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00:00 [Musique]
00:05 De retour sur le plateau du Grand Talk avec notre grand dossier.
00:08 En France, au moins 2 822 enfants sont à la rue, dont presque 700 ont moins de 3 ans.
00:13 Pourquoi ? Pourquoi l'hébergement d'urgence est-il en panne en France et dans nos régions, dans nos territoires ?
00:19 Y a-t-il des solutions, éléments de réflexion et peut-être quelques réponses, on l'espère ?
00:22 Avec nos invités, je vous présente Guilhemette Rabin. Bonjour.
00:26 Bonjour.
00:26 Vous venez de la préfecture à la direction départementale de l'Emploi, du Travail et des Solidarités d'Indre-et-Loire.
00:32 À vos côtés, Charles Fournier, député d'Indre-et-Loire. Bonjour.
00:34 Bonjour.
00:35 Merci d'être avec nous encore aujourd'hui.
00:37 Et face à vous, Émilie Gey. Je prononce bien ?
00:40 Gey.
00:40 C'est ça. C'est ça. Membre du collectif Pas d'enfant à la rue 41.
00:44 Alors, quelques chiffres pour commencer.
00:46 Mickaël, je n'ai pas dit, Mickaël Texier est toujours avec nous.
00:49 Toujours présent.
00:49 Mais oui, elle va m'assister, bien entendu, dans cette... qu'on va co-animer cette partie.
00:55 Plus 48 % d'appels aux 115 en deux ans en Indre-et-Loire.
01:00 Des appels qui concernent de plus en plus des familles.
01:02 Regardez cet extrait d'un reportage de TV Tour Val-de-Loire.
01:05 On est à peu près obligés de refuser la mise à l'abri des personnes environ entre 140 et 160 personnes.
01:15 Nous sommes arrivés, malheureusement, en octobre, à un niveau inédit sur notre département de 200 personnes,
01:24 dont des enfants.
01:26 Voilà, on le voit à Tours comme à Blois.
01:28 Des collectifs d'enseignants et des parents d'élèves hébergent des enfants dans les écoles.
01:33 Et ils somment l'état d'agir.
01:35 Émilie Gey, vous, vous venez de Blois.
01:38 Vous faites partie du jeune collectif Pas d'enfant à la rue 41.
01:41 Dans la classe de CP de l'un de vos enfants, il y a un camarade de 6 ans.
01:45 Et ce camarade de 6 ans, il est à la rue avec sa famille.
01:47 Comment vous le découvrez ?
01:49 Comment est-ce que, finalement, cette information arrive jusqu'à vous, parent d'élève de la classe ?
01:53 Alors, on le découvre un peu par hasard.
01:55 On a été interpellé fin septembre par l'un des instituteurs,
01:59 qui nous a dit "ben voilà, dans ma classe, j'ai une petite fille qui vit à la rue avec sa maman,
02:06 ses trois frères et soeurs, et ça, ça datait de mi-août,
02:09 parce que le dernier de la fratrie avait eu 3 ans mi-août.
02:11 Et donc voilà, qu'est-ce qu'on fait ?
02:13 Et nous, en tant que parents, le soir, on est sur le trottoir,
02:18 on rentre chez nous avec nos enfants, on va au show.
02:20 Et ça dans la tête.
02:21 Et puis, on regarde les enfants partir et on se dit "et eux, où ils vont dormir ?"
02:25 Donc on a décidé à Blois de ne pas fermer les yeux et de se mobiliser pour ces familles.
02:30 – Mais ça me paraît incroyable qu'un instituteur, je me tourne un peu vers vous, Guy Hymet,
02:35 puisque un instituteur va alerter les parents d'élèves.
02:38 Comment se fait-il qu'un relais ne soit pas pris, même avant ça,
02:41 avant qu'un instituteur s'en soucie et alerte des parents d'élèves ?
02:45 – Alors, il y a des relais qui peuvent être pris,
02:47 mais peut-être que le 115 n'est pas suffisamment connu.
02:50 Donc le 115, c'est notre plateforme, la tour de contrôle, j'allais dire,
02:54 pour l'hébergement d'urgence.
02:56 C'est le numéro d'appel gratuit qui est ouvert tous les jours
03:03 et qui permet aux personnes qui souhaitent avoir un hébergement d'urgence
03:07 au moins de faire part de leur demande.
03:09 Mais effectivement, il y a des familles qui ne le connaissent pas, pas encore.
