Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00 -19h, c'est l'heure. Face à l'info, bonsoir à tous.
00:04 Ravie de vous retrouver ce soir.
00:06 La minute info, Mikaël Dos Santos.
00:08 Bonsoir, Mikaël. -Bonsoir à tous.
00:10 Le Hamas annonce la libération
00:12 dans les prochains jours d'otages étrangers.
00:15 Un message diffusé il y a quelques minutes
00:17 par le groupe terroriste.
00:19 Selon Abu Obeida,
00:20 les intermédiaires ont été informés.
00:23 Pour le moment, les nationalités des détenus
00:25 n'ont pas été communiquées.
00:27 Des dizaines de familles d'otages franco-israéliens
00:30 ont reçu des applaudissements à l'Assemblée nationale.
00:33 Des proches étaient présents dans l'hémicycle.
00:36 Ils ont réclamé de l'aide, mais aussi la fin du soutien au Hamas
00:39 et aux pays amis du groupe terroriste.
00:41 La présidente Yael Brown-Pivet a exprimé sa solidarité
00:45 et demandé la libération de l'entièreté des otages.
00:48 Et puis, enfin, Gérald Darmanin
00:49 souhaite retirer le titre de séjour à tout étranger
00:52 qui aurait commis un acte antisémite.
00:55 Des propos tenus il y a quelques minutes
00:57 par le ministre de l'Intérieur
00:59 lors d'un déplacement au Centre culturel israélien de Levallois-Perret.
01:03 Le membre du gouvernement a déclaré
01:05 comprendre la peur des Juifs de France.
01:07 Depuis le 7 octobre dernier,
01:09 857 actes antisémites ont été recensés.
01:12 425 personnes ont été interpellées.
01:14 -Et au sommaire ce soir,
01:17 merci à Mikaël De Santos,
01:19 au sommaire ce soir, des étoiles de David
01:22 pour marquer les habitations des Juifs.
01:25 Plusieurs immeubles ont été ciblés à Saint-Ouen,
01:28 au Bervilliers, à Paris, notamment.
01:31 Si la justice a été saisie,
01:32 Gérald Darmanin a annoncé sa fermeté.
01:35 857 actes antisémites depuis le 7 octobre.
01:38 425 interpellations.
01:40 Oui, mais un pas de plus a été franchi.
01:43 Un pas franchi également,
01:45 celui à la première radio de France,
01:47 Radio de services publics France Inter,
01:49 où Benhamin Netanyahou est qualifié de nazi.
01:52 Sans prépuce, au milieu de rires.
01:54 N'est-ce pas finalement ceux qui crient au nazisme,
01:57 qui sont les réels fascistes,
01:59 ces antisémites, nauséabonds, islamo-gauchistes,
02:02 qui attisent la haine ?
02:04 L'édito de Mathieu Boccote.
02:06 Et pendant ce temps, l'immigration continue.
02:10 On ne parle plus des chiffres de Lampedusa,
02:12 mais nous vous parlerons de cette île,
02:14 des Canaries, le nouveau Lampedusa.
02:17 D'après une enquête de Factuel,
02:19 nous verrons comment elle, Lierau,
02:21 au large des côtes marocaines,
02:23 a connu une augmentation spectaculaire
02:25 des arrivées de migrants au cours des dernières semaines.
02:28 Cette île espagnole devient l'une des principales portes d'entrée
02:32 dans l'Union européenne.
02:33 Plus de 30 000 arrivées depuis le début de l'année,
02:36 au moins plus de 10 000 pour le seul mois d'octobre.
02:39 Qu'est-ce qui explique le boom migratoire
02:41 sur cette route maritime des îles Canaries ?
02:43 L'analyse de Dimitri Pavlenko.
02:45 Tous les moyens sont donc mis en oeuvre
02:48 pour retrouver les auteurs des étoiles de David
02:51 sur les immeubles abritant les Juifs,
02:53 a déclaré Gérald Darmanin il y a quelques instants.
02:56 Cette étoile de David, un symbole fort qui a traversé l'histoire,
02:59 cette étoile de David portée par l'ambassadeur d'Israël à l'ONU,
03:03 qui dénonçait le silence du monde face aux bébés juifs brûlés,
03:06 cette étoile de David, que représente-t-elle ?
03:09 Pourquoi est-elle devenue un symbole d'identification négative ?
03:13 Quelle est son histoire ? Marc Menor raconte.
03:16 Ce soir, c'est la fête d'Halloween,
03:19 Halloween ou l'éloge de l'horreur.
03:22 Chacun sort ses films d'horreur, chacun se déguise,
03:25 en recherchant souvent le déguisement le plus sombre.
03:27 Objectif, faire peur.
03:29 Derrière, la volonté de faire la fête.
03:31 Comment en est-on venu à fêter le sang,
03:34 célébrer l'angoisse, vénérer l'horreur,
03:37 les monstres, les vampires, le mal ?
03:39 Mais où est la fête du bien ?
03:41 Que fait cette fête en France de décryptage de Charlotte Dornelès ?
03:45 Et puis, nous nous arrêterons pour terminer en Allemagne,
03:48 car sur place, le magazine "Built" tabloïd le plus lu dans le pays,
03:52 vient de publier un code de vie pour les migrants,
03:54 pour leur apprendre les règles élémentaires pour bien vivre en Allemagne.
03:58 Nos valeurs, les voici.
03:59 Le magazine "Built" dont publie 50 rappels, 50 règles.
04:03 Parmi ces règles, beaucoup d'Allemands mangent du porc.
04:06 L'État a le monopole de la violence.
04:08 Les femmes portent des bikinis.
04:11 Les couteaux doivent être dans les cuisines et pas dans les poches.
04:13 De quoi ce besoin d'éduquer une population qui s'installe ?
04:18 Est-elle le nom ?
04:19 Nos valeurs, les voici.
04:21 L'édito de Mathieu Beaucoupte.
04:23 Une heure pour prendre un peu de hauteur avec nos mousquetaires.
04:26 On commente, on décrypte, on analyse et c'est parti.
04:30 Bonsoir à tous.
04:43 Je vous invite à vous rencontrer en parlerin d'Halloween.
04:46 Pardon, Marc Menanz vous a fait une révélation.
04:47 Vous avez été exorcisé, c'est une blague.
04:49 - Non, c'est vrai. - Ils ont fini leur travail ?
04:51 Non, mais c'est...
04:54 Non, mais vous savez peut-être pas,
04:56 mais j'étais sur Europe 1, il y a quelques années de cela,
04:59 pendant cinq ans.
05:02 Le dimanche matin, il y avait 2 millions d'auditeurs.
05:05 C'était une émission sur le paranormal.
05:07 Et dans ce cadre, j'ai vécu certaines expériences,
05:09 dont un exorcisme pendant une heure et demie.
05:12 C'est un raté, en fait.
05:14 Non, je suis un raté.
05:16 Mais non, mais non.
05:18 Vous allez nous expliquer tout ça.
05:19 On parlera tout à l'heure, avec Charlotte Dornelas,
05:22 de cette éloge de l'horreur.
05:23 Dans un instant, Marc Menanz nous fait toujours rire.
05:26 Alors...
05:27 Personne n'imaginait revivre une telle scène.
05:30 Et on en parlera avec vous, Mathieu Bocoté,
05:33 en Europe, aujourd'hui, et en France aussi,
05:36 des maisons taguées avec l'étoile de David.
05:40 Les femmes juives, les familles juives, pardon,
05:43 censées y habiter sont ainsi exposées à tous,
05:46 transformées en cibles
05:47 pour tous ceux qui voudraient aller au bout de leur antisémitisme.
05:50 Ces actes étaient-ils inévitables dans la présente séquence ?
05:54 Je dirais que tout réchauffement des passions politiques
05:58 tend à réchauffer, on le voit un peu partout.
06:00 L'antisémitisme se réactive souvent dans les moments de crise.
06:03 Et là, on en est témoin.
06:05 Reste à voir de quel antisémitisme nous parlons.
06:08 Et nous y arriverons rapidement.
06:10 Mais prenons d'abord le sens des événements.
06:12 Qu'est-ce que ça veut dire lorsqu'on décide de taguer une maison
06:15 du signe de l'étoile de David ?
06:17 C'est tout simple, ça désigne une famille,
06:19 ça désigne une maison,
06:21 ça désigne une demeure et ça la transforme en cible.
06:24 C'est-à-dire, on dit voilà, désormais, des gens qui,
06:27 aujourd'hui, demain, après-demain,
06:28 on ne s'en chipote pas sur la date,
06:30 qui pourraient, demain, être la cible de persécution,
06:34 être la cible d'un éventuel pogrom,
06:36 être la cible de persécution religieuse, raciale,
06:40 de persécution idéologique.
06:41 Autrement dit, les juifs sont ainsi désignés
06:44 à la vindicte publique,
06:46 à la manière d'une communauté à persécuter,
06:48 sur le mode du bouc émissaire éternel, appelons ça comme ça.
06:51 Et ce n'est pas vrai seulement en France.
06:54 On l'a vu en Allemagne, on l'a vu il y a quelques années,
06:56 on l'avait vu à Montréal, soit dit en passant.
06:58 On le voit en France aujourd'hui.
07:00 Et le signal ainsi envoyé, c'est aussi quitter ce territoire.
07:03 Quitter ! On vous envoie un signal.
07:05 Vous n'êtes plus les bienvenus.
07:07 Alors, aujourd'hui, comme je dis, ça ne veut pas dire
07:09 que demain, on va te frapper physiquement.
07:11 Mais le signal est envoyé, la prochaine étape, je dirais,
07:14 sans être certaine demain,
07:16 est probable dans les prochains temps,
07:18 surtout si la situation continue de se réchauffer.
07:22 Je note, soit dit en passant, que les persécutions anti-juives,
07:24 il y en a déjà eu en France ces dernières années.
07:26 Sarah Halimi, Muriel Knoll, Jérémie Cohen,
07:28 on pourrait en nommer d'autres.
07:29 Et tous ceux qui n'ont pas subi l'ultime punition,
07:32 qui ne sont pas morts, mais qui ont appris
07:34 à dissimuler leur judéité,
07:36 ou alors à quitter leur ville,
07:38 ou à quitter même la France quelquefois,
07:40 parce que dans les quartiers où ils étaient,
07:42 il n'était plus possible de vivre en sécurité
07:45 et en toute liberté.
