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Hélène Roques est la vice-présidente de la commission sur la parentalité qui se réunit pour la première fois lundi matin avec Serge Héfez, auteur de "Sauvons nos enfants", aux éditions Robert Laffont.
Regardez Le débat du 11 décembre 2023 avec Yves Calvi.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 7h, 9h
00:05 RTL matin.
00:07 RTL 8h22, bonjour Hélène Roch.
00:09 Bonjour.
00:09 Vous êtes la fondatrice et la directrice de "Notre avenir à tous", c'est une structure spécialisée dans la jeunesse.
00:13 J'envoie par ailleurs votre livre "Sauvons nos enfants" qui est paru aux éditions Robert Laffont.
00:17 Merci de prendre la parole ce matin sur RTL. Vous co-présidez avec le pédopsychiatre Serge Hefez une commission scientifique qui doit se réunir
00:24 pour la première fois ce matin. Votre mission, faire des propositions concrètes pour relever les défis de la parentalité
00:30 parmi les pistes évoquées par la ministre Orberger des travaux d'intérêt général pour les parents défaillants.
00:35 Certains parents sont-ils vraiment défaillants Hélène Roch ?
00:38 D'abord je ne sais pas très bien ce que c'est qu'un parent défaillant.
00:42 Est-ce que les parents défaillants, si la question sous-jacente est la question de l'autorité,
00:49 on peut reconnaître, on ne peut pas balayer de revers de la main cette question,
00:54 en effet un certain nombre de parents ont
00:58 difficilement la main sur leurs enfants, mais cela tient à beaucoup de choses.
01:02 Cela concerne toute la société, pas seulement certains quartiers.
01:06 La question aujourd'hui et l'urgence c'est d'intervenir en amont pour éviter les crises
01:15 plutôt
01:17 que d'attendre d'avoir à les subir.
01:20 Je peux peut-être vous poser la question autrement, l'affaiblissement de l'autorité parentale est-elle responsable notamment des émeutes
01:26 du début de l'été dernier et qui nous réunissent aujourd'hui ?
01:30 Qui explique les propos de madame Berger ?
01:32 Je pense que depuis une trentaine d'années nous sommes en crise, que l'état de nos adolescents
01:37 n'est pas très bon. Alors je ne suis pas médecin mais comme vous savez, je vous l'avez
01:43 rappelé, je produis des statistiques sur les questions de jeunesse depuis une dizaine d'années, depuis trois ans sur le mal-être des adolescents et en
01:49 particulier des 11-15 ans.
01:51 Alors je ne vais pas vous embarrasser avec des chiffres mais tout de même
01:54 on peut dire qu'un enfant sur trois est dans un état d'anxiété généralisée. Dans un tel contexte ce serait quand même
02:00 stigmatiser certains quartiers que de dire que la défaillance de l'autorité est responsable de ces crises.
02:07 Il vient d'où ce malaise dont vous venez de nous parler chez nos 11-15 ans ?
02:11 Je pense que c'est un malaise qui est, je ne serai pas la seule à répondre et ça fait partie des questions qui seront abordées
02:17 évidemment dans la commission de soutien à la parenté.
02:19 J'entends bien mais c'est à vous que je pose la question parce que vous travaillez sur ces questions de longue date.
02:22 Il vient du rejet de modèle de réussite des parents.
02:24 Il revient d'une... ils n'en veulent pas le modèle de réussite de leurs parents puisqu'ils ont vu leurs parents aussi souffrir
02:31 pour des questions d'emploi ou différentes questions de logement, d'espace.
02:38 C'est une difficile transmission de notre génération de parents à celle de nos enfants.
02:46 Nombre de médecins me disaient dans le Tour de France que j'ai pu faire pour écrire "Sauvons nos enfants"
02:52 que nous n'avons pas réussi à décrire une vision du monde intelligible par nos enfants
02:59 et que ceci est au cœur de leur malaise.
03:02 Mais ça explique cette violence qu'on a observée de la part d'adolescents parfois extrêmement jeunes dans les dernières émeutes ?
