Le député PS de l'Essonne était l'invité du "8h30 franceinfo", samedi 13 janvier 2023.
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00:00 Bonjour Jérôme Gatch.
00:02 Bonjour.
00:03 À peine nommé, la ministre de l'Éducation nationale, Amélie Oudéa-Castera, assume
00:06 de mettre ses enfants dans le privé en raison, dit-elle, de la frustration devant, je cite
00:10 encore, le paquet d'heures pas remplacés lors des absences de professeurs.
00:14 Est-ce que vous comprenez ces arguments ?
00:15 Vous voyez la situation absolument lunaire dans laquelle on est.
00:19 C'est pas le problème personnel de la nouvelle ministre de l'Éducation nationale et des
00:23 Jeux Olympiques et du sport.
00:25 C'est l'argument qu'elle est amenée à déployer sous les yeux de l'ancien ministre
00:31 de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, devenu Premier ministre, qui avait fait, rappelez-vous,
00:35 au moment du budget voté, de la question du remplacement des profs.
00:39 Il restait cinq mois au poste.
00:40 L'alpha et l'oméga.
00:41 Oui, mais il avait, comme ses prédécesseurs Papendiaï ou Jean-Michel Blanquer, dit que
00:47 l'Éducation nationale était une priorité absolue et que cette question spécifique
00:51 du remplacement des profs allait être, je dirais, la mère de toutes les batailles.
00:56 Et vous avez donc cet argument, je crois que c'est le terme de frustration, qui a été
01:01 utilisé et qui est proprement lunaire parce qu'il illustre le décalage gigantesque dans
01:09 le rapport à l'Éducation nationale.
01:12 C'est aussi une forme de séparatisme social qui est aussi consacré.
01:16 J'ai les moyens de pouvoir mettre mes enfants dans l'enseignement privé et je me résigne
01:23 à la pauvreté organisée parce que le porte-parole de la PEPF, tout à l'heure, vous disait
01:28 que c'est aussi une question de moyens, même si ce n'est pas que une question de moyens.
01:32 Mais nous sommes là face à un gouvernement qui, depuis sept ans, a beaucoup communiqué
01:37 sur les questions d'éducation.
01:38 Mais sur ce seul enjeu du remplacement des profs, la rentrée 2023, la promesse de Gabriel
01:46 Attal qui était d'avoir des profs remplacés, des remplacements de profs et un prof devant
01:51 chaque classe n'a pas été tenue.
01:52 Je crois que les syndicats d'enseignement nous disent que c'est...
01:54 Mais elle ne dit pas tout haut ce que beaucoup de parents pensent tout bas, tout simplement ?
01:56 Oui, mais c'est terrible qu'elles le disent avec cette forme de résignation, d'acceptation.
02:02 Moi, je préférais que la ministre dise "l'enjeu de l'Éducation nationale, il est crucial,
02:08 ce séparatisme social, nous devons le combattre".
02:11 Vous savez que dans l'enseignement privé, il y a une surreprésentation des catégories
02:14 favorisées.
02:15 60% des enfants issus de milieux sociaux favorisés qui sont dans l'enseignement privé, c'est
02:21 deux fois plus que la moyenne nationale.
02:23 Et ça, ça renvoie à un sujet qui est probablement la mer de toutes les batailles sur ces questions-là.
02:28 C'est l'enjeu de la mixité sociale.
02:30 Parce que derrière cette fuite vers le privé, c'est aussi cette idée qu'on va chercher
02:35 un entre-soi, des enjeux d'endogamie plus grands que dans l'école publique.
02:42 Donc une des solutions, c'est, vous posiez la question tout à l'heure, c'est notamment
02:47 que l'enseignement privé participe à la mixité sociale.
02:50 Vous savez qu'aujourd'hui, les établissements privés ne sont pas soumis à la carte scolaire
02:55 et ne participent pas à cet enjeu de mixité sociale.
