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00:00 [Musique]
00:05 – Bonjour François Hollande.
00:06 – Bonjour.
00:06 – Un mot d'abord sur la situation confuse au Gabon ce matin,
00:10 des militaires sont apparus à la télévision pour annoncer l'annulation
00:13 de la réélection du président Ali Bongo qui est au pouvoir depuis 14 ans.
00:17 Ils annoncent aussi la dissolution des institutions, quelle est votre réaction ?
00:23 – Alors il y avait un processus électoral en cours au Gabon,
00:27 il y avait des contestations donc ça peut être la cause de ce coup d'État.
00:32 Il n'empêche, c'est le cinquième sur le continent africain
00:37 et dans l'Afrique francophone depuis 2020.
00:40 – Parce qu'il y a eu le Niger, le Mali, la Guinée, le Burkina Faso.
00:44 – Il y a eu d'abord le Mali, il y a eu ensuite le Burkina Faso, la Guinée, le Tchad
00:48 et le Niger et maintenant le Gabon.
00:50 – Cet effet de contagion c'est parce que les militaires se sentent écoutés franches ?
00:55 – Je pense qu'il n'y a pas eu de réaction suffisante, y compris de la France d'ailleurs,
00:59 mais de la communauté internationale et de la CDAO, c'est-à-dire l'Afrique de l'Ouest
01:04 qui avec l'OUA est chargée quand même d'accompagner
01:08 des processus électoraux et démocratiques.
01:11 Il n'y a pas eu de réaction suffisamment nette
01:14 lorsqu'il y a eu le premier coup d'État au Mali.
01:17 Ce n'était pas dans n'importe quel pays, c'était au Mali,
01:20 là où il y avait eu une guerre contre le terrorisme,
01:24 il y avait toujours une guerre contre le terrorisme,
01:26 là où il y avait eu un processus électoral,
01:28 là où il y avait un président qui même s'il était contesté était légitime
01:33 et il y a eu une forme d'acceptation de ce premier coup d'État.
01:37 Donc les militaires se sont enhardis, ça a été ensuite le Burkina Faso, la Guinée,
01:46 d'une certaine façon le Tchad et le Niger a été de toute façon les dernières étapes.
01:53 On pensait que ça pouvait s'arrêter là,
01:54 on voit bien que le Gabon est également consolidé, sans doute pour d'autres raisons.
01:59 Mais quand on y réfléchit, pendant des années,
02:02 il y a eu de manière plus ou moins chaotique des processus électoraux en Afrique.
02:07 Et nous pensions tous, dans le cadre du respect que nous avons pour les Africains,
02:13 qu'il y aurait d'une certaine façon l'installation d'institutions solides en Afrique.
02:18 On voit qu'il n'en est rien.
02:19 Est-ce qu'il est possible qu'il y ait des influences étrangères
02:22 et notamment des régimes autocratiques, la Russie et la Chine,
02:26 pour déstabiliser ces pays et réduire l'influence occidentale ?
02:31 C'est évident.
02:32 En tout cas pour le Gabon, là ce matin, situation instable.
02:35 Est-ce qu'il faut déjà penser à faire rentrer les Français qui sont sur place,
02:40 sur le territoire national ?
02:41 Non, je pense qu'on verra dans les prochaines heures s'il y a des menaces.
02:46 Mais je pense que là, il n'y a rien qui soit dirigé contre la France en particulier.
02:50 Je rappelle quand même qu'au Gabon, il y a des éléments militaires qui sont stationnés
02:56 et il y a des intérêts économiques importants,
02:59 beaucoup plus importants que ce qui peut se produire par exemple au Mali.
03:04 Vous disiez François Hollande que le manque de fermeté au Niger notamment
03:07 pouvait avoir entraîné...
03:09 Au Mali d'abord.
03:10 Au Mali d'abord, mais également au Niger,
03:12 pouvait entraîner une forme de...
03:15 Chez les militaires, le sentiment un peu d'impunité.
03:18 Est-ce qu'Emmanuel Macron a raison de faire preuve de fermeté au Niger ?
03:23 Avec le Niger ?
03:24 Oui, mais ça aurait dû se faire dès le premier coup d'État au Mali.
