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00:00 De retour sur le plateau du Grand Hall que vous avez sûrement vu énormément de reportages sur Emmaüs lors des grandes ventes annuelles par exemple sur notre antenne.
00:12 Mais connaissez-vous vraiment le fonctionnement d'Emmaüs Tourenne ? Cette semaine nos invités vivent dans la communauté d'Evre sur Indre et puis nous racontent leur quotidien.
00:21 Bienvenue à tous en tout cas sur le plateau. C'est vrai que d'habitude c'est plutôt nous qui allons vous voir et aujourd'hui je suis ravie de vous recevoir ici.
00:29 Honneur aux dames. Bonjour Aurélie. Bonjour. Aurèle pardon. Aurélie c'est moi. Aurélie Gacmény. Vous êtes compagne d'Emmaüs, responsable entre autres du standard.
00:39 En tout cas c'est ce qui vous occupe depuis un an et demi. Ali Berighi bonjour. Bonjour. Celui qui a dit qu'il ne voulait pas beaucoup parler mais vous êtes là.
00:47 Donc il va falloir vous y coller. Vous êtes compagnon d'Emmaüs. Ripper. Depuis deux ans au sein d'Emmaüs. Thierry Richard bonjour. Bonjour.
00:55 Compagnon d'Emmaüs également. Chauffeur depuis cinq ans. Bienvenue sur le plateau. Et puis Éric Rognat, co-responsable de la communauté d'Emmaüs-Touraine.
01:04 Donc le site d'Evre sur Indre. Bienvenue à tous sur le plateau. On le disait en deuxième partie d'émission. Il y a bientôt un film qui sort sur la baie Pierre.
01:13 La grande collecte a eu lieu il y a quelques jours sur le site d'Evre sur Indre. Alors c'était pour nous l'occasion d'en savoir un peu plus sur la communauté.
01:20 Déjà peut-être Éric, combien de personnes vivent comme Morel, Thierry et Ali sur la communauté d'Evre ?
01:28 On accueille 65 personnes à Evre sur Indre et 15 à Chineau. Donc Emmaüs-Touraine au total ça a une capacité de 80 personnes.
01:34 Ce qu'il faut qu'on comprenne c'est qu'il y a sept magasins mais derrière chaque magasin il n'y a pas une communauté qui vit. C'est seulement sur les deux sites dont vous parliez.
01:41 Non parce qu'en Indre et Loire on a fait le choix aussi d'être plus près des villes et de la population. Donc n'ayant pas la capacité de créer des centres d'accueil partout,
01:53 on a fait le choix d'aller juste avec des magasins de dépôt et de vente pour que les populations de Joueletour, de Tournor, etc. puissent avoir accès à nos salles de vente.
02:03 Alors Morel vous avez 26 ans, vous êtes arrivée à Evre il y a environ un an et demi. Vous pouvez justement nous expliquer, vous êtes un peu la voix d'Emmaüs,
02:11 c'est-à-dire si j'appelle je tombe forcément sur Morel. Quel est votre travail au sein de la communauté ?
02:18 C'est vrai que quand on arrive à Emmaüs on se balade, on fait à peu près tous les stands possibles. Après avec les responsables ils choisissent pour nous quelque chose où on va vraiment s'épanouir.
02:29 Et donc du coup j'en ai fait quelques-uns et puis j'ai fini au standard. Mon rôle chaque matin jusqu'au soir c'est de répondre aux téléphones, aux appels et demandes des uns et des autres.
02:42 Pour savoir par exemple si le magasin est ouvert, à quelle heure, etc. Également pour prendre des rendez-vous parce que c'est au standard que se fait,
02:51 les personnes à paix ils ont des choses à donner donc ils nous contactent et moi j'organise les rendez-vous, j'organise les camions en fait.
02:59 Quel camion doit aller à Tours, quel camion va aller par exemple à Cormerie, etc. Et puis aussi mon travail c'est de répondre, gérer les mails qui entrent.
03:10 On a aussi des demandes par mail et tout ça et pas seulement des demandes de ramasse, il y a aussi des demandes d'entraide faites par des personnes qui sont dans une situation plus ou moins précaire
03:19 et qui voudraient qu'Emmaüs les assiste un peu pour soit se reloger, etc.
03:23 C'est très ample comme poste, est-ce que vous aviez eu ce genre de fonction avant quand vous étiez au Cameroun peut-être ?
03:30 Non pas du tout mais j'aime bien être au contact des gens, j'aime bien parler, j'ai à peu près une petite patience.
03:37 Donc au final on te forme quelques temps et on te lance on va dire dans la cage au lion et tu t'adaptes.
03:44 Alors vous êtes arrivée à Paris en fait, quand vous avez quitté le Cameroun, vous avez passé quelques temps là-bas, c'était compliqué.
