Face à l'Info (Émission du 30/11/2023)

  • l’année dernière
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 Face à l'info, bonsoir à tous.
00:00:03 Le sommaire ce soir, nous nous arrêterons sur la lettre de l'avocat Thibaud de Montbréal.
00:00:08 Lettre adressée au président de la République après l'affaire de Crépole.
00:00:12 Il n'y a pas eu de révolte après Charlie Hebdo.
00:00:15 Il n'y a pas eu d'émeute après le 13 novembre.
00:00:17 Pas de manifestation après la mort du père Hamel, de Lola, d'Enzo,
00:00:22 après les supplices de Samuel Paty ou de Dominique Bernard.
00:00:25 Le moment arrive pourtant, chacun le sent bien, où le couvercle va sauter.
00:00:30 La France est désormais au bord du gouffre.
00:00:33 En quoi le constat de l'avocat est-il juste ou au contraire trop sombre ?
00:00:38 L'édito de Madjou…
00:00:40 Alors que tous brandissent le mot « ultra droite »,
00:00:44 Éric Zemmour dénonce cette vision déconnectée des médias et des classes politiques.
00:00:49 En quoi ce mot « ultra droite », selon l'hebdomadaire Lobs,
00:00:53 participe-t-il à rendre respectable le Rassemblement national ?
00:00:58 En quoi ces artifices sémantiques comme « ultra droite », « supporter anglais »,
00:01:03 « Kevin », « Matteo », « Séverine » se retournent-ils finalement en boomerang ?
00:01:08 Contre leurs inventeurs, que veut-on cacher ?
00:01:11 L'analyse de Gabriel Cluzel.
00:01:14 Des statistiques ethniques ou des prénoms ? Alors que Robert Ménard réclamait ce matin sur CNews
00:01:21 des statistiques ethniques non pas pour dénoncer mais pour changer,
00:01:25 on se demandera ce que révèlent toutes ces polémiques autour des prénoms.
00:01:29 Une semaine à cacher ses prénoms qui ciblent des coupables,
00:01:32 puis une semaine à les crier à l'Assemblée nationale lorsqu'ils pourraient cibler des victimes.
00:01:37 Même le ministre de l'Intérieur a pris ces polémiques comme une insulte raciste personnelle, je cite,
00:01:43 en ressortant son deuxième prénom, Moussa.
00:01:46 De quoi ces jeux de prénoms sont-ils le nom ? Le regard de Marc Menand.
00:01:51 Alors que la ville de Nice a encore été secouée par deux individus armés cet après-midi,
00:01:56 le RAID a même dû intervenir dans le quartier des Moulins,
00:01:59 on s'arrêtera sur cette information de Nice matin hier qui révélait que
00:02:03 318 opérations ont eu lieu pour lutter contre la drogue en 7 mois,
00:02:08 648 interpellations et 70% de ces interpellations concernent des étrangers en situation irrégulière.
00:02:17 En quoi les migrations clandestines alimentent-elles en silence ces réseaux de trafic de drogue ?
00:02:24 Le décryptage de Charlotte Dornier-Besse.
00:02:28 Non, non, non, non, non, il n'y a pas de France.
00:02:30 Il n'y a qu'une seule France, unie, a déclaré Olivier Véran, porte-parole du gouvernement au Sénat hier,
00:02:36 assurant que l'état de droit est fort, ferme et le même pour tout le monde.
00:02:40 En quoi ce constat est-ce un constat réel, un vœu pieux ?
00:02:44 À qui sert cette politique de l'autruche ?
00:02:47 L'édito de Mathieu Bocquete.
00:02:51 Une heure avec nos mousquetaires en commentant des clips d'en analyse et c'est parti.
00:02:57 D'abord, cette bonne nouvelle.
00:03:00 Regardez l'émotion de la maman de Mia Chiem, 21 ans, libérée après 55 jours de captivité.
00:03:10 Une émotion intense lorsqu'elle a appris la nouvelle.
00:03:13 La jeune fille avait été capturée lors de la réunion de la famille.
00:03:17 Elle a été enceinte, elle a été enceinte, elle a été enceinte.
00:03:20 Une émotion intense lorsqu'elle a appris la nouvelle.
00:03:24 La jeune fille avait été capturée lors de la rave partie du 7 octobre où il y a eu 364 morts.
00:03:31 Voilà, tout le monde partage cette émotion avec cette maman.
00:03:43 Et bien sûr, on suivra le reste de l'actualité sur ces otages qui restent encore détenus entre les mains du Hamas.
00:03:51 Parmi les bonnes nouvelles, aujourd'hui c'est le dernier jour du mois de novembre.
00:03:55 Comment allez-vous ?
00:03:57 - Toujours bien.
00:03:59 Comme tous les derniers jours.
00:04:02 - J'ai emmené mes petites décorations, comme l'année dernière.
00:04:06 - Ah bah oui, ah bah oui.
00:04:08 - Chut, on a un peu d'avance.
00:04:10 - Oui, évidemment c'est demain le 1er décembre.
00:04:13 - Il est discret, ce père.
00:04:15 - Non, c'est Marc Menon.
00:04:17 Ici c'est Chaclotte.
00:04:20 Et j'ai emmené, regardez ça.
00:04:23 Ça c'est spécial dédicace pour la ville de Nantes.
00:04:26 (Rires)
00:04:28 Spécial dédicace pour la ville de Bordeaux.
00:04:30 Spécial dédicace pour toutes ces villes qui refusent, qui hésitent à fêter Noël alors que nous on est dans la fête.
00:04:37 Regardez, y'a pas que nous, y'a d'autres pays aussi.
00:04:40 Regardez un peu les images, qui ont déjà commencé.
00:04:42 New York, ça y est, ils ont déjà commencé à fêter Noël.
00:04:46 Ici le sapin de Rockefeller Center.
00:04:50 Puis vous allez voir la place Puerta del Sol à Madrid, illuminée depuis le 23 novembre.
00:04:57 Kiev, à côté de la cathédrale Sainte-Sophie, a été illuminée le 23 novembre.
00:05:03 Regardez pour la ville de Kiev également.
00:05:07 J'attends l'image.
00:05:08 On l'a vue, on l'a vue, ma Christine.
00:05:10 Ah bon d'accord, pardon, j'ai pas regardé, je vais pas assez vite.
00:05:13 Et regardez, y'avait aussi la place à Sydney et puis à Dubaï.
00:05:18 Ça c'était l'année dernière à Dubaï.
00:05:20 C'est intéressant puisqu'en 2022, ici, il y avait, eh oui, un sapin à Dubaï.
00:05:25 Alors on n'a pas encore peut-être le sapin de cette année, c'est peut-être un peu trop tôt.
00:05:29 Mais c'est intéressant de voir que partout dans le monde, on célèbre Noël alors qu'à Nantes.
00:05:34 On se pose des questions.
00:05:35 Nantes a été obligée jeudi d'enlever les décorations d'une rue
00:05:39 parce que les façades spéciales en lumière tamisée suscitaient un fort sentiment d'insécurité.
00:05:45 Bordeaux, Europe Écologie Les Verts.
00:05:48 Pour être plus écologique, le maire de la ville a demandé une structure de verre et d'acier inaugurée vendredi,
00:05:54 qui sera inaugurée le 10 décembre.
00:05:56 L'Union Europe Écologie Les Verts garde ses traditionnelles décorations de Noël,
00:06:01 mais pour des mesures écologiques, elles s'éteindront à 23h.
00:06:05 Que vous inspire Noël?
00:06:07 Je note en fait qu'il y a aujourd'hui partout en Occident une guerre contre Noël.
00:06:10 Il faut bien le dire, au Canada, il y a quelques jours à peine,
00:06:13 la Commission des droits, l'équivalent de votre ancienne HALDE,
00:06:16 les gardiens des droits et libertés, les gens qui sont censés lutter contre les discriminations,
00:06:20 a décrété que Noël et Pâques, d'ailleurs, mais Noël était une fête discriminatoire
00:06:25 et que les droits des autres religions que la religion chrétienne.
00:06:27 Et je note avec bonheur que l'Assemblée nationale du Québec a condamné à l'unanimité la folie canadienne, encore une fois.
00:06:33 Non mais Noël, je crois que nous en avons plus que jamais besoin cette année.
00:06:39 C'est évidemment un symbole de paix.
00:06:41 C'est vrai que c'est assez fou de voir que le sapin de Noël, le sapin de Noël traditionnel,
00:06:45 qu'elle mohonie aujourd'hui, est peut-être mieux accepté à Dubaï qu'à Nantes.
00:06:50 J'ai appris que le sapin de Strasbourg avait été dégradé par des écologistes tout à l'heure.
00:06:55 On avait renversé un pot de peinture sur ce magnifique sapin de Strasbourg.
00:07:00 Moi, je conseille à tout le monde d'aller le voir. Il est splendide pourtant.
00:07:03 Noël, sans les yeux des gamins qui s'écarquillent, sans les enfants qui sont là,
00:07:09 ils sont à la fois tentés d'aller se coucher pour avoir le Père Noël plus tôt.
00:07:13 C'était pas de ça dont on parlait.
00:07:15 Pardon, mais si.
00:07:16 On parlait plutôt du côté judéo-chrétien.
00:07:19 Oui, mais sauf qu'on ne peut pas casser cette magie-là.
00:07:22 Bien sûr.
00:07:23 C'est-à-dire qu'il y a quelque chose qui enflamme les enfants, quelle que soit leur confession.
00:07:27 C'est ça que je...
00:07:28 C'est vrai.
00:07:29 Après, oui, on peut avoir une croyance qui vous guide à travers cette fête,
00:07:34 mais sinon, c'est l'instant où on a le sentiment que l'humanité, enfin,
00:07:38 entre en communion, en incandescence, et qu'on croit en Dieu ou pas,
00:07:43 eh bien, on fait plaisir à celui qui est le Créateur en étant dans l'amour
00:07:47 et dans ce bonheur de voir luire les enfants.
00:07:50 Il progresse de jour en jour.
00:07:52 Plus près de toi.
00:07:54 C'est ça.
00:07:56 Non, mais pour reprendre, simplement pour essayer d'ajouter quelque chose,
00:07:59 quand les écologistes nous expliquent qu'ils éteignent la lumière
00:08:02 parce qu'en fait c'est pour des raisons écologiques,
00:08:04 ils attaquent tout ce qui est en effet traditionnel, tout ce qui est français,
00:08:07 tout ce qui relève de la culture, pour n'importe quel prétexte.
00:08:10 Donc ils viennent pas nous sortir, là en l'occurrence, le prétexte écologique
00:08:13 puisque quand c'est le Tour de France, c'est encore autre chose, et Noël n'a pas...
00:08:16 Il est critique.
00:08:18 Oui, justement.
00:08:19 Bon, en tout cas, spéciale dédicace pour Nantes, Bordeaux ou encore Lyon.
00:08:24 Mathieu Bocoté, après Crépol, trop de déni, trop de lâcheté, trop de relativisme.