03:14 Et puis, on a aussi la question de la saturation de notre parc et de l'occupation.
03:19 – Bien entendu, ça c'est quelque chose sur lequel on va revenir.
03:22 – Alors, c'est vraiment ça à Blois, parce que c'est des familles
03:25 qui sont quand même là pour celle-là repérer.
03:28 – D'accord. – Et elles sont suivies.
03:29 – Il n'y a pas de solution.
03:30 – Mais il n'y a aucune solution.
03:31 Tous les leviers institutionnels avaient été tirés, mais seulement pas de solution.
03:37 Donc il a fallu aller plus loin et on s'est dit qu'une démarche citoyenne
03:41 pouvait éventuellement être complémentaire, en tout cas s'imposer dans ce cas-là.
03:45 Alors, cette petite fille, ce n'est pas la seule,
03:46 on parle de 33 enfants à la rue et à Blois, seulement à Blois.
03:50 Ces deux dernières semaines, le collectif Pas d'enfants à la rue 41 a réussi,
03:53 vous avez réussi cette mission, de mettre 13 enfants et 5 parents à l'abri.
03:58 Alors, bien sûr, on se dit, ce n'est pas assez,
04:00 j'imagine que c'est ce que vous vous dites vous, en tout cas,
04:02 mettre des familles à l'abri lorsque ce n'est pas notre métier,
04:05 lorsque l'on n'est pas dans une structure, on ne sait pas comment faire.
04:10 Simplement par solidarité, par fraternité, par valeur de cœur,
04:14 j'ai envie de dire, comme vous l'avez fait là.
04:15 Comment vous avez fait, là où les services sociaux vont échouer,
04:19 comment vous, vous avez débrouillé l'histoire
04:21 pour arriver à mettre ces 13 enfants à l'abri ?
04:24 – Alors, il y a plusieurs choses.
04:26 Il y a d'abord, très rapidement, le collectif s'est constitué
04:31 et a sollicité les acteurs institutionnels à demander des rendez-vous.
04:35 Et c'est par ce biais-là que la ville de Blois a été la première à tendre la main
04:39 et le chiffre que vous évoquez de 13 enfants,
04:43 c'est parce que la ville de Blois a débloqué un logement pour ses familles.
04:48 Ça, c'est la première chose.
04:50 Et puis la deuxième chose, c'est aussi, on a lancé un grand mouvement de solidarité,
04:55 on a fait des collectes de vêtements, on essaye de créer un réseau de solidarité
04:59 et c'est vraiment une chaîne de solidarité qui s'est mise en œuvre
05:03 et le collectif prend aussi parfois à sa charge,
05:05 pour des familles qui n'ont pas de solution,
05:07 des nuits d'hôtel payent des nuits d'hôtel.
05:09 Et il y a une chose qui est très importante et que je pense qu'il faut le souligner,
05:14 à Blois c'est un collectif citoyen, ça n'est pas un groupe politique.
05:18 Et l'objectif du collectif, c'est de mettre à l'abri les enfants.
05:24 C'est la seule et unique ambition.
05:26 À partir du moment où il n'y aura plus d'enfants à la rue,
05:29 le collectif disparaîtra.
05:31 Donc c'est vraiment ça et je pense que c'est important de le présider pour éviter la confusion.
05:36 C'est vrai, mais c'est ce qu'avaient dit les Restos du Coeur au départ.
05:39 On fait juste ça au début et puis quand c'est fini on arrête et puis on voit aujourd'hui.
05:42 Vous étiez 550 devant la préfecture de Loire-et-Cher l'année dernière,
05:45 qu'est-ce que vous avez demandé ?
05:47 Concrètement, le collectif a bien conscience des réalités de terrain,
05:50 de la situation des structures d'urgence, des compétences des uns et des autres,
05:54 mais une fois qu'on a dit ça, il reste quand même des enfants à la rue.
05:57 Donc c'est inacceptable.
05:59 Ce que demande le collectif, c'est un geste, même symbolique des acteurs institutionnels,
06:04 d'aller par solidarité au-delà des compétences et de répondre à cette question de dignité.
06:09 Et la France a signé la Convention des droits de l'enfant en 1989.
06:15 Dans cette convention, il est stipulé qu'avoir un toit est un droit.
06:19 Le collectif demande l'application du droit.
06:22 – Oui, ok. Michael ?
