Pascal Kouyoumdjian l invité de 08h20

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Transcript
00:00 - Santé et médecine ce matin, c'est une opération à laquelle peut-être vous avez déjà été confronté,
00:04 vous avez déjà eu cette opération, on va en parler ce matin, c'est la pose d'une prothèse de hanche
00:09 ou la pose d'une prothèse de genou, Mathilde.
00:11 Des opérations pour lesquelles les chirurgiens ne sont pas seuls et reçoivent parfois l'aide de robots, c'est le cas.
00:17 - Et on en parle avec notre invité avec nous en studio, le professeur Pascal Couillou-Mdjian,
00:22 chirurgien orthopédiste et chef de service au CHU de Nîmes. Bonjour.
00:26 - Bonjour à tous.
00:27 - Alors on va parler donc de votre nouveau meilleur ami, Mako, c'est le nom du robot qui vous aide dans les opérations.
00:34 Alors il fait quoi Mako ? Il ouvre, il coupe, il ponge ?
00:37 - Alors Mako il n'opère pas. On laisse encore heureusement la main au chirurgien et c'est le chirurgien qui décide en gros de l'intervention, d'opérer.
00:46 Le robot c'est un outil. C'est un outil perfectionné qui nous permet d'aider à la mise en place de la prothèse.
00:53 En fait le robot génère une planification en trois dimensions et fort de cette planification-là, on va essayer d'ajuster au mieux des implants,
01:04 c'est-à-dire essayer de personnaliser au mieux le positionnement des implants, le choix des implants,
01:09 de façon à ce qu'on soit le plus adapté possible par rapport à l'anatomie du patient.
01:13 - Il vous guide en fait ? C'est ça, il vous fait un plan de la hanche de la personne, il vous guide, vous dit tel endroit, tel endroit ?
01:19 - Exactement. En fait on fait un scanner avant l'intervention, on crée comme un espèce d'avatar, un jumeau numérique,
01:26 et on fait une espèce de fusion pendant l'intervention entre ce jumeau numérique, cet avatar, et la morphologie du patient.
01:32 En fait le scanner reproduit un modèle en trois dimensions du genou ou de la hanche du patient.
01:37 Derrière pendant l'intervention on va avoir des points à prendre, donc une espèce de cartographie à prendre pendant l'intervention,
01:43 et donc la machine va faire la fusion entre les deux et à partir de là va nous aider à la pose,
01:48 c'est-à-dire qu'on va opérer, mais il y a un bras qui va, un peu comme dans les usines Renault, pareil,
01:52 il y a un bras qui va venir et qui va se positionner in fine dans la direction exacte, dans la profondeur exacte de la planification,
01:59 en tout cas ajuster au mieux la planification qu'on a faite. Et c'est assez précis parce que...
02:03 - Alors justement voilà, est-ce que c'est plus précis, qu'est-ce que ça change pour les patients ?
02:07 - Alors, un, en termes de précision de pose, c'est clair qu'on est précis, bon pas mal d'études ont été faites.
02:13 Il faut dire que les Etats-Unis ont commencé l'expérience au début, vers les années 2010,
02:18 que nous on a commencé l'expérience au CHU de Nîmes en 2018, on a été le premier centre à l'implanter dans une activité de soins,
02:25 et on a quand même à peu près maintenant 2000 procédures, même plus que 2000 procédures, on l'a fêté il n'y a pas très longtemps,
02:31 et c'est vrai que c'est un outil supplémentaire, alors ça ne veut pas dire qu'on n'est pas à l'abri bien sûr d'une complication éventuelle,
02:38 mais effectivement on a la sensation que la récupération des patients est plus simple,
02:44 qu'il y a moins de douleurs post-opératoires, et qu'a priori le résultat fonctionnel à court terme en tout cas paraît tout à fait satisfaisant.
02:51 - Alors, qui sont les patients qui en bénéficient ? Si demain Serge par exemple a besoin d'une prothèse de l'ange,
02:56 est-ce qu'il aura le droit, enfin le droit, ce sera avec le MAKO ou pas forcément ?
03:01 - Ça sera avec le MAKO, il y a quelques cas particuliers où il y a des malformations importantes de l'ange
03:07 qui peuvent parfois être des exceptions, mais globalement 99% des patients peuvent tout à fait utiliser cette procédure,
03:16 en tout cas bénéficier de cette planification pour utiliser le robot.
03:21 - Et c'est le même prix pour les patients ? C'est remboursé pareil ?
03:23 - C'est remboursé pareil, c'est le même prix, en fait c'est une acquisition faite par notre hôpital,
03:27 et il n'y a pas de différence entre quelqu'un qui sera opéré avec le robot, sans le robot,
03:32 c'est exactement la même chose, il sera pris en charge de la même façon.
03:36 - Et justement vous en êtes à 2000 opérations avec le robot, c'est un record en France,
03:41 est-ce que le but c'est d'opérer justement systématiquement avec, à terme de faire ça partout, comment ça se passe ?