07:46 Alors, on se dira, des scènes comme celles-là,
07:49 on en a déjà vu dans l'histoire.
07:50 On a vu ces scènes-là il n'y a pas assez longtemps,
07:52 il y a quelques décennies.
07:54 Et on se demandera, et la question revient souvent,
07:56 n'avons-nous rien appris ?
07:58 N'avons-nous rien appris ?
07:59 Cette question est très mal formulée.
08:02 Parce que n'avons-nous, nous,
08:04 est-ce que nous avons appris quelque chose ?
08:05 Oui. Le monde occidental a pris conscience
08:09 de l'horreur de l'antisémitisme
08:11 et a fait de l'antisémitisme
08:12 un véritable crime contre l'esprit.
08:14 Aujourd'hui, l'antisémitisme est banni,
08:15 il est pénalisé, il est criminalisé
08:18 dans nos sociétés.
08:19 N'avons-nous rien appris ?
08:20 Nous avons appris.
08:22 Ceux qui aujourd'hui décident de taguer de telles maisons,
08:25 ceux qui s'adonnent à de telles persécutions,
08:27 vous me pardonnerez de le dire, mais ce n'est pas nous.
08:30 Ce n'est pas nous.
08:31 C'est une autre communauté, c'est une autre histoire,
08:34 c'est une autre civilisation
08:35 qui s'est installée chez nous,
08:38 au sens plus général du monde occidental,
08:40 et qui n'entend pas vivre comme nous,
08:42 qui porte ses rancunes, qui porte ses rancœurs,
08:45 qui porte ses préjugés.
08:46 Je ne dis pas tous les membres de ces communautés,
08:48 on s'entend, cela va de soi.
08:50 Mais ce n'est pas nous...
08:52 Je me permets, j'insiste encore sur le terme.
08:54 Nous avons fait l'examen critique
08:56 après la Deuxième Guerre mondiale, après la Shoah.
08:58 Mais les communautés, à tout moment les membres de communautés
09:01 qui arrivent avec cette lecture,
09:04 cet antisémitisme encore vivant,
09:06 ne porte pas la même histoire,
09:08 ne porte pas le même inconscient collectif.
09:11 Donc on doit se délivrer ici
09:14 de l'illusion de la continuité historique.
09:18 Ce n'est pas le même peuple...
09:19 Il faut comprendre les dégâts.
09:21 Ce n'est pas le retour de Vichy,
09:23 ce n'est pas le retour des Allemands version nazi,
09:26 ce n'est pas le retour de Xavier Valla,
09:28 ce n'est pas le retour de Darkeith Pellepoix.
09:29 Non, ce n'est pas ça.
09:30 C'est tout simplement une figure nouvelle,
09:32 un antisémitisme, on l'a souvent dit, d'importation.
09:35 Mais plusieurs refusent de nommer cette réalité.
09:39 Parce que s'ils la nommaient,
09:40 ils devraient d'abord et avant tout reconnaître
09:42 la spécificité de cet antisémitisme
09:45 qui marque en partie, sans le définir exclusivement,
09:47 le monde arabo-musulman.
09:48 Il faut toujours faire des distinctions qui sont nécessaires.
09:51 Et ils devraient aussi reconnaître leur propre responsabilité
09:54 dans l'immigration massive qui a rendu possible
09:56 la transplantation en Europe
09:59 de cet antisémitisme spécifique.
10:02 Éric Zemmour, qui est en Israël ces jours-ci,
10:05 je pense qu'il est arrivé hier ou avant-hier.
10:07 - Vous étiez dans l'émission hier quand même.
10:08 - Oui, très juste. Je crois que j'y étais.
10:10 Mais j'ai mis mal à condeur.
10:13 Dit, les Français ne sont pas antisémites.
10:15 L'antisémitisme vient des banlieues islamisées
10:18 de cultures arabo-musulmanes.
10:20 Olivier Faure, le chef de ce groupuscule nommé EPS, répond,
10:25 "On se souvient bien de Mohamed Pétain,
10:28 "Rakhaï de Vichy."
10:30 Ah, c'est intéressant.
10:31 Donc, que cherche à faire Olivier Faure ?
10:33 Il refuse d'assumer la responsabilité spécifique
10:36 d'un antisémitisme arabo-musulman,
10:38 alors qu'il n'y aurait eu aucun problème, de son côté,
10:40 à assumer la spécificité d'un antisémitisme français,
10:42 version Maurras, par exemple.
10:44 Donc, s'il est prêt parfaitement à dire
10:46 qu'il y a un antisémitisme spécifiquement français,
10:48 il n'accepte pas de dire
10:49 qu'il y a un autre type d'antisémitisme
10:51 qui, aujourd'hui, est bien plus vivant,
10:52 bien plus virulent,
10:54 et c'est justement celui issu de l'immigration.
10:56 Et il nous fait le coup de la continuité historique illusoire.
10:59 Donc, c'est une manière d'assumer une double irresponsabilité,
11:02 irresponsabilité des communautés en question
11:04 et irresponsabilité des élites politiques
11:06 qui ont rendu possible cet antisémitisme d'importation.
11:09 - J'ai une petite question, monsieur Zidière,
11:13 entre deux questions.
11:15 Il y a beaucoup de Français
11:17 qui sont aussi dans cet antisémitisme d'importation ?
11:21 - Je ne suis pas certain, franchement.
11:22 Ça dépend de ce que vous entendez par "français", ici.
11:24 C'est-à-dire, le mot de "français",
11:25 il a perdu un peu son sens au fil du temps.
11:27 Si on entend par "français", simplement,
11:28 "nationalité administrative, juridique", peut-être.
11:31 Mais ce qu'on pourrait appeler maladroitement,
11:33 parce que c'est toujours difficile de parler de ça,
11:35 mais le peuple français historique s'est purgé
11:38 de sa tentation antisémite.
11:40 Elle a traversé un long moment de l'histoire,
11:42 il s'en est purgé, véritablement.
11:44 Il ne faut pas l'oublier, ce dont on parle aujourd'hui,
11:46 quoi qu'on en dise, il est beaucoup plus dangereux
11:49 de se promener en kippa dans certaines banlieues islamisées
11:52 qu'à Versailles, une journée comme ça.
11:55 - Une autre polémique, Mathieu Bocote,
11:56 traverse l'espace public en ce moment.
11:59 Elle met en scène Guillaume Meurisse,
12:02 qui a traité à Benjamin Netanyahou de nazi sans prépuce.
12:06 - Quelle subtilité !
12:08 Le service public reconnaissable tel qu'il est.
12:10 C'est intéressant comme formule,
12:12 parce que là, on est dans le cadre d'Halloween.
12:15 On disait "Voulez-vous déguiser et faire peur aux enfants ?
12:17 "Déguisez-vous à Benjamin Netanyahou de nazi sans prépuce."
12:19 Et là, autour de lui, ça fait "Ah, mais quelle bonne blague !
12:22 "Mais quel blagueur, ce Meurisse !"
12:24 Et ce qui est intéressant, c'est de voir au-delà.
12:27 On nous dit "On a le droit de critiquer Netanyahou ?"
12:29 Bien sûr qu'on peut critiquer Netanyahou,
12:31 sévèrement, fermement, durement.
12:33 Mais c'est pas de ça dont on parle ici.
12:35 On parle de la nazification des Juifs
12:38 quelques semaines après, à peine après un attentat,
12:41 le plus violent, le plus grand carnage de Juifs
12:44 depuis la Deuxième Guerre mondiale.
12:46 On pourrait dire à tout le monde que ça manque de délicatesse.
12:48 Mais il y a deux récits qui se mettent en place
12:50 dans le propos de Guillaume Meurisse.
12:52 Je ne sais pas si il en est conscient.
12:53 Je ne lui prête pas une intelligence exceptionnelle.
12:56 À tout le monde, il y a deux récits qui se mettent en place.
12:58 Le premier, c'est le récit de la nazification des Juifs.
13:00 Ça, ça fait un bon moment que ça tourne.
13:02 On nous dit globalement que les Juifs font aux Palestiniens
13:06 ce que les Allemands, les nazis, ont fait aux Juifs.
13:09 Et dans cette logique, on nous dira
13:11 que Gaza, c'est le camp de concentration et d'extermination
13:15 aujourd'hui des Palestiniens,
13:16 comme il y a eu camp de concentration et d'extermination en Europe.
13:20 Donc, à travers cela,
13:21 ça sert évidemment à marquer du sou du mal absolu israël.
13:25 Et ça, évidemment, on frappe sur Netanyahou,
13:27 mais on ne se contente pas de frapper Netanyahou
13:29 quand on dit par ailleurs "État raciste,
13:31 État colonialiste, État d'apartheid".
13:33 Donc, nazification des Juifs, dans un premier temps,
13:36 qui s'accouple à un autre récit,
13:38 qui est celui qu'on connaît assez bien ces dernières années.
13:41 On a dit l'antisémitisme,
13:44 l'islamophobie a remplacé l'antisémitisme.
13:47 Donc, on nous dit globalement
13:48 l'Occident a besoin d'une minorité à persécuter.
13:51 Autrefois, c'était les Juifs.
13:53 Aujourd'hui, ce sont les musulmans.
13:56 Et de ce point de vue,
13:57 Netanyahou participe à cet antisémitisme nouveau
14:00 nommé islamophobie.
14:02 Il y a quelque chose d'étonnant là-dedans.
14:03 À moins que je me trompe,
14:05 je n'ai pas vu les pogroms anti-musulmans en Europe.
14:07 Ça se peut que ça m'ait échappé.
14:08 Mais ce que je note, toutefois, c'est qu'on a nommé islamophobie
14:11 toute forme de résistance à l'islamisation du continent européen.
14:15 Et ça, c'est intéressant de voir comment,
14:17 en jouant avec les mots, finalement,
14:18 on a voulu frapper, d'interdire toute réflexion
14:20 sur l'islamisation de l'Europe.
14:22 Je le précise, je ne suis pas de l'école.
