Le ministre de la Justice était l'invité du "8h30 franceinfo", vendredi 6 octobre 2023.
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00:00 Bonjour Eric Dupond-Moretti.
00:02 Bonjour monsieur.
00:02 La réforme de la justice a fait l'objet d'un accord hier entre députés et sénateurs.
00:06 Elle devrait être définitivement adoptée la semaine prochaine.
00:09 Le budget passera de 9,6 milliards d'euros à près de 11 milliards d'euros d'ici 2027.
00:14 Plus de 3 000 magistrats et greffiers seront embauchés.
00:16 Quand est-ce qu'on en verra vraiment les effets ?
00:19 Très rapidement parce que nous avons déjà des embauches qui sont prévues
00:23 et qui vont arriver dans les juridictions dès les mois qui viennent.
00:29 La justice met deux ans en moyenne pour traiter un dossier.
00:31 Les audiences finissent parfois tard, la nuit, car les justes sont écrasés sous les dossiers.
00:36 Ça va changer ça grâce à la réforme ?
00:38 Oui mais on va un peu vite dans la présentation de ce texte.
00:41 Pardon, moi je ne suis pas venu faire du culturisme et je ne veux pas me payer de mots
00:44 mais c'est une réforme historique. Il faut quand même qu'on s'y arrête deux petites secondes.
00:47 Alors expliquez-nous pourquoi c'est une réforme historique.
00:49 D'abord en termes de personnel, c'est 1 500 magistrats de plus.
00:54 C'est 1 800 greffiers de plus.
00:58 C'est des contractuels que nous avons appelés attachés de justice
01:02 qui vont arriver par milliers dans les juridictions.
01:05 L'objectif c'est naturellement de décharger les magistrats,
01:10 les greffiers d'une charge de travail qui est importante
01:13 et puis de réparer 30 ans d'abandon politique, budgétaire et humain.
01:17 Mais c'est aussi bien sûr de rendre une justice plus protectrice.
01:23 Ça ce sont les mots du président de la République. Plus rapide et plus proche de nos compatriotes.
01:28 Justement vous aviez dit que vous vouliez diviser par deux le délai de traitement d'un dossier
01:32 qui est de deux ans en moyenne aujourd'hui.
01:34 Donc ça grâce à cette réforme, notamment cet objectif pourra être tenu et à quelle échéance ?
01:41 Alors d'abord permettez-moi de vous dire que ce n'est pas qu'une question d'argent,
01:44 de personnel supplémentaire, de budget.
01:47 Il y a d'autres leviers qui vont nous permettre d'aller vers ces objectifs.
01:51 Lesquels ? La constitution d'une équipe autour du magistrat.
01:55 Ça c'est tout à fait nouveau. C'est ce qui est porté par le texte.
01:58 Équipe composée notamment de greffiers et d'attachés de justice.
02:03 Quand on a cette équipe autour du magistrat, on a des décisions qui sont rendues deux fois plus vite.
02:07 Aussi la numérisation de la justice.
02:10 Zéro papier pour 2027, c'est l'objectif.
02:13 J'ai déjà envoyé dans les juridictions des techniciens informatiques
02:17 parce que les greffiers qui sont absolument indispensables à la justice
02:21 se plaignaient notamment d'un certain nombre de bugs.
02:23 Et puis des simplifications de la procédure pénale
02:29 et de la procédure civile pour que l'on aille plus vite.
02:33 C'est anormal, vous dites deux ans. C'est une moyenne.
02:37 Il y a beaucoup de justiciables qui nous écoutent,
02:39 qui ont vécu des procès civils qui ont duré bien plus de deux ans.
02:42 Donc il faut que drastiquement on puisse réduire tout ça.
02:45 Et sur le plan civil, ce qui intéresse 60% des litiges
02:49 et beaucoup de ceux qui nous écoutent, les divorces, etc.
02:53 On veut mettre en place la politique de l'amiable.
02:56 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, dans des procès qui touchent à l'intime,
03:01 parfois le justiciable ne voit pas son juge.
03:03 Mais comment vous voulez aimer la justice si elle est désincarnée ?
03:07 Il faut qu'il y ait pour le justiciable la possibilité de dire les choses
03:12 et de se réapproprier son procès.
03:15 Et il faut que la justice tranche rapidement.
03:18 Et l'amiable le permet.
03:20 – Mais les procédures à l'amiable permettent aussi de gagner du temps, souvent.
03:21 – Ah bien sûr !