00:08:30 C'est l'avocat Thibaud de Montbréal qui a écrit une lettre ouverte au président de la République,
00:08:34 qu'on a pu lire d'ailleurs dans Valeurs Actuelles,
00:08:36 où il appelle même à une révolution en matière d'immigration et de sécurité.
00:08:41 En quoi se fait-il le porte-voix d'une certaine France ?
00:08:44 Quel est son diagnostic ? Quelle solution propose-t-il ?
00:08:47 Alors, ceux qui ont lu cette lettre sont persuadés parce qu'il nous présente Montbréal,
00:08:52 il nous présente la France comme étant au bord du gouffre.
00:08:54 Il nous présente la France comme étant au seuil de la guerre civile.
00:08:57 Et ils ont dit, la plupart, c'est une lettre très très... très pessimiste.
00:09:02 Lisant cela, moi j'ai vu une lettre optimiste.
00:09:04 Parce qu'il croit que nous ne sommes pas déjà au fond du gouffre
00:09:07 et parce qu'il croit qu'il est encore possible de faire quelque chose.
00:09:10 Non, parce que j'entends... je suis de son école là-dessus,
00:09:13 mais j'entends plusieurs personnes qui ont présenté comme des patriotes dire
00:09:17 « c'est perdu, maintenant ce qu'on peut faire c'est le repli communautariste,
00:09:21 faire finalement des villages, des régions qui seraient culturellement françaises,
00:09:27 tout en sachant que l'ensemble de la France serait perdue. »
00:09:29 Une forme de réflexe survivaliste, on entend ça de plus en plus.
00:09:32 Et Thibault de Montréal dit « non, on peut gagner, on peut gagner,
00:09:36 il est possible de faire quelque chose. »
00:09:38 Donc, je vois cette lettre sous le signe de l'optimisme.
00:09:41 Il croit à l'État, il croit à la possible victoire du peuple français
00:09:45 qui reprendrait en main son destin.
00:09:47 Mais, à tout le moins, il faut voir quel est son diagnostic.
00:09:51 Effectivement, vous l'avez dit, c'est une France qui serait au bord du gouffre,
00:09:54 une France au seuil de la guerre civile,
00:09:55 une France où l'insécurité frappe désormais toutes les régions,
00:09:59 où il n'est plus possible d'être à l'abri nulle part,
00:10:01 et une France où l'exaspération est totale dans la population.
00:10:05 Alors, ses propositions. Il y en a trois grandes propositions programmatiques
00:10:09 et deux propositions institutionnelles.
00:10:11 Proposition 1, je cite des passages de Montréal,
00:10:14 « Stopper immédiatement l'immigration incontrôlée par des mesures techniques rapides,
00:10:21 puis en rendant la parole aux Français sur ce sujet régalien. »
00:10:23 Je décrypte la phrase. Stopper immédiatement.
00:10:27 Ça veut donc dire que, selon lui, il est possible de stopper immédiatement.
00:10:30 « Tout ce qu'ils nous disent, vous savez, c'est un mouvement immétrisable, incontrôlable, presque naturel.
00:10:36 Les flux migratoires sont inscrits dans la nature de l'histoire.
00:10:39 Vous ne pourrez rien faire. »
00:10:41 Ça, c'est le discours généralement entendu.
00:10:43 « Au mieux, adaptez-vous. » C'est le discours de nos élites.
00:10:46 Montréal dit « Stopper immédiatement. »
00:10:48 Et il ajoute « des mesures techniques rapides. »
00:10:50 Donc, il nous dit que les mesures, elles sont faciles d'accès.
00:10:54 Si nous le voulons, il fait peser la volonté, il est possible de faire quelque chose.
00:10:58 Il ajoute, faut-il le dire, que la loi immigration, en ce moment, n'est pas à l'auteur de l'enjeu.
00:11:04 Deuxième proposition forte.
00:11:06 Ben oui, il dit, évidemment, qu'il faut entraver l'islamisme.
00:11:08 Et ça, on est tous d'accord, je crois.
00:11:10 Mais à tout le moins, il prend la peine de le dire avec raison.
00:11:12 Deuxième proposition forte.
00:11:14 Et là, c'est important, il va loin.
00:11:15 « Donnez à nos forces de sécurité le cadre pour reprendre en main les zones de non-droit.
00:11:20 Prévenir, et le cas échéant, réprimer de nouvelles émeutes. »
00:11:25 Donc, mon brial, légitime, un usage plus grand de la force, si nécessaire,
00:11:31 pour rétablir l'ordre en France, et pas seulement rétablir l'ordre,
00:11:34 mais reconquérir les territoires perdus ou les territoires gagnés par l'islamisme ou les dealers.
00:11:40 Donc, il nous dit, ce sera nécessaire de faire preuve de force.
00:11:43 Et il va jusqu'au bout de son idée.
00:11:45 « L'État doit assumer sa force légitime, je le cite toujours, en faisant appliquer la loi dans toute sa rigueur.
00:11:52 Bien sûr, et après toutes ces années de faiblesse, les délinquants vont s'opposer.
00:11:57 Il faudra tenir, soutenir les policiers et gendarmes engagés sur le terrain. »
00:12:02 Ce qu'il nous dit, c'est qu'il y aura une résistance, une résistance possiblement violente,
00:12:06 potentiellement violente, et ce qu'il nous dit, si je le comprends bien,
00:12:10 c'est que l'État ne devra pas s'interdire la violence légitime pour reconquérir les quartiers,
00:12:16 les territoires conquis par l'islamisme et le gangstérisme.
00:12:19 J'espère pas mal le comprendre, mais je crois le comprendre adéquatement.
00:12:22 Et troisième proposition, il nous dit qu'il faut renforcer l'autorité judiciaire.
00:12:26 Et ça, il faut équiper la France d'un système de prison suffisant
00:12:30 pour être capable qu'un système de prison ait la hauteur de la criminalité qui frappe ce pays,
00:12:34 de l'insécurité qui frappe ce pays.
00:12:36 Ça, ce sont ces grandes propositions auxquelles s'ajoutent deux réflexions institutionnelles.
00:12:41 La première, sortir temporairement de Schengen et reprendre le contrôle des frontières.
00:12:47 Le primat du national sur le système européiste,
00:12:51 que je nommerais quant à moi l'empire européiste, mais bon, il est pas obligé de le dire comme ça.
00:12:55 Et j'ajoute, et là il y a une troisième, mais ça c'est plus de la politique,
00:12:59 suspendre les conventions avec les institutions supranationales
00:13:04 qui nous limitent sur les sujets régaliens.
00:13:07 Autrement dit, on nous dit sans arrêt, l'engagement international de la France
00:13:10 qui a été pris un jour sans qu'on soit vraiment au courant,
00:13:12 sans que le peuple ne soit convoqué pour le valider.
00:13:15 Le droit international, qui est dans les faits souvent une fiction idéologique contraignante
00:13:20 utilisée pour neutraliser la souveraineté des États.
00:13:23 Montbréal dit primat du politique,
00:13:25 et ces conventions, si elles nous empêchent de mener la politique nécessaire,
00:13:29 il nous faut les suspendre.
00:13:31 Il ne dit pas je veux piétiner les droits, il ne dit pas je veux piétiner les libertés,
00:13:35 il dit simplement je veux me délivrer de ces structures supranationales,
00:13:39 illégitimes, ce qu'on peut comprendre,
00:13:41 empêche la France d'agir selon son intérêt et selon les droits de ses citoyens.
00:13:45 Ce n'est pas un détail, mais à la fin, il se dit sur le plan diplomatique
00:13:48 à instaurer une véritable politique d'autorité avec les pays d'immigration,
00:13:51 notamment l'Algérie.
00:13:52 Et là, on sait qu'Edouard Philippe et d'autres avaient des propositions en ce sens.
00:13:55 Donc, on voit ce que nous dit Montbréal,
00:13:57 la France doit avoir une politique à la hauteur des enjeux présents,
00:14:01 voilà pourquoi il parle de révolution.
00:14:03 Est-ce que cette révolution est nouvelle?
00:14:06 C'est la bonne question, c'est-à-dire,
00:14:08 le mot révolution sur la question migratoire, on l'entend depuis longtemps.
00:14:11 Je pense qu'il faut poser cette question à la hauteur de l'évolution
00:14:14 de l'enjeu migratoire depuis les années 80.
00:14:16 Et je me ferai pendant quelques instants historien de l'évolution de cet enjeu.
00:14:20 Les années 80, quand on parle d'immigration en France, qu'est-ce que c'est?
00:14:23 C'est l'enjeu des prophéties, excusez-moi, c'est l'époque des prophéties non entendues.
00:14:27 Des gens dans l'espace public disent l'immigration massive
00:14:31 va causer des problèmes majeurs en ce pays,
00:14:34 des problèmes identitaires, culturels, de sécurité.
00:14:37 Ils ne sont pas entendus et plus encore, ils sont diabolisés pour avoir dit cela.
00:14:41 Donc à l'époque, la politique migratoire à la hauteur de l'enjeu tel qu'il est compris
00:14:47 par ceux qui comprennent, et quelques autres peut-être,
00:14:49 c'est une politique pour empêcher que le pire n'advienne.
00:14:52 C'est une politique de prévention.
00:14:54 Donc nous savons que ça arrive, il faut avoir une politique à la hauteur
00:14:57 de cet enjeu que nous redoutons.
00:14:59 On leur dit « vous êtes fous, vous êtes d'extrême droite, c'est pas intelligent,
00:15:01 ne vous inquiétez pas ».
00:15:03 Donc finalement, on décide d'envoyer au bain mental et médiatique
00:15:06 ceux qui mettent en garde.
00:15:08 Les années 90, c'est le début d'une prise de conscience.
00:15:11 Mais une prise de conscience très minimale où on dit « il suffirait de vouloir ».
00:15:14 Ça, c'est « il suffisait d'aimer », c'est « il suffirait de vouloir ».
00:15:17 Donc qu'est-ce qu'on dit ? On dit « il faut assimiler ».
00:15:19 Là, tout le monde dit « assimiler », « il faut assimiler ».
00:15:21 Mais on croit que la France est capable d'assimiler.
00:15:23 Et là, on sort du chapeau, à ce moment-là, un mot qui était un peu oublié, c'est « laïcité ».
00:15:27 La laïcité devient l'instrument qu'on peut utiliser en toutes circonstances
00:15:32 pour relancer la machine à assimiler.
00:15:34 Mais vous noterez que c'est aussi la période où l'assimilation vient à se réduire à la laïcité.
00:15:38 L'assimilation, autrefois, c'était la culture, les mœurs, la littérature, la nourriture.
00:15:44 Faites la liste.
00:15:45 Et là, la laïcité, dans les années 90, devient le symbole de l'assimilation.
00:15:48 Donc c'est beaucoup, mais c'est tout, finalement.
00:15:51 Donc on sacrifie, dans ces années, une part importante de l'assimilation.
00:15:55 Les années 2000, ce sont les années du déni absolu.