14:24 Certains veulent poursuivre Guillaume Meurisse,
14:25 le faire virer, tout ça.
14:26 Moi, je ne suis pas de l'école de "poursuivons les gens",
14:28 mais il faut certainement nommer les choses telles qu'elles sont.
14:30 Et ici, on est entre l'abjection et la bêtise.
14:33 -Carle Léa va suggérer ce matin sur CNews
14:37 au micro de Sonia Mabrouk
14:39 que Jean-Luc Mélenchon soit fiché S.
14:42 Est-ce une manière de dire que LFI et l'islamo-gauchisme
14:45 qu'il exprime représentent désormais une menace
14:47 pour la démocratie française ?
14:48 -Ce qui est fascinant, le propos, je crois,
14:50 était maladroit et intéressant.
14:52 Intéressant d'abord, pourquoi ?
14:54 Parce qu'il révèle un transfert du sacré négatif.
14:58 Qui était le super méchant ? Qui était le super vilain ?
15:01 Le monstre de superversion dans un film de super-héros,
15:05 c'était le RN jusqu'à tout récemment.
15:07 Et je suis persuadé qu'après la crise,
15:08 ça va redevenir le RN, soit dit en passant.
15:10 Mais en ce moment, on est bien obligés de constater
15:12 que ceux qui se portent à la défense des Français juifs,
15:15 ceux qui se portent à la défense d'Israël,
15:17 ceux qui se portent à la défense de notre civilisation
15:19 et qui condamnent le Hamas,
15:20 le RN en fait partie.
15:22 Inversement, "La France insoumise"
15:24 est dans un discours aujourd'hui
15:27 qui effraie à peu près tout le monde.
15:29 Et ce qui fait que là, puisque la France,
15:30 c'est un trait particulier de la culture politique française,
15:32 a besoin d'un grand Satan dans la vie politique,
15:35 eh bien, il y a un nouveau procédé de satanisation,
15:38 et c'est Jean-Luc Mélenchon.
15:39 Donc une forme de transfert de sacré négatif.
15:42 C'est assez intéressant de voir ça.
15:44 Le nouveau Jean-Marie Le Pen, version riverolle,
15:47 pour plusieurs, c'est Jean-Luc Mélenchon.
15:49 Je ne sais pas si cette analyse est vraie ou si elle est fausse,
15:51 mais je note que c'est ce qui s'opère en ce moment
15:53 comme transfert dans l'espace public.
15:56 Ensuite, cela dit, vous me permettrez,
15:57 quand on dit "il faudrait le fiché S",
15:59 permettez-moi de confesser quelques réserves.
16:01 Cette manie à l'extrême centre,
16:02 ça existe aussi ça aujourd'hui,
16:04 de vouloir fiché S, de frapper d'interdit,
16:06 de frapper d'anathème, d'interdire
16:08 tous ceux qui ne l'aiment pas, même quand ils sont dieux.
16:10 Je ne crois pas qu'on trouvera chez moi
16:12 un ami intellectuel de Jean-Luc Mélenchon.
16:14 Mais cette manie de vouloir transformer en fiché S,
16:16 en interdit, en paria,
16:18 de finalement souhaiter la déchéance civique
16:21 de l'ennemi politique ou de l'adversaire politique,
16:23 je ne suis pas certain que ce soit le trait
16:25 d'une psychologie démocratique très avancée.
16:27 Et de ce point de vue, il y a une radicalisation autoritaire
16:29 qu'on ne voit pas dans nos sociétés,
16:30 portée par des démocrates libéraux à cravate.
16:33 Et de cela aussi, il faudra s'inquiéter
16:35 une fois que la crise sera terminée.
16:37 - Je peux vous poser une question, s'il vous plaît ?
16:38 - Bien, bien sûr.
16:39 - Vous ne l'est pas fiché Guillaume Meurice.
16:42 Vous ne l'est pas fiché Jean-Luc Mélenchon.
16:44 - Oui.
16:45 - Oui, je sais. On appelle ça la démocratie libérale.
16:48 C'est ce truc bizarre qui consiste à accepter
16:51 que les gens qui ne pensent vraiment pas comme nous
16:53 habitent dans l'espace public.
16:55 Ensuite, qu'on se comprenne bien,
16:56 Guillaume Meurice le critiquait, le surcritiquait,
16:58 rappelait à quel point son propos était abject, sans souci.
17:01 - Ce n'est pas la droite qui s'agenouille devant la gauche.
17:03 - Je n'avais pas l'impression de pratiquer un tel rituel.
17:05 Mais je le dis, je refuse de m'agenouiller
17:08 devant la religion de l'interdiction du désaccord.
17:11 Ça, pour moi, il y a quelque chose de fondamental.
17:12 - C'est dans cette faille, justement,
17:14 avec tout le monde, sans...
17:15 - Oui, mais c'est trop facile de dire on va en profiter.
17:18 Maintenant, ils sont, eux, dans le rôle du méchant.
17:19 On va en profiter pour les interdire.
17:21 Et moi, je dis, un instant, non.
17:23 Moi, je veux interdire très, très peu de choses, finalement.
17:25 Soyons honnêtes, l'appel à la violence, fondamentalement,
17:28 et l'appel à la violence, l'appel aux meurtres,
17:30 et la diffamation.
17:31 Pour le reste, les propos, je pense,
17:33 le génie de la démocratie,
17:34 c'est de tolérer des propos qui nous révulsent
17:36 et de ne pas chercher à transformer en fichés S
17:38 ceux avec qui on est en désaccord absolu.
17:40 Sinon, demain matin ou après-demain,
17:42 ce sera votre tour d'être fiché S, ou le mien,
17:44 ou celui de Charlotte, ou même de Marc, ça sera encore pire.
17:46 - Ça se trouve, je suis déjà fiché...
17:48 - Fiché sexe.
17:49 - Je serai en prie.
17:50 - Je trouve très important ce qu'a dit Mathieu,
17:53 et je le félicite,
17:54 parce que vraiment, c'est des mots qu'il faut rappeler.
17:56 C'est pas parce qu'on n'est pas d'accord qu'il faut pas se parler.
17:59 On est assez d'accord les uns les autres sur ce plateau-là,
18:02 mais ça nous laisse le temps de développer nos raisonnements.
18:05 Mais la conversation démocratique, Mathieu a raison,
18:07 c'est l'essence même de notre système politique.
18:10 Cet enfermement où on est tous d'accord,
18:12 les uns avec les autres, dans ce petit cercle
18:14 qu'on se constitue chacun entre soi,
18:16 et on est incapable d'échanger,
18:17 c'est ça, le drame de notre démocratie.
18:19 Si la démocratie doit mourir, elle mourra de ça.
18:22 - J'entends bien, et la question que je pose plus largement,
18:24 et c'est très beau, mais je me dis que plus largement,
18:27 à force de grandes tolérances et de dire...
18:29 Je suis la première à prôner la tolérance et de dire
18:32 "Mais non, on va pas trop les critiquer, pas trop, etc."
18:36 - Les critiquer, oui, mais les fichés S,
18:40 les traiter comme des ennemis de l'Etat...
18:42 - Vous auriez pas dit le dixième de ce que d'autres ont dit,
18:45 que vous auriez été déjà fiché.
18:47 - D'accord, mais j'espère ne pas être aussi abject
18:49 que les abjects du camp d'en face.
18:51 - Formidable.
18:53 - C'est là où il faut revenir à l'histoire de la presse,
18:56 à l'histoire du blasphème.
18:57 C'est extraordinaire ce que nos ancêtres ont forgé
19:00 depuis cinq siècles, c'est-à-dire la capacité
19:04 d'avoir l'exigence d'une pensée totalement libre,
19:08 d'avoir des journaux qui peuvent se permettre
19:11 de mettre en caricature les personnages
19:15 les plus emblématiques, et le personnage des personnages,
19:19 l'essence même de la création, à savoir Dieu,
19:22 oui, on peut en rire, et ça, c'est formidable.
19:25 Aujourd'hui, trop peu de gens sont capables de comprendre ça.
19:29 - Pour vous aussi, Charlotte Bernays-Lasguy,
19:31 Maurice, tolérance maximale, liberté d'expression ?
19:35 - Je suis d'accord sur le fait de ne pas poursuivre.
19:38 Là où vous dites, ça se niche à l'intérieur,
19:40 c'est que eux, qui sont extrêmement puissants
19:43 dans le débat médiatique et public,
19:45 cet état d'esprit, on va dire,
19:47 qui est très puissant ces dernières années,
19:49 ont systématiquement utilisé le biais judiciaire
19:52 et le biais d'interdiction sociale, on va dire,
19:54 pour combattre des idées.
19:56 Mais précisément, ça affaiblit aussi leur combat,
19:59 c'est-à-dire que le jour où il y a une parole
20:02 et des arguments contraires qui maintiennent en phase 2
20:05 et en face de leurs interdictions morales,
20:07 là, subitement, ça a aussi du succès.
20:09 Il y a enfin des gens qui se disent "Ça existe".
20:12 Donc, en effet, quand il y a un Guillaume Meurice
20:15 ou des gens plus sérieux, on va dire,
20:17 qui disent des choses que l'on juge insupportables ou fausses,
20:20 je pense que l'argumentaire, sur le long terme,
20:23 est plus efficace.
20:24 - Je vous donne la parole aussi.
20:26 Je relance juste en disant que la moralité de tout ça,
20:29 c'est que d'un côté, on peut avoir un Éric Zemmour
20:32 qui a 3,5 milliards de plaintes, je vous donne la parole,
20:35 et de l'autre, on a un Jean-Luc Mélenchon
20:37 qui a été poursuivi pour incitation à la haine.
20:39 - Non, mais simplement, dans la logique,
20:42 c'est là où on a une victimisation.
20:43 Je suis constamment offensé.
20:45 Vous n'aviez pas le droit de dire ça.
20:47 On est dans un monde de pleurnichards.
20:49 "Vous m'avez traité de gros, mais on n'a pas le droit de le dire."
20:53 Il faut être malvoyant.
20:54 On est dans une société où plus rien n'a de sens
20:57 parce qu'il y a son petit soi qui veut être dans son éblouissement
21:01 en oubliant que les autres vous regardent.