03:23 Bien sûr, c'est une justice qui est beaucoup plus proche.
03:25 Et c'est une justice qui permet bien sûr
03:27 d'aller plus vite de ce que nos compatriotes attendent.
03:29 Et ce sont les objectifs que je me suis fixé.
03:31 – Donc vous ne voulez pas y renoncer pour autant, à ces procédures ?
03:33 – À la procédure de l'amiable ?
03:35 Ah mais pas du tout, je la mets en place, je la lance.
03:37 Nous avons été chercher à l'étranger deux procédures
03:40 que nous mettons en place et qui rentrent en vigueur le 1er novembre.
03:43 Et beaucoup de magistrats autour de nous, d'avocats, de notaires,
03:48 de commissaires de justice, de conciliateurs, de médiateurs,
03:51 sont partants pour justement mettre en place cette justice de l'amiable.
03:56 Mais rien que quand on entend ces mots "justice de l'amiable",
03:59 on a compris que c'était une justice de proximité.
04:02 – Éric Dupond-Moretti, l'objectif de votre réforme,
04:05 c'est aussi la création de 15 000 places de prison d'ici 2027.
04:08 Vous allez d'ailleurs aujourd'hui inaugurer une nouvelle prison à Caen
04:11 avec la Première ministre.
04:12 Mais en 2017, Emmanuel Macron avait promis déjà 15 000 places de prison sur 5 ans.
04:17 Finalement, environ 2 500 ont été créées.
04:20 Qu'est-ce qui nous dit que cette fois, les 15 000, c'est la bonne ?
04:23 – Vous avez raison de… pardonnez-moi, de dire que cet après-midi,
04:26 je vais inaugurer avec la Première ministre
04:29 un nouvel établissement pénitentiaire à Caen, 550 places,
04:33 gros établissement pénitentiaire.
04:35 Je vais en inaugurer deux autres dans les 15 jours qui viennent,
04:39 total 1500 places.
04:41 Vous avez raison de rappeler que nous avons pris un peu de retard.
04:44 Mais il y a deux raisons à cela.
04:47 Le premier, c'est que la Covid est passée par là.
04:52 Et tous ceux qui ont pu construire une maison individuelle
04:54 savent que les choses ont été évidemment retardées.
04:57 Je ne m'arrête pas plus longtemps que cela sur ce point.
05:00 Deuxième chose, c'est la pénurie de matériaux, la guerre en Ukraine.
05:05 Donc on rattrape ce retard.
05:06 Moi, je mets mon casque de chantier, mes bottes, je fais le tour.
05:10 Et l'année prochaine, j'aurai inauguré la moitié
05:13 des établissements pénitentiaires du plan 15 000.
05:17 L'année prochaine, vous aurez inauguré 7 500 ?
05:20 La moitié des établissements seront construits opérationnels,
05:24 recevront des détenus.
05:25 Vous savez, il y a deux choses.
05:27 Cet objectif, il est double.
05:28 Naturellement, les conditions de détention qui sont indignes
05:32 dans certains établissements.
05:33 Et puis, les conditions de travail du personnel pénitentiaire.
05:36 Parce qu'il y a des détenus qui dorment sur des matelas
05:39 à même le sol, donc affiché des objectifs.
05:41 D'ailleurs, vous nous dites que les 15 000 seront tenus d'ici 2027 aussi.
05:45 Alors, il y a deux choses.
05:46 Il y a les 15 000 places et puis il y a également les rénovations,
05:49 car nous avons consacré un budget qui est deux fois supérieur
05:53 au budget précédent pour rénover les établissements pénitentiaires.
05:57 Je pense à la santé, par exemple.
05:58 Je pense à Fleury, qui ont été rénovés.
06:01 Moi, vous savez, j'ai été avocat à 36 ans.
06:04 J'ai connu l'époque où c'était une douche par semaine pour les détenus.
06:08 Aujourd'hui, c'est douche individuelle.
06:10 Il est impérieux qu'on améliore les conditions de détention
06:14 parce que la prison, c'est punir, ce que j'assume,
06:17 et punir fermement, mais c'est aussi bien sûr réinsérer.
06:22 Et la réinsertion, elle ne peut se faire que si les conditions de détention sont dignes.
06:25 Et face à la surpopulation, justement, est-ce que les mesures alternatives,
06:29 le développement continu des mesures alternatives
06:31 ne serait pas une solution également ?
06:33 Mais vous avez parfaitement raison.