06:24 – Guy Métrabain, la mise à l'abri, c'est donc une mission qui revient à l'État,
06:28 via le 115, qui doit répondre de manière inconditionnelle à la détresse.
06:32 Le nombre de demandes non pourvues en Indre-et-Loire est en forte hausse,
06:35 plus 94% en 2 ans. Comment vous l'expliquez ?
06:39 – Alors on l'explique par des arrivées de nouvelles personnes.
06:45 Pendant des années, le nombre de personnes qui sollicitaient le 115 est resté très stable.
06:51 Et effectivement, depuis 2 ans, on voit de plus en plus, et même là,
06:55 depuis même cet été, le nombre de personnes qui sollicitent à nouveau le 115
07:01 continue d'augmenter. Et ce que je voulais signaler aussi,
07:04 c'est que la caractéristique des personnes qui sollicitent le 115 a changé aussi.
07:09 On était plus sur des demandes, anciennement, plutôt des hommes seuls.
07:13 – Des personnes isolées. – Voilà, des personnes isolées.
07:16 Et maintenant, ce sont des familles, y compris des familles nombreuses
07:19 avec des enfants petits.
07:21 – Ça veut dire que l'État ne peut plus répondre à la détresse aujourd'hui,
07:24 ne peut plus répondre à sa mission.
07:26 – En tout cas, clairement, sur le parc dont on dispose,
07:31 le nombre de places qui est le nôtre actuellement, il est clairement insuffisant
07:35 par rapport à ces nouvelles demandes.
07:38 Donc on recherche d'autres solutions, que j'évoquerai peut-être tout à l'heure,
07:42 mais effectivement, le constat, je le fais également,
07:45 on a des demandes non pourvues, faute de places disponibles
07:49 dans notre dispositif d'hébergement d'urgence actuellement.
07:53 – J'ai envie de prendre votre réaction, Charles Fournier,
07:55 puisque j'ai vu que vous n'aviez pas tout à fait l'air d'abonder.
07:59 – Non, mais je comprends totalement Mme Rabin, qui est dans sa responsabilité,
08:03 qui respecte ce qu'on attend d'elle comme fonctionnaire de l'État,
08:07 mais je veux lui dire qu'évidemment, en l'État actuel, on ne peut pas faire mieux.
08:12 Mais c'est cet État actuel qu'il faut changer.
08:14 – C'est ça.
08:15 – Et cet État actuel, on peut le changer assez simplement.
08:17 Nous avions demandé, au budget 2024, 10 000 places d'accueil d'urgence supplémentaire.
08:22 Ça fait 160 millions d'euros.
08:24 L'année dernière, l'État, en matière d'hébergement d'urgence,
08:26 a dépensé 3,1 milliards, alors qu'il n'avait prévu que 2,8 milliards.
08:31 Et bien cette année, il planifie 2,9 milliards,
08:33 c'est-à-dire moins que ce qu'on a dépensé l'année dernière.
08:35 Et voyez, l'écart entre 2,9 et 3,1 milliards,
08:39 c'est plus que les 160 millions qui permettraient de créer 10 000 places en France.
08:42 10 000 places en France, ça réglerait le sujet.
08:45 Ça ne le réglerait pas profondément, ça réglerait la situation intolérable
08:48 dans un pays qui a une législation basée sur la protection de l'enfant.
08:52 Ce sont des enfants.
08:54 Peu importe leur situation, ces enfants sont à la rue, une quarantaine à tour.
08:57 Nous ne pouvons pas banaliser cette situation.
08:59 Et ça, il faut une réponse concrète.
09:01 Et c'est parce qu'il n'y en a pas aujourd'hui, parce qu'on banalise ça,
09:04 parce qu'on commence à trouver des explications dans la saturation, les chiffres.
09:08 Le 115 à tour, ce n'est pas partout.
09:10 Il y a une rotation les mardis, vous savez.
09:12 Donc vous avez eu un hébergement pendant un temps,
09:15 mais le mardi d'après, on va peut-être vous dire,
09:17 vous n'êtes plus tellement prioritaire, parce qu'il y a un plus prioritaire que prioritaire.
09:20 Et donc on retourne à la rue.
09:22 Ça, ce n'est pas une situation qui est acceptable.
09:24 Et je sais que c'est partagé par tout le monde ici,
09:26 mais moi, ma responsabilité, c'est de dire qu'il ne faut pas en rester à la situation actuelle.