00:15:59 Finalement, ça va bien.
00:16:00 Finalement, ça va bien, c'est le traumatisme de la présence de Jean-Marie Le Pen au deuxième tour de présidentielle.
00:16:05 Ouf, les fachos ne sont pas passés.
00:16:07 Et là, on peut désormais revenir à la France des enjeux,
00:16:10 primordialement des enjeux socio-économiques.
00:16:12 Les enjeux identitaires n'existent plus.
00:16:15 La question de l'immigration ne se pose pas vraiment.
00:16:18 Ne nous inquiétons pas, c'est la décennie du sentiment d'insécurité.
00:16:21 C'est la décennie où on commence à traiter les Français de paranoïaques et de malades mentaux
00:16:25 parce qu'ils s'inquiètent pour leur sécurité.
00:16:27 Tout cela ne serait que le fruit de leur peur angoissée.
00:16:31 Donc, les années 2000, ce sont les années du déni.
00:16:33 Quand vous êtes dans le déni, vous ne faites rien.
00:16:36 Les années 2010, c'est intéressant.
00:16:38 Ce sont les années d'adaptation.
00:16:40 Et là, on dit, l'immigration, oui, effectivement, ça nous bouleverse, c'est très fort, ça emporte la France.
00:16:45 Mais on doit s'y adapter.
00:16:47 Ce sont les années, par exemple, du rapport Thuot, dont on a parlé ici il y a quelques mois,
00:16:51 qui dit qu'on est passé de l'assimilation à l'intégration, à l'inclusion.
00:16:54 Donc là, ce sont les années où on dit que la France doit se transformer elle-même
00:16:58 pour s'adapter aux exigences de la diversité.
00:17:01 Ça, c'est, autrement dit, un basculement complet.
00:17:04 Il faut finalement assimiler la France historique à la France nouvelle
00:17:08 qui arrive et qui s'implante et qui émerge.
00:17:10 Les années présentes, donc, si vous êtes dans cette logique-là, qu'est-ce que vous devez faire?
00:17:14 C'est quoi la politique attendue?
00:17:16 C'est une politique de rééducation des Français.
00:17:18 Et c'est pour leur apprendre la tolérance et la diversité, eux, vieux peuple gaulois,
00:17:22 de donner à la diversité. C'est le discours des élites.
00:17:25 Et les années présentes, 2020, c'est les années du fait migratoire massif.
00:17:29 Tout le monde comprend que c'est l'enjeu du siècle.
00:17:32 Certains disent créolisation, d'autres disent transition démographique,
00:17:35 d'autres disent submersion migratoire.
00:17:37 Chacun nomme la réalité à sa manière, mais tous constatent qu'elle est majeure.
00:17:41 Alors donc, autrement dit, on est les années décisives, pour reprendre une formule.
00:17:45 Alors, quelle est la situation au temps présent?
00:17:47 Eh bien, le diagnostic part tous partager, même si les mots ne sont pas toujours les mêmes.
00:17:51 On constate qu'il y a en France un peuple.
00:17:53 On constate qu'il y a, version optimiste, des communautés dispersées,
00:17:58 nombreuses, inassimilées et peut-être inassimilables,
00:18:01 mais qui n'ont pas encore formé un autre peuple, qui ne se sont pas fédérées.
00:18:05 Et dès lors, on se dit, il sera encore possible de les assimiler,
00:18:09 si on se donne du temps dans l'histoire. Je précise, c'est la version optimiste.
00:18:12 Et la version pessimiste, c'est tout simplement, il y a désormais deux peuples en France,
00:18:16 on y reviendra, et ces deux peuples sont désormais en rivalité,
00:18:20 pour savoir lequel sera légitime. Il y a comme un partage territorial déjà présent.
00:18:25 Donc, c'est la situation présente à laquelle je cherche à répondre, Montbrial.
00:18:29 Alors, justement, je vous demandais si cette révolution, l'appel était nouvelle,
00:18:34 mais en fait, est-ce que c'est vraiment une révolution, finalement?
00:18:36 J'aimerais vous dire, c'est sûr, ce n'est pas une révolution, c'est une restauration.
00:18:39 Mais les restaurations, ça se passe mal, normalement.
00:18:42 C'est une brève période de bonheur, suivie de beaucoup de chagrin.
00:18:45 Donc, si on y revient, on pourrait dire que l'enjeu, il est assez simple, en fait,
00:18:50 sur le plan symbolique et politique. Ensuite, c'est dur à appliquer.
00:18:54 Est-ce que c'est vraiment une révolution? C'est une restauration de l'État français,
00:18:58 une restauration du pouvoir de l'État français de maîtriser l'immigration, etc.
00:19:02 Donc, ce qu'il en appelle, finalement, c'est le retour à l'esprit de la Ve République.
00:19:05 C'est le retour au primat du politique. C'est le retour au primat de la nation sur l'Europe.
00:19:10 C'est le primat du retour à la nation sur les identités dispersées.
00:19:13 Autrefois, ce retour du primat à la nation, on appelait ça l'égolisme.
00:19:17 Aujourd'hui, on appelle ça l'extrême droite.
00:19:19 Comme quoi, il y a une forme d'étrange évolution dans la représentation symbolique de ce pays.
00:19:23 Je note une chose, tout simplement, cette reconstruction souhaitée par Montbréal.
00:19:27 Mais imaginons qu'on applique son programme intégralement.
00:19:29 Et puis, en plus, on lui dit « va, va l'appliquer », parce qu'il s'est déjà lancé en politique,
00:19:32 il ne faut pas l'oublier. Donc, peut-être se dit-il qu'un jour, il viendra le temps de le faire par lui-même.
00:19:36 Eh bien, ça ne se fera pas en 5 ans, ça ne se fera pas en 10 ans, ça ne se fera pas en 15 ans.
00:19:40 On a détruit un pays en 40 ans, ça va quand même prendre quelques quinquennats pour le reconstruire.
00:19:45 Mais il faut toujours commencer à un certain moment donné, pourquoi pas maintenant.
00:19:48 Merci pour votre analyse, Mathieu Bocotte. Dans un instant, on verra ce qu'a dit Olivier Véran par rapport aux deux Frances dont on parle régulièrement.
00:19:55 Il lui dit qu'il n'y a qu'une France unie. Est-ce que c'est la politique de l'autruche ? On en parle dans un instant.
00:20:00 Avec vous, Gabriel Cluzel. Un bisou à Guillaume Bigaud. J'espère qu'il va bien. Il faut qu'il revienne.
00:20:06 Vous revenez quand vous voulez. Vous êtes parti en week-end prolongé.
00:20:11 Vous êtes parti en week-end prolongé. Revenez quand vous voulez. Même si on adore Gabriel Cluzel.
00:20:16 Gabriel, alors que tous brandissent le mot "ultra-droite", Éric Zemmour lui dénonce cette vision déconnectée,
00:20:22 lorsqu'on parle du mot "ultra-droite", des médias et aussi des classes politiques.
00:20:26 En quoi ce mot "ultra-droite", selon l'hebdomadaire Lobs, participe à rendre respectable le Rassemblement national ?
00:20:35 En quoi ces artifices sémantiques comme "ultra-droite", "supporteur anglais", "Kevin", "Mathéo", "Séverine"
00:20:42 se retournent-ils finalement en boomerang contre leurs inventeurs ? Que veut-on cacher ?
00:20:47 Il faut déjà savoir poser le fait que la sémantique c'est crucial.
00:20:51 Le choix des mots en matière politique et médiatique n'est pas neutre. Tout est pesé.
00:20:55 D'ailleurs, j'ai retrouvé un article de rue 89, qui est abrité par le site Lobs,
00:21:00 qui expliquait par exemple en 2017 que "réfugiés, migrants ou clandestins, les monts comptent".
00:21:07 Vous voyez, "clandestin", par exemple, Lobs a décidé depuis 2014 de ne plus utiliser ce mot-là.
00:21:12 Il a été remplacé par "migrant". Et on apprend aussi dans l'article que même "migrant" aujourd'hui,
00:21:17 on considère que ce n'est pas suffisant pour attirer la sympathie.
00:21:21 Donc on parle par exemple d'exilés ou de réfugiés.
00:21:24 Donc ce petit préambule pour vous montrer que la sémantique c'est extrêmement important.
00:21:29 Alors aujourd'hui, c'est un autre article de Lobs, vous l'avez dit, signé Pascal Richet,
00:21:34 qui procède à une autre analyse sémantique.
00:21:37 Alors il nous explique, je cite, que "Gérald Darmanin a compris un truc".
00:21:41 C'est bien, déjà. Il a au moins compris un truc.
00:21:44 Parler d'ultra-droite pour désigner les groupuscules comme celui qui a manifesté à Romain Surizère,
00:21:51 eh bien c'est rendre service à Marine Le Pen parce que ça la recendre.
00:21:55 Alors Pascal Richet nous donne une petite... Je vais faire ma cuistre une seconde.
00:22:00 Je vais faire le ventriloque de Pascal Richet qui explique l'étymologie des mots.
00:22:04 Donc il dit que "extrême" ça vient du latin "extremus" qui est le superlatif de "exter"
00:22:10 qui se traduit par "à l'extérieur".
00:22:12 Alors que "ultra" qui a donné "outre" signifie quant à lui "au-delà".
00:22:16 Donc "ultra" c'est pire qu'extrême parce que "au-delà" va plus loin que l'extérieur.
00:22:22 Voilà.
00:22:25 J'ai l'impression que beaucoup de Français avaient déjà compris ce glissement
00:22:29 sans avoir besoin de ces petites lumières de Lobs.
00:22:33 Voilà. Non mais bien sûr parce que "extrême droite" c'est tant usé, banalisé.
00:22:37 Vous savez si tout est extrême droite, France Culture, Joyeux Noël...
00:22:41 Rien n'est plus extrême droite et donc forcément ça ne fait plus peur.
00:22:45 Donc il fallait monter d'un ton.
00:22:48 Alors justement Eric Zemmour lui reprenant le préfixe "ultra" il a riposté en disant
00:22:53 que ce qu'il condamnait c'était l'ultra-racaille, je cite, l'ultra-immigration
00:22:59 et surtout l'ultra-je cite "foutage de gueule des médias et des classes politiques".
00:23:05 Ce qui a fait c'est que l'actualité ne brise plus que de cette ultra-droite.
00:23:11 Vous savez samedi soir il n'y avait que 80 manifestants
00:23:13 mais on a choisi donc de faire une hyperbole sémantique.
00:23:17 L'ultra-droite pardon.
00:23:20 Donc c'est très impressionnant.
00:23:22 Et moi j'ai été frappée, vous pouvez vérifier avec moi, j'ai fait un petit test de deux minutes.
00:23:27 Il y a deux jours j'ai fait une recherche sur Google, tout bêtement, sur les titres.
00:23:33 Il y avait marqué "mort de Thomas Acrépole" et c'était toujours suivi d'une explication sur l'ultra-droite.
00:23:40 Alors comme j'ai peur que vous ne me croyez pas, je vais me permettre de citer vraiment précisément.