06:35 D'ailleurs, dans le texte que j'ai porté
06:38 et qui fera l'objet d'un vote solennel la semaine prochaine,
06:42 il y a tout un volet pour renforcer le travail d'intérêt général.
06:45 Le travail d'intérêt général est une peine, il faut le rappeler,
06:48 ancienne maintenant, qui a fait ses preuves
06:51 et qui concerne évidemment la délinquance de basse intensité, bien sûr.
06:54 Condamne pas un crime avec un travail d'intérêt général.
06:58 Il y a aussi la libération sous contrainte que j'ai mise en place
07:01 pour permettre en réalité d'éviter les sorties sèches.
07:05 Les sorties sèches, vous savez, c'est quelqu'un qui est allé
07:08 au bout de sa peine, qui sort, aucune perspective.
07:11 Le troisième levier, c'est le contrat d'emploi pénitentiaire
07:14 que j'ai mis en place pour qu'on puisse se former.
07:18 Je rappelle que j'ai supprimé les réductions de peine automatiques.
07:21 Pour moi, elles n'avaient aucun sens et je les ai conditionnées à l'effort.
07:25 Mais est-ce que les juges font suffisamment appel à ces mesures-là ?
07:27 Alors, c'est une question qui se pose et je demande,
07:32 par voie circulaire, régulièrement, à ce que l'on ait davantage,
07:37 comment dirais-je, le réflexe pour aller vers ces peines,
07:41 je le redis, pour de la délinquance de basse intensité.
07:44 - Mais Éric Dupond-Moretti, pardon, mais en 2018,
07:47 Emmanuel Macron avait promis de sortir plusieurs milliers de personnes de prison.
07:50 Il disait vouloir changer la philosophie des peines.
07:53 Il disait vouloir expérimenter la régulation carcérale,
07:56 c'est-à-dire le fait de réguler les entrées en prison.
07:59 Mais récemment, la majorité a refusé un tel mécanisme de régulation
08:03 proposé par la gauche. Pourquoi alors ?
08:05 Est-ce que ce n'est pas ça, la solution ?
08:07 - Non mais attendez, excusez-moi,
08:09 ce numerus clausus n'a absolument aucun sens.
08:12 - Et pourquoi ?
08:13 La contrôleuse, par exemple, des prisons, elle est favorable à une régulation ?
08:17 - La contrôleuse est une autorité administrative,
08:19 elle s'exprime comme elle a envie de s'exprimer.
08:21 Mais la solution qu'elle propose n'est pas la bonne. Pourquoi ?
08:23 Parce que demain, vous allez venir, en réalité,
08:27 contrecarrer des décisions de justice qui ont été rendues.
08:31 Et vous allez dire qu'un tel et un tel, ayant été condamnés à telle peine,
08:35 ne doit pas purger sa peine.
08:36 Mais c'est absolument impossible.
08:38 Et l'autre mécanisme que l'on met en place, c'est de dire
08:40 là où il y a un taux d'occupation qui n'est pas très important,
08:44 on peut encore envoyer en prison.
08:45 Et là où il y a un taux d'occupation très important, on ne peut plus le faire.
08:48 Enfin, ce serait d'une injustice totale.
08:50 Et puis, disons-le très clairement, la justice, en dépit de tout ce que j'entends,
08:55 partout et tout le temps, et je vous invite d'ailleurs à lire
08:58 le dernier rapport de la Cour des comptes sur ce sujet,
09:00 la justice n'a jamais été aussi sévère.
09:03 Le président de la République l'a redit dans une longue interview
09:07 qu'il a accordée au Point, mais qu'il s'agisse de la matière correctionnelle
09:11 ou de la matière criminelle, je rappelle qu'en matière criminelle,
09:14 c'est le jury populaire qui décide des peines,
09:16 eh bien nous avons une augmentation constante des peines.
09:20 Et il y a une espèce de, je ne peux pas dire une rumeur,
09:23 mais de fantasme qui voudrait que la justice soit laxiste.
09:27 Et l'autre démonstration de ce qu'elle n'est pas laxiste,
09:30 c'est la surpopulation carcérale.
09:32 Mais les leviers, ils sont là dans ce que je viens d'égrener.
09:35 Éric Dupond-Moretti, vous restez avec nous,
09:37 on vous retrouve dans quelques instants sur France Info,
09:39 juste après le Fil Info avec Diane Fershit à 8h42.