03:28 Pourquoi une réaction, et je la partage,
03:31 aussi courroussée sur ce qui s'est produit au Niger,
03:34 un président qui avait été démocratiquement élu,
03:36 il n'y a pas eu l'équivalent, il y a maintenant trois ans,
03:40 lorsque le président Keïta a été renversé par des militaires.
03:45 Pourquoi Emmanuel Macron est même allé au Tchad
03:48 lorsque le président Déby a été tué,
03:52 que c'est son fils qui lui a succédé,
03:54 sans du tout qu'il y ait de processus électoral ?
03:57 Donc il y a eu une forme d'acceptation des coups de force.
04:01 Et alors effectivement, au Niger, c'était le coup d'État de trop,
04:04 parce que là il y avait aussi une réaction anti-française
04:07 qui paraissait totalement exagérée, disproportionnée,
04:11 parce que je rappelle que la France, au Niger,
04:14 n'est là que parce qu'elle y a été appelée.
04:16 Mais on peut avoir le discours de fermeté,
04:18 encore faut-il en avoir les moyens.
04:20 D'abord parce que ce n'est pas à la France de régler ces questions-là.
04:24 C'est à une organisation qui s'appelle la CDAO,
04:27 c'est-à-dire le Regroupement des pays de l'Afrique de l'Ouest,
04:30 ou à l'Union africaine, de régler entre Africains
04:33 la question d'évolution de pouvoir,
04:36 des coups d'État lorsqu'ils sont produits,
04:38 et des processus électoraux qui doivent être encouragés.
04:41 Quand les Africains, et c'est leur responsabilité,
04:44 notamment la CDAO, restent dans l'expectative,
04:48 ou ne veulent pas s'immiscer dans un processus,
04:52 ou imaginent une solution diplomatique
04:54 et évoquent une solution militaire pour ensuite la récuser,
04:58 ce n'est pas à la France, et ça quand j'étais président,
05:01 je m'y suis toujours recusé,
05:03 ce n'est pas à la France de se substituer aux Africains
05:07 pour décider de leur avenir.
05:08 Mais alors là qu'est-ce qu'il faut faire ?
05:09 Par exemple au Niger, et dans tous les autres pays qu'on a évoqués,
05:13 que ce soit le Burkina ou le Mali,
05:14 il y a un sentiment anti-français qui est bien présent.
05:17 Nous on a encore des soldats sur place,
05:19 1500 soldats présents dans la zone.
05:23 Qu'est-ce qu'il faut faire ?
05:23 Vous vous dites, le conflit au Niger, le conflit armé,
05:27 on oublie, on passe à la négociation,
05:29 on privilégie la négociation ?
05:30 Non, je n'ai pas dit ça.
05:31 Je dis que ce n'est pas à la France
05:32 de faire une intervention militaire
05:35 pour rétablir tel ou tel chef d'État.
05:37 Ça correspond à une période qui n'est plus du tout la nôtre.
05:40 En tout cas que moi j'ai toujours...
05:41 Mais alors on reconnaît les coups de schiste ?
05:42 Alors, ce que nous devons faire,
05:44 c'est de dire aux Africains, et notamment aux Africains de l'Ouest,
05:49 que c'est à eux de faire en sorte que des processus,
05:53 comme on vient de les connaître,
05:55 des coups d'État ne puissent pas rester impunis,
05:57 et qu'il n'y ait pas de travail ou diplomatique ou de médiation
06:02 pour rétablir les présidents qui ont été légitimement élus.
06:06 Par ailleurs, sur le sentiment anti-français, parce qu'il existe...
06:10 Est-ce que vous, vous arrivez à comprendre ce qui se passe ?
06:12 Parce qu'il existe !
06:12 Bon, il faut y répondre.
06:15 Lorsque j'ai été appelé par les présidents,
06:18 justement de l'Ouest de l'Afrique,
06:21 au moment où les djihadistes allaient fondre sur Bamako...
06:25 En 2013.
06:26 Et allaient donc menacer toute l'Afrique de l'Ouest.