03:53 Pas de lieu fixe et puis c'est votre tante qui va vous parler d'Emmaüs, c'est ça ?
03:58 Oui c'était assez compliqué, t'as pas vraiment où dormir, c'est une longue période, tu changes de maison.
04:05 Et puis c'est une tante, on n'a pas de lien familial, généralement en Afrique on va dire un tonton, une tata.
04:13 Et puis elle m'en a parlé et je me suis dit j'ai pas d'accroche à Paris.
04:18 Vous étiez seule ?
04:19 Exactement, donc j'ai dit pourquoi pas, en plus ça me fait découvrir la Touraine grosso modo.
04:24 Vous connaissiez le système Emmaüs ?
04:27 Non pas du tout, c'était une grande première pour moi.
04:30 Donc quand on arrive, le premier jour on se dit j'ai un toit, j'ai à manger, j'ai quelque chose de fixe, c'est ça ?
04:39 Qu'est-ce qu'on se dit le premier jour quand on arrive ?
04:42 On espère qu'on va nous retenir déjà, qu'il y ait une place parce que c'est aussi ça, il faudrait qu'il y ait des disponibilités pour qu'on vous accueille.
04:48 Mais il y a ce soulagement là de oui, on a vraiment un toit, une place, une sorte de stabilité en fait qui commence à se créer petit à petit.
04:58 Et puis voilà, on est soulagé.
05:00 Ça fait un an et demi que ça dure.
05:02 On parle Thierry, Ali d'un accueil sans conditions, c'est-à-dire on va y revenir avec vous Henrik.
05:09 Vous vous souvenez Thierry du jour où vous êtes arrivé chez Emmaüs ?
05:13 Moi c'est une personne du récit du coeur qui m'a emmené.
05:16 Et la première personne que j'ai rencontrée c'est toi.
05:21 Et le soir même t'as eu Laurent qui est venu.
05:25 L'ancien responsable de la communauté.
05:27 Vous, vous étiez dans quelle situation Thierry ?
05:30 Je dormais dans ma voiture.
05:32 Vous dormiez dans votre voiture.
05:33 Voilà.
05:34 Et puis c'est le monsieur du récit du coeur, Yves, qui me dit "écoute, je vais marre, viens avec moi, je t'emmène chez Emmaüs".
05:42 Et puis voilà, je suis arrivé.
05:44 Vous n'aviez pas pensé à Emmaüs, vous connaissiez ?
05:46 De nom oui, mais je n'avais pas du tout pensé à Emmaüs.
05:51 Et donc voilà, je suis arrivé il y a à peu près 5 ans.
05:55 Peut-être pas 5 ans, bientôt.
05:58 Et puis je suis très content.
06:00 Je suis contenu à REC.
06:01 Vous, c'est ça, c'est pas un tremplin pour vous ?
06:04 Non, mais j'aurais voulu connaître Emmaüs avant.
06:07 Peut-être que je serais rentré avant.
06:09 D'accord.
06:10 Vous étiez plombier chauffagiste précédemment.
06:13 Aujourd'hui vous êtes chauffeur chez Emmaüs.
06:16 Et pour vous c'est un métier, c'est presque une mission ?
06:19 Non, c'est plutôt, on va dire, une vocation.
06:22 Une vocation.
06:23 Qu'est-ce qui vous dit "je suis Emmaüs" ?
06:27 Oui, parce que sans les compagnons, il n'y a pas d'Emmaüs.
06:32 Et sans Emmaüs, il n'y a pas de compagnon.
06:35 C'est des donateurs.
06:37 Donc voilà.
06:38 Vous faites équipe avec Ali ?
06:40 Oui.
06:41 Ali, vous, vous êtes ripper ?
06:42 Oui.
06:43 Pas rappeur, ripper.
06:44 Non, ripper.
06:45 On verra une autre fois.
06:47 Quoique.
06:48 Quoique, ah d'accord, ça on verra plus tard.
06:50 On fait le ramasse chez les clients.
06:51 Après qu'Orel ait pris le rendez-vous.
06:56 Voilà, il prend le rendez-vous.
06:57 On passe avec les camions.
06:58 On était deux repères avec le chauffeur.
07:00 Et du coup on fait la livraison aussi, en même temps.
07:04 Et ça a été, ça va.
07:06 Pour le moment on était bien.
07:09 Il faut quand même avoir la forme, aller chercher.
07:13 Souvent c'est pas pour des petits meubles qu'on vous appelle,
07:15 c'est pour des choses un peu...
07:16 Voilà, c'est des objets comme des meubles, électro.
07:19 Pourtant vous faisiez pas du tout ça.
07:22 Vous étiez responsable d'une plateforme téléphonique,
07:26 dans les assurances, je crois, précédemment.