09:42 L'exode de milliers d'Arméniens au Haut-Karabakh
09:45 ressemble à une épuration ethnique,
09:47 c'est ce qu'estime la ministre des Affaires étrangères,
09:49 Catherine Colonna, Emmanuel Macron de son côté a affirmé hier
09:52 que le temps n'était pas aux sanctions contre le régime de Bakou,
09:54 elle serait contre-productive selon lui.
09:57 Ils doivent prendre leur décision ce matin,
09:58 les professeurs du lycée Elisa Lemoynier à Paris,
10:01 le plus grand lycée professionnel de la capitale,
10:03 où des punaises de lit ont été découvertes dans plusieurs salles.
10:05 Hier, une grande partie des 200 professeurs a déjà refusé de faire cours,
10:09 ils attendent les résultats de l'inspection menée par le rectorat.
10:12 Le gouvernement présente aujourd'hui son plan
10:14 pour les aidant 9 millions de Français concernés.
10:17 Dans le journal West France,
10:18 la ministre des Solidarités, Raoul Berger,
10:19 annonce notamment la création de 6000 places supplémentaires d'accueil de jour
10:23 pour les personnes âgées ou handicapées,
10:25 objectif permettre à leurs proches de prendre un peu de repos.
10:29 Après les sciences et la littérature,
10:31 on attend aujourd'hui le nom du ou des lauréats du prix Nobel de la paix.
10:35 Il sera décerné tout à l'heure en fin de matinée.
10:38 Toujours avec Éric Dupond-Moretti, garde des Sceaux.
10:50 Éric Dupond-Moretti, nous sommes le 6 octobre.
10:52 Dans un mois, le 6 novembre,
10:53 vous serez jugé par la Cour de justice de la République.
10:56 Comment vous le vivez ?
10:58 Écoutez, d'abord, qu'il me soit permis de vous faire remarquer
11:03 que ça n'a jamais entravé mon travail de ministre.
11:07 La justice, j'espère que tout le monde s'en rend compte,
11:10 est en train de bouger.
11:12 On lui donne davantage de moyens.
11:15 On demande à la justice, évidemment, de prendre ses moyens, bien sûr,
11:20 mais également de participer à ce changement de paradigme
11:26 qui va nous permettre d'aller vers les modifications
11:28 que nos compatriotes attendent.
11:30 Mais ça ne vous a pas entravé pour l'instant,
11:31 mais vous allez faire cette mois de mobilité ?
11:33 Deux petites secondes.
11:34 C'est pour d'abord vous dire et vous rappeler que
11:36 ça ne m'a jamais entravé dans mon travail.
11:38 Certes, le procès arrive maintenant.
11:39 Attendez, attendez.
11:40 D'ici le mois qui arrive, il y a beaucoup de choses à faire.
11:43 D'abord, la dernière lecture des deux textes que j'ai portés.
11:48 Ensuite, le budget.
11:50 Ensuite, une loi sur les repentis qui est en préparation.
11:54 Ensuite, les mesures post-émeute que nous allons prendre, etc.
12:00 Je dois vous dire que je ne manque pas de travail.
12:03 Vous allez faire tout ça avant le 6 novembre et démissionner ou pas ?
12:06 Écoutez-moi, la seule chose qui compte pour moi,
12:10 la seule, c'est que le ministère continue
12:13 pendant cette période de huit jours et demi
12:16 qui sera celle du procès qui s'ouvre, vous l'avez rappelé, le 6 novembre.
12:20 Et juste pour rappeler les faits, Éric Dupond-Moretti,
12:22 vous êtes soupçonné d'avoir profité de votre fonction
12:24 pour lancer des enquêtes administratives contre des magistrats
12:27 avec lesquels vous aviez eu maille à partir quand vous étiez avocat.
12:31 Vous contestez tout conflit d'intérêt.
12:33 Maintenant, la question que l'on vous pose,
12:35 c'est est-ce qu'on peut être ministre de la Justice
12:37 et en même temps comparaitre un procès ?
12:40 C'est-à-dire que comment vous ferez, par exemple,
12:41 quand les audiences seront en plein Conseil des ministres
12:44 ou pendant des séances de questions au gouvernement ?
12:46 Est-ce que vous vous déporterez sur certains dossiers ?
12:48 Est-ce que vous vous ferez remplacer à certains moments ?
12:50 – Mais nous verrons, et vous verrez.
12:52 Moi, je veux travailler jusqu'à la dernière minute.
12:57 Je travaillerai encore ensuite, évidemment.
13:00 Je travaillerai encore ensuite, évidemment,
13:03 parce qu'il y a des choses que vous ne pouvez pas laisser tomber.
