07:53 Cela renvoie pas du tout à la droite réactionnaire, mais à l'héritage de la collaboration,
08:00 à la complicité du crime contre l'humanité commis par les nazis.
08:03 Et l'extrême droite en France est une façon polie d'accuser les gens d'être fascistes ou néo-nazis.
08:10 Le premier problème est que si quelqu'un est en train de s'allier à d'authentiques soutiens des nazis, c'est bien Jean-Luc Mélenchon.
08:18 La dérivie islamo-gauchiste l'a beaucoup rapprochée des frères musulmans qui eux étaient de fait les alliés des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
08:26 Il soutient aussi le revendication politique des islamistes, le port du voile vendu comme une liberté,
08:31 la tentative de criminaliser tout discours sur l'islam à travers l'accusation d'islamophobie,
08:37 le discours de persécution des musulmans, la référence au racisme systémique, etc.
08:42 Mais il reprend aussi leur discours sur la corruption des institutions et leur illégitimité, et sur la délégitimation des forces de l'ordre.
08:50 Il faut dire que les objectifs de ces deux forces sont semblables, semer le chaos pour faire tomber le système.
08:57 Et vous trouvez aussi qu'il ressemble de plus en plus à Jean-Marie Le Pen.
09:01 Oui, en fait, quand je le voyais déambuler sur scène, la rage au ventre et presque la bave aux lèvres,
09:07 parce qu'il dégage une vraie violence dans ses paroles, mais comme dans sa gestuelle et dans son attitude,
09:14 je revoyais en fait les images de Jean-Marie Le Pen qu'on nous montrait au JT,
09:19 notamment quand il fait ses jeux de mots extrêmement choquants, type dur à four crématoire, etc.
09:25 Et on le voyait lui aussi arpenter la scène, haranguer la foule.
09:29 Il était ivre de lui-même.
09:31 C'était souvent à ce moment-là que le maximum de débordements avait lieu.
09:35 Et il essayait aussi de réveiller le ressentiment de son auditoire,
09:39 sauf qu'en règle générale, on sifflait très vite la fin de la récré et personne ne lui trouvait d'excuses.
09:45 Et vous remarquez enfin qu'il reproche à Gérard Darmanin des propos conformes à ceux qu'il avait tenus en 1991.
09:52 Oui, parce qu'en fait la colère de Jean-Luc Mélenchon a été déclenchée par des propos tenus par Gérard Darmanin
09:58 et rapportés par La Voix du Nord, où il parle notamment d'une possible victoire de Marine Le Pen
10:04 et invite pour l'éviter à s'intéresser au sort des classes populaires.
10:07 Et ce qu'il dit, c'est que si le parti présidentiel ne s'appuie que sur les gagnants de la mondialisation
10:14 et les élus des centres-villes, il ne fera pas 51% des voix.
10:18 Et du coup, le ministre se pose comme un rempart contre l'extrême droite.
10:21 Alors le premier problème, c'est que tous les adversaires de Marine Le Pen veulent se poser en rempart contre l'extrême droite.
10:28 Et ils le font tous parce qu'en fait ils n'ont pas de proposition à faire ni de chemin à montrer pour la France.
10:34 Donc du coup, leur sale acte de campagne, c'est de dénoncer le retour de la bête immonde
10:39 et de prêter à tous leurs adversaires le potentiel ventre fécond.
10:42 Or, vous constatez que cela fonctionne de moins en moins.
10:46 En fait, dans une politique qui se terminerait en syndrome du castor,
10:52 où on demanderait simplement aux électeurs de faire barrage,
10:55 le premier problème, c'est que comme je vous l'ai dit, tout le monde étant sur cette logique,
10:58 il devient compliqué de se distinguer, donc d'être efficace dans la captation des voix.
11:03 Le deuxième problème, c'est que l'extrême gauche, à force de renvoyer tout le monde à l'extrême droite,
11:09 a affaibli sa capacité à être une véritable source de délégitimation.
11:14 Quand vous dites tout ça, ça va quasiment de Macron à Éric Zemmour, c'est très peu convaincant.
11:22 Le deuxième problème, c'est que l'adversaire principal, c'est le RN,
11:26 et que le RN d'aujourd'hui n'est pas le Front National d'hier.
11:28 Autrement dit, le parti peut très bien être qualifié de réactionnaire, de conservateur,
11:33 mais on n'y trouve plus les appels à la violence, la volonté de déstabiliser les institutions
11:38 ou la dimension factieuse qui, on vient de le voir, apparaît de plus en plus au grand jour à la LFI.
11:44 Et le RN n'a pas non plus des alliés encombrants aussi visibles
11:48 et aussi encombrants que sont les islamistes et les racialistes.
11:52 Les racialistes, ce sont les gens qui vous expliquent qu'ils sont antiracistes,
11:56 mais qui, dans le même temps, réduisent chacun à leur couleur de leur peau.
11:58 Et puis cela se traduit dans les sondages aussi.
12:01 Oui, figurez-vous qu'on a posé la question aux Français
12:04 pour savoir quelle était la personnalité politique la plus dangereuse pour la démocratie.
12:10 Eh bien, c'est Jean-Luc Mélenchon qui est arrivé avant Marine Le Pen.
12:14 Et ça fait trois sondages que ça arrive.
12:16 Le dernier sondage, c'était un sondage IFOP fiducial en date du 17 juin 2023.
12:21 21% des sondés estimaient que le RN était un danger pour la démocratie,
12:26 contre 28% pour LFI.
12:29 30% des sondés pensaient que le RN était capable de gouverner.
12:33 Pour LFI, il n'était plus que 13% à donner une réponse positive.
12:38 L'image du RN et de Marine Le Pen se notabilise
12:41 quand la réputation de LFI, elle, empire de plus en plus.
12:45 Donc ce qu'on voit, c'est que la stratégie de la tension,
12:48 de l'appel au soulèvement, de l'attaque des institutions,
12:52 qui a pour vocation de faire main basse quelque part sur la colère du peuple,
12:56 derrière tout ça, il y a le vieux rêve de transformer un peuple révolté en un peuple révolutionnaire.
13:02 Pour l'instant, ce fantasme n'est pas un levier politique.
13:05 En fait, il aurait même tendance à marginaliser cette gauche médine
13:10 à un point aujourd'hui que, quel que soit le politique interrogé,
13:14 quel que soit le camp et notamment tous les politiques de gauche,
13:17 quand vous discutez avec eux en off,
13:20 ils vous disent que dans le cas d'un second tour Le Pen-Mélenchon,
13:23 Le Pen serait largement élu.
13:25 Merci beaucoup Céline Pinard.