07:29 C'est ce que vous faisiez comme métier ?
07:32 Pour moi ?
07:33 Oui.
07:34 Avant ou...
07:35 Avant, dans votre vie précédente, avant Emmaüs,
07:38 vous faisiez quoi comme métier ?
07:39 Avant j'ai travaillé comme comptable,
07:42 chef de section recouvrement.
07:44 Un chef de service de recouvrement, d'accord.
07:46 Je suis passé, mais c'est pas ici, c'est en Algérie.
07:49 Oui.
07:50 Un métier de 15 ans en service, parce que j'ai l'âge de 47 ans déjà.
07:54 Oui.
07:55 Et le temps ça passe vite.
07:57 Oui.
07:58 Et j'ai rentré sur le territoire national français,
08:04 c'est le 10 juin 2015.
08:08 J'ai passé 6 ans à droite et à gauche.
08:11 C'est pas facile pour trouver la place.
08:13 Et après, j'ai passé à Croix-Rouge,
08:17 et l'assistant social m'a proposé que...
08:20 D'aller chez Emmaüs.
08:21 Voilà.
08:22 Et le premier jour, j'ai été accueilli par Henrik.
08:26 Henrik, oui.
08:27 Voilà, il était malade.
08:29 Et j'ai parlé avec lui.
08:32 Et aujourd'hui vous êtes...
08:34 Voilà, et aujourd'hui je suis là.
08:35 Henrik, on parle d'un accueil sans conditions,
08:38 ça veut dire quoi ?
08:40 Je crois qu'il y a même cette phrase, "Viens, repose-toi, mange".
08:43 Oui, c'est ce qu'on offre le premier jour.
08:45 Là, quand j'écoute, ça me rappelle aussi des souvenirs.
08:49 Le premier soir, même quand on n'a pas de place
08:52 pour accueillir sur un long terme les personnes,
08:54 il y a toujours un moment où on se dit,
08:56 "Viens, repose-toi, mange, dors,
08:59 et puis on verra le lendemain ta situation
09:01 et comment nous on peut t'aider".
09:03 Donc nous, bien naturellement, c'est un accueil inconditionnel,
09:07 mais qui doit respecter les 65 places disponibles.
09:11 Si on le va au-delà de 65,
09:14 ce n'est pas possible pour nous, ça ne marche pas.
09:16 D'accord.
09:17 Aujourd'hui, les 65 places sont prises ?
09:19 Malheureusement, la plupart du temps, les 65 places sont prises.
09:22 Et dès qu'il y en a une qui se libère,
09:23 on va dire qu'elle est occupée avant qu'elle se libère.
09:26 Il y a aussi cette condition, c'est que finalement, on peut rester...
09:30 Thierry, vous dites, "Moi, je resterai chez Emmaüs".
09:33 Oui.
09:34 Vous serez à la retraite chez Emmaüs, vous avez 56 ans.
09:37 Oui.
09:38 Si je peux encore conduire, je le ferai.
09:40 J'ai tous mes points.
09:42 Donc, voilà.
09:43 Aurél, vous, vous pensez que ce sera un tremplin
09:46 et qu'à un moment, vous quitterez Emmaüs aussi ?
09:49 Je pense que oui, pour découvrir autre chose.
09:52 J'aimerais bien, par la suite, quitter.
09:55 Oui.
09:56 En général, on peut venir pour une journée ou pour 10 ans ?
09:59 Et parfois, on peut venir pour une journée et rester 10 ans.
10:02 Oui, c'est ça.
10:04 Emmaüs, c'est deux cas différents, comme on a vu pour Thierry et Aurél.
10:10 On peut venir vraiment pour s'inscrire dans le projet Emmaüs
10:13 sur un cours moyen terme, avec une idée dans la tête,
10:16 pour s'insérer dans la société ou se réinsérer par la suite,
10:20 ou venir vraiment pour y rester et s'intégrer dans ce projet social
10:25 que nous, on a à la communauté et rester toute sa vie.
10:28 C'est le cas pour Thierry qui le souhaite,
10:31 c'est le cas pour nos 9 ou 11 retraités actuels à la communauté, à Ebre-sur-Indre,
10:37 qui ont fait une certaine période comme compagnons actifs à la communauté.
10:41 Ils sont restés jusqu'à la retraite et qui vont rester,
10:45 semblablement, jusqu'à la fin de leur jour avec la famille retrouvée à Emmaüs.
10:50 On n'est pas sur une association d'insertion.
10:53 Non.
10:54 On est sur une association qui accueille et il faut adhérer.
10:57 Il y a des règles dans la communauté.
10:59 Vous vivez tous dans des... Vous avez tous une petite chambre,
11:03 des petits studios qui sont derrière le magasin et puis l'entrepôt.