13:05 Je vous dis que mon but, évidemment,
13:08 c'est que le ministère de la Justice puisse continuer.
13:13 Et pardon pour cette féminilité et pour ce verbe, à tourner.
13:17 Voilà, c'est clair, c'est net et c'est précis.
13:19 – Mais donc vous pourriez ponctuellement être remplacé
13:21 par la première ministre ou par votre cabinet ?
13:23 – Vous allez me poser 50 fois la question ?
13:24 – Est-ce que si vous êtes condamné,
13:26 Éric Dupond-Moretti, vous démissionnerez ?
13:28 – Mais madame, c'est extraordinaire,
13:30 comme vous voulez, d'aller plus vite que la musique.
13:34 D'abord, le résumé que vous faites…
13:38 – C'est un résumé ?
13:39 – Oui, c'est un résumé d'un résumé.
13:42 Vous me permettrez de dire un certain nombre de choses,
13:44 de m'exprimer, de me défendre.
13:46 Voilà, on va arrêter là.
13:48 Et ensuite, vous verrez, vous verrez,
13:51 n'allons pas plus vite que la musique.
13:53 Ce procès ne doit pas prendre toute la place.
13:55 Là, je suis venu vous dire qu'il y a une réforme historique,
13:59 que la justice bouge, que je veux l'entraîner avec moi
14:02 dans un certain nombre de modifications
14:04 au bénéfice de nos compatriotes,
14:06 que depuis que le président de la République est là,
14:08 on a augmenté le budget de 50 %,
14:10 qui sera augmenté au total de 60 %.
14:12 Est-ce qu'on peut deux minutes s'arrêter sur ces nouvelles
14:15 qui sont, pardon de le dire, d'excellentes ?
14:18 Et on a même commencé par ça.
14:19 Et d'ailleurs, ça concerne aussi la justice, Eric Dupond-Moretti.
14:23 Il se trouve que vous êtes renvoyé devant la Cour de justice,
14:26 et c'est une cour qui est composée notamment
14:28 de six députés et six sénateurs.
14:30 Est-ce que c'est normal d'être jugé par ces pairs ?
14:33 Emmanuel Macron, par exemple, voulait supprimer
14:34 cette Cour de justice de la République,
14:36 qui est acquise d'exception.
14:37 - Madame, c'est la loi, on va arrêter avec ce sujet.
14:39 Patientez un peu.
14:40 Est-ce que je puis me permettre de vous le suggérer ?
14:42 Il m'est impossible de vous donner des ordres,
14:45 comme je ne peux pas en donner aux procureurs de la République.
14:46 - Vous me permettez de vous poser des questions,
14:48 mais on va arrêter tout de suite sur ce sujet.
14:49 - Comme je ne peux pas en donner aux procureurs de la République,
14:50 et c'est très bien comme ça.
14:51 Madame, attendez un peu.
14:52 Suivez-le, le procès.
14:53 - Mais là, c'est une question sur le fonctionnement de la justice.
14:54 - Non, mais j'attends que ceux qui ont écrit, dit,
14:57 raconté un tas de choses soient présents et suivent ce procès.
15:00 Attendez, patientez, ça arrive dans un mois.
15:02 Moi, je patiente, vous aussi.
15:03 - Mais Eric Dupond-Moretti, vous comprenez que c'est assez inédit,
15:06 de toute façon, qu'un ministre de la justice soit...
15:08 - Monsieur Passon, vous avez autre chose, si vous le voulez bien.
15:09 - Je pense avoir été clair, je pense vous avoir répondu.
15:12 - Vous comprenez que pour le devoir d'exemplarité,
15:14 dont Emmanuel Macron a beaucoup parlé,
15:16 vous comprenez que ça puisse faire tâche.
15:17 - Monsieur, faire tâche ?
15:19 - Auprès des Français.
15:20 - Monsieur, d'abord, je voudrais vous dire,
15:21 je suis présumé innocent, comme vous le seriez si vous...
15:23 - Bien sûr, bien sûr.
15:24 - Voilà, premièrement.
15:25 - Ça ne prendrait rien en cause.
15:26 - Et deuxièmement, monsieur, plutôt que d'en parler comme ça,
15:28 venez au procès, venez, venez, il sera public.
15:32 - Eric Dupond-Moretti, les chiffres de la délinquance pour 2022
15:34 sont alarmants, +15% de coups et blessures, +9% de domicile,
15:38 +11% d'agression sexuelle.