13:27 On va passer désormais à un édito beaucoup plus léger,
13:29 mais beaucoup plus malheureux pour les amateurs de trottinettes électriques à Paris,
13:34 puisqu'il ne reste que quelques jours à ces amateurs pour en profiter à Paris,
13:39 puisque le 1er septembre, elles auront disparu.
13:42 L'hôtel de ville a décidé d'abandonner leur exploitation.
13:45 J'imagine que cette décision vous attrise Jonathan Sixo.
13:48 Mon cœur saigne et je n'ai pas assez de larmes pour baigner ma peine, chère Célia.
13:52 Non, c'est une excellente nouvelle, je vous rassure.
13:55 Et avec moins de pathos, je vais vous expliquer pourquoi du moins.
13:59 Je note déjà que cette excellente décision,
14:02 Anne Hidalgo n'a pas osé la prendre elle-même.
14:04 Pourquoi ? Parce que c'est plutôt assez impopulaire auprès des jeunes.
14:08 Qu'a-t-elle fait ? Elle s'est cachée derrière une votation,
14:11 le mot vient de Suisse à ma connaissance.
14:14 C'est une sorte de mini référendum qui est, entre parentages,
14:18 je trouve une initiative très intéressante qu'on pourrait d'ailleurs étudier,
14:22 exploiter à l'avenir pour des projets locaux.
14:25 Et ce mini référendum, que proposait-il ?
14:27 C'était le début avril, le 2 avril.
14:29 S'adresser donc aux Parisiens, pour ou contre ?
14:32 Êtes-vous pour ou contre les trottinettes électriques en libre-service dans les rues de Paris ?
14:37 Il y a eu 103 000 électeurs qui se sont rendus aux urnes
14:45 et plus de 89 % d'entre eux ont voté contre ces trottinettes électriques.
14:51 Le pari n'était pas très risqué de la part de l'Hôtel de Ville
14:54 parce qu'en général les jeunes ne vont pas beaucoup voter
14:57 et donc ça a été plutôt plié d'avance que ces 15 000 trottinettes
15:01 soient rangées progressivement des trottoirs.
15:05 Cette décision est importante aussi parce qu'on a assisté ces dernières années
15:09 à une explosion des incivilités.
15:12 On appelle ça le mauvais partage de l'espace public en termes pondérés.
15:17 Dans tous les cas, les premiers à en pâtir, et on l'a tous fait cette expérience,
15:21 ce sont les piétons eux-mêmes.
15:23 Les vélos, les trottinettes, brûlent les feux rouges, roulent sur les trottoirs.
15:28 Ce n'est pas des propos de vieux Réa Cronchon que de dire ça.
15:31 On a tous manqué de se faire renverser au moins une fois par ce type de fou du guidon.
15:38 On n'est plus en sécurité sur des trottoirs et ça c'est une situation totalement inédite.
15:43 - Est-ce que c'est précisément cette raison qui a motivé la Ville de Paris
15:47 d'organiser cette votation ?
15:49 - Elle a dû se rendre à l'évidence, du moins à certaines évidences,
15:52 parce que j'imagine que ça n'a pas dû être facile pour notre cher maire de la Capitale
15:57 et ses amis de mettre fin à un tel symbole.
16:01 Ce symbole-ci, le symbole de notre vie ludique, de notre vie festive,
16:05 de ce fameux réenchantement que souhaite imposer Anne Hidalgo à tous les Parisiens
16:09 pour notre vie quotidienne.
16:11 Mais il y a eu des accidents, des accidents graves et il y a eu beaucoup d'accidents.
16:14 Les chiffres de la préfecture de police de Paris pour l'année dernière sont d'ailleurs éloquents.
16:18 Il y a eu 8 morts et 710 blessés.
16:21 On ne sait pas, blessés graves ou blessés moins graves.
16:25 Ce sont les chiffres des accidents uniquement de trottinette dans les rues de Paris.
16:29 Ce sont des accidents revendiqués.
16:31 Vous imaginez bien le nombre d'accidents dont les victimes d'ailleurs ne prennent même pas la peine
16:36 d'aller le déposer.
16:38 L'effet libre-service associé aussi à l'absence d'encadrement, à l'absence de règles,
16:42 par exemple un âge minimum pour monter dessus, l'obligation du port du casque
16:48 et l'absence de sanctions face à des comportements déviants.
16:51 On a tous vu 2 voire 3 personnes souvent en bas âge monter sur une trottinette.
16:58 Tout cela était une incitation démente à avoir des comportements de fous en pleine rue.
17:03 Et puis à l'imprudence et à l'inconscience de certains s'ajoute aussi la vitesse de ces engins.
17:10 Ce sont des engins électriques et je pense que l'enjeu de la vitesse est lié pour beaucoup dans beaucoup d'accidents.
17:17 Enfin, il y a une question d'ordre ou plutôt de désordre.
17:20 Qui n'a pas vu ces trottinettes censées être alignées le long du trottoir
17:25 et qui s'amassaient en tas informes, soit devant les trottoirs, soit même sur les trottoirs ?
17:31 On l'a compris, vous devez être content de cette annonce.
17:34 C'est un message quand même fort adressé aux utilisateurs de deux roues.
17:39 Oui et non. Je commence par le oui.
17:42 Oui, parce qu'en effet, le message envoyé, c'est que n'importe quel esservelet ne pourra plus être un danger public pour lui et pour les autres.
17:50 Et puis les propriétaires de trottinettes électriques sont bien souvent un peu plus âgés que la moyenne de ceux qui empruntaient ces trottinettes en libre service.
17:58 Et puis parce que c'est leur propre véhicule, ça leur a coûté un peu d'argent.
18:01 Ils font un peu plus attention aussi à la façon dont ils le garent.
18:04 Non, pourquoi ? Parce que dans le même temps, on assiste à l'émergence d'un nouveau danger.
18:09 J'allais dire un nouveau danger de masse qui est l'utilisation des vélos et l'explosion de l'usage des vélos électriques en particulier, qui est en plein boom.
18:17 C'est certes bon pour la santé de faire du vélo. C'est bon pour la planète, paraît-il.
18:21 Mais les vélos suivent la même courbe exponentielle des accidents et d'accidents graves, aussi bien de piétons que de cyclistes eux-mêmes.
18:29 L'année dernière, il y a paru uniquement, je ne vous donne même pas les chiffres de la région parisienne, il y a eu 1611 cyclistes qui ont eu un accident.
18:38 Et chacun observe, encore une fois, c'est du bon sens, on a les yeux ouverts.
18:43 Chacun observe que les cyclistes sont bien plus souvent plus agressifs au guidon que les automobilistes au volant.
18:50 Alors que faire, pas de vélo, pas de trottinette, qu'est-ce que l'on fait, Jonathan Cixous ?