21:03 - Je confesse au fantasme politique.
21:05 Si je suis élu à la présidence de la République,
21:07 ça impliquerait que je devienne citoyen français.
21:10 Mais j'abolirais demain matin la possibilité de ces poursuites
21:13 pour opinions divergentes, pour propos haineux.
21:16 Je couperais le financement des associations
21:19 qui permettent de telles poursuites.
21:21 J'empêcherais les associations de supporter Parti civil
21:24 pour quelqu'un qui, lui, doit se sentir offusqué.
21:28 Je décide de porter plainte à sa place.
21:30 J'abolirais les conditions de possibilité juridique
21:33 de ces procès à répétition,
21:35 ce qui fait en sorte qu'ils ne vous poursuivraient pas.
21:38 Ensuite, on remplacerait ça par le débat.
21:40 - Il vous reste plus qu'à être français.
21:43 - "Je l'étais il y a deux siècles et demi,
21:45 "mais vous êtes partis, vous êtes retournés chez vous."
21:48 - Dimitri ! - "Vous nous avez largués."
21:51 - On va parler de ces 50 règles
21:53 qui sont intéressantes à regarder
21:55 pour ceux qui ne sont pas allemands
21:57 et que le tabloïd Bild met en place.
21:59 C'est très intéressant.
22:01 On a une nouvelle destination ce soir
22:03 sur la carte des routes migratoires menant à l'Europe,
22:06 les îles Canaries.
22:07 Cet archipel espagnol situé au large des côtes marocaines
22:10 est en train de devenir l'une des principales portes d'entrée
22:14 dans l'Union européenne.
22:15 C'est une enquête factuelle qui l'a notamment révélée.
22:18 C'est sur l'île El Hierro, la Lampedusa de l'Atlantique,
22:22 disent les Espagnols.
22:23 On y recense depuis le début de l'année, Dimitri,
22:26 plus de 30 000 arrivées par la mer,
22:28 d'octobre, au moins 10 000 arrivées
22:32 pour le seul mois d'octobre.
22:33 - C'est pas mal pour une île de 11 000 habitants.
22:36 On va peut-être revoir la carte des îles Canaries.
22:39 C'est au large, entre le Maroc et le Sahara occidental.
22:44 C'est un archipel de sept îles.
22:46 Les arrivants, les migrants qui partent des côtes africaines,
22:51 prennent la mer sur des pirogues depuis des rivages assez lointains,
22:54 le Sénégal, la Mauritanie principalement.
22:57 Pourquoi de si loin ?
22:58 Les Marocains surveillent les côtes depuis la signature d'un accord
23:02 d'avril 2022.
23:03 Les Marocains disent avoir bloqué 26 000 départs.
23:06 La route marocaine s'éteint,
23:08 qui est la plus proche et la plus facile.
23:10 Je sais pas si vous vous rendez compte
23:12 ce que ça fait 1 500 km en pirogue.
23:15 C'est entre une et deux semaines de mer,
23:17 dans des conditions qui peuvent être dantesques,
23:20 avec le risque que les courants atlantiques
23:23 vous emmènent au grand large, vous fassent rater les Canaries.
23:27 Là, c'est un voyage sans retour,
23:28 direction le Venezuela, 5 000 km de mer.
23:31 On a retrouvé des pirogues partis d'Afrique
23:33 avec des corps mommifiés,
23:35 car il n'y avait pas suffisamment de vivres.
23:38 C'est une route extrêmement dangereuse.
23:40 On dit qu'un bateau sur trois qui s'engagerait
23:43 au départ de ces côtes africaines en direction des Canaries
23:46 ferait naufrage, un sur trois.
23:48 Il y aurait eu 11 000 morts en 5 ans sur cette route,
23:51 dit une ONG espagnole.
23:53 Les Nations Unies évoquent plutôt 3 000 disparus,
23:56 mais c'est quand même beaucoup.
23:57 Quand les bateaux parviennent à atteindre les Canaries,
24:01 ils arrivent au port de la Restinga,
24:03 au sud de cette île d'El Hierro.
24:05 C'est l'île la plus méridionale de l'archipel des Canaries,
24:09 la plus petite.
24:11 Vous avez quelques villages, 11 000 habitants,
24:13 vous avez 16 policiers sur cette île d'El Hierro.
24:17 C'est l'extrémité australe de l'Europe.
24:19 Il y a une borne qui figure, cette frontière sud de l'Europe.
24:23 C'est un confetti frontière,
24:25 qui est au milieu de l'océan.
24:26 Et un peu comme à Mayotte,
24:28 vous avez une disproportion des richesses
24:30 entre les Canaries,
24:32 où le PIB annuel moyen par habitant est de 19 000 euros.
24:36 Ce n'est pas la moyenne de l'UE,
24:38 mais c'est 10 à 15 fois plus que ce que vous avez au Sénégal,
24:42 en Mauritanie, etc.
24:43 C'est un aimant pour toute la pauvreté de la région.
24:46 Cela dit, contrairement à Mayotte,
24:48 et c'est ce qui rapproche El Hierro
24:51 plutôt d'une île comme Lampedusa,
24:53 où les migrants n'y sont que de passage,
24:55 parce que l'île est trop petite.
24:57 Ils sont très vite transférés à la grande île des Canaries,
25:00 Ténérife, ou directement en Espagne.
25:02 Ils sont répartis dans toute l'Espagne.
25:05 - Dimitri, qu'est-ce qui explique le boom migratoire
25:08 sur ces routes des îles Canaries ?
25:11 On va marquer une pause.
25:13 C'est intéressant de ce...
25:16 On me dit que je dis trop souvent "intéressant",
25:18 mais c'est intéressant de ce...
25:20 - Vous le redites. - Oui.
25:22 Je n'ai pas beaucoup de vocabulaire.
25:24 De se plonger sur cette île qui est vraiment une porte ouverte
25:27 pour l'entrée dans l'Union européenne,
25:29 et personne n'en parle.
25:31 On regarde Lampedusa, regardons les Canaries.
25:33 On marque une pause.
25:35 - C'est vrai ?
25:38 On m'envoie les synonymes de "intéressant".
25:41 Captivant, palpitant, passionnant, prenant...
25:44 Je suis mieux éclairée quand je suis comme ça.
25:47 Je suis mieux éclairée.
25:49 Pertinent, important.
25:50 J'apprendrai un peu les synonymes d'intéressant.
25:54 Dimitri, revenons justement sur cette île
25:58 qui remplacerait peut-être Lampedusa,
26:00 c'est-à-dire El Hierro, aux Canaries.
26:03 Qu'est-ce qui explique ce boom migratoire sur place ?
26:06 Si on prend à l'échelle de l'histoire,
26:08 c'est le boom démographique de l'Afrique,
26:11 un des événements majeurs du 21e siècle,
26:14 combiné à l'insuffisance du développement économique du continent.
26:18 Et si l'Occident a une responsabilité,
26:21 dans cet état de fait, dans cette poussée migratoire
26:24 des Africains hors de leur continent,
26:27 c'est qu'après la colonisation,
26:29 l'Occident n'a pas tenu le discours de vérité à l'Afrique,
26:32 qui consistait à lui dire que pour contrôler sa prospérité,
26:36 il fallait maîtriser sa démographie.
26:39 Ce que l'Occident a fait en Asie,
26:41 il ne l'a pas répliqué en Afrique pour tout un tas de raisons.
26:45 Parce que l'Afrique est considérée comme sous-peuplée.
26:48 Vous prenez la densité d'habitants par km²,
26:50 c'est 34 aujourd'hui, c'est 51 à l'échelle mondiale.
26:54 Parce qu'en Afrique, la seule richesse,
26:56 c'est la richesse humaine.
26:58 C'est la grande thèse de Stephen Smith,
27:00 qui raconte ça dans son célèbre livre.
27:03 Vous prenez le Sénégal, par exemple.
27:05 C'est le rivage duquel partent beaucoup des migrants
27:09 qui prennent cette très périlleuse route des Canaries.
27:12 Le Sénégal est entré en transition démographique.
27:15 On fait aujourd'hui beaucoup moins d'enfants au Sénégal qu'il y a 40 ans.
27:19 Mais c'est toujours 4,5 à 5 enfants par femme.
27:21 Alors que le PIB par habitant, c'est 1 500 dollars.
27:25 Versus 19 000, comme je vous disais, au Canary.
27:27 Le développement économique sénégalais est un échec.
27:31 Il n'y a aucune intention de dire du mal du Sénégal.
27:34 C'est un état de fait.
27:35 La première cause de départ du Sénégal,
27:38 quand vous interrogez les migrants qui arrivent là,
27:41 cette semaine, au Canary, ils vous disent...
27:43 Il y a la crise politique actuelle entre le président Macky Sall
27:46 et son opposant, Ousmane Sonko,
27:48 alors qu'il y a une présidentielle qui arrive au Sénégal.
27:51 Mais vous avez aussi l'économie au Sénégal.
27:54 La pêche artisanale emploie un actif sur cinq au Sénégal.
27:59 Le secteur est totalement laminé.
28:02 Depuis quelques années, vous avez une surpêche.
28:04 Des bateaux-usines chinois.
28:05 Il y a des accords qui ont été signés,
28:07 des licences qui ont été accordées de manière très opaque.
28:10 Il y a des problèmes de corruption au Sénégal.
28:11 Ces bateaux chinois sont en train de pêcher tous les poissons.
28:15 Ça affaiblit, ça appauvrit finalement tout le littoral.
28:18 Donc si la pirogue ne rapporte plus d'argent
28:21 ou que le poisson n'y en a plus suffisamment,
28:23 la pirogue est reconvertie en taxi pour migrants.
28:27 Ou alors elle permet aux pêcheurs de partir lui-même.
28:30 Ces pirogues, quand elles arrivent au Canary,
28:32 elles sont instantanément détruites
28:33 pour qu'elles ne repartent pas dans l'autre sens.
28:36 Il y a des désespérés qui fuient la pauvreté, évidemment,
28:39 mais tous les travaux le montrent.
28:41 Il faut le dire et le redire,
28:43 parce que vous avez cette chanson, cette fable
28:45 sur laquelle c'est l'extrême pauvreté qui furait l'Afrique.