15:40 Comment vous l'expliquez ?
15:41 - Madame, il faudrait organiser un colloque qui dure plusieurs heures
15:46 pour que l'on puisse débattre de ces questions.
15:48 Il y a plein de choses.
15:49 Il y a par exemple l'impact de la Covid.
15:51 Comment le mesure-t-on ?
15:53 Parce que nous savons que la jeunesse a été impactée par la Covid.
15:57 Il y a les réseaux sociaux,
15:59 cette violence verbale des réseaux sociaux.
16:04 Il y a un très grand linguiste qui dit que la langue est là
16:06 pour pacifier les choses.
16:07 Mais quand le volume lexical n'est pas au rendez-vous,
16:10 quand on ne se parle plus, quand on s'injurie, etc.,
16:13 ça génère de la violence.
16:14 Voilà deux pistes de réflexion.
16:16 Le reste, évidemment, c'est aussi le travail des sociologues,
16:19 vous le savez, et des travaux sont en cours sur toutes ces questions.
16:24 Il y a une réalité, c'est qu'il faut y répondre.
16:26 Et au moment des émeutes, par exemple,
16:29 la justice a trouvé toute sa place.
16:33 Elle est intervenue avec fermeté, avec célérité.
16:37 Moi, je veux rendre hommage à l'ensemble des magistrats et des greffiers,
16:40 je le dis, qui ont mouillé la chemise et qui ont permis de rétablir
16:44 en un temps bref l'ordre républicain avec le concours,
16:48 naturellement des forces de sécurité intérieure,
16:51 qui ont été mises, disons-le, à très rude épreuve.
16:54 - Et ça, c'est vrai, c'est allé vite, l'ordre, l'ordre, l'ordre,
16:57 comme disait Emmanuel Macron.
16:58 Mais la réponse de fond, on l'attend toujours, pardon,
17:00 mais hier, vous étiez à un conseil national de la refondation à Matignon
17:04 avec des maires des associations pour plancher sur la réponse aux émeutes.
17:08 En juillet, Emmanuel Macron avait déjà écouté 200 élus à l'Élysée.
17:13 Vous allez poser combien de diagnostics avant de nous donner la réponse aux émeutes ?
17:16 - Je pense qu'en octobre, vous aurez les réponses.
17:18 Vous imaginez, madame, que nous avons quand même travaillé.
17:20 Mais il y a quelque chose qu'il est important de préciser.
17:24 D'aucuns disent que la démocratie s'éloigne,
17:28 que moi, je pense le contraire.
17:31 La preuve, d'ailleurs, c'est ces deux textes que j'ai portés
17:34 et qui ont fait l'objet de compromis, de discussions,
17:37 de co-construction avec le Sénat, avec l'Assemblée nationale.
17:40 Là, en l'occurrence, c'était très, très important pour nous
17:43 de rencontrer les élus de tous les échelons,
17:46 l'échelon régional, départemental, local,
17:49 parce que les maires, ils sont, si j'ose dire, en première ligne.
17:51 Donc, c'était important de les entendre.
17:54 C'était important qu'ils entendent les pistes vers lesquelles on va.
17:58 Et je vous garantis que nous serons au rendez-vous
18:00 et pas dans des temps trop éloignés, madame.
18:03 Nous voulons absolument répondre à ces émeutes.
18:06 Nous avons, c'est vrai, vous l'avez dit, planché sur la question.
18:09 Et les élus, hier, nous ont apporté des réflexions
18:13 qui nous ont nourri et qui étaient absolument indispensables.
18:16 - Vous deviez plancher sur le fait de sanctionner les parents.
18:19 Emmanuel Macron avait expliqué, envisagé de sanctionner financièrement
18:22 les familles dès, je cite, "la première connerie de leur enfant".
18:25 Est-ce que c'est toujours d'actualité ?
18:26 Est-ce que cela impliquerait de modifier la loi
18:28 ou on peut le faire à droit constant ?
18:30 - Alors, il y a des choses qui seront du domaine réglementaire.
18:32 Il y a des choses qui seront sans doute du domaine législatif.
18:35 Naturellement, il ne faut pas y avoir...
18:37 On ne peut pas avoir une réponse systématique.
18:40 Il faut faire du cas par cas.
18:41 Il faut d'abord distinguer, vous voyez,
18:43 dans ces questions de responsabilité parentale,
18:45 les parents qui sont en mesure d'assurer l'éducation de leurs enfants
18:49 et qui ne le font pas.
18:50 Et puis, la maman, par exemple, est carrément débordée.