18:54 On encadre, Célia, tout simplement. On instaure des règles et on les respecte, on les fait respecter.
19:00 Ça s'appelle le code de la route, mais il y a autre chose que le code de la route et c'est peut-être ça aussi le fond du problème et on n'en est pas sortis.
19:08 Déjà, effectivement, on ne peut pas mettre un policier derrière chaque vélo, c'est une évidence.
19:12 Mais là, on peut clairement voir qu'il y a eu un avant et un après Hidalgo.
19:16 C'est que c'est sous son mandat, dès son premier mandat, qu'a été instauré à son initiative d'ailleurs, ce qu'on appelle une tolérance.
19:25 C'est-à-dire qu'il a été clairement laissé au bon jugement du cycliste de brûler un feu, de prendre une rue en contresense,
19:34 s'il juge, s'il estime qu'il n'y a pas de danger pour autrui et pour lui.
19:39 Ce qui peut fonctionner dans un petit village, dans une bourgade de quelques centaines d'habitants, ne peut pas fonctionner dans une ville de 2 millions d'habitants.
19:47 Il n'y a plus de bon jugement quand on a la vie de 2 millions d'habitants à administrer.
19:54 Dans ces cas-là, c'est la proportion du monde, c'est la proportion d'individus qui doit guider les règles.
19:59 Et il n'y a plus de bon jugement, il doit y avoir des règles.
20:03 Et c'est sur ce point que je suis pessimiste.
20:05 On a donné trop de mauvaises habitudes depuis trop longtemps à trop de monde pour qu'en quelques semaines, quelques mois, on puisse rétropédaler.
20:15 Mais il y a une solution, et je vais me faire encore plein de copains, je pense, en la disant.
20:20 Ce serait pourquoi pas d'essayer de retirer à terme, de soustraire à terme même les vélos en libre-service.
20:27 Merci beaucoup Jonathan Cixous. J'en profite pour saluer Nathan Devers.
20:31 Merci beaucoup d'être avec nous et de nous avoir rejoint.
20:33 Bonjour, nouveau plateau.
20:34 Oui, nouveau plateau, mais toujours la même équipe. On ne change pas la bonne équipe.
20:38 Nathan, je sais que vous avez un avis très prononcé sur l'utilisation des trottinettes électriques en libre-service.
20:45 Vous avez même le témoignage de mauvaises expériences de la part de vos proches.
20:49 Oui, je disais, ce n'est pas forcément des gens très proches, mais je connais deux personnes, personnellement,
20:53 qui sont handicapées à vie à la suite d'un accident de trottinette.
20:57 Et en effet, le hasard fait que je ne connais pas de gens qui sont handicapés à vie à la suite d'un accident de voiture, par exemple.
21:04 C'est vrai que c'est un outil de transport qui est extrêmement dangereux.
21:09 Il n'y a pas besoin de faire un dessin parce qu'on ne peut pas à la fois regarder la route devant soi et regarder l'état du sol en bas.
21:14 Or, c'est extrêmement dépendant de l'état du sol. Il suffit d'un coup de tool pour pouvoir faire un accident grave.
21:19 Potentiellement, on peut se blesser, voire l'étal.
21:23 La question, à mon avis, c'est de se dire pourquoi les gens prennent des trottinettes.
21:27 Il y a une critique derrière qui est souvent faite de dire qu'il y a une sorte de pulsion d'infantilisation
21:32 parce que la trottinette, initialement, c'est presque un jouet et qu'il y a cette volonté d'être un adolescent permanent.
21:37 Je ne pense pas. Il me semble que la plupart des gens qui prennent une trottinette le font uniquement par utilité.
21:42 C'est-à-dire que nous vivons dans une ville à Paris, mais c'est le cas d'ailleurs de beaucoup de métropoles
21:46 où les trottinettes s'implantent de plus en plus, où un, il y a une politique qui est menée contre l'automobile,
21:50 ce qu'on comprend pour des motifs écologiques, etc. On peut en discuter.
21:54 Deuxièmement, les transports en commun sont dans une qualité qui est, on va dire, extrêmement mauvaise,
21:59 à part les contrôleurs qui fonctionnent formidablement bien.
22:02 Sinon, il est vrai, par exemple, je ne sais pas, on prend la ligne 8 à une heure de pointe, ça peut être très problématique.
22:08 Et puis sans parler des annulations, des reports, des retards, etc.
22:13 Et donc, la plupart des gens, par exemple, qui n'ont pas forcément envie de suer sur un vélo,
22:18 prennent une trottinette. C'est tout simplement une question d'utilité.
22:20 Donc à partir de là, interdire les trottinettes, c'est sympathique.
22:23 Mais la vraie chose, c'est que que va-t-on leur substituer ?
22:27 Quel mode de transport va-t-on utiliser à la place des trottinettes ?
22:31 Et si on ne réfléchit pas massivement sur réhabiliter les transports en commun,
22:35 aller repenser pour que ça devienne des lieux où il y a plus, par exemple, de métro,
22:38 plus d'autobus, avec moins d'attente, la nuit. La nuit, c'est un sujet.
22:41 Si vous voulez attendre une demi-heure ou plus...
22:43 Clément Beaune avait justement émis ce même argument pour réglementer les trottinettes.
22:47 Il parlait de ces jeunes femmes qui utilisent les trottinettes électriques pour rentrer en sécurité.
22:52 Bon, normalement, on ne devrait même pas avoir à utiliser la trottinette électrique pour rentrer en sécurité,
22:56 mais c'était quand même une solution utile.
22:59 Mais c'est un sujet majeur. Attendre qu'en ait une jeune femme ou un homme, d'ailleurs.
23:03 Une demi-heure de plus, le noctilien, et se retrouver dans un bus
23:07 où possiblement on va se faire insulter, agresser, harceler, etc.
23:11 C'est très problématique. Donc si vous voulez, en effet, si on ne réfléchit pas sur les conditions du succès des trottinettes,
23:16 on ne résoudra pas le problème.
23:18 Céline Pinard, on enlève les trottinettes à Paris, et pourtant, certaines villes,
23:21 je pense notamment à Roubaix, les installent de plus en plus.
23:24 Donc on est quand même sur une capitale qui recule face à une évolution,
23:29 aussi par rapport à nos voisins européens. On voit à Londres, à Amsterdam,
23:34 ces moyens de locomotion qui sont de plus en plus utilisés.
23:38 Est-ce que les Parisiens aussi sont dans une hausse des incivilités ?
23:42 Ce qui serait intéressant, c'est de voir ce qu'il va advenir du déploiement de ces trottinettes assez rapidement.
23:48 Parce que ce qu'on voit aujourd'hui...
23:50 On va être donné à d'autres villes.