09:29 – Mais c'est ça qui est un peu étonnant, c'est que les moyens sont là,
09:33 les investissements sont là, le dispositif a doublé en 10 ans,
09:36 tant en nombre de places qu'en financement.
09:39 On est à presque 6 millions sur l'hébergement d'urgence et 15 millions.
09:42 Alors j'ai l'impression qu'on aligne les millions dans l'histoire,
09:44 mais pourquoi est-ce que c'est toujours insuffisant ?
09:46 Est-ce qu'on se trompe de direction pour flécher ces millions, justement ?
09:50 – Alors un, peut-être, il faut dire ça, 10 ans, le préfet a dit, ça a augmenté,
09:55 ça a doublé sur 10 ans.
09:56 Il faudrait parler de l'état de la pauvreté en 10 ans, du développement de la pauvreté.
09:59 C'est quand même un élément, ça s'explique aussi.
10:02 Mais il faut regarder les dernières années.
10:04 Il y a eu une forte augmentation de 9% sur les premières années,
10:07 mais là on est en train de décliner.
10:09 Et ce que projette l'État, c'est de baisser plutôt les dépenses.
10:12 Et aujourd'hui, on risque d'avoir moins de places d'urgence.
10:14 Donc il y a un sujet de ce côté-là.
10:16 Et puis après, effectivement, on a de plus en plus de personnes
10:18 qui basculent dans la pauvreté.
10:20 On a de plus en plus de personnes qui arrivent par les migrations,
10:22 parce qu'on a une situation du réchauffement climatique,
10:25 une situation de conflit dans le monde.
10:26 Ces gens sont là.
10:27 Une fois qu'ils sont là, qu'est-ce qu'on fait ?
10:29 Et malheureusement, on ne s'organise pas pour apporter des réponses.
10:32 Et on est toujours à flux tendu.
10:33 C'est-à-dire qu'on n'a jamais prévu l'accueil
10:35 qui nous permettrait d'être à la hauteur des demandes.
10:37 Et ça, c'est vraiment un problème.
10:38 Et on desserre l'île de France, j'ajouterais juste ça.
10:40 Il va y avoir un effet Jeux Olympiques.
10:42 – On le voit déjà l'effet Jeux Olympiques ?
10:44 – D'après les associations, oui.
10:46 – On va peut-être expliquer pour les téléspectateurs
10:48 ce qu'est l'effet Jeux Olympiques.
10:49 C'est qu'effectivement, dans le cadre de l'accueil des JO de Paris en 2024,
10:53 il va falloir vider les chambres d'hôtels
10:55 qui sont aujourd'hui fléchées vers les hébergements d'urgence,
10:58 on va dire.
10:59 Et que ces gens, il va falloir les accueillir, évidemment.
11:02 Et ils vont partir plutôt sur nos territoires.
11:04 Je vous ai vu réagir aussi à ce que disait notre...
11:07 – Je pense factuellement sur la question des Jeux Olympiques.
11:09 À l'heure actuelle, dans le département d'Indre-et-Loire,
11:12 il y a 45 personnes qui sont passées par le SAS régional
11:15 et qui sont arrivées dans le département.
11:18 Il n'y en a plus que 22 présentes.
11:20 C'est-à-dire que souvent, les hommes seuls, les personnes seules sont reparties.
11:24 Les familles sont restées.
11:26 Donc, on n'est pas, à l'heure actuelle, encore une fois,
11:29 dans un volume qui est gigantesque.
11:31 – Et dans le RIC, vous le constatez aussi ?
11:33 – Oui, les associations font remonter ça aussi.
11:35 Il y a une grande crainte de cet effet Jeux Olympiques.
11:38 Et puis, il y a aussi autre chose, c'est que les chiffres dont nous discutons là,
11:42 ce sont les familles et les enfants qui sont repérés.
11:45 On ne parle pas des invisibles.
11:47 C'est encore autre chose et ça laisse sans doute entrevoir des situations.
11:52 – Le 115, les chiffres du 115 ne sont pas les chiffres de la réalité.
11:55 Il y a le non-recours.
11:57 Il y a tous les gens qui, à force d'appeler trois fois,
11:59 dans la même journée le 115, et de ne pas avoir de réponse,
12:01 finissent par trouver d'autres solutions.
12:03 Il y a toute la solidarité associative citoyenne qui se met en place,
12:06 qui est un palliatif, qui fait que des gens se disent
12:09 "Finalement, je ne passe plus par le 115, parce qu'en plus,
12:11 il faut que j'appelle plein de fois".