18:54 - La mère isolée. - Bah oui.
18:55 D'ailleurs, on constate que parmi les émeutiers,
18:57 beaucoup, 60% d'entre eux,
19:00 sont élevés par un seul parent, souvent leur maman d'ailleurs.
19:03 Donc, il faut distinguer tout ça.
19:05 Il faut le faire avec efficacité, fermeté et humanité.
19:09 - Éric Dupond-Moretti et l'invité du 8.30 France Info
19:12 on vous retrouve juste après le Fil Info à 8h52 avec Diane Fershit.
19:15 - Comment soutenir les aidants ?
19:18 C'est plus de 9 millions de Français qui prennent soin d'un proche,
19:20 malade, âgé ou handicapé.
19:22 Le gouvernement présente aujourd'hui un plan
19:23 pour mieux les accompagner en cette journée nationale des aidants,
19:26 notamment la création de 6 000 places en accueil de jour,
19:29 précise en Ouest-France la ministre des Solidarités.
19:32 Il y aura bien une liste autonome du Parti Socialiste
19:34 aux élections européennes,
19:35 résultat du vote des militants PS cette nuit.
19:38 La France Insoumise souhaitait, elle,
19:39 une union de la gauche pour ce scrutin.
19:41 En Martinique, 3 morts en 2 semaines,
19:43 dont un enfant, victime de la dengue.
19:45 La Martinique, mais aussi la Guadeloupe,
19:47 sont en phase épidémique depuis la mi-août.
19:49 La maladie se transmet essentiellement par les piqures de moustiques.
19:52 Une frappe russe sur la ville ukrainienne de Kharkiv,
19:54 dans l'est du pays.
19:55 Ce matin, un enfant tué, 16 personnes blessées.
19:58 Kiev dit avoir abattu 25 des 33 drones d'attaque
20:01 envoyés cette nuit par Moscou,
20:03 au lendemain d'une frappe qui a fait 51 morts dans la ville de Groza.
20:06 De son côté, le ministre russe de la Défense
20:08 appelle, lui, à accélérer la production d'avions bombardiers.
20:13 *Générique*
20:22 - Toujours avec Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux.
20:24 Devant le Conseil constitutionnel,
20:26 mercredi, Emmanuel Macron a promis d'élargir le champ du référendum.
20:29 À quel type de sujet ?
20:30 Est-ce que l'immigration, par exemple, ça pourrait être un thème,
20:33 comme le souhaitent les Républicains et le Rassemblement national ?
20:36 - Vous avez entendu ce qu'a dit le président de la République.
20:39 D'abord, on a célébré l'anniversaire de la Constitution.
20:42 65 ans, ça n'est pas rien pour une Constitution.
20:47 Nous, nous l'aimons, cette Constitution de 58,
20:51 contrairement à d'autres qui voudraient la déchirer, la jeter à la poubelle.
20:56 Le président de la République dit cependant qu'une Constitution doit vivre,
21:00 mais pas à n'importe quel prix.
21:02 Donc, il a lancé un certain nombre de réflexions
21:05 pour des modifications constitutionnelles à venir.
21:08 Le président Larcher a également indiqué
21:10 qu'il n'était pas opposé à quelques modifications constitutionnelles.
21:13 Enfin bon, ce texte doit s'adapter, si j'ose dire, à son temps.
21:17 Pour le reste, il faut encore que le travail se fasse.
21:21 Vous avez vu, par exemple, que dans les réunions de Saint-Denis,
21:25 un certain nombre de sujets avaient été évoqués.
21:27 Ils sont sur la table et le moment venu,
21:30 le président de la République dira ce qu'il doit dire sur cette question.
21:34 - Mais est-ce que ce serait dangereux, un référendum sur l'immigration ?
21:36 Certains disent que le sujet est trop éruptif, trop émotif,
21:39 qu'il ne faut pas jouer avec ces sujets-là ou ne pas consulter les processus.
21:43 - Il faut faire très attention.
21:44 Il y a des...
21:45 Vous le savez, évidemment, en me posant la question,
21:48 il y a un certain nombre de questions qui sont des questions sociétales majeures
21:52 auxquelles on ne peut pas forcément répondre par oui ou par non.
21:55 Donc, nous verrons, vous savez, le garde des Sceaux,
21:59 il aimerait toucher à la presse
22:02 qui permet de sceller les modifications constitutionnelles.
22:05 Mais je vous le dis, pas à n'importe quel prix.