00:23:45 "Mort de Thomas Acrépole", deux points.
00:23:48 "Qui sont les milices d'ultra-droite qui ont défilé à Romand-sur-Isère ?" écrit 20 minutes.
00:23:52 "Mort de Thomas", deux points.
00:23:54 "Qui sont les militants d'ultra-droite qui se sont rassemblés à Romand-sur-Isère ?" enchérie RMC.
00:23:59 "Mort de Thomas Acrépole, descente de militants d'extrême droite"
00:24:03 alors là c'est plus ultra-droite, "dans un quartier de Romand-sur-Isère", titre Libération.
00:24:07 "Mort de Thomas Acrépole, Gude, Luminis, Division Martel, Argos,
00:24:12 qui sont les militants identitaires des groupes d'ultra-droite en France ?"
00:24:16 ça c'est la dépêche.
00:24:17 "Mort de Thomas", deux points.
00:24:19 "Un nouveau groupe de militants d'ultra-droite à Romand-sur-Isère,
00:24:21 sainte intempération", lit-on sur le site de France Bleue.
00:24:24 Ma recherche n'est vraiment pas exhaustive, parce que j'y ai passé deux minutes.
00:24:27 Alors j'ai quand même vérifié ce que voulait dire le signe de ponctuation composé de deux points verticaux.
00:24:33 J'ai trouvé que dans Larousse c'était censé introduire une explication, une énumération,
00:24:38 ou encore sur le site AlloProf, vous savez qui sert beaucoup pour les parents et les élèves,
00:24:43 eh bien ces deux points signifient établir un rapport de causalité.
00:24:48 Donc finalement à la fin de tout ça, on se demande si c'est pas l'ultra-droite qui a tué Thomas.
00:24:53 C'est quand même une inversion du récit assez vertigineuse.
00:24:56 Alors mais finalement Gérald Darmanin n'est pas convaincu de la pertinence de ce mot "ultra-droite" ?
00:25:00 Oui, finalement Gérald Darmanin a jugé que parler d'ultra-droite, c'était dédiaboliser l'extrême droite.
00:25:06 Et comme l'écrit Pascal Richet, il ne veut pas faire ce cadeau au RN.
00:25:10 Alors pourtant Gérald Darmanin n'est pas le dernier à avoir fourni la colle pour coller l'étiquette "extrême droite" sur le dos du Rassemblement National.
00:25:17 Mais maintenant que ça tend à ne plus être tellement le sceau de l'infamie,
00:25:20 et plutôt être une marque de fabrique presque respectable, c'est embêtant, d'où le rétro-pédalage.
00:25:26 Alors d'où Pascal Richet tire cette déduction ?
00:25:30 Eh bien, mardi matin sur France Inter, Gérald Darmanin a évité ce mot "ultra-droite".
00:25:34 Il l'a prononcé qu'une seule fois. Il a préféré garder "milice d'extrême droite".
00:25:40 Alors évidemment, on pourrait dire que Gérald Darmanin est ultra gonflé,
00:25:45 parce que c'est lui qui a contribué à étendre l'usage d'ultra-droite,
00:25:50 notamment quand il faisait, et quand il fait toujours du reste, le décompte des fameux attentats d'ultra-droite déjoués.
00:25:58 Donc il ne peut s'en prendre qu'à lui-même si ce mot rend service au RN.
00:26:03 On va marquer une pause et on va voir un peu comment ce n'est pas la première fois en fait que Gérald Darmanin se prend un peu les pieds dans le tapis sémantique.
00:26:12 On marque une pause, on revient tout de suite.
00:26:14 On retourne sur le plateau de face à l'info.
00:26:19 Ici, les images en direct de l'arrivée de l'otage franco-israélienne Mia Shem.
00:26:27 Elle vient de descendre de l'hélicoptère et elle va en ce moment même à l'intérieur de ce véhicule se rendre à l'hôpital Sheva de Tel Aviv.
00:26:38 On a appris effectivement la nouvelle aujourd'hui.
00:26:41 Cette otage française retenue depuis, franco-israélienne, retenue depuis 55 jours et qui a été libérée.
00:26:49 On a vu la joie, l'immense émotion de sa mère en début d'édition.
00:26:55 Voilà pour l'image en direct qu'on ne voulait pas rater.
00:26:58 Je reviens avec vous Gabrielle Cusel parce qu'on me parlait de sémantique.
00:27:02 On parlait de nos amis Kevin, Mathéo, etc., supporter anglais.
00:27:07 Et vous nous disiez à quel point la sémantique était importante, à quel point c'est de la politique.
00:27:12 Et vous étiez en train de nous raconter que ce n'est pas la première fois.
00:27:15 Vous alliez nous dire que ce n'est pas la première fois en fait que Gérald Darmanin, le ministre de l'intérieur, joue un peu avec la sémantique.
00:27:21 Voilà parce que Gérald Darmanin, après avoir bien exploité ce mot d'ultra droite jusqu'à présent, finalement, il recentre Marine Le Pen.
00:27:31 Mais il y a eu d'autres cas qui finalement l'ont desservie.
00:27:34 On peut parler du cas des supporters anglais.
00:27:36 Vous vous souvenez de ces supporters anglais qui finalement se sont auto-détroussés, en tout cas on pouvait l'imaginer en l'écoutant,
00:27:43 lors de la finale de la Ligue des champions en 2022 au Stade de France.
00:27:48 C'est aujourd'hui devenu un terme générique pour désigner une réalité que Gérald Darmanin et d'autres évitent de nommer.
00:27:55 Et ça permet de la nommer en s'évitant les foudres des censeurs.
00:27:59 Vous l'avez sûrement vu sur les réseaux sociaux ou même dans des articles de presse.
00:28:03 "Ah c'est sûrement des supporters anglais", dit-on sur un ton ironique.
00:28:08 Et il en est même de Kevin et Matteo.
00:28:11 Vous savez Kevin et Matteo, en français on appelle ça, là encore, je fais beaucoup de français ce soir, c'est une antonomasse.
00:28:17 C'est quand un nom propre remplace un nom commun.
00:28:19 Vous savez par exemple Tertufle, Arpagon, Kevin et Matteo, c'est une antonomasse à front renversé.
00:28:24 Parce que ça désigne en réalité le contraire de la réalité.
00:28:28 Il y a comme ça tout un petit lexique qui s'est forgé et qui s'est retourné tel Frankenstein contre son créateur.
00:28:36 Aujourd'hui quand on utilise le mot supporter anglais ou Kevin et Matteo,
00:28:40 à la fois ça désigne une réalité que tout le monde comprend très bien
00:28:44 et en même temps ça ironise et ça tourne en dérision le ministre de l'Intérieur
00:28:51 qui n'a pas voulu reconnaître ces réalités.
00:28:57 Donc en fait ce sont des noms de code qui désignent des faits que la bienséance de gauche interdit de nommer.
00:29:05 Alors finalement c'est double strike, c'est-à-dire qu'on peut dire des choses qu'on n'a pas le droit de dire
00:29:09 et en même temps on peut railler le ministre de l'Intérieur et c'est un peu un boomerang.
00:29:15 Pour Gérald Darmanin on peut imaginer que l'ultra droite qui charge un peu de tous nos mots,
00:29:20 alors pas encore, j'ai remarqué le dérèglement climatique,
00:29:23 mais on peut peut-être essayer de trouver la faute aussi de l'ultra droite.
00:29:27 - Vraiment il y a un lien le réchauffement climatique à la suprématie blanche.
00:29:30 - Ah d'accord, j'ai Matthieu Boncote à trouver le lien.
00:29:35 - On en avait parlé. - Donc ce mot d'ultra droite, pense-t-on, peut rejoindre ce petit lexique,
00:29:43 il a toutes les qualités pour le faire.
00:29:45 - Vous avez oublié Severine.
00:29:47 - Ah oui alors Severine, là pour le coup, ce n'est pas Gérald Darmanin,
00:29:50 il faut rendre à César ce qu'il y a à César, Gérald Darmanin il ne porte pas tous les péchés de la Terre,
00:29:53 il n'est pas comme l'ultra droite.
00:29:55 Cette martingale du rideau de fumée est en fait pratiquée par d'autres.
00:30:01 Alors ça c'est Île-de-France Mobilité, vous vous en souvenez, vous en avez peut-être parlé ici,
00:30:07 c'est sur l'écran, qui entendait lutter contre les incivilités dans les transports en commun,
00:30:12 mais sans stigmatiser, enfin en stigmatisant quand même les Severines,
00:30:16 mais stigmatiser les Severines, ça c'est pas grave.
00:30:18 Donc parce que vous savez qu'un sondage réalisé pour Île-de-France Mobilité
00:30:22 a montré que 8 franciliens sur 10 se plaignaient des incivilités dans les transports en commun.
00:30:27 On a trouvé la responsable, donc c'est Severine, qui a tous les attributs de la bourgeoise
00:30:31 de plus de 50 ans de l'Ouest parisien, et elle est très pénible parce qu'elle crie dans le train
00:30:35 quand elle va faire des lasagnes le soir.
00:30:38 Et vraiment ça dérange tout le monde.
00:30:40 Et c'est vrai que les incivilités dans le train, tout le monde sait que c'est Severine.
00:30:44 Severine aujourd'hui aussi c'est devenu un clin d'œil sur les réseaux sociaux,
00:30:49 ça n'abuse personne et ça rejoint les supporters anglais,
00:30:53 Mathéo, Kévin et l'ultra-droite.
00:30:55 Qui a envie de réagir ? Charlotte ?
00:30:58 C'est en effet le retournement de l'absence de stigmatisation,
00:31:04 ça confine au ridicule la Severine.
00:31:06 Severine qui va faire des lasagnes ce soir, ça devient drôle à la fin,
00:31:09 on oublie le message principal de la publicité,
00:31:11 on dirait que c'est des stratégies d'évitement pour être utilisées en école de com.
00:31:16 Je vous donne la parole dans un instant Marc, parce que c'est votre chronique justement.
00:31:19 Mathieu Bocoté.
00:31:21 Je donne souvent cet exemple, il me semble important,
00:31:24 on sait comment dans les pays sous le rideau de fer,
00:31:27 comment les gens lisaient les journaux,
00:31:29 ils lisaient les journaux pour voir ce qu'ils disaient et ce qu'ils ne disaient pas,
00:31:32 comment ils falsifiaient la réalité,
00:31:34 tout le monde avait appris à décoder le langage,
00:31:38 appelons ça le langage dominant soviétique.
00:31:40 Je constate qu'aujourd'hui dans nos pays,
00:31:42 nous sommes obligés de faire la même chose.
00:31:44 Mais ça sert encore à quelque chose quand même, je ne sais pas ce qui s'est fait.
00:31:47 Ça intimide.
00:31:49 Oui, en effet, on est devant un régime qui plus le réel le désavoue,
00:31:52 plus il se radicalise, parce qu'il ne veut plus convaincre, il veut contraindre.