02:58 C'est d'ailleurs un chantier que Najat Vallaud-Belkacem avait commencé…
03:01 Il faudrait des quotas dans les écoles privées ?
03:03 Non, il faudrait tout simplement que les écoles privées participent à la carte scolaire
03:08 et soient eux-mêmes soumis à cet enjeu de mixité sociale qui doit être au cœur de
03:14 l'éducation nationale.
03:15 C'est celle de la formation et de l'émancipation des jeunes.
03:19 Et ça ne peut pas être uniquement l'idée de se retrouver dans un entre-soi social avec
03:25 des catégories uniquement les plus favorisées.
03:26 Vous avez mis vous-même vos enfants dans le privé ?
03:27 Moi, mon fils passe son bac dans le lycée public cette année.
03:31 Et il n'était pas dans le privé plus jeune ?
03:33 Il est passé un petit peu dans le privé plus jeune.
03:36 Vous aussi vous avez expérimenté.
03:38 Oui, pour différentes raisons.
03:39 On connaît le nouveau gouvernement depuis jeudi soir.
03:42 Vous êtes dit quoi en découvrant la liste des nouveaux ministres ?
03:45 Ça y est, la France est dirigée par la droite ?
03:46 Assurément.
03:47 C'est un gouvernement qui aurait pu être un gouvernement Sarkozy.
03:51 On retrouve l'ancienne porte-parole de la primaire de Nicolas Sarkozy, Catherine Vautrin,
03:57 dont on avait failli, je crois, hériter comme Premier ministre à la place d'Elisabeth
04:02 Born.
04:03 On a là la fin de l'illusion du macronisme, si tant est qu'elle puisse encore subsister
04:10 depuis 2022.
04:11 C'est la fin en même temps du dépassement ?
04:13 C'est assurément la fin de cette fumisterie.
04:17 Alors en 2017, que des gens sincèrement aient pu penser qu'il se passait quelque chose
04:23 et que c'était le renouveau, on était beaucoup à ne pas croire à cette illusion
04:27 à ce moment-là.
04:28 Mais depuis 2017, quand vous avez un gouvernement, d'ailleurs ça fait le lien avec les priorités,
04:33 quand la priorité budgétaire des 2017-2018, c'est de supprimer l'impôt de solidarité
04:37 sur la fortune, d'assécher le budget de l'Etat de 4 ou 5 milliards d'euros et de
04:41 donc ne pas disposer de moyens pour plutôt revaloriser les salaires des enseignants et
04:45 donc avoir de l'attractivité, y compris dans les écoles publiques et donc ne pas
04:49 souffrir des difficultés de postes non pourvus, il y a des choix politiques très clairs dans
04:56 le partage des richesses qui n'ont pas été faits à ce moment-là.
04:58 C'était le cas dès 2017.
05:00 Et puis le feu d'artifice, c'est au lendemain de 2022, quand vous avez un gouvernement
05:07 dans la même année qui fait la réforme des retraites, la réforme de l'assurance-chômage,
05:12 conditionne le bénéfice du RSA à des heures d'activité, continue à mettre à mal l'hôpital
05:18 public, laisse les EHPAD et tout le secteur du grantage dans une difficulté comme on
05:23 en a rarement vu et on termine par la loi immigration, c'est-à-dire à la fois sur
05:27 les sujets sociaux et puis sur des sujets d'humanisme, sur des sujets sociétaux, donne
05:32 tous les gages à la droite, voire à l'extrême droite sur la question de l'immigration,
05:38 alors la promesse du "en même temps".
05:39 Et Gabriel Attal, comme disait Agathe, il vient de la gauche, il a été au Parti Socialiste
05:43 comme vous, ça veut dire qu'il n'aurait plus rien de gauche, parce que si on fait
05:45 les comptes, il y a effectivement 8 sur 14 qui sont passés par l'UMP et la Sarkozy,
05:50 mais ça veut dire que dans le lot vous en avez quand même 6 qui viennent d'autres
05:54 horizons.