23:51 Voilà, mais ce qu'on voit aujourd'hui, c'est parfois des pouvoirs publics qui prennent des décisions
23:55 quasiment par mode, ou pour faire progressiste, ou pour faire jeune,
23:59 ou simplement dans un but de communication, qui s'emmordent les doigts et qui reculent,
24:03 et qui n'apprennent surtout rien des expériences qui sont vécues autour.
24:07 Donc je pense que sur ces histoires-là, soyons prudents, parce qu'il est fort possible,
24:11 et même certain, que les mêmes problèmes vont se poser ailleurs.
24:15 En plus, j'allais dire, à Paris, c'est quand même assez particulier,
24:18 parce qu'à part si on prend le cas des étudiants, et encore, pour étudier à Paris,
24:22 il faut avoir certains moyens, la plupart des Parisiens ont quand même,
24:26 quand vous vivez à Paris, il faut voir le niveau de vie, vous avez les moyens
24:30 de vous payer de temps en temps un Uber, et même si les transports en commun
24:35 ne sont pas excellents, je vous invite à aller voir dans n'importe quelle autre ville,
24:39 et vous verrez ce que c'est.
24:40 Donc je trouve quand même que les Parisiens sont un peu des enfants gâtés,
24:43 et que la suppression de ces trottinettes ne m'arrache aucune larme.
24:47 Merci beaucoup pour vos avis.
24:49 Face à l'info, été continu, après cette courte pause, on se retrouve tout à l'heure.
24:54 De retour sur CNews, merci beaucoup d'être avec nous, vous êtes toujours dans Face à l'info été,
25:02 et nous voulions vous parler ce soir avec Nathan Devers,
25:06 sur la proposition de Ségolène Royal de mener une liste commune de la gauche aux européennes.
25:12 Alors oui, alors détrompe-nous, nous ne sommes pas en 2007,
25:15 mais là on pourrait avoir la question, parce que entre Nicolas Sarkozy,
25:18 qui fait son grand retour en nous parlant des prochaines élections présidentielles,
25:23 et de la personne qu'il veut adouber, et qui ressemble un peu à lui quand il était ministre de l'Intérieur,
25:28 et Ségolène Royal qui fait aussi son grand retour.
25:30 Reste François Hollande.
25:32 Voilà, reste François Hollande, mais on a cette impression de 2007.
25:36 Alors tout ça s'est passé pendant l'université d'été de la France Insoumise,
25:41 on a beaucoup parlé des universités d'été de la gauche,
25:43 hier je parlais d'ailleurs de celle du Parti Socialiste,
25:45 celle de la France Insoumise, dans la Drôme,
25:48 où Ségolène Royal a été invitée, un peu en guest-star,
25:52 pour un dialogue, un débat avec Manuel Bompard.
25:55 Elle est arrivée, elle a été reçue de manière assez chaleureuse
25:58 par une grande partie des militants,
26:00 vous savez le stand des dédicaces,
26:03 où elle signait son livre, c'est un baromètre intéressant
26:06 pour les hommes politiques dans les universités d'été,
26:09 et manifestement là il y avait vraiment du monde, de l'enthousiasme, de l'engouement, etc.
26:12 Et donc dans le cadre de cette discussion avec Manuel Bompard,
26:16 elle a dit "je déclenche une dynamique avec ceux qui veulent l'union,
26:21 en espérant qu'elle va rencontrer les aspirations profondes de l'électorat de gauche".
26:25 Elle dit cette phrase au sujet des élections européennes qui arrivent,
26:29 et où tout le monde commence un petit peu à se positionner par rapport à ces élections,
26:34 et donc Ségolène Royal a lancé l'idée de lancer une liste,
26:39 qui serait la liste de l'union, de l'union de tous ceux qui voudraient y participer.
26:43 Donc si vous voulez c'est encore extrêmement flou,
26:45 donc ce serait en sympathie avec la France insoumise,
26:47 et puis ensuite à gauche viendrait s'y greffer quiconque aurait envie
26:51 de présenter une liste commune aux élections européennes.
26:54 Alors de cette liste on ne sait évidemment pas grand chose pour l'instant,
26:57 parce que c'est vraiment une hypothèse,
26:59 sinon qu'elle serait placée sous l'égide de la notion d'ordre juste.
27:03 On aime bien aux partis socialistes les oxymores,
27:08 ou en tout cas les unions des contraires,
27:10 ou les mots un peu en clair-obscur,
27:12 il y avait la force tranquille de Mitterrand,
27:14 et là vous êtes dans l'ordre juste.
27:16 Alors on peut quand même dire que ce n'est pas en discontinuité totale
27:19 avec l'avis politique de Ségolène Royal,
27:21 parce qu'en 2007 dans sa campagne justement,
27:23 une des choses qu'elle avait vraiment voulu marquer,
27:26 c'était de dire de faire rentrer la question de la sécurité
27:30 dans les thèmes qui sont portés par la gauche.
27:32 Elle avait dit que la sécurité fait partie de la question sociale,
27:35 et elle avait voulu réimposer ce sujet dans son programme,
27:39 dans sa vision et dans son discours,
27:41 sachant qu'en face elle avait un Nicolas Sarkozy
27:43 qui évidemment mettait la question de la sécurité au premier plan,
27:46 comme il l'a souvent fait.
27:48 Donc, proposition qui est encore abstraite.
27:51 Face à cela, évidemment, il y a eu des réactions,
27:54 réactions assez très enthousiastes,
27:57 disons assez très, ça ne se dit pas,
27:59 mais ça reflète très très bien la situation,
28:01 réactions très enthousiastes,
28:03 en tout cas en apparence de la France Insoumise.
28:05 Donc Jean-Luc Mélenchon, qui a fait savoir
28:08 que Ségolène Royal avait de l'audace,
28:10 que cette proposition était une proposition constructive,
28:12 et que si elle parvenait à réussir à faire cette liste-là,
28:16 et donc à agréger des gens autour d'elle,
28:18 eh bien il serait très content.
28:19 Alexis Corbière a dit la même chose,
28:21 Raquel Garrido également sur Twitter,
28:24 et évidemment, oui, j'ai oublié de le préciser,
28:26 mais dans l'idée, cette liste,
28:28 il a été demandé à Ségolène Royal
28:30 si elle aimerait la diriger,
28:33 et elle a dit oui, c'est l'idée.
28:34 Alors ce n'est pas confirmé, mais ce serait encore une fois,
28:36 donc ce serait manifestement Ségolène Royal
28:38 qui prendrait comme ça la tête
28:40 de l'Union de la gauche aux européennes.