00:31:57 Et lorsqu'on nous fait le coup de sévrine, c'est une manière de dire,
00:32:00 peu importe ce que vous dites, voilà ce que nous allons imposer comme ligne.
00:32:03 Et pour l'instant, à ce que j'en sais, c'est encore cette vision qui est largement dominante.
00:32:07 On rit tous, on est quelques-uns à rire en ce moment,
00:32:10 mais sur le fond des choses, depuis une semaine, l'enjeu,
00:32:12 c'est l'ultra-droite qui était à la veille de s'emparer de la France.
00:32:15 Il ne faut pas l'oublier, nous ne maîtrisons pas le débat public.
00:32:17 Nous sommes le poil à gratter du débat public.
00:32:19 Et puis d'ailleurs, dans un instant, peut-être que vous pouvez faire un petit tour de table
00:32:23 sur ce qui arrive aussi à la mère de Roman Surizère, parce qu'elle est stigmatisée.
00:32:27 Il y a une manifestation, on appelle à une manifestation contre elle, samedi.
00:32:32 Pourquoi ? On en parle dans un instant.
00:32:34 Quel est votre deuxième prénom ?
00:32:36 J'en ai un, oui, mais je ne l'ai jamais dit à personne.
00:32:39 Ne le dites pas. Si vous ne voulez pas, vous ne dites pas.
00:32:41 Oh, ça ne dérange pas. Yann, mais je ne l'ai jamais utilisé.
00:32:43 C'est un côté breton.
00:32:45 Mathieu, Yann, Boccote, mais je crois que je l'ai utilisé une fois dans ma vie,
00:32:48 et la deuxième fois, c'était maintenant.
00:32:50 Oh, on va tout savoir.
00:32:52 Ça va être sur Wikipédia dans quelques jours.
00:32:54 Ma belle Gabrielle, votre deuxième prénom ?
00:32:57 Marie.
00:32:58 Marie.
00:32:59 Pareil.
00:33:00 Marie aussi. Marion pour vous ?
00:33:02 Non, non, moi je ne me marie pas.
00:33:05 Joseph, quel est votre deuxième prénom ?
00:33:07 Moi, c'est Gilbert, parce qu'il y a un G, ça fait génie comme ça.
00:33:11 Ils ne se sont pas trompés.
00:33:13 Alors, dites-moi, vous c'est génie, moi c'est eugénie.
00:33:17 Parce qu'on ne vous demande même pas.
00:33:19 Non, mais voilà, je dis que c'est eugénie.
00:33:21 Oui, c'est eugénie.
00:33:22 Ah d'accord.
00:33:23 Exactement.
00:33:24 C'est plus proche d'eugénie que Gilbert, si je puis me permettre.
00:33:27 Vous êtes vraiment de mauvaise foi.
00:33:31 Il y a une question que je veux comprendre.
00:33:35 À propos justement des prénoms,
00:33:37 est-ce qu'il faut garder un deuxième prénom pour révéler un peu son identité ?
00:33:42 Est-ce que le premier prénom doit faire nation,
00:33:45 doit faire, comment dirais-je, doit faire peuple français ?
00:33:50 Beaucoup de questions à se poser.
00:33:52 J'ai envie de vous poser aussi la question,
00:33:54 est-ce que si on fera un tour de table là-dessus,
00:33:56 est-ce que si, comme le demandait Robert Ménard ce matin chez Sonia Mabrouk,
00:34:00 on instaure les statistiques techniques en France,
00:34:03 est-ce qu'il n'y aura plus de stigmatisation sur les prénoms ?
00:34:06 Question en tout cas, Marc Menand,
00:34:08 de quoi ce jeu des prénoms est-il le nom ?
00:34:11 Lorsqu'on voit la première semaine, tout le monde cache les prénoms,
00:34:15 parce que les prénoms sont les coupables, on va dire, pour caricaturer,
00:34:20 et la deuxième semaine, tout le monde sort les prénoms,
00:34:23 parce que les prénoms sont victimes.
00:34:26 Alors déjà, qu'est-ce qu'un prénom ?
00:34:29 N'oublions pas que les noms, les noms et les patronymes
00:34:33 apparaissent vers l'an 1000, et alors, si vous êtes charcutier,
00:34:39 on va vous donner un nom qui correspond,
00:34:41 ou alors vous êtes maçon, vous vous appellerez le maçon,
00:34:45 vous voyez, ce sont toutes les consonances qui font qu'on est caractérisé,
00:34:51 ou alors vous habitez près du pont, vous devenez Dupont,
00:34:54 il y avait beaucoup de ponts en France, si l'on voit aujourd'hui,
00:34:57 le nombre de Duponts qui demeurent.
00:34:59 Et les prénoms apparaissent vers le Moyen-Âge, c'est une petite distinction.
00:35:05 En plus, en général, c'est vrai qu'ils sont d'inspiration chrétienne,
00:35:09 alors ce sont ceux qui fleurissent dans le calendrier.
00:35:14 Mais la Révolution arrive, la Révolution, elle est là pour tout bouleverser, forcément.
00:35:18 Et nos révolutionnaires, ils en ont marre de ces prénoms trop catholiques,
00:35:23 et eux, eh bien, ils décident d'avoir Marat,
00:35:26 ils décident d'avoir Germinal, c'est-à-dire que soudain,
00:35:30 ce sont les noms, les prénoms de la nouvelle France.
00:35:34 Il y a un nouveau calendrier, et il y aura donc une nouvelle interpellation
00:35:39 des uns entre les autres.
00:35:42 Ça ne va pas plaire aux premiers consuls.
00:35:45 Eh oui, quand ils voient ça, Bonaparte, il dit "de l'ordre, de l'ordre, de l'ordre,
00:35:50 arrêtons, ça devient n'importe quoi,
00:35:53 on ne sait plus qui représente quoi, il a une idée de la France,
00:35:58 et de là, il y a un décret qui paraît le 1er avril 1803.
00:36:04 Et ce décret, eh bien, fait qu'on doit avoir un prénom
00:36:10 qui se trouve dans un calendrier.
00:36:12 Donc, soit le calendrier catholique, soit le calendrier républicain,
00:36:20 soit éventuellement un prénom qui fasse une évocation d'un personnage
00:36:26 ayant marqué l'histoire, par exemple César, il n'y a pas de Saint César.
00:36:31 En revanche, César, ça reste toujours un personnage
00:36:35 qui fleurit ici et là dans les foyers français.
00:36:39 Voilà comment donc on a cette idée d'un prénom qui caractérise les Français.
00:36:46 Mais vous voyez qu'on est dans quelque chose de relativement large,
00:36:51 contrairement à ce que nous dit Éric Zemmour,
00:36:53 qui voudrait revenir uniquement à la caractérisation chrétienne.
00:36:59 Ce n'est pas ce que voulait Bonaparte.
00:37:01 Et puis après, il y a les lois qui vont changer en 1993,
00:37:05 où là, carrément, on fait ce que l'on veut,
00:37:08 et c'est l'officier d'état civil qui estime si votre fantaisie...
00:37:12 Par exemple, il y a une personne qui avait voulu appeler son enfant
00:37:16 du nom d'une voiture automobile, Mégane, ou un nom comme ça.
00:37:21 - Ça passe encore, Mégane. - Il y avait eu Gariféri.
00:37:24 - Oui, Gariféri, enfin des choses comme ça.
00:37:26 - C'est bon, il y avait eu Spatulou.
00:37:28 - Bon, voilà. Et là, l'officier d'état civil dit non, éventuellement.
00:37:33 Ça ne correspond pas. C'est indigne pour la personne qui le portera.
00:37:38 Et c'est l'officier d'état civil qui, lui, après, déterminera
00:37:43 quel est le bon prénom. Voilà pour les prénoms.
00:37:46 Alors, pourquoi aujourd'hui voudrait-on qu'il y ait des prénoms
00:37:51 qui soient de consonnance ethnique ?
00:37:54 Là, il nous faut revisiter ce qu'est une ethnie.
00:37:58 Est-ce que, juridiquement parlant, par rapport à la philosophie française,
00:38:03 on peut admettre qu'il y ait des statistiques ethniques ?
00:38:07 C'est quoi, donc, une ethnie ?
00:38:09 Une ethnie, ça veut dire qu'éventuellement, vous êtes repérable sur votre couleur.
00:38:14 Vous seriez jaune, vous seriez rouge, vous appartenez à une ethnie.
00:38:19 Alors là, c'est un délit de faciès. Et puis, en plus, nous avons déterminé
00:38:23 depuis longtemps, et scientifiquement, entre guillemets,
00:38:25 que les races n'existaient pas et que, par conséquent,
00:38:28 nous sommes tous de la même origine.
00:38:31 Donc, on oublie, on ne peut pas avoir des ethnies en fonction de la couleur.
00:38:35 Alors, il y aurait des ethnies en fonction d'une origine plus centrée.
00:38:41 Alors, qu'est-ce qui fait le berbère, le kabyle, l'arabe ?
00:38:46 Comment on va les différencier ?
00:38:48 Mais vous avez également le basque. Vous avez, pourquoi pas, le corse.
00:38:53 Mais qu'est-ce qui fait aussi le français ?
00:38:56 Est-ce qu'on est d'ethnie française ?
00:38:58 Ça voudrait dire quoi, être français ?
00:39:00 Ça pose d'autres questions, parce qu'au bout de combien de générations,
00:39:04 éventuellement, vous devenez français ?
00:39:06 Souvenez-vous, quand Napoléon revient d'Égypte,
00:39:11 il a à ses côtés, lui qui l'accompagnera presque jusqu'à la fin de son existence,
00:39:17 Roustan et plusieurs Mamlouks.
00:39:20 Ces Mamlouks, imaginons qu'ils aient eu des héritiers.
00:39:24 Aujourd'hui, est-ce qu'ils sont français ?
00:39:26 Ou est-ce qu'il faudrait les assigner à une ethnie, l'ethnie Mamlouk ?
00:39:32 Vous voyez que les choses sont quand même extrêmement compliquées.
00:39:35 Alors ça nous conduit à ce qui se passe aujourd'hui dans les quartiers.
00:39:40 Et là, c'est le communautarisme.
00:39:42 Donc il faudrait plus, éventuellement, avoir non pas une statistique ethnique,
00:39:49 mais une statistique identitaire.
00:39:52 C'est quoi une statistique identitaire ?
00:39:55 C'est éventuellement refuser de vivre selon les normes de la République,
00:40:00 selon les normes de la laïcité,
00:40:02 et se revendiquer non pas citoyen, mais éventuellement musulman.
00:40:07 Et à partir de là, plutôt que d'être dans l'assimilation,
00:40:11 où vous cherchez à vous dire qu'effectivement,
00:40:14 vous appelleriez plutôt Dominique que Mohamed.
00:40:19 Et d'où M. Darmanin ce matin, qui dit "moi, mon deuxième prénom, c'est Moussa".
00:40:26 Est-ce que les choses sont plus compliquées que ça ?