22:08 On ne modifie pas pour modifier.
22:09 Et le président de la République, au fond, a dit que c'était d'une main tremblante
22:14 que l'on devait toucher à la Constitution.
22:16 Mais il lui est apparu nécessaire de réfléchir à un certain nombre de sujets.
22:20 Voilà ce que je peux vous dire à ce stade.
22:23 - Éric Dupond-Moretti, la députée Sofia Chikirou,
22:25 très proche de Jean-Luc Mélenchon, est mise en cause,
22:27 notamment dans une enquête de France 2 pour son comportement,
22:29 ses méthodes, notamment dans sa gestion de la Web TV, le Média.
22:33 Aujourd'hui, on en voit qui à l'hôpital,
22:34 aurait-elle écrit au lendemain d'un malaise d'un salarié transporté aux urgences ?
22:38 Elle aurait aussi qualifié de "tafiole de merde",
22:40 je cite, les membres de la rédaction du Média.
22:42 Qu'est-ce que ça vous inspire, ça ?
22:44 - J'ai vu que certains médias annoncent
22:51 une tempête judiciaire à venir.
22:54 Monsieur, moi, je suis infiniment respectueux de la présomption d'innocence.
23:00 Et je veux dire à ce stade que si la justice doit travailler, elle travaillera.
23:05 J'ajoute, en toute indépendance.
23:09 Mais je pense que certains éléphistes réfléchiront à la façon
23:14 dont en d'autres temps, ils ont traité certaines présomptions d'innocence.
23:18 Voilà, c'est tout ce que j'ai à dire pour le moment.
23:21 Vous voyez, autant on peut parler d'une peine définitive.
23:23 Monsieur Mélenchon, il souhaite, semble-t-il,
23:27 se présenter à la prochaine élection présidentielle.
23:30 Il a été définitivement condamné pour avoir bousculé des policiers et un procureur.
23:35 Vous vous souvenez du fameux épisode "La République, c'est moi".
23:37 Oui, il n'y avait pas que des mots, il y avait des gestes aussi,
23:40 qui lui ont valu une condamnation désormais définitive.
23:42 Ça, on peut en parler.
23:43 Vous voyez, le reste, il y a un travail judiciaire.
23:46 Le garde des Sceaux n'a pas volonté à dire quoi que ce soit.
23:50 J'ai lu, évidemment, comme vous, j'ai entendu un certain nombre de choses.
23:54 Je ne veux pas davantage les commenter.
23:55 - Mais d'un point de vue politique, Eric Dupond-Moreti,
23:57 vous qui avez toujours été très engagé dans la lutte contre le Rassemblement National,
24:01 est-ce qu'aujourd'hui, vous mettez RN et LFI sur le même plan,
24:05 hors du champ républicain, ou ce n'est pas pareil ?
24:07 - Madame, le meilleur allié du Rassemblement National que je combats,
24:11 c'est Jean-Luc Mélenchon.
24:13 Parce qu'avec ses excès, vous voyez,
24:16 il donne le sentiment, au fond, que la dédiabolisation,
24:21 la cravate, le silence, une certaine tenue,
24:25 tout cela, ce sont les excès de M. Jean-Luc Mélenchon
24:31 qui permettent de mettre en lumière le silence du Rassemblement National.
24:36 Mais je veux vous dire, quand Mme Le Pen abandonne Mme Mélanie,
24:42 puisque Mme Mélanie, elle est ouverte,
24:44 et puis nous savons qu'aujourd'hui, elle redevient plus que jamais pro-européenne,
24:48 il n'en reste pas moins que Mme Le Pen a un nouvel ami, M. Salvini.
24:53 Souvenons-nous que, par exemple, quand il va à Moscou, il y est allé souvent,
24:57 il regarde la place rouge, il dit qu'elle est propre,
25:00 qu'elle ne comporte pas de saleté et qu'il n'y a pas de rhum.
25:05 Vous voyez, moi, je ne peux pas être ami avec un type comme ça.
25:07 Donc je n'oublie rien de mes combats,
25:10 mais pour moi, elle est fille, c'est, au fond,
25:15 le meilleur allié du Rassemblement National.
25:21 Parce que tous les excès des les filles
25:24 nous font regarder le Rassemblement National
25:27 comme apaisé, dédiabolisé, tranquille et calme.
25:30 Ce sera le mot de la fin, Éric Dupond-Moretti.
25:32 Merci d'avoir répondu à nos questions ce matin.
25:34 Merci, Agathe Lambret.