06:29 Je ne l'ai pas fait parce que j'avais une envie impériale,
06:32 ou une espèce de souvenir néocolonial,
06:36 ou parce qu'il y avait des intérêts économiques,
06:37 il n'y en avait aucun.
06:39 Je l'ai fait par solidarité.
06:41 Je l'ai fait parce que je voyais une population
06:43 qui était menacée par les terroristes,
06:45 qui était terrorisée même, à tous les sens du terme,
06:48 des femmes qui étaient lapidées,
06:49 des monuments, des mausolées qui étaient détruits,
06:53 et puis une population qui risquait d'être asservie.
06:56 Donc j'ai été appelé et j'ai mis en place un dispositif militaire.
07:01 Je rappelle qu'il y a eu 59 morts militaires français,
07:05 de nombreux blessés,
07:06 et que nous avons fait notre devoir de solidarité.
07:08 Après, pourquoi nous y sommes restés ?
07:11 Moi, je n'avais pas du tout l'idée
07:13 que la France serait présente par des moyens militaires.
07:16 – C'était une erreur de rester ?
07:18 – Non, ce n'était pas une erreur dans les premières années,
07:20 mais l'idée était de nous faire remplacer
07:23 par des forces africaines, précisément,
07:25 ou par les forces des Nations Unies.
07:28 Et on s'est aperçu que ce n'était pas le cas,
07:31 et c'est sans doute la raison pour laquelle il fallait partir.
07:35 Et il faut partir à un moment,
07:37 parce que nous ne pouvons pas être une force de gendarmerie supplétive.
07:42 – François Hollande, vous restez avec nous,
07:43 dans un instant on va parler d'Emmanuel Macron
07:45 et de la réunion qu'il organise aujourd'hui
07:46 avec les chefs de toutes les forces politiques,
07:47 ce sera juste après le Fil-Info.
07:49 Maureen Fignard.
07:50 – Les frontières du Gabon fermées jusqu'à nouvel ordre,
07:54 des militaires annoncent à la télévision
07:56 qu'ils annulent les résultats des élections.
07:58 Elles venaient d'être publiées et donnaient le président Ali Bongo gagnant.
08:03 Les militaires disent dissoudre les institutions.
08:07 Il n'y a pas eu de réaction suffisante après les autres coups d'État en Afrique,
08:10 notamment au Mali, regrette sur France Info l'ancien président François Hollande.
08:15 Pour Sébastien Chenu, le vice-président du Rassemblement National,
08:18 l'initiative du président de la République est déjà vouée à l'échec,
08:22 mais il ira quand même rejoindre Emmanuel Macron cet après-midi à Saint-Denis
08:26 avec les autres représentants des forces politiques représentées au Parlement.
08:31 Au moins 1990 enfants sont sans solution d'hébergement
08:35 et cela à quelques jours de la rentrée scolaire,
08:37 20% de plus que l'année dernière, indique sur France Info
08:40 la Fédération des Acteurs de la Solidarité.
08:43 Son président annonce qu'ils attaqueront en justice les préfets
08:46 qui mettent en place des critères de sélection
08:49 pour obtenir un hébergement d'urgence faute de place.
08:52 Une courte vidéo qui met en scène de faux supporters
08:55 au début de la Coupe du Monde de rugby en France.
08:58 Quand arrive une vague de pétrole déversée par Total Energy,
09:01 Greenpeace dénonce avec cette vidéo
09:04 les entreprises d'énergie fossile qui sponsorisent les événements sportifs majeurs.
09:08 L'ONG dénonce un attentat climatique.
09:13 Le 8/30 France Info, Jérôme Chapuis, Salia Brachia.
09:21 Toujours avec l'ancien président de la République François Hollande,
09:24 une initiative politique d'ampleur.
09:25 C'est ainsi qu'Emmanuel Macron qualifie la rencontre
09:28 qu'il organise aujourd'hui avec les chefs de toutes les forces politiques
09:31 représentées au Parlement.
09:32 Ça va se passer à Saint-Denis cet après-midi.
09:34 Est-ce que déjà sur le principe, vous dites, c'est bien,
09:36 le président tend la main à l'opposition, c'est une bonne manière de gouverner ?