05:55 Et de toute la sympathie personnelle que je peux avoir pour Gabriel Attal, il faut qu'on
05:58 torde le cou une bonne fois pour toutes à cette entourloupe qui consisterait à dire
06:02 que la nomination de Gabriel Attal serait un signal envoyé à la gauche.
06:06 Gabriel Attal a fait le choix en 2017 de rejoindre l'aventure autour d'Emmanuel Macron et il
06:13 a assumé toutes celles des décisions que je viens de vous mentionner.
06:15 Et donc on ne peut pas se revendiquer de l'héritage de la gauche quand on fait la réforme des
06:20 retraites et qu'on lève un impôt supplémentaire sur la vie de deux ans sur l'ensemble de
06:24 nos concitoyens.
06:25 On ne peut pas se revendiquer de l'héritage de la gauche quand on fait la réforme de
06:30 l'assurance chômage, quand on décide la politique fiscale qui consiste à appauvrir
06:36 l'Etat et à priver les services publics essentiels, ceux de la santé, ceux de l'hôpital, ceux
06:40 de l'accompagnement des personnes âgées ou des personnes en situation de fragilité.
06:45 On ne peut pas se revendiquer de l'héritage de la gauche quand on a une politique aussi
06:49 vide en matière de logement qui est le sujet de préoccupation premier de nos concitoyens.
06:53 On est en cœur de l'hiver, on a que ce soit en termes de logement social, en termes d'hébergement
06:58 d'urgence, tous les acteurs du secteur qui continuent à pousser des cris d'alarme.
07:03 Donc l'héritage de la gauche…
07:04 Mais donc si on vous écoute, vous voterez la motion de censure que déposeront les insoumis
07:08 si jamais Gabriel Attal ne se soumettait pas à un vote de confiance à l'Assemblée ?
07:11 Alors d'abord sur ce point-là, vous avez raison d'attirer l'attention.
07:14 Vous voyez, je suis parlementaire, nous sommes samedi, le Premier ministre a été nommé
07:19 dans le courant de la semaine et je ne sais toujours pas à quel moment ce Premier ministre
07:23 va faire un discours de politique générale.
07:25 Et voyez-vous, dans le fonctionnement démocratique, quand on nous a raconté, c'est beaucoup
07:30 de storytelling, mais malheureusement la politique ce n'est pas une série Netflix, c'est le
07:34 vrai quotidien des gens, quel est le sens de ce remaniement ? Pourquoi ce remaniement
07:38 a été fait ? Quel est le changement d'orientation ? Quel est le changement de braquet ? Donc
07:43 normalement, c'est un discours de politique générale et on doit le faire devant le Parlement
07:46 qui est l'expression souveraine de la volonté populaire.
07:49 Et au moment où je vous parle, on nous dit peut-être que lundi il y a un discours de
07:52 politique générale, peut-être qu'il sera repoussé à la semaine d'après.
07:56 Et là, je vois se reproduire ce qui a été la faillite, l'échec premier d'Elisabeth
08:00 Borne.
08:01 Dans un contexte de majorité relative, on n'a pas la présentation d'un discours de
08:06 politique générale.
08:07 On passe à la suite, au lieu de la censure des insoumis, la motion de censure, vous l'avez
08:08 votée ou pas ?
08:09 Évidemment, s'il y a un discours de politique générale et qu'il est soumis au vote de
08:15 confiance, eh bien nous votons contre.
08:17 Et s'ils n'ont pas le courage, s'ils n'ont pas le courage de soumettre à ce vote de
08:23 confiance, nous déposerons, ou en tout cas nous soutiendrons ce que nous appelons une
08:26 motion de défiance.
08:27 C'est le seul moyen pour les parlementaires de s'exprimer.
08:30 Et je vous assure que la démocratie, elle a été pas mal abîmée dans l'année qui
08:33 s'est écoulée à coup de 49-3.
08:34 Si c'est pour continuer pareil, tout ça ne sert à rien.