12:12 Je vous raconte juste une histoire hier.
12:13 Moi, j'ai une femme enceinte qui était dans ma permanence.
12:16 – Oui, parce que, ça on ne l'a pas dit, mais je redis,
12:18 faute de réponse satisfaisante à la saturation de l'hébergement du Ronsatour,
12:21 vous, votre permanent, Charles Fournier, vous l'avez mis à disposition,
12:24 vous avez accueilli des familles, d'autres députés l'ont fait d'ailleurs depuis.
12:27 – C'est un acte politique.
12:28 – Et donc, vous avez eu des gens, voilà.
12:29 – C'est un acte politique, c'est un acte pour lancer un appel au secours, une alerte.
12:34 Une femme enceinte qui relève du département,
12:37 puisque quand on est une femme enceinte et qu'on a des enfants de moins de 3 ans,
12:40 on relève du département.
12:42 Trois appels dans la journée pour qu'on finisse par dire
12:44 "On va vous payer une nuit d'hôtel au 84 Avenue Grandmont",
12:48 mais personne ne peut l'accompagner.
12:50 Cette femme, elle est libérienne, elle ne parle pas français.
12:53 C'est moi qui l'ai emmenée le soir, qui ai expliqué au 84 pourquoi elle venait là,
12:58 qu'elle allait passer 7 jours ici.
13:00 Vous voyez, il y a un problème.
13:01 C'est une affaire d'argent, mais aussi d'accompagnement,
13:04 de ressources humaines pour accompagner correctement ces situations.
13:06 – Ça, je voulais vraiment insister sur ce point-là,
13:08 parce que souvent on dit "il faut trouver des logements"
13:11 ou "les logements vacants existent".
13:13 Oui, les logements vacants, les logements vides, il y en a.
13:16 En fait, derrière, c'est quelle qualité on apporte sur l'accompagnement.
13:20 Et finalement, ce que l'État finance, ce n'est pas uniquement une mise à l'abri, un toit.
13:24 C'est vraiment un accompagnement social et c'est un métier,
13:26 c'est un vrai métier.
13:28 Et c'est vraiment comment, finalement, on utilise, j'allais dire,
13:34 ce premier contact de la demande d'hébergement d'urgence
13:37 pour apporter une réponse qui soit plus dans la durée.
13:41 – Tout à fait. On arrive à la fin de l'émission, il nous reste encore 2 minutes.
13:44 Mais oui, je sais, ça passe extrêmement vite,
13:46 mais le sujet est très riche.
13:48 Vous dites "c'est un métier".
13:49 J'ai envie de me tourner vers vous, Émilie.
13:51 C'est un métier que vous n'avez jamais appris,
13:53 vous l'apprenez sur le tas, là, et vous n'allez pas en faire votre métier, justement.
13:56 L'idée, c'est de compenser le fait de ne pas avoir de solution.
13:59 – Oui, et on est extrêmement vigilants dans le collectif
14:03 parce que nous ne sommes pas travailleurs sociaux,
14:05 donc on s'interroge en permanence,
14:07 est-ce qu'on fait bien, est-ce qu'il faut faire ça,
14:09 qu'est-ce qu'il faut faire, est-ce que ce n'est pas ça ?
14:11 Ce sont des familles qui ont des parcours extrêmement difficiles,
14:14 qui ont été surexposées, qui vivent une tension liée à leur situation,
14:18 parce qu'en effet, là, on leur offre un toit,
14:20 et demain et après-demain, qu'est-ce qu'on va faire ?
14:22 Donc on est aussi un peu vigilants pour nous-mêmes
14:24 parce qu'on est submergés parfois par ces situations,
14:30 donc on est vigilants à tout point de vue.
14:33 – Est-ce que l'État, aujourd'hui, en Indre-et-Loire,
14:35 parce que vous représentez l'État en Indre-et-Loire,
14:37 a une solution à proposer face à cette urgence qui apparaît,
14:41 qui est prégnante en fait ?
14:43 – Alors, on a mis beaucoup de chantiers en route depuis cet été,
14:48 où effectivement la situation s'est aggravée,
14:51 mais j'entends l'urgence qui est évoquée.
14:56 Après, ce sont des chantiers qui peuvent prendre plus de temps
14:59 que ce que les personnes attendent.