09:40 Le dialogue, c'est toujours mieux que la dispute.
09:44 Donc que le président de la République veuille entendre
09:47 l'ensemble des familles politiques, pas simplement de l'opposition,
09:50 de toutes les familles politiques,
09:51 ça me paraît être un bon processus.
09:53 Alors ça se fait dans un cadre un peu particulier,
09:56 avec des effets d'annonce dont on verra ce qu'ils seront.
10:00 Mais je pense que le processus lui-même, le principe même du dialogue est utile.
10:06 Après, c'est la décision qui compte.
10:08 – Il parle au Rassemblement national comme à la France Insoumise.
10:11 Au départ, ces deux formations ne les avaient pas conviées.
10:14 Il a changé d'avis.
10:15 C'est bien d'avoir changé d'avis, justement, il faut parler à tout le monde.
10:19 – Cette question, je me la suis posée aussi dans un tout autre contexte.
10:23 Lorsqu'il y a eu les attentats à Paris au mois de novembre 2015,
10:29 je devais recevoir les partis représentés à l'Assemblée nationale,
10:33 ça ne suffisait pas.
10:35 Donc j'ai réuni toutes les formations politiques,
10:37 même celles pour lesquelles je n'avais pas,
10:39 c'est le moins qu'on puisse dire, la moindre affinité,
10:41 au moins le partage de valeurs.
10:43 Je pense que dès lors qu'il y avait ce dialogue,
10:46 dès lors qu'il y a des partis qui sont représentés au Parlement,
10:48 il est légitime de les inviter.
10:50 – C'est le grand retour du référendum dans l'espèce de concours d'idées
10:52 qui a précédé cette réunion, référendum sur l'immigration.
10:55 Les Républicains arrivent avec cette idée-là, vous en pensez quoi ?
10:59 – Alors, un référendum sur l'immigration n'est pas possible
11:03 par l'article 11 de la Constitution.
11:06 Donc ce que demandent les Républicains, mais aussi le Rassemblement national,
11:11 de ce point de vue, il y a une certaine convergence,
11:13 c'est de changer la Constitution et de permettre qu'il puisse y avoir,
11:17 par l'article 11, donc directement, une consultation sur l'immigration.
11:24 Je pense que ces questions-là peuvent se régler d'abord dans le cadre du Parlement.
11:30 – Il y a un texte de loi qui arrive.
11:32 – Bon, on ne peut pas en partager tous les éléments,
11:34 mais ça donne lieu à ce moment-là à un débat et à une prise de décision.
11:38 – À condition de changer de majorité.
11:39 – Changer la Constitution, rien que pour ça ?
11:42 Rien que pour demain, aller changer le Code de la nationalité
11:46 ou les règles du séjour, je pense que par référendum,
11:50 on ouvre un processus qui peut être dangereux.
11:54 – Dangereux.
11:55 Vous parliez à l'instant du texte sur l'immigration qui arrive.
11:57 – D'ailleurs, dans le texte de lR, sur le changement de Constitution,
12:02 pouvant permettre un référendum, il y a aussi une disposition
12:05 qui prévoirait, si elle était mise en œuvre,
12:09 que la France ne respecterait plus les règles européennes.
12:13 Vous savez qu'il y a un principe, c'est que les lois nationales,
12:17 dans les domaines où l'Europe intervient,
12:20 sont soumises au principe de hiérarchie des normes.
12:25 Donc ça voudrait dire que, pour un certain nombre de questions,
12:29 notamment la nationalité, l'immigration, le séjour, l'asile,
12:33 nous nous mettrions en dehors des règles européennes.
12:37 – La droite l'assume, ça.
12:38 – Oui, mais c'est intéressant parce que quand la France insoumise
12:43 parlait de désobéissance, je me suis inquiété.
12:47 Alors si maintenant on est européen,
12:49 mais qu'on dit que ce soit pour des questions économiques, budgétaires,
12:52 ou maintenant pour des questions sur le droit d'asile,
12:55 on ne respectera pas le droit européen.
12:57 Mais il y a une façon de ne pas respecter le droit européen,
13:00 je le signale, c'est de sortir de l'Union européenne.
13:03 C'est ce qu'ont fait les Britanniques.