08:37 Et vous vous expliqueriez encore pendant quelques minutes, juste après le Fil-Info de Diane
08:40 Fergitte à 8h41.
08:42 A Taïwan, élection présidentielle en cours dans un contexte de tension.
08:45 Avec la Chine, le réseau social chinois Weibo, l'équivalent du réseau social X, bloque
08:50 un mot-clé lié au scrutin.
08:51 Le mot-clé "élection à Taïwan", l'un des sujets pourtant les plus discutés en ligne.
08:56 La ministre de l'Éducation nationale, Amélie Oudéa Castera, justifie le choix de l'école
09:00 privée pour ses enfants en critiquant l'école publique.
09:03 Elle a évoqué sa frustration devant les heures de cours non remplacées lors des absences
09:07 de professeurs.
09:08 Le problème actuellement, c'est bien le manque d'enseignants, réagit sur France Info
09:12 La PEP, la principale fédération de parents d'élèves dans le public.
09:15 Maintenant que la ministre a dit ça, souligne la PEP, elle a intérêt à changer les choses.
09:20 Une enquête ouverte après plusieurs plaintes déposées dans l'affaire des huîtres contaminées
09:25 du bassin d'Arcachon.
09:26 Elles ont provoqué des intoxications alimentaires massives.
09:29 Pendant les fêtes, la première de ces plaintes a été déposée par une association de défense
09:33 des eaux du bassin d'Arcachon contre le syndicat intercommunal qui gère le réseau d'eau.
09:38 Le coup d'envoi de la Cannes, la Coupe d'Afrique des Nations de football ce soir.
09:42 La compétition se déroule en Côte d'Ivoire.
09:44 Les Ivoiriens qui affrontent la Guinée-Bissau.
09:46 Coup d'envoi à 21h.
09:47 France Info
09:52 Le 8.30 France Info, Agathe Lambret, Jean-Rémi Baudot.
09:56 Toujours avec Jérôme Gage, député socialiste de l'Essence.
09:59 Ce nouveau gouvernement qui penche à droite, vous y voyez une opportunité pour les européennes,
10:04 l'occasion de rallier les orphelins du en même temps ?
10:07 La bonne nouvelle quand même, parce que moi j'ai un tempérament optimiste,
10:11 c'est que ça réhabilite le clivage gauche-droite.
10:14 Moi je pense que la démocratie française, le fonctionnement de nos institutions
10:18 doit sortir de ce grand confusionnisme que justement le macronisme avait introduit,
10:23 le pseudo en même temps.
10:24 Et dès l'instant où le clivage gauche-droite est réhabilité,
10:27 alors la gauche dans sa diversité et le parti socialiste en son sein,
10:33 avec ses partenaires, a une singularité à faire entendre.
10:36 C'est vrai que le prochain rendez-vous politique, ce sont les élections européennes.
10:41 Sur des sujets, parce que vous voyez, on avait entendu la nomination de Gabriel Attal,
10:46 elle est faite pour contrer Jordan Bardella.
10:48 Il y a quelque chose d'un petit peu dérisoire à faire du casting gouvernemental
10:53 en ayant présent à l'esprit non pas la direction du gouvernement de la France,
10:58 il y a la guerre en Ukraine, il y a la crise de l'inflation,
11:01 il y a les difficultés que je mentionnais sur l'accès aux soins,
11:04 c'est ça les vrais sujets de préoccupation.
11:06 – D'ailleurs, est-ce que c'est contre Bardella ou est-ce que finalement
11:09 ce n'est pas plutôt contre Raphaël Glucksmann qui serait une partie de rappeler
11:11 à une partie de la gauche qu'il y a effectivement une partie de la gauche en Macronie ?
11:16 – Mais vous savez, moi j'entends parler de l'aile gauche de la Macronie,
11:20 c'est un peu un oxymore en tous les cas depuis 2022,
11:23 continuer à penser qu'on peut être de gauche et soutenir l'action d'Emmanuel Macron.