28:42 Mais en face, il y a eu des réactions
28:44 plus contrastées à gauche,
28:46 venant du Parti Socialiste,
28:48 il n'y a pas forcément eu une réponse directe
28:51 à la proposition de Ségolène Royal,
28:53 mais en tout cas Olivier Faure a refait savoir encore tout à l'heure
28:55 qu'il ne voulait pas d'une candidature unique,
28:58 d'une liste unique aux élections européennes.
29:00 Il y a des gens, j'y reviendrai tout à l'heure,
29:02 mais il y a des gens au Parti Socialiste
29:03 qui sont plutôt unionistes, comme on dit,
29:05 Jérôme Gage, etc.
29:07 Chez les écologistes, c'est pareil.
29:09 Les écologistes, j'y reviendrai encore,
29:11 mais ne veulent pas d'une union
29:13 avec la France Insoumise.
29:15 Et puis, on a eu une réaction,
29:17 même chez les Insoumis,
29:19 Emeric Caron, qui sur Twitter,
29:21 répondant au tweet de Garrido,
29:23 a écrit non.
29:25 Donc sans justification, mais Ségolène Royal,
29:27 c'est un grand non pour lui.
29:29 - On se l'a fait un certain temps qu'il y a des divisions à gauche
29:31 pour savoir s'il faut faire une liste commune ou non.
29:34 - Bien sûr. Déjà, depuis les élections législatives,
29:37 on a vu qu'il y a toute une partie de la gauche,
29:39 minoritaire ou non, peu importe,
29:42 mais qui conteste l'union de la gauche
29:45 qui a été faite lors des dernières élections législatives,
29:47 à savoir la NUPES.
29:48 Ce qu'il faut remarquer, en prenant un peu de recul,
29:50 c'est que la NUPES est assez historique
29:52 dans l'histoire des gauches françaises contemporaines
29:55 parce que le rêve de l'union de la gauche,
29:57 il est vieux comme la gauche moderne.
29:59 Et ça s'est toujours fait, quand ça a eu lieu,
30:02 ça s'est toujours fait avec, en position de force,
30:05 comme centre de gravité, la gauche dite modérée
30:08 ou la gauche de gouvernement.
30:09 1972, quand François Mitterrand fait le programme commun,
30:12 son coup de génie stratégique, c'est de dire
30:14 "je fais une alliance avec les communistes,
30:16 je reprends toutes les idées
30:18 qui voudront bien que je reprenne,
30:21 et évidemment, le but c'est d'avaler les communistes,
30:23 de les anéantir, de les neutraliser,
30:25 de leur donner 2-3 ministères quand je serai à l'Élysée,
30:27 mais les choses s'arrêtent là".
30:28 C'est exactement ce qui s'est passé en 1972,
30:31 à long terme, quand François Mitterrand arrive au pouvoir,
30:34 c'est exactement la campagne de 81,
30:35 d'ailleurs qui était beaucoup plus tendue
30:37 par rapport aux communistes que la campagne de 74,
30:39 et à partir de là, il y a quelques ministres, évidemment,
30:41 mais globalement c'est la gauche socialiste,
30:43 la gauche de gouvernement,
30:44 qui gagne contre la gauche radicale
30:46 ou l'extrême-gauche ou communiste,
30:47 et d'autant qu'avec le tournant libéral de 1983,
30:51 la notion même d'union de la gauche
30:54 implique de faire union avec, comme centre de gravité,
30:57 la gauche la plus modérée.
30:58 En 2012, ça a été encore une fois,
31:01 alors là je parle du deuxième tour,
31:03 quand François Hollande s'est retrouvé contre Nicolas Sarkozy,
31:05 ça a été toujours cette logique,
31:06 puisque c'était précisément la gauche la plus modérée,
31:08 et même au sein du Parti Socialiste,
31:10 François Hollande était un des plus à droite,
31:12 notamment par rapport à Arnaud Montebourg,
31:14 malgré sa phrase sur l'ennemi qui était la finance,
31:17 le programme de François Hollande
31:18 était le plus à droite possible
31:19 dans le cadre des primaires du Parti Socialiste.
31:21 Et donc, dans l'entre-deux-tours,
31:23 quand il s'est agi de faire appeler à voter
31:28 pour Nicolas Sarkozy ou pour François Hollande,
31:30 Jean-Luc Mélenchon a bien fait savoir
31:32 qu'il n'avait pas du tout d'adhésion,
31:34 de sympathie, de soutien direct vis-à-vis de François Hollande,
31:38 et d'ailleurs pendant tout le quinquennat de François Hollande,
31:40 Jean-Luc Mélenchon a été très sévère avec lui,
31:42 en le renvoyant presque dos à dos avec Nicolas Sarkozy,
31:46 en tout cas sur la question socio-économique,
31:47 surtout quand il y a eu le CICE,
31:49 les sympathies avec le MEDEF, etc.
31:51 Et depuis, c'est ça qui est intéressant,
31:54 c'est que depuis notamment 2017,
31:55 la donne s'est totalement inversée.
31:57 Ça veut dire qu'à partir du moment
31:58 où la gauche de gouvernement,
31:59 la gauche modérée, la gauche du Parti Socialiste,
32:01 la gauche libérale, n'existe plus
32:02 puisqu'elle a été entièrement avalée
32:04 par LREM puis par Renaissance,
32:06 et bien la seule gauche qui reste
32:07 est une gauche qui est beaucoup plus radicale,
32:10 si l'on veut,
32:11 si on veut prendre le terme d'extrême-gauche,
32:12 on peut le prendre si on veut,
32:13 mais en tout cas, si vous voulez,
32:14 c'est une gauche de rupture.
32:15 Ça ne veut pas dire que c'est une gauche
32:17 qui ne prétend pas pouvoir gouverner,
32:18 mais c'est une gauche qui refuse,
32:20 si vous voulez, de faire des concessions
32:22 face au capitalisme,
32:24 face à l'économie de marché, etc.
32:25 au nom de la volonté de montrer
32:28 qu'on est un parti de gouvernement.
32:29 Et donc, c'est dans ce contexte,
32:31 moi je me souviens, il y avait une émission,
32:32 ce n'est pas du tout pour me présenter en prophète
32:34 parce que je me trompe très souvent,
32:35 mais en l'occurrence, je me souviens
32:36 qu'à l'automne 2021,
32:37 il y avait une émission où j'avais dit ça,
32:39 on me disait "est-ce qu'il y aura une non de la gauche ?"
32:41 et j'avais dit "oui, mais je pense que ce sera dominé
32:43 par l'extrême-gauche ou la gauche extrême".