00:40:28 Par exemple, on a eu un président de la République qui s'appelait Sadi Carnot.
00:40:32 Et Sadi Carnot, parce que Sadi, c'était son grand-père, Lazare Carnot,
00:40:37 qui adorait, et ça s'est retransmis dans la famille,
00:40:39 qui adorait le poète qui s'appelait Sadi.
00:40:43 Et lui, son véritable prénom, c'est Marie-François.
00:40:46 Et pour autant, il choisit de s'appeler Sadi jusqu'à l'afficher au sommet de la République.
00:40:52 Donc il inverse les principes.
00:40:55 Mais dans tout ça, la question à se poser, c'est comment encourage-t-on ce principe identitaire ?
00:41:01 Comment encourage-t-on le fait que des gens s'affichent,
00:41:07 non pas en tant que citoyens, mais derrière une étiquette, une culture,
00:41:12 et que par conséquent, ils se votent la rupture et ne veulent plus être dans la citoyenneté ?
00:41:18 Donc il nous faut, et là on revient à M. Thibault de Montbrial...
00:41:22 - Moralité.
00:41:23 - Moralité, comment assimiler ?
00:41:25 Il nous est temps maintenant de faire en sorte que les uns et les autres puissent changer.
00:41:30 Parce que imaginez que demain, ceux qui aujourd'hui s'appellent Mohamed, Mouloud, Rachid,
00:41:36 ils s'appellent Robert, Dédé, etc.
00:41:38 Ça ne va pas changer le fait qu'ils ne se sentiront pas français.
00:41:42 - Et d'autant plus, si vous permettez, qu'il y en a beaucoup qui s'appellent Mohamed, Rachid, Mouloud,
00:41:48 qui ne sont pas du tout justement dans cette rupture avec la France.
00:41:53 Par exemple, il y a beaucoup de berbères qui ont aussi ce prénom-là.
00:41:56 - C'est ce que je vous disais.
00:41:57 - Voilà.
00:41:58 - D'où l'impossibilité de faire des statistiques ethniques qui ne voudraient rien dire.
00:42:04 - Alors justement, un tour de table par rapport aux statistiques ethniques.
00:42:06 Charnot Dernières, qu'est-ce que vous pensez du fait que, comme disait Robert Ménard ce matin,
00:42:11 est-ce que... Regardons par exemple les pays où il y a des statistiques ethniques en Europe.
00:42:15 Il disait ce matin qu'il y en avait 22 pays, c'était en 2008.
00:42:18 Aujourd'hui, on a cherché un peu, on a vu Grande-Bretagne, Pays-Bas, la Grèce, la Roumanie, la Pologne,
00:42:24 République tchèque, Slovaquie, la Suède.
00:42:27 Est-ce que si, en France, on va vers les statistiques ethniques, ça pourrait réduire, ou au contraire, peut-être stigmatiser, je ne sais pas ?
00:42:36 - En tout cas, ça pourrait objectiver cette question-là.
00:42:39 Parce qu'il y a aujourd'hui... En fait, la question qui se pose aujourd'hui, pourquoi à chaque fois que les statistiques ethniques reviennent dans le débat,
00:42:47 c'est sur cette question du lien potentiel entre immigration et délinquance.
00:42:53 C'est tout le temps pour ce sujet-là qu'on se repose la question,
00:42:56 et on ne se pose jamais la question des statistiques ethniques pour des raisons "positives".
00:43:00 C'est pour objectiver cette question-là sur les générations précédentes.
00:43:04 Vous savez, sur cette question de la désassimilation de la 3e génération, qui est parfois moins assimilée à la France,
00:43:10 moins respectueuse et même moins aimante vis-à-vis de la France alors qu'elle y est née, que la 1re génération.
00:43:16 Donc c'est cette question-là, en réalité, qu'on voudrait objectiver, et que nous n'arrivons pas à regarder en face.
00:43:23 Et d'ailleurs, c'est exactement l'histoire de ces prénoms à Crépol,
00:43:28 puisque, en l'occurrence, la plupart d'entre eux sont nés en France de nationalité française.
00:43:32 Donc on voit bien que c'est autre chose qu'on a envie de nommer,
00:43:35 et qu'on n'arrive pas à nommer, évidemment, par la nationalité, puisque cette donnée y échappe.
00:43:40 Qu'est-ce qui permettrait de sortir, justement, de ce déni, selon vous, Mathieu,
00:43:43 d'un côté des statistiques ethniques, faut-il des statistiques ?
00:43:45 Moi, je n'ai pas d'opposition de principe si nos sociétés sont complexes,
00:43:48 un instrument de connaissance supplémentaire de la société,
00:43:50 et surtout, vu le déni, aujourd'hui, qui entoure ça, devant la nationalité strictement administrative,
00:43:55 si elles sont nécessaires pour mieux gérer la société.
00:43:58 Bon. Ensuite, il faut simplement faire un bon usage, parce que quand on regarde, par exemple,
00:44:02 les statistiques ethniques aux États-Unis, il y a quelquefois un effet d'agrégation un peu étrange.
00:44:05 Donc vous avez, par exemple, des Salvadoriens, des Mexicains, des gens du Honduras, des Chiliens,
00:44:10 et tout ça devienne latinos.
00:44:12 Or, quoi qu'on en dise, il y a des cultures nationales suffisamment différentes entre un pays et l'autre,
00:44:17 pour que si vous créez la catégorie latinos, ça vous en dit moins sur la réalité que vous ne le croyez.
00:44:21 Donc c'est pour ça qu'il y a un bon usage à en faire, mais il faut éviter de faire des catégories
00:44:25 qui finalement créent de nouvelles supra-ethnies, appelons ça comme ça, les "browns" aux États-Unis.
00:44:29 C'est quand même bizarre. Ils ont inventé la couleur de peau. Brrr.
00:44:32 Me semble-t-il qu'ils auraient dû être capables de nommer les choses autrement.
00:44:35 - Moi, ce qui m'inquiète, c'est que je constate que les pays qui font des statistiques ethniques
00:44:40 n'ont pas résolu leurs problèmes pour autant, par exemple le Royaume-Uni.
00:44:43 Mais je crois que, tout simplement, en fait, on se lance pour demander cette usine à gaz,
00:44:50 dont Charlotte a raison de dire qu'elle objectiverait la situation,
00:44:54 simplement pour savoir ce que l'on n'a pas le droit de savoir,
00:45:01 c'est-à-dire qu'on n'a pas le droit de faire l'éthiologie pour savoir si les populations immigrées
00:45:06 s'assimilent au bout de 1, 2, 3, 4 générations.
00:45:09 Et ça, on a le droit de se poser la question et de le savoir.
00:45:12 Alors s'il faut passer par des statistiques ethniques, passons par des statistiques ethniques.
00:45:16 Mais on devrait ne pas être obligé d'utiliser des grands mots ainsi.
00:45:20 Ce n'est pas ça qui permettra cette assimilation.
00:45:24 C'est-à-dire qu'à la troisième génération, ils sont moins assimilés que les premiers.
00:45:29 Donc aujourd'hui, le grand drame, c'est que l'on a des gens que l'on met dans des quartiers,
00:45:34 ces gens sont enfermés sur eux-mêmes.
00:45:36 Et il y a un phénomène de contagion aussi bien sur le fait de se choisir comme identité une religion,
00:45:45 et également si vous décidez de vous appeler Jean-Pierre, on va dire "mais t'es un traître, tu vas t'appeler Mohamed".
00:45:52 C'est-à-dire que vous voyez, vous ne pouvez pas vous assimiler parce qu'on les enferme, on les met en dehors.
00:45:59 On a un besoin urgent de savoir si les immigrés s'assimilent dans notre pays.
00:46:05 Parce que quand Gérald Darmanin, par exemple, a dit "ah bah oui mais c'est bon, ils sont français, n'en parlons plus",
00:46:12 non, parce que s'ils étant français, ils ne se sentent pas français alors qu'ils devraient l'être depuis 3 ou 4 générations,
00:46:17 c'est encore plus grave que s'ils sont arrivés de la veille.
00:46:19 Donc on a le droit de savoir, appelons ça statistique ethnique ou autrement,
00:46:23 on a le droit de savoir si sur une, deux, trois, quatre générations, les immigrés s'assimilent ou pas.
00:46:27 En une phrase, je pense que ceux qui s'y opposent surtout, ils s'y opposent moins pour des raisons de principe,
00:46:32 qu'ils ont peur de ce qu'on y apprendrait.
00:46:34 Ils ont terriblement peur de ce que révélerait de telles statistiques,
00:46:37 et dès lors, ils les refusent non pas par principe, c'est-à-dire le principe républicain,
00:46:41 ils le refusent par peur, c'est-à-dire voilà ce que ça pourrait nous apprendre sur une France encore plus désagrégée qu'on ne le croit.
00:46:46 – Merci beaucoup, on apprend que le deuxième prénom de Guillaume Bigot, c'est Clément ou Adrien,
00:46:54 il a cinq prénoms.
00:46:58 Rapidement, avant votre chronique Charlotte, j'aimerais quand même vous faire réagir sur la mère de Romain Suérizère,
00:47:07 Marie-Hélène Thorvald, elle avait dénoncé la culture de la délinquance,
00:47:12 il y a un appel qui a été diffusé sur les réseaux sociaux, rédigé ainsi,
00:47:16 "Suite aux récentes prises de position de Madame le maire, de nature à stigmatiser les habitants du quartier de la Monnaie,
00:47:21 mais aussi à ne pas condamner ouvertement la venue de la ministre d'ultra-droite pour se faire justice,
00:47:25 il faut manifester samedi de décembre à 13h.
00:47:29 Il accuse de faire un amalgame entre jeunes français d'origine étrangère, islam, et jeunes des quartiers.
00:47:34 Ne laissons pas Madame la maire profiter de manière cynique de ce drame pour durcir sa politique qui a déjà montré ses limites."
00:47:41 - Premièrement, il y a des fautes dans le truc, si je peux me permettre,
00:47:44 il aurait pu quand même prendre la peine de rédiger correctement leur communiqué,
00:47:47 ce que nous prônons des profs de français.
00:47:49 Ensuite, je voudrais savoir, est-ce que ces gens sont représentatifs du quartier,
00:47:54 ou est-ce qu'ils sont finalement les porte-parole de ceux qui sont dénoncés par Madame la maire,
00:47:57 et dans les circonstances, dans son cas, je crois qu'elle a désormais le droit de se sentir inquiète,
00:48:02 parce qu'on sent qu'il y a une menace sous-jacente à travers cela.
00:48:05 Je redoute que dans quelques semaines, elle doit vivre de manière en sécurité, en fait, sous protection policière.
00:48:10 - Charlotte, c'est vous qui m'avez envoyé d'ailleurs ce que vous avez découvert.
00:48:14 - Oui, parce que moi, la première question que je me suis posée, en effet,
00:48:16 c'est de me dire qui sont ces habitants qui appellent à manifester.