03:08 Je pense que la question
03:10 des dernières émeutes pose la question de l'autorité,
03:14 du sens, surtout la question du sens, la nature horreur du vide.
03:19 Donc moi j'ai en tête
03:22 les interviews que j'ai menées dans ces quartiers avec des enfants juste avant les émeutes.
03:27 Des enfants qui me parlaient du fait qu'ils étaient très fatigués à l'école
03:31 et qui se plaignaient du fait que le prof a pu parler pendant une heure
03:34 et que c'est quand même incroyable qu'un prof parle pendant une heure.
03:36 Mais en creusant un petit peu avec eux, je me rendais compte qu'ils avaient passé la nuit entière à jouer à des jeux vidéo.
03:42 D'ailleurs les parents ne le savent pas.
03:45 Et donc dans cette fatigue générale, dans un espèce de pessimisme ambiant.
03:51 Puisque vous ne voulez pas les sanctionner et qu'en tout cas vous pensez que ça n'est pas, je dirais, positif,
03:55 comment peut-on accompagner les parents ?
03:57 Je pense qu'il faut aider les parents à rester des parents.
04:00 C'est-à-dire que lorsque des enfants sont en crise,
04:04 ils ont besoin d'avoir des relais d'autorité.
04:07 Donc par exemple, il y a des lieux de médiation.
04:09 Je vous donne un exemple. Dans la ville de Troyes,
04:11 et j'en ai vu à Caen, j'en ai vu à Meaux,
04:13 des exemples extraordinaires de lieux dans lesquels des adolescents peuvent aller se ressourcer,
04:18 parler à des personnes pour faire leur devoir,
04:21 pour rencontrer le grand frère du voisin, la petite sœur de l'autre.
04:24 Un vrai...
04:26 - Mais ça marche ça ? Il faut qu'ils aient envie d'y aller ?
04:28 - Non seulement...
04:29 - Comment vous faites pour pousser la porte, pour aller faire vos devoirs,
04:31 quand déjà vous préférez jouer avec vos jeux électroniques ?
04:34 - Justement, dans ces endroits, ces jeunes m'ont dit,
04:37 et je les cite, je l'ai écrit d'ailleurs dans mon livre,
04:40 et j'en ai consacré un chapitre, ne manquer de rien.
04:43 Et j'ai insisté, et je leur ai dit "mais comment est-il possible
04:46 que tu ne manques de rien à une jeune fille qui n'a pas de papier,
04:49 qui est arménienne, qui est arrivée à 8 ans en France,
04:51 qui n'a toujours pas de papier, qui s'habille avec des habits de seconde main,
04:54 qui paye sa nourriture, ses parents n'ayant pas de compte en banque,
04:58 avec des tickets alimentation,
05:00 et pourtant elle a un sentiment de manquer de rien.
05:02 Pourquoi ? Parce que quand elle a besoin de parler à quelqu'un,
05:05 elle a librement accès, à la sortie de l'école,
05:09 tous les jours de sa vie, y compris pendant les vacances,
05:12 à des personnes qui peuvent la réconforter.
05:14 - Vous nous dites que l'écoute et la fête, d'une certaine façon,
05:16 sont plus importantes que le reste ?
05:18 - L'écoute, mais en tant que...
05:21 L'écoute est très importante pour les adolescents,
05:23 mais là, puisque nous parlons des parents,
05:25 en tant que relais d'autorité pour les parents.
05:28 Pendant que quelqu'un d'autre écoute mon enfant,
05:31 entre guillemets, je peux être un parent.
05:33 Et alors, le parent lui-même,
05:36 étant moins en crise, étant moins fatigué,
05:38 étant moins dans cette charge mentale,
05:40 peut être ce parent.
05:43 Et donc il faut aider les parents à rester des parents.
05:46 - Merci beaucoup Hélène Roch.
05:47 Je rappelle que vous êtes la fondatrice et la directrice de
05:49 "Notre avenir à tous", une structure spécialisée.
05:51 Merci à tous !

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