11:28 Donc s'il y a encore des égarés ou des gens qui mesurent aujourd'hui
11:32 face au bras d'honneur un peu, qu'est-ce qu'il aurait fait ?
11:34 Parce que voir vraiment l'héritage de Nicolas Sarkozy,
11:38 l'ombre tutélaire de celui-ci dans la formation de ce gouvernement,
11:42 ça doit, je pense, être difficile à digérer pour beaucoup de gens
11:47 qui en effet ont pu avoir une croyance dans l'ancrage ou une partie de la présence…
11:52 – Et donc vous les appelez à se rallier à vous pour les Européens ?
11:55 – En tous les cas, vous disiez que ce serait un signal contre Raphaël Glucksmann,
11:58 ça veut donc dire qu'on a là cette gauche que moi j'appelle de mes voeux,
12:02 c'est-à-dire une gauche qui est à la fois combative et rassurante,
12:06 c'est-à-dire qui a une capacité de s'atteler notamment sur la question européenne,
12:10 qui sont des sujets de préoccupation qui ont des conséquences
12:13 sur le quotidien de nos concitoyens.
12:15 Il ne peut pas y avoir de transition écologique
12:16 si on ne la construit pas avec le soutien de l'Union européenne.
12:19 Il ne peut pas y avoir de lutte contre le dumping social et fiscal
12:23 et donc le soutien à notre industrie, à la souveraineté économique du pays
12:28 si on n'arrive pas à le construire à l'échelle européenne.
12:31 Et c'est cette ligne de crête qu'avec Raphaël Glucksmann
12:34 et qu'avec l'ensemble des socialistes qui participeront à cette ligne,
12:37 à cette liste, nous allons défendre.
12:40 Mais je vous disais, faire un gouvernement avec ces arrière-pensées de politique aérie,
12:46 c'est quand même un peu méprisant pour une certaine conception de la politique.
12:50 La nomination de Rachida Dati, dont la seule motivation
12:53 est de faire un bon coup dans la perspective des élections municipales de Paris,
12:58 au mépris de la politique culturelle dont je ne crois pas que c'est le sujet de préoccupation
13:02 premier de Rachida Dati, enfin tout ça, c'est de la petite tambouille
13:06 qui vraiment agace et c'est un doux euphémisme.
13:09 En ce moment, c'est les cérémonies des voeux pour tous les élus.
13:12 Hier, j'étais à Vissou, dans une des villes de ma circonscription.
13:15 Je peux vous assurer que les gens étaient un peu abasourdis par le décalage
13:19 entre cette impression, je parlais de feuilletonner la politique,
13:23 on fait de la communication gouvernementale, on fait du storytelling,
13:27 comme disent les communicants, mais ça ne fait qu'accroître le décalage
13:31 avec les préoccupations qui sont celles de...
13:35 Hier, on m'a parlé de l'installation d'un médecin dans cette ville
13:39 qui n'en avait plus depuis des années.
13:40 C'est ça les vrais sujets de préoccupation.
13:41 Or, le législateur ou le gouvernement, c'est des sujets malheureusement
13:44 qu'il a délaissés depuis des années.
13:48 Autre sujet de préoccupation, Jérôme Gage, l'immigration.
13:50 Une manifestation contre la loi qui vient d'être votée
13:53 aura lieu demain à l'appel des syndicats, d'associations de partis.
13:56 - Une autre le dimanche 21, vous y serez ?
13:58 - Évidemment. - Et pourquoi ?
14:00 - Parce que... - Parce qu'elle a été votée, la loi ?
14:02 - Oui, mais attendez, ce qui s'est passé fin décembre,
14:05 c'est mon président de groupe Boris Vallaud qui l'a joliment écrit
14:09 dans un texte publié par la Fondation Jean Jaurès,
14:11 c'est un point de bascule du quinquennat parce que, vous savez,
14:15 moi j'ai voté pour Emmanuel Macron pour empêcher Marine Le Pen
14:20 de devenir présidente de la République.