28:47 Non, l'acteur principal de l'émigration,
28:50 et ça c'est à l'échelle de l'histoire,
28:51 vous prenez en Europe, ça a été le cas également,
28:53 au Mexique, en direction de l'Amérique,
28:55 c'est le diplômé, c'est celui qui a un petit pécule,
28:58 c'est les forces vives finalement de son pays.
29:01 Et Stephen Smith a cette très belle formule, comme il le dit,
29:03 celui qui parle, le migrant, c'est un défaitiste,
29:06 c'est celui qui ne croit pas au concept de l'Afrique,
29:09 qui gagne, ça aussi, c'est une des autres chansons
29:11 qu'on entend beaucoup.
29:12 Et au Sénégal, par exemple, l'exode par la mer,
29:15 on parle les Canaries, direction l'Europe,
29:17 la formule c'est "Barça" ou "Barçak",
29:20 alors, pardonnez-moi, "Barçak",
29:21 "Barça" parce que Barcelone,
29:23 et "Barçak" parce que ça veut dire "la mort" en langue bolov,
29:26 vous voyez, Barcelone ou la mort.
29:27 L'équation telle qu'elle est posée à ces gens,
29:29 qui ne sont pas finalement les plus misérables du Sénégal.
29:33 Alors, j'ai parlé du Sénégal,
29:34 cette route des Canaries, en réalité,
29:36 aujourd'hui, elle est empruntée par des Sénégalais,
29:39 mais c'est toute l'Afrique, en fait,
29:40 qui converge vers ce rivage d'Afrique de l'Ouest,
29:43 Mauritanien ou Sénégalais.
29:45 Donc, vous avez des Soudanais qui viennent,
29:47 Soudanais, c'est de l'autre côté, c'est l'Afrique de l'Est,
29:50 de RDC, République démocratique du Congo,
29:52 on est déjà dans le parti sud de l'Afrique,
29:54 du Sri Lanka, de Syrie,
29:56 vous avez des gens qui partent de Syrie,
29:58 qui traversent toute l'Afrique pour éviter la route de la Libye,
30:01 la fameuse route de la Méditerranée centrale,
30:03 pour tenter leur...
30:05 Pardonnez-moi, c'est ma montre qui se met à parler toute seule.
30:08 Et qui rejoignent, comme ça, cette côte d'Afrique de l'Ouest
30:12 pour tenter leur chance des Canaries.
30:13 C'est donc une nouvelle route migratoire
30:15 qui s'ouvre en alternative à cette route de la Méditerranée centrale.
30:19 Alors, les ONG pro-migrants accusent d'ailleurs l'Europe
30:22 d'obliger les migrants à prendre des risques.
30:24 Eh oui, parce que voilà, le boom de cette route des Canaries,
30:28 dont on parle de plus en plus,
30:29 c'est 250 000 personnes qui l'ont empruntée depuis 1994,
30:32 mais cette année, en 2023, on va être à pratiquement 50 000.
30:35 Donc il y a vraiment un élargissement de cette route.
30:38 Alors oui, effectivement, les ONG disent que c'est à la faute de l'Europe
30:41 parce qu'on fliquerait trop la Méditerranée centrale.
30:44 Il y aurait trop d'empêchements de traverser
30:48 par la voie finalement la plus courte,
30:50 qui serait la route de l'Ampédouza.
30:51 Bien sûr, la route de Méditerranée centrale
30:53 est absolument fermée, la preuve, par l'Ampédouza.
30:56 Je suis évidemment ironique quand je dis ça.
30:58 Comme si Frontex exerçait sa vraie mission de gain de frontière.
31:01 Alors qu'on le sait, aujourd'hui,
31:02 Frontex est en train de devenir une espèce d'organe de contrôle
31:05 du respect par les États membres de l'Union européenne
31:07 des droits fondamentaux des migrants.
31:09 C'était la raison de la démission de Fabrice Leggeri,
31:12 le Français qui dirigeait Frontex,
31:14 qui est sous le coup d'une enquête, etc.
31:16 Parce qu'il s'entendait un changement de philosophie.
31:19 Donc on ne voit pas encore dans l'Atlantique
31:22 une industrie migratoire aussi rodée que celle qu'on voit en Méditerranée,
31:25 mais peut-être que ça va venir.
31:26 Et puis, il faut voir que l'Espagne,
31:28 il y a cette route des Canaries, mais il y en a d'autres.
31:32 Il y a une route algérienne, comme on l'appelle,
31:34 celle qui vise les baléares, des débarquements aussi,
31:37 les mêmes routes qu'en prennent d'ailleurs les chemins de la drogue,
31:39 avec des débarquements directement de migrants en Andalousie,
31:42 dans la région de Valence, dans la région de Murcie, etc.
31:45 Les 10 000 arrivés aux Canaries, je vous ai dit,
31:47 le gouvernement fédéral espagnol a décidé de les répartir
31:50 dans toutes les régions.
31:52 Ça provoque localement de fortes tensions.
31:55 Et donc, vous voyez, l'immigration, qui n'était pas un sujet en Espagne,
31:59 les Espagnols passaient pour extrêmement tolérants
32:01 parce qu'ils considéraient qu'il n'y avait pas de sujet.
32:02 Eh bien, c'est en train, la question migratoire
32:05 est en train de devenir un sujet politique absolument majeur.
32:08 Il y a un changement politique très fort en Espagne
32:10 sur cette question de l'immigration.
32:12 Bienvenue dans Le Réel.
32:13 - Merci beaucoup, Dimitri, pour votre analyse,
32:16 votre décryptage sur cette nouvelle route migratoire
32:19 dont personne ne parle.
32:20 On a appris il y a quelques instants
32:23 que deux enfants ont été tués dans la bande de Gaza.
32:25 Un autre blessé annonce deux enfants français,
32:30 annonce le ministre des Affaires étrangères,
32:33 la mère des deux enfants a été blessée.
32:36 Je voulais vous faire réagir sur plusieurs sujets,
32:39 mais on n'a pas beaucoup de temps.
32:41 Déjà, peut-être cette image.
32:42 Regardez peut-être juste un petit tour de table rapide.
32:44 Une photo de l'équipe féminine de l'Arsenal
32:47 qui fait réagir puisque plusieurs personnes réagissent
32:53 en disant qu'il n'y a que des femmes blanches.
32:57 Dans un communiqué, le club s'excuse.
32:59 "L'augmentation de l'implication des femmes de toute origine
33:02 "est une priorité pour nous au niveau de l'académie."
33:04 Quelle est votre réaction, Charlotte Dornelas ?
33:07 - La fatigue.
33:08 - Non, mais je dois...
33:10 C'est-à-dire que c'est insupportable, en fait.
33:12 C'est-à-dire que les gens voient une photo du club d'Arsenal,
33:15 déjà, premièrement, ils comptent le nombre de blancs,
33:18 de jaunes, de noirs, etc.
33:20 Ensuite, le club est obligé de s'excuser,
33:22 en espèce de confession publique,
33:23 "Excusez-nous d'avoir que des blancs."
33:25 "Excusez-les d'être blancs aussi."
33:28 Je veux dire, à quel moment il va falloir aller chercher...
33:30 On va faire comme dans les clips publicitaires,
33:32 comme dans toutes les séries.
33:34 Vous pouvez parler, par exemple, aux producteurs d'émissions,
33:37 de séries télévisées,
33:39 de leur parler comment sont recrutées les personnes.
33:41 C'est très intéressant.
33:42 On cherche... Alors, un noir, c'est bon, on l'a.
33:44 Donc les autres, ils peuvent avoir tout le talent que vous voulez,
33:46 c'est bon, on a celui qu'il faut.
33:48 Ensuite, on va chercher une grande, une petite,
33:51 une grosse, une maigre.
33:52 Donc, en fait, les gens n'existent plus derrière leur...
33:56 Comment dire ? Leurs...
33:58 Accidents, j'allais dire,
34:00 mais tout ce qui n'est pas essentiel, on va dire, dans la personne.
34:03 - Merci beaucoup.
34:04 On a d'autres sujets sur lesquels je voudrais qu'on réagisse.
34:06 J'ai continué avec votre chronique, Marc Menand,
34:11 parce qu'on a parlé beaucoup aujourd'hui de l'étoile de David.
34:15 "Tous les moyens sont mis en oeuvre", a dit Gérald Darmanin,
34:18 pour retrouver les auteurs de ce qui ont placé,
34:22 étiqueté les immeubles d'habitation de Juifs.
34:25 Cette étoile de David a un symbole fort dans l'histoire.
34:27 Cette étoile de David, elle a été brandie aussi
34:30 par l'ambassadeur d'Israël à l'ONU,
34:32 qui dénonçait le silence du monde face au bébé brûlé.
34:36 Quelle est l'histoire de l'étoile de David ?
34:39 - Elle appartient à tout le monde.
34:41 C'est extraordinaire, elle devrait tous nous unir.
34:45 Quand on fait des fouilles, on s'aperçoit que 8 000 ans,
34:47 9 000 ans avant Jésus-Christ,
34:50 cette étoile, elle existe.
34:52 On la voit, par exemple, au Japon.
34:54 On l'appelle la "Kagone".
34:56 On la voit chez les hindouistes.
34:58 C'est la "Chat Kua".
35:01 C'est le mélange de la "Chak" et de "Shiva".
35:05 Et c'est donc la mère de l'univers et le père de l'univers.
35:10 Et ensuite, les chrétiens l'utiliseront,
35:13 et puis, bien évidemment, les Juifs, au passage,
35:16 la récupèrent, et c'est, au départ, le bouclier de David.
35:20 C'est tout un symbole.
35:21 Il y a une pierre qui protège David
35:23 au moment où il cherche à échapper à Saul, le roi,
35:28 et lui, lui succède le roi David.
35:31 Il y a une synagogue de Carthédon à Rome,
35:33 au 1er siècle après Jésus-Christ,
35:35 qui a l'étoile de David.
35:37 Et puis, c'est un signe magique,
35:39 parce qu'elle est parfaite, cette étoile.