32:44 On m'avait un peu ricané,
32:45 mais en l'occurrence, c'est exactement
32:46 ce qui s'est passé avec la NUPE,
32:49 c'est-à-dire que ça a été une union de la gauche
32:51 où, pour la première fois,
32:53 c'est le bloc le plus radical,
32:54 le plus intransigeant,
32:55 qui a complètement dominé
32:57 et tous les autres partis
32:58 qui se sont "couchés"
33:00 ou qui, en tout cas,
33:01 se sont soumis aux conditions
33:03 fixées par la France Insoumise,
33:04 ce qui est tout à fait normal,
33:05 c'est qu'aux dernières élections présidentielles,
33:06 Jean-Luc Mélenchon a fait un score excellent,
33:08 alors qu'Anne Hidalgo a fait un score
33:10 qui était catastrophique
33:11 et que donc, le Parti Socialiste jouait...
33:13 c'était une question de vie ou de mort
33:15 pour le Parti Socialiste
33:16 et que donc, il devait se soumettre à cela.
33:17 Donc depuis, naturellement,
33:19 il y a déjà eu des critiques
33:20 sur le principe même de la NUPES,
33:22 exprimées par un certain nombre de personnes
33:23 de cette gauche vide de gouvernement,
33:25 qu'on ne fait pas une union
33:26 pour conserver des sièges, etc.,
33:28 premièrement,
33:29 et puis, deuxième chose,
33:30 il y a des désaccords de principe
33:31 qui sont très importants.
33:32 Alors, on pourrait citer,
33:34 sur ces désaccords de principe,
33:36 il y en a un qui est très important
33:38 pour les élections européennes,
33:39 c'est le rapport, tout simplement,
33:40 à l'Union Européenne,
33:41 c'est-à-dire qu'entre une gauche du Parti Socialiste
33:43 ou de EELV,
33:45 qui est très européiste
33:46 et qui ne s'en cache pas,
33:47 et encore que à EELV,
33:49 il y a plusieurs tendances,
33:50 mais globalement très européiste,
33:51 et une gauche, la France Insoumise,
33:53 qui, dans le programme "L'Avenir en commun",
33:54 disait qu'il voulait désobéir aux traités européens,
33:57 évidemment, quel est le dénominateur commun
33:58 pour les élections européennes ?
33:59 Autre division importante,
34:01 la question internationale.
34:02 La gauche du Parti Socialiste
34:04 a toujours été extrêmement,
34:05 si vous voulez, intransigeante,
34:07 sur le fait qu'elle soutient systématiquement
34:09 les "faibles" contre les "forts",
34:12 qu'elle est, sinon pour le droit d'ingérence,
34:14 du moins pour une forme d'internationalisme strict,
34:17 et que donc, que ce soit par exemple
34:19 concernant la Syrie,
34:21 concernant aujourd'hui l'Ukraine,
34:22 et même depuis 2014 l'Ukraine,
34:24 aucune concession vis-à-vis de Vladimir Poutine.
34:27 Et Jean-Luc Mélenchon,
34:28 et puis de manière,
34:30 une ou une autre,
34:31 enfin pas que Jean-Luc Mélenchon,
34:32 une autre partie à gauche,
34:33 soutient en revanche qu'il faut être
34:34 dans une position plus complexe,
34:35 que ce soit sur l'Ukraine,
34:36 que ce soit sur Taïwan.
34:37 Autre chose,
34:38 le soutien, non pas aux violences physiques,
34:40 mais aux violences symboliques
34:41 dans les manifestations,
34:42 par exemple la tête d'Olivier Dussopt
34:43 sur un ballon,
34:44 alors ce n'est pas une violence physique,
34:45 la France Insoumise ne soutient pas
34:46 les violences physiques.
34:47 Mais en tout cas, ça, ça a aussi divisé,
34:48 notamment Bernard Cazeneuve
34:49 en avait fait un élément important
34:51 de sa critique de l'ANUP,
34:52 et puis la question de Médine
34:53 a aujourd'hui ravivé le rapport
34:55 à l'antisémitisme
34:56 et dans son articulation
34:58 avec l'antiracisme.
34:59 Donc c'est pourquoi,
35:00 aux élections européennes,
35:01 en tout cas la position pour l'instant
35:02 du Parti Socialiste,
35:03 la position de ELV
35:04 et la position du Parti Communiste,
35:06 c'est de dire,
35:07 nous ne ferons pas de liste commune
35:08 et nous irons séparer.
35:09 - Et du côté de Ségolène Royale,
35:12 comment on explique cette stratégie
35:14 qui a été annoncée ?
35:15 - Alors du côté de Ségolène Royale,
35:16 c'est là que c'est le plus intéressant,
35:17 c'est que Ségolène Royale,
35:18 Jean-Luc Mélenchon a quitté
35:19 le Parti Socialiste en 2008.
35:21 Il a quitté le Parti Socialiste
35:22 parce qu'il y avait eu des élections
35:23 pour le premier secrétaire,
35:24 et c'était Ségolène Royale
35:25 qui était donnée en tout cas majoritaire
35:26 au premier tour.
35:27 Et c'est ça qui a justifié
35:28 le départ de Jean-Luc Mélenchon,
35:30 qui lui soutenait Benoît Hamon à l'époque.
35:32 Ségolène Royale incarnait
35:33 tout ce que détestait Jean-Luc Mélenchon,
35:35 c'est-à-dire la gauche libérale,
35:37 la gauche qui est entre guillemets
35:38 la gauche économiquement de droite.
35:40 Alors comment expliquer que,
35:41 si vous voulez,
35:42 Ségolène Royale se soit retrouvée
35:43 à soutenir Jean-Luc Mélenchon en 2022
35:45 et qu'elle se retrouve aujourd'hui
35:46 dans cette position-là ?
35:47 On pourrait dire une chose,
35:49 au niveau psychologique,
35:50 mais je n'aime pas trop la psychologie politique,
35:51 mais on peut en faire deux minutes,
35:53 c'est qu'il y a un dénominateur commun
35:54 entre Jean-Luc Mélenchon et Ségolène Royale,
35:56 c'est que tous les deux ont des comptes à régler
35:58 vis-à-vis de l'appareil du Parti Socialiste.
36:00 Jean-Luc Mélenchon, je l'ai expliqué,
36:01 Ségolène Royale, c'est parce que,
36:03 pendant sa campagne en 2007,
36:04 elle s'est retrouvée seule,
36:05 elle s'est retrouvée victime du machisme
36:07 de tous les apparatchiks du Parti Socialiste
36:08 et elle a fait une campagne contre son camp,
36:10 en fait, qui ne la soutenait pas.
36:11 Et puis, au niveau politique,
36:13 il faut quand même voir que Ségolène Royale
36:14 a fait un certain nombre d'évolutions récentes,
36:16 évolutions d'ailleurs qui expliquent
36:18 qu'en dehors de la question de savoir
36:20 s'il faut une liste commune ou pas,
36:22 le peuple de gauche n'est pas forcément
36:24 unanime sur cette question-là,
36:27 mais la figure même de Ségolène Royale
36:29 pose question, pose question pour deux raisons.