13:04 Les Britanniques, ils ne sont pas dans les règles européennes,
13:06 ils font ce qu'ils veulent.
13:07 Donc si c'est ça que souhaitent maintenant les LR,
13:11 eh bien qu'ils disent très clairement qu'ils ne veulent plus rester dans l'Union européenne.
13:14 – Juste sur le texte sur l'immigration qui arrive au Parlement dans les prochaines semaines,
13:19 est-ce que la gauche doit voter le texte
13:21 si la régularisation des travailleurs sans-papiers y figure ?
13:24 – Non, moi il ne m'appartient pas de dire ce que…
13:26 La gauche d'abord, c'est une pluralité, ce qu'elle doit faire à l'Assemblée nationale.
13:32 Ce que je peux donner c'est ma position,
13:34 c'est-à-dire qu'il y a eu déjà plusieurs lois sur l'immigration,
13:37 je ne suis pas sûr qu'il en faille encore d'autres,
13:40 même s'ils peuvent préciser les précédentes.
13:43 Il est légitime de trouver des procédures plus rapides, plus simples,
13:49 tout en étant respectueuse du droit,
13:50 pour permettre de traiter rapidement les demandes d'asile.
13:54 – Ça c'est dans le texte ?
13:56 – Je pense que ça fait partie de ce que…
13:58 – L'accélération des procédures ?
13:59 – Oui, l'accélération ne veut pas dire un mépris des règles,
14:02 ça veut dire qu'on ne peut pas laisser des personnes sans réponse,
14:06 alors qu'une demande d'asile a été formulée et sans la possibilité de travailler.
14:09 – Mais est-ce qu'il faut réduire drastiquement l'immigration,
14:11 comme le dit Emmanuel Macron ?
14:13 – Mais les demandeurs d'asile,
14:14 ça c'est un droit qui est reconnu au plan européen et au plan international,
14:18 ce n'est pas nous qui pouvons décider, nous pouvons simplement dire
14:20 qui peut revendiquer l'asile ou pas.
14:22 – Mais je parle des autres.
14:23 – Les autres, c'est quoi les autres ?
14:25 C'est les étudiants, on veut qu'il y ait moins d'étudiants étrangers en France,
14:28 alors que ça fait partie de l'attractivité.
14:31 Sur le regroupement familial, est-ce qu'il y a des abus ?
14:33 S'il y en a, ils doivent être corrigés,
14:35 mais enfin là aussi c'est un droit fondamental de vivre en famille.
14:38 Qu'est-ce qui reste ? L'immigration économique.
14:40 Moi je ne suis pas favorable à ce qu'il y ait une immigration économique,
14:44 il y a du chômage en France qu'on puisse former, donc de ce point de vue…
14:49 – Donc on coupe le robinet de l'immigration économique ?
14:50 – Non, on coupe pas le robinet,
14:51 mais c'est maintenant devenu finalement résiduel l'immigration économique,
14:55 et que chaque année on puisse regarder quels sont les métiers en tension,
14:58 là où on peut accepter…
15:00 – Vous êtes pour cette disposition, la création d'un titre de séjour métier en tension.
15:05 – Oui, mais ça se fait d'ailleurs tous les jours,
15:08 lorsqu'il y a des besoins économiques.
15:10 Enfin, qu'il y ait la nécessité de régulariser un certain nombre de cas,
15:16 moi je l'avais fait dès l'entrée dans mon quinquennat,
15:20 oui il faut régulariser les personnes qui sont là depuis longtemps,
15:24 qui travaillent, qui ont une famille,
15:26 et qui se retrouvent dans une situation de non-droit.
15:28 Oui, ça il faut le faire, et si on fait par petits bouts,
15:31 eh bien on ne donnera pas la cohérence d'une politique migratoire.
15:34 – François Hollande, pour redonner la parole aux Français,
15:36 est-ce que vous croyez à l'idée de préférendum,
15:37 cette espèce de référendum à choix multiples, l'idée d'Olivier Véran ?