03:46 - C'est comme si vous preniez une voiture, et que vous avez une voiture sans GPS,
03:51 et que en gros vous êtes un peu malheureux et vous êtes dans une ville que vous ne connaissez pas,
03:54 alors nous on connaît la ville, mais globalement en fait c'est un équipement super, on va dire perfectionné,
04:00 qui permet d'être mieux, d'être reproductible, d'être précis, et ça c'est quand même un élément important,
04:06 parce qu'effectivement quand un patient a une prothèse, dit "j'ai quelques douleurs",
04:10 oui ça peut arriver, malheureusement ça peut arriver, mais en tout cas on a globalement une radiographie d'implantation
04:16 qui théoriquement, en tout cas beaucoup plus fréquemment qu'avant,
04:20 et dans les règles de l'art en tout cas, qui reproduit la planification qu'on a choisie.
04:25 - Il ressemble à quoi ce robot ?
04:26 - Alors c'est un bras robotisé en fait, c'est un robot qui n'est pas très très gros,
04:30 qui se met en place dans un bloc opératoire sans trop de problèmes, c'est pas très encombrant,
04:35 il faut savoir que quand on fait cette procédure, il y a d'abord un chirurgien,
04:39 évidemment il y a les aides comme d'habitude, rien ne change, sauf qu'en plus il y a un ingénieur qui est en salle,
04:44 et qui pendant l'intervention va lui prendre le robot, guider le robot, en tout cas entrer la planification,
04:51 et donc il y a une espèce de feedback entre le chirurgien qui opère lui, qui est vraiment proche du patient,
04:56 et l'ingénieur qui contrôle s'il n'y a pas de problème particulier technique,
05:00 j'entends au niveau du robot, et qui aide à la planification aussi,
05:02 donc il y a une espèce d'équipe, c'est ça qu'il faut comprendre,
05:05 d'ailleurs on est plusieurs chirurgiens dans le service à faire cette chirurgie robot assistée,
05:11 et donc on a clairement maintenant un bon apprentissage, un bon feedback,
05:17 je te montre d'un côté l'ingénieur qui est en place, qui est systématiquement là,
05:21 et le chirurgien qui opère et qui utilise ce bras robotisé.
05:24 - Oui c'est ça, parce qu'il ne faudrait mieux pas qu'il tombe en panne pendant l'opération.
05:27 - Exactement, alors on sait faire cela, si il ne tombe pas, on change les poulons.
05:32 - Vous le dites, vous avez commencé par ça, un maco n'opère pas,
05:35 avec les robots, avec toutes ces technologies,
05:37 vous n'avez pas peur que demain, dans 10 ans, 20 ans, on supprime les chirurgiens justement ?
05:41 - Alors, il y a plusieurs types de robots, parce qu'on parle de robots,
05:45 il y a des robots qui sont dits passifs, des robots qui sont dits actifs,
05:48 je ne vais pas entrer dans le détail, mais clairement pour l'instant,
05:50 on en est à une assistance, ce n'est pas de l'intelligence artificielle,
05:56 l'intelligence artificielle, ce serait par exemple de rentrer un scanner dans une machine,
06:03 et la machine va décider de tout, non, là ce n'est pas le cas,
06:05 là c'est le chirurgien qui décide de la planification,
06:08 et donc il n'y a pas pour l'instant une aide à la planification,
06:11 donc ce qui est important dans ce robot finalement, c'est de planifier,
06:14 on planifie, on personnalise et on fait le choix,
06:16 nous chirurgiens, fort des conséquences qu'on a pu avoir,
06:19 avec l'expérience qu'on a acquis au cours des années,
06:21 on essaie de positionner nous au mieux les implants,
06:23 et après le robot, on lui va faire ce qu'on lui demande de faire,
06:26 sauf qu'il y a un élément intéressant, c'est que quand on dépasse la zone,
06:30 c'est peut-être pour ça qu'on a peut-être moins d'hématomes,
06:32 moins de douleurs en post-opératoire,
06:33 il va se restreindre dans une zone plus restreinte,
06:35 donc peut-être limiter un peu plus l'incision qu'on va faire,
06:38 et donc protéger un peu les parties molles, ce qu'on appelle,
06:42 c'est-à-dire en gros la peau, les muscles, limiter peut-être les hématomes,
06:45 mais il ne pourra pas nous guider en dehors de la zone à opérer,
06:49 enfin j'entends par là, de la zone d'intérêt,
06:51 et donc ça c'est un élément important, c'est ce qu'on appelle un contrôle haptique,
06:54 c'est-à-dire que le robot contrôle la main du chirurgien,
06:56 et le chirurgien contrôle le robot.
06:57 - C'est-à-dire c'est un humain qui prend les décisions ?
06:59 - C'est l'humain qui prend les décisions à tout moment, ça c'est clair.
07:01 - Bien évidemment, merci professeur Kouyoumdjian d'avoir été notre invité ce matin, bonne journée.
07:05 - Merci beaucoup.
07:07 - Merci à vous.
07:09 [Sous-titres réalisés par la communauté d'Amara.org]

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