36:32 D'abord, il y avait eu ces positions
36:34 sur l'affaire Mila, où elle avait dit
36:35 qu'elle n'était pas Mila,
36:36 je ne rentre pas dans le détail,
36:37 je ne veux pas prendre trop de temps,
36:39 et deuxièmement, surtout depuis le début
36:41 de la guerre en Ukraine.
36:42 Ségolène Royale, c'est la femme qui a dit
36:43 que l'Occident avait trop provoqué la Russie,
36:47 que ça expliquait cela,
36:48 qu'elle dénonçait la propagande de guerre
36:50 par la peur qui était orchestrée
36:51 par Vladimir Zelensky,
36:52 qu'elle a émis aussi des doutes
36:54 concernant le bombardement d'une maternité
36:56 à côté de Mariupol,
36:57 concernant le massacre de Boucha, etc.
36:59 Et sur ces questions-là, évidemment,
37:00 qu'il y ait une union de la gauche
37:01 dirigée par quelqu'un
37:03 qui a eu des positions aussi tendancieuses
37:05 sur la guerre en Ukraine,
37:06 c'est problématique pour une très, très grande partie
37:09 de la gauche.
37:10 Merci beaucoup, Nathan Devers.
37:11 Désormais, on va prendre la direction du Niger,
37:14 puisqu'un nouveau palier a été franchi
37:17 dans la crise au Niger,
37:18 le régime militaire qui a renversé.
37:20 Le président Bazoum a annoncé
37:22 qu'il donnait 48 heures à l'ambassadeur de France
37:24 pour quitter le pays.
37:25 Va-t-il vraiment partir sous la menace, Jonathan Cixous ?
37:28 Pour le moment, rien n'est moins sûr.
37:30 En tout cas, à Paris, le Quai d'Orsay
37:32 dit que la France a pris connaissance
37:34 de la demande des poutchistes
37:36 et précise, je cite,
37:38 "les poutchistes n'ont pas autorité
37:40 pour faire cette demande".
37:41 L'agrément de l'ambassadeur
37:42 est maintenant des seules autorités légitimes
37:45 nigeriennes élues.
37:47 Comprendre que la France continue
37:49 de reconnaître et de soutenir le président Bazoum,
37:51 qui a été renversé lors du coup d'État
37:54 le 26 juillet dernier.
37:55 On ignore exactement où est le président Bazoum aujourd'hui,
37:58 s'il est en prison, s'il est en résidence surveillée.
38:00 En tout cas, vraisemblablement, il est en vie
38:02 et avec une partie de sa famille.
38:04 Ce qui est intéressant dans ce communiqué,
38:06 ce sont les termes.
38:07 Car même si Paris a immédiatement condamné
38:09 le coup d'État,
38:11 on découvre aujourd'hui que les diplomates
38:13 ne prennent aucun détour pour appeler
38:15 les poutchistes des poutchistes.
38:17 Et ça, c'est assez rare en langage diplomatique.
38:20 Et qui est plus élu ?
38:21 Duckédorce, ce qui illustre le niveau
38:23 de très haute tension actuelle entre Paris et Niamey.
38:26 Mais alors, on va retourner sur les origines
38:28 de cette crise. Comment on en est arrivé là ?
38:30 Alors, pour ce qui est de cet ultimatum,
38:32 précisément, il faut revenir tout simplement à hier.
38:36 L'ambassadeur de France reçoit une invitation
38:38 de la jeune militaire pour un entretien.
38:41 La conversation, c'est vrai, ne s'annonçait pas
38:45 des plus aimables.
38:46 Les militaires voulaient avec lui parler, je cite,
38:48 "des agissements du gouvernement français
38:50 contraires aux intérêts du Niger".
38:53 On sait que la diplomatie n'est pas un dîner de gala,
38:55 comme on dit.
38:56 Mais bon, c'est parce que notre ambassadeur
38:58 Sylvain Hitte s'est refusé,
39:00 avec l'aval évidemment de la diplomatie française,
39:04 le quai d'Orsay, de se rendre à ce rendez-vous,
39:07 que les autorités nigériennes ont décidé
39:10 de lui retirer son agrément.
39:11 L'agrément, en fait, c'est quoi ?
39:12 C'est qu'elles le reconnaissent comme représentant de la France.
39:15 Mais pour que le tableau soit complètement complet aussi,
39:17 depuis le 26 juillet, la France ne reconnaît pas du tout
39:20 le gouvernement qui a pris le pouvoir,
39:22 avec le président poutchiste Tchiani.
39:25 C'est une situation, pour le moins, intenable
39:27 pour les deux camps.
39:28 Alors, fallait-il y aller ? Fallait-il ne pas y aller
39:30 à ce rendez-vous hier ? Les avis divergent.
39:33 Selon Michel Galli, lui, spécialiste de l'Afrique subsaharienne,
39:36 il dit qu'il aurait peut-être dû, d'un point de vue
39:39 strictement diplomatique, fallu se rendre à cette convocation,
39:44 mais en prenant les précautions d'usage,
39:46 en disant "ce n'est pas parce que je vous rends compte
39:47 que je reconnais la légitimité de votre pouvoir".
39:50 Cela n'a même pas été fait, mais de toute façon,
39:52 il est trop tard.
39:53 Alors, la crise couvre depuis un moment,
39:55 au point que certains observateurs disent
39:57 que c'était parfaitement prévisible.
39:59 Oui, parfaitement prévisible, parce que finalement,
40:02 cette tension, elle monte de jour en jour.
40:04 Et cette situation, on l'a déjà vue où ?
40:07 On l'a déjà vue au Mali et au Burkina Faso.
40:10 En fait, le scénario se répète de nouveau dans ce pays.
40:13 Que se passe-t-il ?
40:14 Les poutchistes dénoncent d'abord les accords de défense.
40:17 Donc, d'abord, il y a un poutch.
40:18 Ensuite, les poutchistes dénoncent les accords de défense
40:21 avec la France.
40:22 Ils demandent ensuite le retrait des troupes françaises,
40:25 des forces françaises, ce que la France refuse
40:28 dans tous les cas, on va peut-être y revenir.
40:29 Et après quoi, ils retirent leur agrément
40:32 à l'ambassadeur de France.
40:34 C'est la saison des poutches, pourrait-on dire,
40:36 dans cette région.
40:37 Le Niger est le dernier pays en date à en avoir connu un.
40:40 Et si on remonte un peu dans le calendrier,
40:42 en janvier 2022, c'était le Burkina Faso.