15:41 – Dans la Constitution, il faut y revenir,
15:44 il y a la possibilité, je vous l'ai dit, dans certaines conditions,
15:48 qu'il y ait un référendum, il faut que ce soit dans des domaines très précis,
15:53 l'économique, le social, l'environnemental,
15:56 l'organisation des pouvoirs publics, les services publics.
15:59 Donc, s'il doit y avoir une consultation, elle doit se faire par référendum,
16:02 je ne connais pas d'autres procédures.
16:04 – Pour l'instant, le préférendum c'est de la politique fiction.
16:06 – C'est de la consultation, mais qui n'a pas de valeur juridique,
16:10 qui n'a pas d'organisation, et qui d'une certaine façon,
16:13 ne sert pas à faire trancher par les Français des situations qui le mériteraient,
16:18 ou des sujets qui devraient être à un moment des textes de loi.
16:21 Je rappelle que pour un référendum, on ne dit pas oui ou non à une question,
16:25 on dit oui ou non à un projet de loi, ça c'est très important.
16:29 Pour qu'il y ait un référendum, il faut qu'il y ait un projet de loi,
16:31 il faut qu'il y ait un progrès qui soit proposé, ou une réforme qui soit proposée,
16:36 ou un risque si le texte était accepté, pour que les Français se prennent en compte.
16:40 Et puis, qui va organiser les pré-référendums ?
16:42 On va demander au maire, on va demander à des citoyens de tenir des bureaux de vote,
16:47 dont on sait parfaitement dès l'annonce du pré-référendum qu'ils n'auront aucune valeur.
16:53 François Hollande, vous restez avec nous, invité de France Impos ce matin.
16:56 On revient dans une minute, juste après le Fil info. Maureen Sueniar.
16:59 L'Ukraine dit avoir détruit 28 missiles et 15 drones explosifs ces dernières heures.
17:05 Kiev estime qu'il s'agit de l'attaque russe la plus importante sur la capitale ukrainienne,
17:09 et cela depuis le printemps.
17:10 Une pluie de missiles qui a fait deux morts.
17:13 Moscou affirme aussi avoir détruit quatre navires ukrainiens en mer Noire.
17:18 Une dizaine de militaires ont trahi à la télévision.
17:20 Une nouvelle tentative de coup d'État en cours en Afrique,
17:23 cette fois c'est le Gabon qui est touché.
17:25 Les militaires disent annuler les résultats de l'élection
17:28 où le président Ali Bongo était reconduit.
17:31 Vous ne l'attendez sûrement pas avec impatience.
17:33 La taxe foncière.
17:34 Les premiers avis d'imposition sont mis en ligne à partir de ce matin pour les propriétaires.
17:38 Les montants explosent cette année.
17:40 +52% à Paris, +25% à Grenoble et +10% à Limoges par exemple.
17:46 Les bleus entrent dans leur euro à partir de 17h.
17:49 Les volayeurs tricolores affrontent la Turquie.
17:51 Hier, les Françaises ont perdu 3-7 à zéro en quart de finale de leur euro
17:56 face aux tenantes du titre les Italiennes.
17:58 - Toujours avec l'ancien président de la République, François Hollande,
18:08 en cette rentrée, la question du pouvoir d'achat reste d'actualité.
18:11 On ne cesse de le répéter, les Français sont toujours bousculés par l'inflation.
18:15 Sauf que du côté du gouvernement, le discours est plutôt à la mesure,
18:20 voire même à serrer un peu plus la ceinture,
18:22 puisque le gouvernement prépare le budget pour l'année prochaine.
18:24 Et là, il y a des mesures d'économie qui sont suggérées, qui sont envisagées,
18:30 notamment du côté de la santé.
18:32 Parmi les pistes envisagées, il y a par exemple le doublement des franchises médicales.
18:36 Est-ce que c'est vers ce secteur qu'il faut faire des économies, François Hollande ?
18:40 - Alors d'abord, l'inflation, c'est-à-dire la hausse des prix,
18:43 elle reste la première préoccupation des Français en cette rentrée.
18:47 Et s'il y a un sujet qui doit être abordé avec les forces politiques,
18:50 le premier, c'est celui-là.
18:52 Avec tout ce qui est de la négociation, vous en avez évoqué l'ampleur hier,
18:57 tout ce qui doit être fait avec la distribution,
18:59 tout ce qui fait avec les industriels.