35:41 Et d'ailleurs, pour les interprètes de la Torah,
35:45 ça représente les six jours de la semaine
35:48 et le centre de l'étoile, c'est le Shabbat,
35:52 c'est le samedi, le jour, donc, de la création de l'homme.
35:57 Et cette étoile magique,
35:59 on la voit interprétée dans la Kabbalah.
36:03 Il y a ensuite les chrétiens qui la découvrent,
36:08 et dans les églises, dans le haut Moyen Âge,
36:11 nombreux sont celles qui ont cette empreinte de cette étoile.
36:15 Et quant à Herzl,
36:17 quand il crée son journal en 1897,
36:21 en appelant au sionisme une terre promise pour les Juifs,
36:25 il utilise cette étoile comme emblème.
36:29 Voilà l'histoire.
36:30 Mais alors, l'étoile, également, il ne faut pas l'oublier,
36:33 c'est l'étoile jaune,
36:35 cette étoile maudite.
36:37 Et là, il nous faut revenir à l'exclusion de certains
36:43 par une civilisation.
36:44 Et là, on découvre, quand on cherche,
36:47 cette exclusion, elle apparaît avec l'islam.
36:51 Et c'est sous l'islam,
36:53 en particulier sous le huitième descendant de Mahomet,
36:58 que l'on vote, c'est la logique de la douma,
37:03 les dîmis qui doivent être distingués des bons islamistes.
37:08 Et par exemple, on oblige aux Juifs
37:11 de porter un bout d'étoffe avec un singe dessus.
37:15 Et pour les chrétiens, c'est un bout d'étoffe avec un porc.
37:19 L'exclusion.
37:21 Et les chrétiens vont découvrir ce phénomène d'exclusion
37:25 au moment des croisades.
37:26 Ce qui fait que nous allons récupérer le principe
37:30 avec la rouelle,
37:31 rouelle qui sera infligée aux Juifs par Saint Louis.
37:35 Voilà, vous voyez, tout un système qui se met en place.
37:39 Et puis, malheureusement,
37:42 il nous faut nous arrêter sur cette étoile,
37:46 en 1942.
37:49 L'étoile de l'exclusion,
37:50 c'est-à-dire que là, ça ne concerne que les Juifs.
37:54 Et la fameuse ordonnance, la huitième, en 1942,
37:59 qui oblige tous les Juifs, dès l'âge de six ans,
38:02 à porter cet élément de l'exclusion.
38:07 C'est au mois de mai.
38:08 Et dès le mois de juin, ils doivent la porter.
38:11 Ça ne terme pas de temps. Il y a une sorte de contagion.
38:14 Même si certains disent que tous les Français n'étaient pas pour,
38:18 il ne reste pas moins que le 16 juillet,
38:20 excès de zèle ou pas,
38:22 on voit, à partir de la mi-journée,
38:25 déferler dans les appartements où il est censé se trouver des Juifs,
38:30 des gens dénoncés par leurs voisins, par leurs concierges.
38:33 Toc, toc, toc !
38:35 C'est par eux que se présente la marée chaussée.
38:38 Un en uniforme, l'autre en civil.
38:41 On vient vous chercher, vous êtes en état d'arrestation.
38:46 Vous avez un quart d'heure pour préparer votre valise.
38:49 À midi, forcément, nombre de maris ne sont pas là.
38:52 Il y a beaucoup de femmes avec les enfants,
38:54 les enfants terrorisés,
38:56 qui se jettent dans les bras de la maman.
38:59 "Calme-toi, mon chéri, calme-toi, on ne risque rien.
39:03 "On est en France."
39:04 Mais dehors, les attentes au bout de la rue,
39:08 les autres Juifs du quartier,
39:10 les autobus,
39:12 et on monte, on les entasse,
39:14 on les conduit à ce lieu maudit
39:18 qui est le Veldiv.
39:20 "La piste cyclable, on se retrouvait là, c'était festif !
39:23 "Les grandes compétitions, les six jours !"
39:26 Et ils se retrouvent, plus de 13 000,
39:29 dans les gradins, sur la piste, rien pour survivre,
39:33 même pas de quoi se coucher les jeunes, les vieillards,
39:36 les gens malades.
39:38 Un point d'eau, un seul point d'eau,
39:41 rien pour se laisser râler à ces besoins naturels,
39:44 qui sont de plus en plus rares,
39:46 dans la mesure où il n'y a rien pour manger.
39:49 Ça dure cinq jours, la famille.
39:51 Dans un premier temps, les enfants hurlent, forcément,
39:54 mais ensuite, c'est l'épuisement, ils deviennent agarres.
39:58 Et le cinquième jour, on va les sortir,
40:02 les femmes d'un côté, les hommes de l'autre,
40:04 et les enfants de l'autre.
40:06 Imaginez ces petits enfants,
40:08 qui ont de deux ans, cinq ans, dix ans,
40:11 et qui sont là, qui s'accrochent à leur maman,
40:15 et qui ne veulent surtout pas être séparés.
40:18 Et on les bouscule, forcément,
40:20 et on les emplace dans les autobus,
40:23 direction, pour la plupart, Drancy.
40:25 Drancy, on était en train de construire des barres d'immeubles !
40:29 Ils sont quelques-uns, déjà érigés sur cinq étages !
40:34 Et là, on sépare les enfants.
40:36 Des femmes volontaires seront chargées de les accompagner.
40:40 Oh, il n'y a pas grand-chose à leur accorder !
40:42 Car là encore, 120 par dortoir !
40:46 120 !
40:47 Et ce sont les plus grands qui essaient de consoler les plus petits.
40:52 Et on leur demande quoi ?
40:53 Leur nom, beaucoup ne le connaissent pas !
40:56 Et sur des petits bouts de bois,
40:59 on inscrit le nom qu'ils murmurent,
41:01 et on leur met cela autour du cou.
41:04 Mais, quelques jours plus tard,
41:08 à 5h du matin,
41:10 on entend les gueulements
41:13 de ceux qui exigent que les enfants descendent dans la cour.
41:19 Et là, à nouveau, les bus,
41:21 et on va prendre la direction de la gare du Bourget,
41:25 où attendent des wagons.
41:27 Ce sont des wagons à bestiaux.
41:30 Et les enfants qui sont là,
41:31 qui ne savent plus ce qui se passe,
41:33 les plus grands pour les accompagner.
41:36 Et on les entasse, on les entasse,
41:39 et il y a une petite bout de chounette.
41:41 Elle s'appelle Sarah, la dernière à monter
41:45 dans le dernier wagon du convoi.
41:47 La porte se referme,
41:49 et il y a une petite affichette en bois qui tombe.
41:54 C'est écrit Sarah.
41:55 On ne saura jamais ce qu'elle est devenue.
41:57 Elle avait entre 5 et 7 ans.
41:59 13 000 labs disparaissent,
42:02 mais il y en aura des millions,
42:05 avec l'étoile juive, l'étoile affamante.
42:08 Premier signe d'exclusion.
42:13 Merci, Marc Menand.
42:16 J'aimerais qu'on fasse un tour de table très rapide
42:21 sur ce qui s'est passé aujourd'hui,
42:24 qui n'a pas été sans marquer l'esprit.
42:28 7h20, ce matin, une femme portant un voile intégral
42:32 a fait des menaces de mort dans le RER C.
42:36 Elle a été neutralisée par la police.
42:39 Après ces menaces de mort,
42:42 deux policiers ont fait usage de leurs armes.
42:44 Elle criait "Vous allez tous y passer".
42:48 Elle avait déjà été interpellée en 2021,
42:51 notamment avec un tournevis.
42:53 Qu'est-ce que ça évoque, Mathieu Bocoté ?
42:55 Pourquoi est-ce que cette actualité
43:01 rejaillit aujourd'hui ?
43:03 C'est la peur de tous ceux qui fréquentent l'espace.
43:06 On n'est pas occupés à avoir peur à temps plein.
43:08 La peur qui habite notre esprit, c'est de voir quelqu'un surgir
43:11 et de lâcher le fameux cri d'amour,
43:14 d'entendre "Allahou Akbar", quelqu'un avec un air agressif,
43:18 et se dire que ça va exploser.
43:20 Puisque nous sommes tous habités par cette crainte,
43:23 je devine ce que ceux qui ont été témoins de la chose
43:25 et les forces de l'ordre ont fait leur travail.
43:28 - Après, je pense que très vite va monter
43:30 l'explication psychiatrique.
43:32 Malheureusement, c'est déjà ça.
43:35 Je pense que ça participe au profil de cette femme,
43:38 qui est encore un peu floue.
43:40 Mais je pense qu'on va revivre les mêmes mécaniques
43:45 que l'on vit maintenant systématiquement.
43:47 - C'est le grand drame aussi d'avoir laissé le voile s'imposer
43:53 comme symbole de partition, d'autodiscrimination volontaire
43:57 et un acte d'engagement pour refuser la société
44:01 dans laquelle, théoriquement, on doit s'inscrire
44:04 dans un principe de respect du voisin
44:06 et non pas dans une adulation mortifère.
44:09 - Ce soir, c'est la fête d'Halloween,
44:11 où l'éloge de l'horreur.
44:13 Chacun sort son film d'horreur.
44:15 Plusieurs cinémas diffusent des films d'horreur ce soir.
44:18 Chacun se déguise en recherchant des déguisements
44:21 pour les plus sombres objectifs, faire peur,
44:23 derrière la volonté de faire la fête.
44:25 Comment, Charlotte Dornelas, on en est arrivé à fêter le sang,
44:29 célébrer l'angoisse, vénébrer l'horreur,
44:32 vénérer les monstres, les vampires, le mal ?
44:35 Et la question derrière tout ça, cachée derrière la fête,
44:39 comment on en est arrivé là ?
44:40 - D'abord, il faut...
44:42 Dans votre question, il y en a plusieurs.
44:44 Qu'est-ce qu'est Halloween ?
44:46 Qu'est-ce que cette fête en France ?
44:48 Qu'est-ce qu'elle est devenue, importée, voire réimportée,
44:52 en France, dans une France
44:54 qui célèbre d'autant plus l'horreur et les mauvais esprits
44:57 qu'elle n'y croit pas, qu'elle ne croit pas que ça existe ?
45:00 Ça fait plusieurs questions en une.