11:07 Il y a des règles et c'est ça la condition finalement,
11:10 c'est qu'il faut fournir un travail, participer pour continuer à vivre.
11:15 Il faut participer à la vie de la communauté puisque Emmaüs est autosuffisant.
11:20 On ne demande pas de subvention à l'État,
11:22 donc on vit que de notre travail et c'est un de nos gros principes à Emmaüs.
11:26 Donc quand on reçoit des personnes, il faut qu'elles participent à une certaine activité.
11:31 Comme disait Aurél tout à l'heure, en lien avec la campagne ou le compagnon,
11:36 les responsables font en sorte que la campagne ou le compagnon s'épanouissent
11:40 dans une activité mais qu'en même temps la communauté puisse travailler
11:44 et faire subvenir à ses besoins.
11:47 Vous avez fait des formations parce qu'effectivement,
11:51 il faut quand même pour l'accueil ou pour le tri,
11:54 parce que dans votre travail il y a le tri, des objets, la remise en état.
11:57 Est-ce que vous avez fait quelques formations, vous Aurél par exemple ?
12:00 Oui, comme j'ai dit, j'ai fait plusieurs stands avant le standard, j'ai fait les livres.
12:05 J'ai été amenée à aller à Strasbourg pour la formation du tri et de la vente des livres.
12:10 Parce qu'on ne met pas en vente tout et n'importe quoi,
12:13 ils nous apprennent un peu ce qu'on doit garder, ce qui est beau, les beaux livres,
12:17 et faire ces différences-là.
12:18 Également j'ai fait la formation des jouets, un stand aussi que j'ai occupé.
12:22 Donc tout ça via Emmaüs, qui vous a proposé ce type de formation.
12:26 Vous aussi vous avez fait des formations, messieurs ?
12:28 Ripper, c'est tout. Ripper et chauffeur.
12:32 C'est vraiment plus.
12:34 Sans Emmaüs, on a presque envie de vous poser cette question,
12:37 ça aurait été plus compliqué forcément, vous étiez dans votre voiture,
12:41 vous étiez seule, vous dites, moi clairement j'ai évité le danger,
12:44 une femme seule à Paris qui ne sait pas vraiment où elle dort, c'est pas possible.
12:48 Il y a plein de propositions, j'appelle ça indécente,
12:51 donc Emmaüs quelque part te sauve un peu la vie.
12:54 T'éloignes de toutes ces propositions-là que j'avais avant,
12:57 du style avoir un enfant juste pour des papiers,
13:00 ou bien plus ou moins aussi de la prostitution quelque part.
13:04 Donc grâce à Emmaüs, ça m'a permis d'éviter tout ça.
13:08 On a vraiment 30 secondes pour dire ce qui est très important,
13:12 ça reste les dons, et vous dites, on n'est pas des chiffonniers, Thierry,
13:15 il faut des dons.
13:17 - Il y en a encore qui pensent.
13:19 - Oui, il faut des dons de qualité, c'est bien pour avoir un peu de son,
13:23 de vendre des choses sur des plateformes et tout pour se faire un petit peu d'argent,
13:26 mais le don, c'est super important, et sans le don, vous n'êtes pas là.
13:30 - C'est vrai qu'on a des beaux meubles, d'autres un peu moins beaux,
13:34 mais bon, on arrive à lire.
13:36 - Donc il faut continuer de donner, Ali, c'est ça le message ?
13:38 - Oui, c'est normal, et grâce aux gens de la communauté, ça existe.
13:43 - Oui, c'est ça, et puis ça permet à d'autres,
13:46 c'est un portefeuille qui n'est pas très lourd aussi.
13:48 - Bien naturellement, là, en André-Loire, on a de la chance d'être sur un bassin
13:51 où les gens sont très donateurs, et pour la plupart,
13:55 ils comprennent notre projet social, donc ils donnent vraiment des dons
13:59 pour que nous, on puisse en faire quelque chose derrière.
14:01 Bien naturellement, il y en a d'autres qui n'ont pas forcément compris,
14:04 donc on réexplique assez souvent, mais nous, on est là pour ça,
14:08 pour expliquer, pour continuer notre projet, et on vit grâce aux dons,
14:11 grâce au travail de tout et chacun, des compagnons et des compagnes,
14:15 des compagnons bénévoles et salariés, mais aussi grâce aux dons.
14:18 Donc on les remercie en direct.
14:20 - C'est important. Bon, ce sera le mot de la fin.
14:22 Merci beaucoup, en tout cas, Ali, Thierry, Aurel et Henrik,
14:25 d'être venus sur le plateau.
14:27 Quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine
14:30 pour un nouveau Grand Talk ou d'ici là, sur notre site Internet.
14:33 Le replay, vous le savez, c'est sur tvtour.fr. Salut !
14:36 (Générique)

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