19:00 C'est le premier thème.
19:02 Et il se trouve qu'en cette rentrée, il y a des hausses d'impôts.
19:07 J'avais d'ailleurs, il y a quelques mois,
19:09 prévu qu'il y ait à ce point des hausses d'impôts,
19:12 compte tenu des rythmes de dépenses publiques, de déficits et de cadeaux fiscaux
19:17 qui avaient été faits à un certain nombre de catégories sociales
19:20 qui n'étaient pas les plus défavorisées, ou même des employeurs.
19:24 Donc, aujourd'hui, il y a déjà la hausse de la taxe foncière,
19:29 qui va vraiment imputer gravement les ménages propriétaires.
19:33 Mais enfin, il y a des ménages qui ne sont pas des personnes favorisées,
19:36 qui sont propriétaires de leur logement et qui vont être durement touchés.
19:40 Et puis maintenant, je ne sais pas ce qu'il en sera,
19:42 on annonce les franchises médicales,
19:45 c'est-à-dire en réalité de payer un peu plus pour l'achat de médicaments ou de consultations.
19:49 Ça, ça s'appelle un impôt.
19:51 – C'est un impôt, là.
19:52 – Mais d'une certaine façon…
19:53 – Être un peu moins remboursé quand on va chercher des médicaments
19:56 ou lors de consultations chez médecins.
19:59 – Et que vous êtes obligé de payer une taxe, ça s'appelle un impôt.
20:05 Il va y avoir d'autres taxes, puisqu'on en annonce,
20:07 quelquefois dans une bonne intention, sur les transports,
20:10 notamment par avion ou sur les autoroutes.
20:13 Mais on voit bien que le plus de taxes,
20:17 ça va être finalement le registre de la rentrée du gouvernement.
20:21 Et ça, c'est imput directement les ménages, tous les ménages, sans discrimination.
20:26 Alors je vois bien qu'on essaye de dire que ces ménages qui ont des maladies,
20:31 enfin des personnes qui ont des maladies longues, durables…
20:34 – Oui, les infections de longue durée.
20:35 – … l'infection de longue durée ne seraient pas touchées,
20:37 mais pour le reste, ça va concerner des millions et des millions de travailleurs.
20:41 – Mais il faut faire des économies, alors les économies, vous les cherchez où ?
20:44 – Les économies, c'était plutôt sur les cadeaux fiscaux
20:48 qui avaient été accordés à d'autres, et notamment aux plus favorisés,
20:51 et aussi à des dépenses qu'il faut revoir lorsqu'elles sont inefficaces.
20:56 Il y en a, notamment, toutes ces dépenses qui sont faites pour des secteurs
21:01 qui ne sont pas écologiquement impeccables.
21:05 – François Hollande, à quelques jours de la rentrée, le ministre Gabriel Attal
21:09 a décidé d'interdire les abaya au nom de la laïcité, il a eu raison ?
21:14 – Un vêtement, lorsqu'il est ostentatoire, et c'est le cas,
21:19 ne peut pas rentrer, enfin la personne ne peut pas rentrer
21:22 avec ce vêtement-là dans un établissement scolaire.
21:26 – La gauche est divisée sur ce sujet.
21:28 – La France Insoumise, par exemple, a décidé de saisir le Conseil d'État
21:31 parce qu'elle justige une police du vêtement qui stigmatise les musulmans.
21:35 – Sans être prophète, je vous annonce que, sans doute,
21:39 la jurisprudence administrative, le Conseil d'État va s'en tenir
21:43 à ce qui est sa position, c'est quand il y a un vêtement
21:47 qui est un signe d'appartenance religieuse, avec un caractère ostensible,
21:52 c'est le mot de la loi de 2004, je rappelle que j'ai voté au nom
21:57 du Parti Socialiste la loi de 2004 sur les signes ostensibles à l'école,
22:02 et bien le Conseil d'État, vraisemblablement, je ne veux pas préjuger
22:06 de ce qu'il fera, aura, avec le discernement qui est nécessaire,
22:09 parce que c'est toujours ce qu'indique le Conseil d'État,
22:14 c'est qu'il faut prendre une mesure, mais il faut qu'elle soit appliquée
22:16 avec discernement, et bien les personnes qui revêtent,
22:20 les jeunes femmes qui revêtent un abaya ne pourront pas rentrer
22:24 dans l'établissement scolaire.