00:48:18 Parce que si ce sont des habitants du quartier de la Monnaie, qui est déjà mis en coupe réglée,
00:48:22 et là, c'est le maire qui le dit, ce sont les notes de police qui le disent, c'est la préfecture qui le dit,
00:48:26 et cet été, on a vu des règlements de comptes jusqu'à l'intérieur de ce quartier-là.
00:48:30 Donc si ce sont les mêmes habitants qui pourrissent la vie des habitants de la Monnaie,
00:48:33 qui appellent à manifester contre le maire, qui essayent de sortir ces habitants de leur situation, bon, voilà.
00:48:39 - Charlotte, on va s'arrêter à ce qui se passe à Nice.
00:48:43 Aujourd'hui, la CRS 8 a à nouveau été envoyée dans le quartier de Nice.
00:48:47 Cette fois-ci, il s'agit encore du trafic de drogue.
00:48:51 On a appris dans Nice matin hier que 70% des personnes interpellées pendant ces sept derniers mois,
00:48:56 impliquées dans le trafic de drogue, sont en situation irrégulière sur le territoire.
00:49:02 Personne n'en parle.
00:49:04 En quoi les migrations clandestines alimentent-elles en silence ces réseaux de trafic de drogue ?
00:49:09 - La première chose, c'est en effet ce chiffre qui était cité dans Nice matin,
00:49:14 qui vient évidemment de la préfecture, le préfet Yugmoutou,
00:49:17 qui a donné les chiffres justement de ce travail sur le trafic de drogue dans la région.
00:49:21 Mais on a également le directeur général de la police nationale,
00:49:24 qui a auditionné lundi devant le Sénat et qui a parlé du narcotrafic en France.
00:49:29 C'était l'objet de cette étude.
00:49:31 Il parlait de 315 faits d'homicide ou tentatives d'homicide depuis le début de l'année 2023.
00:49:36 Voilà une menace mortelle.
00:49:38 315 faits d'homicide ou tentatives d'homicide en zone police,
00:49:42 soit une hausse, dit-il, de 57% par rapport à la même période l'année d'avant.
00:49:47 Or, on l'a vu de manière un peu, vous savez, intuitive.
00:49:49 On voit de jour en jour que ces règlements de comptes se multiplient,
00:49:52 qu'ils sont mortels, que les gens impliqués d'un côté ou de l'autre des règlements de comptes
00:49:56 sont de plus en plus jeunes.
00:49:57 Et cette violence ne fait plus l'actualité comme elle a su le faire.
00:50:01 Vous vous souvenez de cette jeune fille qui s'était pris une balle perdue chez elle,
00:50:04 il y a quelque temps, à Marseille ?
00:50:06 Le week-end dernier, on a un père de famille, Quincas Genère,
00:50:09 qui a été tué dans son lit à Lyon,
00:50:11 parce que sa fenêtre était au-dessus du point de deal dans l'immeuble.
00:50:14 On a vu sa fille dire qu'elle ne voulait plus vivre ici, évidemment, en larmes, la pauvre.
00:50:18 Ce père de famille n'a pas du tout fait l'actualité,
00:50:21 comme on aurait pu le voir les années précédentes.
00:50:24 Ces homicides, tentatives d'homicides et ces victimes qu'on appelle,
00:50:27 atrocement, collatérales, ne font plus l'actualité.
00:50:31 Nous nous sommes aussi habitués à cette violence extrêmement inquiétante.
00:50:34 Et vous le disiez, à Nice, dans ces opérations,
00:50:37 70% sur un nombre d'interpellations conséquents,
00:50:40 sont des étrangers en situation irrégulière.
00:50:43 Et par ailleurs, sur 648 interpellations,
00:50:46 on a 235 mineurs qui sont appréhendés à proximité des zones de trafic.
00:50:51 Donc, ce que les policiers disent depuis déjà quelques années,
00:50:54 c'est que dans ces réseaux criminels de trafic en tout genre,
00:50:58 nous avons beaucoup d'étrangers, si possible mineurs,
00:51:02 qui sont objectivement utilisés comme chair à canon,
00:51:05 des grands trafiquants, qui se servent d'eux,
00:51:07 parce que par ce biais-là, ils échappent beaucoup plus facilement
00:51:10 à la police et donc à la justice.
00:51:12 - C'est à Dijon, on a dit Lyon, mais c'est à Dijon.
00:51:15 Comment expliquer... - Ah pardon, le père de famille.
00:51:18 - Oui, le père de famille, le week-end dernier.
00:51:20 Comment expliquer une telle implication, Charlotte Dornelas,
00:51:24 d'étrangers et de mineurs dans ces trafics,
00:51:27 pourtant parfaitement implantés ?
00:51:29 - Déjà, le lien existe très clairement.
00:51:31 On ne parle pas de Français d'origine étrangère,
00:51:34 on parle non seulement d'étrangers, mais en situation irrégulière.
00:51:37 Pour la plupart, c'est arrivé ces dernières années,
00:51:40 et en plus, parfois, très jeunes.
00:51:42 C'est quand même une réalité qu'il faudrait au minimum
00:51:45 intégrer et regarder bien en face, surtout dans sa progression,
00:51:48 pour ceux qui veulent accélérer l'industrialisation
00:51:52 des flux migratoires, notamment par le biais de la Méditerranée,
00:51:56 en ne pensant cette question-là que sous le signe de l'accueil.
00:51:59 Il faut évidemment... Je pense qu'il y a une chose
00:52:01 sur laquelle on s'entendra tous, sauf quelques-uns
00:52:03 qui préfèrent travailler de près ou de loin avec eux,
00:52:05 mais on s'entendra tous sur le fait que les passeurs
00:52:08 se criminalisent à échelle vraiment énorme.
00:52:11 Ces dernières années, qu'ils travaillent directement
00:52:14 avec des trafiquants à qui ils livrent, en quelque sorte,
00:52:17 et parfois, de la marchandise humaine.
00:52:19 Parce que je veux bien qu'on lutte contre l'esclavage
00:52:21 qui est aboli depuis quand même quelques années maintenant,
00:52:24 mais ce serait bien de voir celui qui existe aujourd'hui.
00:52:26 Or, c'est littéralement ce dont on parle,
00:52:28 et l'organisation de ces réseaux de passeurs
00:52:31 relève franchement de la reconstitution
00:52:33 d'une route d'esclavagisme pur.
00:52:36 Mais vraiment, alors évidemment, il n'y a pas que ça
00:52:38 qui se passe, on va dire, ou qui passe
00:52:41 par le biais de la Méditerranée, mais il y a ça aussi.
00:52:43 Et pourquoi on trouve ces étrangers,
00:52:45 pour revenir à votre question, et si possible mineurs,
00:52:47 pour les mineurs, ça peut être un arrangement
00:52:49 dès le départ de l'autre rive de la Méditerranée.
00:52:53 On a vu plusieurs fois des témoignages,
00:52:55 notamment de ceux qui sont chargés de les accompagner
00:52:58 à l'aide sociale à l'enfance aujourd'hui, dire
00:53:00 "Ils partent, la traversée est moins chère pour eux
00:53:02 parce que les trafiquants leur expliquent
00:53:04 qu'ils rendront quelques services pour rembourser leur traversée
00:53:06 ensuite arrivée en France.
00:53:08 Ils sont pris pieds et poings liés par des réseaux
00:53:10 excessivement violents, et n'importe quelle tentative
00:53:13 de fuite de ces réseaux équivaut à se mettre en danger,
00:53:16 parfois même en danger de mort.
00:53:18 Donc je ne vois pas très bien à quel moment
00:53:20 la nouvelle vie est aussi formidable
00:53:23 que certains le laissent paraître.
00:53:26 Par ailleurs, les opérations sur les points d'île
00:53:29 dont on parle ces derniers mois, on va dire,
00:53:31 les opérations, vous savez, très régulières sur les points d'île,
00:53:33 elles ont l'avantage indiscutable de soulager la population locale.
00:53:37 Quand vous débloquez un point d'île en bas d'un immeuble,
00:53:39 les habitants de l'immeuble sont évidemment contents.
00:53:41 Simplement, les têtes de réseau échappent évidemment
00:53:45 à ce harcèlement des points d'île sur le terrain.
00:53:48 Ils ne sont évidemment jamais sur le terrain,
00:53:51 et ça c'est la police judiciaire qui s'en charge
00:53:53 à partir de ce qui est récupéré sur le terrain.
00:53:56 Donc les vrais organisateurs de ce trafic
00:53:58 qui ont un seul intérêt dans leur trafic, évidemment,
00:54:02 ça n'est que l'argent.
00:54:04 Or, comment en économiser en plus en échappant au contrôle,
00:54:07 en prenant des petites mains, d'abord qui coûtent moins cher,
00:54:10 eux aussi, finalement, et qui échappent au contrôle de police,
00:54:13 c'est-à-dire qui sont difficilement détectables ?
00:54:16 Eh bien, vous faites un turnover permanent,
00:54:18 si possible avec des mineurs, parce que quand vous ajoutez à ça
00:54:20 la question de la minorité, notamment devant la justice,
00:54:23 eh bien vous avez une parfaite chair à canon
00:54:26 pour continuer vos trafics.
00:54:28 Et le... comment dire...
00:54:30 On trouve aujourd'hui, je pense qu'il faut quand même
00:54:32 regarder les choses en face,
00:54:34 dans les règlements de comptes,
00:54:36 on trouve des gamins de 15 ans des deux côtés de la Kalachnikov.
00:54:39 Des gamins de 15 ans qui sont parfois,
00:54:41 et de plus en plus, en effet, eux-mêmes,
00:54:43 alors pas en situation irrégulière,
00:54:45 puisqu'étant mineurs, on ne peut pas dire en situation irrégulière,
00:54:47 ils sont mineurs non accompagnés,
00:54:49 mais qui arrivent par le même biais,
00:54:51 et imaginez, par ailleurs, pour la France,
00:54:54 ce que représentent des gamins qui à 12, 13, 14 ans,
00:54:57 sont inscrits dans un tel environnement de violence pure,
00:55:01 au point qu'ils sont capables de tuer à des âges où,
00:55:04 en général, on joue au Lego,
00:55:06 dans un imaginaire français.
00:55:08 Donc imaginez la violence dont sont capables ces jeunes,
00:55:11 et la violence dont ils seront capables aussi dans 10 ans.
00:55:14 Donc c'est évidemment une question qui se pose
00:55:16 de sécurité évidente en France sur celui-là,
00:55:19 pour les Français, et même de considération
00:55:22 de la vie de ces gamins, évidemment.
00:55:24 - Vous parlez de considération de la vie de ces gamins,
00:55:27 et vous avez parlé d'esclavage moderne.
00:55:29 Est-ce que ce n'est pas quand même un peu fort,
00:55:31 peut-être, le mot esclavage moderne ?