15:01 – Le fan.
15:02 – Par exemple, on travaille avec les associations,
15:04 notamment pour, j'allais dire,
15:07 accompagner plus vite vers le logement des personnes
15:10 qui sont prêtes à y accéder, pour libérer des places,
15:13 pour libérer des places pour les personnes
15:16 qui sont en attente de places d'hébergement.
15:18 On travaille aussi avec la ville de Tours,
15:21 même avec le conseil départemental aussi,
15:24 pour imaginer un dispositif, notamment pour les femmes enceintes
15:27 et femmes avec enfants, qui permettrait un continuum de la prise en charge.
15:31 Mais ça, effectivement, nous on dépend aussi des finances qui…
15:34 – Les détails au maximum, quand il y a un plan grand froid
15:37 qui est déclenché par exemple, et il y a des places d'ouverture…
15:40 – Sur la période hivernale, oui, on a…
15:44 – Est-ce qu'il ne faut pas anticiper justement le déclenchement de ces plans ?
15:47 – On a commencé. – On aura des moments aujourd'hui ?
15:49 – Dès la semaine prochaine, on ouvre les places supplémentaires pour les femmes…
15:53 – Mais le plan hiver ne peut pas être satisfaisant.
15:55 – Oui, il est en cours. – Les enfants, qu'ils fassent chaud, froid…
15:59 – Non, la question que je posais, c'est est-ce qu'on ne peut pas anticiper
16:01 l'ouverture d'un plan hiver qui permet de débloquer et d'ouvrir des places
16:04 pour répondre à un certain nombre de situations aujourd'hui qui se posent ?
16:07 – On le fait dès ce week-end, avec des places d'hôtels supplémentaires,
16:10 et à partir du 28, on ouvre les 25 places supplémentaires
16:14 qui sont prévues pour les femmes, les familles avec enfants à l'association Émergence,
16:20 et on se garde aussi la possibilité de mobiliser des gymnases,
16:25 donc avec la ville de Joué-les-Tours ou la ville de Tours,
16:28 mais là c'est quand on sera dans les grands froids, les températures extrêmes.
16:33 – Non mais là, enfin, les fonctionnaires de l'État, les aidants,
16:37 font un travail extraordinaire, et beaucoup sont fatigués.
16:40 – Oui, j'imagine le désarroi… – Vous ne pouvez pas le dire,
16:42 mais moi je peux le dire. – Oui, le désarroi des gens de 815
16:44 qui doivent trier par vulnérabilité, enfin des grades de vulnérabilité.
16:47 – Le désarroi de gérer la pénurie, on est dans un moment où il y a des enfants à la rue,
16:49 moi c'est la question que je posais à la ministre hier dans l'hémicycle,
16:52 où dorment-ils ce soir ? C'est ça la question à laquelle on doit répondre.
16:55 Et on a su faire le quoi qu'il en coûte pour sauver toutes nos entreprises,
16:58 et c'était nécessaire, il y a un quoi qu'il en coûte social sur cette question-là,
17:02 et je suis désolé, ce n'est pas 160 millions, et on peut prendre des places d'hôtels,
17:05 ce n'est pas merveilleux, mais c'est mieux que rien.
17:07 On peut aller utiliser l'hôtel qui est à côté de la gare, vous le savez,
17:10 cet hôtel qui est vide, qui pourrait être tout à fait équipé pour accueillir,
17:13 il y a des solutions, il faut une volonté politique immédiate pour répondre à ça,
17:16 on ne peut pas le tolérer, si on commence à discuter de demain,
17:19 on va y arriver, pas y arriver, on se met dans le rouge,
17:21 et on banalise une situation inacceptable.
17:23 – Merci beaucoup à tous les trois d'avoir participé à ce débat,
17:26 c'est la fin de cette émission, merci beaucoup à Emilie aussi,
17:29 c'est la fin de cette émission, merci de nous avoir suivis.
17:31 Jeudi prochain c'est "Un mois dans les médias"
17:33 que vous retrouverez avec Mickaël Texier, le décryptage de notre fabrique de l'info locale.
17:38 Et puis c'est donc dans deux semaines que vous retrouverez avec plaisir
17:41 Aurélie Renaud dans un nouveau numéro du Grand Talk.
17:43 Je vous souhaite une excellente fin de journée sur TV TOUR Val-de-Loire.
17:46 Au revoir.
17:47 [Musique]

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