45:02 La première, c'est qu'est-ce que Halloween, de base ?
45:05 Qu'est-ce que c'est que cette fête ?
45:07 Il y a plusieurs étapes, plusieurs histoires qui se recoupent.
45:11 Mais ce dont on est à peu près sûr,
45:13 c'est qu'il y avait une fête, dont vous avez parlé,
45:16 une fête païenne qui s'appelle Samain,
45:18 je sais pas comment on dit,
45:20 qui, il y a plus de 3000 ans, les Celtes,
45:22 qui occupaient des îles britanniques,
45:24 de la Bretagne et même de la Gaule,
45:27 à l'époque, célébraient cette fête-là,
45:29 qui séparait la saison claire de la saison sombre.
45:32 Et à l'époque, cette fête-là,
45:34 c'était le moment où les âmes des défunts, disait-il,
45:38 retournaient dans leur famille.
45:40 Donc on se déguisait comme des morts
45:42 pour pouvoir mieux les accueillir, se fondre, on va dire,
45:46 parmi les morts qui retournaient dans leur famille.
45:48 Dans la tradition romaine, octobre,
45:50 c'était également le moment de la célébration des morts.
45:53 Donc quand vous avez eu la christianisation
45:55 de tout ce monde-là,
45:57 alors évidemment, il fallait remplacer ces fêtes par d'autres,
46:00 et à ce moment-là, le pape, à l'époque,
46:02 décide de déplacer la fête de tous les saints,
46:05 qui se fêtait à l'époque en mai,
46:06 en novembre, à ce moment-là,
46:08 donc on est au 8e siècle à peu près,
46:10 et ça devient le 1er novembre.
46:12 Et le mot "Halloween",
46:13 puisque nous n'avons pas gardé le mot celte ou païen,
46:16 "Halloween", en anglais, veut dire "la veille de tous les saints".
46:20 Donc c'est bien le mot, en tout cas, de la tradition.
46:23 Lui, il est chrétien et non pas celte.
46:25 Et alors d'autres racontent aussi, par ailleurs,
46:28 qu'il y a une tradition chez les paysans catholiques irlandais,
46:31 cette fois-ci, qui ont leur fête...
46:33 Alors, qui avaient leur fête, pardon,
46:36 qui disaient "On fête les saints le 1er novembre",
46:38 à partir de ce moment-là, le 2 novembre,
46:40 on fête les morts, on commémore, on va dire,
46:43 les morts, et qu'est-ce qui se passait pour les âmes damnées,
46:46 donc celles qui n'étaient ni saintes ni tout simplement mortes
46:49 et qui étaient en enfer.
46:51 Et donc la veille de la Toussaint, on faisait ce genre de fête
46:54 pour se souvenir aussi de ceux qui étaient en enfer.
46:59 Et par ailleurs, on a aussi une fête en France à ce moment-là,
47:03 c'est au moment de la peste brune qui décime toute la France,
47:07 et donc il y a beaucoup de messes de la Toussaint
47:09 qui sont faites pour toutes les personnes qui sont mortes,
47:12 qui organisent des danses macabres, mais qui n'ont leur sens
47:15 que par rapport aux messes de la Toussaint du lendemain.
47:17 Donc je rappelle tout ça parce que la chose qui est sûre,
47:20 c'est que dans toutes les traditions,
47:22 cette fête qu'elle s'appelle Samin ou Halloween,
47:26 il y a le point commun, c'est le lien entre le ciel et la terre,
47:29 c'est le lien entre les morts et les vivants,
47:32 et même le côté célébration de la mort n'a de sens
47:36 que parce qu'il y a un lien avec les vivants,
47:39 et d'ailleurs la tradition catholique s'en accommode bien,
47:41 le terme post-réforme l'interdit
47:43 pour des raisons de guerre, notamment avec les catholiques,
47:46 mais les catholiques s'en accommodent très bien
47:48 puisque c'est le moment du calendrier liturgique
47:50 où elle parle de la vie, de la mort, des fins dernières,
47:53 donc elle s'accommode très bien de ce récit-là.
47:56 Et par ailleurs, elle s'en accommode d'autant mieux
47:59 que c'est un moyen de dire "vous pouvez fêter la mort",
48:01 puisque vous pouvez la tourner en dérision,
48:03 à la base, on ne fête pas la mort,
48:05 on la tourne en dérision la veille de la Toussaint,
48:07 puisque c'est une manière pour l'Église de dire
48:10 "de toute façon, le Christ a déjà vaincu la mort,
48:12 "vous pouvez bien vous en moquer".
48:14 Mais c'est quelque chose de très religieux
48:16 dans toutes les traditions différentes
48:18 par lesquelles est passée cette fête-là.
48:20 - Vous parlez de tradition dans certaines familles catholiques,
48:23 mais de mémoire d'hommes, ce n'est absolument pas une tradition
48:26 de la France, même catholique.
48:28 - Oui, c'est vrai que la deuxième question qui vient derrière,
48:31 c'est ce que ça vient faire en France.
48:33 Là, il y a une rupture totale de tradition,
48:35 parce que même s'il y a des traces qu'on a vues
48:37 il y a extrêmement longtemps,
48:39 c'est la fête telle qu'on la connaît aujourd'hui,
48:41 elle est réimportée dans les années 90
48:43 dans sa version absolument glauquissime.
48:46 C'est le résultat d'une société ultra-sécularisée
48:48 qui ne comprend plus d'où vient cette fête,
48:51 et par ailleurs, d'Hollywood à l'époque
48:54 qui multiplie les films d'horreur,
48:56 et de toute la fête commerciale, on va dire,
48:58 qui se réimporte par le biais d'Halloween en France.
49:02 Elle s'est réintroduite factuellement
49:04 de manière extrêmement commerciale.
49:06 Quand j'étais petite, ça n'existait pas,
49:08 et Halloween, ce n'était même pas un mot qu'on connaissait.
49:11 Petit à petit, ça s'est réimporté
49:13 par le biais du film d'horreur, du sang,
49:15 il fallait que ce soit hyper glauque.
49:16 J'ai tellement une aversion pour ça,
49:18 que j'ai jamais été tentée par la chose.
49:20 J'en avais peur, je détestais ça,
49:22 mais par ailleurs, ça ne prenait pas à l'époque,
49:25 ça n'existait que peu.
49:26 Ça se réintroduit par les films, par les séries,
49:28 par tout ce qui nous vient, en l'occurrence,
49:31 des États-Unis, dans sa version déspiritualisée,
49:33 absolument, évidemment.
49:35 Et la question, alors, évidemment,
49:37 c'est pire en France qu'ailleurs.
49:39 J'en parlais avec Mathieu,
49:41 il a fêté Halloween quand il était plus jeune.
49:43 C'est vrai que j'ai trouvé des traditions,
49:45 par exemple, les États-Unis,
49:48 les familles américaines catholiques,
49:50 dont les enfants fêtent Halloween
49:51 et le lendemain se déguisent en saint pour la Toussaint.
49:54 Tout ça fait partie d'une tradition
49:56 qui est comprise simplement en France.
49:58 Ça a été réimporté par des agents commerciaux
50:01 et des spécialistes du marketing.
50:03 On est sur autre chose,
50:04 mais on pourrait se poser la question
50:06 de nos propres traditions et de leur dévitalisation.
50:08 Combien fêtent Noël sans même savoir ce que c'est ?
50:11 Regardez tous nos jours fermés,
50:13 parce qu'encore Noël et Pâques,
50:15 on a une petite conscience de ce que c'est.
50:17 Demain, c'est la Toussaint.
50:18 Qui se souviendra ce soir en se déguisant
50:21 qu'il fête la veille de tous les saints ?
50:23 Je pense pouvoir dire que peu d'enfants,
50:25 parce qu'à mon avis, ceux qui s'en souviennent
50:28 ne se déguisent pas ce soir.
50:29 C'est assez clair, en tout cas, dans son importation en France.
50:33 - En-delà de cette question commerciale,
50:35 que devient cette fête
50:37 qui confine souvent au musée des horreurs et au glauque totale ?
50:40 On ne vous donne pas la parole,
50:42 car je sais que pour vous, Halloween, c'est bonbons.
50:44 Mais moi, quand je vois les publicités, les affiches,
50:47 on ne voit pas tellement de bonbons.
50:49 On voit vraiment des squelettes du sang, de l'horreur.
50:52 - On voit dans la rue des enfants
50:55 qui se déguisent en petites sorcières trop mignonnes
50:59 et en citrouilles,
51:00 et qui viennent demander des bonbons.
51:02 - Bonbons. - Qui viennent demander des bonbons.
51:05 Je ne dis pas que tous les gens qui participent de ça sont là-dedans,
51:09 mais il faut s'analyser plus en profondeur.
51:11 Ce qui me frappe, c'est qu'il y a beaucoup d'adultes.
51:14 Vous êtes invités à des soirées d'Halloween,
51:16 on se déguise, on tourne les tables.
51:18 Cette fête est devenue, là, aujourd'hui, en France,
51:21 ce que nous sommes.
51:23 Nous sommes devenus des êtres si rationnels
51:25 qu'ils pensent réellement que rien ne les dépasse.
51:28 On manie une matière dont on ne pense pas qu'elle existe.
51:31 On ne se rit pas de la mort pendant Halloween,
51:34 dans la mesure où la mort ne nous fait pas rire du tout.
51:37 On en a une peur bleue, puisqu'on ne comprend plus,
51:40 on ne l'explique plus.
51:41 Donc, on la cache, objectivement, la mort est complètement cachée.
51:45 On tente de la maîtriser du début à la fin,
51:47 et on fait tout pour l'éviter,
51:49 qu'on fasse la période Covid
51:51 pendant laquelle Emmanuel Macron dit
51:53 "Rien n'est au-dessus de la vie".
51:55 C'est étonnant, c'est une vraie rupture
51:57 dans la manière de concevoir la mort, en tout cas en Occident.
52:01 Halloween a muté, si je puis dire.
52:03 On ne se moque plus de la mort, mais de l'au-delà.
52:05 C'est la vie après la mort,
52:07 dont on se moque du côté des fantômes, des gens qui reviennent.
52:11 On fait tourner les tables en riant.