00:55:33 - On a des mineurs dont on sait qu'ils sont récupérés
00:55:35 par les passeurs, pris en charge par les passeurs,
00:55:37 et livrés à des trafiquants, aux trafiquants de la drogue,
00:55:41 notamment, c'est vrai à Marseille de plus en plus,
00:55:44 ils sont livrés comme tels aux trafiquants
00:55:46 pour faire les petites mains dans le réseau,
00:55:48 pour aller souffler, comme on dit, récupérer la drogue,
00:55:51 ou aller tuer directement dans les règlements de compte.
00:55:54 On trouve des gamins de plus en plus jeunes,
00:55:56 et en situation, enfin, des mineurs non accompagnés,
00:55:59 comme on dit, le tout avec menace de mort,
00:56:01 s'ils tentent de fuir ou de ne pas rembourser le réseau.
00:56:04 Moi, je ne sais pas, je n'ai pas l'impression
00:56:06 que le mot esclave soit trop fort dans la manière
00:56:08 dont ils sont considérés par les réseaux eux-mêmes.
00:56:10 Et par ailleurs, vous vous souvenez, il y a quelque temps,
00:56:12 on avait parlé des gangs nigériens,
00:56:14 qui étaient devant un tribunal à Marseille, notamment,
00:56:17 qui sont présents dans plusieurs villes en France,
00:56:19 et alors, eux, ils vont chercher des filles au pays,
00:56:22 ils les emmènent, ils leur promettent de payer la traversée à leur place,
00:56:26 de leur trouver un métier, et de les faire rembourser ensuite.
00:56:28 Le métier, en général, qu'on leur promet,
00:56:31 c'est prostituée sur les trottoirs français,
00:56:33 et si elles essayent, elles aussi, ou si elles ne remboursent pas assez vite
00:56:37 par le biais de la prostitution,
00:56:39 on a des histoires de femmes brûlées,
00:56:41 de femmes battues à mort, violées collectivement
00:56:44 et en public dans des rues en France.
00:56:46 Alors, ces filles-là, elles sont arrivées en France
00:56:48 par le biais des réseaux d'immigration aussi.
00:56:50 Je ne pense pas que le mot "esclave" soit trop fort.
00:56:53 Là, on a un esclavage bien réel,
00:56:54 et par ailleurs, un esclavage qui touche des femmes,
00:56:56 sans que ça n'intéresse aucune de nos féministes revendiquées.
00:57:00 Ça me paraît plus grave qu'une blague, même à la télé,
00:57:03 même sur un plateau de télé.
00:57:05 Et simplement, on a des réseaux qui sont, comment dire,
00:57:08 démantelés régulièrement, qui lient de plus en plus
00:57:11 le trafic de drogue et la prostitution,
00:57:13 notamment des mineurs en France.
00:57:15 Les mineurs non accompagnés,
00:57:16 mais aussi les petits mineurs français,
00:57:18 notamment dans les foyers de l'aide sociale à l'enfance,
00:57:22 où on trouve des enfants particulièrement fragiles
00:57:24 et particulièrement peu protégés,
00:57:26 évidemment, par leurs parents directement.
00:57:28 Je pense que c'est une question qui devrait nous inquiéter
00:57:30 plus qu'elle ne nous inquiète réellement.
00:57:32 Merci pour votre regard sur ces interpellations
00:57:36 dans le cadre des trafics de drogue à Nice.
00:57:40 Dernière question avec vous, mon cher Mathieu.
00:57:44 On a entendu Olivier Véran au Sénat répondre à une sénatrice
00:57:49 que la France est unie, qu'il se veut ferme,
00:57:53 sans ambiguïté, qu'il n'y a qu'une seule France.
00:57:56 Est-ce que c'est la méthode Coué ?
00:57:59 Est-ce que c'est la politique de l'autruche ?
00:58:01 A-t-il raison de voir une France unie ?
00:58:04 Vous savez, le sentiment qu'on a de soi-même
00:58:07 ne suffit pas à confirmer une réalité pour soi-même.
00:58:09 C'est comme si je vous disais que je suis plus mince que jamais.
00:58:11 Vous seriez en droit de me dire, vraiment, Mathieu,
00:58:13 dans ton sentiment, c'est peut-être ça,
00:58:15 mais il se peut que des données objectives
00:58:17 nous donnent un autre point de vue.
00:58:19 - Je peux vous dire ça pour vous encourager.
00:58:21 - Non, ça ne fonctionnerait pas.
00:58:23 Je saurais que vous seriez en train de mentir.
00:58:25 Mais dans la même logique, on peut dire
00:58:27 que la France est plus unie que jamais.
00:58:29 Il n'y a qu'une France, qu'un peuple français.
00:58:31 Mais plus on le dit, plus on sait que c'est faux.
00:58:33 Et on le comprend.
00:58:35 Lorsque tout l'enjeu, évidemment, est autour du mot "France",
00:58:38 qu'entend-on par "France" ?
00:58:40 Alors, il n'y a effectivement qu'une France
00:58:42 au sens d'une entité juridique reconnue comme telle
00:58:45 à l'échelle du monde, c'est-à-dire le pays France.
00:58:47 D'accord, il n'y a qu'une France.
00:58:49 Mais quand on pense au mot "France",
00:58:51 est-ce qu'on pense seulement à ça,
00:58:53 ou est-ce qu'on pense à quelque chose de plus ?
00:58:55 On pense à un peuple, évidemment.
00:58:57 Ce qu'on constate aujourd'hui,
00:58:59 plusieurs ont utilisé cette formule au fil du temps,
00:59:01 Ben Soussan, Zemmour, d'autres,
00:59:03 c'est pas les seuls,
00:59:05 Gérard Collomb, François Hollande,
00:59:07 on parlait de plusieurs peuples,
00:59:09 on parle de plusieurs religions ethniques,
00:59:11 donc il y a une réalité partout documentée.
00:59:13 Et la question qu'on peut se demander, finalement,
00:59:15 c'est qu'il faut se tourner vers quelle est notre conception du peuple,
00:59:17 c'est-à-dire quelle est notre conception du peuple,
00:59:19 pour savoir s'il y a une ou deux ou trois ou quatre France.
00:59:21 Et de ce point de vue, je propose qu'on se tourne
00:59:23 vers une figure qui fera consensus, je crois,
00:59:25 qui est le fondateur de la Ve République,
00:59:27 le général de Gaulle, qui, à ce que j'en sais,
00:59:29 n'est pas une figure infréquentable.
00:59:31 Donc on va voir quelle est la conception du peuple
00:59:33 du général de Gaulle par trois ou quatre
00:59:35 de ses déclarations les plus fortes
00:59:37 de l'histoire. De Gaulle dit, par exemple,
00:59:39 on le sait très bien, lorsqu'il explique
00:59:41 pourquoi il est favorable, notamment,
00:59:43 à l'indépendance de l'Algérie, il dit,
00:59:45 il voit venir les vagues démographiques,
00:59:47 il dit « Je ne veux pas que Colombais, les deux églises,
00:59:49 deviennent Colombais, les deux mosquées. »
00:59:51 C'est une de ses formules, c'est le général de Gaulle,
00:59:53 c'est pas moi. Qu'est-ce qu'il dit par là?
00:59:55 C'est que si la France changeait non seulement de religion,
00:59:57 mais de paysage religieux,
00:59:59 la France ne serait plus la France.
01:00:01 Déclaration un.
01:00:03 Déclaration deux, on connaît très bien sa phrase
01:00:05 sur le mélange des Européens
01:00:07 et des populations du Maghreb, en disant
01:00:09 ils vont finir par se séparer inévitablement,
01:00:11 c'est comme l'huile et le vinaigre, tôt ou tard,
01:00:13 ça finit par se séparer inévitablement.
01:00:15 Il y a une troisième déclaration qui
01:00:17 vous fait traverser l'Atlantique un instant,
01:00:19 vous allez voir pourquoi. En 1967,
01:00:21 de passage au Québec, parlant des Québécois,
01:00:23 il dit « Vous êtes Français plus que jamais, »
01:00:25 malgré le fait que la France n'était plus
01:00:27 chez nous depuis 250 ans quand même.
01:00:29 Et il disait « Les Québécois sont plus Français que jamais,
01:00:31 vous êtes des Français du Canada. »
01:00:33 Et à l'heure de Gaulle, même si nous n'étions pas
01:00:35 sous la République, même si nous n'étions pas
01:00:37 sous souveraineté française depuis 250 ans,
01:00:39 200 ans à ce moment-là,
01:00:41 il n'en demeure pas moins que pour lui,
01:00:43 les Québécois étaient encore des Français.
01:00:45 Donc c'est une conception de la nation qui est assez
01:00:47 éloignée de la mythologie républicaine.
01:00:49 On est davantage dans la culture, dans l'identité,
01:00:51 dans l'identité profonde d'un peuple,
01:00:53 et dans les mémoires de guerre,
01:00:55 et dans les mémoires d'espoir.
01:00:57 Il parle sans cesse de la France qui vient du fond des âges.
01:00:59 Alors si on comprend que c'est ça,
01:01:01 l'identité française d'une manière ou de l'autre,
01:01:03 on doit constater qu'il y a deux entités.
01:01:05 Il y a le peuple français au sens historique,
01:01:07 et il y a une population française au sens large,
01:01:09 issue de l'immigration massive.
01:01:11 Et tout l'enjeu dans les circonstances
01:01:13 est probablement de faire en sorte que la population
01:01:15 française se joigne au fil du temps
01:01:17 au peuple français, mais ça on appelle ça
01:01:19 le travail de l'assimilation.
01:01:21 - On appelait ça autrefois l'assimilation,
01:01:23 10 secondes pour répondre, mais alors
01:01:25 dire cela, est-ce que c'est pas consentir
01:01:27 à la partition? - Oui, bien consentir,
01:01:29 c'est justement distinguer peuple et population,
01:01:31 certains diront vous consentez à la partition.
01:01:33 Moi je dirais qu'il n'y a de politique qui tienne que par
01:01:35 les réalités. Or si vous décidez,
01:01:37 si vous réduisez la définition de la France,
01:01:39 une pure administration, un pur droit,
01:01:41 et des prestations sociales, bien évidemment, on va quand même pas se gêner,
01:01:43 si ce n'est que ça, la France,
01:01:45 alors ça ne veut plus rien dire. La France,
01:01:47 finalement, c'est rien d'autre, c'est comme la Suède,
01:01:49 c'est la Suisse, c'est la Nouvelle-Zélande et tout ça.
01:01:51 Retrouver le peuple français.
01:01:53 Pendant très longtemps, on a su qui était ce peuple français,
01:01:55 on savait le reconnaître, le général de Gaulle
01:01:57 savait le reconnaître, aujourd'hui,
01:01:59 on le sait, c'est une autre idée d'extrême droite.
01:02:01 - Merci Mathieu,
01:02:03 merci Gabrielle, Charlotte,
01:02:05 Marc, spéciale dédicace, faites vos sapins,
01:02:07 #facealimpo,
01:02:09 envoyez-nous les photos, excellente suite de
01:02:11 programme Pascal Praud, tout de suite pour l'heure des produits.
01:02:13 de l'univers.
01:02:14 Merci.
01:02:14 merci à bientôt !