22:26 Je rappelle que ça ne vaut que pour le collège et le lycée,
22:30 et que bien sûr à l'université, on retrouve les règles de la laïcité,
22:35 plus classique, c'est-à-dire où on peut avoir un vêtement
22:39 qui a un caractère religieux.
22:41 – Il y a un autre sujet de discorde au sein de la gauche,
22:43 les européennes, les alliés de la NUPES se déchirent ouvertement sur la question,
22:47 vous vous êtes favorable à une liste PS aux européennes, pourquoi ?
22:53 – Une liste, ce n'est pas une question de personnes, ni même de partis,
22:57 une liste c'est une ligne, une ligne politique.
23:01 Les socialistes, et je peux en parler en connaissance de cause,
23:03 depuis des années, ont toujours présenté une liste aux élections européennes,
23:08 en lien avec les sociodémocrates européens,
23:11 parce que les socialistes ont des positions particulières
23:16 qui visent à améliorer le fonctionnement de l'Europe,
23:19 et dans le contexte actuel, à lui donner peut-être un approfondissement,
23:22 notamment sur les questions climatiques et sur les questions de défense,
23:25 et donc il y a une identité politique qui doit être appréciée par les Français,
23:33 à l'occasion des élections européennes.
23:34 – D'accord, mais on a des petits mots pour vous dire.
23:36 – Les autres peuvent dire, est-ce qu'on a les mêmes positions que le reste de la gauche ?
23:40 Eh bien non, je vais prendre quelques exemples.
23:43 Sur l'Ukraine, est-ce que c'est la même position pour aider militairement l'Ukraine
23:47 entre LFI et le parti socialiste ?
23:51 Non. Est-ce que sur le rapport franco-allemand, c'est la même position ?
23:55 Non. Est-ce que sur l'Alliance Atlantique, c'est pas rien l'Alliance Atlantique,
23:59 c'est l'appartenance de la France à une organisation de défense,
24:03 est-ce que c'est la même position ?
24:05 Les uns veulent en sortir, les autres veulent rester.
24:06 – Les gauches sont irréconciliables sur l'Europe.
24:09 – Oui, elles sont en tout cas différentes,
24:11 et quand elles sont différentes, on n'essaie pas de les mettre ensemble.
24:14 Pour quoi faire d'ailleurs ?
24:15 – Mais même si c'est Ségolène Royal qui conduit,
24:17 ou le ministre commun PSLFI ?
24:20 – C'est pas une question de personne, c'est une question de ligne.
24:23 Une ligne, c'est une liste, et liste c'est une ligne.
24:26 – Mais il y en a notamment Ségolène Royal qui vous disent
24:27 "c'est indispensable pour gagner les élections".
24:29 – Mais pour gagner… Non, alors là, je pense qu'il y a une incompréhension
24:32 sur ce qu'est le scrutin proportionnel.
24:35 La gauche a longtemps milité pour le scrutin proportionnel,
24:37 c'était pas pour faire une liste unique.
24:40 Si vous faites une liste unique, vous pouvez jamais être majoritaire.
24:43 Par ailleurs, il y a un scrutin proportionnel,
24:45 c'est pour faire le plus d'élus possible au Parlement européen.
24:48 Or, il est prouvé que lorsque vous faites une liste unique,
24:51 vous faites moins d'élus que lorsque vous faites des listes séparées.
24:53 – Donc vous ne croyez pas à l'initiative de Ségolène Royal ?
24:55 – C'est pas un scrutin majoritaire, l'élection européenne,
24:58 c'est pas un scrutin majoritaire, c'est pas celui qui va avoir
25:01 le plus de voix à l'élection européenne qui va gagner le scrutin.
25:06 Non, il va avoir le plus de sièges, c'est tout.
25:08 – François Hollande, merci d'avoir été l'invité de France Info ce matin.