14:22 Et donc me retrouver 18 mois après, avec le coeur du programme
14:25 du Rassemblement National, dans une loi présentée par ce gouvernement,
14:30 c'est proprement insupportable.
14:32 Entendre les lieutenants de Marine Le Pen ou elle-même dire
14:34 que c'est une victoire idéologique, en déroulant le tapis rouge
14:38 aux thématiques de l'extrême droite, et en plus, dans une inefficacité
14:43 pour répondre aux enjeux des politiques migratoires.
14:46 Il faut répondre aux enjeux des politiques migratoires,
14:49 mais pas dans cette logique de stigmatisation,
14:51 d'inefficacité des politiques publiques.
14:53 Et en remettant en cause, je termine sur ce point,
14:56 vous alliez parler du Conseil constitutionnel,
14:59 ils commettent là une erreur terrible ce gouvernement,
15:02 parce que le Conseil constitutionnel, je le souhaite,
15:04 on a rédigé un recours très costaud,
15:07 notamment sur ces questions de préférence nationale.
15:10 - Décision le 25 janvier. - Décision le 25 janvier.
15:13 - Les allocations qui seraient versées après une durée
15:15 de présence plus longue pour les étrangers.
15:17 - Mais on parle des étrangers en situation régulière.
15:21 On parle par exemple des médecins étrangers
15:23 qui font tourner les services d'urgence dans nos hôpitaux.
15:26 On parle de tous ces salariés du secteur de la logistique,
15:30 du secteur de l'aide à domicile,
15:32 de l'accompagnement des populations vulnérables.
15:34 Et donc pour ces salariés qui cotisent à la sécurité sociale,
15:37 on va leur dire, désormais, il faut que vous ayez
15:40 au moins 30 mois d'activité professionnelle
15:42 pour pouvoir bénéficier des allocations familiales
15:44 ou de la prestation d'accueil du jeune enfant
15:46 pour faire garder votre enfant en crèche.
15:48 Vous vous rendez compte que donc là,
15:50 il y a proprement le principe de préférence nationale
15:52 et donc le Conseil constitutionnel, je l'espère,
15:54 va censurer cette disposition.
15:56 Mais à ce moment-là, on va avoir un autre problème
15:58 parce qu'on va donner le point à tous ceux à droite
16:01 et à l'extrême droite qui considèrent
16:03 que donc le problème, c'est la Constitution.
16:05 Et donc je vous donne mon pari aujourd'hui
16:09 que si le Conseil constitutionnel censure,
16:12 alors toute l'année qui suit va tourner autour du débat,
16:16 il faut réformer la Constitution
16:18 pour notamment introduire des quotas migratoires,
16:21 permettre de déroger aux traités internationaux
16:23 qui protègent le droit à la vie familiale normale.
16:26 Et donc on va, là aussi, alimenter le programme
16:30 du Rassemblement national.
16:31 C'est donc une faute, c'est pour ça que c'est un vrai point de bascule
16:33 et c'est pour ça que la gauche dans sa diversité,
16:36 la gauche sociale, la gauche associative,
16:38 la gauche politique, la gauche syndicale,
16:40 elle peut aussi se rassembler sur un sujet comme celui-ci.
16:44 Ça fait partie du renouveau de cette gauche laïque,
16:48 universaliste, républicaine,
16:50 attachée aux questions sociales, attachée aux questions écologiques.
16:53 C'est exactement ce qu'on est en train de faire
16:56 au Parti socialiste, avec Olivier Faure
16:58 et avec l'ensemble de ceux qui considèrent
17:00 qu'on a un rôle éminent à jouer dans cette reconstruction de la gauche
17:03 dans la perspective de 2027.
17:04 Il y aura donc des manifestations contre la loi immigration,
17:07 notamment demain et la semaine prochaine.
17:08 Merci beaucoup, Jérôme Gage.