52:13 On n'imagine pas que la communion entre le ciel et la terre,
52:16 entre les défunts et les vivants, puisse réellement exister.
52:20 On pense que c'est une blague, que c'est une vue de l'esprit.
52:23 On jette des sorts,
52:24 car on n'imagine pas que les esprits existent.
52:27 Ce n'est plus dans la même logique
52:29 que précédemment.
52:31 On célèbre le mal, je reprends votre phrase,
52:33 car il n'est pas pris au sérieux.
52:35 En France, et en Occident, le diable est mort en même temps que Dieu.
52:39 Plus personne ne croit en son existence propre.
52:41 Je dis tout ça, car c'est l'exact inverse
52:45 de ce qu'était initialement cette fête
52:47 dans toutes les traditions précédentes.
52:49 C'est une question plus personnelle
52:51 par rapport à cette manière de le fêter.
52:54 Mais cet être si rationnel aujourd'hui,
52:56 il lui reste, même après avoir fêté Halloween,
52:59 une question qui existe.
53:00 Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?
53:03 Qu'y a-t-il après la mort ?
53:04 Ça hante beaucoup de nos contemporains quand même.
53:08 Il y a une question plus accessible,
53:10 qu'on se pose quasiment tous les soirs sur ce plateau,
53:13 c'est pourquoi le mal ?
53:14 D'où vient-il ? Comment l'expliquer ?
53:16 Pourquoi certains communiquent comme ça au mal ?
53:19 Ce qu'il manque cruellement à Halloween,
53:22 c'est ma partie,
53:23 mais ce qu'il manque à la manière dont on fête Halloween,
53:26 c'est la fête du lendemain.
53:28 Vous disiez "Pourquoi on célèbre pas le bien ?"
53:30 Le lendemain, la communion de tous les sens,
53:33 du ciel et de la terre.
53:34 - Merci beaucoup. Marc Benham.
53:36 - Ça me fait fulminer,
53:37 parce que dans un monde où les gamins se harcèlent,
53:40 où il y a une...
53:42 une...
53:43 d'échéance morale, on jette un sort.
53:46 Vous arrivez, vous avez des gamins,
53:48 on leur dit "Tu entres dans un endroit,
53:50 "je te jette le sort si tu me donnes pas un bonbon."
53:53 Vous vous rendez compte ?
53:55 - Vous avez dit ça l'année dernière.
53:57 - Elle m'offusque toujours autant.
53:59 C'est l'horreur absolue.
54:01 On est là pour donner à l'enfant le goût de vivre,
54:04 lui donner le goût du merveilleux,
54:06 l'emballer dans la poésie,
54:09 dans le sens de l'étincelle de la lumière.
54:13 Et là, c'est la déchéance qui lui est proposée
54:16 et l'irrespect de l'autre.
54:18 C'est monstrueux, c'est à bannir.
54:20 - C'est intéressant, dans les dessins animés,
54:23 l'horreur, la peur, les sourciers...
54:25 - C'est des bonbons qui rendent malade.
54:28 - Mais bon, c'est intéressant de voir un peu comment,
54:31 mine de rien, on ne fait pas beaucoup de l'éloge du bien,
54:34 le magazine "Bilt" en Allemagne vient de publier
54:37 un code de vie pour les migrants,
54:40 pour leur apprendre les règles élémentaires
54:42 pour bien vivre en Allemagne.
54:44 Mathieu Bocote, ça vous fait réagir ?
54:46 Qu'est-ce qu'on y trouve ?
54:48 - Je trouve ça formidable.
54:49 Nos sociétés, on dit "l'intégration",
54:52 "intégrez-vous",
54:53 mais on n'est pas capables d'y répondre
54:55 autrement que par des grands principes,
54:58 adhérer aux valeurs de liberté, d'égalité,
55:00 l'état de droit, la République, alléluia.
55:03 Or, les Allemands, sur ce coup,
55:04 et un pays qui a versé là-dedans, c'est l'Allemagne,
55:07 avec son patriotisme constitutionnel
55:10 qui disait "tout ce à quoi nous devons adhérer,
55:12 "c'est à l'esprit de la Constitution."
55:14 Alors, ils nous disent, "Bilt nous dit..."
55:17 C'est un magazine très populaire, le tabloïd le plus connu.
55:20 Il y a 50 propositions, j'en ai retenu quelques-unes.
55:23 J'aurais pu en prendre plusieurs autres.
55:25 Je vous en lis quelques-unes.
55:27 Qu'est-ce que ça veut dire, "s'intégrer à l'Allemagne" ?
55:30 Proposition.
55:31 "Quiconque souhaite vivre ici de manière permanente
55:34 "doit apprendre l'allemand.
55:36 "Ce n'est que lorsque nous parlerons la même langue
55:39 "que nous nous comprendrons."
55:41 L'importance d'une culture partagée.
55:43 "Nous ne portons pas de masque ou de voile.
55:45 "Nous nous regardons en face à moins qu'il ne s'agisse du carnaval."
55:49 "Ce qui se passe aujourd'hui est contraire au mode de vie allemand."
55:53 "Beaucoup d'Allemands mangent du porc."
55:55 "Bien sûr, ce n'est pas le cas de tout le monde.
55:58 "D'ailleurs, nous avons 10 millions de végétariens."
56:01 "Ou de végétaliens, car la liberté passe aussi par l'estomac."
56:04 Autrement dit, il y a quand même des limites
56:07 à pratiquer la ségrégation alimentaire.
56:09 Quelques autres. Ça, j'aime beaucoup.
56:12 "Les femmes portent des bikinis ou des maillots de bain à la piscine.
56:15 "Si quelqu'un veut nager nu dans la mer Baltique,
56:18 "il vient aussi."
56:19 Autrement dit, on ne se promène pas en Burkini.
56:22 On accepte l'idée que le rapport au corps n'est pas le même ici
56:25 que dans d'autres pays, sous d'autres latitudes.
56:28 "Nous n'utilisons pas les feux d'artifice..."
56:31 "Nous n'utilisons les feux d'artifice que pour la Saint-Sylvestre,
56:34 "donc quand c'est autorisé."
56:36 "On ne brûle pas tout, n'importe quand, en toutes circonstances."
56:39 "Les femmes qui ont des liaisons..."
56:41 "Les femmes qui ont des liaisons ne sont pas ostracisées,
56:45 "encore moins battues ou lapidées."
56:47 "La garde des enfants est partagée,
56:49 "peu importe qui a causé l'échec du mariage."
56:51 "S'il se sent atteint de son honneur,
56:53 "il n'a pas le droit de jeter de la cidre au visage de la femme."
56:57 Amusant comme thèse.
56:58 "Les couteaux doivent être dans nos cuisines, pas dans nos poches."
57:02 C'est factuel.
57:03 "À ta santé, Allemagne,
57:05 "la bière et le vin font partie de notre culture.
57:08 "Respectez-la,
57:09 "et si vous ne voulez pas boire, ne le faites pas."
57:12 J'aurais pu en ajouter plusieurs, mais qu'est-ce qu'on voit ?
57:15 Une vision plus concrète
57:17 que les valeurs abstraites de l'intégration.
57:20 -Que peut-on retenir de ce code de vie proposé ?
57:24 -Que ça touche les mœurs.
57:26 Que ça touche les mœurs qu'on dit.
57:28 La culture, le mode de vie au quotidien, la tenue.
57:31 S'intégrer, c'est apprendre à agir au quotidien
57:33 comme les gens qui nous accueillent.
57:35 Apprendre à manger comme les gens qui nous accueillent.
57:38 Partager un humour, partager des tenues.
57:41 Si on décide de s'habiller comme si on était dans son pays d'origine,
57:44 il y a un problème.
57:45 Je note une grande importance sur la question des femmes.
57:48 Je suis convaincu d'une chose.
57:50 Une culture se constitue dans son rapport anthropologique
57:53 à la différence masculin-féminin.
57:55 D'une culture à l'autre, d'une civilisation à l'autre,
57:58 on ne construit pas toujours ce rapport de la même manière.
58:01 Qu'est-ce qu'on nous dit ici ? Que les femmes sont libres.
58:04 Qu'on n'a pas le droit de les harceler.
58:06 Qu'on nous dit ici que le désir ne suffit pas à créer le droit.
58:10 Moi, vouloir toi, avoir le droit de m'approprier toi.
58:13 Non, ça n'existe pas comme ça ici.
58:15 De ce point de vue, on sait que l'Allemagne est le pays de Cologne.
58:19 C'est la scène inaugurale de cette chasse aux femmes
58:23 au moment de la Saint-Sylvestre 2015-2016
58:26 par des migrants qui venaient d'arriver.
58:28 L'Allemagne dit finalement,
58:30 "Adaptez-vous, s'il vous plaît. Apprenez à vivre comme nous.
58:33 Ne vénérez pas d'abstraits principes. Apprenez à vivre comme nous."
58:37 Je vais me permettre de faire un clin d'œil à mon Québec.
58:40 En 2007, vient d'avoir l'Allemagne la ville d'Érouville.
58:43 Entre Québec et Montréal, c'est perdu.
58:45 Personne ne connaissait l'existence d'Érouville.
58:48 Elle avait créé un code de vie qui avait fait le tour du monde.
58:51 Dans ce code de vie, les gens d'Érouville disaient
58:54 qu'il fallait se déguiser qu'à l'Halloween.
58:57 Si vous voulez porter un voile, à l'Halloween.
59:00 Pour le reste, on ne lapide pas nos femmes ici.
59:03 Ça avait beaucoup fait parler à l'époque.
59:05 Il y avait des reportages partout sur ces résistants et étranges,
59:09 ce village gaulois d'Érouville.
59:11 S'intégrer à une culture, c'est apprendre à dire "nous" avec elle,
59:15 à manger avec elle, à complimenter avec elle.
59:18 Les Allemands nous donnent des leçons de courtoisie et d'élégance.
59:22 Je n'y avais pas pensé.
59:23 - Merci à tous pour cette émission.
59:26 Merci à Dimitri, Charlotte, Marc.
59:28 Excellent suite de programme. Tout de suite, l'heure des produits.
59:31 *Bruit de la caméra qui s'arrête*