40:45 En septembre 2021, c'était la Guinée.
40:47 Et en août 2020, c'était le Mali.
40:49 Et là, ça a été un coup dur déjà pour nous,
40:51 parce qu'au Mali, la force Barkhane
40:53 était déployée sur le terrain.
40:55 Cette force des soldats français, appelée en 2013
40:58 par le pouvoir légitime.
40:59 Pourquoi ?
41:00 Pour lutter contre le djihadisme,
41:02 pour venir en aide aux pays de la région,
41:04 et puis aussi pour prendre le mal à la racine.
41:06 Lutter contre le terrorisme subsaharien
41:09 avant qu'il s'attaque aux pays européens
41:10 et à la France en particulier.
41:12 Ça a été un sérieux camouflet.
41:14 - Mais comment on peut expliquer cette multiplication
41:16 de poutches en quelques années,
41:18 et surtout, leur message identique,
41:20 le rejet de la France ?
41:21 - Je vois deux explications principales.
41:23 La première est historique.
41:24 Tous ces pays sont d'anciennes colonies françaises,
41:27 d'anciennes colonies qui n'ont jamais vraiment
41:29 coupé le cordon avec la France.
41:32 Soit parce que ces pays vivent sous perfusion
41:35 d'aides internationales et particulièrement tricolores,
41:38 soit parce que la France elle-même
41:40 ne veut pas couper les ponts
41:41 pour des raisons stratégiques,
41:43 que ce soit militaires, avoir des bases arrières,
41:45 voire même des bases principales
41:47 au cœur de l'Afrique, ce n'est pas un détail,
41:49 ou sinon des ressources, des besoins
41:51 en ressources naturelles.
41:52 On parle beaucoup de l'uranium nigérien.
41:55 Le Niger ne représente que le troisième
41:57 ou le quatrième pays fournisseur de la France.
41:59 La deuxième raison, elle est aussi,
42:01 on en a beaucoup parlé cette semaine,
42:03 elle est liée à la Russie.
42:04 Depuis plusieurs années,
42:05 les hommes du fameux groupe Wagner
42:07 s'implantent progressivement dans ces pays
42:09 pour prendre le contrôle en sous-main
42:11 de ces pays.
42:12 Alors comment font-ils ?
42:13 Soit ils influencent la population,
42:16 les élites à coups de pot de vin
42:20 et à coups de fausses infos,
42:22 de fake news dans les journaux et dans les médias,
42:24 puis encore plus maintenant dans les médias sociaux,
42:26 il y en a aussi en Afrique.
42:28 Et puis s'ils n'arrivent pas à influer
42:30 ainsi directement sur le scrutin,
42:32 que font-ils ?
42:33 Ils ne s'encombrent pas,
42:35 ils soutiennent des jeunes militaires
42:36 pour renverser un pouvoir démocratiquement élu.
42:39 C'est ce qui s'est passé au Niger
42:41 en juillet dernier, le 26 juillet dernier.
42:44 Et ensuite, que font-ils ?
42:45 Ils arrosent la population d'une propagande,
42:48 mais pas n'importe quelle propagande,
42:49 une propagande anti-française,
42:51 une rhétorique anti-française
42:52 qui s'est particulièrement appuyée
42:54 là où ça fait mal.
42:56 Peut-être que vous avez en tête
42:58 les récentes images des manifestations à Niamey,
43:00 elles sont assez caricaturales,
43:02 parce que d'un côté vous avez la foule
43:04 qui brandit des pancartes,
43:05 en gros la France dehors,
43:07 et en même temps, dans le même cadre,
43:08 dans le même champ,
43:09 vous avez des drapeaux russes flambant neuf.
43:11 Et dans tout ça, est-ce que la mort de Prigojine
43:13 va modifier cette stratégie ?
43:15 Mais pas du tout, et bien au contraire.
43:17 Le patron de Wagner a été éliminé,
43:20 entre autres peut-être,
43:21 pour permettre aux Kremlin
43:23 de placer à la tête de Wagner
43:26 un ou plusieurs hommes de confiance.
43:28 Pourquoi ?
43:29 Pour continuer le travail
43:30 et de façon le plus efficace possible.
43:32 J'entends par efficace
43:34 que l'argent continue d'arriver
43:36 et surtout arrive directement
43:37 dans les poches de la Russie,
43:39 ou plus exactement dans les poches de certains russes,
43:41 et par travail, qu'entends-je,
43:44 c'est en fait ce que fait Wagner,
43:46 la galaxie finalement de sociétés privées
43:49 qu'on appelle comme ça de façon générale Wagner,
43:52 qui désormais a un beau rôle
43:54 de capter le plus de contrats d'exploitation possible
43:56 dans ces pays.
43:57 Ce sont des pays subsahariens,
43:59 des pays qui ont des richesses minières
44:01 et autres considérables.
44:02 Tout cela au bénéfice de l'État russe,
44:04 si je puis dire.
44:05 Ces entreprises avancent masquées ou à peine.
44:08 Et l'objectif, c'est donc toujours
44:11 de remplir ces poches des proches de l'État russe.
44:13 Mais en gros, c'est le même scénario
44:15 qu'on avait vu, souvenez-vous,
44:16 de la part des Américains en Irak,
44:18 avec Blackwater à l'époque,
44:21 et finalement aussi les entreprises
44:23 directes ou indirectes
44:25 du fils Bush et de son vice-président d'alors,
44:27 Dick Cheney.
44:28 On pourrait se poser une seule question en France,
44:30 pourquoi on s'accroche autant au Niger ?
44:32 Parce qu'on ne sait pas où aller.
44:34 On n'a plus de pays d'accueil,
44:36 si je puis dire.
44:37 On a quand même encore 1500 militaires
44:39 qui n'ont pas vocation à rentrer en France.
44:41 Peut-être qu'ils pourraient aller dans plusieurs mois,
44:43 parce qu'on ne fait pas une évacuation comme ça en 24 heures.
44:45 Au Tchad, en Côte d'Ivoire, au Sénégal.
44:47 Il est encore trop tôt pour le dire.
44:49 Une chose est sûre, en tout cas,
44:51 c'est que la France est particulièrement humiliée
44:53 dans cette région, parce que les Américains,
44:55 ils conservent leur base, personne ne leur demande de partir,
44:57 et les mercenaires de Wagner continuent d'être accueillis
44:59 en héros libérateurs.
45:00 Merci beaucoup à tous les trois
45:02 pour ce Face à l'Info été de ce samedi.
45:04 Je vous laisse entre les mains de Florian Tardif
45:06 pour l'heure des pro 2.
45:08 On marque une courte pause sur CNews.
45:10 L'information continue.
45:12 Merci d'être avec nous.
45:14 ...

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